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Fruit de 30 ans de collaboration avec le magazine Nuit blanche, cet ouvrage ne propose ni rétrospective ni panorama du monde des livres. L’auteur préfère y voir une flânerie parmi les littératures du XXe siècle, espérant rendre son plaisir de lire communicatif.

C’est la deuxième fois que le mot lecture apparaît dans le titre d’un ouvrage de Roland Bourneuf. Il figurait déjà dans sa toute première publication, en 1969, aux Presses de l’Université Laval : Saint-Denys Garneau et ses lectures européennes. Le détail n’a rien d’anodin puisque l’écrivain et ancien professeur est avant tout un lecteur. Un grand lecteur, cela s’entend, façon Montaigne, au point de s’intéresser, chez chaque auteur qu’il lit, aux lectures effectuées par ce dernier. La littérature devient ainsi une vaste contrée où chaque chemin s’ouvre sur . . .

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Le premier roman de l’autrice shawiniganaise n’est pas sa première incursion dans les littératures de l’imaginaire. Celles-ci constituent en fait son domaine de prédilection puisque, depuis une douzaine d’années, elle a fait paraître de nombreuses nouvelles noires et fantastiques dans des revues spécialisées. Le recueil Servitude, publié en 2020, en regroupait d’ailleurs quelques-unes.

Le mot latin venefica désigne une « femme qui empoisonne ». La sorcière Canidie, chez Horace, était précisément qualifiée de venefica. Chez Raphaëlle B. Adam, on a plutôt affaire aux toxines, des femmes qui tiennent à la fois du vampire, de l’ogresse et de la mante religieuse. Lorsqu’elles partent chasser, elles se font accompagner par une complice, une femme très séduisante appelée fleur, qui piège la victime (mâle ou femelle) au moyen de phéromones enivrantes. Une sève paralysante, présente . . .

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Ce premier recueil aurait aussi bien pu s’intituler Riverbrooke, du nom de la localité fictive, « ville-bête », « ville-mirage », qui sert de dénominateur commun aux dix-sept nouvelles que propose l’auteure et chroniqueuse de Shawinigan.

De ce nombre, la moitié est inédite. Les autres ont paru dans des revues ou des fanzines littéraires comme Alibis, Solaris et Nyx, ou dans le mémoire de maîtrise en recherche-création que l’auteure a déposé à l’Université de Sherbrooke en 2016. Un peu comme les grands maîtres du récit bref – Poe, Maupassant ou Borges –, qu’elle a visiblement bien assimilés, l’auteure fait survenir des situations insolites ou incongrues dans la réalité la plus ordinaire. Ici, un tableau blanc répond aux questions que lui pose un homme qui tente de surmonter ses angoisses et ses peurs (« Le tableau »). Ailleurs, un livre introuvable réappara . . .

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Les quatorze textes qui composent ce recueil parlent des cheveux et de la pilosité, démontrant toute l’importance accordée à ceux-ci par autant de collaboratrices et collaborateurs.

On pourrait penser qu’un livre focalisant le propos sur la chevelure sera superficiel, mais c’est tout l’inverse : les sujets abordés dans Capillaires vont de l’identité de genre à la peur de vieillir ou de mourir, en passant par les gestes et les convictions politiques. S’il y est souvent question d’apparence, les idées avancées n’ont rien de frivole.

« Avec ces fils de ma tête, comme des liens qui se cassent. Je broderai l’amertume, la confusion, l’impasse d’une identité qui aurait pu et peut-être qui aurait dû. Une identité que je cherche, que j’ai cherchée. » (Normagie, « La tapisserie ».)

Parfois autobiographiques, parfois poétiques, toujours pertinents, les textes qui composent ce recueil sont profondément intimes. Ils nous donnent l’impression de . . .

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Un spectacle raconté en mots et en images. Un livre où les illustrations ajoutent au texte une dimension à la fois tributaire du spectacle et porteuse d’une émotion neuve.

L’actrice et dramaturge québécoise Christine Beaulieu fut invitée en 2021 à présenter une performance, sous la formule carte blanche, dans le cadre idyllique des Jardins de Métis. Forte du grand succès de J’aime Hydro, elle allait concevoir une nouvelle œuvre de théâtre documentaire spécialement adaptée au lieu. Elle serait inspirée cette fois par l’extraordinaire équipée des saumons de la rivière Mitis, capables de migrer jusqu’à la mer du Labrador et de revenir frayer à l’endroit de leur naissance en eau douce. Afin de prolonger la durée de sa création au-delà de la saison des Jardins de Métis, l’autrice s’est associée à l’illustratrice Caroline Lavergne pour réaliser un livre par lequel on peut en quelque sorte . . .

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Depuis le XVe siècle, les Occidentaux ont exporté partout sur la planète leur vision du monde, forts de ce qu’ils croyaient être leur supériorité morale et au nom d’un libéralisme économique qui servait leurs intérêts. Le dernier opus d’Amin Maalouf inscrit les tensions de notre époque dans les contrecoups de cette invasion.

D’entrée de jeu, dans Le labyrinthe des égarés, l’écrivain précise : « [M]on propos […] se limitera aux pays qui, au cours des deux derniers siècles, ont tenté de mettre résolument en cause la suprématie globale de l’Occident ». Ces pays sont le Japon, l’Union soviétique et la Chine. L’histoire de chacun forme un bloc distinct dans le livre.

En ce qui concerne le Japon, l’auteur remonte jusqu’à l’arrivée du commodore Perry, en 1853, chargé par les États-Unis d’établir des relations commerciales avec le pays du Soleil-Levant . . .

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Il se dit bien des choses sur le wokisme. La journaliste Nora Bussigny a décidé d’infiltrer le milieu des militants antiracistes et intersectionnels pour voir directement de quoi il retourne. Elle nous livre ici un compte rendu de cette expérience de presque un an.

Pour se préparer, l’auteure s’est d’abord documentée en lisant d’autres récits d’infiltration, dans le monde policier mais pas seulement, par exemple Steak Machine de Geoffrey Le Guilcher (sur les abattoirs) et 10 jours dans un asile de Nellie Bly. Ensuite, elle s’abonne à divers comptes militants pour se familiariser avec les idées qui y ont cours, puis s’inscrit à une première formation en ligne organisée par des féministes intersectionnelles. Elle y constate la grande efficacité du discours des hijabeuses : « Je comprends alors que leur maîtrise de l’‘agit-prop’, combinée à leur intelligence, leur permettra tr . . .

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Ce que la politique peut en bouleverser des vies… En ces durs moments où on a vu, et voit encore, le quotidien de millions de personnes profondément bouleversé par des conflits armés, en Ukraine, au Proche-Orient, le roman de Caroline Vu, une médecin québécoise d’origine vietnamienne, nous replonge dans cette triste réalité. Avec un retour historique en Asie, lors de la terrible guerre entreprise par les Américains au Vietnam.

Le livre débute donc au milieu des années 1960, à Saigon. Le Vietnam est alors séparé entre une zone sous domination communiste, au nord, et une autre sous domination occidentale, au sud. Les Américains y déploient leur force militaire pour éviter la contagion du communisme dans toute l’Asie.

L’histoire est narrée par Nat. Celui-ci est le fils d’une jeune vietnamienne, devenue prostituée auprès de soldats étrangers, et d’un père fantassin afro-américain. Comme lui, les soldats . . .

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Voici le deuxième opus d’une série de polars bien ancrée en sol québécois, décor hivernal et préoccupations sociales à la clé.

Coup sur coup, Catherine Lafrance a fait paraître deux romans mettant en scène le journaliste d’enquête Michel Duquesne. Dans L’étonnante mémoire des glaces (Druide, 2022), le journaliste passait à un cheveu de finir ses jours au fond d’un lac gelé. Dans Le dernier souffle est le plus lourd,si l’hiver n’est pas partie prenante de l’intrigue, il constitue néanmoins un ingrédient essentiel de la trame narrative.

Après les émotions fortes de sa précédente enquête, Michel Duquesne est un peu en panne d’inspiration. Jusqu’au jour où un suicide dans le métro pique sa curiosité et le lance sur une nouvelle piste. N’est-il pas étrange qu’un médecin, hautement consciencieux selon ses proches, soit accusé de négligence criminelle . . .

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En lisant la quatrième de couverture du deuxième roman de l’auteur, on peut se demander en quoi consiste exactement une uchronie. On apprendra, moyennant une recherche rapide, qu’il s’agit d’une histoire fictive construite autour d’un élément historique véritable. Aussi, on comprendra, dès l’incipit, que le point d’ancrage du réel auquel s’arrime la fiction est ici lié à Antoine Gérin-Lajoie et à son emblématique personnage de bâtisseur.

Laurent Lussier imagine ainsi un manuscrit intitulé Jean Rivard, abatiste, un texte que l’homme de lettres du XIXe siècle aurait rédigé avant de mourir dans le but de rectifier des idées avancées dans Jean Rivard, économiste, la suite du célèbre Jean Rivard, le défricheur. Il invente également une progéniture illégitime à l’ancien membre de l’École littéraire de Québec, un certain Joseph Houle, héritier du texte . . .

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On ne s’ennuie pas en lisant un livre de ce conteur irrévérent. Son dernier roman ramène à l’échelle humaine un personnage mythique de la littérature américaine.

On a décrit Henry David Thoreau comme un original, un romantique attardé, un individualiste forcené, un doux rêveur. On l’a qualifié d’anarchiste. Ses textes sur la désobéissance civile, interdits sous le maccarthysme, ont su inspirer le pasteur Luther King et le Mahatma Gandhi. Les idées de Thoreau sont connues par ses écrits, mais qu’en était-il de l’homme dans ses rapports avec ses semblables ? À quoi occupait-il ses journées, à part écrire, pendant ses deux années de retraite au bord du lac Walden ? Il tenait bien un journal, mais il y aurait consigné surtout ses observations naturalistes. Ce que ses amis et ses détracteurs ont dit de lui demeure incomplet et peut toujours être mis en doute. Reste à imaginer le personnage dans l’ordinaire de la vie . . .

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Ce livre paraît dans la collection « Haïku » dirigée par Bertrand Nayet. Sa présentation soignée mérite d’être soulignée. Elle sert admirablement un travail non moins admirable. Après trois épigraphes, le recueil s’ouvre sur une présentation signée Nane Couzier. L’écrivaine y décrit de manière éclairante la matière de son ouvrage.

La présentation s’intitule « De l’instant vécu à l’instant-haïku ». On y découvre une réflexion portant sur les différentes temporalités qui s’inscrivent à l’intérieur du recueil. La poète parle d’une « exploration du temps ». Ces temps, au nombre de trois, correspondent à ceux qu’évoquent les trois citations inaugurales, lesquelles annoncent les sections du recueil. Le premier temps est relatif à « la longueur du jour » évoquée dans le haïku de Kobayashi Issa. Ce jour occupe une année dans le recueil : « ‘Au jour le jour’, nous dit l’écrivaine, réunit des instants . . .

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Joséphine Bacon vient de faire paraître un grand livre d’horizon. Il s’agit de son quatrième recueil depuis 2009.

Nous sommes nombreux à aimer la poète innue originaire de Pessamit et sa poésie. Le lien particulier qu’elle entretient avec ses lecteurs fait partie intégrante de son œuvre. Elle parle naturellement à l’autre, son écriture semble tournée vers nous. Toute poésie ne devrait-elle pas l’être ?

Dans le touchant documentaire Je m’appelle humain de la cinéaste abénaquise Kim O’Bomsawin, Joséphine Bacon affirme : « Je ne dis pas que je suis poète, je dis que dans les mots simples que j’écris les gens y trouvent leur poésie ». On reconnaît, ici, l’humilité vraie qui devrait habiter chaque être humain devant le langage. À la lecture de ses textes, on comprend qu’elle pose la même question que Gilles Vigneault : comment vous donner des nouvelles ?

Descendre dans . . .

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Le lundi 27 août 1934 se passe un événement spectaculaire à Belle-Île-en-Mer, au large de la Bretagne : enfants et adolescents de la « colonie pénitentiaire » se sont mutinés et ont pris la poudre d’escampette. Puisqu’ils sont sur une île, on les retrouvera tous facilement. Tous, sauf un. En effet, sur cinquante-six évadés, un jeune semble s’être volatilisé. À ce jour, on ne sait toujours pas ce qu’il en est advenu. Il n’en fallait pas plus pour que Sorj Chalandon s’empare du sujet et en fasse un roman.

L’histoire commence donc par une description très dure de cette fameuse « colonie pénitentiaire », que certains journaux de gauche n’hésitaient pas à qualifier de bagne. En effet, les conditions de vie y sont atroces, et les enfants y sont maltraités, tant psychologiquement que physiquement, voire sexuellement pour certains. Qui sont ces « colons » ? Chalandon adopte une perspective résolument hugolienne pour les décrire : ce sont . . .

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L’auteure a décidé de raconter à ses trois petites-filles son parcours de vie « à partir de phrases, dit-elle, qui m’ont été adressées au cours des ans et qui me sont restées en mémoire ». Le titre des soixante-trois chapitulets du récit qui s’ensuit est alors composé de citations placées entre guillemets, tirées de propos entendus et notés au long d’une existence d’avocate tissue d’activités nombreuses et variées.

Le stage que l’École du Barreau prévoit pour ses diplômés s’est principalement passé dans son cas au Village-Huron de Lorette, dans les bureaux de l’Association des Indiens du Québec. Déterminant, ce stage a amené l’avocate à s’occuper des droits des Autochtones « pendant plus de trente ans », surtout comme conseillère juridique, auprès de communautés amérindiennes du Québec, du Canada et même de l’étranger, ainsi qu’en témoigne sa . . .

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On présentait autrefois Anne Hébert en recourant à une expression qui aujourd’hui ferait sourire. On disait qu’elle était une « grande dame » des lettres québécoises. La formule avait le mérite de souligner son importance. Elle pourrait reprendre du service dans le cas de Martine Audet.

Un bref avant-propos ouvre le recueil. La poète y confesse avoir lu un peu trop rapidement un énoncé. Elle avait substitué au mot ronde celui de monde. Il en résultait la phrase suivante : « Je n’avais jamais remarqué que le monde n’était pas tout à fait fermé ». Serait-ce là une invitation à substituer d’autres mots à ceux que l’autrice nous adresse ? Sans doute Des formes utiles incite-t-il à croire que le monde n’est pas tout à fait fermé et que l’on peut, à l’instar de l’écrivaine, donner « aux mots la puissance d’être / avant d’être / de croire / avant d’y croire ». Peut-être aussi . . .

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Une entreprise mystérieuse offre des expériences virtuelles permettant aux passionnés de généalogie et d’histoire d’interagir avec des personnes ayant vécu il y a des décennies, voire des siècles. Des expériences étonnamment réalistes. Mais quelles sont les réelles motivations de cette entreprise ?

La professeure Annick Paradis enseigne la physique au secondaire. Elle est également passionnée de généalogie, ce qui l’amène à tenir un blogue et à consulter en ligne de nombreux sites consacrés à ce sujet. Au cours de ses recherches généalogiques, elle se trouve exposée à de nombreuses publicités. L’une de ces pubs, provenant d’une entreprise nommée Arborithme, se targue de lui offrir « un voyage au pays de ses ancêtres ». De quoi piquer sa curiosité. Surtout que, grâce à son expertise en réalité virtuelle, la société va jusqu’à lui proposer d’interagir avec ses ancêtres et de leur soumettre « les questions qu[’elle a . . .

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Quelques heures avant le Nouvel An, un policier montréalais en civil est assassiné à Montréal. Son corps est découvert dans le parc Jarry, et le meurtrier a laissé sur place un mystérieux indice laissant présager que l’enquête pour résoudre ce crime sortira de l’ordinaire…

La dépouille de Walteur Harrison, un policier qui a été étranglé, est trouvée le 31 décembre à Montréal. Le lieutenant-détective Jack Barral, du SPVM (Service de police de la Ville de Montréal), et son équipe sont chargés de l’enquête. Le meurtrier a épinglé le dessin d’un papillon bleu sur les vêtements de sa victime. Un indice étrange, qui laisse croire qu’il pourrait s’agir d’un tueur en série, pouvant donc sévir encore. Les enquêteurs réalisent rapidement qu’Harrison a eu un parcours inhabituel au sein de son corps de police : plutôt solitaire et peu apprécié de ses collègues . . .

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Rigueur, collaboration, imagination et talent, facteurs qui ont conduit les trois autrices de ce recueil à un résultat remarquable, un roman de nouvelles. Vingt-et-une fictions brèves, comme des nouvelles, mais qui se répondent l’une l’autre par les personnages et qui se réfèrent à un lieu unique, la Pointe-aux-Anglais, au Bic.

Les contraintes que se sont fixées les autrices – espace, variété de pronoms de narration et retour de personnages, puis relecture et réécriture en commun – confèrent une grande unité à l’ensemble, y compris pour ce qui est du style, au point qu’il est difficile, à moins de se reporter à la table des matières, de reconnaître la plume de chacune. D’où l’appellation roman de nouvelles qu’attribuent les autrices à leur création collective.

La Pointe-aux-Anglais, avec ses îles – aux Amours, du Massacre, Brûlée –, ses grottes, ses marées d’automne et d’été, ses berges . . .

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Auteur avantageusement connu en Haïti, l’écrivain produit ici un roman qui semble bien se mouler à ce que d’aucuns nommeraient l’« âme haïtienne ».

Adrien est un jeune adolescent épris de musique, en fait de la pratique du violon, et un élève attentionné du grand violoniste national, « Monsieur Benjamin », qui lui prête un instrument durant des leçons de groupe qu’il suit avec assiduité et brio.

Benjamin part en tournée hors du pays, après avoir souligné à Adrien la nécessité de s’acheter un violon pour la reprise des cours. Mais cet instrument de musique reste, dans un pays démuni comme Haïti, un bien gros luxe que ses braves parents – son père professeur et opposant au régime en place, sa mère petite couturière au grand cœur – n’ont pas les moyens de lui payer.

Adrien, bonne pâte, grand naïf, mais fort débrouillard, se met donc en tête de tout faire pour économiser . . .

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En raison de sa fréquentation de la psyché humaine, une psychiatre possède-t-elle un savoir-faire l’inclinant à verser tout naturellement dans le domaine poétique ? De son côté, une poète possède-t-elle quelques dons lui conférant des lumières quant aux choses de l’esprit ? Freud en tout cas a profité abondamment de l’apport des poètes. Voici un dicton populaire : « Les sages cherchent la lumière, les fous leur en donnent. »

Rarement ai-je vu un ouvrage témoigner avec autant de justesse du mal de vivre et de mourir. Ouanessa Younsi est une médecin psychiatre. Elle est également poète. S’agissant de la souffrance, elle sait de quoi elle parle et sait comment en parler. Ici, non pas en usant du langage de la clinicienne, mais en se servant des mots tels que parviennent à les tourner les meilleurs poètes. Ce ne sont pas forcément les fous qui illuminent la conscience de l’écrivaine, mais . . .

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Ouvrage finement tissé où s’entrecroisent habilement faits réels et fiction, dans une écriture relevée et une traduction soignée.

Au centre, le personnage controversé de Leni Riefenstahl, la cinéaste allemande des films consacrés à Hitler et à son régime ; à sa poursuite, Martha, la fille fictive de la Tsigane Anna Krems, libérée du camp de Maxglan (près de Salzburg, en Allemagne), le temps de servir de doublure à Leni lors du tournage de Tiefland en 1941.

La narratrice, Martha, biologiste marine de 39 ans, s’est proposée comme guide accompagnatrice de Leni Riefenstahl, 100 ans, venue plonger une dernière fois aux Maldives pour photographier les espèces sous-marines. Martha a fait sienne l’histoire tragique de sa mère et nourrit une haine profonde à l’égard de celle qui a trahi les Tsiganes du camp de Maxglan, les y renvoyant après les avoir utilisés comme figurants dans son film. Elle sait tout de cette femme que l’on . . .

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En lisant cet ouvrage, les non-initiés au conflit ukraino-russe n’en reviendront tout simplement pas. Ils apprendront que l’ingérence de Poutine et de ses sbires s’étend aussi loin que le Brexit, la mise en dépendance de l’Allemagne vis-à-vis le gaz naturel ou l’aide apportée à Trump pour le sortir de la faillite et même l’appuyer afin qu’il devienne président des États-Unis. Et ici, il ne s’agit que d’un aperçu.

Raphaël Glucksmann, député européen et président de la Commission spéciale du Parlement européen sur l’ingérence étrangère, pardonnerait sans doute au commun des mortels de ne pas saisir tout le jeu d’influence du Kremlin. Par contre, il n’excuserait pas le refus de voir des politiciens et hommes d’affaires occidentaux. Non seulement ils laissent faire ou regardent ailleurs, mais il leur arrive aussi d’aller travailler pour des intérêts russes, comme . . .

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Court essai, brillant et caracolant sur les jouissances de la lecture, et aussi sur celles de l’écriture. Il s’inscrit dans la lignée de ceux qui en ont fait l’éloge. On rencontre ainsi Montaigne – ou plutôt on part de lui –, Stendhal, Proust, Valery Larbaud, Rilke, Blanchot ou Barthes.

On imagine Frédéric Ferney plongé dans les livres et enivré de littérature. Sa biographie nous dit qu’il est agrégé de lettres, chroniqueur de radio, de revues et de journaux ; on découvre sans surprise qu’il a été dans le jury du Prix du style. De style, il n’en manque pas, il est même un virtuose de l’écriture !

Pas de théorie ici, pas d’exposés, de pédantisme. Parfois, l’auteur interpelle son lecteur mais sans provocation, simplement pour attirer son attention, ni écart de langage : on reste ici entre gens de bonne compagnie (l’auteur se permet cependant un peu plus de liberté dans les dernières . . .

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L’auteur raconte la mort tragique de son oncle maternel, Daniel Maroy, assassiné en mars 2014 dans sa ferme du Hainaut, en Belgique. Les auteurs du crime appartenaient à une petite bande de jeunes loubards appâtés par l’argent facile. Dans le patelin d’Estaimpuis, tout le monde savait que le vieil ermite de 84 ans ne faisait pas confiance aux banques et gardait son argent à portée de main.

Vivant en marge de la société et peu soucieux de son apparence, « oncle Daniel […] avait beaucoup [de surnoms]. Le crasseux. Le clochard. L’ermite. Et donc aussi Jésus-Christ. À cause de sa barbe et de ses cheveux longs ». Dans les milieux étroits, il n’est pas bon de trop se distinguer. « Il déplaisait », résume son neveu. Dernier représentant de sa lignée, cloîtré dans la ferme familiale où il était né, son mode de vie était comme la critique d’un monde plein « de voyous et de filous ». Et il n’avait pas . . .

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Je ne voulais prendre connaissance d’aucune critique avant de me faire ma propre idée sur le plus récent livre de l’auteur. J’ai presque réussi à ignorer les drapeaux négatifs qui surgissaient ici et là.

Fils de famille bourgeoise, noceur, satirique, cabotin, détestable et un peu con (c’est lui qui l’affirme), le moins que l’on puisse dire est que l’auteur de 99 francs (un million d’exemplaires vendus) a le sens de la formule percutante. Avoir travaillé pendant dix ans dans la publicité (son « seul crime contre l’humanité ») laisse des traces. Il l’avoue d’emblée : écrire doit bousculer, sinon à quoi bon. Maître de l’autodérision, il est « passé de la catégorie du romancier mondain à celle de l’écrivain pestiféré ». Qu’on le déteste, qu’on le méprise, il n’en a rien à foutre. Cependant, et c’est l’événement déclencheur à l’écriture de ce livre . . .

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Nouvelliste expérimenté (sept recueils publiés entre 1988 et 2019), l’auteur emprunte pour la première fois les voies du récit pour raconter une disparition bouleversante.

Elle aura certes été précédée par la mort du père et de la mère, par celle d’un plus jeune frère ou même par celle du chien Prune. Pourtant, la disparition d’Alain, le frère aîné, n’est comparable à aucune autre. D’abord, parce qu’elle entraîne le narrateur, sa conjointe Christiane ainsi que Carol, le compagnon d’Alain, dans un processus d’accompagnement chargé d’émotions. Ensuite, parce qu’elle vient brutalement préfigurer, pour ce même narrateur, le sentiment de sa propre fin. Atteint d’un glioblastome (une tumeur inopérable au cerveau), Alain décide de mourir chez lui, dans sa maison tricentenaire du rang Saint-Roch, à Saint-Baba (Saint-Barnabé), en Montérégie. Il a demandé l’aide médicale à mourir. En attendant la date . . .

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Le général de Gaulle, qui ne manquait pas d’humour, aurait dit un jour à propos des scientifiques : « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche ». Cette boutade, rapportée par l’auteur, illustre à sa façon la difficulté à laquelle feront face les jeunes qui souhaitent se consacrer à la recherche. C’est pour lui une façon de leur faire savoir que cette voie se révèle un long chemin ardu ne menant pas toujours où l’on souhaiterait aller.

D’entrée de jeu, Yves Agid distingue entre innovation, invention et découverte. La première, nous dit-il, relève de l’ingénierie ayant une finalité pratique et la seconde ne requiert pas l’existence d’objet préalable, elle peut naître plus ou moins spontanément. Quant à la découverte, elle « survient habituellement après une longue période d’incubation, non consciente, qu’on appellera subconsciente pour la distinguer de l’inconscient freudien ». Alors, quelles . . .

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Voici un incroyable roman qui s’appuie sur une histoire vraie. Il se déroule au milieu du XIXe siècle, à l’aube de la guerre de Sécession aux États-Unis (1861-1865), qui a porté, on le sait, sur l’abolition de l’esclavage.

Le roman oppose deux pôles du monde de cette époque. L’un est incarné par John Hewell, un riche et éduqué marchand de tabac qui combat son mal à l’âme en épousant la vocation de chasseur d’esclaves, pourchassant ces individus noirs fuyant les conditions ignobles de leur existence pour les ramener, moyennant prime, à leurs propriétaires.

L’autre est représenté par Madison Washington, un esclave futé, rusé, au bon jugement, et résilient malgré les dures épreuves qu’il affronte pour recouvrer un minimum de dignité. Le roman nous expose le point de vue héroïque de cet être courageux et visionnaire, incapable d’accepter des exactions uniquement en raison de la couleur de peau . . .

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À partir de 1964 et jusqu’en 2020, début d’un confinement dont tous se souviennent, un narrateur anonyme lèvera le voile sur les secrets qui unissent et parfois séparent trois personnages d’une même famille. On rencontrera tout d’abord Louisette, la matriarche, puis Hervé, de la génération suivante, et enfin sa fille, la jeune Lio.

Trois individus se battent avec les non-dits du clan et essaient de voir clair dans cette filiation où règnent abus, silences et douleurs. Andréa Bescond explore différents thèmes dans Une simple histoire de famille, principalement celui de la violence faite aux femmes. L’autrice et interprète des Chatouilles, texte adapté au théâtre et au cinéma, aura obtenu le prix Molière seul(e) en scène 2016 et le César du meilleur premier film 2019. Cette déchirante histoire de pédocriminalité est celle de l’écrivaine, celle d’une petite . . .

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Comment expliquer le mystère de l’amitié ? Ce choix mutuel où chacun adopte l’autre spontanément, sans toujours savoir pourquoi. « Parce que c’était lui ; parce que c’était moi », écrivait fort justement Montaigne.

Avec beaucoup de citations judicieusement choisies et d’anecdotes personnelles, le créateur de l’émission Apostrophes utilise comme point de départ ses propres amitiés pour tenter de les caractériser. Plusieurs cas de figure seraient possibles. Paradoxalement, certaines relations débutent maladroitement et se développent sinueusement pour devenir, au fil du temps, de véritables amitiés, par exemple lorsque Bernard Pivot décrit les étapes de sa relation amicale avec le philosophe Régis Debray, construite au long des années, ou encore avec l’écrivain Jean d’Ormesson, dans laquelle il aura expérimenté toute une gamme de sentiments opposés et apparemment irréconciliables. Tel un théoricien de l’amitié, l’auteur conceptualise ce terme, le distingue du copain, du camarade, du collègue . . .

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Andréa Werner est spécialiste des lieder romantiques et professeure au Conservatoire de Montréal. Elle doit dorénavant composer avec la « débâcle de Leipzig », moment clé de sa carrière artistique où une laryngite fulgurante a colonisé sa trachée en plein concert.

Loin des regards inquisiteurs des universitaires, elle se terre à la campagne et laboure le peu de souvenirs qu’il lui reste. Avoir perdu la voix devient le parfait prétexte pour retracer sa vie vouée à la musique, une vie entière tapie dans l’ombre des compositeurs que même les feux de la rampe ne parviennent pas à illuminer complètement. En perpétuelle détention parmi les partitions, Andréa fantasme une autre vie, loin des eaux pétillantes et du train-train tranquille mais instable des musiciens. L’amour n’a jamais pu s’ancrer, telle la pique du violoncelle, dans sa vie pour y laisser se jouer la mélodie heureuse d’une vie à deux . . .

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« Un livre qui embaume l’ail, l’anis et les secrets de famille », promet l’énoncé séducteur de la quatrième de couverture. L’auteur aura mis une dizaine d’années à peaufiner ce récit dans lequel les membres d’un clan cairote n’échapperont pas à leur destin, tel qu’il a été prédéterminé par Allah. Mektoub !

La qualité de l’écriture du primoromancier Éric Chacour, né à Montréal de parents égyptiens, se mêle à la sensualité levantine de Ce que je sais de toi, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Médecin qui sera éventuellement obligé de s’exiler, le protagoniste Tarek – et son encombrante famille – est en effet levantin, c’est-à-dire d’origine syro-libanaise, et, comme ses compatriotes, occidentalisé, chrétien et de culture francophone.

Né au Caire peu après la Guerre israélo-arabe de 1948-1949, Tarek voit devant lui son destin tout tracé. « Nasser construisait le plus grand pays . . .

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Malgré la mondialisation, la plupart d’entre nous gardent toujours des préjugés tenaces sur l’Afrique. C’est le cas en ce qui a trait à ses sursauts populaires, que nous voyons souvent comme des faits épisodiques, sans nous intéresser aux ressorts profonds qui les animent.

Dans ce livre de 60 pages pile, comme le veut le cadre éditorial propre à la série nommée « Le monde en poche », deux spécialistes universitaires brossent un portrait ciblé de la contestation politique au cours de la dernière décennie sur le continent africain.

Les expertes rappellent que cette contestation a en fait des racines historiques : dans les années 1990, par exemple, plusieurs pays africains subissent de fortes secousses populaires devant les politiques d’austérité imposées à l’époque.

Mais depuis les dix dernières années, ces contestations, surtout portées par des jeunes habiles dans l’utilisation des médias sociaux – souvent des femmes, notent les auteures –, ont été en partie suscitées . . .

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Depuis plusieurs années, on parle d’un vaste projet collectif de réseau structurant de transport en commun à Québec. Mais duquel, je vous prie ? Car au siècle dernier, et même au XIXe siècle, il existait un tel réseau sur rails dans la capitale nationale, avant que celui-ci ne soit démantelé pour laisser toutes les rues aux autobus et automobiles. Comme les temps changent !

Après son Histoire de l’autobus par l’image 1. Les trajets touristiques parue chez le même éditeur, le conférencier Jean Breton nous offre une histoire définitive du tramway à Québec. Érudit, intarissable, incollable sur ce sujet, Jean Breton est le grand spécialiste en tout ce qui touche de près ou de loin les tramways, comme le prouvent ses conférences publiques, toujours passionnantes. Ayant lui-même connu l’époque des petits chars, Jean Breton sait exactement où se trouvaient les parcours, les . . .

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Curieusement, les six textes en exergue de ce recueil, évocateurs des thèmes, sont des extraits de poèmes de la luxembourgeoise Anise Koltz, décédée le 1er mars 2023, c’est-à-dire peu de temps après sa parution.

Ces extraits parlent de la mère, de la solitude, du temps, de la mort mais aussi du fait que « personne ne terminera / mon histoire », et on pourrait ajouter : sauf elle. Là est l’entreprise de Crever les eaux : terminer son histoire ou du moins tenter de le faire.

L’expression crever les eaux, on le sait, correspond à la perte du liquide amniotique dans lequel baigne le bébé, annonçant le début de l’accouchement. Dans le cas précis de Joanne Morency, elle devient une métaphore de sa démarche : l’autrice doit se donner naissance ou accepter, maintenant qu’elle a franchi le seuil de la vieillesse, ce qu’elle fut et ce qu . . .

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Iel dédie son recueil « à anyone qui se cherche » et iel entend bien prouver que lorsqu’on se cherche on finit par se trouver, si on s’en donne la peine.

Sa quête est simple, mais la difficulté a été d’arrimer ce qu’il sent à ce qu’il est : de passer du « il » au « iel » qui, de toute façon, n’existe pas encore dans son univers quand il comprend que les autres interrogent qui « il » est : « help-moi à pas me haïr / dis-moi que chu délicate ».

Le recueil retrace son parcours de vie, de sa naissance à aujourd’hui. Un témoignage que la poésie enrichit parce qu’elle lui permet de se dire en toute simplicité et honnêteté. Xavier Gould ne triche pas, ni avec ses émotions, ni avec ses questionnements, ni avec sa langue, ni avec son choix de vie : « ej me suis jamais dit poète / but avec toi / pareil comme sang / les mots coulent ».

Comment devient-on ce . . .

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Comment réagiriez-vous, fille unique, orpheline de mère, si un jour de novembre – alors que votre père vient de vous transmettre sur votre cellulaire des photos de la Floride où il dit être parti en voyage – vous receviez un appel de la maison funéraire vous demandant d’aller chercher l’urne contenant ses cendres ?

Une autre de ses mauvaises blagues, de se dire la quinquagénaire qui n’a jamais apprécié l’humour de son père, lequel, entre autres excentricités, lisait jadis à l’enfant des modes d’emploi en guise de contes. À cette tension entre eux s’était ajoutée la déception du père, ingénieur passionné, de voir sa fille choisir la comptabilité plutôt que de suivre ses traces. En dépit de ces divergences, père et fille s’aimaient tendrement sous le couvert d’une grande pudeur. Cette pudeur qui se dissimule sous un humour loufoque tout au long du roman. En effet . . .

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Douée, c’est le moins que l’on puisse dire de la primoromancière américaine d’à peine vingt ans. En 2022, son livre figurait sur la liste longue du prestigieux Booker Prize et avait été sélectionné à l’Oprah’s Book Club ; dans l’un et l’autre cas, elle était la plus jeune autrice jamais retenue.

En France, la même année, les 130 libraires et bibliothécaires du jury du Prix Page/America – qui récompense le premier roman d’un Nord-Américain – ont couronné Arpenter la nuit, de la prodige californienne. Pour créer son personnage de Kiara, Mottley s’est inspirée d’un cas d’exploitation sexuelle, un fait divers malheureusement bel et bien advenu en 2015, mettant en cause la police d’Oakland.

Née en 2002, l’autrice n’avait que dix-sept ans quand elle a entrepris de dénoncer la brutalité, la cruauté et les aberrations attribuables à des policiers à l’endroit d’adolescentes . . .

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En juin 2009, un jeune Français est retrouvé assassiné dans un hôtel de Tbilissi, la capitale de la Géorgie. L’inspecteur chargé de l’enquête est assisté par un diplomate de l’ambassade française afin de ménager la susceptibilité du Quai d’Orsay. Leur traque les mènera jusqu’à de sombres épisodes de la guerre froide…

Sébastien Rouvre, un Français de 26 ans, s’est expatrié en Géorgie, l’ancienne république soviétique, pour devenir le précepteur des enfants d’un milliardaire. Un emploi en principe sans histoire. Mais il est mystérieusement assassiné dans la capitale. Et l’enquête menée par l’inspecteur Nougo Shenguelia et René Turpin, le premier conseiller de l’ambassadeur français, révélera que la victime se livrait à un trafic de reliques de l’ère soviétique, des objets provenant des ruines de l’ancienne datcha de Staline, dans la ville balnéaire désormais quasi désertée de . . .

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Vouloir saisir la personnalité et l’histoire de Riopelle est une entreprise périlleuse – celle-ci n’est pas la première – car tout chez lui existe et se développe en dehors de toute mesure. Il vivait dans l’outrance quotidienne. On le voit engagé dans telle ou telle activité, qui ne se limite pas à la peinture, en tel ou tel lieu, souvent entre le Québec et Paris, dans telles ou telles dispositions, fièvre ou abattement, et il est déjà ailleurs. De ce tourbillon se dégagent une production picturale énorme, des formats monumentaux, une aptitude à entrer dans des relations multiples, à gagner et à dilapider des sommes considérables, des voyages improvisés, des foucades inattendues, auxquels s’ajoute une capacité à absorber une quantité de nourriture, et surtout d’alcool, qui a peu de rivales. Et, bien sûr, des relations compliquées avec des femmes – parmi lesquelles, l’une des dernières et des plus marquantes, Joan Mitchell –, vécues sous le signe de l’orage . . .

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La plupart des gens passent une part considérable de leur vie au travail. Il est donc important de réfléchir sur les motivations qui nous amènent à renoncer à tout ce temps pour gagner notre vie.

René Bolduc a enseigné la philosophie au collégial, notamment au Cégep François-Xavier Garneau. Dans le cadre de sa profession, il a été amené à vouloir trouver des réponses à la question fondamentale :pourquoi travailler ? Ayant grandi sur une ferme, il a appris tôt que le travail pouvait se révéler éreintant et difficile. Il n’est donc pas étonnant que l’auteur avoue, d’entrée de jeu : « Enfant, mon but dans la vie était de ne pas travailler. J’avais le travail en horreur ». Pour lui, les tâches sur la ferme familiale étaient synonymes de corvée, de besogne, de punition. Pas question, donc, de prendre la relève. Devenu enseignant, il est conscient que sa vie s’avère beaucoup moins dure que . . .

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Comment parler d’un essai que l’auteur prétend vide ? Que dire d’un livre dont l’auteur fait le pari d’intéresser son lecteur en tournant indéfiniment autour du pot ?

Étienne Beaulieu n’en est pas à ses premières armes en matière d’essai et on le tient généralement pour un maître du genre parmi les auteurs québécois contemporains. Fidèle à ses propres exigences, il nous offre ici une œuvre à la fois audacieuse et érudite. Dans ce nouvel opus, le sujet et la manière de l’aborder s’avèrent toutefois un peu déroutants. Dès la première page, l’essayiste prend soin de minimiser les attentes quant à ce que nous pourrions apprendre du personnage autour duquel il a tissé son livre : « [J]e ne connais presque rien de Thomas Aubert, mais c’est justement de ce rien dont je vais m’emparer immédiatement pour le monter en épingle et en faire notre épopée collective . . .

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Le mot woke est apparu la première fois aux États-Unis dans la communauté afro-américaine au cours des années 1960. Cet appel à l’éveil visait à contrer le racisme qui régnait partout et appelait ses victimes à la vigilance. Il est repris avec force en 2014 à la faveur du mouvement Black Lives Matter, créé dans le sillage de la mort de George Floyd. Depuis, ce mouvement, antiraciste à l’origine, s’est répandu à la vitesse grand V partout en Occident.

De mouvement de protestation qu’il était au début, le wokisme s’est vite transformé en idéologie englobant dans sa lutte, outre les enjeux liés au racisme, ceux qui se rapportent à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle ou encore à la colonisation. Mais en même temps . . .

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Un sexagénaire québécois se rend dans un pays africain afin d’y rencontrer un jeune homme dont il a fait connaissance en ligne, sur un site de rencontres. Mais leur rendez-vous ne se passe pas du tout comme prévu…

Le Kakaokro est un pays fictif d’Afrique où un coup d’État suivi d’une guerre civile ont divisé le territoire en deux. Sa partie nord est maintenant sous le contrôle de forces rebelles d’obédience communiste. Jacques Richard, un Québécois d’un certain âge, débarque au pays pour retrouver un jeune homme ayant le tiers de son âge, rencontré sur le site de GayQc. Il communique avec lui, de façon virtuelle, depuis un bon moment, en multipliant les déclarations d’amour passionnées. Il le soutient financièrement et lui promet de l’aider à venir s’établir au Canada, où il pourra s’inscrire à l’université.

Le Canadien est donc fébrile à son arrivée au Kakaokro . . .

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Partir pour éviter les bombes, partir pour réaliser son rêve vers l’inconnu, malgré le déchirement, partir pour faire le point. Maints départs ont jalonné la vie de Catherine Dunleavy, personnage du roman biographique narré à la troisième personne, mais dont le point de vue dominant est celui de l’héroïne.

Ce qui donne une impression d’autobiographie. Le récit avance au gré des souvenirs, sans souci de chronologie.

Née en Angleterre, Catherine vit en symbiose avec sa mère célibataire, Emily, marxiste engagée, admiratrice de Rosa Luxembourg, dont elle transmet la mémoire à sa fille. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, sous la recommandation du gouvernement anglais, les enfants de Londres sont conduits à la campagne. Premier départ pour Catherine, séparée de sa mère. La fillette a neuf ans et s’intègre sans difficulté dans la famille Dunlop. En juillet 1944, c’est une adolescente qui rentrera à Poplar . . .

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Le cinquième roman de l’autrice, journaliste originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, met en scène la figure historique de « l’aristocrate et homme d’armée » James Herbert Dower, « le premier colon anglais à s’être installé » à Conche.

Nous sommes ici à Terre-Neuve, dans un ancien établissement de pêche français délaissé pendant 20 ans à cause des guerres napoléoniennes. En 1816, Dower décide de revitaliser les lieux et d’en faire « un endroit idéal pour entamer une vie nouvelle », où la tolérance, la liberté religieuse et l’égalité sociale seront des principes incontournables. Dès son arrivée, il s’active à bâtir un havre de paix, en dépit des habituelles disputes entre catholiques et protestants – et entre Irlandais, Anglais et Français – au sujet du partage des zones de pêche à la morue, le tout sous la surveillance pas toujours harmonieuse de la Navy britannique et de la Marine française. Le « maître de Conche » connaît un succ . . .

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Voici la dix-septième publication de l’auteur, qui a déjà produit depuis 1985 sept recueils de poésie et neuf romans et nouvelles. Il s’agit d’une sorte de journal tenu par le narrateur Paul Landry, qui retrace quelques pans de sa carrière somme toute très ordinaire et peu enthousiasmante de professeur de littérature dans un cégep de Montréal.

Il a toujours épaulé son frère Louis, qui travaille dans un atelier de moulage. Survient dans la vie des deux hommes leur père Wilfrid, absent depuis longtemps de la cellule familiale. C’est un ex-tenancier d’alambic qui a fait des séjours en prison et qui est aujourd’hui revenu dans le droit chemin : grand bonimenteur, il occupe un poste de vendeur d’automobiles chez un concessionnaire, où son comportement suscite le rire de ses confrères.

Peu de personnages animent le récit. Au collège, Paul n’a de contacts qu’avec deux collègues : Gilbert . . .

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Devenu vieux, Meisner, dit Opa, ancien artilleur de la Wehrmacht, résiste à la curiosité de son petit-fils Callum (établi en Grande-Bretagne) qui voudrait savoir « comment c’était ». Mieux vaut ne pas réveiller les démons du passé… Puis il se décide à lui raconter son histoire pour le satisfaire, mais surtout pour être au clair sur la question et en paix avec lui-même.

