L’ouvrage sans doute le plus autobiographique du « voyageur distrait », dans lequel il se révèle et livre ses angoisses plus que jamais.
À nouveau, Gilles Archambault souffle à l’oreille de ses lectrices et lecteurs, poursuivant une conversation entamée il y a quelque temps déjà. Cette fois-ci, dix-sept courts récits sont présentés, presque essentiellement autobiographiques. L’auteur remonte loin dans ses confidences : jusqu’aux circonstances mêmes entourant sa naissance, en 1933, se montrant profondément troublé par certaines révélations de sa mère.
Il est question de sa famille, de ses origines ouvrières, de ses amis, de son travail, de sa carrière d’écrivain (il se décrit comme un « faiseur de livres »), d’un égarement passager, de ses liens avec Paris. Octogénaire, il se préoccupe, bien sûr, de sa santé, de la machine qui trahit, qui se déglingue, du temps qui reste et de ce qu’il convient d’en tirer. Comme il l’a déjà fait, il évoque sa propre disparition, assurant ne pas être vraiment préoccupé des circonstances qui l’accompagneront.
Gilles Archambault profite de l’occasion pour nous faire découvrir, avec bonheur, sa famille du côté maternel, qu’il adorait visiter lorsqu’il était enfant. Des tantes travaillant en usine, un grand-père sacristain, une grand-mère peu instruite parce que retirée très tôt de l’école pour s’éreinter dans une filature – un travail qui l’usera prématurément. Une famille pauvre, mais auprès de laquelle il se sentait visiblement bien.
Il y a aussi la nostalgie, le temps perdu, gaspillé à des fariboles, le sentiment de culpabilité faisant partie de son être, la vie effleurée plutôt que pleinement vécue. Mais combien peuvent se vanter de vivre ou d’avoir vécu pleinement ?
On sent l’auteur particulièrement marqué par un événement où il s’est emporté de façon intempestive contre sa mère, une anecdote rapportée par celle-ci dans son journal, comme il l’a découvert bien des années plus tard.
Espérons que le voyageur distrait (qui se décrit maintenant comme un « voyageur inquiet ») persistera encore longtemps à nous souffler à l’oreille périodiquement.