Jour : 16 juillet 2018

  • Dans l’œil de Sophie Gagnon-Bergeron, photographe

    Dans l’œil de Sophie Gagnon-Bergeron, photographe

    Gabriel porte en lui un sĂ©rieux, un drame et une stature (autant qu’une gentillesse) qui se reflètent bien dans la dĂ©marche unique de rĂ©Ă©criture qu’il a accomplie avec La Scouine. Mais comment rĂ©vĂ©ler cela de lui ? Nous avons un peu dialoguĂ© au sujet d’Albert Laberge et de sa propre relation aux images (il plaçait des photos de lui dans ses livres, comme une façon de construire l’ethos d’Ă©crivain qui devait lui permettre d’appartenir au monde littĂ©raire). Je souhaitais d’une manière ou d’une autre, quoique le plus subtilement possible, rappeler la rĂ©Ă©criture, l’existence de cet Autre en surimpression.

    ©Sophie Gagnon-Bergeron

    Les images de Laberge m’ont poussĂ©e Ă  demander Ă  Gabriel de s’habiller avec classe et chic. J’ai ensuite cherchĂ© pour lui un lieu Ă  la fois beau et laid, pauvre et riche, vaste et clos. Je lui ai demandĂ© simplement d’amener une chaise de bois. Je n’aurais pas pu le prĂ©voir, mais la chaise que j’avais imaginĂ©e, non seulement il la possĂ©dait, mais c’Ă©tait aussi sa chaise d’Ă©crivain. Nous nous sommes installĂ©s dans le champ, et le jeu avec la chaise s’est dĂ©veloppĂ© naturellement chez Gabriel. Je l’ai compris seulement après, mais cette chaise, c’est aussi celle de l’autre Ă©crivain ; c’est ce siège, cette place que Gabriel s’est permis de prendre.

    J’aurais voulu des lumières de paix du soir, d’une douceur infinie. Je n’avais pas le luxe du contrĂ´le de la mĂ©tĂ©o, et pourtant. Un orage a foncĂ© vers nous tout en laissant filtrer des Ă©claircies de soleil, par des pieds de vent. L’ambiance pesante et intense me semble a posteriori tout Ă  fait cohĂ©rente et convenable. J’espère qu’elle l’est pour vous, lecteurs de Nuit blanche.

     

Enregistrement