Il précise d’emblée : il n’a connu les camps de concentration que par le livre de Primo Levi. Il n’était pas nazi et il ne dresse pas un tableau de l’hitlérisme en guerre. Il se contente de dire ce qu’il a vu, le peu qu’il a vu. Le roman se conforme ainsi à la perspective narrative limitée à celle d’un personnage, devenue depuis longtemps canonique dans le genre.

Les faits rapportés se déroulent dans les années 1943-1944 sur le front de l’Est . . .

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Dans le village de Butangen, en Norvège, deux cloches jumelles sonnent depuis des siècles. Jadis forgées en l’honneur de deux sœurs siamoises, les cloches se situent au cœur du folklore de Butangen : on leur confère des propriétés mystérieuses, notamment la capacité de protéger le village des catastrophes naturelles.

Lorsque le sort des cloches se trouve menacé par l’arrivée d’un prêtre déterminé à moderniser Butangen, la descendante des siamoises, Astrid Hekne, saisit l’occasion de s’affirmer en tant que protectrice des cloches…

Les cloches jumelles est un roman paradoxal. Véritable représentation de la dichotomie entre tradition et modernité (relative, pour l’époque), le récit est parfois dépaysant, par sa représentation d’une culture qui nous est inconnue, mais aussi, et souvent, familier. En effet, les habitants de Butangen – isolés du reste du monde, confortés dans leurs traditions et ignorant les avancées technologiques, m . . .

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L’auteur a rapidement donné suite au récit de l’arrivée en France de ses grands-parents, survivants du génocide arménien. En 1947, à leur grand regret, les Manoukian voient voguer vers l’Arménie soviétique leur meilleur ami Agop, qui cède aux appels funestes de Staline et que rien ni personne ne peut retenir.

Dans son roman précédent, L’oiseau bleu d’Erzeroum, Ian Manook, pseudonyme du Français Patrick Manoukian, racontait les horreurs du massacre, l’exil, puis la vie plus tranquille à Meudon de Haïgaz et Araxie Manoukian, en compagnie de leurs amis Agop et Assina Tarpinian (Nuit blanche, no 164).

L’écrivain reprend le fil de leurs fascinantes histoires dans Le chant d’Haïganouch, celle-ci étant la petite sœur aveugle d’Araxie. Enfants, elles avaient été vendues comme esclaves en Syrie, puis la vie les avait séparées. Si l . . .

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Son frère jumeau a été mortellement happé par un chauffard lorsque l’auteur avait six ans. Cela laisse des traces indélébiles. Traces ravivées, des années plus tard, lorsque le père meurt à la suite d’une chute de cheval. Très tôt, Garcin a dû apprivoiser la mort, l’écriture l’y aidant mieux que tout discours de compassion.

« Plus le temps passe et plus je crois à la présence des morts », confie Jérôme Garcin. Son second frère, né quelques années après le drame qui a bouleversé la vie familiale, est atteint du syndrome de l’X fragile, maladie génétique héréditaire qui se caractérise le plus souvent par un déficit intellectuel, un retard langagier et des troubles du comportement. Dépendant de son entourage, Laurent, le frère dont la venue devait mettre un baume sur la disparution du jumeau, vit dans son monde intérieur qu’il traduit dans des tableaux abstraits . . .

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À peine apprenait-on, et l’on s’en réjouissait, la sortie d’un nouveau livre de l’auteur, que ce dernier tirait sa révérence de manière bien discrète.

Tout aussi discrète, la mort traverse le recueil de Christian Bobin, mais c’est avant tout pour célébrer la vie et nous rappeler l’importance de chaque instant, les deux actions étant intimement liées dans l’œuvre de Bobin : « Je roulais sur les routes du Morvan quand je vis dans le rétroviseur ma vie doublée. Ma mort aussi. Autre chose commençait. Je me souvenais de la fin du monde et de qui l’avait amenée. C’était il y a longtemps ».


Le muguet rouge
s’offre au lecteur comme une plongée dans les souvenirs de Bobin, souvenirs de famille comme de rêves éveillés, la petite fleur aux clochettes étant ici associée à la renaissance du printemps, au bonheur retrouvé. Le livre s . . .

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Montrer la québécitude dans toute son immensité et sa splendeur : des gens d’ici, les grands horizons, les feuilles d’automne aux couleurs éclatantes, la neige à perte de vue, le fleuve infini, les routes de campagne, les villes et les villages ; et tout cela vu du ciel. Tel est le programme du beau livre, de format géant, que propose Mario Faubert.

L’album emprunte un concept déjà employé, il y a plus de vingt ans, par le photographe Pierre Lahoud dans Le Québec vu du ciel. Au rythme des saisons (L'Homme, 2001), commenté dans le numéro 87.

Déjà responsable de plusieurs ouvrages illustrés, Mario Faubert a survolé et photographié le territoire québécois durant des années, en toutes saisons, à différentes altitudes ; il nous offre ses photos les plus saisissantes dans Le Québec vu d’en haut.

C’est à un véritable héros national, le commandant Robert Piché – qui . . .

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Comme le français a existé avant Le Petit Larousse illustré et Le Petit Robert de la langue française, les dictionnaires ont beau être parmi les premiers ouvrages que l’on consulte quand on se lance dans l’apprentissage d’une matière, leur conception survient tard dans l’étude du sujet traité.

Il faut avoir balisé, analysé et décrit un sujet – ici l’histoire matérielle du livre chez nous – avant d’en circonscrire la trajectoire chronologique, ce qu’a fait pour l’époque moderne, sous la direction de Jacques Michon, le Groupe de recherche sur l’édition littéraire au Québec (Université de Sherbrooke), fondé il y a une quarantaine d’années, en produisant les trois tomes de l’Histoire de l’édition littéraire au XXe siècle au Québec (Fides, 1999, 2004, 2010). On y décrit le mouvement général . . .

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Au lendemain de la crise économique de 1929 et jusque dans les années 1950, on pourraitpresque affirmer qu’il existait une forme réduite d’« impérialisme culturel québécois » (toutes proportions gardées) qui envahissait partiellement les zones semi-urbaines de certains États de la Nouvelle-Angleterre afin de rejoindre la « diaspora des Canadiens français » exilés au nord des États-Unis.

L’essai de Pierre Lavoie, Mille après mille. Célébrité et migrations dans le Nord-Est américain, reprend et prolonge une thèse de doctorat soutenue à l’Université de Montréal, en 2019. La première moitié explore une dimension originale autour du million de Canadiens français partis du Québec et de l’Ontario dans l’espoir de trouver la prospérité chez nos voisins du Sud. Si la plupart d’entre eux ont été assimilés en moins de deux générations dans le melting-pot anglo-saxon, il y subsistait néanmoins . . .

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Quarante ans à tenter de convaincre nos gouvernements d’envisager l’environnement autrement que dans une logique d’exploitation industrielle. Un parcours semé de déceptions, et d’enseignements.

Cofondateur du Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), du Regroupement écologiste Val-d’Or et environs (REVE) ainsi que de l’Action boréale, Henri Jacob en a long à dire sur l’incurie gouvernementale à l’égard de la biodiversité. Militant écologiste depuis 50 ans, l’un de ses principaux combats demeure encore aujourd’hui la protection de la harde des caribous de Val-d’Or. En nous faisant le compte rendu détaillé de ses multiples démarches et interventions au bénéfice des caribous d’Abitibi depuis le début des années 1980, Henri Jacob nous permet d’apprécier sa droiture et sa détermination. En même temps, il démontre la portée nécessairement limitée des prises de parole en faveur du patrimoine environnemental dans le cadre d’un système . . .

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Avec cet essai, l’auteur, professeur de science politique à l’UQAM, produit un ouvrage qui relève à la fois de la recherche et du militantisme.

De la recherche, puisque, par-delà les perceptions subjectives, il passe en revue ce qui se produit réellement dans les universités. Du militantisme, puisqu’il prend position politiquement et critique frontalement certains journalistes, essayistes et auteurs. Mais n’allons pas trop vite. De quoi est-il question ?

Dupuis-Déri veut nous persuader qu’il n’y a pas péril en cette demeure qu’est l’université. Il n’y a pas de réelle lame de fond woke qui changerait, de fond en comble, les assises de la vénérable institution.

L’auteur est d’avis que l’on transforme volontiers des anecdotes en événements nationaux. Des conservateurs (Bloom, Bock-Côté, Rioux, Facal, Finkielkraut, Bruckner…) critiquent les revendications progressistes et utilisent le mot woke comme une arme de dénonciation au lieu . . .

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Le nom d’Evelyn Dumas (1941-2012) figure au palmarès des personnalités marquantes de l’histoire du Québec. Récipiendaire du prix Olivar-Asselin pour sa carrière journalistique, elle est à nouveau honorée à titre posthume, en 2018, alors que l’on donne son nom à la salle de presse de l’édifice gouvernemental Pamphile-Lemay pour commémorer la pionnière, première femme correspondante parlementaire à l’Assemblée nationale, pour le quotidien Le Devoir. En 1962, une femme dans un monde d’hommes.

Evelyn Dumas a à peine vingt ans et exerce le métier en attendant de poursuivre des études universitaires, le temps que son mari termine les siennes. C’était sans compter la passion du journalisme qui a tôt fait de la gagner et la dissolution de son mariage. Elle réussira des études universitaires en sociologie et en histoire, tout en occupant tour à tour des postes clés dans les grands quotidiens tant francophones qu’anglophones, l’anglais étant sa langue . . .

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Avec L’adversaire, D’autres vies que la mienne et Limonov, l’auteur a montré son talent dans l’art de transformer en histoires captivantes des réalités qui pourraient, somme toute, être oubliées dans la banalité des faits divers.

Après son récit autobiographique Yoga, l’écrivain vivait une sorte de passage à vide et cherchait à retourner à la chronique. Il a contacté L’Obs pour reprendre du service. Le magazine, bien content, l’accueille pour quelques articles et lui propose de couvrir le procès des attentats du 13 novembre 2015, qui firent 130 morts un vendredi 13 (d’où le titre du livre, V13) sur des terrasses des 10e et 11e arrondissements de Paris, au Stade de France et dans la salle de spectacle du Bataclan, où l’on a dénombré le plus de morts (90) et des centaines de bless . . .

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Née en Ukraine d’un père algérien et d’une mère chypriote grecque, mais élevée en Algérie, Djemila Benhabib, militante bien connue dans le monde francophone, a fait du combat contre l’intégrisme islamique la grande cause de sa vie.

Elle a de quoi pouvoir dire. Cette auteure se trouvait en Algérie durant la période noire que ce pays a connue dans les années 1990, d’une violence sans nom alimentée par le combat des islamistes en vue non seulement de diriger le pays sur le plan politique, mais aussi de l’encadrer étroitement sur les plans religieux, social et idéologique.

Ce que dénonce Djemila Benhabib, ce sont les entourloupettes des islamistes maintenant abrités dans les pays démocratiques. Ils y utilisent la liberté d’expression, le politiquement correct, les partis politiques – de gauche notamment – pour faire avancer leur conception rétrograde de la religion musulmane, tant dans l’espace public que dans l’espace priv . . .

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Depuis de nombreuses années, Chloé Sainte-Marie prête sa voix aux écrivains tout en s’intéressant aux diverses cultures autochtones du Canada. De son côté, Jean Morisset est géographe, professeur, essayiste et poète. Au cours de sa carrière, ses recherches l’ont amené à parcourir l’ensemble du continent américain, de la Patagonie à l’île d’Ellesmere.

Avec Maudit silence, celle qui est notamment connue pour ses magnifiques interprétations de Gaston Miron et de Patrice Desbiens s’unit à un intellectuel et homme de terrain dans une entreprise à laquelle se greffent différentes voix, dont celle de Joséphine Bacon à qui l’on doit d’ailleurs le titre du livre : « Maudit silence / Tu es seule / Les arbres silencieux t’observent / Ils arrivent / Ces chasseurs d’humains ». Dans cette œuvre collective généreusement illustrée, qui représente de nombreuses années de recherche, c’est l’Amérique tout entière, du nord au sud, que Chloé Sainte . . .

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Le primoromancier Christian Granger, en panne d’inspiration pour écrire sa deuxième œuvre, décide de séjourner au Sanatorium, une résidence d’écrivains des plus bizarre.

Bizarre est l’endroit, bizarres sont les gestionnaires du lieu et encore plus bizarres, les auteurs éplorés qui y cherchent leur Muse.

Bref, un livre pour se faire plaisir.

En 26 courts chapitres, intitulés de A à Z, Suzanne Myre partage son délire et ses fantasmes plutôt rigolos en faisant sourire, et même carrément rire, ceux et celles qui plongent dans Le sanatorium des écrivains. Le protagoniste Christian Granger y raconte ses déboires récents, dont la rupture avec une énième douce quelconque, qui se prénomme Corinne, et avec son chat Conrad. « On était de très bons compagnons d’inertie, lui et moi, et mou, il l’était déjà de nature. La nuit les chats sont gris, le jour tous les chats sont mous, comme moi. »

L . . .

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Troublantes, envoûtantes, c’est le moins qu’on puisse dire des neuf histoires réunies sous le titre Couleurs de l’adieu, de Bernhard Schlink, dont la notoriété n’est plus à faire.

Chacune des nouvelles du présent recueil révèle la fragilité et la complexité de l’âme humaine. Elles abordent, une fois de plus, les rapports amoureux sous différents angles, soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, les questions d’ordre éthique se prêtant davantage à la réflexion qu’aux interdictions. Sans jamais porter de jugement sur ses personnages, qui tantôt se remémorent un souvenir, un événement marquant de leur vie qui a modulé la courbe de leur existence, Bernhard Schlink cherche plutôt à nous démontrer qu’il n’y a chez l’humain ni grandeur ni bassesse, ni courage ni faiblesse, mais une inextricable gamme de sentiments qu’il n’est pas toujours facile de démêler.

La première . . .

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Une fête costumée à Paris, où le déguisement de chacun doit évoquer une station de métro. Amusant, jusqu’à ce qu’un des invités ne se tue en tombant du balcon du quatrième étage. Dans ce thriller philosophique, le fantastique côtoie la folie et l’implacabilité du destin voisine la recherche du salut.

Dans La puissance des ombres, Sylvie Germain privilégie en effet le mélange des genres. L’écrivaine du pardon et de la rédemption, née en 1954 à Châteauroux, a publié plus de 35 titres, romans et essais, presque tous marqués par une interrogation sur le sens des souffrances humaines. En exergue, elle cite cette fois Pascal, avec ô combien de pertinence : « Quelle chimère est-ce donc que l’homme, quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos […], gloire et rebut de l’univers ! »

Dès les premières pages, la romancière brouille les cartes. Elle s’amuse à présenter ses personnages plus ou . . .

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Lauréat du Prix des Écrivains du Sud 2022 pour son roman Chien 51, Laurent Gaudé livre dans ce dernier une véritable dystopie des temps modernes. L’auteur emprunte ici au polar ses techniques narratives pour tenir le lecteur en haleine et l’entraîner dans une enquête qui met à nu la cupidité et la rapacité des grandes entreprises de ce monde qui n’ont que faire des frontières et des gouvernements en place.

La force d’un roman nous est souvent donnée dès la première phrase. Chien 51 ne fait pas exception : « D’un coup, la ville devint folle ». Voilà, l’avertissement au lecteur est on ne peut plus clair ; il n’a qu’à bien se tenir, la balade ne sera pas de tout repos. Les déchets s’accumulent partout, des drones survolent la ville pour mesurer l’état d’indolence ou de possible rébellion qui pourrait jaillir s’il s’avérait que les . . .

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Une seconde vie dans un monde virtuel, ça vous dirait ?

Julien Libérat a une vie assez quelconque. Sa petite amie vient de le larguer. Chaque semaine, il reçoit une notification lui indiquant que son « temps d’écran » a été supérieur à celui de la semaine précédente. Il est pianiste et professeur de piano, mais contrats et élèves sont rares. Il compose, mais ça n’aboutit à rien. Un jour – ou plutôt une nuit –, « entre deux posts insignifiants », il voit surgir sur son écran une pub qui ressemble à mille autres : « Connaissez-vous l’Antimonde ? Le seul jeu vidéo que vous allez préférer à vie ! » Les jeux vidéo, très peu pour lui. Mais celui-ci semble différent. N’ayant de toute façon rien de mieux à faire, il clique. Et découvre Heaven, l’Antimonde.

Qu’est-ce que l’Antimonde ? Une invention révolutionnaire qu’un visionnaire tyrannique appelé Adrien Sterner a mûrie pendant des années. Un . . .

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Étrange, conclut l’auteur, d’avoir choisi New York comme sujet de son dernier livre. Non pas pour n’y être jamais allé, ce qui est le cas, mais pour faire de ce refus le ressort même du présent livre. La fascination, la force d’attraction qu’exerce New York s’en trouvent ici décuplées.

Pour celui que l’on désigne aujourd’hui comme le représentant de l’instantané littéraire, le genre qu’il aura contribué à faire rayonner depuis La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, la ville debout, surnommée ainsi par Louis-Ferdinand Céline, offrait un terrain d’exploration inépuisable tant et aussi longtemps qu’il se refuserait à confronter la réalité aux images et aux souvenirs qui découlaient de reproductions de livres scolaires, d’affiches, de lectures, de films, d’albums écoutés en boucle qui, tous à leur manière, ont nourri le mythe de la . . .

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Trop licencieuse pour être intéressante ? Ou juste assez érotique pour plaire ? La grande qualité de l’écriture de cette autofiction débridée fait par ailleurs consensus.

Entre le désir au féminin et la difficile fréquentation des hommes, cette exploration de la libido était en lice pour plusieurs prix littéraires à l’automne 2022.

Dans La maison, paru en 2019, Emma Becker en avait fait défriser plus d’un en racontant comment elle s’était prostituée avec plaisir pendant trois ans dans une maison close de Berlin. Devenue la maman d’Isidore, l’autrice voulait alors s’interroger sur son nouveau statut de femme. « Je crois qu’au début, je voulais écrire là-dessus, sur le déchirement que c’est d’être mère et de n’être pas comblée pour autant. » Dans L’inconduite, un texte fourre-tout, elle poursuivra plutôt son analyse de la condition féminine, surtout . . .

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Racontée par l’une des meilleures plumes de la littérature américaine, voici l’histoire d’un septuagénaire qui décide de mettre fin à des décennies de mensonges et de secrets.

La scène qu’imagine Banks se déroule à Montréal le 1er avril 2018. Cancéreux, le célèbre documentariste d’origine américaine Leonard Fife, qui avait contribué avec son film Dans la brume à révéler les expérimentations à l’agent orange menées à Gagetown durant la guerre du Viêtnam, se prépare à accorder sa dernière entrevue à la télévision nationale. Entouré d’obscurité (une technique qu’il a souvent utilisée dans ses films pour susciter les confidences), il tient à ce que sa femme Emma soit présente. Celle-ci jure qu’elle sait tout ce qu’il y a à savoir, mais Fife insiste : elle doit l’écouter jusqu’à la fin. Or, au lieu de répondre aux questions de l’intervieweur . . .

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L’intemporel.

« De ‘littéraire’ qu’il était naguère encore au lycée, Montaigne devient de plus en plus ‘philosophe’, un philosophe qu’on se doit d’avoir lu et que par conséquent on ne peut que ‘relire’… » On dirait d’ailleurs que tous les prétextes sont bons pour le ramener sur le tapis et le louer. Montaigne a écrit sur tous les sujets, et ses réflexions humanistes fascinent et séduisent encore aujourd’hui.

Alain Legros a consacré 30 ans de sa vie à l’auteur périgourdin. Lui ne se contente ni de lire ni de relire Montaigne : il « pratique Montaigne ». En effet, plus qu’intellectuel, son rapport au philosophe du XVIe siècle est devenu personnel, voire existentiel : « […] il m’aura permis plusieurs fois de garder la tête hors de l’eau en des temps qui m’étaient […] difficiles ».

Il l’a étudié sous toutes ses coutures, a examiné maintes et maintes fois les éditions originales annotées par l . . .

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L’auteure nous propose deux suites poétiques sous forme de haïkus. Le très beau titre s’inspire, dans une sorte de contraction, de l’intitulé des deux parties du recueil : « L’ombre envolée des oiseaux », évoquant le suicide de l’amoureux du premier grand amour, et « La pulsation des étoiles », rappelant le décès de la mère à la suite d’une maladie dégénérative apparentée à l’Alzheimer.

Soulignons qu’un pulsar est une étoile en fin de vie. Les poèmes avanceront donc autour du thème du deuil : « la nuit / au-dessus de son corps / une lumière flottante ». Et c’est par le haïku, cette poésie brève d’origine japonaise, que l’auteure explore l’existence de ses « proches disparus [qui] laissent derrière eux des traces vibrantes et furtives, comme l’ombre lumineuse du vol des oiseaux ». Il s’agirait dès lors de relever les traces et passer de l’ombre de . . .

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Mai 1918 : Dr. Lesley Richardson est nommée médecin légiste de la Saskatchewan. Première femme à occuper ce poste, elle doit affronter certaines réticences. Le défi à relever est donc de taille, d’autant qu’un assassinat et la découverte d’ossements humains ne tardent pas à survenir…

La Grande Guerre n’est pas encore terminée sur les autres continents qu’en Amérique du Nord, la docteure bactériologiste Richardson, récemment entrée en fonction comme pathologiste à Regina, est confrontée à deux cas mystérieux propres à grandement solliciter son esprit d’analyse.

En effet, un fermier vient de trouver des ossements humains sur sa terre. Les policiers croient tout de suite qu’il s’agit de ceux de Lionel Sanschagrin, un Métis disparu depuis un an. Mais une partie des os manquent, ce qui en rend l’identification hasardeuse. D’autre part, la dépouille de Samuel Stein est découverte dans la forge de son oncle, Anselme Larson. Le jeune . . .

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Au Canada anglais, on le surnommait affectueusement « Monsieur Canada » pendant la campagne référendaire de 1995, lorsqu’il s’opposait à la souveraineté du Québec. Et en 2022, on assiste au retour à la politique fédérale de ce « grand blond », toujours aussi charismatique chez les Canadiens.

Bien avant d’avoir écrit Sénateur, moi ? (La Presse, 2020), André Pratte avait brossé ce portrait laudatif de celui qui, en 1998, se lançait sur la scène politique provinciale à la demande (presque) générale, après avoir été ministre puis chef du Parti progressiste-conservateur au niveau fédéral. À cette époque, Jean Charest envisageait ce défi avec beaucoup d’assurance : « Pour autant que j’aie les dossiers et que les gens qui s’occupent de ça me briefent ». Le rôle du politicien est devenu un travail de communicateur, de porteur de projets, de persuadeur.

Ce portrait politique, familial et anecdotique couvre l’enfance, les années de formation et . . .

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Femme d’exception, Éva Circé-Côté est sortie de l’ombre grâce à la biographie que lui a consacrée l’historienne Andrée Lévesque, Éva Circé-Côté. Libre-penseuse, 1871-1949 (Remue-ménage, 2010).

Poursuivant le même but, soit de donner sa place dans l’Histoire à une femme qui lutta contre l’obscurantisme, Pierre Roberge en fit le sujet de son premier roman, après avoir découvert qu’Éva Circé avait été la première directrice de la première bibliothèque de la métropole. Une pionnière dont l’auteur n’avait jamais entendu parler au cours d’une carrière de trente ans dans le réseau des bibliothèques montréalaises.

Son histoire se déroule à l’époque où monseigneur Bruchési règne sur tous les aspects de la vie, s’immisçant dans la sphère publique. Aussi, la première bibliothèque de Montréal ne contient-elle que des ouvrages techniques . . .

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Les moyens typographiques dont dispose l’écriture pour rendre compte des riches nuances prosodiques de la voix humaine sont plutôt limités. Ainsi, au moment d’ouvrir les premières pages imprimées en caractères majuscules de ce recueil, on croit comprendre ce courroux doublé que propose le titre.

On présume que le texte cherchera à faire du bruit, qu’il tentera de brasser, de secouer le langage dans tous les sens. Cette colère liminaire, telle une crise épuisant rapidement son énergie initiale, aura cependant tôt fait de se moduler en quelque chose d’autre qui prendra alors la forme de ce qui pourrait être perçu comme une colère sourde résultant d’une incapacité, pour deux amants, à communiquer pleinement. C’est connu, la vie intérieure foisonne de subtilités difficilement transposables. Lorsque deux individus tentent de ne faire qu’un, les silences peuvent parfois en dire davantage que les paroles, la chair peut apprendre à parler : « ma disparition, je demande / que tu l . . .

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Dans un texte qu’elle signe au début de l’ouvrage collectif, Suzanne Jacob montre le foisonnement de son écriture ainsi que la singularité et la richesse de sa pensée. Son refus de la linéarité et l’originalité de sa saisie du monde.

Vous êtes la personne la plus négative que je n’ai jamais rencontrée, lui a décoché la directrice d’un institut médical, à la suite d’un fait que Suzanne Jacob nomme « l’événement de ma mort récupérée ». Nous voilà, dans l’instant, témoins de l’univers de cette femme-orchestre – romancière, nouvelliste, poète, essayiste, scénariste, chroniqueuse, sans oublier l’artiste visuelle (esquissée par Valérie Mandia) et l’autrice-compositrice-interprète (par Jeanne Mathieu-Lessard), cette dernière reprenant la formule qu’utilisait Jean Royer, en 1987 : « [I]l y a deux Suzanne Jacob, celle qui chante et celle qui écrit ».

Dans l’introduction de

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On dirait que ce recueil suit le rythme de la vie de Rose Després. De la respiration de sa vie. Des bas et des hauts. Du désespoir et de l’espoir. Les poèmes se succèdent, passant de constats et de commentaires sombres sur la société et l’humanité à des jaillissements plus personnels qui ouvrent un sentier vers la lumière.

Le titre donne une indication du cheminement de la poète : cette Belle-Côte est l’endroit où elle habite. Son recueil débute sur « cette vertigineuse amertume de l’enfance / [qui] tourbillonne encore » et « continuera de pulvériser / les croquantes mâchoires ingrates ». Le deuxième poème présente une partie de ces « mâchoires ingrates » : riches, abuseurs, tyrans, dont il ne faut « pas emprunter le pas », que les deux poèmes suivants développent. Puis, c’est le constat que « pourtant je rêve / saturée d’envie / enlacée de joie », court moment de lumière.

Il n’y a . . .

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L’auteur poursuit son travail de critique sociale, entrepris depuis plusieurs années déjà. En cela, il est un digne héritier de l’École de Francfort, ce mouvement de pensée qui prit naissance dans l’Allemagne des années 1930 et dont le but était de décortiquer les discours dominants afin d’en dénoncer les irrationalités.

Après avoir signé une vingtaine d’ouvrages sur les pillages et le non-respect des droits de la personne de grandes compagnies canadiennes et étrangères, les paradis fiscaux, le nouveau langage du management, entre autres sujets, Deneault poursuit, avec Mœurs, la critique entamée dans ses ouvrages précédents.

Bien qu’il soit un penseur catalogué à gauche – sa critique du capitalisme le démontrant amplement –, Deneault ne se prive pas de décocher des flèches. Les premiers textes du livre questionnent plusieurs notions primées par la nouvelle gauche. L’auteur reconnaît la légitimité du discours intersectionnel . . .

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Du 7 au 15 octobre 1963, André Malraux, écrivain immense et ministre de la Culture du général de Gaulle, était en visite au Canada – et surtout au Québec.

Dans les années 1960, les relations entre la France et le Québec ont connu le sort du phénix qui renaît de ses cendres (ou peut-être de ses glaces en l’occurrence). Les planètes étaient alignées pour cette redécouverte du « Canada français » par sa « mère patrie » : d’une part, le nouveau gouvernement de la Révolution tranquille était convaincu qu’il avait besoin de la France pour son affirmation nationale et le développement du français ; d’autre part, le général de Gaulle éprouvait pour le Québec un intérêt sincère, et la réelle intention de jouer pour lui le rôle de grand frère.

Georges-Émile Lapalme, chef du Parti libéral dans l’opposition de 1950 . . .

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Peut-être faudrait-il parler d’un journal personnel qui prend la forme d’une suite de poèmes centrés autour de son amant. La poète écrit à fleur de peau, pensant à son amant « comme si je pouvais te porter / un ruban de mots pour attacher / mes cheveux / aux vents de Memramcook ».

Elle note ce qu’elle ressent au fil du temps, saisissant le mouvement de ses pensées. Les lieux lui servent d’appui et donnent leurs titres aux cinq parties du recueil. Plus que toute autre, la vallée de Memramcook parce que « tes jardins, tes promenades / en forêt revêtues d’un tapis de mousse / m’ont ramenée à la vie / m’ont enseigné la beauté de la solitude et / de la distance ».

Solitude nécessaire, mais temporaire : elle vivait avec lui à Memramcook, il est parti, elle reste seule un certain temps, passe par Montréal où elle demeure quelques semaines, le rejoint à Paris, retourne à Memramcook où il la rejoint à son tour. Elle conclut son . . .

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Il est difficile de croire qu’un ouvrage aussi petit, qui se lit aussi vite, contienne autant de manifestations sexistes. Et pourtant. La présence de sexisme au sein des livres est, semble-t-il, proportionnelle au féminisme de celle qui l’écrit ; parce qu’il faut connaître pour comprendre, et comprendre pour dénoncer.

Malheureusement pour les lectrices, elles seront probablement nombreuses à reconnaître Ludwig, l’un des protagonistes (mais surtout antagoniste !) du roman Match., dernier-né de l’autrice féministe Lili Boisvert.

Des Ludwig, nous en connaissons toutes au moins un. Narcissique, manipulateur et bien-pensant, ce roi du mansplaining s’immisce dans la vie d’Émilie, journaliste, autrice, féministe et narratrice du roman. Dès leur première rencontre, Émilie a des doutes : Ludwig ne lui pose pas une seule question à propos d’elle. Alors que l’instinct d’Émilie (et le nôtre) lui fait signe de courir dans l’autre sens, elle choisit plutôt . . .

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Connu pour ses nombreuses pièces de théâtre et ses collaborations au cinéma avec François Truffaut, et, plus récemment, pour son magnifique conte La plus précieuse des marchandises, l’auteur a brusquement vu sa vie s’arrêter au moment où sa conjointe a été emportée par un cancer. La vie après Jacqueline commence.

Prix littéraire Le Monde 2021, Jacqueline Jacqueline se veut un hommage à la femme aimée. Véritable hymne à l’amour, le récit emprunte tour à tour la voix de la colère, de l’incrédulité, des regrets, sans oublier celle de l’humour, de l’autodérision, voire du cabotinage à certains moments. Grumberg n’a plus rien à prouver, à défendre. Il se livre ici sans fard, nu comme un roi qui a perdu sa reine.

Grumberg n’éprouve d’abord qu’une seule envie : rejoindre celle avec qui il a tout partagé au cours des 40 dernières ann . . .

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Le fossé entre le comédien humoriste et le chef de guerre était énorme. Le président ukrainien a su le franchir grâce à sa maîtrise de la communication, mais son talent seul n’était pas suffisant. Il devait aussi disposer d’une bonne réserve de courage et de détermination.

Les livres de journalistes, généralement produits dans l’urgence, ne sont pas toujours de la meilleure tenue. Ici, le style bien rythmé convient parfaitement au sujet, en lui-même fascinant. Du jour au lendemain, le monde entier a vu l’image du président Zelensky s’incruster dans le paysage médiatique quotidien. Régis Genté et Stéphane Siohan, forts de leur longue expérience de l’ancien espace soviétique, lèvent le voile, au moins en partie, sur l’ascension et la transformation du clown passé aux choses sérieuses.

Dans le but de rendre plus compréhensible la soudaine popularité de ce dirigeant hors norme, Genté et Siohan reconstituent la . . .

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Un certain nombre d’ingrédients, incluant une bonne dose de quelque chose d’indéfinissable, doivent être réunis pour produire un bon roman. Et la réussite n’est jamais assurée, même pour une romancière de grand talent.

Le récit commence fort, avec une scène d’exécution. On plonge dans le brasier politico-religieux dont les cendres sont encore chaudes aujourd’hui en Irlande du Nord. À partir de là, tout s’embrouille.

Que vient faire dans cette histoire le journaliste français François Le Bars ? Le reporter, habitué de la couverture des conflits internationaux, a de nombreux rendez-vous avec des individus aux allégeances incertaines et prend beaucoup de précautions au quotidien pour se prémunir contre d’éventuelles filatures. Fait-il tout cela seulement pour accéder à des informations de première main et offrir à ses lecteurs de meilleurs articles ? Pas sûr.

Par ailleurs, Le Bars éprouve une forte attirance pour une certaine Anne Kelly, une Montr . . .

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C’est à une histoire dense, riche, à une épopée se déroulant au début du XXe siècle que nous convie le célébrissime écrivain de près d’une trentaine d’ouvrages.

L’histoire se situe dans les deux pays de prédilection de Khadra : l’Algérie, son pays d’origine, et la France, son pays d’adoption. Elle débute dans un village perdu d’Algérie, sans nom, où les habitants ne font que survivre, sous un soleil de plomb le jour, sous un froid polaire la nuit. À la suite de la fourberie d’un notable appartenant à une société féodale où les puissants se croient tout permis, Yacine est envoyé comme fantassin de l’armée française pour combattre les Allemands, les « Boches », lors de la Première Guerre mondiale. Avec quelques compagnons algériens, il survit avec courage à la boucherie que sera cette guerre, décrite finement, avec beaucoup de talent et de réalisme par l . . .

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Peut-on construire un roman à partir de phrases isolées puis juxtaposées ? On obtient ainsi une seule phrase par paragraphe. Ce sera au lecteur d’y trouver du sens. Et de tenter d’y déceler de l’authentique littérature.

Frédéric Beigbeder renouvelle son écriture et, par ricochet, notre conception même de la littérature, procédant par touches, un peu comme des aphorismes, mais sans la véhémence de Nietzsche, le grand maître du style aphoristique. Fragments, souvenirs épars, impressions fuyantes, écriture spontanée (mais pas automatique), premiers jets. En haut d’une page, le narrateur apostrophe le lecteur, comme s’il regardait directement dans l’objectif de la caméra : « Vous vous demandez peut-être pourquoi je saute deux lignes entre chaque phrase ». Pas de ponctuation. On poursuit, puis au haut de la page suivante, il explique : « Chaque phrase doit donner envie de lire la phrase suivante, mais exister aussi de façon autonome ». Et rendu à la page 43, l’auteur . . .

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En 2020, l’inspecteur Mørck revisite une enquête criminelle non résolue de 1988. À l’époque, personne n’avait été étonné de retrouver un petit tas de sel sur les lieux d’une terrible tragédie. Puis, le Danois remarque que l’anomalie a été reproduite à l’identique en 2002, dans un autre drame. Hasard ou signature ?

La neuvième affaire du département V de la police danoise porte ainsi le nom de ce détail sans grande importance, présent sur les deux scènes de crime, qui s’avérera pourtant décisif dans l’enquête à venir. Récit de Jussi Adler-Olsen, un des maîtres du polar scandinave, Sel est un cold case vieux de plusieurs décennies. Il interpelle un bien connu quatuor d’enquêteurs efficace, mais hors norme. Sous la gouverne de Carl Mørck s’activent Hafez el Assad, Rose et Gordon Taylor, tous plus bizarres les uns que les autres.

Co . . .

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Toute une langue. Toute une histoire… Il ne se passe pas une année sans que le monde de l’édition nous livre quelques ouvrages sur la langue française, ce sujet inépuisable.

Ces derniers temps, les remises en question sur les plans historique et sociolinguistique ont été nombreuses. Dans Si la langue française m’était contée, Magali Favre nous accorde une pause bien méritée. Finies les accusations et les dénonciations ! On se contente d’examiner la langue française comme un objet – un objet d’art. Un art peaufiné par des siècles de développement.

Le français est en effet la résultante d’une histoire fascinante dont les ramifications sont infinies. On peut le voir comme l’aboutissement d’un travail conscient mené par ses locuteurs, mais aussi comme le fruit d’une transformation aussi naturelle et involontaire . . .

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On ne sait trop quoi penser du livre d’Olivette Otele quand on en a tourné la dernière page puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’une histoire au sens où on l’entend habituellement, c’est-à-dire un récit chronologique qui retrace le parcours d’un individu, le destin d’une population ou le développement d’un courant de pensée.

Ici, plutôt que de brosser une histoire linéaire, l’essai d’Olivette Otele accumule des considérations et des digressions diverses (ethnologiques, sociales, culturelles, etc.) sur le thème de la présence des Noirs en Europe. Dans ce récit un peu sinueux, elle évoque ici et là la figure de quelques Noirs ou Métis célèbres (l’empereur Septime Sévère, saint Maurice, Alexandre de Médicis ou Pouchkine) et d’autres moins célèbres dans l’historiographie occidentale « blanche ». C’est la partie la plus intéressante du bouquin.

Fait étonnant, l’auteure consacre tout . . .

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La préface de Jean-Paul Dubois, lauréat du Goncourt 2019, incite de belle façon à la lecture de ce recueil de courts textes consacrés au tennis, auquel se rattachent des anecdotes personnelles.

Le comédien Hyndman, épris de littérature et rompu à la mise en valeur des mots des autres par son jeu d’interprétation sur scène et dans des lectures publiques, souhaite trouver ses propres mots pour se dire, avec art. Deux publications (Océans, 2018, et Une vie d’adulte, 2020) ont déjà confirmé ses qualités d’écrivain à la plume sensible et juste, apte à traduire une gamme d’émotions.

Son plus récent recueil s’éloigne de la vie intérieure qu’exploraient les deux premiers, quoiqu’un portrait moral et social de l’auteur se dégage tout au long de sa célébration du tennis et de ses participants. Il y apparaît . . .

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Il faut reconnaître à l’auteur une certaine audace. Six ans seulement après son arrivée au Québec – il est né au Togo –, il nous propose sa vision de la langue parlée ici et de son avenir.

Ancien journaliste, détenant une formation en sociologie, Radjoul Mouhamadou est inscrit en études internationales à l’Université Laval. Il avoue son amour pour le Québec, il s’est imprégné des auteurs d’ici, il a fait ses classes, c’est indéniable. En exergue de son livre, on retrouve un extrait de la chanson « Un beau grand bateau », écrite par Denise Boucher pour Gerry Boulet, et, en épilogue, il mentionne qu’il a « tripé ben raide» sur « Un peu plus haut » de Ferland, interprétée par Ginette Reno.

Il veut convaincre les Québécois de faire la paix avec leur manière de parler que d’aucuns décriront comme une version abâtardie du français originel. C’est . . .

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En plus d’analyser les cas de Weinstein, Matzneff et Rozon, tristement bien connus de qui suit les aléas du mouvement #MoiAussi depuis ses débuts, l’autrice trace le portrait d’une soixantaine d’autres agresseurs sexuels notoires. Et elle se pose l’importante question : Justice sera-t-elle enfin rendue ?

« Trois ans après le début de #MoiAussi 2.0, malgré la vaste couverture médiatique et l’omniprésence du sujet dans le flux des réseaux sociaux […], des enquêtes qui stagnent pour des raisons sociopolitiques, des accusatrices accusées, quelquefois condamnées, sont autant de preuves que rien n’est gagné, loin de là », explique d’entrée de jeu la chercheuse féministe québécoise.

Dans « Le crépuscule de quelques dieux », chapitre vraiment bien nommé, elle rapporte les démêlés judiciaires qu’ont eus depuis 2017 64 agresseurs reconnus, condamnés ou pas, provenant de 14 pays différents. Elle les a classés en 4 . . .

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Mini-inventaire de l’état et de l’histoire de notre monde à travers les yeux d’un honnête homme de la vallée outaouaise. Il s’agit en effet d’un recueil de 24 « essais » sur des sujets divers.

L’auteur aime la plume, c’est d’ailleurs un thème qui revient deux ou trois fois. Après un premier temps, dans sa vie, alimenté par la passion des livres et des mots, il est passé à une deuxième phase plus sportive et manuelle, pour ensuite revenir à ses « anciennes amours, comme l’enfant prodigue de l’Évangile rentra au logis paternel ». Il s’est alors adonné à son « ivresse verbale ». Car « une fois qu’on découvre ce penchant en soi-même, peut-on refuser de dire ou, si l’on veut, d’écrire » ?

Il nous livre donc ses idées au fil de son inspiration – même s’il n’aime guère ce mot : « Ne me parlez surtout pas d’inspiration. Ce vieux mot galvaudé que . . .

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Depuis la malheureuse « affaire Lieutenant-Duval » qui a secoué le monde de l’enseignement supérieur en Ontario puis au Québec, la liberté académique semble être devenue une affaire de « deux poids, deux mesures », comme un double-standard, selon l’expression courante au Canada anglais.

Au sein d’une même université, on ne se porte pas à la défense d’une enseignante contractuelle – francophone – devenue victime de cyberharcèlement de la part de ses étudiants parce qu’elle a prononcé en classe le « mot en N »; mais on tolère un professeur permanent qui se plaît – en anglais – à faire du Québec bashing à répétition. Or, si on veut combattre légitimement le racisme, il faut être cohérent et dénoncer du même souffle toutes les formes de discrimination, y compris celles contre les francophones.

Dans le contexte ontarien de nos jours, le speak white des années 1960 pourrait avoir été remplacé par le . . .

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Son premier roman, De vengeance (2017), racontait avec un humour grinçant la vie d’une traductrice qui prenait plaisir à punir ou même à tuer ceux qui, selon elle, le méritaient. Dans ce deuxième roman, l’autrice née à Chicoutimi imagine cette fois la fin du monde provoquée par une mutation du virus de la rage.

Émeraude Pic est une biologiste québécoise spécialisée dans les écosystèmes marins complexes. Elle s’est fait remarquer en reproduisant un récif corallien à son domicile. D’abord à l’emploi de l’aquarium du Parc nature de Saint-Félicien, elle participe ensuite à une mission scientifique internationale au cœur de l’Arctique. Au même moment, une pandémie de « rhabdovirus » éradique 99,999 % de la population mondiale. Les circonstances entourant cette catastrophe planétaire auraient pu susciter un récit détaillé. Kurtness n’en fait pourtant qu’un motif secondaire, un point de chute, multipliant les séquences et les . . .

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Wapke, recueil dont le titre signifie « demain » en langue atikamekw, est composé de quatorze nouvelles d’anticipation où, sur fond d’écroulement de la civilisation et de retour aux usages ancestraux, onze autrices et trois auteurs autochtones y vont d’un vibrant commentaire social.

En plus de Michel Jean lui-même, six des quatorze cosignataires de ce volume avaient déjà participé au recueil Amun (c’est-à-dire « rassemblement ») que le célèbre journaliste et auteur de Kukum avait fait paraître en 2016 : Joséphine Bacon, Alyssa Jérôme, Natasha Kanapé Fontaine, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Louis-Karl Picard-Sioui et Jean Sioui. Les nouveaux venus sont ou bien des auteurs reconnus (la poète Marie-Andrée Gill, la romancière J.D. Kurtness), des auteurs débutants (Katia Bacon, Cyndy Wylde) ou des personnalités actives dans d’autres domaines que la littérature (l’auteure-compositrice-interprète et réalisatrice . . .

