Est-il concevable que nous puissions écouter Bach, confortablement assis dans un fauteuil, alors que se déroule devant nos yeux l’exécution de femmes et d’enfants ? Voire que les bourreaux puissent rentrer chez eux sans être importunés et retrouver les leurs au terme d’une banale journée de travail ?Plusieurs auteurs se sont attaqués à ces zones sombres du comportement humain, dont Hannah Arendt, qui a patiemment et rigoureusement décortiqué les racines du mal qui ont conduit à la Shoah. En faisant ressortir la banalité du processus mis à nu, qui reposait notamment sur la déresponsabilisation des intervenants, elle en a démontré la froide et terrifiante efficacité. L’instinct de survie et la peur devant un danger imminent peuvent modifier notre comportement de façon irréversible, et modifier les préceptes moraux auxquels nous nous ralliions et adaptions jusque-là notre conduite. Le monstre de la mémoire, de Yishaï Sarid, aborde cette délicate question sous l’angle . . .
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