Louky Bersianik, la rebelle qui rit (entretien avec France Théoret)

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En 2006, France Théoret, poète, romancière et essayiste, a mené six entretiens structurés avec son amie Louky Bersianik, d’abord pour rendre à Cléopâtre ce qui appartient à Cléopâtre, mais aussi pour graver dans le temps son travail de pionnière sur la féminisation des titres et des fonctions. Chemin faisant, toutes deux ont abordé les rives de l’écriture de Louky Bersianik et ont retracé la filiation de sa mère, qui lui a insufflé son féminisme inébranlable, sans que celle-ci ait jamais prononcé le mot. De son père est venue, à l’âge le plus tendre, cette passion inentamée pour la chair du verbe. Les deux femmes ont ensuite établi l’architecture de l’œuvre plurielle. De là, elles ont quadrillé l’inquiétant territoire intime des prédateurs avant de s’arrêter en poésie, si chère à Louky Bersianik.

Romain Gary : Je est un autre

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« Je me suis toujours été un autre », affirmait Romain Gary dans Vie et mort d’Émile Ajar (posth., 1981). Peu d’écrivains ont eu, autant que lui, la passion (ou l’impulsion) de la métamorphose. « Il était un pluriel à lui tout seul », écrit Éric Neuhoff dans son avant-propos à L’orage.

Il fut, sa vie durant, « en constante élaboration de lui-même », explique Philippe Brenot dans Romain Gary de Kacew à Ajar. Né Roman Kacew à Vilnius en 1914, l’auteur des Racines du ciel (1956) et de La vie devant soi (1975) – ses deux romans couronnés du Goncourt – a placé la totalité de son œuvre sous le signe de la pseudonymie.