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Les lecteurs et lectrices qui auront le réflexe de reposer C’est pourquoi meurent les jardins en en apprenant le propos commettront une grave erreur.

La raison d’être de ce recueil de poésie-documentaire, soit la honte d’être infertile, légitimise son existence : comment ne pas être touchée par toutes ces femmes qui admettent détester leur corps, qui racontent comme leur deuil est réduit au silence, qui disent être consumées par la honte ? Plusieurs, parmi ceux et celles qui effleureront la quatrième de couverture de ce livre, se diront que le sujet ne leur appartient pas, qu’il ne les regarde pas, et pourtant. C’est pourquoi meurent les jardins nous montre bien que la honte qui trouve ses racines dans la collectivité doit cesser de n’être portée que par quelques-unes.

Du haut de ses 86 pages épurées, où j’ai sans cesse été témoin de la force que peuvent . . .

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Après avoir publié plusieurs textes dans des revues et en collectifs, l’autrice offre un premier livre de poèmes en faveur du doute, de la quête de soi, où vie et mort marchent sur un fil.

Le livre s’ouvre sur une mythologie intime, une femme au ventre troué d’une « infinie déchirure ». C’est cet espace que Vanessa Courville invite à sonder, comme un chemin fait de ramifications, de nombreuses bifurcations. En amorce à « Un trou dans le ventre », première section du livre, une strophe comme une affirmation implacable : « tu es morte / il fait trop froid dehors pour pleurer / alors tu restes abattue / ton cadavre invite au repos ». Tout ce qui viendra ne peut être que secousse, peut soit me tirer vers le haut ou me faire sombrer.

La narratrice rencontre l’autre, la Miraculeuse, figure mystérieuse, morte ou vivante, qui marche avec elle, la regarde vivre et l’interroge. Le livre est traversé de questions primordiales : qu’est-ce qui t’effraie . . .

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Le dernier tome de la pléthorique autobiographie de l’auteur, Mon combat, se terminait par la phrase suivante : « Je savourerai vraiment l’idée que je ne suis plus écrivain » (Fin de combat). C’était en 2011, après qu’il eut couché sur papier le récit de sa vie, une entreprise qui, au bout de 4 600 pages et de 6 volumes, l’avait laissé physiquement, nerveusement et moralement exténué.

Son sevrage d’écriture aura duré quatre ans. Comme un drogué privé de sa dose quotidienne, mais qui trouve le moyen de satisfaire son besoin d’écrire, il entreprenait en 2015 la publication d’un cycle de quatre livres sous le titre générique Quatuor des saisons. Son projet ? Écrire, chaque jour, un court texte sur un sujet préalablement choisi.

Entrepris au moment où sa femme attendait leur quatrième enfant, ces recueils de mini-essais, dont chaque volet a pour titre le nom d’une . . .

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La poésie peut-elle aider à sauver la terre ? Qui sait ? Au pire, elle ne nuira pas, au mieux, elle suscitera des réactions personnelles qui, ensuite, appuieront les mouvements écologistes. C’est cet espoir qui a incité les responsables de l’édition de la présente parution à faire appel aux poètes pour le Projet Terre.

Divisé en cinq parties, ce recueil aborde différentes facettes de la problématique que présentent les directeurs dans la préface.

« La terre de nos racines » ouvre la réflexion : « Je suis une animale sociale en déambule / une voix qui avance à travers le fleuve du social », affirme Chloé Sainte-Marie, appuyée par Zachary Richard qui rappelle l’ouragan Rita, Jean Marc Dalpé avec ses « Trois portraits par temps de peste » (le titre dit tout), et Daniel Lavoie qui s’interroge sur les façons de « s’en sortir ».

Les parties suivantes proposent un cheminement qui semble fonctionner par soubresauts : « Les mots de la terre », qu . . .

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Nouvelliste reconnue et maintes fois primée au Canada anglais, l’autrice s’est retrouvée sans surprise sur la liste de nombreux prix littéraires avec son dernier recueil de nouvelles, dont ceux du Gouverneur général, le Giller Prize, le Trillium Book Award et le Toronto Book Award.

Les dix histoires réunies dans Dernière heure font écho aux toiles d’Alex Colville, tant pour l’aspect calme et parfois inquiétant qui se dégage de ses tableaux que pour le réalisme de ses compositions, qui rappellent également l’univers d’Edward Hopper. Chez l’un comme chez l’autre, la fragilité qui émane des silhouettes nous reste en mémoire, et il en est de même des personnages des nouvelles de K. D. Miller, qui continuent de nous habiter longtemps après que l’on ait refermé le recueil. S’ils nous apparaissent d’abord posséder une certaine force et être animés d’un . . .

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C’est probablement avec une pointe de moquerie envers ces nombreux ouvrages qui suggèrent le Carpe diem comme antidote au stress de la vie moderne que l’auteur écrit en quatrième de couverture : « Saisissez le moment présent ».

À mille lieues de la littérature de croissance personnelle, Yannick Renaud se penche ici sur l’éphémère et l’insaisissable, nous proposant une expérience centrée sur le temps, dimension de nos vies qui ne semble pouvoir être décrite que par son infatigable mouvement. Celui qui a été directeur général de la revue Estuaire pendant plus de dix ans aborde, par ailleurs, un thème contraire à celui qui a guidé son recueil précédent, Éclairer le ciel, exposer l’ombre, où il s’intéressait plutôt à la faculté que les photographies ont de figer des instants précis.

Le livre se divise en deux parties. « La nostalgie du présent », la première, sugg . . .

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Premier recueil de nouvelles d’un auteur, Nick Mulgrew, encore inconnu du lectorat francophone, qui offre un regard inédit sur l’Afrique du Sud et sur sa jeunesse, dans une langue, ici traduite par sept étudiant(e)s à la maîtrise en traduction et terminologie de l’Université Laval, qui se veut le reflet du choc des cultures à l’extrémité australe du continent africain.

La nouvelle qui ouvre le recueil, « Les tours d’Athlone », donne le ton et la couleur de l’univers dans lequel nous convie Nick Mulgrew. Une jeune femme, la narratrice, évoque le dynamitage prochain de deux immenses tours industrielles alors que son compagnon s’empresse de la reconduire à l’aéroport pour retourner assister à la démolition. Mais voilà que les deux tours s’effondrent plus tôt que prévu et que son compagnon, qui souhaitait ne rien manquer du spectacle, se retrouve devant un fait accompli. « Un paysage venait de changer à jamais, et tu n’avais rien vu », dit le narrateur. Voil . . .

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Louise Fowley est l’âme d’un inséparable trio de jeunes venus au monde dans un lieu perdu, en Haute-Côte-Nord québécoise. Elle et ses deux amis Laurence Calvette et Marco Desfossés ne savent pas que des nuages sombres planent sur eux. Mais qu’espérer d’autre à Val Grégoire ?

Val Grégoire, ville fictive faut-il préciser, est située à une centaine de kilomètres au nord de Forestville, à laquelle elle est rattachée par « un long tunnel d’épinettes noires ». Il règne dans cette ville fondée par un ancien curé devenu maire (en même temps que despote) une atmosphère déprimante, chargée d’amertume et de malheur. Une atmosphère de laquelle les Valgrégois tiennent pour quasi impossible de s’affranchir. Et pourtant, c’est précisément ce dont rêvent intensément Louise, Laurence et Marco, les membres du « trio magnifique », qui ont pris l’habitude de se retrouver au parc des . . .

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Le milieu littéraire de Saint-Germain-des-Prés existe toujours, avec ses écrivains, ses éditeurs, les modes successives, le pseudo-chic, le snobisme, les réceptions, la superficialité, la flagornerie : ce qui a fait sa légende… Dans cet univers concurrentiel et élitiste, chacun voudra critiquer systématiquement tous les autres personnages : ceux qui montent et les autres qui se maintiennent. Presque comme dans la vraie vie.

Un couple de directeurs littéraires, Claire et Pierre, traverse la société française, et commente les faits et gestes de chacun de ses contemporains, tout en attendant la venue d’un prochain roman à succès pouvant le renflouer ; mais ce manuscrit salutaire tarde à se manifester. Le quotidien de Claire et Pierre est fait de rencontres, mais surtout d’impressions, d’appréciations et de rejets. Mise en abyme ? Ce n’est pas tant l’intrigue qui importe, ni le dénouement, mais plutôt l’atmosphère ; c’est ce qui distingue fondamentalement les romans français – traditionnellement fond . . .

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Ce troisième roman de l’auteure britannique, qui aura mis quatorze ans avant d’être traduit en français, paraît sous un intitulé très différent de ses titres anglais (The Carhullan Army) ou américain (Daughters of the North). Or, le titre français a le mérite de faire la synthèse entre les deux, puisqu’il est largement question de sororité et de guerre dans ce superbe récit.

L’histoire se déroule dans un proche avenir au sein d’une Angleterre meurtrie par une enfilade de calamités : inondations, effondrement des marchés, récession, attentats terroristes... N’y manque qu’une pandémie, mais on ne fera pas grief à la romancière de ne pas avoir prédit en 2007 l’apparition de la COVID-19. Hall montre que la démocratie a été sérieusement mise à mal, car le pouvoir est désormais exercé par « l’Autorité », une entité répressive qui . . .

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Plus de 140 ans après la mort du célèbre auteur russe, Julia Kristeva prouve à nouveau que Dostoïevski est bien plus grand que son époque, et s’adapte plutôt bien à la nôtre.

D’entrée de jeu, s’appuyant sur la fameuse citation tirée des Frères Karamazov, Kristeva place Dostoïevski dans l’ère moderne : à un siècle où les technologies sont au cœur de notre existence, il semblerait qu’enfin, pour les internautes, tout soit finalement permis. Dostoïevski permettrait alors, selon Kristeva, une « expérience intérieure » à ceux qui vivent enfin cette liberté sans limites.

Cette expérience, Kristeva l’a visiblement vécue, et souhaite la partager avec son lecteur. Entre divers passages de sa théorie psychanalytique, la philosophe nous raconte sa fascination pour l’auteur russe, nous offrant plusieurs anecdotes autobiographiques qui expliquent sa rencontre avec l’œuvre de Dostoïevski. L’ouvrage comporte également de forts accents biographiques, qui servent à étayer la . . .

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Le livre contient une série de textes de différents auteurs d’origine québécoise et marocaine, réunis dans une collaboration singulière et bienvenue. Il s’attarde de manière générale à une problématique centrale dans le monde musulman, soit la relation entre la religion islamique et le pouvoir, et l’évolution de cette relation au fil du temps.

Il n'est jamais facile de dégager un message simple et cohérent de ce type d'ouvrages, tant les sujets sont variés : du salafisme au Burkina Faso à l'analyse de groupes marginaux qui s'en prennent à la foi islamique au Québec. D'autant que les essais présentés s'appuient sur des notions savantes, peu accessibles au grand public. On retient notamment des groupes marginaux anti-islamiques au Québec leur « essentialisation » de l’islam, dans un « discours décomplexé », qui « normalise la haine des autres ». Et qui fait de cette religion une foi intrinsèquement de nature violente. Erreur . . .

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Ce livre fait œuvre de pédagogie : il nous rappelle qu’il est essentiel de connaître les rudiments du droit pour que la discussion démocratique soit moins aveuglée et puisse progresser raisonnablement.

Professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval, Lampron a regroupé dans Maudites chartes !différents articles parus au cours de la dernière décennie. Les thèmes sont variés : gouvernement des juges, régime d’urgence sanitaire, démocratie, droits de la personne, loi 78, loi 62, loi 21, liberté d’expression, laïcité, accommodement religieux, liberté académique, etc. Les textes sont chaque fois réunis selon leur parenté et remis dans leur contexte.

Dès le départ, Lampron souligne l’importance du rôle des chartes en tant que contre-pouvoir. On connaît le mot de lord Acton : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument ». Sans contre-pouvoir efficace, les représentants élus pourraient abuser de leur position privilégiée . . .

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« Je suis là où j’agis et pense » affirme le sémiologue argentin Walter Mignolo, que cite l’autrice dans l’introduction de son essai. Être. Toute la problématique de ce livre repose sur ce concept. Comment être si on se prive de sa langue ? Ou si on nous prive de notre langue ? Ou si on pense que notre langue est si « mauvaise » qu’il vaut mieux se taire ?

Quand les relations ont été rétablies entre la France et le Canada, les Canadiens français et les Acadiens ont eu à faire face à un français de France qui n’était plus tout à fait le leur. Ils parlaient « mal », leurs accents étaient incompréhensibles et, qui pis est, des mots anglais s’étaient faufilés dans leur français à des degrés divers selon les contacts qu’ils avaient avec la majorité anglaise.

« Quand on vient d’un petit milieu et d’un pays dominé, on a forcément de la honte culturelle », rappelle Boudreau en citant le sociologue . . .

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De Quintilien à Daniel Pennac, en passant par Michel de Montaigne, Jean-Jacques Rousseau, Émile Chartier, etc., nombreux ont été les penseurs à dénoncer les lacunes de l’éducation à leur époque respective et, partant, à en recommander l’amélioration.

Tantôt doctement ou sentencieusement, tantôt avec humour et ironie, tantôt encore avec humeur et véhémence, les façons de mener ce procès ne manquent pas de variété. L’enseignant Jean-Marc Limoges s’inscrit dans cette longue tradition avec un livre-témoignage à teneur autobiographique. Ayant « souffert de l’enseignement de mauvais profs » toute sa vie, il porte un jugement sans appel sur l’éducation qui, à ses yeux, sévit « encore au Québec : un enseignement terne, fade, morne, dépourvu de joie et de plaisir, un enseignement reposant sur l’humiliation et la punition – sur la ‘correction’–, un enseignement qui nous prépare à tout sauf à penser ». Les éducateurs et pédagogues, ces « Maîtres ès incompétences », sont stigmatisés sans m . . .

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Dans un brillant récit intime, l’écrivaine raconte son passage à la vie de mère. À peine l’enfant sorti de son ventre, une envie de fuir assaille la jeune trentenaire. Qu’adviendra-t-il de ce pour quoi elle est faite ? Son moi d’avant. Sa vie, c’est le monde des livres, c’est l’écriture et la lecture. C’est la liberté d’aller et de venir, de changer de ville et d’amoureux.

La narratrice revient sur son passé récent, grossesse sereine, accouchement par le siège réussi, signes de sa solidité. Puis, traces laissées sur le corps, nuits perturbées, quotidien routinier. La voilà qui se sent fragile. Perte de repères. Syndrome de ce que d’autres appellent dépression post-partum due aux changements hormonaux ? Kerninon ne le mentionne pas. C’est la perte de son identité qui lui fait perdre pied, le deuil de la vie extraordinaire d’avant. Elle revient sur la p . . .

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Être francophone en Ontario a toujours été une situation pénible, humiliante et propice aux discriminations, au quotidien. Quelques défenseurs se sont levés contre cette oppression ; mais leurs noms ont été négligés dans beaucoup de livres d’histoire du Canada.

S’il existe plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire des Canadiens français de l’Ontario – comme on le disait autrefois –, aucun n’avait encore fait la rencontre individuelle de ses principaux porte-paroles. Déjà auteur de trois études rigoureuses axées sur la francophonie canadienne, dont l’excellent Deux poids deux langues. Brève histoire de la dualité linguistique au Canada (Septentrion, 2019), Serge Dupuis distingue son approche de celle de ses prédécesseurs comme Yves Frenette, Chad Gaffield et Paul-François Sylvestre en introduisant le concept de « champs relationnels de l’Ontario français », et se base sur ses longs entretiens avec d’anciens représentants de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO . . .

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En 2013, l’auteur se rend sur un îlot rocheux situé à proximité de son domicile de Saint-Gédéon, au Lac-Saint-Jean. Il y dépose quelques livres dans le but de découvrir ce que l’avenir leur réservera une fois laissés à eux-mêmes en pleine nature boréale.

C’est ainsi qu’il crée sa première bibliothèque de survie. Le concept se précise dans les années subséquentes et un archipel de dix-sept bibliothèques voit le jour dans ce même secteur du lac que les Innus nomment Pekuakami. À partir de 2017, le coffre de sa voiture débordante de bouquins et d’étagères faites maison, Sagalane entreprend des expéditions littéraires aux quatre coins du pays afin d’investir le territoire de ses curieux objets de survie. Sur le terrain, il entre en relation avec de nombreux complices du milieu littéraire.

Il quitte d’abord pour l’Est : Tadoussac, Rimouski . . .

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On sait depuis Freud que les rêves ont un sens que l’on peut interpréter ; mais les écrivains comme Jean-Jacques Rousseau ont démontré que les rêveries peuvent également avoir, dans certains cas, une valeur littéraire.

« Le rêve est toujours en avance sur la vie », écrivait Louis Althusser. L’intrigue de Rêve-creux débute candidement : au fil des jours, un brave père de famille recueille en alternance les récits de rêves d’angoisse de ses enfants, devenus adolescents. Chacun des chapitres relatant des rêves, puis des discussions autour de leur analyse subséquente, oscille sur cette ligne floue, démarquant imprécisément le songe et la réalité, le fantastique et le réalisme, le vrai et le faux. Dans ce deuxième roman, Alexis Rodrigue-Lafleur alterne entre les récits de rêve proprement dits et les épisodes de réveil, de reconstruction/remémoration du rêve, mais aussi de . . .

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Il existe des livres qui m’habitent comme des lanternes, qui se superposent à mes impressions, me donnent la sensation d’être plus présente. Ceux de l’autrice sont de cette trempe-là.

À chaque page, les espaces sont porteurs d’instantanés. La poète les transporte, parfois sur de longues distances, d’autres fois sur de très courtes, pas plus loin que le bout de la rue, quelques pas dans la maison entre deux pièces ; on traverse des saisons, des chemins de souvenirs, de désir.

Les gestes de tous les jours, s’habiller, se regarder dans le miroir, travailler, cuisiner, sont sublimés à travers l’écriture de Mackay, qui dépasse de loin l’anecdote. La poète crée du sens avec ce qui semble à première vue banal. Elle construit un monde impressionniste, trace à la craie les contours des arbres « sur les quarante-huit dalles de béton de la cour arrière ». Je me trouve en état constant d’émerveillement, devant ces po . . .

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La plupart des points, sans toutes les lignes.

C’est dans une intrigue labyrinthique que nous convie Patrick Modiano avec ce Jean Bosmans qui, aujourd’hui septuagénaire, essaie de se souvenir de ce qui s’est passé quarante ou cinquante ans plus tôt, à l’époque où un curieux écheveau de circonstances avait fait revenir à sa conscience des souvenirs datant de quinze ans auparavant…

Un appartement à Auteuil, en banlieue ouest de Paris, un autre à Chevreuse, un peu plus à l’ouest encore. Dans le premier se passaient la nuit des choses louches, mais le jour, tout paraissait si normal qu’on avait peine à croire que c’était le même appartement – l’était-ce vraiment ? Kim, la jeune gouvernante du petit garçon de René-Marco Heriford, locataire des lieux qui orchestre ces nuits interlopes, le confirme. Mais le jour, elle est seule dans cet appartement lumineux, avec ce petit dont elle s’occupe mais qui n’apparaît jamais dans le roman, et elle-même n’est pas . . .

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L’arbre de l’oubli se trouvait, dit-on, au cœur de la ville de Ouidah, au Bénin. Avant de franchir la Porte du Non-retour vers les Amériques, les femmes les plus fécondes et les hommes les plus forts destinés à l’esclavage déposaient à ses pieds leurs souvenirs. Ce rituel devait réduire, si tant est que ce soit possible, leurs souffrances à venir dans les plantations de Bahia ou de la Georgie.

L’histoire d’une jeune fille aux origines troubles, Shayna, prend racine bien loin de l’Afrique. Dans son New York du début de millénaire, la fillette découvrira peu à peu la vérité de son sang métissé, juif par celui du père et noir par celui de la mère biologique, qui se prostituait. « Un spermatozoïde de juif fort, actif, combattif, bon nageur, a réussi à pénétrer l’intérieur du gros œuf africain-américain immobile qui l’attendait . . .

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Avec son dernier opus, l’auteur ne déroge pas des thèmes de prédilection auxquels il nous a habitués depuis Extension du domaine de la lutte (1994) : la misère existentielle, la cruauté des chairs vieillissantes et mortelles, le sexe supérieur à l’esprit, le cynisme face à la condition humaine et au devenir des civilisations.

Cependant, j’ai eu l’impression cette fois-ci d’un Houellebecq quelque peu adouci. Non pas que ces thèmes soient absents d’Anéantir, ils me semblaient seulement être moins soulignés au crayon gras. Peut-être est-ce dû à mon habitude de fréquenter cet auteur honni par les uns et admiré par les autres ?

Mais que nous raconte Houellebecq dans ce roman qui fait plus de 700 pages ?

Nous sommes en 2026. Paul Raison (la plupart des personnages ont des noms triés sur le volet) travaille au cabinet de Bruno Juge, ministre français de l’Économie et des Finances. Sa . . .

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La réputation des polars scandinaves, toujours de grande qualité, n’est plus à défendre et les enquêtes de l’inspecteur Wisting en sont une preuve supplémentaire.

Dans le sud-ouest de la paisible Norvège, le policier et sa fille Line, journaliste, s’attaquent à une affaire non résolue, un dossier de disparition vieux de 24 ans.

Tous deux entendent bien résoudre l’énigme, enfin la double énigme, puisqu’en plus de vouloir découvrir ce qui est arrivé à Katharina Bauer Haugen, une femme disparue dont le mari Martin Haugen était à l’époque le principal suspect, l’enquêteur et la journaliste essaient de comprendre où se cache Nadia Krogh, une riche héritière disparue elle aussi il y a un quart de siècle. L’inspecteur William Wisting, personnage fétiche de l’écrivain Jørn Lier Horst, s’accroche à ce qu’il peut pour élucider les deux drames. Il analyse à nouveau les griffonnages faits par la disparue sur un bout de . . .

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« Ça a commencé par une naissance sans un cri. Une naissance silencieuse… Maria a vu le jour quand la Révolution s’est mise à table pour dévorer ses enfants. » Ainsi débute ce magnifique et bouleversant roman de Dimitri Bortnikov.

Elle est née avec un pied bot cette petite Maria, un soir de blizzard, au bord de la mer Blanche dans le nord de la Russie. Personne ne s’attend à ce que cette petite chétive et infirme survive. Pourtant, elle y parviendra. Elle traversera les convulsions de la Révolution. Elle connaîtra les affres de la famine, la douleur de perdre tous ceux qu’elle aime, tout en étant protégée, cependant, par l’ange tutélaire que fut sa marraine, Sérafima, qui a veillé sur son enfance, l’initiant aux mystères de la nature et lui apprenant « ce qui fait vivre et ce qui tue dans une forêt ».

Lancée sur la trace de sa mère . . .

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Un siècle passionnant, qui va du milieu du XIXe jusqu’à la mi-XXe, et que la riche biographie du couple Marchand-Dandurand fait revivre.

Ces témoignages détaillés permettent de revisiter les évènements significatifs d’un Québec – et d’un Canada – en pleine évolution, à une époque charnière de leur histoire commune.

Joséphine Marchand (1861-1925) et Raoul Dandurand (1861-1942) formaient un couple fascinant, oui, avant-gardiste, sûrement, et comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage, un duo hors norme, uni par « l’amour, la politique et le féminisme ». Les historiennes Marie Lavigne et Michèle Stanton-Jean, aux parcours professionnels remarquables, ont fait un colossal travail de recherche, dont témoigne l’impressionnante bibliographie du livre. S’il est vrai qu’elles ont eu accès à de riches archives, dont les autobiographies du couple et son échange épistolaire comptant plus de 700 lettres, encore fallait-il donner un sens à tout cela. Mission . . .

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Cinquième roman de cet écrivain et musicien country originaire du Nevada, Devenir quelqu’un expose les efforts d’un jeune rancher pour se prouver qu’il peut devenir un grand boxeur.

Horace Hopper, jeune « gothique » de 21 ans aux origines païutes et blanches, est considéré comme une sorte de fils adoptif par Eldon et Louise Reese, le couple de vieux ranchers qui l’emploie depuis sept ans sur sa propriété située à une centaine de kilomètres de Tonopah, dans le Nevada. Puis, un jour, déterminé à devenir un champion de boxe sous le nom d’Hector Hidalgo, Horace prend le car pour Tucson et s’en va mettre sa bonne étoile à l’épreuve. S’il est un redoutable cogneur, Horace a la fâcheuse manie de se figer devant ses adversaires. C’est donc un apprentissage à la dure qui l’attend. Mais parviendra-t-il à encaisser tous les coups ? « Être soi-même demande d’avoir du cran », observe avec perspicacité le vieil . . .

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What’s in a name? interroge Shakespeare dans Roméo et Juliette. Est-il faux, ou juste, de croire que le nom a préséance sur la réalité ? La valeur d’un tableau repose-t-elle avant tout sur la signature qui l’orne ?

Y a-t-il une réelle frontière entre la fiction et la réalité ? Peut-on s’approprier la vie de quelqu’un pour en faire une œuvre de fiction ? Ces questions, et bien d’autres, alimentent la quête que mène Simon Roy dans son plus récent roman, Fait par un autre.

Le titre déjà annonce les couleurs. Il fait référence au peintre Réal Lessard, né à Mansonville dans les Cantons-de-l’Est, dont la vie, pour ce que l’on en sait, est des plus rocambolesques. Son passage remarqué sur le plateau de Bernard Pivot, en 1988, à la suite de la publication de son . . .

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Un siècle après sa parution, ce roman datant de 1921 fait l’objet d’une réédition. La manœuvre est bienvenue dans le contexte actuel, fait de débats enflammés sur le racisme, le colonialisme, la couleur de la peau.

La publication de l’ouvrage de cet auteur (1887-1960), originaire des Antilles, fonctionnaire français de l’administration coloniale, avait fait scandale dans la France de l’époque.

Il avait, apprend-on dans la préface d’Amin Maalouf, mis à mal le sentiment civilisateur dominant à propos de la colonisation. Un coup d’épingle dans la fierté nationale française d’autant plus difficile à accepter que la parution du livre eut tout un écho : l’écrivain avait en effet réussi l’exploit de gagner le Goncourt à son tout premier roman, et était ainsi devenu le premier Noir à remporter un prix littéraire de prestige, consacrant son statut de pionnier du roman africain en français.

L’histoire se passe en Afrique centrale, plus précis . . .

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J’ai ouvert le premier recueil de l’autrice comme un promeneur solitaire ouvrirait l’espace devant lui : à la recherche non pas de nouveautés bricolées, mais d’une continuité très humble dans le tracé d’une écriture.

Avançant dans la lecture des poèmes, j’ai eu le sentiment très étrange d’arriver au seuil d’une voix où quelqu’un m’attendait. Du moins, une présence.

Lire le premier livre d’une poète, c’est assister au big bang de sa création et de son être : on devine l’expansion que l’œuvre prendra. On entend l’amorce d’une parole devant le monde, une manière de bouger les mots. Ce mouvement, venant de réalités intimes parfois très anciennes, donne à voir le poème.

Peut-être faut-il, chaque fois qu’une nouvelle voix s’avance vers nous, réapprendre à lire ? Et quitter le langage rationnel et utilitaire pour aborder une autre rive ?

L’autrice amorce ainsi . . .

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De quel fils s’agit-il ? L’autrice, fille du philosophe Bernard-Henri Lévy, s’immisce dans la psyché de la mère de l’artiste Antonin Artaud, le fils en question, pour développer une histoire d’adoration maternelle. Euphrasie Nalpas-Artaud est aussi bizarre que pouvait l’être son enfant adoré et leur relation l’est tout autant. Surréaliste.

Loin de ses habituels romans autofictifs dans lesquels ses liens familiaux ou amoureux prenaient toute la place, et pour cause oserait-on dire, l’écrivaine Justine Lévy franchit le pas qui la séparait du roman pour se glisser dans la peau de cette mère maniaco-possessive, et aussi rejetée par son génial descendant. Par le biais du journal imaginaire d’Euphrasie Nalpas-Artaud (1870-1952) – bien documenté et frôlant sans doute la vérité –, Son fils permet de suivre sinon de comprendre la vie d’Antonin Artaud, l’écrivain, poète, acteur et homme de théâtre . . .

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Un agent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) est tué, à Montréal, au cours d’une opération contre un réseau croate de trafic d’armes et d’œuvres d’art. La victime est un ami et ancien frère d’armes d’Alexandre Jobin, qui accepte de prendre le relais.

L’antiquaire et ex-militaire autrefois déployé dans les Balkans Alexandre Jobin reprend du service afin de découvrir les circonstances qui ont conduit son ami Ian Fitzgerald à être assassiné lors d’une enquête pour le compte du SCRS. Celui-ci était sur la piste d’un dangereux réseau de trafiquants croates et italiens opérant à partir de la métropole québécoise. Jobin se trouve donc, à son tour, entraîné dans un déferlement d’événements qui le mèneront de Québec à Montréal, puis sur le plateau du Karst, en Croatie, en passant par la Slovénie et la ville de Trieste, en Italie. Mais ce fameux . . .

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Simon Rosenberg, alias Rozie, alias Christopher Moar, cuisine des amphétamines dans un conteneur enterré au cœur des bois, quelque part entre la lie du baril et la rivière Mistassini, au nord du Lac-Saint-Jean.

Dans ce genre d’endroit où les hommes se confondent avec les bêtes. Où les visages durcis impriment sur leurs traits l’inhospitalité du territoire. « Il y en a qui disent qu’à Fond-du-Lac, une balle de fusil est considérée comme une mort naturelle », résume ainsi le narrateur à propos du village fictif, un authentique havre de paix passé au crible de la ruralité trash et du réalisme noir.

C’est dans ce coin de pays fantasmé à partir de son Girardville d’adoption que Julien Gravelle a campé le décor de son nouveau roman « noirdique », Les cowboys sont fatigués. Rappelons que Gravelle, Franc-Comtois d’origine, s’y est installé en 2006 et qu’il partage depuis son temps . . .

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Avertissement : fort risque d’attachement aux personnages de ce recueil.

Férocement réussi, serait-on tenté de reprendre à notre compte pour qualifier le second recueil de l’autrice qui a obtenu le Prix de la nouvelle Radio-Canada deux années consécutives, et l’on comprend pourquoi.

Les neuf nouvelles réunies dans ce recueil ont pour figures centrales, comme le souligne la narratrice de la dernière nouvelle, « Vie et mort des écrivaines », « quelques anonymes, quelques presque mortes, quelques mères, peut-être la mienne, mais toutes, m’a dit un cher ami qui les a fréquentées, férocement humaines ». Et elles le sont, assurément. À commencer par Vivian Vachon, sœur de Maurice Vachon, mieux connu sous le surnom de Mad Dog Vachon, dans le texte qui ouvre le recueil. La nouvelle braque ici les projecteurs sur la vie méconnue de la lutteuse québécoise. Elle se déploie comme dans un ring. Dans le coin droit, le narrateur nous . . .

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Depuis 2010, l’auteur s’est taillé une place de choix dans l’univers des romanciers québécois. De nombreux prix l’attestent. Ses romans sont attendus avec grand intérêt.

Dans L’horizon des événements, Achille Santerre est professeur de littérature à l’Université de Montréal au Québec (UMAQ). Sa spécialité : la littérature du début XXe siècle. Au départ, il devait surtout se concentrer sur Proust, mais comme ce dernier n’est pas « dangereux », il se fixe alors sur un auteur mal famé qui occupera dorénavant l’avant-scène de ses cours : Louis-Ferdinand Céline.

L’auteur du Voyage au bout de la nuit est pris à témoin pour tout ce qui arrive à Santerre : sa désillusion amoureuse, le monde universitaire à l’heure des nouvelles sensibilités, la garde partagée de ses deux enfants : Léo, 14 ans, taciturne, et Flavie, 10 ans, sans . . .

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La maison d’édition GID, dirigée par l’historien Serge Lambert, s’est donné comme mission de faire connaître l’histoire du Canada et du Québec à travers celle des régions.

En retraçant la vie de son grand-père, médecin et chirurgien, de surcroît maire de Rivière-du-Loup, la biographe relate la vie sociale et politique d’un homme engagé et, par ricochet, celle de son époque et de son milieu.

Natif de la Beauce dans une famille modeste, Antonio Paradis entreprend néanmoins de longues études au Petit Séminaire de Québec, puis à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Reçu médecin en 1918 et aussitôt marié, il s’installe avec sa femme, Alice Lavergne, à Fraserville, devenue peu après Rivière-du-Loup, ville en expansion où l’on vient de construire un nouvel hôpital, baptisé Saint-Joseph-du-Précieux-Sang. Comme partout au Québec à l’époque, l’hôpital . . .

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Le ton de ce petit essai en forme de coup de gueule n’est pas vraiment stoïque. Si les siens ont la réputation de prendre leur mal en patience, l’auteur revendique pour sa part le droit d’afficher la couleur de sa révolte.

Daniel Sioui est libraire, éditeur et Autochtone de la nation huronne-wendate. Un jour, dans le cadre de ses activités professionnelles, les paroles d’une personne bien intentionnée font déborder son trop-plein de frustration et le poussent à exprimer crûment sa pensée. « What the fuck, crisse de tabarnak ! Ça y est, les Autochtones n’ont même plus le droit de piquer une colère ! » Et une fois lâchés les gros mots, suivront quelques observations fort pertinentes.

Le libraire de Wendake souhaite en finir avec une vision idéaliste de la période précolombienne, encore trop vivante selon lui chez les Autochtones. Trop occupés à rêver de « recréer l’Amérique d’avant . . .

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Il y a d’abord l’enfant qui entend le train au loin, promesse encore non formulée, mais qui se rapproche à grande vitesse, jusqu’au moment où il l’aperçoit, la bête humaine, de l’autre côté du lac où, un beau jour, l’entraînera à sa suite un oncle pour en prendre toute la mesure, humer le souffle qu’elle laisse sur son passage, et faire naître un désir qui ne cessera de croître avec les années. Partir, découvrir le monde, le recréer à la grandeur des rêves qui habitent déjà l’écrivain en devenir.

Être à la fois immobile et transporté par les paysages qui défilent à toute vitesse par les fenêtres, à l’écoute des voix qui soudain s’immiscent en soi et que l’on s’efforce de retenir, d’en tracer avec le doigt les premiers mots sur la vitre embuée avant qu’ils ne s’effacent, telle est la magie qui se d . . .

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Bien qu’elle fasse l’objet de plus en plus de recherches et d’études depuis quelques décennies, la littérature québécoise du XIXe siècle reste relativement méconnue et sous-estimée du grand public.

Aussi, toute initiative visant à la faire mieux connaître et à la mettre en valeur mérite-t-elle certainement d’être saluée. Publié dans la collection « Aujourd’hui l’histoire avec », qui entend poursuivre « le travail de médiation historique initié par l’animateur Jacques Beauchamp sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première », l’ouvrage du professeur Claude La Charité se présente comme « une introduction » à cette période d’émergence de la littérature nationale, « avec, nous dit-il, ce que semblable invention suppose d’effervescence, de débats, de divergences de vues, de propositions audacieuses ou conventionnelles ». L’étude s’articule en quatre parties qui regroupent, sur un plan chronologique et en huit chapitres, des œuvres et des auteurs marquants du si . . .

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Dans son brillantissime essai, l’auteur entend donner la clé qui explique à peu près tout.

Vraiment tout, aussi bien la création de l’univers (ou d’univers multiples et parallèles selon certaines théories scientifiques) à la suite du Big Bang (Grande explosion) originel que sa fin programmée, soit par un Big Rip(Grande déchirure) dû à un affaiblissement de la force gravitationnelle qui entraînerait, à terme, la dislocation de la matière, soit par un Big Crunch (Grande implosion) si l’expansion de l’univers devait s’inverser parce que la gravité négative ne pourrait plus soutenir cette expansion continue. Jusqu’ici, nous sommes en terrain relativement connu du point de vue scientifique : c’est la fameuse recherche de la constante cosmologique d’Einstein cachée dans l’antimatière qui permettrait de connaître la fin la plus probable de notre univers.

Ce qui distingue Brian Greene de la majorité des grands vulgarisateurs scientifiques, c’est qu’il applique à l . . .

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L’auteur enseigne la sociologie à l’Université de Paris. Il s’intéresse en particulier à la sociologie cognitive, c’est-à-dire aux croyances collectives et à leurs effets sur notre monde. Dans son dernier ouvrage, il se penche sur notre fascination pour les écrans et pour la place que ceux-ci prennent dans ce qu’il appelle « le temps cognitif » de nos cerveaux.

L’apocalypse dont il est ici question ne renvoie pas à un quelconque cataclysme, mais plutôt à l’origine grecque du terme, qui signifie « action de découvrir ». L’auteur veut en effet nous mettre face à notre image en nous révélant ce que dit de nous notre addiction à ces plateformes numériques – téléphone intelligent, tablette, montre branchée, ordinateur, etc. Derrière elle se cachent, nous dit-il, nos ataviques propensions à la peur, au conflit ou à la sexualité. Posées, par lui, comme des pulsions invariantes depuis l’apparition de l’Homo sapiens, leur surexploitation par nos nouveaux outils technologiques risque de plonger . . .

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Avant l’entrée d’Orwell à la Pléiade en 2020, la principale traduction disponible de cette célèbre satire de la révolution russe était signée Jean Queval, un des cofondateurs de l’OuLiPo.

Le travail de Queval était fidèle à l’esprit du texte original, mais s’éloignait de son style, que l’écrivain britannique avait voulu simple à l’extrême. Au lieu de l’enjoliver comme l’avait fait Queval, Philippe Mortimer a décidé de lui restituer sa sobriété.

L’histoire est archiconnue. À la Ferme du manoir de M. Jones, quelque part en Angleterre, le vieux verrat Major s’adresse aux autres animaux après avoir rêvé à la disparition de l’être humain. Il leur explique que tous leurs maux naissent de la tyrannie de l’homme et les pousse à l’insurrection. Quelques mois plus tard, trois cochons développent un système de pensée appelé « animalisme » et propagent des idées révolutionnaires lors d’assemblées clandestines. Ils doivent . . .

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Dans une entrevue accordée à Laure Adler sur les ondes de France Inter, l’auteur affirmait que 85 % de l’élite haïtienne avait quitté le pays.

Enseignant, écrivain, animateur d’ateliers littéraires, féru de justice et de musique, Lyonel Trouillot a quant à lui fait le choix de rester et de donner la parole aux plus démunis. Son dernier roman, Antoine des Gommiers, nous livre un vibrant chant d’amour porté par les déshérités de cette terre sans cesse malmenée.

« On est juste deux frères sans enjeux pour se chamailler », laisse tomber Ti-Tony, celui des deux qui porte l’histoire sur ses épaules, comme il porte son frère Franky lorsque la situation l’exige. Très tôt renvoyé de l’école, la grand-mère ne pouvant assumer les coûts pour instruire les deux garçons, il excellera dans celle de la rue où il apprend très jeune à survivre et à subvenir aux besoins . . .

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Un roman écrit en pleine pandémie, dont les personnages sont bien entendu confinés. On fait leur connaissance dans le square qu’ils fréquentaient en début d’éclosion, s’observant les uns les autres, pour les retrouver ensuite un à un chez eux, isolés et même cloîtrés.

Née en France en 1954, l’écrivaine et philosophe Sylvie Germain bâtit depuis 30 ans une œuvre importante où s’entremêlent philosophie, spiritualité et imaginaire. Son dernier roman Brèves de solitude ne raconte pas le confinement, mais plutôt son effet sur le quotidien et le moral d’une dizaine d’hommes et de femmes, de jeunes et de vieux. Tous se promènent dans le même jardin public et leurs regards se croisent le temps d’une pause, d’un arrêt sur image. L’astucieuse autrice fait en sorte que chacun des passants remarque les autres et partage ses observations avec le lecteur. Ainsi se tressent . . .

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La beauté du texte, voilà ce que nous propose l’éditeur avec le premier roman d’une poétesse, lauréate en 2018 du prix de poésie des Prix littéraires Thérèse-D.-Denoncourt.

Dans ce roman à la première personne, la narratrice Daniela présente des points de ressemblance certains avec l’autrice, ne serait-ce que par la soif d’écrire, l’amour et le plaisir des mots, et leur expérience de l’immigration, par l’intermédiaire de ses parents dans le cas de Francine Minguez.

Daniela, elle, a quitté le Chili à 28 ans avec son amoureux Roberto après le putsch militaire de 1973. Dans leur pays, elle était chanteuse, lui comédien, dit-elle sans plus de détails. Leur fils Francisco est né vraisemblablement à Montréal. Le récit dit sans trop dire. Il a ce côté évanescent des rêves ou des souvenirs lointains qu’évoque effectivement Daniela à l’approche de ses 68 ans. Le roman comprend 33 . . .

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Où un journaliste et écrivain londonien raconte son ambitieux périple sur le fleuve Yukon, depuis sa source jusqu’à la mer, à la force de la pagaie. Un récit inspiré, par lequel l’auteur nous fait découvrir avec lui les paysages nordiques baignés par le fleuve et le vécu des habitants de ses rives.

Le titre du livre fait référence au saumon royal, Oncorhynchus tshawytscha de son nom scientifique, plus communément appelé quinnat ou chinook au Canada. Chaque année, les saumons de cette espèce remontent le fleuve Yukon sur des milliers de kilomètres pour venir frayer dans ses affluents, sur les lieux mêmes de leur naissance. Pendant quatre mois, durant la montaison, Adam Weymouth a croisé la route migratoire des saumons. Son livre est un reportage hors norme par la qualité et la minutie de ses observations.

Le trajet qui constitue la trame de fond du livre a été dans les faits réalisé en deux temps, en . . .

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La jeune collection dirigée par Louis Hamelin, « L’œil américain », qui met en valeur les écrits consacrés à la nature, regroupe dans cet ouvrage en cinq parties des fragments parus précédemment dans différentes publications.

 

D’où mélange des genres pour raconter la vie en forêt ou chanter ses charmes et ses bienfaits. Un hymne à la forêt, lieu de paix et nature pourvoyeuse de tout ce qu’il faut pour vivre.

L’autrice, originaire des Côtes-d’Armor en Bretagne, venue au Québec pour des études en création littéraire, a développé des amitiés qui l’amènent chez des Innus de la Côte-Nord. Ekuanitshit (Mingan) a tôt fait de devenir son port d’attache, réserve où elle reviendra des années après en être partie pour un campement de plus de deux mois dans le territoire de Nutshimit, à 300 kilomètres à l’intérieur des terres. Le vieil homme Shimun et . . .

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Depuis longtemps, les ateliers d’écriture ont la cote aux États-Unis. Ils s’avèrent souvent le passage obligé pour les auteurs en quête d’une première publication, et la nouvelle y est encore considérée comme l’antichambre du roman. On ne se surprendra donc pas qu’on cherche à illustrer l’amplitude d’une voix, d’un style, la variété des thèmes abordés.

