Phénomène d’édition, ce conte est autant une ode à la nature qu’un grinçant thriller. Le roman magnifie les marais littoraux de la Caroline du Nord, sinon les humains qui y habitaient en 1952, et entremêle la biologie et la poésie, de la libre solitude à la généreuse empathie.En mai 2020, Là où chantent les écrevisses est présent sur la prestigieuse liste du New York Times Fiction Best Sellers pour la 85e semaine d’affilée. Dès sa sortie en 2018, le livre de Delia Owens fracassait les records de vente, devançant le tant attendu Devenir (Becoming) de Michelle Obama, pourtant grand succès de librairie cette année-là. Fait étonnant, cette autrice, une zoologiste et biologiste américaine de 70 ans, était inconnue du grand public et publiait un premier roman. Elle avait déjà écrit des ouvrages scientifiques sur les animaux, cosignés avec son ex-mari Mark Owens, avec qui elle avait vécu une vingtaine d’années au Botswana et en Zambie.Solitaire et même sauvageonne, l’atypique protagoniste Kya de Là où chantent les écrevissessurvit toute seule dans de difficiles conditions grâce à son incroyable maîtrise de la flore et de la faune maritimes, connaissances qu’elle acquiert à la dure. Très jeune, la « Fille des Marais » apprend à se débrouiller, puisque les membres de sa famille ont tous déserté le marais, un à un. « Je peux quand même pas abandonner les mouettes, les goélands, le héron et la cabane. Le marais est ma seule famille. »Elle subsistera grâce à la complicité de quelques Noirs vivant en marge de la société et de son amour Tate, qui lui enseignera la lecture, l’écriture et surtout la poésie. « La science et l’art unissaient leurs forces […] tissant peu à peu un chef-d’œuvre de connaissances et de beauté qui emplissait chaque coin de sa cabane. » À l’adolescence, Kya s’amourache de Chase, un jeune fanfaron du village qui sera retrouvé mort au cœur du marais, un meurtre dont elle sera accusée. Assassinat ou accident ? Ou encore vengeance planifiée à l’égard de Kya de la part des bien-pensants ségrégationnistes de Barkley Cove ?Tout succès possède son revers. Ainsi le mari et le beau-fils de la néo-romancière Delia Owens sont accusés d’avoir participé à la mort d’un braconnier, survenue en Zambie il y a quelques années, et y sont depuis interdits de séjour.Si la traduction laisse parfois à désirer, par exemple un soda cracker n’est pas un « biscuit à la soude », ce que tout Nord-Américain sait, l’immense succès de Là où chantent les écrevisses ne devrait pas se dissiper de sitôt. L’équipe de l’actrice et productrice de renom Reese Witherspoon en termine en effet le scénario pour un tournage éventuel. Le million, et quelques, de lecteurs de Delia Owens lui ont sûrement pardonné les ficelles parfois un peu grosses avec lesquelles elle a tissé son roman.
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