Julie, la narratrice écrivaine, mère de deux enfants adultes et grand-mère, vit en couple avec Paule. Comme l’auteure, elle enseigne la littérature et, chaque année, salue le renouveau printanier en se consacrant à son jardin.
Une nuit, peu avant Noël, sa voisine est amenée en ambulance. Au matin Julie apprendra que Lisa est morte d’un infarctus. Cette mort subite la ramène à son collègue René, dont elle n’a pas fini de faire le deuil. Ni ex-mari, ni amant, ni parent, René était plus qu’un ami, même si elle ne le voyait qu’au travail. Un sage avec qui elle aimait partager des réflexions sur le sens de la vie. Elle dit entendre encore sa voix en elle. À se frapper au mystère de la mort, la narratrice qui se parle au « tu » s’interroge sur sa vie qui lui apparaît vide, se dit qu’elle ne sait pas vivre. Rien dans le récit ne conduit à ce constat, mais c’est ce qu’elle ressent. Après mûres réflexions et non sans quelques hésitations, Julie décide de s’engager comme bénévole dans une maison de soins palliatifs, Le Vitrail. Un soir par semaine elle accompagne ceux dont la mort est proche.
Les heures passées auprès des Delphis, Yolande, Roger, Réjeane et autres, qui ont dû tout abandonner, font monter les émotions. Ne reste que l’inconnu, le mystère de la mort. Chacun aura à faire son bilan de vie. Avec empathie, Julie les accompagne, un livre de poèmes toujours à la main, car les mots manquent souvent face aux souffrances ultimes. Elle critique une tendance actuelle, celle d’occulter la mort, par exemple dans le comportement de Julien, quarante ans, dont la conjointe va mourir, qui manifeste son besoin de finir vite son deuil car son travail d’entrepreneur efficace l’appelle. Elle évoque aussi des situations irrésolues avec l’histoire de Réjeane, que personne ne visite, même si elle est mère de trois enfants. Ce n’est qu’après son dernier souffle que se présentera sa fille, qui ne l’a pas vue depuis vingt ans. Les confidences de celle-ci révéleront que la mère martyrisait ses enfants. Julie décrit la peur dans les yeux de Cécile, la colère subite d’André auparavant exemple de gentillesse, le refus de soins de Francine, autant de souffrances qu’elle emportera avec elle chaque lundi soir et qui nourrissent son auto-analyse.
À la limite du roman, ce livre au titre sorti d’un poème de Louise Warren invite à préparer sa mort en apprenant à vivre. « Grandir vers la mort, voilà ce que tu veux », se dira la narratrice. Inspirée en cela par le souvenir de feu son ami René, Julie, bien qu’athée, voit dans la mort non pas la fin, mais le fait de passer le flambeau.