Tel nous paraît être le cas pour ce premier recueil de nouvelles d’Anjali Sachdeva, Tous les noms qu’ils donnaient à Dieu, qui vient de paraître en version française.

Le recueil débute avec une nouvelle, « Le monde la nuit », aux contours fantastiques. Le personnage de Sadia, dont les yeux tressautent lorsqu’elle est anxieuse, effraie les gens qui l’approchent. La nouvelle nous entraîne à sa suite dans une grotte où elle sème des bouts de tissu pour retrouver son chemin. Texte énigmatique, dans lequel s’abolissent les repères . . .

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L’injure « Vilaine femme » ou « Nasty woman », que Donald Trump avait adressée à Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, est ici revendiquée comme un qualificatif positif.

Un collectif d’autrices refuse aussi l’épithète de « bonnes filles », car elles veulent tout simplement être ce qu’elles sont. Et en témoigner.

Dans la foulée des dénonciations d’abus sexuels en ligne, dont le #BalanceTonPorc en France, le#MeToo ou encore le #MoiAussi relancé de plus belle au Québec à l’été 2020, plusieurs autres mouvements de protestation sont nés sur la planète, dont, justement, l’ironique #Nastywoman ou « Vilaine femme ». Participantes à ce qu’il est convenu d’appeler la quatrième vague du féminisme, quinze femmes écossaises « blanches, noires, migrantes, sorcières, queer, artistes, musiciennes » luttent pour faire accepter leur identité, leur poids, leur handicap physique ou leur héritage familial. Tour à tour, elles racontent leur histoire, une manière bien à elles de dire qu’il est . . .

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Dans mon esprit, cela a des airs d’improbable amitié. Trudeau et Vadeboncœur, Vadeboncœur et Trudeau, vraiment ?

Pourtant. Elle est même solide et touchante dans son ensemble, et cette belle amitié va dorénavant prendre place parmi celles qui, plus ou moins spontanément, me viennent à l’esprit quand je songe aux couples d’amis. Amitié fraternelle née à l’école primaire, quand ils ont dix ans, poursuivie au collège Jean-de-Brébeuf, puis à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, amitié durable sur fond tardif de complet désaccord politique. Dans ses grandes lignes, leur correspondance n’a rien d’un échange politique ni même idéologique. Au cours des années 1940, il est surtout question de la nature humaine, d’art, de vocation et de volonté. C’est vingt ans plus tard que Vadeboncœur écrit à Trudeau, à propos de la pente politique alors prise par son ami : « Notre amitié n’y survivra peut-être pas » (14 septembre 1965 . . .

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Au fil de ses ultimes entretiens, l’autrice, sorte d’intellectuelle totale, revient sur son parcours.

Intellectuelle. Entendre : à la sauce humaniste. Un engagement clair et détaché, au-dessus de la mêlée, l’enseignement universitaire, les rets du structuralisme alors dominant, voilà ce qui situe un peu cette touche-à-tout : de la linguistique à la sociologie en passant par l’histoire, même un peu de fiction romanesque, Robin est de ces figures comme en ont produites les 60 dernières années. Je le dis sans condescendance, uniquement pour situer le personnage, la femme qui nous livre ici des aperçus sur sa vie, sur ses migrations, ainsi que des éléments épars et disparates de biographie et de parcours académique. Construit thématiquement (la langue, l’Allemagne, la mémoire, entre autres divisions), le livre comporte des redites, forcément, et des lieux communs du structuralisme, la pluralité, par exemple, et la complexité (celles de son parcours, de l’Histoire, du R . . .

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Premier livre de l’autrice-compositrice-interprète, Chant(s) libère la parole et offre des poèmes qui mettent en lumière les empreintes laissées par le passé, une histoire à redresser.

Dès « Lever le chant », poème d’ouverture de la section « Traces », la voix retentit, dresse la liste de ce qu’il y a à faire pour la grande restauration. Avec ce texte, Andrée Levesque Sioui signe un manifeste rythmé qui martèle son invitation : « Lever le chant / Relever le nom / Tourner la danse / Renverser les têtes / Retourner les cendres / Recueillir les visages / Dégager le faux du vrai ». Le battement de cœur gagnera en puissance tout au long du livre.

La poète consigne les traces de son passé, de son histoire, tant personnelle que collective ; elle les expose, elle les place à l’abri, dans un travail d’écriture intime et minutieux. Elle les sublime pour ne jamais oublier, pour que l’identité reste vivante et qu’elle . . .

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L’ouvrage sans doute le plus autobiographique du « voyageur distrait », dans lequel il se révèle et livre ses angoisses plus que jamais.

À nouveau, Gilles Archambault souffle à l’oreille de ses lectrices et lecteurs, poursuivant une conversation entamée il y a quelque temps déjà. Cette fois-ci, dix-sept courts récits sont présentés, presque essentiellement autobiographiques. L’auteur remonte loin dans ses confidences : jusqu’aux circonstances mêmes entourant sa naissance, en 1933, se montrant profondément troublé par certaines révélations de sa mère.

Il est question de sa famille, de ses origines ouvrières, de ses amis, de son travail, de sa carrière d’écrivain (il se décrit comme un « faiseur de livres »), d’un égarement passager, de ses liens avec Paris. Octogénaire, il se préoccupe, bien sûr, de sa santé, de la machine qui trahit, qui se déglingue, du temps qui reste et de ce qu’il convient d’en tirer. Comme il . . .

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« J’empoigne le temps comme un fruit mûr, impossible à transmettre. L’œuvre de liberté survivant aux cailloux de l’enfance. »

Si son premier recueil, La maison suspendue (2017), évoquait le départ des enfants devenus grands, La porcelaine des oies relate le cheminement de la poète qu’on devine seule en suivant les saisons qui correspondent à autant d’étapes de sa vie.

Le recueil est divisé en quatre parties, chacune construite autour d’une saison, de l’automne à l’été, et propose une réflexion sur les relations humaines, une réflexion qui naît de ce qu’elle vit au jour le jour : « J’agence ma peau selon le jour », écrit-elle, tout en constatant que « [j’]ignore tout de ma peau quand j’avance ». Ainsi, on a l’impression de l’accompagner dans son journal intime.

Les oies ponctuent le temps, quittant le territoire à l’automne (« Je sais par cœur la porcelaine des . . .

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Ce septième volume des « Œuvres de Jean Meckert » paraît après douze ans d’interruption. Les deux tomes précédents, Nous sommes tous des assassins (1952) et Justice est faite (1954), remontent en effet à 2008.

On ne peut qu’applaudir devant la reprise de cette initiative visant à faire connaître ce grand romancier des classes populaires, que l’essayiste Annie Le Brun qualifiait d’« antidote à Céline ».

Entre-temps, Stéfanie Delestré (coresponsable avec Hervé Delouche de cette publication d’inédits et d’introuvables) a pris la tête, en 2017, de la « Série noire », collection à laquelle Jean Meckert (1910-1995) contribua pendant 35 ans sous le pseudonyme de Jean Amila. Voilà qui augure bien pour la suite des choses, car il reste d’excellents romans à exhumer, tels La lucarne (1945) et La ville de plomb (1949).

Nous avons les mains rouges (1947) est le quatrième des neuf . . .

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Anthropologue au long cours, l’auteur nous a quittés au printemps dernier. L’ethnologue-poète, pour reprendre l’expression de l’historien Jean-François Nadeau, était plus qu’un conteur, fût-il dépareillé. Homme de radio, homme de mots, l’animateur au timbre chaud était un passeur d’histoires, une mémoire vivante de récits oubliés, un enchanteur de réalités profanes.

Bouchard était un écrivain à part entière, insistait encore Nadeau. C’était aussi l’inventeur de la manière si singulière, qui a fait l’unicité de sa signature. Alternant entre la méditation philosophique, la réflexion anthropologique et le court essai historique, il nous a habitués, au fil de ses nombreuses publications, à de courts textes polis touchant un éventail infini de thèmes et de sujets, de l’amour à la mort, en passant par la route, les communautés autochtones, le baseball ou le pâté chinois.

Du diesel dans les veines

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Célébrée dès la parution de son premier roman, Sourires de loup, l’auteure publie cette fois un recueil de nouvelles, Grand Union, qui confirme, si besoin était, le talent de conteuse de l’écrivaine anglaise, née à Londres en 1975.

Le recueil regroupe dix-neuf nouvelles, de longueur et de style variés, dont plusieurs ont préalablement paru en revue, dont le New Yorker. On aurait pu craindre que nous soit offerte une collection hétéroclite de nouvelles écrites au fil des ans, répondant à une commande, sans qu’un projet particulier ne préside au regroupement de ces textes. Or, il n’en est rien, du moins pas totalement. Le recueil aurait toutefois gagné à être resserré dans sa composition, notamment en retranchant certains textes afin d’accentuer son aspect unifié. Ne boudons pas pour autant notre plaisir.

Le recueil s’ouvre sur la nouvelle intitulée « Dialectique », qui met en scène une . . .

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Après Le fil des kilomètres et Le poids de la neige, le personnage du mécanicien sans nom poursuit sa quête dont l’objet demeure incertain. Une fois de plus, le récit sous tension tient le lecteur en haleine, intelligence à la clé.

Le troisième roman de Christian Guay-Poliquin nous entraîne dans les profondeurs de la forêt et dans un récit densément ramifié. Le personnage principal et narrateur, le mécanicien des deux romans précédents, marche seul en direction du camp de chasse de ses oncles et de ses tantes, où ces derniers se sont retranchés en raison de l’énigmatique panne d’électricité qui paralyse la contrée. L’homme progresse avec difficulté, car il ne s’est pas complètement remis de ses blessures aux jambes, subies lors d’un grave accident d’auto. De plus, les bois ne sont pas sûrs. La pénurie généralisée exacerbe les . . .

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Ce volume rassemble cinq pièces de théâtre inédites écrites par l’auteur de Prochain épisode entre 1948 et 1960. L’ouvrage succède de façon conséquente à la monumentale édition de Téléthéâtresqu’avait préparée François Harvey pour BQ à l’occasion du quarantième anniversaire de la mort de l’écrivain en 2017.

Dans l’introduction, Harvey prévient le lecteur que l’œuvre dramatique d’Aquin est souvent empreinte de maladresse, d’inexpérience et de naïveté. Aucune de ses pièces n’a été sérieusement retravaillée ni présentée sur une scène. Malgré tout, le sixième art constitue un volet significatif de sa production, « un laboratoire où le jeune homme fait ses classes » et où, à travers une « écriture en formation », il sonde l’âme humaine et débusque sa part d’obscurité.

Le drame des hormones (1948) et Le quatuor improvisé

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La situation actuelle, on le sait, est problématique à plus d’un titre. Coincés entre la pandémie et le réchauffement climatique, pour ne tenir compte que de ces deux éléments, nous nous sentons tout petits. Quel rôle pouvons-nous jouer, comme individus, pour d’un côté ralentir la propagation et de l’autre améliorer la situation climatique ?

Si c’est autour de la situation climatique que Prise de parole a demandé à Catherine Voyer-Léger d’inviter douze autrices et auteurs à « parler avec intimité de leur rapport à la crise environnementale », la COVID se faufile dans certains textes comme une ombre menaçante. On ne saura pas de quelle façon ces autrices et auteurs ont été choisis, mais en cherchant sur le Web, on découvre que la plupart vivent en Acadie, en Ontario et dans l’Ouest et qu’ils sont plus jeunes que vieux... Les textes répondent tous à la commande et certains se démarquent.

Le rappeur R Premier se . . .

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Depuis 1978, dès la parution de La grosse femme d’à côté est enceinte, Victoire est bien présente dans l’univers de l’auteur. Pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, l’écrivain remonte le temps jusqu’en 1898 et raconte les prémisses des amours interdites qui l’unissent à son grand frère Josaphat-le-violon.

En ajoutant un point d’exclamation au titre, Victoire !, Michel Tremblay indique que non seulement il veut rendre hommage au personnage coloré qu’il a introduit dans nombre de ses romans, mais qu’il tient aussi à souligner dans ce récit un haut fait, un heureux dénouement. Les fans du prolifique auteur savent que Victoire, née en 1878 à Duhamel, dans la Petite-Nation, puis exilée à Montréal, est la belle-mère de Nana, la Grosse femme, et par conséquent la grand-mère paternelle de Jean-Marc, l’alter ego de Michel Tremblay. Afin de célébrer ses . . .

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Ce roman figurait sur la liste des 17 lectures préférées de Barack Obama en 2020. Le 44e occupant de la Maison-Blanche ne s’y trompait pas : l’auteure primée de Station Eleven signe ici un remarquable cinquième ouvrage.

Jusqu’à présent, toute la production d’Emily St. John Mandel était placée sous le signe des littératures de l’imaginaire : roman policier pour ses trois premières œuvres (Dernière nuit à Montréal, On ne joue pas avec la mort et Les variations Sebastian), science-fiction pour Station Eleven. On pourrait supposer qu’un récit inspiré de l’affaire Madoff et de la pyramide de Ponzi verserait moins dans la fiction de genre. Et pourtant, l’auteure trouve le moyen de transposer, avec un doigté exquis, un scandale financier dans une histoire de revenants.

Composé de plusieurs segments narratifs situés . . .

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Pour une énième fois l’écrivaine pluridisciplinaire s’inspire d’œuvres picturales pour créer. L’exposition des huit tableaux de Suzon Demers intitulée La costumière costumée a fait germer une fiction dans l’imagination de la romancière.

Deux personnages se sont d’abord imposés à elle, une couturière, la narratrice, et une comédienne. Clarisse et Éva son alors nées. L’une, trente-neuf ans, mariée, discrète et sans histoire, l’autre vingt-sept ans, mariée, ambitieuse, pétillante et ensorceleuse.

Quant s’amorce le récit, les deux femmes ont tissé un lien depuis un mois déjà. Éva était venue demander avec insistance à Clarisse de lui confectionner un costume unique pour la pièce de théâtre qu’elle répète et dont elle est la vedette dans le rôle de Chérie. Demande insistante, car Clarisse, habituée à confectionner des rideaux, faire des retouches, coudre des ourlets de jupes ou de pantalons . . .

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On dirait d’abord un récit de voyage. Eugénie, la narratrice, est à Florence en compagnie de sa grande amie Lena. Elles vont de musées en églises, cryptes et chapelles, admirant et commentant tableaux et sculptures des grands maîtres.

Mais voilà que peu à peu, puis de plus en plus, le détail d’un tableau, la représentation d’une scène ou la manière d’un peintre ramènent Eugénie à son passé.

Ce roman à la première personne s’avère le récit d’une émancipation, avec tout ce que cela comporte de choix difficiles, de ruptures et de plongées dans l’inconnu. L’histoire d’un exil, comme le sociologue Fernand Dumont appelait son passage de la culture populaire à la culture savante. Par de fréquents retours en arrière, la narratrice décrit par bribes le sentiment, qu’elle éprouvait à l’adolescence, de n’être pas à sa place. À treize ans, elle abhorre la « Banlieue-la-mortifère » o . . .

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Sensualité, symbolisme et subversion sont au rendez-vous dans ce roman touffu de l’autrice des acclamés Griffintown (Alto, 2012) et Soudain le minotaure (Triptyque, 2002).

Marie-Hélène Poitras ne lésine pas sur le temps à investir pour concocter un roman. Tant mieux pour ses lecteurs, car son dernier opus est à nouveau un grand cru. L’autrice y déploie une écriture soyeuse dans laquelle on se laisse envelopper, pour ne pas dire subjuguer.

Le titre annonce déjà un programme où les certitudes pourraient être ébranlées, où les règles pourraient être détournées. Le terme « désidérata », pour désigner la chose désirée, est officiellement de genre masculin et il n’est pas innocent qu’il soit ici féminisé. Dans un style envoûtant, l’autrice anime sa petite galerie de personnages dans le décor de Noirax, une enclave rurale d’un autre âge, ou peut-être d’aujourd’hui. Un coin oublié de . . .

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Dystopie dans laquelle les milices composées de Souchiens (citoyens de souche) soutiennent le Conseil qui dirige la France d’une main de fer et écrasent les autres castes asservies. Tout un programme.

En 2028, dans la société imaginée par l’auteur Gérard Mordillat, les citoyens utiles sont en haut de la pyramide et divisés en « Puissants, Possédants, Dominants, Sachants et Servants ». Tout en bas, les Inutiles que le système a rejetés, « de la chair à production, de la chair à canon », assignés aux plus basses corvées et parmi lesquels se retrouvent les étrangers, les Noirs, les artistes, les opposants à l’ordre établi, qu’avec l’accord de l’armée et de la police les meutes paramilitaires « traitent », entendre assassinent. Plus qu’un roman, Les roses noires se veut une charge politique contre la France d’aujourd’hui et ses dérives autoritaires.

Le romancier, poète, scénariste et documentariste de 49 ans, dont les allégeances . . .

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La seule lecture de la table des matières montre le disparate de cet ensemble de textes, certains publiés en leur temps, d’autres inédits. Le présentateur, habile et informé, n’en fait pas mystère. Ils ont été rédigés sur une trentaine d’années en relation avec l’actualité, c’est-à-dire depuis les préparatifs et l’éclatement de la Première Guerre mondiale jusqu’au cœur de la Deuxième.

On célébrait l’auteur de nouvelles exemplaires, de romans, de pièces de théâtre célèbres dans toute l’aire germanophone, de passionnantes biographies d’Érasme ou de Dostoïevski, l’épistolier infatigable et perspicace. Voici un Zweig proche du journalisme.

Certains textes, datés, nous laissent indifférents. Qui se passionne aujourd’hui pour « le combat pour le canal de Suez », les pratiques des bibliophiles ou la phobie des bureaux de l’auteur ? Mais plusieurs de ces écrits de circonstance ou . . .

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Ce prolifique auteur d’origine malgache vivant en France aborde d’une écriture lyrique le parcours singulier de sa terre natale et de son continent, l’Afrique.

Un continent avec une histoire parsemée de lourdeurs et de traumatismes, dont l’esclavage, qui est « la grande déchirure du continent noir ».

Même si ce pamphlet ne fait que 92 pages, ce n’est pourtant pas une lecture rapide. Raharimanana se lit lentement, morceau par morceau : chaque phrase est poésie, fortement porteuse de sens, et on ne s’immerge dans son livre qu’en étant bien ancré dans cet univers à part.

Tisser, c’est beaucoup une tentative de remise en selle d’un monde oublié, d’un passé « rayé de la mémoire », un retour aux origines en dehors des exigences de l’immédiat qui occupe maintenant toute la place dans nos vies.

C’est un regard soutenu sur les racines multiples du continent, sur ce métissage de plusieurs cultures devant se r . . .

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L’argument principal de Francis d’Alexandre Michaud est la recherche par le héros-narrateur Antoine Lavoie de matière à écrire. Grand liseur solitaire, très influençable et coincé à quinze ans dans une maison délabrée entre « des parents invalides dans tous les sens du mot », ce fils unique accepte la proposition de Francis Pigeon, le leader d’une bande d’adolescents peu orthodoxes de la polyvalente d’Amqui, de partager des aventures qui lui permettront de réaliser son projet.

« J’aimerais écrire des histoires. Un roman », lui avait en effet confié Antoine. « On fait un pacte, OK ? », avait rétorqué Francis : « Tu me suis dans mes histoires de fou qui m’arrivent à tous les jours, pis je te jure sur la tête de ma mère décédée que tu vas trouver l’inspiration ! » C’est alors que commence la naissance au monde extérieur du timide Antoine, qui participe, pas toujours librement, aux activités mouvementées . . .

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Depuis les avatars du Nouveau dont il accuse les marques à l’ère du soupçon et au-delà, le roman traditionnel subit couramment les affres de la « chirurgie » esthétique : le personnage passe au scalpel, l’intrigue subit une réduction concomitante. En lieu et place se donnent à voir le déferlement d’un flux de pensée, et non plus l’écriture d’une aventure, tel que l’a jadis formulé Jean Ricardou, mais l’aventure d’une écriture.

Le premier narrateur de Ganiishomong ou l’extase du temps résume ainsi sa posture d’écrivain, qui s’inscrit dans le droit fil des préoccupations de l’« antiroman » : « Le personnage, l’action, avance-t-il, tout cela est fiction. Le reste, c’est le vrai […], c’est l’écriture ». Le personnage, en somme, l’intéresse moins que la « pensée naturelle en action » de ce dernier.

Voilà qui, un coup admis, aide à pénétrer dans une œuvre exigeante, difficilement résumable, o . . .

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« Je veux nommer jusqu’au vertige / tout ce qui m’a touché / les traces indélébiles / de certains moments / les épiphanies du quotidien / au long de la longue complainte / de mon appartenance », écrit Gérald Leblanc.

Ces quelques vers sont tirés de Complaintes du continent dont il termine les corrections alors qu’il réside pour quelques mois à New York, une ville dans laquelle il se sentait bien. D’un côté, le calme de Moncton, « sa » ville, celle de « son appartenance », dont il connaissait les limites, et de l’autre, la démesure de la métropole américaine : « Par le biais de mes nombreuses lectures, mes visites de galeries, soirées de poésie, etc., j’absorbe et je réfléchis sur des pratiques culturelles sans contraintes extérieures. Je suis dans un état de recherche actif, dans un ressourcement nécessaire », écrit-il à Herménégilde Chiasson le 20 février 1993.

Poèmes new-yorkais

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Publiée en 1997, la biographie aujourd’hui mise à jour retrace le parcours de l’écrivain et certains mouvements intellectuels, politiques et sociaux qui traversent le Québec des années 1920 à 1950.

Qu’on connaisse bien, un peu ou pas du tout la vie de Jacques Ferron, qu’on l’ait lu ou qu’on ne sache rien de son œuvre ou à peu près, on gagne à lire cette biographie et à la méditer : l’époque qu’elle couvre, l’approche somme toute simple du biographe, les incursions dans une partie du système scolaire de ce monde disparu – le plaisir que j’y ai pris logeait dans l’un ou l’autre des différents aspects du livre. On pourra compléter cette lecture par une ou deux des études sérieuses que suggère Olscamp. Quant à la prose du biographe et à sa méthode, je me limiterai à dire qu’elles sont efficaces et claires. Les interprétations d’Olscamp empruntent à gauche et à droite, jusque dans les contes . . .

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Tout simplement magnifique. Touchant. Simple et touchant.

Ce livre retrace une partie de la vie de Paul Émile Savard. Qui était ce Paul Savard ? Personne en particulier. Vous, moi, notre voisin, un camarade oublié dont le hasard se charge tout à coup de nous rappeler qu’il a traversé notre existence. Un temps, ce Paul Savard-là était l’homme dans la vie d’Erín Moure ; tous deux travaillaient chez VIA Rail. Savard et elle se sont laissés, Moure l’a perdu de vue avant d’apprendre son décès, quelques années plus tard, des années difficiles où Savard, luttant contre son alcoolisme, a sombré avant de reprendre tant bien que mal le dessus. Moure entreprend alors de rassembler, en sept jours (c’est le principe de la Shiva), tout ce qu’elle peut sur l’amoureux qu’elle surnomme encore affectueusement « le petit homme », sur sa famille, son travail, ses préférences et ses allées et venues entre Vancouver et Montréal : « Je . . .

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S’il évoque la vie, nos existences, s’il les mime ou semble les calquer, s’efforçant de les tourner en dérision ou de nous les montrer sous des angles parfois inattendus, le roman est également plus et autre chose que la relation d’une vie.

Isabelle Daunais privilégie quelques-uns de ces angles. Elle évoque pour le bénéfice de son lecteur des phénomènes ou des réalités tellement simples et intangibles, tellement coutumiers qu’on n’y songe pratiquement jamais : le temps de la lecture elle-même, l’oubli relatif qu’impose forcément toute lecture, une beauté spécifiquement romanesque, l’imperfection de la vie corrigée par l’art. Ces dimensions de l’art romanesque et de nos vies, elle les évoque intelligemment plus qu’elle ne les analyse, elle nous en parle comme on deviserait entre camarades, forte d’une vaste expérience de lectrice attentive et d’essayiste lucide. Il y a une manière Daunais . . .

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Au cours des années 1960 et 1970, en pleine guerre froide, le Québec a connu une période d’effervescence politique qui ne pouvait qu’attirer l’attention des grandes puissances et, bien sûr, de leurs services de renseignements.

Ayant consulté de nombreux documents et bénéficié de sources privilégiées, Jean-François Lisée propose un ouvrage passionnant sur la présence d’agents secrets au Québec, de différentes allégeances, entre 1960 et 1980. On se croirait en plein roman de John le Carré, tellement ce livre foisonne en anecdotes et événements imprévisibles. Le titre de l’introduction (« Les espions qui venaient dans le froid ») adresse d’ailleurs un clin d’œil au célèbre auteur, en faisant allusion à L’espion qui venait du froid, le roman qui a établi sa renommée.

Au paroxysme de la guerre froide, il était naturel que l’ébullition régnant au Québec intéresse les . . .

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« Du désastre dans lequel j’ai été plongée, dans lequel vous m’avez jetée, la remontée qui est la mienne et m’appartient me rend heureuse. Elle vous échappe. Une beauté qui vous est inconnue. »

L’écrivaine bien connue du monde des lettres donne à sa plume le tranchant d’un scalpel pour décortiquer son désenchantement amoureux et l’attitude de celui qui l’a dépossédée d’elle-même. Elle cherche à comprendre comment elle a pu s’enferrer dans une « liaison née sous le signe du chaos » qui l’a conduite à la haine et au mépris de soi. Elle s’adresse dans une longue lettre à un VOUS singulier, à ce « Cher qui ne l’êtes plus », mais aussi un VOUS dans lequel pourraient se retrouver les hommes pervers narcissiques, s’ils acceptaient de se regarder. L’auteure évite cependant le règlement de comptes, car sa seule vengeance est de dire sa joie retrouvée. Aussi, aucun indice ou d . . .

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Depuis le XXe siècle, nombreux ont été les chantres de la désacralisation et de la démocratisation de la lecture. Avec Daniel Pennac (1992), par exemple, les lecteurs ont appris qu’ils n’ont plus à se sentir coupables de lire par pur plaisir.

Avec Pierre Bayard (1998, 2002, 2007), ils ont été surpris de constater qu’ils peuvent parler des livres qu’ils n’ont pas lus, voire qu’ils peuvent même les lire mieux que leurs propres auteurs. Avec Maxime Decout toutefois, ils découvriront que « l’art de la mauvaise lecture » n’est peut-être pas à la portée de tous.

En effet, selon le professeur à l’Université d’Aix-Marseille, être un mauvais lecteur véritablement inspiré exige certes « un brin de folie », mais aussi et surtout beaucoup de talent et de ruse. « Car la mauvaise lecture, qui ne se soumet pas aux usages prescrits, est tout sauf passive ; elle s’invente de mille manières, elle manœuvre, s’approprie . . .

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Il avait la parole facile, une voix à nulle autre pareille et, surtout, une intelligence communicative. Juste avant de nous quitter, l’anthropologue des camionneurs nous offrait un nouveau recueil de quelque 70 courts essais, tranchants comme des sagaies, doux comme des galets de rivière.

Un café avec Marie est divisé en sept parties regroupant chacune une dizaine de textes et qui gravitent librement autour d’un thème. Les courts essais ont été écrits pour la radio, sauf le prologue et l’épilogue, tous deux consacrés à la compagne disparue. Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque formaient un couple médiatisé. Unis dans l’amour et la collaboration professionnelle, ils avaient signé conjointement plusieurs publications. Le deuil de l’être cher et tous les deuils associés au vieillissement sont au cœur d’un bon nombre des textes du recueil, sans jamais que cela devienne lourd. Au contraire, le propos de Bouchard a plutôt l’heur de faire paraître plus l . . .

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Né en 1989, David Bélanger est chargé de cours en littérature à l’Université du Québec à Montréal. Michel Biron fait quant à lui partie de la génération X et enseigne depuis plusieurs années à l’Université McGill. Deux interlocuteurs, deux générations, un même sujet : au cours d’un été paralysé par la pandémie de coronavirus, les épistoliers prennent la plume pour briser la solitude et discuter de littérature québécoise, tous deux libérés un temps des contraintes formelles d’ordinaire imposées par la réflexion savante, universitaire.

Avant Sortir du bocal, la formule du dialogue a favorisé des réflexions fécondes sur la littérature. Pensons à La littérature et le reste de Gilles Marcotte et André Brochu, que Biron mentionne d’ailleurs d’entrée de jeu. La rigueur du raisonnement, cet exemple le confirme, y est donc tout sauf accessoire. Seulement, Bélanger et Biron le . . .

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Le prix Jacques-Brossard 2021 décerné à ce roman est venu s’ajouter à la liste déjà considérable de récompenses remportées par l’autrice. Celle-ci a en effet obtenu le prix France-Québec 2014 pour Le mur mitoyen, le prix Adrienne-Choquette 2016 pour Madame Victoria et le Prix littéraire du Gouverneur général 2019 pour sa traduction de Nous qui n’étions rien de Madeleine Thien.

Dans ce quatrième roman, Catherine Leroux nous transporte à Fort Détroit, une version uchronique de la Motor City. Fondée en 1701 par Antoine de Lamothe-Cadillac, la ville présente le même aspect et possède la même histoire que le véritable Détroit, si ce n’est qu’elle n’a jamais été cédée aux Américains et que l’on a continué, depuis le XVIIIe siècle, d’y parler français. La romancière, peu . . .

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Voici une enquête policière visant à arrêter et à faire condamner le chef de la mafia russe montréalaise et à contrer les activités de cette organisation criminelle, qui n’hésite pas à perpétrer des actes extrêmement sanglants et brutaux.

L’ancien policier Xavier Martel, maintenant détective privé, est contraint par la GRC de participer à une enquête concernant la mafia russe, qui pratique le trafic humain et est soupçonnée de se livrer au commerce du Krokodil, une drogue extrêmement dangereuse dont on craint l’arrivée sur le territoire québécois. Au cours de la tentative d’enlèvement d’une fillette, un mystérieux cadavre est découvert dans un conteneur du port de Montréal. C’est à partir de là que Martel se lance en chasse. Il reçoit l’aide, à l’occasion, de certains membres de différents corps policiers, de son acolyte et complice Ruben Malone, ainsi que de Zoé Savary, sa partenaire détective privée . . .

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L’auteur a maintes fois démontré son habileté à raconter une histoire, à camper des personnages auxquels le lecteur s’attache, sans pour autant qu’il s’identifie à eux, à construire des dialogues qui vont à l’essentiel. Son plus récent recueil de nouvelles le prouve à nouveau.

Jean-Pierre, retraité âgé de soixante-quatre ans, s’est réfugié sur le balcon de son appartement. Du dix-septième étage, il regarde Montréal s’étendre à ses pieds. De cette hauteur, tout lui paraît petit, désespérément petit. L’intendant de l’immeuble sonne à la porte. Jean-Pierre sait le but de sa visite, il ne lui ouvrira pas. Obèse, il n’arrive pas à enjamber le parapet. Le sacrifice n’aura pas lieu.

Les personnages de Michael Delisle sont le plus souvent au bord du gouffre, mais il leur manque aussi le plus souvent la force de faire le dernier pas pour se libérer d’un poids devenu insupportable. Dans « Notre-Dame de la vie intérieure . . .

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« Je crois que j’ai toujours aimé l’ennui », avoue Philippe Delerm, comme s’il s’agissait d’un préalable, d’un avertissement au lecteur. Il faut ici comprendre l’ennui davantage comme un état de tristesse empreinte de mélancolie, plus près de la saudade que du spleen baudelairien, qui rend toute chose fragile et précieuse.

La vie en relief regroupe des textes courts qui, comme Delerm nous y a habitués, offrent des instantanés de ce qui nourrit sa mélancolie : souvenirs du passé qui émergent dans le présent, une parole ou une musique qui soudain nous transportent ailleurs, nous font revivre un bonheur qu’on croyait oublié, perdu, comme tout ce qui peut être sujet à l’émerveillement dès lors que l’on a su préserver l’innocence du regard de l’enfant qui découvre le monde. « Vivre par les toutes petites choses. Des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits . . .

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J’ouvre le livre à un moment où je me questionne sur ce qui m’anime, où je cherche à activer quelque chose en moi. Fin avril. Il neige. Il pleut en même temps et ces poèmes m’agitent. Un rideau s’écarte.

Ce qui m’appelle, ce qui me frappe d’emblée dans le projet de Bielinski, c’est la résonance, le mouvement qu’elle insuffle aux poèmes. Ses mots sont protéiformes, tracent un cercle parfait, puis deviennent un ruban de Moëbius qui étourdit et porte en lui sa propre disparition. Je pense à ce poème, p. 18 à 21, qui s’étire, se retourne sur lui-même, avant de disparaître : « le commencement est la mort / la mort est la naissance / la naissance est la fin », et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’encre devienne de plus en plus pâle et que les mots s’effacent, laissant une page entièrement blanche.

« [Q]ue reste-t-il encore à défaire » : Bielinski . . .

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Au cours des âges, dans la plupart des pays, les systèmes de justice ont progressivement pris la relève des religions pour établir les codes légaux régulant les sociétés. Certains procès ont joué un rôle particulier dans l’instauration de règles, vues aujourd’hui comme plus justes.

Ces grands procès qui ont changé le monde est un beau-livre, grand format et à couverture rigide. Il est agrémenté de dessins monochromes verts intercalés entre les textes, et de superbes tableaux en couleurs regroupés à la fin de l’ouvrage. Il est d’abord destiné aux jeunes, de neuf à quinze ans, mais des lecteurs plus âgés pourront certainement y découvrir des informations très instructives.

L’auteure présente en premier lieu les quatre grands systèmes de droit existant dans le monde aujourd’hui : le droit civil, la common law, le droit coutumier et le droit religieux. Par la suite, des jugements et des . . .

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Si un ancien premier ministre se définissait comme « un Chrétien dans la fosse aux lions », cette ex-politicienne pourrait être présentée – au figuré – comme une femme plongée dans la testostérone, car elle a évolué dans plusieurs milieux traditionnellement masculins (l’industrie du sport, celle de la bière et la machine politique).

En dépit de ce que son titre pourrait laisser entendre, ce livre est en français. Née à Montréal dans une famille d’origine italienne où, traditionnellement, les épouses « ne travaillent pas », Liza Frulla est représentative de sa génération de femmes actives et volontaires qui misent sur une carrière publique tout en étant mariées et mères. Issue du baby-boom, elle réalise tous ses rêves de carrière : d’abord au Journal de Montréal, dans le monde du sport, ensuite dans l’univers prospère de la bière Labatt, avant de sauter dans l’arène de la . . .

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Quelque 673 millions de personnes à travers le monde le font encore en plein air, ce qui pose un défi énorme aux autorités sanitaires. En moyenne, le matin, les hommes s’y adonnent une heure plus tôt que les femmes et le poids de cet effort matinal varie entre 15 et 1 505 grammes.

A priori, le caca n’a rien d’un sujet sexy. La majorité des mortels que nous sommes préfère laisser aux cabinets ce qui s’y passe. Scott McKay ne l’entend pas ainsi. Du bas des reins au creux des eaux, l’ancien chef du Parti vert du Québec suit la formidable Aventure du caca en révélant ce qui advient du dépôt quotidien un coup la chasse tirée. Et l’on constate assez tôt que les enjeux soulevés par la gestion des déjections humaines débordent largement l’enceinte de la cuvette personnelle.

Depuis le début de . . .

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On le connaissait conteur, le voici mémorialiste et ce n’est qu’une de ses nombreuses métamorphoses. Après avoir recueilli, réécrit, rassemblé et diffusé tant de contes nés un peu partout et en tout temps, il raconte sa propre histoire, avec la même liberté, la même alacrité, la même jubilation. Le récit que, cette fois-ci, il fait de lui-même court, caracole, se réaligne, rebondit et enchante.

Il commence comme il se doit par le commencement. L’octogénaire « ouvre son livre d’images » par la guerre, l’occupation allemande, l’angoisse diffuse, la peur plus précise de la dénonciation car la famille est résolument et farouchement du côté de la Résistance, parfois active et militante. La mère institutrice transmet l’esprit de la laïcité sourcilleuse, le père et l’oncle, le refus des compromis. Un milieu aux valeurs solidement implantées chez les petites gens . . .

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Pour beaucoup de gens, le socialisme se résume aux goulags sibériens, aux purges staliniennes et à la propagande d’État. C’est une espèce de croquemitaine dont on menace les égarés pris d’un penchant suspect pour l’égalité de fait.

Professeure à l’Université de Pennsylvanie, Kristen Ghodsee somme quant à elle de mettre les cris d’orfraie sur pause le temps de tirer quelques leçons des expériences passées du socialisme d’État.

Tout n’était pas si mauvais, en fait, rectifie la spécialiste d’études russes et est-européennes. À tout prendre, le socialisme représenterait d’ailleurs pour les femmes un bien meilleur parti que le capitalisme. En appui à cette thèse, parue originellement dans une contribution au New York Times, Ghodsee passe en revue plusieurs aspects de la lutte féministe et les soumet au test de la comparaison. Chaque fois, l’issue de cet examen verse à l’avantage du socialisme d’État.

Par exemple, tandis que . . .

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« Amère America », « La route est longue », « Sauvez mon âme » : toutes ces chansons inoubliables et 65 autres sont désormais éditées dans un livre grand format, illustré par son auteur.

Pour son premier livre, le chanteur Luc De Larochellière a voulu parachever ses textes les plus célèbres en leur donnant une dimension visuelle autre que celle d’un vidéoclip. Sur une page ou deux, ses paroles sont reproduites intégralement, et on peut les suivre attentivement en réécoutant ses CD. C’est mieux que de devoir se forcer les yeux pour tenter de déchiffrer les livrets minuscules accompagnant ses premiers enregistrements. Visuellement, Luc De Larochellière donne des compositions parfois inégales quant au choix des couleurs, mais étonnamment précises pour le coup de crayon. Un ou deux dessins éclairent chaque texte. La polyvalence et la grande créativité de l’auteur-compositeur-chanteur sont ici reconfirmées sur le papier ; chaque chanson est illustrée mais aussi réinventée d . . .

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À une époque où tout le monde a son opinion sur à peu près tout, et où un grand nombre de personnes refusent d’accorder crédit aux connaissances offertes par la science, est-il encore possible de démêler le vrai du faux ?

Jean-François Cliche est chroniqueur scientifique au quotidien Le Soleil et au magazine Québec Science. L’explosion de fake news ayant suivi l’élection de Donald Trump en 2016 a fait réaliser à plusieurs médias la nécessité de valider les prétendues vérités véhiculées dans les réseaux sociaux et ailleurs. Au Soleil, l’auteur est responsable de la chronique hebdomadaire « Vérification faite ». Le présent recueil regroupe principalement des textes qu’il y a publiés de 2017 à 2019. Quelques textes supplémentaires proviennent de son blogue « Science dessus dessous » et de sa chronique « Science au quotidien ».

L’ouvrage est divisé en . . .

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Dans la continuité des essais Pierres de touche (2007) et Points de vue (2012), ces carnets présentent en même temps un aspect mouvant et fractionné que ne possédaient pas les ouvrages antérieurs. Le tâtonnement de l’écriture s’y fait flottement de la pensée.

Avec ces pages qui se veulent « à l’image d’un mode d’être », Roland Bourneuf donne libre cours à une écriture qui accompagne et creuse le vécu. Il se positionne de manière à regarder les choses « de plus près, de plus loin, de plus haut ». Comme chez Montaigne, l’ouverture au monde y est cultivée de concert avec l’attention à soi ; la pensée se tourne successivement vers elle-même et vers l’extérieur. Le mouvement ne connaît ni début ni fin (c’est en cela qu’il épouse le tracé du sentier et de la source). La première entrée, en décembre 1999, nous apprend que ces . . .

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Compte tenu de l’actualité du sujet et de la qualité du contenu, une réédition de cet ouvrage paru à l’origine en 1998 était tout à fait indiquée.

Les Québécois ont toujours entretenu un rapport équivoque avec leur langue. Toujours ? Non ! Au temps de la Nouvelle-France, la question de la « qualité de la langue » ne se posait pas, et d’ailleurs les visiteurs sont unanimes à l’époque pour dire que le français de la colonie est le même qu’à Paris. Après la Conquête (que notre auteure appelle ici « Cession »), on surfe allégrement sur cette idée acquise pendant quelques décennies, jusqu’à ce que, épouvantés, on se rende compte autour de 1840 que notre langue est devenue « rustre » aux oreilles des rares Français qui nous entendent. C’est alors tout un branle-bas de combat qui s’organise : il faut à tout prix préserver notre français, le laver de ses taches. Naissent alors les guides « Dites / Ne dites . . .

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Souveraineté absolue et maternité plurielle dessinent la trame de fond d’un ouvrage où histoire et sociologie se croisent d’une manière inaccoutumée. Voici Marie-Thérèse d’Autriche, l’impératrice-reine et la mère régnante.

Après avoir exploré l’histoire de l’amour maternel du XVIIe au XXe siècle, la sociologue et philosophe Élisabeth Badinter, spécialiste des Lumières, porte son microscope sur l’empire des Habsbourg, son impératrice toute-puissante et sa progéniture abondante, laquelle servira son pouvoir tout au long d’un règne de quatre décennies.

Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780) est au regard de Badinter la seule reine de son temps à avoir réussi sur trois fronts. Elle exerça un pouvoir souverain et fut une mère dévouée ainsi qu’une épouse aimante. Quand elle hérite des États des Habsbourg à 23 ans, elle est mariée à son . . .

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C’est un livre rouge, brûlant comme des braises que je tiens. À travers une lignée de la douleur et de la renaissance, l’autrice met le feu aux pages. C’est un livre féministe, un livre de courage, de colère et d’amour que je garde farouchement entre mes mains.

Entrée en matière saisissante, le premier poème du livre, intitulé « Moi aussi », frappe fort : « Je porte mon corps / comme une robe brûlée. / Pas un coin d’ombre / où je ne l’ai enfoui ». Le texte se termine sur une prédiction qui annonce la suite : « Ma colère aura trois dragons. / Entremêlées, nos voix claqueront au vent ».

L’enchevêtrement commence avec la figure de la mère, premier phénix de la fresque dépeinte par la poète. Habitée par l’angoisse, elle « a disparu / dans sa chambre. / Trois ans plus tard, / elle en ressortait / plus frêle que moi, / à la façon d’une phal . . .

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« L’explosion est la meilleure métaphore que je puisse donner en ce qui concerne ma façon d’écrire », confiait le nouvelliste israélien à Gaëtan Brulotte à l’occasion d’un entretien qu’il lui accordait pour la revue XYZ en 2018.

L’auteur d’Un homme sans tête, Crise d’asthme et Au pays des mensonges vient de faire paraître un nouveau recueil qui confirme, si besoin était, le côté explosif de son écriture, autant pour les thèmes abordés que pour la façon dont il les traite.

Etgar Keret aime jouer sur la fragilité des frontières, comme l’illustre la nouvelle d’ouverture, « L’avant-dernière fois qu’on m’a tiré d’un canon », qui se déploie sur plusieurs registres : réaliste, fantastique et surréaliste. La nouvelle s’ouvre au moment où le narrateur est largué par sa femme. Chargé du . . .

