Une saga familiale et une histoire de vengeance sur fond de contrebande de bourbon et de courses automobiles clandestines : ce nouveau roman de l’auteur de La poudre et la cendre est tout simplement éblouissant.
Taylor Brown a situé l’action de son troisième roman (son deuxième traduit en français) en Caroline du Nord à l’automne 1952. On y suit le récit de Rory Docherty, un jeune homme qui vient de rentrer à Howl Mountain après avoir combattu dans la guerre de Corée. Celle-ci lui a laissé des visions d’horreur et une jambe de bois. Rory se met à travailler pour Eustace Uptree, le roi des alambics des montagnes et l’oncle d’Eli, son meilleur ami. Avec l’agent fédéral Kingman à ses trousses et une dispute qui dégénère avec Cooley Muldoon, un voyou adepte de courses illégales, Rory connaît une série d’ennuis, ainsi que l’amour, puisqu’il s’éprend de Christine, la fille d’un pasteur borgne qui pourrait bien être mêlé à de noirs secrets de famille. Rory cherche à lever le secret sur ses origines sous l’œil rude mais bienveillant de Maybelline « Ma » Docherty, sa grand-mère, une ancienne prostituée devenue guérisseuse. C’est elle qui prend soin de lui depuis que Bonni, sa mère, est internée dans un asile psychiatrique à la suite d’une violente agression qui l’a privée de l’usage de la parole. Son histoire est d’ailleurs retracée dans de cours chapitres en italiques tout au long du récit.
Les dieux de Howl Mountain est un roman magistral à tous les égards. L’écriture est soignée et coulante. L’auteur parvient à installer et à maintenir un subtil équilibre entre sa faune de personnages excentriques et les renversements de situation façon roman noir. Le décor, que l’auteur connaît bien (natif de Géorgie, il vit maintenant en Caroline du Nord), est lui aussi habilement campé : on sent bien la présence diffuse et menaçante des montagnes.