Après Les voix de la liberté (2001) et deux biographies littéraires (Madame de Staël, 2010 et Flaubert, 2013), le prolifique historien propose un nouvel ouvrage centré sur la littérature et les écrivains.Car cette « décadence », au sens de « représentation pessimiste du monde » affleurant à la fin du XIXe siècle en France (et ailleurs en Europe), est essentiellement une vision d’écrivains comme J.-K. Huysmans, Maurice Barrès, Jean Lorrain et Rachilde, pour n’en nommer que quelques-uns. De grands spécialistes français, tels Pierre Citti dans Contre la décadence (PUF, 1987) et Jean de Palacio dans de multiples ouvrages, dont Figures et formes de la décadence (Séguier, 1994), avaient déjà fait le tour de la question. Il est d’ailleurs étonnant que Winock, pourtant solidement documenté, ne les ait pas inclus dans sa bibliographie. Mais on ne saurait lui en tenir rigueur, parce que son volume, à défaut d’introduire beaucoup de connaissances nouvelles sur le sujet, propose une synthèse lumineuse qui pourrait largement profiter aux étudiants en littérature et en histoire.En dix-sept chapitres, l’historien examine autant d’aspects de la littérature « décadentielle » (le joli néologisme vient de lui). Parfois, il se concentre sur des figures d’auteurs (Léon Bloy, Joséphin Péladan, Barbey d’Aurevilly, Jules Vallès, etc.). Ailleurs, il s’intéresse à des œuvres en particulier (À rebours de Huysmans, Monsieur Vénus de Rachilde, Le crépuscule des dieux d’Élémir Bourges, etc.). Plus souvent encore, il lie l’imaginaire décadent aux événements historiques et au contexte politique (triomphe de la République, Exposition universelle de 1889 et inauguration de la tour Eiffel, attentats anarchistes des années 1890, incendie du Bazar de la Charité en 1897, naissance du nationalisme et de l’antisémitisme, parmi d’autres). Autre aspect intéressant : Décadence fin de siècle vient combler l’« écart chronologique » qu’avaient laissé Les voix de la liberté (qui se terminait sur la mort de Victor Hugo en 1885) et Le siècle des intellectuels (qui s’ouvrait sur l’affaire Dreyfus en 1898). En résulte un ouvrage « arborescent », selon le mot de l’éditeur, et très éclairant dans son ensemble.
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