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Une traversée en Basse-Côte-Nord, envahie d’attachement, d’empathie et de détermination, qui dit le large, l’absence des pères, la folie des mères qui « ont épousé / l’horizon », le retour à soi.

Pour devenir solide et s’enraciner, pour prendre possession de ce qui nous a construit, il faut se délester, partir et parfois, rentrer à la maison. Le premier livre de Kristina Gauthier-Landry trace cette route. Il s’ouvre sur « Je te cherche comme le fleuve », suite qui fait que le portrait de la vie et du village, à travers un regard d’enfant, est aussi beau qu’inquiétant : « [L]e long de la ligne jaune / l’ennui se resserre / les aulnes sont des œillères il n’existe / aucun autre chemin ». Cette route que je sens sinueuse, bordée de nostalgie, mais aussi d’agitation, la poète l’empruntera, impérativement. Je lis ces premiers poèmes avec au cœur une sensation d’éloignement, l’impression de m . . .

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L’auteure a bouclé Soifs en 2018, une œuvre imposante entreprise en 1995. Petites Cendres ou la capture reprend un personnage que ses lecteurs connaissent et poursuit indirectement le cycle romanesque.

Qu’est-ce que cette forme narrative dont la particularité saute immédiatement aux yeux ? Un bloc homogène de texte où la ponctuation forte est à peu près absente. Une narration où l’on passe d’un discours intérieur à un autre et à un autre encore, de celui du héros éponyme à celui d’un policier en passant par celui d’un jeune obèse, comme ça, douze ou quinze voix entremêlées arrivent et repartent sans s’annoncer. Cette forme pas tout à fait inédite reste assez peu usuelle. Petites Cendres présente un noyau dur sur lequel se greffe au fil des pages une arborescence de la situation initiale entre Grégoire, l’itinérant noir qui s’en prend verbalement à un policier blanc, et Petites Cendres . . .

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Alors qu’il approche de l’aéroport LaGuardia, un avion de ligne bascule soudainement de part et d’autre, sans raison apparente, malmenant les passagers au point d’en blesser plusieurs. Et voilà que, quelques jours plus tard, un autre appareil échappe au contrôle de ses pilotes de façon imprévisible.

La journaliste Kate Page, de l’agence de presse Newslead, est témoin du premier de ces drames lorsque, par l’intermédiaire d’un scanneur de fréquences d’urgence de son agence, elle entend la conversation entre la cabine de pilotage de l’appareil et le Centre de New York. Bien que l’échange soit entrecoupé de grésillements, elle parvient à saisir que l’avion n’a pas été bousculé en raison de turbulences, mais plutôt à cause d’une probable défaillance du système. Sa curiosité professionnelle se trouvant éveillée, elle cherche à obtenir plus d’informations auprès des diverses autorités chargées d’assurer la sécurit . . .

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Si le titre se veut provocateur, le recueil, lui, offre beaucoup plus : il est complexe et mesuré, tout en exprimant une recherche de l’harmonie et de l’acceptation de l’autre. Michael propose une réflexion sur l’homme et pas seulement sur le fait qu’il est lui-même homosexuel et membre de la Première Nation malécite, dont la réserve est située dans le Madawaska.

Michael tente avec un certain succès de faire face à sa vie en évoquant l’intimidation et le racisme dont il a été victime : « Je suis Malécite / Sans jeu de mots / Et ça fait mal avec le temps ». Ce court recueil se divise en trois parties : « Mère(s) », « Méduse » et « Boisé sucré ».

« Mère(s) » revient sur sa jeunesse d’une façon presque tendre. Toutefois, les mots sont durs, les faits aussi : « Je suis de nature empoisonnée / Je vis dans ce qui m’habite / L’incertitude » et plus loin quand il parle de . . .

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Peut-être l’alter ego de l’auteur lorsqu’il ne veut pas devenir trop sérieux, le personnage de Ti-Mé ne dit que des sottises. Pour notre plus grand bonheur ! Comment pourrait-il en être autrement face à un monde absurde ? Comment l’absurde peut-il répondre logiquement à l’absurdité qui nous entoure ?

Le présent recueil est une suite du Journal d’un Ti-Mé, paru en 2000 chez le même éditeur. Les textes prennent différentes formes : capsules, petits sketches, listes d’épicerie, entrevues imaginées et loufoques qui se muent en dialogues de sourds… Un peu comme si Ti-Mé devait affronter ses juges. Presque tous les personnages de La Petite vie ont ici droit à quelques répliques imprévisibles ou à quelques tirades inédites : Moman, Rod, Thérèse, Caro, Creton, Pogo, Rénald. Comme on le sait, Ti-Mé a une opinion bien tranchée sur tout, y compris sur des sujets brûlants comme l . . .

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L’auteure, Française dans la jeune trentaine et docteure en littérature américaine, est considérée comme l’une des romancières les plus prometteuses de sa génération. Ses précédents livres ont séduit son lectorat et gagné des prix. Elle consacre ce cinquième roman à la chaîne des événements qui ont tissé le destin de Liv Maria.

Liv pour « vie », en norvégien, et Maria, nom de la madone qui protège de la noyade, selon la tradition de l’île bretonne où naît la petite fille en 1970. Car ses père et mère sont respectivement Norvégien, Thure Christensen, et Bretonne, Mado Tonnerre. Fille unique, entourée d’adultes aimants dont un père qui lui transmet son goût de la lecture et des oncles qui l’emmènent à la pêche, Liv Maria reçoit toutefois une éducation rudimentaire de sa mère, plutôt taiseuse. Qu’à cela ne tienne, la fille Christensen cro . . .

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Testament littéraire d’un de nos plus rares écrivains, voici quelques histoires pour les fins et pour les fous.

Jacques Ferron avait lui-même réuni la dizaine de récits réédités ici, dont certains sont déjà parus en revue, des contes d’adieu qui allaient être publiés quelques mois après son décès en 1985.

Fortement autobiographique, « Le pas de Gamelin » nous plante d’entrée de jeu à l’hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, où Ferron a travaillé comme omnipraticien en 1970 et 1971, « haut lieu de la folie » individuelle et collective, symbole de ce pays, le nôtre, longtemps et encore dédoublé. C’est là que nous convie le docteur Ferron, en cet Olympe « où les médecins se croyaient redevenus les demi-dieux qu’ils avaient été à l’origine », et où nous croiserons une double aliénation : politique et mentale, celle-ci ayant pour prénom Mariette, Pierrette et Hélène, ou encore Louise, « h . . .

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Une idée prometteuse que celle de la direction bicéphale : inviter des auteurs à écrire sur le corps, signe sensible de notre présence au monde. Le corps tel que perçu par soi et par les autres, avec ses sensations et ses transformations. Douze auteurs se sont joints aux responsables du projet.

Lauréats de prix littéraires pour plusieurs, ils sont professeurs, doctorants, journalistes, directeurs de maison d’édition ou de collection. Leur point de rencontre semble être le Département de littérature, théâtre et cinémade l’Université Laval et sa revue en ligne, Le crachoir de Flaubert, qui se consacre à la réflexion sur la création en milieu universitaire.

Le désir de sortir des sentiers battus propre aux créateurs se manifeste ici par la liberté de forme et de tonalité. La première nouvelle nous situe d’emblée dans la ligne de la maison d’édition Tête première, qui publie des textes coup de poing. Fanie . . .

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Auteur prolifique maintes fois primé, Philippe Besson lève cette fois le voile, avec Le dernier enfant, sur le syndrome du nid vide. Bien construit, sans véritable temps mort, le roman se lit aisément, non sans un certain plaisir. Mais une fois la lecture terminée, le lecteur ressent à son tour un certain vide.

Anne-Marie et Patrick, couple sans histoires, habitent un pavillon de banlieue et travaillent tous deux dans un magasin à grande surface. Ils ont eu trois enfants, le troisième arrivé sur le tard pour les raisons que l’on devine. Théo n’en est pas moins aimé et chéri par sa mère, qui se sent à nouveau pleinement vivre, renouant avec le sentiment de plénitude et d’épanouissement que son emploi de caissière ne peut lui apporter. Lorsque survient l’inévitable départ du petit dernier, son monde vacille. Le roman débute au moment où Anne-Marie prépare une dernière fois le petit d . . .

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Alice Awashish-Lamontagne, l’héroïne du roman, pense aller au dépotoir se débarrasser de l’urne mortuaire de son père, le Cri Isaac Awashish, mort récemment d’une cirrhose du foie sur un banc de parc de Montréal. À 25 ans, elle a coupé depuis longtemps les ponts avec ce géniteur itinérant et alcoolique qui l’a autrefois abandonnée avec sa mère.Puis, sur les conseils de Marie, sa meilleure amie, elle se ravise et décide de faire douze heures de train, aller-retour, jusqu’à son village natal de Mékiskan, pour disposer de l’urne. Elle en reviendra transformée.Alice est d’abord en effet peu encline à se rendre dans ce coin « perdu et oublié, effacé de la carte » que l’éditeur situe avec raison en Abitibi (où d’ailleurs a vécu l’auteure). Dans le rang de la rivière Mékiskan, elle parvient à la fruste cabane de la vieille et courageuse Lucy, la cousine . . .

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David Homel revient sagement sur ses pas, avec humour et un gros brin de cynisme.Ce récit commence comme un témoignage, bascule subtilement dans une forme d’essai assez libre et contient des pages finales qui s’apparentent à de la croissance personnelle. David Homel relate les circonstances au cours desquelles, cherchant à échapper à son enrôlement dans une guerre qu’il ne souhaite pas faire (la guerre du Vietnam), il se retrouve en France puis en Espagne, au fond d’un ravin, les jambes brisées. Il conte son inquiétant séjour dans un hôpital aux pratiques pour le moins étranges, et l’époque où il s’efforcera de trouver une vie normale, d’abord à Paris, puis de retour chez lui, aux États-Unis, et au Canada, son pays d’adoption. C’est une vie à rebours qu’il décrit là, une vie où un homme apprend à composer avec son corps et à en apprécier les beautés au fur et à mesure que ce corps . . .

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Le roman, dont la parution originale remonte à 1904, s’inspire d’une chanson populaire jadis bien vivante au Canada français et s’inscrit dans la lignée des romans québécois du terroir autant qu’il s’en dissocie.L’œuvre raconte l’arrivée, en 1860, de l’héroïne en titre comme nouvelle ménagère du curé de Saint-Ildefonse, Jacques Flavel. Mais, s’il décrit sous de multiples aspects la vie campagnarde et religieuse de cette époque, l’auteur ne tient pas le discours traditionnel visant à promouvoir la vie sur la terre et ne craint pas d’étaler les comportements parfois peu exemplaires des ministres du culte au lieu d’en faire l’apologie.Marie Calumet crée un bouleversement majeur à son entrée dans sa paroisse d’adoption. Très tôt, elle prend en main les affaires du presbytère et les villageois sont souvent témoins de scènes mémorables. Le roman est en fait une série . . .

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Forgé sur le modèle d’« antiracisme », le mot est relativement jeune. La posture à laquelle il renvoie, en revanche, n’est pas neuve. Mouvement de libération des animaux, l’antispécisme tire ses origines de la fin du XIXe siècle.Ses origines : le pluriel est de mise, laisse entendre Jérôme Segal en parcourant l’histoire de cette prise de position contre la domination de l’homme sur les animaux sentients, c’est-à-dire capables d’éprouver des émotions et de ressentir la souffrance. Une histoire moins linéaire que ramassée en une nébuleuse de moments forts et de figures marquantes, dispersés dans l’espace – la France et le Royaume-Uni, surtout – et le temps.En plaçant le principe d’égalité au cœur de leur idéal, en faisant de l’éradication de l’exploitation leur cheval de bataille, les militants anarchistes et socialistes amorcent la prise de conscience animaliste. Puis l’idée migre, mute et prend diff . . .

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C’est un livre dense, fouillé que nous a servi Jean Price-Mars (1876-1969). On parle au passé, car ce livre majeur a été publié en 1928, et salué au fil du temps autant par Léopold Sédar Senghor, écrivain et homme d’État du Sénégal, que par l’écrivain Dany Laferrière, qui présente cet ouvrage comme « le plus célèbre essai de la littérature haïtienne ».Le savant penseur Price-Mars y explore la condition noire en Haïti, notamment en plongeant, de manière scrupuleuse et détaillée, dans ses origines africaines. Cela, écrit-il, pour « sauver de la destruction du temps ces manifestations de la conscience populaire » propres à son pays.L’ouvrage se penche sur le folklore, la religion, la danse, le chant, l’oraison, la musique, la langue (le créole) et les cicatrices laissées par l’esclavage dans ce pays unique.Le chapitre trois porte justement sur « l’Afrique, ses races et sa civilisation », et . . .

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L’auteur, né à Amsterdam en 1922, est décédé en 2020 à Montréal où il a passé la plus grande partie de sa vie. La publication posthume de cet opuscule bilingue de quatorze brefs récits en français et en allemand couronne la vie de cet homme de culture, qui a exercé pendant des années les fonctions de directeur adjoint du Musée des beaux-arts de Montréal et de directeur de la Collection Lavalin. Celui qui avait entamé sa formation de peintre au Mexique au milieu du siècle dernier n’a jamais cessé de peindre. Au soir de sa vie, il ajoute l’écriture de fiction à son expression artistique avec ces petites fables écrites entre 2012 et 2019.Fables, car si les personnages anonymes, les espaces européens imprécis et les temps indéterminés peuvent faire penser au conte, l’orientation du récit, avec sa morale implicite, suggère davantage la fable. Les chemins de la vie

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Le professeur de philosophie, passionné de mythologie et de voyage, prolonge dans cet essai les voyages initiatiques en Grèce qu’il a faits comme collégien d’abord, puis comme guide-accompagnateur de ses étudiants. Dans la ligne de la tradition orale antique, il raconte le mythe plutôt que de l’exposer comme le font les encyclopédies, en l’abordant par un angle nouveau. Aux célébrités de l’Olympe, il préfère les divinités, héros et lieux mythiques moins connus, pour autant qu’ils parlent de nous. Le deuxième tome de ce qui s’annonce une trilogie privilégie le questionnement, qui est mouvement selon l’auteur.Des treize premiers récits regroupés sous le titre « Détruire et créer » se dégage l’idée que la vie est transformation, métamorphose, changement inévitable, violence même. « Peut-on imaginer création sans destruction ? » s’interroge l’auteur. N’est-ce pas le violent coup de . . .

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Le nouveau président américain est à la fois le plus discret et le plus ancien des politiciens aux États-Unis, puisqu’il a été élu pour la première fois au Sénat en 1972.C’est le dixième ouvrage que le politicologue Jean-Éric Branaa consacre à la politique américaine et le deuxième portant expressément sur Joe Biden. Cette version québécoise, parue chez Édito, reprend celle publiée en France chez Nouveau Monde éditions. Ce portrait n’a pas l’exhaustivité d’une grande biographie ; on se concentre sur les moments forts de sa vie politique, sans négliger l’enfance et les années de formation. En près d’un demi-siècle de vie publique, Biden a eu ses entrées au Congrès et au Sénat, dans ce milieu d’influences où il devient déterminant de connaître tout le monde tout en évitant les scandales financiers. Dans le contexte étatsunien, avec un revenu annuel d’environ . . .

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La planète porno exerce une force d’attraction phénoménale. Les statistiques défient tout simplement l’entendement. Sur Internet, ce sont entre 5 et 10 % des activités qui se rattachent à la pornographie. À lui seul, le site Pornhub a d’ailleurs accueilli près de 28,5 milliards de visiteurs en 2017. Durant la dernière décennie, enfin, les internautes ont visionné l’équivalent de 1,2 million d’années de vidéos XXX. N’ajustez pas votre appareil. 1,2 million d’années. De quoi veiller tard, très tard.Jean-Marc Beausoleil a flairé la bonne affaire. Inspiré par l’approche gonzo de Hunter S. Thompson, il a passé six mois dans le milieu de la pornographie québécoise afin de percer son aura de mystère sulfureux et de livrer, de manière flamboyante, le compte rendu de ses observations. Version québécoise du Porn Valley. Une saison dans l’industrie la plus décri . . .

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Pas banal. Une vie menée au gré des vents et marées, ponctuée de virages impulsifs, donne lieu ici à un récit convivial, aux accents ironiques souvent pointés vers l’auteur lui-même, par lequel on en apprend un bon chapitre sur la viticulture et la cidriculture au Québec.Si Christian Barthomeuf a des racines paysannes, il a effectué un long détour avant de renouer avec la tradition ancestrale. Né en France dans une famille ouvrière, il passe néanmoins les étés de son enfance à la ferme de ses aïeuls, dans un hameau du Cantal habité par une trentaine d’humains et une centaine de vaches. Arrivé à l’âge adulte, Barthomeuf prend la tangente des trente-six métiers. Chauffeur, photographe, carrossier, cinéaste, son parcours est balisé par les occasions.Sur un coup de tête, le Français émigre au Québec en 1974, après s’être lié avec une bande de jeunes Québécois et en . . .

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À contre-courant des discours catastrophistes, le sociologue réexamine, nuance et redéfinit trois utopies fermement ancrées en nous et considérées comme « nos mythes majeurs » : le progrès, le bonheur et la capacité de maîtriser le monde et l’inconnu.Au-delà de ses qualités évidentes, Vers l’abîme ? se distingue des autres essais sur « la crise actuelle » par sa manière de poser le problème des utopies – sous un angle inattendu – et par les solutions proposées, qui sont d’une clarté lumineuse, sans simplification outrancière. Dans une de ses reformulations dont il détient le secret de fabrication, Edgar Morin soutient que, dans notre ère caractérisée par une « crise de l’âme » apparemment généralisée, « la plupart des solutions sont devenues, sans cesser d’être des solutions pour autant, des problèmes ». Nous touchons ici la matrice de sa pensée. Ainsi énonce-t-il cette piste de solution pour sortir de . . .

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Karl Ove Knausgaard a entrepris entre 2009 et 2011 – soit au début de la quarantaine – de raconter sa vie intérieure à travers les faits de son quotidien aussi bien qu’à travers ses relations avec sa famille, en particulier avec son père. Mal dans sa peau, très tôt il désire s’extirper d’un milieu sans chaleur pour devenir écrivain. Fin de combat est le dernier tome d'un cycle de six ouvrages qui racontent cette épopée intime et qui sont parus sous le titre générique de Mon combat.

Dans le précédent ouvrage, Comme il pleut sur la ville, on suivait Karl Ove pendant ses études dans une école spécialisée de Bergen qui allaient lui permettre, espérait-il, de devenir écrivain. On le retrouve ici une dizaine d’années plus tard, alors qu’il est devenu une personnalité qui compte dans le paysage culturel et . . .

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Un adolescent autiste obnubilé par les chasse-neiges et le Big 8 Cola se retrouve au centre de ce premier roman de l’auteur corrézien installé à Hampton, au Nouveau-Brunswick, depuis dix  ans.Tout commence par une nuit de tempête (il neige beaucoup dans ce roman) quand la narratrice, Martha Erwin, percute avec sa voiture un singulier garçon en train d’attendre la gratte près de chez elle. On ne saura jamais son véritable nom, mais Modifié, comme il se fait appeler, à l’image du « programme modifié » qu’il doit suivre au lycée, va petit à petit s’incruster dans la vie de Martha, transperçant sa façade de cynisme pour éveiller en elle une grande tendresse. Détective privée pour le compte des Erwin – l’une des plus riches familles du Canada, à laquelle elle appartient mais dont elle préfère se tenir à l’écart –, Martha est amenée à enquêter sur la mort suspecte d’un coach de soccer à laquelle son . . .

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Les éditions du Blé, organisme à but non lucratif, est la première maison d’édition francophone de l’Ouest canadien. Créées en 1974, elles publient en moyenne six titres par année. Louise Dandeneau, traductrice à la retraite à Winnipeg, photographe passionnée et grande lectrice, y fait paraître son deuxième recueil de nouvelles. Buffet froid comprend neuf courts récits dans lesquels s’exerce la vengeance, une vengeance proportionnelle à la durée du ressentiment qui l’a nourrie.Les profils des personnages dont le narrateur adopte les points de vue nous sont assez familiers, car présents dans toutes nos sociétés. Ce sont Frédéric, 32 ans, rejeté par ses parents parce que gay ; Dodo, traitée par son mari comme un robot domestique. Il y a aussi Julie, enceinte de son patron marié, et Nathalie, jeune mère célibataire qui regrette d’avoir mené sa grossesse à terme. Et puis Aline, l’obèse humiliée et harcelée à l’époque du . . .

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Phénomène d’édition, ce conte est autant une ode à la nature qu’un grinçant thriller. Le roman magnifie les marais littoraux de la Caroline du Nord, sinon les humains qui y habitaient en 1952, et entremêle la biologie et la poésie, de la libre solitude à la généreuse empathie.En mai 2020, Là où chantent les écrevisses est présent sur la prestigieuse liste du New York Times Fiction Best Sellers pour la 85e semaine d’affilée. Dès sa sortie en 2018, le livre de Delia Owens fracassait les records de vente, devançant le tant attendu Devenir (Becoming) de Michelle Obama, pourtant grand succès de librairie cette année-là. Fait étonnant, cette autrice, une zoologiste et biologiste américaine de 70 ans, était inconnue du grand public et publiait un premier roman. Elle avait déjà écrit des ouvrages scientifiques sur les animaux, cosign . . .

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Des déportations au Canada au milieu du XXe siècle ? Vraiment ? Pour s’en convaincre, il faut lire ce roman inspiré de faits réels s’étant déroulés dans le Grand Nord canadien. Récit d’un passé honteux mais néanmoins véridique.Dans son avant-propos, Gilles Dubois rappelle un épisode douloureux et authentique : afin de prouver au monde que le territoire arctique canadien était réellement occupé par des populations canadiennes, et ce, jusque dans ses limites extrêmes – et donc pouvant être illégitimement envahies par des puissances étrangères (comprenez l’URSS au temps de la guerre froide) –, le gouvernement fédéral a délibérément déporté une vingtaine de familles innues du nord du Québec, en leur laissant croire que ce déplacement de 2000 kilomètres plus au nord serait provisoire. Cet épisode « provisoire » dans le Haut-Arctique, à Resolute Bay et à Craig Harbour, allait en réalité durer plus d’une décennie . . .

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L’essentiel de ce quatrième roman d’Hervé Bel est constitué de la fuite, à partir du 16 janvier 1945, d’une jeune militante fanatique nazie, Erika Sattler, alors que les troupes russes avancent résolument vers l’Allemagne. Hitler, en plein désarroi, se suicidera trois mois plus tard.Malgré la débâcle, Erika garde foi dans le Reich, au nom duquel les exactions commises à l’encontre des Juifs et des ennemis du parti sont à ses yeux nécessairement justifiées. Zélée, elle a d’ailleurs dénoncé le frère de son mari parce qu’il critiquait le Parti ; son mari lui-même, un SS déchu auquel le roman consacre plusieurs pages, ne reçoit d’elle que mépris en raison de son indulgence envers les prisonniers dont il a la charge. Depuis son adhésion aux Jeunesses hitlériennes, en 1936, puis au Parti nazi au début de la guerre, Erika vit le national-socialisme comme un « poème épique . . .

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Retranché en Islande quelque part au bord de l’océan Atlantique, un écrivain peine à mettre en mots l’histoire lui trottant dans la tête. Il préfère contempler le fascinant spectacle de la mer qui s’étale sous ses yeux. Ses réflexions sur la créativité, ainsi que son humour un brin malsain, étonnent et enchantent.Printemps, été, automne, hiver. Jonas, le narrateur de La fenêtre au sud et double de l’écrivain islandais Gyrðir Elíasson, raconte en quatre saisons sa solitude et ses efforts, si faibles soient-ils, pour communiquer avec d’autres, parfois à Reykjavik, parfois dans un lieu perdu, loin de tout et de tous. « Quand [le Vénitien] Vivaldi a composé L’Hiver, il ne pouvait guère soupçonner qu’il en existât un comparable à celui qui règne ici. »Que sa réputation s’appuie sur son livre précédent Au bord de la

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Anna intrigue par sa simplicité. Les éléments du drame émergent à la pièce. Il ne s’y passe quasiment rien et le lecteur se surprend à vouloir savoir. Un tour de force.Le plus immédiatement frappant avec Anna, c’est sa lenteur intelligente, à quel point ce récit prend son temps sans pour autant sacrifier un seul instant son intérêt. Il y a là un prestige narratif inattendu et surprenant dans la mesure où l’héroïne elle-même n’a rien de flamboyant et qu’elle ne devine pas plus que nous ce qui est en train de lui arriver quand elle se trouve prise au piège d’une mécanique à la fois sociale et romanesque huilée comme pour le Tour de France. Sans jamais que soit nommé l’engrenage pervers dans lequel elle s’enlise, on voit les présomptions et les insinuations qui finiront par l’étouffer.Nous sommes vers l’année 1900 . . .

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Élevée peu avant l’indépendance tunisienne (survenue en 1956), dans une famille bourgeoise aux valeurs rigides, Farida est forcée de se marier à dix-huit ans à son cousin Kamal, parce que cela arrange les affaires (parfois louches) de son père.Grande lectrice, curieuse, amante de l’œuvre de Victor Hugo, Farida envie son frère qui, lui, peut donner cours à ses penchants intellectuels en rejoignant un collège prestigieux de la capitale.Son mariage est bancal : elle déteste son mari, un alcoolique qui préfère les bras de son amante, mais accouche tout de même d’un fils, Taoufiq. Farida divorcera finalement et élèvera seule son enfant. Un devoir qu’elle sera amenée à répéter quelques années plus tard, car son Taoufiq, devenu adulte, voit sa nouvelle épouse, mue par un vif désir de liberté, le quitter, le laissant ainsi seul avec leur fille d’à peine un an, Leila.Comme Taoufiq travaille le jour, ce sera donc Farida qui . . .

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« L’écriture est un exercice de transformation et de simplification, au bout duquel se trouvent la solitude et la mort. » Pour Alexie Morin, la littérature représente à la fois une délivrance et une chaîne.Ça commence furieusement, ça ralentit, c’est prenant puis je me prends à vouloir sauter quelques pages, mon attention tombe. Les cinquante dernières me secouent : elles s’intitulent « Vanité », elles portent sur la genèse du livre et définissent l’écrivaine. Ce sont mes préférées, à la frontière de l’essai autobiographique. Car Ouvrir son cœur n’est pas un roman. À quoi rime un tel entêtement éditorial ? À une question de sous. Le roman se vend, en principe, mais pas l’essai, pas le journal intime.Ce récit est un brin inégal, et ce, en dépit de l’écriture toujours juste, des formules souvent heureuses, du procédé des épisodes alternés (emploi d’été de la narratrice à la Domtar, conflit . . .

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Dans des poèmes-confessions d’une honnêteté saisissante et d’une grande élégance malgré la férocité des émotions convoquées, la poète raconte une fracture originelle, la recherche de sa place entre le monde des vivants et la tentation de la mort.Dans une adresse à celle qui partage « les jours d’avant les jours », Karianne Trudeau Beaunoyer nous conduit dans la fusion de l’avant-vie, puis dans la cassure, le glissement vers l’extérieur. Entre les jumelles, un rapport de force est palpable, les frontières de l’identité, floutées. Brusquement, le nous se scinde. Une seule chose est possible pour celle qui reste morcelée : « Je vais m’occuper de ma vie ».Dans « Avant la mue », première partie du livre, s’occuper de sa vie résonne pour la narratrice comme s’observer, se lier et mêler son histoire à celle de la disparue, se chercher, s’inventer des destins, lucide face au milieu dans lequel . . .

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Si l’Islande est aujourd’hui connue et reconnue de tous, ses romanciers ne le sont guère, sauf bien entendu quelques auteurs de romans policiers, dont le grand Arnaldur Indriðason. À Chicoutimi, une maison d’édition a pris le pari de traduire le premier roman de Dagur Hjartarson, une valeur montante.Né en 1986, l’écrivain islandais Dagur Hjartarson a remporté plusieurs prix nationaux de poésie ainsi qu’une bourse d’aide à la publication de l’Icelandic Literature Center. En 2016, il publie La dernière déclaration d’amour, une première œuvre de fiction écrite pendant sa maîtrise en création littéraire et qui a fait partie de la courte liste du prix de littérature de l’Union européenne (European Union Prize for Literature, EUPL).Dans les années 2000, un personnage sans nom – le narrateur – s’installe à Reykjavik, qui connaît alors une crise économique sans précédent. Il y rencontre celle qui deviendra son amoureuse . . .

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Ce matin, le ciel est gris-blanc et il pleut sur Saint-Roch. Les fenêtres ouvertes laissent entrer le son d’une pluie tellement bienvenue, des roues de chars sur l’asphalte mouillé et la rumeur voisine des poèmes de Christian Girard.Dans la préface qu’il signait dans Scrapitude (Moult Éditions, 2011), premier livre de l’auteur, le poète Alain Larose écrivait que les poèmes de Girard, inscrits dans une démarche de « littérature erratique », savaient exactement où aller s’égarer. C’est la même impression qui m’étreint tandis que je plonge dans Le temps qu’il fait, livre où faire un pas de côté devient nécessaire, où la poésie se déroule sur un fil tendu entre critique sociale, rêverie, humour brillant, inquiétude bien sentie, révolte et tendresse.Les « Trésors violents », première suite du recueil, sont des tableaux aux teintes sombres et organiques, comme . . .

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Entre le personnel et le politique, les luttes pour la liberté animent d’un grand réalisme ce roman qui porte un regard nouveau et féministe sur le Maroc colonial.Le pays des autres reprend les thèmes chers à l’auteure : la maternité, la sexualité féminine et la liberté sous toutes ses formes. Là où ses premiers romans s’inscrivaient dans l’extrême contemporain avec un style épuré, celui-ci constitue une ambitieuse fresque historique à la narration documentaire. À partir de fragments intimes et de scènes du quotidien du Maroc colonial, l’auteure dépeint habilement la décennie entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’indépendance du Maroc.Au printemps 1947, Mathilde et Amine s’installent dans une modeste ferme sur la terre familiale près de Meknès. L’Alsacienne, une jeune femme sensuelle et frivole, peine à s’adapter aux coutumes d’un pays étranger et aux rigueurs d’une vie de recluse. Le Marocain, ancien combattant . . .

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« Il était invivable. » Un écrivain de talent, ce Paul Villeneuve, illuminé, idéaliste, un mystique réfractaire à l’autorité. Surtout un personnage plus grand que nature, ce frère tellement attachant que fait revivre Marité Villeneuve.Paul Villeneuve, c’est l’auteur de ce fameux Johnny Bungalow dont j’ai parlé dans ces pages (numéro 150, printemps 2018) et c’est aussi un personnage de roman. Ce récit biographique pourrait s’intituler « Villeneuve ou la vie dans les bois », ce qui serait incomplet car, avant cette surprenante réclusion que le lecteur va découvrir, on suit le parcours d’un jeune homme à une époque à la fois proche et pleinement révolue. J’ai lu Mon frère Paul avec énormément d’enthousiasme et d’intérêt. J’ai pleuré à deux ou trois reprises, avant de rire, et j’ai souri aussi, par moments, avec ce sentiment jouissif d’avoir entre les mains un livre puissant, intellectuellement stimulant . . .

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On peut penser que Sylvain Rivière a choisi les seize contes de ce recueil parmi ceux qu’il a publiés depuis 1989 parce qu’il les trouvait représentatifs de ceux qu’il avait écrits et qu’il souhaitait leur donner une seconde vie. Les livres s’épuisent, mais l’œuvre demeure. Un florilège en quelque sorte. Il est seulement dommage que l’éditeur n’en fasse pas mention.« Le Gaspé-Comté » et « Joachim Dion, crémologue »,  deux nouvelles publiées dans La s’maine des quat’ jeudis (1989), donnent la mesure du talent de conteur de Rivière et les clés thématique et stylistique des œuvres suivantes.Toutes les nouvelles de Rivière se situent en Gaspésie, la plupart dans la baie des Chaleurs, souvent dans la région de Carleton, d’où il est natif. Une Gaspésie plus mythique que réelle, façonnée par la tradition orale et par la démesure propre aux contes . . .

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Appelée par sa grand-mère et par celles, et ceux, atteintes du même trouble, Renée Gagnon dresse un portrait de femme d’une tendresse juste et désarmante.Comme tant d’autres femmes avant elle, Laurette Gagnon, la grand-mère de l’autrice, s’est consacrée tout entière à ses (treize) enfants ; à leur bien-être et leur éducation, à la cuisine et aux autres tâches quotidiennes. En deux, trois pages, Renée Gagnon présente une femme joueuse, vive, qui « a travaillé pour la première fois à cinquante ans dans un casse-croûte donnant sur une salle de quilles », une grand-mère « forte et frêle », atteinte d’un mal jamais nommé, mais qu’on devine apparenté à la démence ou à l’Alzheimer. L’univers intérieur de Laurette se fragmente, se diffracte. Il s’efface tout doucement. Sans doute pour en conserver quelque chose, parce qu’elle fait partie de celles dont on a trop peu parlé, l’autrice . . .

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Ses lectrices et lecteurs reconnaîtront, dans ce récit, le ton intimiste auquel Gilles Archambault les a habitués : en fermant les yeux, s’il leur était donné d’en écouter une version audio, ils se croiraient aisément en conversation privée avec l’écrivain. Une conversation laissant transparaître chez lui une certaine tristesse…Un projet de roman amène l’écrivain à Saint-Malo, une ville que sa femme décédée aimait bien visiter. En sortant de la gare de la SNCF, il se retrouve sous la pluie dans une file pour un taxi. Devant lui se trouvent une jeune Malienne volubile et « une bonne femme à l’imper rouge vif dont l’air rébarbatif [l’]horripile ». À partir des bribes d’informations divulguées par la jeune femme, l’écrivain imagine une amorce pour l’œuvre de fiction qu’il projette. Il apprend notamment que Kim est la fille d’un urologue de Bordeaux et qu’elle est venue en Bretagne afin de tenir compagnie . . .

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Figure mythique du blues issue du delta du Mississippi, Robert Johnson aurait conclu un pacte avec le diable : en échange d’un don musical inégalé, il lui cédait son âme pour l’éternité. Et la légende est née.Robert Leroy Johnson n’enregistra que vingt-neuf chansons. Sa carrière fut aussi brève que fulgurante : né possiblement en 1911, sans certitude selon les sources, il trouva la mort en 1938 dans des circonstances nébuleuses après avoir donné un concert à Greenwood, en Caroline du Sud. Le récit auréolant son parcours veut également qu’il ait eu une femme dans chaque patelin où il trouvait à jouer en échange de quelques dollars, ce qui explique qu’il ne se serait pas fait que des admirateurs. Mais ces derniers, nombreux, parmi lesquels il faut compter Eric Clapton, Bob Dylan, Jimi Hendrix, Jimmy Page, lui ont toutefois assuré une renommée que lui envie assurément le diable lui-même.La ballade de . . .

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Dans une vie antérieure, précédant celle du romancier primé il y a plus de trente ans par le Prix du Gouverneur général, Louis Hamelin décrochait un diplôme en biologie de l’Université McGill. Plus qu’un ajout à son curriculum, cette formation et l’intérêt consubstantiel qu’il porte à la nature marqueront par la suite profondément son œuvre, également traversée, c’est devenu un lieu commun de le souligner, d’une sensibilité très américaine. Ornithologue à ses heures, c’est à un drôle d’oiseau qu’il rend grâce dans son plus récent ouvrage.John James Audubon est une curiosité dans l’histoire du Nouveau Monde du XIXe siècle. Naturaliste né Jean-Jacques à Saint-Domingue, atteint de ce qu’il diagnostique lui-même comme étant une « maladie ambulatoire », il ratisse durant une bonne partie de sa vie le continent américain, consignant ses observations de la faune ailée dans le chantier . . .

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La Loi protégeant la province contre la propagande communiste est sanctionnée le 24 mars 1937. Cette loi spéciale donne au procureur général du Québec – l’honorable Maurice Duplessis – le droit d’interdire toute publication au service de la diffusion d’idées bolchéviques, ainsi que de mettre sous clés un établissement soupçonné d’abriter des réunions communistes.Mieux connue sous l’appellation Loi du cadenas, cette mesure constitue l’un des jalons de l’anticommunisme québécois, de cette peur rouge bien réelle dont Hugues Théorêt nous dit, moult citations à l’appui, le caractère largement fantasmé de ses motivations, vu le nombre limité de sympathisants à la cause communiste dans la province. La crainte tiendrait plutôt de l’épouvantail érigé par des gardiens de la foi soucieux de préserver leur contrôle sur une population exposée à la menace du matérialisme impie.Aux yeux du clergé en effet, les communistes inqui . . .

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BQ propose une édition revue et augmentée de Brève histoire du progrès, publié la première fois en 2004 et traduit en vingt-quatre langues depuis. L’ouvrage a été vendu à plus de 500 000 exemplaires et a figuré sur la liste des meilleurs vendeurs canadiens pendant plus d’un an.

S’il reconnaît quelques découvertes remarquables depuis 2004 (par exemple celle de nouvelles branches d’hominidés comme l’Homo floresiensis ou encore les Denisoviens) « le cours des événements n’a [...] pas dévié de sa trajectoire alarmante », estime Ronald Wright.À la manière d’un Yuval Noah Harari dans Sapiens, mais en plus succinct et en plus pessimiste, Wright fait de son essai une synthèse du développement des sociétés humaines depuis l’apparition des premiers hominidés en Afrique il y a des centaines de milliers d’années jusqu’à leur domination totale de . . .

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Après L’éthologie (2017), L’éthique animale (2018) et Le véganisme (2019), il était logique que l’universelle collection « Que sais-je? » ponde un précis sur l’antispécisme.C’est Valéry Giroux, qui avait d’ailleurs cosigné le titre de 2019, qui initiera le lecteur à cette tendance à la fois nouvelle (« Les termes ‘spécisme’ et ‘antispécisme’ étaient totalement inconnus du grand public jusqu’au milieu des années 2010 ») et ancienne (« Il y a près de vingt-six siècles, en effet, Empédocle […] fustigeait déjà les mangeurs de viande »). La Québécoise, soit dit en passant, ne cache pas son parti pris : « […] la majorité des réflexions portant sur ce thème sont menées d’un point de vue critique, d’un point de vue antispéciste. L’autrice de ce livre n’échappe pas à cette règle ».Qu’est-ce que l’antispécisme ? C’est volontairement que le terme est calqu . . .

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Federico Fellini aurait eu 100 ans en 2020. Durant les années 1960, on le considérait comme le cinéaste le plus imaginatif au monde, dépassant même Chaplin, Welles, Antonioni et Bergman.C’est au cours de cet âge d’or du cinéma que Federico Fellini (1920-1993) a réalisé ses plus beaux longs métrages (dont La Dolce Vita en 1959 et en 1963) ; c’est aussi au moment d’atteindre le cap de la quarantaine qu’il a entrepris de retranscrire et de visualiser ses rêves. À ne pas confondre avec le catalogue Quand Fellini rêvait de Picasso d’Audrey Norcia et Jean-Max Méjean, paru en 2019 aux éditions Rmn, cet énorme Livre de mes rêves reprend les carnets secrets du cinéaste, qui retranscrivait ses rêves et cauchemars en les illustrant de croquis. Comme une invitation à la psychanalyse, Le livre de mes . . .

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Dans son essai, le romancier et nouvelliste arabe, qui vit aujourd’hui à New York, revient sur ses années égyptiennes. Né et ayant grandi sous la dictature de Gamal Abdel Nasser, il en brosse le portrait à travers une multitude d’anecdotes et de souvenirs.

L’auteur de L’immeuble Yacoubian et des Chroniques de la révolution égyptienne élargit sa réflexion à d’autres dictatures, en mettant en lumière leurs caractéristiques communes. Et elles sont nombreuses.Premier constat : tous les tyrans souffrent de narcissisme, de mégalomanie, de paranoïa et de sadisme. Aucun n’hésite à recourir à la terreur et à la torture pour imposer ses volontés à la population. Pour y arriver, les tyrans peuvent compter sur le soutien des institutions sociales et étatiques préalablement mises sous leur coupe : la presse, la police, l’armée et l’appareil judiciaire. Enfin, la création du mythe de la patrie menacée par . . .

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Médecin spécialiste des leucémies, Hélène Merle-Béral se penche dans son dernier essai sur la notion d’immortalité du point de vue aussi bien historique ou biologique que technologique. En dépit des efforts qu’a fait l’humanité depuis la nuit des temps pour retarder la mort ou pour la déjouer en « inventant » une vie après elle, celle-ci a toujours fait partie du cycle du vivant. Du moins jusqu’à maintenant.

Toujours l’être humain a cherché le Saint Graal de la vie éternelle. Le premier endroit où chercher, nous dit l’auteure, c’est dans la nature. À titre d’exemples, elle énumère quelques variétés de végétaux dont la longévité peut parfois se chiffrer en siècles ou en millénaires, comme c’est le cas des colonies de posidonies, des plantes sous-marines qui poussent au large des Baléares et qui peuvent atteindre entre 80 000 et 200 000 . . .

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Émouvante comme peuvent l’être certains jeunes hommes, d’une candeur touchante dont on n’a pas idée, voici une toute petite perle de notre patrimoine littéraire.Le poète Gatien Lapointe (1931-1983) a tout juste dix-huit ans quand il entreprend ce journal, le plus ancien des documents conservés dans le fonds éponyme à la BAnQ de Trois-Rivières. On ne s’étonne pas des quelques émois et tourments qui font très « années cinquante » et nous rappellent les journaux intimes de Saint-Denys Garneau ou de Fernand Ouellette, par cette proximité avec le religieux ou le spirituel, même quand le jeune Lapointe s’en plaint : « Les curés n’ont jamais su comprendre les problèmes du jeune homme ». Ce rapport trouble et douloureux au corps, à son propre corps, on le comprend aussi : « Je suis étranger à moi-même. Mon corps est distant, je dois être terriblement faux ! », écrit Lapointe. On a l’impression de lire ici l’auteur de

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Après quantité d’ouvrages illustrés portant sur la Gaspésie, la Côte-Nord, et pratiquement tous les coins du Québec, le 63e titre de la collection « 100 ans noir sur blanc » est entièrement consacré à Drummondville, et ce n’est que justice.Le principe de Drummondville, l’industrieuse est le même que pour les titres précédents : près de 200 photographies prises entre 1860 et 1960 racontent la petite histoire de cette ville-carrefour. Lui-même Drummondvillois, Jean-Claude Cloutier résume deux siècles d’histoire, et son introduction rappelle d’emblée que « la communauté anglophone est dominante au moment de la fondation de la ville », en 1815. Drummondville, l’industrieuse se divise en cinq sections montrant des paysages, des commerces et le marché public, des industries comme la tannerie ou la fonderie, les grands chantiers et pour finir diverses scènes de la vie quotidienne drummondvilloise, avec une . . .

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L’auteur veut réhabiliter quinze œuvres littéraires du XIXe siècle. Le résultat donne à réfléchir.Lazure nous explique le pourquoi et le comment de son entreprise dans une fiction à la première personne qui accompagne les œuvres elles-mêmes, souvent de copieux romans que Lazure réduit à une dizaine de pages chacun. On trouve ici des digests de Maturin, James Hogg, Ponson du Terrail, Georges Rodenbach et quelques autres auteurs de récits gothiques ou fantastiques. Lazure invente aussi des dialogues où ces écrivains échangent avec lui sur le sort défavorable réservé à leurs œuvres. Derrière des intentions louables et un travail solide, son projet a quelque chose d’ambigu ou d’ambivalent, pour ne pas dire de contradictoire : « Dans notre siècle de haute performance, où tout va vite, j’ai simplement voulu montrer, à des lecteurs et lectrices d’aujourd’hui, qu’on pouvait encore lire des auteurs d’hier sous une forme abrégée . . .

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Où et quand est apparu le capitalisme ? Ce système économique et social devait-il obligatoirement s’imposer à l’humanité en raison d’une quelconque loi naturelle ? Et sa domination maintenant quasi universelle est-elle destinée à se perpétuer sans fin ? Cet essai veut répondre à ces questions.Ellen Meiskins Wood a enseigné la science politique à l’Université York, à Toronto, et a publié plusieurs essais à propos de l’économie, de l’histoire et des questions de société. Elle présente ici une nouvelle édition, révisée et enrichie, d’un ouvrage originalement paru en 2009. Parmi les nouveaux aspects traités, se trouvent les intéressantes « transitions manquées » que présentèrent Florence, à son apogée, et les Provinces-Unies, aux XVIe et XVIIe siècles.L’explication la plus courante quant à l’origine du capitalisme veut que ce système découle naturellement de mœurs et de coutumes presque aussi anciennes que l’espèce humaine. Et, donc . . .

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La gestion des établissements carcéraux ainsi que du contrôle judiciaire connaît, aux États-Unis, une dérive dans laquelle des frais imposés aux contrevenants servent au financement de prisons et génèrent des profits. D’où une explosion du nombre d’incarcérations dont sont l’objet surtout les Afro-Américains.La présente traduction de Carceral Capitalism comporte une préface de Dalie Giroux et une postface de Gwenola Ricordeau. Une précédente traduction en français est déjà parue, en France, aux Éditions Divergences en 2019.Après avoir connu une vie familiale et personnelle particulièrement difficile, Jackie Wang est maintenant candidate au doctorat et enseigne à la prestigieuse Université Harvard. Son intérêt pour le système carcéral américain découle certainement du fait que son frère aîné purge en ce moment une peine de quarante ans sous de sévères conditions. Elle est donc bien placée pour . . .

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La parole des femmes demeure un sujet relativement peu étudié en Acadie. D’où ce colloque universitaire organisé à l’Université Sainte-Anne (Nouvelle-Écosse), en 2015, qui a donné naissance à cette publication.Cet important ouvrage propose « des études sur l’apport des femmes aux grands questionnements de la société acadienne en faisant ressortir la richesse des paroles et des regards qui permettent une meilleure compréhension de l’Acadie », écrivent les quatre directeurs et directrices.Répartis en trois sections, les douze articles analysent « L’inscription de la femme dans le grand écrit acadien », « La perception féminine dans la parole sociale » et « L’affirmation d’un imaginaire acadien au féminin ».La première section porte sur différentes facettes de l’histoire. Phyllis E. LeBlanc fait la synthèse des travaux antérieurs et constate que les chercheurs n’ont pas « pleinement réalisé l’intégration du sujet femme à notre histoire ». Les trois autres articles répondent, du moins en partie, au constat de LeBlanc. Julien . . .

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Bien avant de désigner des réalités reliées à la production de biens, aux échanges commerciaux et à la thésaurisation de capital, le terme « économie » s’est appliqué à diverses notions, notamment à la qualification de l’harmonie et de la beauté dans les œuvres d’art ou les discours.Dans ce troisième volet de son Feuilleton théorique, le philosophe, essayiste et professeur universitaire Alain Deneault présente le mot « économie » comme « une puissante métaphore, mais surtout comme le nom même d’un régime de production des métaphores ». Il rappelle que ce terme s’est autrefois appliqué à diverses réalités « économiques » reliées à l’art, ou au discours, qu’il soit écrit ou oral (économie oratoire), et qu’il porte sur une façon générale de penser.L’auteur réfère également à l’oikonomia, en tant que principe supérieur dans le système patrimonial de la Grèce antique, tenant du rapport autoritaire . . .

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L’œuvre de David Wallace tient d’un jeu du Qui perd gagne. Le cercle vicieux existentiel dans lequel sa lecture nous entraîne entend briser nos solitudes en témoignant de ce que le lecteur n’est pas seul à se sentir irrémédiablement seul.Au fil des ans, la critique littéraire y est allée de quelques épithètes génériques corsés pour circonscrire L’infinie comédie(Infinite Jest), roman majeur de Wallace (1962-2008), dont le collègue Patrick Bergeron a rendu compte ici (nº 146, printemps 2017) : roman encyclopédique, roman hystérique, total. On pourrait additionner ces adjectifs et les glisser sur l’ensemble de l’œuvre de Wallace, lointaine cousine de celles de Proust, de Musil ou de Joyce. Lisez cinquante ou cent pages des 1 300 de cette Infinie comédie, lisez « Le sujet dépressif » ou encore « Au-dessus à jamais », deux textes bouleversants des . . .

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Qui connaissait qui et qui tramait quoi dans les coulisses du monde des lettres québécoises ? C’est aussi sur ce genre de questions que jette un œil un collectif comme ces Nouveaux regards.Je suis un curieux. Curieux de nature, plus curieux encore de tout ce qui touche de près ou de loin à la littérature, aux gens qui l’écrivent, aux passionnés qui la commentent, l’étudient et transmettent leur savoir. Bref, un livre comme celui-ci me comble de dix manières. J’y trouve un peu de beaucoup de ces choses qui me plaisent, qui augmentent ma curiosité et stimulent généralement mon appétit de lecture : de l’information sur des écrivains et leurs œuvres, leurs réseaux, les liens agréables ou compliqués qu’ils entretiennent entre eux et avec l’édition et la presse, sur le processus de création – car la lettre s’apparentant au carnet ou au journal intime, les écrivains en font parfois . . .

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Un banal objet, un geste observé : voilà matière à une histoire originale pour la nouvelliste au regard perspicace. Dans Le complexe de Salomon, elle nous propose douze nouvelles dont les thèmes saisis dans l’air du temps s’avèrent plus ou moins graves, mais presque toujours traités avec le soupçon de légèreté que l’autrice sait insuffler à ses créations.Un arrêt d’autobus dans un endroit désert face à un pénitencier sera l’élément déclencheur pour dénoncer les préjugés et idées reçues à l’égard des prisonniers et ex-détenus, des Noirs, des Arabes et autres immigrés. Deux personnages. L’un silencieux, mais tendu, l’autre injurieux. Tension. Chute : revirement de situation, coup de théâtre qui assure une fin heureuse. Un billet de vingt dollars oublié dans un guichet déclenche une parodie du jugement déroutant du roi Salomon, histoire qui donne son titre au recueil. Ailleurs, Hél . . .

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« Des blessures physiques et morales durables de la guerre la plus horrible de tous les temps émergeait la possibilité d’une Europe stable et prospère. » Ainsi se terminait L’Europe en enfer – 1914-1949 (Seuil, 2015), le premier tome de l’immense fresque sur l’Europe du XXe siècle, proposée par le grand historien anglais Ian Kershaw. Le titre original du second tome, paru en anglais en 2018, Roller-Coaster : Europe, 1950-2017, dit assez bien que la seconde moitié du XXesiècle européen fut tout sauf stable. Rappelons quelques-uns des grands soubresauts qui l’ont secouée.

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe devient le territoire d’un affrontement larvé entre les deux puissances qu’étaient les États-Unis et l’Union soviétique. C’est ce que l’on a appelé la guerre froide, nourrie par l’angoisse nucl . . .

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Elle nous a toujours conté des histoires, car conteuse elle est avant tout. Parfois, elle s’aventure dans des contes pour enfants, comme ce fut le cas avec Christophe Cartier de la Noisette dit Nounours (1981). On se rappellera d’ailleurs que ses premières pièces avaient été écrites pour les élèves du Collège Notre-Dame d’Acadie, où elle enseignait dans les années 1950.Les Painchaud « rêvaient d’un enfant ». C’est ainsi que commence ce fabliau coloré. Autour d’eux, les Rossignol ont un oiseau, les Barbeau, un poisson, les Laviolette, une fleur et les Chabot, un chat. En pétrissant un pain, madame Painchaud donne naissance à un... qu’elle nommera Pain Chaud et qui a les qualités d’un humain. Ce personnage n’est pas sans rappeler Gros comme le Poing, lui aussi né de la pâte à pain que pétrissait sa mère et qui est au centre du roman-conte (pour grandes personnes) Le . . .

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Premier recueil de nouvelles, et premier ouvrage traduit en français de Melissa Bull, Éclipse électrique regroupe vingt-trois textes qui mettent en scène une galerie de personnages pour le moins atypiques, le plus souvent des jeunes femmes en quête d’elles-mêmes, doublement seules lorsqu’un conjoint squatte leur appartement, voire les encombre.Dans la nouvelle qui ouvre le recueil, « Les shakes », Catherine vit dans un appartement autrefois occupé par une clinique médicale où serait mort le médecin qui y travaillait. Son amoureux du moment, avachi dans un fauteuil, est dans les vapes, alors qu’elle craint de devoir être opérée pour un cancer de l’utérus. Tout, dans cette nouvelle, repose sur l’irritation qu’engendrent l’indifférence de l’un et l’inquiétude de l’autre, tension que rien ne vient résoudre.Dans une autre nouvelle, « La fin », une mésentente éclate entre deux colocs alors que le printemps s’amorce. Dans la nouvelle . . .

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Pour sa troisième œuvre publiée, l’auteure de Kuessipan (2011) et de Manikanetish (2017) s’est vu attribuer le Prix littéraire des collégiens 2020. Sous la forme d’une longue lettre adressée à une amie d’enfance sur le point de revenir à Uashat après des années d’absence, la narratrice lui raconte ce qu’elle doit savoir sur les siens.

Cette amie, Julie – « Shuni » en langue innue, où les sons J et L sont imprononçables – n’appartient pas à la communauté, même si elle a passé une partie de son enfance à Uashat. Son père est le pasteur qui a fait bâtir l’église baptiste devant le Conseil de bande. Alors que tout les différenciait, la narratrice et elle s’étaient liées d’amitié. Aujourd’hui diplômée en travail social, Julie s’apprête à revenir en tant que « missionnaire ». Pour qu’elle ne se méprenne pas sur le compte des Innus et pour . . .

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Un livre composé à la manière d’un roman policier : un court prologue, constitué d’un extrait qu’on retrouve vers la fin, pose le problème, et la suite nous raconte le déroulement de l’événement jusqu’à la solution – Lianne pense avoir tué son père et se sent coupable du geste qu’elle a posé.En avant-propos, un article de La Presse canadienne traitant « des Canadiens âgés de 48 à 64 ans », la génération sandwich « qui se sent coincée entre les exigences des soins à prodiguer à ses parents vieillissants et à ses propres enfants » ainsi qu’à ses petits-enfants, comme les lecteurs le découvriront.Au centre du roman, Lianne, 58 ans, réceptionniste, veuve, mère de Stéphane et de Sophie qui a une fille, Lily, et maintenant en couple avec André qui a un garçon, Justin. Une famille tout ce qu’il y a de « normal », théoriquement sans graves problèmes. Lianne a trois frères plus . . .

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Il est des livres qu’on ne devrait pas oublier. Ainsi en est-il des deux premiers recueils de poésie de Rino Morin Rossignol, qui étaient épuisés, Les boas ne touchent pas aux lettres d’amour (1988) et La rupture des gestes (1994), que vient de rééditer Perce-Neige sous le titre du Temps des signes.Divisé en trois parties, La rupture des gestes nous entraîne dans la lente prise de conscience de son identité qu’amorce Morin Rossignol à partir de sa vingtième année. Qui est-il ? « Je ne suis que l’espace / entre deux matins », affirme-t-il timidement, incapable de nommer les forces qui le déchirent : « Fais taire en moi / le chaos de mes obsessions ».La première partie reprend le titre du recueil et couvre les années 1970-1973. Le poète y raconte son effroi, son désespoir, ses angoisses qui croissent . . .

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Si l’Inde est indépendante depuis 1947, sa lutte pour la liberté a commencé en 1857, au moment de la rébellion des habitants de Lucknow, capitale de l’Uttar Pradesh. Faits réels et fiction se croisent dans le récit de cette première révolte, matée par la tristement célèbre Compagnie britannique des Indes orientales.Près de cent ans, il aura fallu près de cent ans pour que cet immense pays se libère de la domination du Royaume-Uni – domination qui lui a été imposée sous le règne de la reine Victoria – et pour qu’il devienne enfin l’Inde moderne, grâce à la lutte marquée par la résistance non violente du Mahatma Gandhi.Dans Amah et les pigeons aux ailes de soie, l’auteure Jocelyn Cullity raconte les péripéties de cette effroyable guerre impériale, faite de tromperies, de massacres et d’horribles carnages. La protagoniste Amah, d’ascendance . . .

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Cet ambitieux roman choral, qui a valu à son auteure de devenir en mars 2020 la lauréate québécoise du Prix des Rendez-vous du premier roman – Lectures plurielles, lui a fait remporter deux mois plus tard le Prix des libraires du Québec. Deux récompenses pleinement méritées pour cette magistrale exploration de la sexualité des couples.Se déroulant à différents moments, surtout en 2014 et 2015, mais aussi en 1899, 1984, 1999 et 2026, La trajectoire des confettis présente l’histoire familiale et sentimentale d’une fratrie. Xavier, barman au bar Chez Hélie, n’a pas couché avec une fille depuis seize ans et souffre d’inhibition. Sa petite amie précédente, Fanny, avait été victime d’agressions sexuelles et Xavier, honteux d’être un homme, ne savait pas comment se comporter envers elle. En janvier 2015, il aperçoit en fin de soirée une cliente aux vêtements bigarrés et tatouée à la main . . .

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Est-il concevable que nous puissions écouter Bach, confortablement assis dans un fauteuil, alors que se déroule devant nos yeux l’exécution de femmes et d’enfants ? Voire que les bourreaux puissent rentrer chez eux sans être importunés et retrouver les leurs au terme d’une banale journée de travail ?Plusieurs auteurs se sont attaqués à ces zones sombres du comportement humain, dont Hannah Arendt, qui a patiemment et rigoureusement décortiqué les racines du mal qui ont conduit à la Shoah. En faisant ressortir la banalité du processus mis à nu, qui reposait notamment sur la déresponsabilisation des intervenants, elle en a démontré la froide et terrifiante efficacité. L’instinct de survie et la peur devant un danger imminent peuvent modifier notre comportement de façon irréversible, et modifier les préceptes moraux auxquels nous nous ralliions et adaptions jusque-là notre conduite. Le monstre de la mémoire, de Yishaï Sarid, aborde cette délicate question sous l’angle . . .

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La mort est une loterie qui ne fait que des perdants. Un jour elle débarque, sans s’annoncer, et fauche ce qui vous est le plus cher.Le médecin Manuel Mendoza le constate avec plus d’acuité le matin où il trouve le corps avachi de sa femme, gisant au bas des escaliers de la maison familiale. Ne lui restent plus alors que les souvenirs, bien vifs ceux-là, qui ont ponctué trente ans de vie commune.Dans son quinzième roman, Alain Beaulieu porte un regard attendri sur le processus de deuil conjugal. Ses Visions de Manuel Mendoza retracent la remontée vers la sérénité du personnage éponyme, un être sensible et attachant, soudain confronté à la perte de son grand amour. Comme pour s’accrocher aux derniers signes de la présence de son épouse, Mendoza prend la tête des Éditions du Soupir qu’elle dirigeait avant sa mort. Jusqu’au jour où un manuscrit, chef-d’œuvre de surcro . . .

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Sise dans une ville anglaise, peut-être Londres, près du pub Renard et Mâtins, Slade House accueille parfois quelques visiteurs. Qui sont ces énigmatiques invités qui passent « la petite porte noire en métal » ouvrant sur Slade Alley ?Quand ils arrivent dans le jardin de l’élégante demeure victorienne, que se passe-t-il ? Leur sort sera-t-il doux ou cruel ?Mêlant l’humour et l’horreur au fantastique, David Mitchell s’est amusé à pasticher les maîtres Poe et Lovecraft, le mythe de la maison maléfique étant en effet un classique du genre. Le Britannique a structuré Cette maison en cinq chapitres, proposant un scénario en boucle qui se déroule de 1979 jusqu’en 2015 et qui se répète tous les neuf ans. Que ce soit un enfant, un policier ou un étudiant, le protagoniste est en général un solitaire qui enquête sur une disparition mystérieuse, s’aventure au-del . . .

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Le nom de Didier Barbelivien est inconnu au Québec, mais ses chansons « Mademoiselle chante le blues », « Mon mec à moi », « Les hommes qui passent » et « D’Allemagne », interprétées par Patricia Kaas, sont restées dans nos mémoires depuis trente ans.Tout comme les belles paroles de « Michèle » – empreintes de nostalgie –, écrites pour Gérard Lenorman en 1976. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg musical : Didier Barbelivien a côtoyé les plus grands de la chanson française durant près d’un demi-siècle.En France, cet auteur-compositeur est aussi connu comme chanteur, écrivain et surtout collaborateur de plusieurs artistes, de Dalida et Julien Clerc à Sylvie Vartan, Marie Laforêt et Michel Sardou, auxquels il pouvait offrir des dizaines de textes.  Déjà, en 1978, il écrit « Elle m’oublie » pour Johnny Hallyday ; ils deviennent alors des complices. Au point que ce jeune créateur de chansons – âgé de seulement 24 ans – est un jour invité par « Jeunny

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« Ils s’échangent des idées, des armes, de l’argent ou des femmes », constate la professeure, écrivaine et militante féministe Martine Delvaux. Son essai, bien écrit et très documenté, remet quelques pendules à l’heure et engage à la réflexion. La culture du boys club n’est, hélas, pas chose du passé.Dans son livre Le boys club, Martine Delvaux rappelle l’historique du phénomène et explique toutes les facettes de cet univers clos, pour hommes seulement. « État, Église, armée, université, fraternités, firmes » et même clubs de golf, rien n’échappe à la plume de la fine observatrice. Jusqu’à récemment, plusieurs clubs privés interdisaient l’accès aux femmes afin que les hommes puissent exercer leurs privilèges loin d’elles. Il existe encore de ces clubs « For gentlemen only », surtout à Londres, où a été lancé au XVIIe siècle ce concept élitiste et sexiste qui a culminé au XIX . . .

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Elles se sont connues sur les bancs de l’Université Laval voilà soixante ans et ne se sont jamais perdues de vue. Lise Gauvin s’entretient avec son amie Marie-Claire Blais. Portrait d’un monstre sacré de la littérature.Les lieux du titre, ce sont les endroits significatifs, ceux qui ont compté et qui comptent pour Blais : Québec, Montréal, Paris et Key West, où elle vit depuis quelque quarante ans. C’est là, tour à tour, au Québec, en France et aux États-Unis, que Gauvin et elle se rencontrent, d’abord à quelques reprises au fil des ans et des colloques, puis pour ce projet, de 2016 à 2019. De ces lieux physiques il est question dans chacun des entretiens qui forment l’ouvrage.Il est aussi et surtout question de ce qu’Annie Ernaux appelle « le vrai lieu », l’écriture. On découvre comment Blais a travaillé et comment elle travaille encore assidûment, à 80 ans, ce qui a bougé dans sa conception de la narration . . .

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La petite histoire rejoint souvent la grande en éclaircissant par des faits qui peuvent être anecdotiques celle qu’on survole généralement à la lumière de quelques dates jugées fondamentales.D’abord publiées dans L’Acadie Nouvelle en 2004 à l’occasion du tricentenaire, puis la même année par les éditions La Grande Marée avec des illustrations en noir et blanc, ces chroniques racontent en vingt textes autant de premières fois dans l’Acadie naissante. Perce-Neige en présente une nouvelle édition dans un beau livre grand format (25 x 19 cm) sur papier glacé, richement illustré de reproductions d’œuvres en couleur et de cartes d’époque. Des modifications mineures ont été apportées au texte.De l’origine du mot « Acadie » au Traité d’Utrecht, alors que l’Angleterre prend définitivement possession de ce territoire, St-Louis retrace les principales « premières » qui ont marqué l’histoire de cette première Acadie dont le destin sera . . .

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L’auteur avait fait paraître en 2005 le Dictionnaire égoïste de la littérature française, qui avait ébloui la critique et lui avait valu une multitude de récompenses dont le prix Décembre, le Grand Prix des lectrices de ELLE et le Prix de l’Essai de l’Académie française.

Quinze ans plus tard, Charles Dantzig récidive et nous revient avec un autre dictionnaire égoïste consacré celui-là à la littérature mondiale.Le Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale, comme le précédent ouvrage, n’est pas un dictionnaire conventionnel. Il ne fait pas le tour d’un auteur, d’une œuvre ou d’un courant littéraire. Dantzig choisit plutôt de parler « égoïstement » de ce qui l’intéresse dans le monde des lettres et des leçons qu’il en a tirées pour son propre compte.À la rigueur et à l’austérité du lexicographe . . .

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À notre époque d’accélération technologique, d’agitation urbaine et de pénurie de temps, on ne s’étonnera pas que le fameux récit Walden ou la vie dans les bois (1854) d’Henry David Thoreau puisse encore aujourd’hui inspirer des artistes et des écrivains.Au Québec, après la pièce de théâtre Les hivers de grâce de Henry David Thoreau (2014) du dramaturge Denis Lavalou, puis l’album Retour à Walden (2018) du chanteur Richard Séguin, l’écrivain voyageur Thierry Pardo marche à son tour sur les brisées du poète et philosophe américain. « Ce livre, écrit Pardo, arpente modus peregrini l’espace littéraire ouvert par le grand homme et réactualise un siècle et demi plus tard la possibilité de vivre de nouveau […] l’expérience du bois et d’en rendre compte. » Là où Thoreau tenait tête à l’empire industriel de son temps, Pardo . . .

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Western ou thriller, peu importe, ce fascinant polar raconte un drame familial survenu au cœur du Texas, tout en soulignant la violence raciste et souvent silencieuse des lieux. Décrire avec subtilité les mœurs de l’Amérique profonde des années 1970 est un défi relevé de main de maître par l’écrivain britannique.Dans Le chant de l’assassin, R. J. Ellory met en scène le taulard Henri Quinn, qui, au moment de sa sortie de prison, promet à son codétenu Evan Riggs de retrouver sa fille Sarah pour lui remettre une lettre. Quinn est reconnaissant à son compagnon de cellule de lui avoir sauvé la vie à son arrivée au bagne trois ans plus tôt. Il veut prouver son amitié sincère à cet ancien musicien de renom, condamné à perpétuité pour meurtre. Il ne savait pas qu’il mettrait la main dans un panier de crabes, et pire encore, car pour respecter son engagement, il lui faudrait rencontrer . . .

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Voici un roman dystopique d’une remarquable originalité. Il se déroule en l’an LXIV de l’Ère Régentée, ayant débuté en France alors que Napoléon III et ses troupes entreprenaient la conquête d’un empire européen, grâce à l’assistance de voyants.Georges Parent, un lieutenant-Geist membre de la police « Dotée » et possédant donc des dons paranormaux, est chargé d’une enquête étrange portant sur l’assassinat d’une personnalité de premier plan de l’Empire Régenté. De prime abord, tout laisse croire qu’il s’agit d’un crime commis par un Séculaire, c’est-à-dire un individu souffrant du « Mal du Siècle », donc de dépression et de dépression et d’autres graves problèmes de santé mentale. C’est l’explication qui semble évidente puisque ce type de personne, en agissant sous de soudaines impulsions, échappe à la vigilance des Précognitifs. Or, la victime, Danijel Tesla (fils du célèbre . . .

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Les fins palais apprécient ce champignon délicat qui pousse parmi les reliquats charbonneux d’incendies forestiers. Si la morille de feu vole la vedette des tables gastronomiques, la savourer dans un récit est chose beaucoup plus rare. C’est probablement à une première, en fait, que nous convie Thierry Dimanche dans Cercles de feu, un road novel sylvestre, dégoulinant de testostérone, à cheval entre le western fordien et les récits d’aventures nordiques à la Jack London.La valeur des morilles de feu a engendré un nouveau Klondike qui draine les cueilleurs aventureux vers les confins boisés du Canada. Les pépites grisâtres ont ainsi remplacé leurs homologues aurifères. En Colombie-Britannique et au Yukon, nous apprend l’un des narrateurs de Dimanche, certains chercheurs se font littéralement braquer leurs récoltes. Dans ce domaine, la compétition est féroce et cela peut parfois jouer dur, doit-on d’emblée comprendre.L’essentiel de

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Nous suivons quatre personnages et leurs proches dans ce roman à saveur politique : Mahindan, un veuf, et son fils de six ans, Sellian, tous deux réfugiés sri-lankais venus par cargo avec cinq cents autres demandeurs d’asile dans la région de Vancouver ; Priya Rajasekaran, une avocate d’affaires, elle aussi d’origine sri-lankaise (deuxième génération), désignée malgré elle par son cabinet pour représenter des réfugiés ; et Grace Nakamura, arbitre de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, qui doit décider si Mahindan peut ou non être admis au pays et y refaire sa vie.Le roman s’inspire d’une histoire similaire survenue il y a près de dix ans en Colombie-Britannique.Le récit dévoile le parcours intime de ces personnages lors du long traitement administratif du dossier, notamment par des retours sur la vie sri-lankaise de Mahindan. Ce dernier, qui a quitté son pays à cause . . .

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Prague, 1995. Le directeur de la chaîne de télévision d’État confie au journaliste Ludvίk Slaný la réalisation d’un documentaire visant à faire la lumière sur un phénomène étrange qui fait de plus en plus de bruit.La quinquagénaire Verá Foltýnová recevrait la visite de Chopin qui, plus d’un siècle après sa mort, lui dicterait des partitions inédites. Pour le cartésien Ludvίk, il ne fait pas de doute qu’il s’agit là d’une mystification qui profiterait à la spirite ou à quelque complice. Son enquête cherchera à le prouver. Mais la ménagère et ex-cantinière, d’apparence honnête, d’emblée prête à collaborer dès la première visite du journaliste, crée chez lui un malaise, car elle n’a pas la tête de l’emploi.À l’époque, l’ère de l’information disponible au bout des doigts n’en est qu’à ses balbutiements. Aussi le journaliste . . .

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Voici un roman qui dépeint, à travers de courts chapitres de deux ou trois pages, la vie de jeunes Syriens organisateurs de manifestations contre le régime de Bachar al-Assad, y participant en 2011 et dans les années suivantes. On le sait, la Syrie a suivi le mouvement du Printemps arabe, lancé par la Tunisie.Mais dans ce pays multimillénaire, les choses ont bien mal tourné. L’auteur, un jeune poète maintenant immigré en France, décrit ce que pouvait être cet espoir d’enfin se débarrasser d’une dictature étouffante, mais aussi les grands obstacles, quasi incontournables, à surmonter, dont le fait qu’en cette région du monde, la liberté est un bienfait méconnu.Par petites touches donc, on voit un groupe de militants laïcs animés par des espoirs démocratiques affronter cette situation quasi impossible, qui ne laisse pas de marge de manœuvre. En fait, leur rêve est presque irréalisable, car le pays est une mosaïque . . .

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Voilà un volumineux florilège des objets philosophiques affectionnés par l’essayiste, qui fut par ailleurs ministre français de l’Éducation nationale de 2002 à 2004.De l’« Absolu » au « Vin », Luc Ferry actualise les idées phares de ses publications antérieures, en y ajoutant ici et là quelques commentaires plus spontanés qui contribuent à alléger le ton de l’ouvrage. Les 260 entrées du dictionnaire abordent une grande variété de questions, des plus conceptuelles aux plus triviales. Ainsi, à la lettre « A », l’article « Altruisme » propose une réflexion sur le souci de l’autre, pouvant être conçu comme prolongement de l’égoïsme, mais également comme effet d’une rupture avec la tendance naturelle à tout ramener à soi. En comparaison, l’article « Automobile », où l’auteur affiche sa nostalgie d’une passion, est d’une portée, disons, moins universelle.Luc Ferry le philosophe étant doublé d’un homme politique, ses écrits accordent une place de choix aux fondements et aux orientations de la . . .

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Ici encore, après François Ricard, Gérald Gaudet et quelques auteurs s’inquiètent de la disparition progressive de l’essai littéraire. Décidément. Puisqu’il s’en va, parlons-en.L’essai littéraire s’en irait tranquillement. Ou alors il se transforme, incapable de tenir en place. C’est que, voilà : « L’essai n’est pas un genre, il est un transgenre ». Cette formule initiale veut surprendre, bien sûr, en s’inscrivant (ironiquement ?) dans le discours social actuel. L’essai traverse les genres et il en est traversé, nous dit encore Gaudet en introduction.Gaudet s’entretient avec quelques essayistes significatifs dans une volonté de refaire avec eux leur parcours critique. Au passage il sonde des états d’âme. Pour commencer, il reprend certaines confidences d’écrivains parues ailleurs : l’entretien avec Pierre Vadeboncœur date de 1987, les propos de Jacques Brault sont de 1986, comme ceux de Madeleine Gagnon – ces trois essayistes nous transmettent « un héritage fondateur », le leur aussi . . .

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L’exil a toujours été source d’inspiration pour les écrivains. Anne Hébert, Mavis Gallant, Gabrielle Roy en ont fait le socle de leur œuvre, pour ne nommer qu’elles. Volontaire ou imposé, l’éloignement permet de poser un regard autre sur ce qu’on laisse derrière soi. Quel rôle joue-t-il alors dans notre imaginaire ? Nous libère-t-il ou nous enchaîne-t-il à des souvenirs que nous voulons préserver tout en sachant que la distance et le temps qui passe transforment tout ? Demeurent les mots qu’à notre tour nous interrogeons pour mieux comprendre ce qu’il en est.

D’origine bretonne, Morgan Le Thiec a publié à ce jour deux recueils de nouvelles et un roman. Installée à Montréal depuis près de quinze ans, où elle est chargée de cours à l’UQAM, elle met en question cette fois les multiples facettes des raisons qui l’ont poussée à adopter un nouveau pays, à sonder à la fois les pertes et les . . .

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À deux pas de la gare du Palais, dans la basse-ville de Québec, se trouve un quadrilatère qui passe généralement inaperçu, aussi bien pour les touristes que pour les autochtones. C’est pourtant là que se dressait en Nouvelle-France le palais de l’intendant, haut lieu du pouvoir administratif, géographiquement situé au cœur de l’activité industrielle et commerciale de la colonie, et faisant pendant au palais du gouverneur qui, lui, se trouvait sur le cap, à l’emplacement actuel du château Frontenac.De 1982 à 2016, ce site a servi de chantier-école aux étudiants en archéologie de l’Université Laval. Ce livre fait état du bilan.C’est donc à la fois une initiation à l’archéologie et un plongeon dans le passé de la ville de Québec (en tant que telle, mais aussi en tant que berceau du Canada) que ce livre abondamment illustré nous offre en cadeau. Précisons que le palais de l’intendant est loin d . . .

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Comment qualifier ce livre ? Travail de naturaliste en herbe ? Œuvre de moraliste ? Leçon d’humanité ? Il y a de tout ça dans ce récit de 1937. Ne vous trompez pas, cependant, le caméléon du titre n’a rien de métaphorique : il s’agit bel et bien du petit reptile que tous croient connaître. Qu’ils croient connaître, car c’est là une des forces de ce récit : nous en apprendre énormément sur cet animal tellement particulier, tout en nous touchant tantôt par l’anecdote, tantôt par l’éclat discret de l’écriture.Le monde se divise en deux, nous dit Francis de Miomandre : ceux qui aiment le caméléon et ceux qui n’y entendent rien. Les qualités d’âme du côté des amateurs (générosité, sens du beau, « esprit de poésie et de musique »), et ses travers de l’autre (insensibilité, jalousie, hypocrisie). J’avoue ne pas savoir de quel bord je me . . .

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Louise Portal nous montre comment écrire son journal intime… en partageant le sien.Plus de la moitié des pages de ce livre sont vierges. Au-delà de cette déception initiale, on comprend que Louise Portal a voulu, peut-être pour paraphraser Raymond Roussel, expliquer comment elle a écrit certains de ses livres pour ensuite laisser une place à son éventuel lecteur. Celui-ci trouvera dans cet ouvrage diverses suggestions pour se raconter et surmonter la fameuse « angoisse de la page blanche ». « Y coller une image, sur la page blanche, peut inspirer notre première phrase. Un paysage, une photo d’hier ou d’aujourd’hui, une carte postale, une image découpée dans un magazine […]. » On peut amorcer la rédaction de ses carnets intimes à tout âge de la vie : différents points de départ sont successivement proposés pour l’adolescence, la vingtaine, la trentaine, et ainsi de suite, sans interdire le retour en arrière, le souvenir ponctuel, la confidence, les rêves et les projets . . .

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Acceptons la prémisse de ce roman : la comète de Halley s’incarne en une nouveau-née, laquelle est tuée le lendemain de son premier anniversaire par un garçonnet du voisinage. Acceptons que la comète, soixante ans après son incarnation, rédige un résumé de sa vie terrestre dans le carnet d’une jeune fille. Acceptons enfin que cette fantasmagorie se déroule dans un lieu et un temps bien définis, soit principalement Montréal et sa région, de 1959 à 2018. Ces libertés consenties, attendons-nous cependant à ce que ce roman soit, non pas vraisemblable, mais du moins cohérent.Or, la cohérence fait souvent défaut dans La petite rose de Halley. Pour le constater, résumons la trame narrative. En juillet 2018, Gregory Paxton, un chercheur en radiologie âgé de 64 ans, établi à Hudson en Montérégie, reçoit d’un couple de Saint-Lambert, Henri et Dorine Duciel, une lettre l . . .

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De l’œuvre de Denis Vanier, je n’avais lu que quelques recueils, des livres qui m’ont habitée avec un mélange de fascination et de répulsion. La sortie de cette édition anthologique regroupant des recueils parus aux Écrits des Forges avait donc tout pour me réjouir.« Nous ne sommes plus de la race des mutants / mais de celle dont les yeux / brûlent la lumière / avec des rubans aux poignets / pour nous lier au bonheur. » Koréphilie, écrit avec Josée Yvon, s’ouvre sur les citations en exergue de Lise Fortier, première femme québécoise à devenir gynécologue, de Gilbert Langevin et d’André Malraux, puis commence sur ces lignes. Tout au long de cette moitié de recueil (l’autre moitié, celle écrite par Yvon, est parue aux Forges dans Pages intimes de ma peau) et des recueils suivants, je navigue entre noirceur intérieure . . .

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Le premier jour du titre est celui de la naissance du premier enfant. Dans ce récit, Shanti Van Dun s’attache à nommer une existence de femme profondément bouleversée par son accession à la maternité, mais bouleversée comme un plongeon dans la lumière. « Jamais plus [la bassinette] ne serait vide, quand bien même l’enfant dormirait ailleurs, quand bien même il deviendrait grand, quand bien même il quitterait la maison et ferait des enfants à son tour, quand bien même il mourrait avant nous, cette bassinette ne serait plus jamais vide. »

Le livre se construit par taches de couleur : d’abord le récit des accouchements, suivi d’une douzaine d’autres courts récits qui nomment la vie quotidienne avec une poésie et un lyrisme qui réconfortent le lecteur. La lumière est tellement présente dans ce texte que même les moments plus graves (fausse couche, séparation, etc.) ne semblent pas pouvoir ronger la force de vivre qui . . .

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L’animateur de l’émission radiophonique Quand le jazz est là, diffusée à Radio-Canada, publie un recueil de textes aux allures de déambulation littéraire autour du jazz. Il y est question, bien sûr, de cette envoûtante musique, mais aussi de cinéma, de littérature, de parcours singuliers de musiciens, de même que des liens entre le jazz et l’histoire des Afro-Américains.

La préface est de Gilles Archambault. Normal, puisque ce dernier, lui aussi littérateur et passionné de note bleue, a longtemps animé sur les ondes de la radio d’État l’émission Jazz soliloque. Avant cela, on se demande même si le jazz avait été inventé. Depuis un peu plus de dix ans toutefois, l’homme du jazz à Radio-Canada se nomme Stanley Péan.

De préférence la nuit s’intéresse à plusieurs musiciens emblématiques, notamment les Miles Davis, John Coltrane, Chet Baker et compagnie. Il . . .

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Dans les romans qui nous projettent dans l’avenir, qu’ils soient de Wells ou de Huxley, de Bradbury, Döblin, Werfel ou même dans une certaine mesure dans l’Héliopolis de Jünger, l’anticipation est rarement joyeuse ! La palme revient sans doute à La route de Cormac McCarthy, qui suit l’errance des rares survivants d’une catastrophe.

Contrairement à la science-fiction, qui recoupe ou inclut souvent l’utopie politique, dans 1984 pas de fusées intergalactiques, ni de robots plus intelligents que les hommes. George Orwell s’attache exclusivement à l’organisation politique et sociale d’un État imaginaire et reconnaissable avec des populations bien terrestres et pas de progrès technologiques notoires. Mais, il faut bien le dire, 1984 est sinistre et sa noire opacité s’accentue à mesure que le roman va vers sa fin, qu’on connaît d’avance et redoute car elle est . . .

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C’est l’histoire d’un Congolais vivant à Paris et dont le père a été injustement emprisonné et torturé par le cruel Django en République démocratique du Congo, durant une période de dix mois : on ne sait vraiment pour quelle raison.

C’est bien sûr un gros drame dans la vie du narrateur, Emmanuel, même si son père, un bon vivant, maintenant décédé, a souvent raconté cet événement indigne avec une ironie énigmatique.

Puis un jour, avant un départ prévu pour une longue durée, Emmanuel se rend dans une cabine téléphonique pour y faire un appel et tombe – immense hasard – sur le portefeuille oublié de Boudarel. Ce dernier, professeur d’université, fait l’objet de l’attention médiatique du moment : il est accusé de crimes contre l’humanité, pour des actions menées il y a des décennies, en Indochine.

Emmanuel le contacte pour lui rendre son portefeuille, mais avec la ferme intention . . .

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Une saga familiale et une histoire de vengeance sur fond de contrebande de bourbon et de courses automobiles clandestines : ce nouveau roman de l’auteur de La poudre et la cendre est tout simplement éblouissant.

Taylor Brown a situé l’action de son troisième roman (son deuxième traduit en français) en Caroline du Nord à l’automne 1952. On y suit le récit de Rory Docherty, un jeune homme qui vient de rentrer à Howl Mountain après avoir combattu dans la guerre de Corée. Celle-ci lui a laissé des visions d’horreur et une jambe de bois. Rory se met à travailler pour Eustace Uptree, le roi des alambics des montagnes et l’oncle d’Eli, son meilleur ami. Avec l’agent fédéral Kingman à ses trousses et une dispute qui dégénère avec Cooley Muldoon, un voyou adepte de courses illégales, Rory connaît une série d’ennuis, ainsi que l’amour, puisqu’il s’éprend de Christine . . .

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Des personnages auxquels on s’attache, une écriture alerte et inventive, des rebondissements qui maintiennent l’intérêt, des références à des personnalités de l’heure, des points de vue critiques et drolatiques sur des sujets qui font la une de l’actualité : l’éducation, la psychiatrie, la pharmacologie, tous les ingrédients sont ici rassemblés pour assurer au premier roman de Simon Leduc, L’évasion d’Arthur ou la commune d’Hochelaga, un succès certain.

Mais de quoi est-il question dans ce livre ? Le titre fait d’emblée allusion à un lieu, une situation d’enfermement dont on souhaiterait se libérer, et à un modèle d’organisation sociale, la commune, qui eut à une époque pas si lointaine son heure de gloire. « La neige tombe pus, è pousse. » Ainsi débute le roman, comme un premier avertissement au lecteur que les choses ne se dérouleront pas nécessairement dans l’ordre établi, ni dans une langue en camisole d . . .

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Le deuil... Avec délicatesse et émotion, Brigitte Lavallée se remémore les trois deuils qui l’ont marquée. Autant d’étapes dans sa vie, autant de questions auxquelles il lui est impossible de répondre autrement que par une prise de parole.

Chacune des trois parties du recueil aborde un de ces deuils. « Qu’est-ce que la mort pour la neige ? » traite de la mort en bas âge de la sœur jumelle : « Dans la transparence des algues / je t’aperçois / à peine voilée ». Des souvenirs effleurent, parfois reliés à leur enfance, parfois à la maladie. Courtes notations qui tentent de préserver le souvenir : « La couleur se souvient-elle de toi ? » Subsistent le manque, le sentiment d’un destin inachevé : « As-tu un nom à mettre autour de toi / qu’est-ce qui m’enlace / sinon tes cendres ». Mais la présence de la sœur demeure, comme une ombre, et malgré tout vivifiante : « [D]ans l’écho de ta genèse / tu portes avec moi . . .

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D’emblée, le titre surprend par l’injonction, l’appel à la combativité, indissociable ici du ravissement que l’on ressent lorsque l’on parvient, contre vents et marées, à maintenir le cap, à relancer la quête qui nous porte et nous désespère tout à la fois, et à laquelle on ne peut se soustraire. Hymne à la création, à la persévérance, tout autant que méditation sur les motivations qui tenaillent le créateur, Fais ta guerre, fais ta joie, c’est aussi ce regard croisé sur l’écriture et la peinture, cette tentation réciproque d’envier parfois les outils de l’autre qu’il paraît manier mieux que les nôtres. Robert Lalonde n’en est pas à ses premières incursions en ce domaine ; il s’y aventure cette fois en rendant hommage à son père, figure maintes fois évoquée dans son œuvre, à la dérobée, le plus souvent effacée, mais qui ici détermine d’entrée . . .

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La plume qui foudroie, celle de Nelly Arcan, ne pouvait pas ne pas laisser ses traces et ses influences profondes dans nombre d’aventures littéraires. Mon ennemie Nelly de Karine Rosso est l’une d’elles, dont on pourrait dire une œuvre scarifiée par une vie sacrifiée.

La narratrice de Mon ennemie Nelly qui se tient au plus près de la romancière a quadrillé les routes sud-américaines pendant quatre ans, de la Patagonie au Mexique, pour empêcher la bête affamée tapie en elle de grandir. Au hasard de ses pérégrinations, la jeune Montréalaise d’origine colombienne a rencontré l’Argentin Leo, qui en prenant belle prendra pays. De retour en sol québécois, le couple s’installe dans une existence aux accents bohèmes, près des amies et d’une famille richement colorée.

Un soir, à la faveur d’un cinq . . .

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Dans ce premier livre, la nouvelle venue en poésie ouvre la porte d’une prison intérieure où la vie semble se jouer à l’envers d’elle-même.

« [E]t j’espère que tu ne m’en voudras pas d’avoir fait de ma détention la plus belle chose qui soit. » Les premières pages, une adresse possiblement à l’enfant, mais peut-être à un amoureux, annoncent la couleur. La mort a le visage d’une amie intime pour la narratrice, qui la connaît et semble vivre avec elle au-dessus de sa tête ou la porter sur son dos, comme une robe. Sa conscience de la finitude des choses, à commencer par celle de sa propre existence, est si aiguisée, c’en est d’une beauté triste, comme si l’on ne pouvait s’en défaire, dans un rapport d’amour-haine. Le suicide, l’idée de, sa simple possibilité est si réelle qu’à la lecture, j’en suis prise de . . .

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Le père meurt et du coup la fille se rend compte qu’elle ne connaît pas vraiment cet homme. Au sentiment douloureux de la perte s’ajoute le remords, d’où naîtra une quête, et un livre.

Céline Huyghebaert a quitté sa France natale pour s’installer au Québec en 2002, où elle a poursuivi des études universitaires sur la littérature et l’art. Son livre Le drap blanc est l’aboutissement d’une démarche artistique multiforme et très personnelle, basée sur la recherche des traces symboliques laissées par son père après sa mort. Le livre est ainsi conçu comme un album dans lequel sont interrogés, et mis en relation, tant les objets ayant appartenu au défunt que les souvenirs de ses proches. Commentaire d’un ami de l’autrice appelé à témoigner : « La mort est une chose difficile à saisir, difficile à vivre. Comprendre qu’on va mourir, nous aussi – chose . . .

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Très tôt dans sa vie, Hope Jahren a su que les laboratoires seraient les endroits où elle voulait passer sa vie. (En anglais, son ouvrage s’intitule d’ailleurs Lab Girl). La révélation de sa vocation, elle l’a eue dans les années 1970 (elle est née en 1969) quand son père l’amenait dans les labos du collège d’une petite ville du Minnesota où il enseignait les sciences. Plus tard, elle dira même : « Parce que le monde ne peut entrer dans mon labo, il est devenu l’endroit où je peux être moi-même », témoignant ainsi d’un malaise avec ce qui n’est pas la science.

C’est peu dire que Jahren aime la botanique. Elle fait pratiquement corps avec elle. Souvent dans les colloques, quand on lui demande l’objet de ses recherches, elle répond qu’elle veut comprendre « ce que c . . .

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Plusieurs, et j’en suis, ne seront pas fâchés que s’arrête ici la trilogie de l’écrivain David Lagercrantz, celui qui a ressuscité Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist à la demande des héritiers de Stieg Larsson, le célèbre créateur de Millénium mort en 2004.

Au-delà de la discussion à savoir si oui ou non Lagercrantz a commis un crime impardonnable en continuant l’œuvre d’un auteur décédé, le public et la critique étaient déjà divisés sur les qualités intrinsèques de Millénium 4. Ce qui ne me tue pas et de Millénium 5. La fille qui rendait coup pour coup. Avec raison d’ailleurs, puisque Millénium 6. La fille qui devait mourir manque d’intérêt et surtout de souffle, Lisbeth et Mikael étant devenus l’ombre d’eux-mêmes.

Bien sûr, Lisbeth est . . .

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Connu comme celui qui attaque la mafia par les livres, l’écrivain vit sous protection policière depuis 2006. Héros pour les uns, trouble-fête donnant au monde une mauvaise image de l’Italie pour les autres, il poursuit son combat sans fléchir.

Après les essais Gomorra (2007) et Extra pure (2014), dénonciateurs du crime organisé et des narcotrafiquants, l’auteur napolitain publie un premier roman.

Empruntant cette fois le chemin de la fiction, Roberto Saviano nous transporte dans l’univers troublant et sans merci d’adolescents criminels dont le pouvoir est en hausse dans la hiérarchie de la Camorra, l’organisation mafieuse italienne implantée de longue date à Naples et dans la région de la Campanie. Si le récit de Piranhas est fictif, il est toutefois représentatif d’un phénomène bien réel. Saviano était au départ journaliste et son travail d’écrivain est toujours . . .

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Depuis l’invention du daguerréotype en 1839, la photographie est considérée comme un document d’archives à part entière. Pendant un siècle, elle allait  presque exclusivement être en noir et blanc. « [Notre] livre souhaite rendre son éclat à un monde ‘délavé ’ », écrivent les auteurs dans la préface de La couleur du temps. Leur projet : rafraîchir notre regard sur l’Histoire en restituant leurs couleurs aux images du passé. Dan Jones, historien britannique, et Marina Amaral, illustratrice brésilienne, revisitent un peu plus d’un siècle d’histoire, depuis la guerre de Crimée jusqu’à la guerre froide, depuis l’âge de la vapeur jusqu’à celui de la conquête spatiale, depuis l’ère des empires jusqu’à celle des superpuissances.

Après l’examen de quelque 10 000 photos, le choix des images retenues par les auteurs a obéi à deux principes : balayer les continents et les cultures, mêler le célèbre et le méconnu. Au total . . .

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Ce premier roman d’une artiste pluridisciplinaire inuite canadienne nous plonge dans un univers où le fantasme bouscule le réel, où les contours de la réalité sont brouillés sous les coups répétés d’envolées oniriques et mythologiques.

Tanya Tagaq est née au Nunavut, dans la communauté d’Ikaluktutiak. Comme chanteuse de gorge, elle s’est acquis une renommée enviable à l’étranger grâce à ses collaborations avec Björk et le Kronos Quartet. Elle a fait sa marque sur la scène musicale canadienne, remportant entre autres un prix Polaris en 2014 et un prix Juno en 2015 pour son album Animism. Son premier roman, Croc fendu, a pour trame principale le vécu d’une adolescente en voie d’atteindre l’âge adulte, dans une communauté de l’Extrême-Arctique canadien.

Le début du récit est situé en 1975, et la jeune narratrice inuite met brutalement en place les éléments du . . .

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Les professeurs ont besoin de partager leurs recherches et d’être à l’écoute de celles de leurs collègues. Les colloques sont le moyen privilégié pour créer des occasions d’échange et de partage. Encore faut-il que ces événements soient accessibles géographiquement et qu’ils soient porteurs des sujets qui préoccupent ces chercheurs. Là est le rôle de l’Association des professeurs des littératures acadienne et québécoise de l’Atlantique (APLAQA), dont les colloques ont lieu presque toujours dans cette région.

On y cherche à « inscrire dans la durée la recherche littéraire en contexte minoritaire » en stimulant la réflexion sur les littératures acadienne et québécoise et « à les mettre en rapport avec toutes les autres littératures d’expression française du Canada et du monde ». Fondée au printemps 1991 par deux jeunes professeurs de l’Université du Nouveau-Brunswick, Robert Viau et Louis Bélanger, l’association organisait son premier colloque à l’automne . . .

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Il est des aventures qui durent le temps d’une fleur : elles naissent, grandissent, inspirent, se fanent et meurent. Ainsi en est-il du Parti acadien, né dans la mouvance de la génération lyrique et disparu lors de la crise économique des années 1980. Entre les deux, l’espoir.

Dans cet essai issu de sa thèse de doctorat soutenue en 2012, Michael Poplyansky relate le parcours du Parti acadien de sa création à Bathurst en 1972 à sa disparition en 1982. Une décennie durant laquelle les militants imaginent tour à tour l’annexion de l’Acadie au Québec, puis la création d’une province acadienne avant de se rendre compte que les réformes proposées par le gouvernement conservateur de Richard Hatfield étaient jugées suffisantes par l’immense majorité des Acadiens et que par conséquent, le Parti avait perdu sa pertinence.

Écrit à l’époque où Poplyansky était professeur à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, cet essai très bien documenté trace . . .

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Une petite île au large de la Péninsule acadienne. Un tout petit village. Des habitants qui vivent de petits événements. Le calme. Rien pour faire les manchettes du journal provincial.

Lumina Duguay a un rêve : devenir une pianiste de concert. La sœur qui lui a enseigné les bases l’a encouragée, mais l’élève a dépassé la maîtresse. Pour Charles Duguay, propriétaire du magasin général de Cap-Saint-Pierre, la petite ville qui fait face à l’île, le piano, ce n’est pas un métier : il souhaite que sa fille épouse le fils du médecin, futur médecin lui-même, et qu’elle se concentre sur son rôle de femme. Alors, il se débarrasse du piano qui la distrait trop.

Elphège Arsenault, qui vit sur l’île des Potabrés, est un pêcheur et un homme à tout faire : il n’a d’autre ambition que de fonder une famille avec la belle . . .

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La bien connue et fort appréciée romancière française Fred Vargas délaisse les folles et toujours fascinantes mésaventures de son commissaire Adamsberg pour lancer un appel à tous « sur l’avenir de la Terre, du monde vivant, de l’Humanité. Rien que ça ».

Fred Vargas – ou Frédérique Audoin-Rouzeau – est née à Paris en 1957. Auteure d’une vingtaine de romans policiers publiés dans 22 pays, elle est docteure en archéozoologie, médiéviste et anciennement chercheuse au prestigieux CNRS de France (Conseil national de la recherche scientifique). Sa formation en sciences se manifeste dans ses polars par un souci obsessionnel du détail et de la vraisemblance, qui ajoute un niveau d’intérêt non négligeable à sa plume vive et humoristique.

« Mais bon sang, comment vais-je me sortir de cette tâche insensée ? Alors que je sais très bien que vous auriez préféré que je vous livre un roman policier », avoue-t-elle. Il . . .

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« Amérindiens, Pygmées, Maoris, Samis, Kanaks... ils sont plus de 370 millions, sur tous les continents, parlent plus de 400 langues et vivent sur 20 % des terres de la planète où se trouve 80 % de la biodiversité mondiale », tel est aujourd’hui le portrait des descendants des premiers occupants de la planète, que brosse Sabah Rahmani. À première vue, on pourrait croire qu’avec une telle population leur survie est assurée. Bien sûr, il n’en est rien, si l’on considère leur dispersion, leur relatif isolement et, de ce fait, leur difficulté à faire respecter leurs droits.

« Depuis près de 30 ans des organisations indigènes fleurissent et luttent aux côtés d’associations de scientifiques, de citoyens, de personnalités et de quelques politiques pour faire reconnaître leurs droits » avec des succès mitigés jusqu’à maintenant, nous rappelle l’auteure. Seule la Convention 169 de l’Organisation . . .

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Écrire parce qu’elle n’aime rien faire d’autre, parce qu’une force intérieure l’habite, parce que les personnages affluent et lui demandent de les laisser vivre, parce qu’écrire, c’est être.

Antonine Maillet écrit depuis toujours et écrira aussi longtemps que sa vie durera.

Ce Clin d’œil au Temps qui passe est un hymne à l’écriture : « Ce Temps, c’est le mien, c’est moi. Ma vie. Une valse à trois temps : l’aube, le plein jour, la brunante ». Les trois phases de sa vie : la pulsion d’écrire ou de s’imaginer écrire, écrire ce qu’elle a imaginé, dresser et écrire le bilan.

Dans Fais confiance à la mer, elle te portera (Leméac, 2010), un très beau et touchant essai, elle donne les trois mots clés de son « arsenal » : liberté, imagination et inspiration ; elle y écrit d’ailleurs : « […] mon premier personnage, que je le veuille ou non, c’est moi ». Dans

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Que de jours et de nuits se sont succédé sous le toit du Maroc, du Maghreb et du Moyen-Orient depuis la parution de O mes sœurs musulmanes, pleurez ! en 1964. Témoignage naïf mais combien poignant d’une Algérienne quand, devenue nubile à douze ans, elle se voit soudain privée de toute liberté et mariée. La liberté, elle en avait été instruite à l’école en côtoyant des fillettes européennes. L’horizon s’est-il éclairci depuis ces temps qui paraissent assez lointains ?

Cinq décennies après le cri de la jeune Algérienne Zoubeïda Bittari, la coercition, la cravache si besoin est, contrôlent encore la vie des femmes marocaines qui n’ont guère le choix que de se plier à la prérogative sexuée et sexuelle de l’homme ; voilà en résumé le tragique constat d’Osire Glacier, spécialiste de l’histoire des femmes et des droits de . . .

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Originaire du Rwanda, Marie-Josée Gicali est arrivée au Québec en 1998 grâce à une bourse d’études. Elle est aujourd’hui détentrice d’un doctorat en sciences de l’éducation, obtenu à l’UQAM. Mais, avant tout, elle est une survivante, et même une miraculée, du terrible génocide perpétré en 1994. Dans son ouvrage autobiographique, elle témoigne de l’horreur qui s’est abattue sur son pays d’origine, il y a 25 ans de cela.

À compter du 7 avril 1994, en à peine trois mois, un million de personnes (surtout des Tutsis), hommes, femmes et enfants, ont été pourchassées, torturées, assassinées, souvent à coups de machette, dans des conditions horribles. Plusieurs membres de la famille de l’auteure font partie des victimes de ce génocide, le plus rapide dans l’histoire de l’humanité. L’élément déclencheur de cette hécatombe a été la mort du président Habyarimana, après qu’un missile a ét . . .

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Edgar Morin disait du cinéma que, sous sa volonté de faire vrai, celui-ci était invariablement connecté, sans égard au genre adopté, avec le monde du rêve, des fantasmes et d’une certaine animalité irrationnelle. L’hypothèse du sociologue se révèle d’autant plus vraie pour le gore et la pornographie.

Caractérisé par une abondance de sang et de démembrements, le gore serait né au tournant des années 1960. Linda Williams, mère des porn studies, définit pour sa part la pornographie comme un usage particulier de l’« on/scenity », à savoir la volonté de mettre en scène ce qui, par rapport à la sexualité, reste généralement contenu dans la sphère privée : corps nus, organes sexuels, orgasmes, etc.

En insistant sur la monstration des fluides corporels (sang et sperme), nous dit Éric Falardeau, ces deux genres exprimeraient un rapport trouble au corps. C’est la thèse que ce dernier soutient dans . . .

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Guy Rocher est un des représentants, de plus en plus clairsemés, d’une génération qui, façonnée par les cours classiques dans un Québec clérical, s’est servie de cette formation rigoureuse pour faire sortir le peuple québécois du cadre religieux. Comme beaucoup d’autres dont des entretiens biographiques ont été publiés dernièrement (Denis Vaugeois, Georges Leroux), on est étonné de l’entendre ne dire que du bien de cette éducation dans la foi, alors que les échos qu’en reçoivent aujourd’hui ceux qui n’ont pas connu cette époque sombrent plutôt dans l’anathème. Pour Rocher, le collège classique a été une bénédiction (« C’est au collège que j’ai découvert le goût de l’étude et ce goût d’apprendre »), et ses années à la Jeunesse étudiante catholique (JEC) – dont la devise sert de titre à ce premier tome – se sont avérées éminemment stimulantes et . . .

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Connaît-on Nicole Brossard ? Quelle Nicole Brossard connaît-on ? La poétesse que l’on disait froide, cérébrale et abstraite ? Ou la femme fervente qui nous dit, le plus simplement du monde, « j’aime la vie » ?

Toutes deux prennent la parole dans les quatre entretiens que nous offre Gérald Gaudet : trois entretiens parus ailleurs en 1985, 1990 et 2016, qu’il fait précéder d’un entretien inédit, de 2016 lui aussi. Chacun est accompagné d’une brève introduction.

Soyons franc d’entrée de jeu : je ne recommande pas ces substantiels entretiens à qui ne connaît pas au moins un peu le parcours et l’univers de Brossard, je ne proposerais certainement pas ce livre comme porte d’entrée dans l’œuvre. Pas que les entretiens ne soient pas solides et éclairants. Au contraire. Ils vont droit au but, directement au cœur de la question, et là réside peut-être une partie de mon hésitation : Brossard n . . .

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En plus de ses 250 éditions, de ses nombreuses traductions et de ses diverses formes d’adaptation (cinéma, théâtre, radioroman, bande dessinée, suite romanesque, etc.), le roman Maria Chapdelaine, ce grand classique de la littérature du début du XXe siècle, a généré de multiples relectures. Déjà en 1980, dans Le mythe de Maria Chapdelaine, Nicole Deschamps constatait qu’il s’agit d’un « récit qui se perpétue en marge de lui-même et de son histoire », qu’il « est d’abord l’œuvre de ses lecteurs qui, à leur insu, l’inventent à leur façon ». Jusqu’à présent toutefois, peu d’études se sont réellement intéressées à la mort de François Paradis, une mort « gênante », voire suspecte, nous apprend l’ouvrage de David Bélanger et Thomas Carrier-Lafleur. Selon ces derniers, en effet, « quelque chose est camouflé dans le récit de Louis . . .

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Et si nous n’étions que des papillons de nuit (savèches, en acadien du nord-est) attirés par la lumière au point d’y laisser notre peau ? Et si nous étions capables de l’apprivoiser plutôt que de la laisser nous détruire ?

Quelle est cette lumière? D’abord celle d’Internet, qui nous offre le monde mais fragmenté en d’innombrables avenues comme si rien ne l’unissait. Ce monde dans lequel baigne la génération Y, celle de Jonathan Roy. Ce monde qui semble éclaté en mille éclats. Ce monde dans lequel le sens de la vie perd tout son sens : « Je ne parlerai donc que de ceux qui doutent toujours […] qui doutent de leur utilité dans l’univers et de leur existence ». Un cri qu’il poursuit dans tout le recueil à la recherche de la place que pourrait occuper sa génération : « Tu cherches les symptômes / de ta génération sur les forums tu es / une . . .

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Je lis La douleur du verre d’eau comme j’enfilerais une veste de laine chaude, légèrement élimée sur les coudes, comme je braillerais ma vie et continuerais d’espérer.

Jean-Christophe Réhel ouvre le bal avec un poème long de cinq pages dont il a le secret du mouvement qui se déplie et revient sur lui-même ; une vague sur l’eau, des larmes qui n’en finissent plus de couler et de brûler les joues, un mélange d’abandon et de lutte. La démarche du poète est souple sur le chemin qu’il s’est tracé. Publié peu de temps après La fatigue des fruits, paru chez L’Oie de Cravan, ce nouveau livre poursuit là où le précédent nous laissait et aborde les thèmes qui font désormais la marque du poète : la santé fragile, le corps qui lâche, la mort juste au . . .

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Fascinée par le témoignage de l’Allemande Margot Wölk, paru en 2014 dans un journal italien, où celle-ci racontait pour la première fois comment elle était devenue, pendant deux ans, goûteuse pour Hitler, la romancière italienne Rosella Postorino décida, à défaut de pouvoir rencontrer Mme Wölk morte peu de temps après, de faire de son histoire le canevas d’un roman sur l’ambiguïté.

Nous sommes en 1942, Margot Wölk (Rosa Sauer dans le roman) a dû fuir Berlin sous les bombes et trouver refuge chez ses beaux-parents en Prusse orientale, tout près de la « tanière du loup », le quartier général d’Hitler sur le front de l’Est. Occupés vaille que vaille par le train-train des tâches domestiques, elle et ses beaux-parents attendent avec anxiété des nouvelles de Gregor, le jeune époux parti combattre sur le front russe. Mais bientôt la jeune . . .

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Lire un roman turc traduit en français nous introduit dans un monde à la fois étrange et familier. Quel que soit le récit auquel nous convie son auteur, il nous plonge immanquablement dans la richissime culture de ce pays au confluent de l’Asie et de l’Europe. Quand de surcroît le romancier est un écrivain nobélisé, les attentes du lecteur sont très élevées.

Au moment d’entreprendre des études supérieures, le jeune Cem se voit offrir un travail d’été auprès d’un maître puisatier. Ces quelques semaines de labeur s’avéreront une expérience essentielle, qui marquera à jamais la vie du jeune homme. Dans la petite ville à la périphérie de laquelle Cem et un autre apprenti creusent la terre pour y trouver de l’eau sous la direction du maître, une troupe de théâtre est de passage. Parmi les artistes, une femme aux cheveux roux attire l’attention du garçon, qui en tombe amoureux . . .

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Le célébrissime auteur nous entraîne cette fois au Maroc, pays de plus en plus connu des Québécois en raison de l’immigration et du tourisme.

Sarah Ikker est le nom d’une jolie jeune femme, fille d’un cadre supérieur de la police de Tanger et mariée elle-même à un policier, Driss, campagnard instruit et attirant.

Sans enfants, tous deux mènent la belle vie; ils voient leur parcours de bonheur complètement brisé lors d’une soirée où, chacun ayant son activité mondaine, Driss revient et retrouve sa femme nue, sans conscience et barbouillée de sang. Elle a manifestement été violée.

Même si sa femme se remet de l’événement, du moins physiquement, ce viol plonge Driss dans un abîme dont il se relève uniquement grâce à des collègues bienveillants. Il décide alors de mener sa propre enquête, faisant peu confiance à celui qui dirige officiellement les investigations visant à identifier le coupable . . .

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Délicatesse. Douceur. Ces mots viennent à l’esprit quand on lit les poèmes d’Hélène Harbec. Éphémérides de la vie quotidienne, ils posent un regard sur l’accessoire qui, pourtant, caractérise le cheminement d’une vie. Rien d’important ne survient. Tout est dans le détail, dans l’attention portée au lent mouvement de la journée. D’un recueil à l’autre (celui-ci est son sixième), l’auteure explore le sens des petits gestes.

Hélène Harbec note l’instant, en retient l’essentiel et le livre dans une prose lumineuse. Son dernier recueil couvre trois saisons présentées chronologiquement : été, automne et hiver. Presque une année dans la vie calme de la poète. Retraitée, elle se consacre à l’écriture, commentatrice attentive de sa propre vie : « L’absence de désir de raconter une histoire n’empêche pourtant pas de sentir des présences qui avancent comme des personnages. De percevoir aussi ce personnage . . .

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En une petite centaine de pages, Danielle Fournier propose une exigeante narration poétique sur la perte et l’abandon, tout en douceur et en simplicité. Autant un hommage nostalgique aux siens qu’un « véritable hymne à la nature », comme annoncé en quatrième de couverture.

En trois courtes nouvelles – ou peut-être sont-ce trois longs poèmes –, l’écrivaine se raconte et raconte aussi sa famille et ses deuils. Dans Celle qui marchait sur la pointe des pieds, il y a tout d’abord « Les veines brûlées », où un « je » prénommé Grâce parle de son père et de son fils, tous deux décédés. Une peine immense. « Une femme aux prunelles lapis-lazuli étendue dans un lit entre son père et son fils, à les porter tous deux sur ses épaules. »

Suit « De même, la neige et la pluie », texte dans lequel « elle » se souvient de sa mère, de la douceur de sa présence . . .

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Un livre de langueur, construit avec minutie et qui épouse le mouvement du souffle comme celui des vagues ; une invitation à danser avec la fatigue.

J’ouvre Les grandes fatigues un dimanche matin. C’est congé, il fait soleil, la maison est fraîche et les seuls mots qui me viennent à l’esprit sont ceux du Jean-Claude des Valseuses : « On n’est pas bien là ? » Je me laisse bercer par les deux brèves parties en forme d’allégorie sur des gens qui vivent en marge, sur le bord de l’eau, par les neuf sections qui creusent les profondeurs de la fatigue, par ces « Échos », où la poète ouvre sa bibliothèque sous mes yeux et mêle sa voix ou plutôt, dialogue, avec celles de René Lapierre, Maurice Blanchot, Sylvia Plath, entre autres, qui viennent boucler le livre.

Les premiers poèmes mettent en lumière une sensation d’égarement, de perte de sens, un désir de se . . .

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Ce récit offre quelque chose de tout à fait inattendu. Je ferme le livre et je le sens : j’ai rarement lu l’équivalent. À quoi tient mon étonnement ? D’abord au fait que, à trois ou quatre personnages près – un médecin, deux prêtres, un jeune interne –, le récit ne met en scène que des femmes. C’est rare. Je me demande encore : récit ou roman ? Je tranche, sans rien enlever à la valeur du résultat : reportage déguisé en récit, un récit habile.

Madame 60 bis raconte les quelques jours qu’une femme enceinte et sans ressources va passer à l’Hôtel-Dieu de Paris. Tout tient entre son arrivée et son départ avec son fils dans les bras. Description des lieux, des gestes, des bruits et des corps, des odeurs. Rien de romanesque au sens fleuri du terme. Ça va lentement et pourtant ça avance son train, le récit progresse avec la semaine qui tient . . .

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Admettons, avec Maurice Blanchot, que la littérature commence au moment où elle devient une question. Pressés de toutes parts par d’incessantes interrogations, nous sommes ici en pleine lecture littéraire.

Cassie Bérard enseigne la création littéraire à l’UQAM. Elle dirige ce collectif de neuf jeunes écrivains qui conjuguent écriture et inquiétude. Le recueil s’inscrit sous le double patronage de Fernando Pessoa et de Blanchot, deux noms qui indiquent la teneur des textes et la perspective dans laquelle les auteurs travaillent. Bérard signe l’essai d’ouverture, une cinquantaine de pages génériquement hybrides et d’une lecture à la fois simple et ardue. Il y a quelque chose de Kafka et peut-être de kafkaïen dans son essai, un essai qui, pour sa part, conjugue aussi fiction et examen critique (ça n’a rien d’un reproche). Nature et frontière de la fiction, fonction de l’écriture : les préoccupations de Bérard sautent aux yeux à chaque page, mais . . .

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On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Avec ce septième recueil de nouvelles, notre collaborateur montre plutôt que d’une image naissent mille mots. Chacun de ses récits est en effet inspiré d’une photographie reproduite en tête du texte.

Vingt-six nouvelles, toujours brèves (entre six et dix pages) et précédées des photographies qui les ont fait naître. C’est Anne-Marie Guérineau – la cofondatrice du magazine Nuit blanche et sa directrice de 1990 à 2011 – qui les a mises à la disposition de l’auteur. Le lecteur ignorera tout de l’identité des gens saisis sur le vif : une jeune femme enceinte posant nue ; une autre vêtue d’une salopette et poussant un cri (de rage ? de joie ?) ; un homme en noir à la mise élégante ; une vieille femme au bonnet blanc lisant un livre intitulé J’ai percé le mystère des soucoupes volantes . . .

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Denis Vaugeois est un homme de contenu. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de trouver dans cette biographie en forme d’entretiens une mine d’informations, aussi bien sur la vie même du protagoniste (historien, fonctionnaire, ministre, éditeur) que sur la vie politique du tournant des années 1980, sur les coulisses du monde de l’édition et, bien sûr, sur le fil conducteur de sa vie : l’histoire du Québec.

On ne doute pas que Denis Vaugeois aurait eu la verve et la trempe nécessaires pour prendre en main et rédiger sa propre biographie. Il n’empêche, cette formule questions-réponses donne une perspective particulière de la vie de l’homme, passée par le filtre curieux et informé de Stéphane Savard, qui voit en Vaugeois « l’un des historiens qui ont le plus marqué la société québécoise depuis le début de la Révolution tranquille ».

Les témoins de cette génération qui . . .

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Julie, la narratrice écrivaine, mère de deux enfants adultes et grand-mère, vit en couple avec Paule. Comme l’auteure, elle enseigne la littérature et, chaque année, salue le renouveau printanier en se consacrant à son jardin.

Une nuit, peu avant Noël, sa voisine est amenée en ambulance. Au matin Julie apprendra que Lisa est morte d’un infarctus. Cette mort subite la ramène à son collègue René, dont elle n’a pas fini de faire le deuil. Ni ex-mari, ni amant, ni parent, René était plus qu’un ami, même si elle ne le voyait qu’au travail. Un sage avec qui elle aimait partager des réflexions sur le sens de la vie. Elle dit entendre encore sa voix en elle. À se frapper au mystère de la mort, la narratrice qui se parle au « tu » s’interroge sur sa vie qui lui apparaît vide, se dit qu’elle ne sait pas vivre. Rien dans le récit ne . . .

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L’histoire traditionnelle est une affaire d’hommes, du moins c’est ce que semblent démontrer les nombreux livres d’histoire politique. Pourtant. En Égypte, en 1238, une femme est devenue pour la première et unique fois « sultane » de ce pays et de la Syrie. C’est le destin exceptionnel de cette femme qui est au cœur de ce roman historique.

Offerte au sultan Al-Salih, l’esclave Chagaratt el-Dorr devient sa concubine puis l’une de ses quatre femmes. Belle, intelligente et douée d’un sens politique hors du commun, elle devient la conseillère de son mari et maître. À la suite du décès d’Al-Salih, elle prend le pouvoir, chasse les Francs d’Égypte, mais est contrainte d’abdiquer au bout de trois mois : les religieux ne peuvent accepter une telle entorse à la loi musulmane. Le Grand Conseil désigne alors l’émir Aybak comme sultan. Aybak est un ami de Chagaratt, et elle l’épouse, retrouvant ainsi son . . .

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Plutôt que de souscrire à l’« histoire sociale », l’historien américain John Demos a opté pour l’« histoire narrative » afin de raconter la captivité, chez les Iroquois mohawks de Kahnawake, d’Eunice Williams, fille du puritain John Williams, éminent pasteur de Nouvelle-Angleterre au début du XVIIIesiècle.

Le 29 février 1704, sous la conduite du jeune lieutenant Jean-Baptiste Hertel de Rouville, une cinquantaine de Français et un groupe composite formé d’Abénaquis de Saint-François, de Hurons de Lorette et de Mohawks de Kahnawake attaquent le village de Deerfield, au Massachusetts. Les Indiens – « erreur » d’appellation retenue par l’historien, « bien qu’avec réticence » – massacrent alors les habitants, suppriment les animaux, pillent et brûlent les maisons, et font quantité de prisonniers. Parmi ceux-ci, on compte John Williams, sa femme et cinq de leurs enfants ; deux autres, âgés de six ans et de six semaines, sont abattus sur place. Durant la longue et contraignante marche . . .

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Dave Corriveau a étudié à l’Université Laval en histoire et en sociologie. Il est coauteur du livre La Corriveau, qui a été finaliste au Prix du Gouverneur général en 2014 en plus de remporter le Prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2015.

Originaire de la Beauce et ayant été témoin de près (plusieurs membres de sa famille, y compris lui-même, y ont travaillé) du succès phénoménal de la pâtisserie Vachon, il est l’auteur tout désigné pour en raconter l’histoire.

C’est en 1923 que débute l’aventure qui va conduire aux petits gâteaux Vachon. Cette année-là, le couple Joseph-Arcade Vachon et Rose-Anna Giroux se porte acquéreur d’une boulangerie de Sainte-Marie. Déjà âgés de 56 et 46 ans, les Vachon n’ont pas froid aux yeux pour ainsi quitter leur terre et se lancer dans un projet aussi . . .

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La journaliste et auteure canadienne publie un nouveau témoignage sur les risques, pour une population fragilisée par une situation de crise, de voir ses acquis sociaux bafoués au bénéfice d’intérêts privés, sous couvert de reconstruction.

Dans La stratégie du choc, paru en 2008, Naomi Klein exposait, avec de nombreux exemples à l’appui, sa théorie selon laquelle les cataclysmes naturels, les conflits armés, les perturbations économiques, ou toute autre crise d’envergure, créent des conditions de table rase. Divers types de promoteurs y voient alors l’occasion de privatiser des institutions ou de mettre en place des projets générateurs de profits pour une minorité, au détriment des populations. Avec Le choc des utopies, la journaliste militante revient à la charge en étayant cette fois le cas de Porto Rico, après le passage des ouragans Irma et Maria en septembre 2017.

Ce nouveau livre de Klein ne constitue . . .

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Tôt dans sa carrière, Sylvie Drapeau s’est taillé une solide réputation de comédienne extrêmement talentueuse, tant sur les planches qu’à l’écran. Plus récemment, elle a ajouté une autre corde à son arc en devenant écrivaine.

Malgré une plus courte expérience dans ce domaine, il faut reconnaître qu’elle s’y révèle tout aussi douée.

Au vu du résultat, il apparaît que Sylvie Drapeau polit chacune de ses phrases jusqu’à la perfection. Et c’est ce qu’elle a encore si bien réussi dans La terre, ouvrage qui achève une tétralogie comptant déjà Le fleuve, Le ciel et L’enfer. Ces quatre plaquettes, brèves mais denses en émotions, sont qualifiées de « romans ». On devine pourtant qu’il s’agit plutôt de récits autobiographiques. L’écrivaine y met en scène « la meute », le . . .

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Le thème du voyage constitue une source intarissable d’inspiration pour la création littéraire.

En témoigne bien l’ouvrage collectif Avec pas une cenne, qui réunit quatorze brefs récits de voyage produits par autant de créateurs invités (romanciers, nouvellistes, humoristes, scénaristes, chroniqueurs, etc.). Dans ce genre de collectif, la qualité peut évidemment varier d’un texte à l’autre, mais disons que dans l’ensemble l’ouvrage ne manque pas d’originalité. À une époque où les voyages se sont considérablement « touristifiés » et banalisés, les auteurs-voyageurs, aguerris comme inexpérimentés, réussissent en effet à surprendre et à dépayser le lecteur. Certes, les motivations de départ restent généralement assez communes. Il s’agit de faire « une grande remise en question », de « changer le mal de place », de « liquéfier [une] peine [d’amour] », d’« expérimenter la vraie vie », de « voir si vivre [peut] signifier autre chose », etc. Mais dans la plupart . . .

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Montgomery, Alabama. La femme de 42 ans qui entrait chez elle après une journée de travail était fatiguée. Elle éprouvait cette fatigue durable de l’âme et de l’esprit, celle de subir les brimades et les exactions continuelles, petites et grandes.

Plus accablée qu’à l’habitude, ce 1erdécembre 1955, cette femme qui se tenait debout devant l’oppresseur depuis toujours est demeurée assise et a refusé de céder à un Blanc sa place dans le bus. Par ce geste non prémédité qu’elle assumera cependant jusqu’au bout, la militante africaine-américaine Rosa Parks devient la mère des droits civiques aux États-Unis.

En ce temps-là, la majorité noire courbait l’échine et se taisait devant l’ignoble injustice qui régnait partout dans le Sud ségrégationniste. Cela allait changer. Quatre-vingt-dix ans après l’abolition de l’esclavage, le refus de Rosa Parks marqua un . . .

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Pour Ronald Léger, la poésie est une affaire sérieuse qu’on écrit en s’amusant pour surprendre et faire réfléchir. En exergue de ce livre, une citation de Rimbaud extraite des Illuminations : « J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ». Léger tend des « cordes » pour entraîner le lecteur dans son univers.

« Fribouler » est un néologisme, un peu comme le célèbre « schtroumpfer ». Le poème « Je friboule » offre une promenade dans le quotidien du poète, présentant des gestes, des attitudes, des émotions, des réflexions. « Je friboule / quand la richesse suce / le sable entre les dents / et entre les tombes ». Au lecteur de déduire l’intention. Demeure la liste anodine, mais porteuse d’une vie unique et pourtant familière.

Ce recueil posthume (Léger est décédé le 30 novembre 2013) est aussi le témoignage d’un regard critique, mais toujours ludique, sur le monde et plus particulièrement sur une  jeunesse dans . . .

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Ozias Leduc et Paul-Émile Borduas, deux artistes apparemment aux antipodes et pourtant apparentés par de nombreux liens sous-jacents. Deux tendances dans lesquelles peuvent se reconnaître un auteur, et peut-être un peuple.

Dès la première phrase de ce texte, qui ne comporte aucun autre découpage que les césures marquées par trois astérisques, Étienne Beaulieu fait une promesse qui ne sera pas honorée : « Ce livre aurait dû parler de choses très ennuyeuses, mais il parlera finalement de femmes et d’amour fou. » En réalité, c’est seulement vers la fin du livre que sera évoquée brièvement une passion amoureuse dont l’auteur semble retenir un souvenir plutôt amer, puis à peine mentionné « un nouvel amour qui s’éveille ». Il est d’autre part assez paradoxal, sinon malhabile, de qualifier de « choses ennuyeuses » l’histoire de l’art en général quand les pages qui suivent en sont bel et bien partie prenante.

Toutefois, Beaulieu entra . . .

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Pierre Perrault, pionnier et icône du cinéma documentaire québécois, a tourné cinq longs métrages de 1961 à 1971, les plus connus étant sans doute Pour la suite du monde (1963) et L’Acadie, l’Acadie ?!? (1971). Mathieu Bureau Meunier choisit ici d’examiner cette œuvre sous l’angle du (néo-)nationalisme, mettant ainsi en évidence non seulement les convictions du militant documentariste mais aussi le mouvement de fond de toute une époque, celle où l’appellation Canadien français commençait à faire place à Québécois.

À l’heure où le XXIesiècle achève son premier quart sur fond de dénigrement de l’« identitaire », on se sent bien loin de cette époque où il y avait lieu de mettre en scène des gens ordinaires qui voient une substance évidente dans l’idée de nation canadienne-française et qui montrent du doigt « les Anglais » comme ennemis. Et pourtant. Le monde . . .

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Peut-être pas un héros, mais à tout le moins une figure marquante du mouvement pour le socialisme et l’indépendance au Québec. Biographie d’un révolté aux écrits percutants.

Le travail minutieux réalisé par Daniel Samson-Legault met en lumière le cheminement du journaliste, écrivain et militant Pierre Vallières, en deux actes. Le premier acte est celui de la prise de conscience et de l’action, d’où ressortent trois temps forts : la manifestation devant le siège des Nations unies en 1966, la publication de Nègres blancs d’Amérique en 1968, puis celle de L’urgence de choisir en 1972. Le deuxième acte est celui de l’étiolement d’une vie, dans une suite d’espoirs déçus et de projets sans lendemain.

Le biographe précise d’emblée que son livre se concentre sur la vie de Vallières, sur ses actions et le contexte de ses engagements, puisque . . .

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Après avoir consacré deux livres à ses pères adoptif et biologique, Éric Fottorino tourne cette fois son regard vers celle qui a toujours été là, à ses côtés, sa mère, dont on aurait pu croire à certains moments qu’elle était sa grande sœur tant la différence d’âge était minime.

Mère à dix-sept ans d’une jeune fille qui lui sera aussitôt enlevée parce que née hors des liens du mariage, elle aura par la suite trois enfants, trois garçons. Éric Fottorino poursuit ici sa quête identitaire, mais ne nous y trompons toutefois pas : les noms, prénoms et noms de lieux concourent autant à donner aux faits racontés une couche de véracité qu’à servir la fiction, l’auteur se tenant constamment en équilibre entre ces deux pôles. Les principaux protagonistes que nous croisons dans ces romans ont leur double réel, mais ils n’en demeurent pas moins des personnages romanesques à part entière. Le point . . .

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Je ne sais pas si vous avez déjà fait un trip d’acide, mais ce roman en raconte un bon, délirant, suave et drôle qui court sur une quarantaine de pages. « Marijane », haschich et bière complètent le voyage dans lequel s’embarquent Pierre et le narrateur dont on ne saura pas le nom.

Dans ce roman initiatique, le narrateur et Pierre, qui ont plus ou moins 20 ans, passent une fin de semaine à Trois-Rivières, leur ville natale, hébergés par Marguerite, la tante délurée de Pierre. Nous sommes au début des années 1970. Le récit débute à Montréal, où ils vivent, et se termine avec leur retour.

Le narrateur est barman et se dit poète, tandis que Pierre étudie les arts plastiques au cégep et rêve de devenir peintre. Les deux partagent la même passion pour le concept de noosphère, qu’ils ont découvert chez Teilhard de Chardin . . .

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Le dernier roman de la Finlandaise Tove Jansson (1914-2001) a été publié en 1989, mais n’a été traduit en français que trente ans plus tard. L’écrivaine et peintre suédophone est surtout connue grâce à ses livres illustrés pour enfants, dont les Moumines, sur une famille de gentils trolls qui ressemblent à des hippopotames.

En une quinzaine de brefs chapitres, l’auteure raconte dans Fair-play quelques épisodes de la vie de Jonna et Mari, deux créatrices en arts visuels. Les amantes vivent sous un même toit, près du port d’Helsinki, mais dans deux appartements distincts, ce qui n’est pas sans rappeler la liaison qu’avait la romancière avec sa partenaire de vie Tuulikki Pietilä (1917-2009), une graphiste finno-américaine. « Elles vivaient chacune à l’extrémité d’un grand immeuble non loin du port. Leurs deux ateliers étaient séparés par un grenier, un no man’s land impersonnel . . .

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L’album illustré Le poète en feu de glace n’est ni un recueil de poèmes ni une autobiographie, plutôt une sorte d’autoportrait rassemblant une partie des archives de Claude Péloquin.

D’une destinée enviable, le poète Claude Péloquin (1942-2018) est passé à la postérité pour un seul vers, immortalisé par le sculpteur Jordi Bonet, qui avait fait scandale en 1970. D’ailleurs, l’inscription « Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves, c’est assez !» reste toujours visible à l’intérieur du Grand Théâtre de Québec. Par son sens de la formule, cette phrase emphatique pourrait rappeller le générique de la télésérie Le Prisonnier: «Je ne suis pas un numéro; je suis un homme libre!». C’est un rare privilège pour un poète que de dépasser le monde de la poésie pour toucher le grand public, même en . . .

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Rarement aura-t-on vu dans la littérature québécoise un tel monument ayant autant de souffle, un souffle qui ne s’épuise jamais, ligne après ligne après ligne, sur trois tomes entiers.

Trois tomes, car La bête intégrale,c’est la réunion de trois romans parus coup sur coup en 2015, 2016 et 2017, et c’est aussi leur consécration, après un concert d’éloges de la critique, par trois préfaciers contemporains aussi succincts qu’admiratifs : Kim Thúy, Manu Militari, Fred Pellerin.

Les angles sous lesquels on peut aborder cette œuvre sont innombrables et pointent tous vers un constat de réussite : la structure, la langue, le ton, le propos, la psychologie, l’émotion, tout est au rendez-vous, sous une forme achevée.

La structure.Trois romans divisés de façon traditionnelle en chapitres de longueur moyenne et dûment intitulés, c’est déjà une rareté de nos . . .

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L’humour ne se refuse à rien ou presque. L’histoire nous a appris que, traités avec doigté, plusieurs sujets parfois tabous peuvent tirer de francs sourires sans que leur gravité en soit altérée. Aussi la Grande Guerre, la Der des Ders, selon le souhait formulé par les nations du monde endeuillées de millions de morts, n’a-t-elle a priori rien d’amusant en soi. Pourtant, Bernard Andrès montre dans son plus récent opuscule, composé de deux essais parus auparavant dans Les Cahiers des Dix, que le « rire armé », cette « arme de distraction massive », selon la belle formule de Matthieu Frachon, a permis à de nombreux troufions de survivre à la terrible réalité du combat.

Quelque 35 000 Canadiens français ont pris part à la Première Guerre mondiale. Ce sont des Poilus, des poils-aux-pattes, comme on les appellera, moins en raison de leur pilosité abondante que de leur courage remarquable et de leur vaillance à toute épreuve. De . . .

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Le professeur de littérature Patrick Moreau s’est résolument donné pour mission de faire reconnaître la valeur d’une œuvre qu’il juge comme particulièrement sous-estimée et méconnue, soit Les voyages de Marco Polo, publiée par Alain Grandbois en 1941. À cette fin, il a déjà fait paraître un premier ouvrage en 2012 intitulé Alain Grandbois est-il un écrivain québécois ?, dans lequel il étrille une institution littéraire qui tend à laisser dans l’ombre plusieurs œuvres du passé au nom d’une certaine forme de présentisme et de téléologie moderniste et nationaliste. Si on pouvait reprocher à ce premier essai de Patrick Moreau de parler des Voyages de Marco Polo sans en parler, de déplorer une non-lecture sans en proposer une, il en va tout autrement de sa plus récente étude sur la prose grandboisienne. En effet, l’essayiste entre cette . . .

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Elle est poète et ses romans sont animés par sa capacité de créer des images, des couleurs, des tensions. Elle porte un nom qui la mène dans les territoires nordiques, sauvages. Une nature qui s’impose aux hommes et aux femmes, qui les sculpte, qui forge leurs destins.

Cette Isle aux abeilles noires, sise dans l’archipel des Hébrides intérieures, est le fruit de l’imaginaire de l’auteure, qui s’appuie sur la topographie et l’histoire de cette partie de l’Écosse. Trois nouvelles familles s’y installent durant la Seconde Guerre mondiale : une grecque, une danoise et une juive. Des familles et des passions : l’apiculture, la botanique et le verre. Et pour plusieurs d’entre elles, la musique. Les autres habitants de l’île seront à peine évoqués, si ce n’est une autre nouvelle arrivante, l’ornithologue Tilda Swallow.

Andrée Christensen s’attarde au destin de ses personnages, en particulier les trois filles du même âge des . . .

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Drôle d’histoire que celle de la bibliothèque de ce grand lecteur et amoureux fou des livres. De la bibliothèque comme œuvre singulière.

Après nous avoir entretenu de brillante façon sur le rapport aux œuvres littéraires et au livre lui-même, notamment dans le mémorable Une histoire de la lecture (1998), Alberto Manguel nous raconte ici le lien particulier qui l’unit à sa collection personnelle de plus de 35 000 livres. Comme l’indique le sous-titre de son dernier essai, l’épanchement nostalgique de Manguel à propos de sa bibliothèque est aussi l’occasion pour lui de quelques développements digressifs, toujours inspirés par ses chers grimoires.

Manguel avoue adopter une attitude possessive à l’endroit de ses livres : il écrit dans leurs marges ; il ne les prête pas ; il vit avec eux une relation affective, fusionnelle. Ses livres lui apportent consolation et réconfort, en tant que tentatives à la fois vaines et admirables d . . .

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Vers la fin des années 1950, avant de devenir l’auteur acclamé du roman-culte Le gang de la clé à molette, Edward Abbey séjourne dans le parc national des Arches, en Utah, tout près de la ville de Moab. Deux étés durant, il y travaille comme ranger saisonnier, entretenant les modestes infrastructures touristiques et laissant errer ses pensées parmi ce vaste bout d’espace rude.

En 1968, il tire de cette expérience une suite de récits combinant réflexions, personnages et événements inspirés par ces quelques mois de solitude galvanisante. Élégiaques ou pamphlétaires, méditatifs ou incisifs, ces textes portent sur la vie, la mort, sur la jungle des hommes, l’humaine condition, la nature et, par-dessus tout, sur le désert et ses mystères que l’auteur s’emploie à percer en leur consacrant ses plus beaux passages.

Le sublime du désert réside selon lui en ce qu’il « gît . . .

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Revue intellectuelle et d’idées portée par un projet féministe et offerte en ligne depuis 2014, Françoise Stéréoest née de la volonté d’offrir un espace d’expression à des femmes de tous horizons.

Françoise Stéréo. Anthologie est cependant bel et bien en papier et regroupe des textes choisis dans les parutions précédentes.

« Nous voulions prendre la parole, la donner à d’autres femmes et nous voulions le faire tout de suite. » Ainsi résument la genèse de la revue les porte-paroles du collectif d’auteurs, les Valérie Gonthier-Gignac, Catherine Lefrançois, Marie-Michèle Rheault, Laurence Simard et Julie Veillet. Cette première édition papier, mais dixième numéro du webmagazine Françoise Stéréo, regroupe des textes et des illustrations parus en ligne et proposés par une cinquantaine de contributrices et de contributeurs. Un chapitre intitulé « Poésie » – et inédit – compl . . .

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Prolifique professeur d’histoire littéraire et intellectuelle à l’Université Laval, Jonathan Livernois s’attaque avec son plus récent essai à un gros morceau de l’histoire politique du Québec. « Roi-nègre » au service des capitaux étrangers, petit potentat de l’Assemblée nationale, éteignoir initiateur de la Grande Noirceur, les épithètes accolées à Maurice Duplessis sont nombreuses, mais masquent trop souvent un fait important : si l’homme a officié autant de temps à la barre de la province, en maître chez lui bien calé dans le fauteuil du Salon vert, c’est qu’il a été élu en 1936, puis réélu à quatre reprises entre 1944 et 1956. Le traficotage des listes électorales par l’Union nationale ne suffit pas à expliquer cette popularité. C’est, il faut en convenir, que le duplessisme répondait aux besoins de la population.

L’une des raisons de ce succès populaire tient notamment, avance Livernois, à ce que Duplessis a réussi à opérer l’habile synthèse entre une . . .

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Le lauréat du prix Goncourt 2017, écrivain et cinéaste, s’adonne avec bonheur à renouveler l’art de raconter.

Le livre est fort bref, mais chacun des mots du récit pèse de tout son poids. Le style Vuillard repose sur une acuité exacerbée du regard, notamment par la mise en lumière d’éléments, a priori secondaires, qui éclairent les événements de manière inédite et étonnamment révélatrice. On prend alors conscience du fait implacable de la participation du moindre détail à la totalité de l’événement, dont la connaissance est une image sans cesse remodelée.

L’ordre du jour (2017), qui a valu à son auteur le prix Goncourt, pointait sa lunette sur l’épisode nazi dans l’Allemagne du milieu du XXesiècle. La guerre des pauvres, qui a pour toile de fond les réformes religieuses en gestation à la fin du Moyen Âge . . .

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Lauréat du prix Goncourt 2012 pour Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari revient en force avec un roman qui interroge notre rapport à l’image, comme l’indique son titre.

Chacun des chapitres prend ici appui sur une photographie, dont certaines sont l’œuvre de photographes connus, accompagnée d’une brève description, d’une indication de lieu et d’une date, et rappelle le plus souvent des épisodes troubles du siècle dernier : l’évocation de la folie meurtrière des hommes qui se perpétue et se propage comme un mal incurable.

Le réquisitoire contre ce que Jérôme Ferrari, qui enseigne également la philosophie en Corse, appelle cette terrible fièvre qu’est la nostalgie de la guerre, s’incarne dans le personnage d’Antonia. Pour son quatorzième anniversaire, l’oncle et parrain d’Antonia, qui a également la charge des âmes de son village, lui offre un appareil photo. Espère . . .

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Décédé à seulement 32 ans (en 1934), Wallace Thurman s’inscrit dans le mouvement Renaissance de Harlem, qui fut populaire durant l’entre-deux-guerres aux États-Unis. Pendant cette période, apprend-on, la culture noire a joui d’une certaine popularité dans les cercles intellectuels américains, où l’affirmation de son identité s’est confondue avec la lutte pour l’égalité raciale et la justice sociale.

Auteur connu de cette mouvance, Thurman a livré quelques écrits, qui forment une œuvre assurément très inachevée, car il a été fauché dès son jeune âge par une maladie du foie associée à une consommation excessive d’alcool.

Dans ce récit où l’on sent très bien qu’il emprunte beaucoup à sa vie personnelle, il raconte l’histoire de jeunes bohèmes, principalement noirs, tous attirés par l’art (littérature, musique, peinture).

Ces jeunes, dont Raymond, l’écrivain du groupe, se croisent régulièrement au manoir Niggeratti, en plein Harlem, r . . .

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« […] dans la quête de mon identité, je me suis rapidement rendu compte que la culture et la spiritualité du peuple Wendat ne pouvaient être vécues et comprises sans la connaissance de notre langue », écrit Michel Gros-Louis.

Dans leur premier essai conjoint regroupant une série de conférences, les linguistes Michel Gros-Louis et Benoît Jacques explorent une langue pratiquement disparue depuis 90 ans : le huron. La situation linguistique des Premières Nations s’est considérablement aggravée : « À l’arrivée des Européens au Canada au XVIIesiècle, quelque 170 langues étaient parlées par les Autochtones. De ce nombre, seulement 60 sont toujours vivantes ». Cet essai rappelle des distinctions notables entre les différents peuples autochtones : par exemple, les Hurons-Wendats, qui « entretenaient un lien d’amitié depuis toujours avec toutes les nations au contraire des Hurons-Pétuns ».

À ne pas confondre avec le livre-bilan Les Wendats du Québec. Territoire, économie et identité, 1650-1930 . . .

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Planètes regroupe 37 récits brefs dont l’esthétique repose sur la concision obtenue par la transgression : libertés prises avec la ponctuation, les règles syntaxiques et celles de la narratologie. Le résultat ? Un style vif, original, en harmonie avec le propos de l’œuvre, qui met l’accent sur ce que souvent l’on refuse de voir.

En effet, au centre de Planètes, un narrateur, un « tu », « je » masqué – façon d’interpeller le lecteur –, présent dans chacun des textes, entouré de personnages qui reviennent épisodiquement. Aucun n’est nommé. Or dans le récit « Étymologie », le narrateur décrit des personnages en situation d’errance. Puis tombe la chute : « Du grec planêtês, errant ». Là se trouve en quelque sorte un indice del’univers que visite Mario Cyr et qui donne son unité au recueil. Des SDF, mais aussi des exploiteurs, un politicien, « colosse aux pieds d’argile », un . . .

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Magnifique Marcel Sabourin ! Chez lui l’inventivité, l’audace, l’intériorisation d’un grand acteur, doublé d’un immense pédagogue : un modèle de professeur de théâtre !

On n’énumérera pas ici tous les grands rôles tenus par Marcel Sabourin… on trouve cette liste inespérée en annexe de l’indispensable biographie proposée par le journaliste Robert Blondin.

Enfant unique, le jeune Marcel grandit auprès d’un père pharmacien « très permissif » et d’une mère aimante dont il hérite la gestuelle presque théâtrale. Ses débuts sont fulgurants : il devient le professeur Mandibule dans La Ribouldingue, une émission pour enfants de calibre international à laquelle il collabore pour le scénario. C’était l’âge d’or de la télévision d’État à la fin des années 1960 ; mais rétrospectivement, il se révèle que les décideurs manquaient de confiance envers les artistes. La direction a raté une occasion unique d . . .

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Prix Robert-Cliche du premier roman 2018, Saint-Jambe n’est pas en réalité une œuvre romanesque. En note à la postface de l’auteure, l’éditeur parle plutôt d’« anthologie », d’« étude », d’« essai » et avoue que l’étiquette roman a été choisie « afin de la [l’anthologie] rendre accessible au lecteur moyen gravitant en dehors des universités ». Qu’en est-il au juste ?

Jeune ethnologue québécoise chercheuse à l’Université Laval, Alice Guéricolas-Gagné dit pour sa part qu’il s’agit d’un recueil qui « tient un peu du manuel d’histoire et beaucoup du traité d’ethnologie ». Ce sont des récits qui « réuni[ssent] les témoignages et documents relatant les épisodes incontournables de l’histoire nationale saint-jambienne », c’est une « consignation des mythes fondateurs de Saint-Jambe-les-Bains ». Ces récits ne sont pas imaginaires , précise-t-elle, et la République de Saint-Jambe, où se situe pour ainsi dire l . . .

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Tentaculaire et protéiforme, le second livre de Roseline Lambert est une invitation au voyage, une quête importante vers soi qui déterre les lieux, les histoires, les couleurs qui nous font.

« À la page quinze, annoncer mon livre : la matérialité des couleurs du songe. » Audacieux programme, ambitieux aussi, dont chacune des sections, « Les couleurs du sang », « Les couleurs de l’eau », « Les couleurs du ciel »,marque un point déterminant dans l’histoire de la naissance de la poète ; naissance au monde, mais aussi à elle-même.

La narratrice voyage. À bord de trains, elle parcourt Saint-Pétersbourg, Brighton, Londres, Baños, Sofia, Paris, Montréal. Les entrées sont datées, mais ne sont pas présentées dans  l’ordre chronologique. Le fil de la mémoire se déroule, suit des réflexions, des souvenirs. Je creuse avec la poète, je marche derrière elle, sur un chemin très personnel, un chemin qui n’est pas le mien, et je m’accroche . . .

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Les derniers jours de Stefan Zweig, roman paru en 2010, traduit en plusieurs langues et adapté pour le théâtre, a fait la renommée de Laurent Seksik. Le cas Eduard Einstein (2013), puis Romain Gary s’en va-t-en guerre (2016), qui font également référence à un aspect peu connu de la vie privée d’hommes célèbres, ont aussi contribué à son succès.

Quant à son neuvième roman, Un fils obéissant, il revêt un caractère plus personnel, car Seksik le consacre à son propre père, Lucien, mort en 2016. Celui que l’on a qualifié de « maître de l’exofiction française » passe au « je » pour raconter sa relation presque symbiotique avec son père.

Le titre est à prendre au sens premier. En effet, Laurent est devenu médecin et écrivain pour satisfaire à la fois sa mère et son père. Jusqu’à cinquante . . .

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Prenez une jeune fille de très bonne famille, élevée au cours des années 1840 dans la proximité des arts, la religion, les bonnes manières et les débats d’idées. Je n’imaginerais pas qu’à force de souffrances morales, une telle jeune femme puisse s’automutiler.

Vous me direz, bien au contraire, qu’elle avait tout pour se sentir écrasée dans ce Québec d’autrefois. Et puis, vous penserez : la maladie mentale frappe où elle veut. Que voulez-vous, ma naïveté me rattrape. Les livres servent encore à ça, à nous dessiller les yeux.

Cette Azélie Papineau (1834-1869) a besoin de présentations. C’est une des enfants de notre célébrissime Louis-Joseph, elle a été mariée à Napoléon Bourassa, artiste et écrivain (1827-1916), et elle est la mère d’Henri Bourassa (1868-1952), son cinquième enfant, le futur fondateur du Devoir. Elle meurt jeune, Henri n’a que quelques mois. Notable . . .

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Des images et des images qui témoignent de la spontanéité, de l’imagination et de la synesthésie de la narratrice, Miranda Simon, dix-sept ans. À l’aube de la vie adulte, Miranda en est à son quatorzième cahier.

Elle y dessine, décrit et raconte ses rêves et sa vie. La vie ordinaire d’une fille ordinaire que l’aptitude au bonheur métamorphose en être solaire. Le retour sur l’enfance dès le premier chapitre suggère que là a été semée la graine de la vie magique. Des parents qui s’aiment et qui l’entourent de tendresse, qui l’initient aux beautés de la nature, de la musique, qui encouragent sa curiosité et son goût pour le dessin et l’écriture ; bref, une enfance, tel un trésor, qui fera ressurgir la magie qui s’était endormie après le décès de sa mère alors que « [l]a beauté du monde était . . .

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Des poèmes de luttes quotidiennes et de peines au cœur desquels l’amour fou et la nature sont les plus belles ripostes. Un premier livre étonnant.
Dans les poèmes qui composent Castagnettes, la voix est passionnée, séduisante, en proie aux amours qui font briller autant qu’à celles qui font tomber. L’écriture se fait élégante : « [J]’ai plusieurs caresses pour la suite / des larmes bandées / des semences anciennes / les doigts longs comme un débordement / ne me cherchez plus sous les décombres / j’occupe un palais endormi / lové dans ce qu’il reste des frênes », et par moments, très familière : « [Y]’a rien de plus crève-cœur / que des humains déguisés / en clowns / en sorcières / en magiciens / du monde avec du maquillage dans la face / qui passent une soirée de marde ».
On avance sur la ligne fine du désir, celle des masques que l’on porte en diff . . .

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Une relation amoureuse triangulaire, un pays exploité outrageusement par des étrangers et ravagé par la guerre.
Le premier roman de Michelle Deshaies, XieXie, manœuvre entre romantisme et aventure. Raymond dirige une importante compagnie minière anglaise à Guilin, en Chine. Nous sommes en 1934. Parmi ses domestiques, XieXie est sa cuisinière et sa maîtresse. Sa femme, Rose, vient le rejoindre. Ces derniers semblent unis par un mariage de convention, plutôt que d’amour ; ils se connaissent peu et n’ont guère vécu ensemble. Rose, qui a déjà eu une relation sensuelle avec une femme, tombe amoureuse de XieXie. Les deux deviennent amantes, ce qui paraît convenir à Raymond. La relation triangulaire fonctionne harmonieusement ; Rose fait des fausses couches, mais XieXie tombe enceinte de Raymond. Tout semble parfait : le climat, les délicieux mets préparés par XieXie, l’aisance financière, la délicatesse des sentiments et les plaisirs amoureux.
Cet univers paradisiaque va s’écrouler dans la deuxi . . .

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Depuis vingt ans qu’il habite New York, Sir Salman Rushdie a eu le temps de s’interroger sur la société américaine. Fin observateur et analyste averti, il partage par le biais d’un roman ses réflexions des dernières années, sous les présidences d’Obama et de Trump.
Rarement fiction n’a paru aussi intelligente, teintée de réalité et habilement remplie de propos philosophiques. Dans La maison Golden, l’Indo-Britannique expose sa perception des deux Amériques, qui semblent aujourd’hui irréconciliables. On identifie rapidement qui est le Joker aux cheveux verts et à la peau « blanche comme la capuche d’un membre du Ku Klux Klan ». Rushdie n’ajoute-t-il pas : « Des hommes puissants déclinent, des hommes de rien deviennent puissants. […] Les clowns deviennent rois, les vieilles couronnes gisent dans le caniveau » ?
La saga commence à Bombay, ville natale de l’auteur, et se transporte aux États-Unis en 2008, alors qu’une mystérieuse et richissime famille indienne . . .

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La Thébaïde vient de rééditer un modeste classique de la littérature prolétarienne, L’usine (1931), de Jean Pallu (1898-1975), qui compte treize histoires d’ouvriers et de mœurs ouvrières. Je m’attendais à la plus stricte esthétique naturaliste. Que non ! L’usine, c’est tout plein de trouvailles formelles et de jeux narratifs. Un certain didactisme affleure dans presque chaque portrait, chaque tableau, pas caché mais plutôt incorporé à ces mêmes trouvailles, jamais démagogique. Formellement, les nouvelles se distinguent toutes, la variété est au rendez-vous sur un fond thématique d’aigreur, de souffrance physique et morale, de rancune et d’exploitation : de l’homme par l’homme, de l’homme par la machine, de l’employé par le patron ou le supérieur. Une des meilleures nouvelles du recueil, « Les bourres », représente bien l’ensemble : la forme télégraphique, le portrait en accéléré de la . . .

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Un vieil écrivain, dit Sindbad le marin, parcourt Budapest, la ville qu’il a aimée, pour une ultime promenade en calèche avant de regagner son logis et, apaisé, y mourir. L’argument est mince mais son traitement d’une extrême richesse et d’un rayonnement qui se prolonge.

Car il s’agit de bien plus que de l’évocation nostalgique de cette capitale : le prétexte pour Sándor Márai de reprendre ses thèmes favoris, une réflexion sur la mémoire, le temps, les rapports humains, les valeurs selon lesquelles la vie devrait s’ordonner, et l’écriture.
Sindbad est en réalité l’écrivain Gyula Krúdy, qui fut célèbre puis oublié dans son pays et admiré de Márai qui l’accompagne dans sa promenade imaginaire sous le nom du « conteur » Artur. Réapparaît ainsi par lui une « ancienne Hongrie », elle aussi disparue quand, en 1940, Márai écrit son récit.
Les . . .

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Une passionnante saga russe qui déploie, de 1905 à 2011, quatre générations de femmes issues d’une même famille. Cent ans de guerres, de victoires, de défaites, d’amours et de trahisons illuminent cette fiction qui prend sa source dans les archives personnelles de la romancière.
Née dans l’Oural en 1943, Ludmila Oulitskaïa est considérée comme l’une des auteures russes contemporaines les plus importantes. L’œuvre de l’écrivaine n’est pas sans rappeler celle des grands romanciers du XIXsiècle, les Dostoïevski, Tolstoï ou Tourgueniev. Dans L’échelle de Jacob, une cinquantaine de chapitres entremêlent les aléas d’un groupe familial à l’histoire trouble, douloureuse, insolite, et pourtant ô combien fascinante de la fin de la Russie impériale, de l’ex-URSS de Staline ou de Gorbatchev, et de la CEI de Poutine.
Généreuse, l’auteure aide ses lecteurs en incluant dans son livre un . . .

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Dans La liberté des savanes, le précédent roman de Robert Lalonde, un jeune homme se donnait la mort dans une grange, loin de tout regard, de toute aide que ses proches auraient pu lui apporter.
Les raisons qui l’ont conduit à commettre l’irréparable demeureront tues alors que le père éploré, qui n’a rien vu venir, et le narrateur, tous deux témoins, observateurs impuissants, se le reprocheront : auraient-ils pu éviter qu’un tel drame ne se produise ? La question demeurera sans réponse. Comme un nœud jamais dénoué, elle ne cessera de les hanter, jusqu’à ressurgir dans le nouveau roman de Robert Lalonde, Un poignard dans un mouchoir de soie, dont le titre évoque Dostoïevski et pose de nouveau l’énigme demeurée irrésolue dans le précédent roman : que représente toute vie ? À quoi tient-elle ? Et cette ultime question qui soulève la part de responsabilité que nous . . .

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Ce polar se déroule à Nuuk, capitale du Groenland, dans un monde de glace partagé avec d’autres livres-cultes, tels Croc-Blanc de Jack London, Agaguk d’Yves Thériault ou Smila et l’amour de la neige du Danois Peter Høeg. Ses images de neige et de froid rappellent Atanarjuat, film canado-inuit de Zacharias Kunuk.
Mo Malø, dont le pseudonyme cache un auteur français connu, dit-on, met en scène l’inspecteur Qaanaaq Adriensen de la police de Copenhague. L’enquêteur mi-danois mi-inuit est à la recherche d’un ours meurtrier qui aurait commis un carnage. Qaanaaq rapplique aussitôt sur la terre de ses ancêtres, qu’il ne connaît pas vraiment, afin de donner un coup . . .

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Vanessa Léger a étudié le journalisme et, manifestement, ce milieu l’a inspirée, tout comme l’Acadie dont elle est originaire. Premier roman de l’auteure, L’Averti est le nom du journal de Montpellier, une ville importante du Nouveau-Brunswick. Une ville imaginaire, habitée par des Acadiens et des anglophones.
Difficile de deviner où Léger l’a placée sur le territoire, mais elle est symbolique de l’affirmation des Acadiens alors que leur place est celle de subalternes des Anglais lorsque commence ce roman. Le cheminement de la famille Roussel vers la richesse et la puissance sera le symbole de la place que prendront les Acadiens dans la province, et leur journal, tout comme leur usine de pâtes et papiers, en seront la preuve.
Les personnages de cette saga sont nombreux et bien construits. Attachants, retors, brillants ou médiocres, évidemment beaux pour ce qui est des héros (sympathiques ou non), ils vivent intensément jusqu’au bout . . .

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Pacific Bell raconte l’histoire de Sofia Lœra, animatrice d’une radio de la petite communauté de Cima plantée en plein désert des Mojaves, dont l’émission Voix du désert diffuse les conversations téléphoniques d’une cabine mythique, laissée à l’abandon depuis les années 1960, après la fin des exploitations minières, mais qui attire encore de nombreux curieux.
Tous les vendredis soirs, Sofia livre un conte, « Le sang des cactus », qu’elle adresse à son jeune fils, Adam, resté à Montréal. On comprend très vite que l’histoire d’Eco, saigneuse de cactus dans une nopalerie du Mexique, n’est autre chose qu’une mise en récit de sa propre vie sous l’emprise du Cartel du Pacifique, auquel appartient Miguel, le père d’Adam, et qui a forcé l’exil familial. C’est pour se refaire une santé dans le silence du désert, parce qu’elle dépérissait à Montr . . .

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Le journal de Jean-Pierre Guay est un chef-d’œuvre. Plus précisément, c’est un des rares chefs-d’œuvre de la littérature québécoise de langue française, toutes époques confondues.
Qu’il ait été loin de faire l’unanimité critique, aucune importance. Qu’il ait d’immenses détracteurs et peu de lecteurs, détail. C’est tout à la fois l’œuvre d’un mystique, d’un barjo et d’un enfant moqueur, une œuvre capitale, point, qu’apprécient ceux que la littérature personnelle et les projets baroques ne rebutent pas. J’ai lu deux fois ce Journal et je salue, à cet égard, l’initiative courageuse de François Tétreau.
Après une brève introduction à la vie et aux autres œuvres de son ami, Tétreau résume minutieusement Le journal, il le commente, en signale les points forts . . .

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est un essayiste, journaliste et chroniqueur québécois bien connu, notamment pour sa collaboration au Journal de Montréal. Il est également doctorant de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris.
Dans Les ravages du nouveau libre-échange, il dénonce la nature antidémocratique du nouveau libre-échange planétaire et tentaculaire. Il y déconstruit les dogmes de l’utopie érigée en doctrine incontestable par les fervents défenseurs de ce système, pour lequel l’être humain est d’abord un consommateur ou un producteur. Savard-Tremblay constate que la mondialisation crée une sorte de despotisme, en attribuant un pouvoir énorme aux transnationales ainsi qu’aux arbitres et experts qui sont à son service. En parallèle, elle met en œuvre des méthodes systémiques pour retirer aux collectivités les moyens d’agir sur leur devenir économique. Ce qui en fait un système foncièrement antidémocratique . . .

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Les Grecs avaient coutume de diviser la rhétorique, cet antique art de séduire et de persuader, en trois principales composantes.
L’ethosse rattachait, et se rattache encore aujourd’hui, à l’image de soi que projette un auditeur ; le pathosrenvoie aux passions manipulées pour influencer l’auditoire en faveur d’une thèse ; lelogos, enfin, correspond aux arguments rationnels, fondés sur la logique. Que ces trois aspects entrent en concurrence est fréquent : par exemple, lorsque les deux premiers ont préséance dans un discours, une mise au rancart inversement proportionnelle du troisième a alors lieu. Traduisant joliment cette corrélation asymétrique, Jean-Paul Sartre affirmait que « la conscience qui s’émeut ressemble assez à la conscience qui s’endort ».
Cette thèse est également celle que défend avec beaucoup de clairvoyance Anne-Cécile Robert, dans son essai La stratégie de l’émotion. Par émotion, la journaliste entend plus . . .

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François Ricard s’attriste. La littérature décline, croit-il, elle connaît une période sombre, elle n’est plus ce qu’elle était et « s’efface tout doucement de notre monde et de nos vies ». Ricard nous en propose une vision crépusculaire et nostalgique.
J’aime bien la nostalgie. En un sens, elle encourage. Elle témoigne de ce que la vie a quand même un peu de bon. La nostalgie a la couenne dure. Toutes les époques sont nostalgiques. Elles ont toutes été heureuses à quelque degré, en quelque chose. J’ai lu des nostalgiques de la Belle Époque, j’ai bavardé avec des gens qui s’ennuient de la Révolution tranquille, j’en connais qui regrettent les années 1970 comme il y aura, tout naturellement, des nostalgiques de l’époque laide et agaçante que nous traversons (CQFD : le pire s’en vient). Ricard prétend que les gens comme lui se font de plus en plus rares. On oublierait ce . . .

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Le cinéaste et écrivain Jacques Godbout est indéniablement un monument de la culture québécoise. De 1956 à aujourd’hui, les livres et les films « onéfiens » qu’il a signés se comptent par dizaines. Quand, octogénaire, il s’assied pour écrire ses mémoires, on se dit qu’il en aura, des choses, à raconter.
Il en a beaucoup, effectivement : les voyages et séjours à l’étranger de Godbout, de l’Éthiopie à la Chine en passant par la Californie et presque tous les coins de l’Europe, donnent le tournis. Quant à ses productions littéraires et cinématographiques, elles sont scrupuleusement inventoriées, avec chaque fois un contexte de création qui intéressera sûrement ses aficionados et ses futurs biographes. C’est d’ailleurs le fil conducteur que l’auteur a décidé de se donner : raconter sa vie « à partir de [s]es livres et de [s]es films, rassemblés par ordre de parution sur une étagère de [s]a bibliothèque . . .

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On dit de Chomsky qu’il est l’un des intellectuels les plus cités au monde. Son rayonnement hors du commun justifie d’ailleurs qu’on y réfère indifféremment par son seul patronyme, sans que cela porte à confusion.
Normand Baillargeon, dans l’introduction au collectif dont il assure la direction, raconte à propos de l’ampleur du legs chomskyen une anecdote voulant que plusieurs personnes de l’Europe de l’Est, dans les années 1980, croyaient avoir affaire à deux Noam Chomsky : l’un éminent linguiste de réputation internationale ; l’autre, militant anarchosyndicaliste, théoricien libertaire. Si l’homme est bel et bien un, on conçoit sans peine que la formidable étendue de sa production scientifique puisse en faire douter.
Pour prendre la fidèle mesure de l’héritage du distingué professeur au MIT, afin de traquer ses multiples empreintes dans des champs disciplinaires qu’il a refertilisés au passage, il a fallu à Baillargeon s’entourer de spécialistes de disciplines diverses. La . . .

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En exergue à ce très beau recueil d’essais, l’auteure choisit les mots d’Anne Hébert comme invitation à capter l’invisible, à le contempler.
Avec ce nouveau titre, Louise Warren convie le lecteur en marche à travers un territoire où elle se terre, d’où elle observe. Retirée en ce lieu de création comme en celui des mutations, elle traque le silence. C’est à l’abbaye Val Notre-Dame qu’elle retrouve la chambre d’écriture, se couvre de solitude pour plonger à la source des poèmes.
J’ai lu ces essais comme les carnets de création du précédent livre de la poète, Le plus petit espace. Les thèmes de l’effacement et de la simplicité s’y retrouvent et s’y font écho. Louise Warren creuse, interroge l’espace où le poème prend forme, tisse un lien de continuité, de son tout premier livre au dernier. Elle trace sa . . .

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Après des centaines et centaines de livres sur le sujet, avait-on besoin d’une énième histoire de l’Holocauste ? Avait-on besoin, pour en saisir l’horreur, de revisiter une nouvelle fois le parcours sanglant du nazisme ? Laurence Rees, historien de formation, responsable des documentaires historiques diffusés à la BBC et auteur d’Auschwitz. Les nazis et la solution finale(British Book Award) et d’Adolf Hitler. La séduction du diable,pense de toute évidence que oui. Lecture faite, on serait plutôt d’accord avec lui.

Ce qui distingue sa démarche de celle de ses prédécesseurs, ce n’est pas une interprétation originale du sujet, c’est son approche et sa démarche. Rees s’appuie sur des dizaines et des dizaines d’entretiens recueillis au fil des ans soit pour ses livres, soit pour des émissions de télévision. En laissant beaucoup de place aux . . .

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Dans cet essai où se côtoient ancêtres, personnages de fiction et écrivains, Yvon Paré dialogue avec les romans de Nicole Houde et avec l’auteure elle-même, rapportant tantôt des discussions échangées, tantôt des lectures d’extraits.
Revisitant sa jeunesse et son œuvre littéraire, l’essayiste appelle le passé et l’écriture de « celle qui arrache le corps des femmes au regard des hommes » dans ses livres. Entre le « je » et le « tu », Paré raconte les derniers moments passés avec son amie, « ces rencontres où, après avoir ri tout notre soûl, nous nous avancions dans la nuit en convoquant nos personnages, évoquions des blessures qui refaisaient surface ». Il retrace aussi sa vie de jeune fille, de mère de famille, d’écrivaine.
Parsemant son essai d’extraits, Paré invite le lecteur à plonger dans l’univers romanesque de Houde et à y rencontrer ses héroïnes qui, comme leur auteure, ont voulu dire la douleur des femmes et briser . . .

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Cet ouvrage admirable rassemble 255 lettres écrites de la main de Nelson Mandela, pendant ses très longues 27 années d’emprisonnement (1962-1990).
Une bonne quantité de ces lettres vise à affirmer ses droits de prisonnier auprès des autorités carcérales et à dénoncer le harcèlement dont est victime sa famille de la part des caciques du régime d’apartheid. D’autres lui permettent de garder les liens avec sa famille proche, sa femme, ses cinq enfants. D’autres, enfin, s’adressent aux décideurs politiques et réaffirment avec dignité les convictions de Mandela quant à l’avenir de son pays.
Mandela apprend que plusieurs de ses lettres n’arrivent jamais à leurs destinataires ou sont censurées, ce qu’il déplore, mais toujours avec retenue, dans des écrits solidement appuyés, avec sections et sous-sections.
Ce ton posé et cette maîtrise de soi sont d’autant plus étonnants que Mandela subit des conditions carcérales déplorables et est priv . . .

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Christine Hudon, Léon Robichaud, Jean-René Thuot et Thomas Wien ont eu l’excellente idée de réunir douze des principaux articles publiés par Christian Dessureault au cours de sa carrière d’historien.
Ils reconstituent en même temps le riche parcours scientifique d’un chercheur qui, après des études de premier cycle à l’Université du Québec à Chicoutimi, a obtenu à l’Université de Montréal une maîtrise sur le régime seigneurial canadien, en 1979, puis, à la même institution, un doctorat sur la seigneurie de Saint-Hyacinthe, en 1985. Les 49 titres recensés dans la bibliographie terminale révèlent des thématiques nombreuses, abordées dans des publications de type varié (monographies, articles de revues, ouvrages collectifs, comptes rendus, thèses…), entre 1979 et 2015.
Les douze textes de Christian Dessureault témoignent de la profondeur, de la minutie et de la prudence d’un historien très au courant des travaux passés et contemporains parus dans ses domaines . . .

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En décembre 2001, Roméo Bouchard cofondait l’Union paysanne dont il a été le premier président, jusqu’en 2004. Il a sans doute constitué l’âme du mouvement puisque, après qu’il en a quitté la présidence, comme il le mentionne lui-même, ses successeurs ne sont pas parvenus à conserver autant de membres, ni la structure de représentation nationale et régionale, qui a fait la force de l’Union paysanne.
Dans son essai, l’ex-dirigeant du mouvement paysan québécois témoigne, avec passion, du combat ardu mené notamment contre l’Union des producteurs agricoles (UPA) afin de s’opposer à l’accréditation syndicale unique et obligatoire et de promouvoir des pratiques agricoles québécoises de dimensions plus humaines, laissant plus de liberté aux producteurs et étant plus respectueuses de l’environnement. Les positions défendues par Roméo Bouchard s’inscrivent dans l’esprit du rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l . . .

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Dans sa nouvelle publication, Roméo Bouchard raconte l’histoire du village et des gens de Saint-Germain-de-Kamouraska. C’est là que ce natif de Normandin, au Lac-Saint-Jean, est venu s’établir en 1975, à 39 ans, pour y assumer une vie d’agriculteur biologique autosuffisant, après avoir quitté les ordres (les Oblats, selon Internet), enseigné à Jonquière et étudié en sciences politiques à Montréal.
Gens de mon pays nous fait entrer dans l’intimité de Saint-Germain par le biais de dix-huit courts tableaux où évoluent des citoyens qui furent remarquables, d’une façon ou d’une autre. Militant et agent de développement de son village d’adoption, Roméo Bouchard retrace les petits et grands événements de la vie de personnes et de groupes qu’il a côtoyés depuis son installation dans cette localité du Bas-Saint-Laurent.
Il relate d’abord le long conflit laïco-religieux survenu au moment de la construction . . .

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Des fragments de vie, voilà bien ce que raconte le roman Résidence Séquoia, du nom de la maison de retraite fictive où vit un microcosme de la société plurielle montréalaise. L’immigration, thème central des livres antérieurs de l’écrivaine à qui l’on doit notamment Le mirage canadien, revient en force dans ce roman choral.
La plupart des personnages sont venus d’ailleurs, enfants ou jeunes adultes, et ont refait leur vie à Montréal. Le récit de leur migration témoigne des bouleversements survenus au XXesiècle et de phénomènes plus récents. Maintenant âgés, seuls ou dépossédés, ils disent s’être résignés à la maison de retraite après avoir subi une épreuve ; deuil, incendie, maladie d’Alzheimer. Ceux qui ont des enfants sont nostalgiques du traitement réservé aux aînés dans leur pays natal.
Ils sont venus du sud de . . .

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Une femme qui a subi le Sixties Scoop(rafle des années 1960) raconte son quotidien de reporter débutante pour une chaîne de télévision.
Retirée dès sa naissance des bras d’une mère prétendument inapte à s’occuper d’elle, comme l’ont été près de 20 000 jeunes victimes autochtones de cette même rafle entre 1960 et 1980, elle revient sur les difficultés d’intégrer un milieu massivement « blanc », ainsi que sur les conséquences de ce déracinement précoce.
D’inspiration biographique, Peau d’ours, de la journaliste et poète Carol Rose Daniels, alias Sandy Lynn dans ce premier roman, aborde également, dans une langue simple, claire, journalistique, ses malheurs amoureux, ses démêlés avec l’alcool et plusieurs enjeux liés au fait d’être à la fois femme et crie dans les années 1980-1990 au Canada.
Surtout, parmi ce programme dont plusieurs pistes narratives . . .

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La délicatesse de la couverture, une reproduction d’une fleur de l’Herbarium d’Emily Dickinson conservé à l’Université Harvard, annonce bien la fine dentelle qui qualifie l’écriture de cette vraie et fausse biographie de la mythique poétesse du XIXesiècle.
Dans Les villes de papier, Dominique Fortier explore les mondes qu’elle a elle-même déjà habités et habite encore, comme ceux qui ont vu grandir puis mourir « la dame en blanc ». Si l’auteure a séjourné autant à Montréal, Ottawa et Boston qu’à Scarborough ou Cape Elizabeth – avec « sa plage de sable si blanc qu’il en semblait presque lunaire » –, Emily Dickinson, quant à elle, n’a guère bougé d’Amherst, son lieu de naissance dans le Massachusetts. À travers ces deux récits en parallèle perce le vibrant contraste entre les écrivaines, que l’habileté de l’auteure Fortier met encore plus en lumi . . .

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Dans son premier roman – après de la poésie et des nouvelles primées –, Claire Boulé a choisi un ancrage fait de repères convenus : la crise d’Octobre, mais aussi le printemps érable.
Même l’époque du Refus global est brièvement évoquée au premier chapitre du Bruit sourd des glaces, un peu comme un prologue décentré : « Borduas lit la lettre qu’il vient de recevoir. Lui aussi envisage de partir ». Le roman débute par un drame irrésolu : un soir d’hiver, Monique constate qu’un passager au capuchon immense s’est jeté en bas du traversier reliant Lévis et Québec. Cet événement tragique auquel le titre fait allusion obsédera Monique à divers moments de sa vie.
Roman de l’américanité, voire de la canadianité (par sa touche de bilinguisme, introduite par le personnage du guitariste Allan) et du voyage, Le bruit sourd des glaces ressemble parfois . . .

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Hôtel Lonely Hearts, de Heather O’Neill, confirme avec brio ce que La vie rêvée des grille-pain, son précédent livre, nous révélait : une auteure en parfaite maîtrise des techniques narratives au service d’une imagination fertile.
Exception faite de la longueur, qui incline aussitôt à classer Hôtel Lonely Hearts dans la catégorie roman, l’atmosphère, la couleur, voire la démesure qui se dégage de l’univers mis en scène rappellent l’univers propre au conte, au recueil de contes d’origine persane, la frontière entre le roman et le conte étant ici ténue. Il n’est d’ailleurs nullement fait mention de l’appellation roman en couverture de l’ouvrage, l’éditeur ayant sans doute jugé que le titre suffisait à lui seul à susciter l’intérêt du lecteur.
Hôtel Lonely Hearts n’est pas sans . . .

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Elle embrasse la scène slam du Québec depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, Queen Ka cède la voix à Elkahna Talbi, dépose ses mots entre les pages d’un très beau livre et nomme le lieu qui l’habite.
Si le thème était déjà présent dans ses performances, elle s’y abandonne à présent de façon plus intime, avec une vulnérabilité palpable. Le livre s’amorce sur un nécessaire acte de survie : protéger son prénom des déformations langagières. Garder la tête haute et fière. On traverse les textes avec au cœur une sensation d’écartèlement.
« [I]ci on joue à faire comme là-bas / des mises en scène de salon tunisien. » Née à Montréal de parents tunisiens, la narratrice a les repères multiples. Au départ, les yeux sont ceux d’une enfant en vacances en Tunisie qui prend conscience des différences entre les deux pays. Elle fait . . .

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Catherine Voyer-Léger pose un regard sensible sur le corps et offre une expérience de lecture singulière dans laquelle se côtoient tendresse, humour, mais aussi solitude et douleur.
Il n’y a pas de numéros de pages, pas d’ordre à première vue dans ce livre composé de microrécits qui explorent le corps. Chaque fragment a pour titre une partie, une sensation ou un phénomène physique. On fait notre chemin à travers cette collection de migraine, colère, cicatrice ; front, largeur, plaie ; épaules, lèvres, dos, ventre, dents. Certaines parties reviennent, se multiplient, comme si on n’en avait jamais fait le tour. Toutes sont des portes d’entrée jusqu’à soi et autant d’angles sous lesquels aborder le thème.
Dans les pages de Prendre corps et ses interprétations teintées de mémoires, on oscille entre la haine et l’amour de soi. L’auteure a le talent d’écrire, toujours, en équilibre . . .

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« […]j’ai envie d’être déjà rentrée, déjà prise par une musique d’écriture, continuant de contempler le rideau de pluie et, à travers lui, bien au-delà, ma mère en train de nager, seule, inaccessible… »
Romancière, essayiste, Chantal Thomas a d’abord poursuivi une carrière universitaire avant que son roman Les adieux à la reine ne la révèle au grand public en 2002, année où elle s’est vu attribuer le prix Femina, dont elle est aujourd’hui membre du jury. Spécialiste du XVIIIesiècle français, notamment par ses ouvrages consacrés à Sade, à Casanova et à Marie-Antoinette, Chantal Thomas n’en poursuit pas moins une œuvre éminemment personnelle, voire intime, ce dont témoigne Souvenirs de la marée basse.
Le récit – dénomination qui me semble dans le cas présent plus appropriée que celle de roman apparaissant en page couverture, non seulement parce que . . .

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On ne m’a jamais tiré dessus. Ainsi s’amorce Foudroyée, le deuxième roman de Grace O’Connell, qui vit et enseigne la littérature à l’Université de Toronto après avoir terminé une maîtrise en création littéraire à l’Université de Guelph. Début percutant donc, comme l’est la détonation d’une arme à feu.
Le roman met en scène cinq jeunes à l’aube de l’âge adulte, celui de faire des choix de vie, d’affronter le monde extérieur qui moud les illusions premières de l’enfance et de l’adolescence en déceptions au contact de la réalité. Raison suffisante pour ne pas vouloir quitter cet âge d’or et le cercle d’amis qui nous protègent. Pour l’heure Veda, le personnage principal du roman, Conrad, son frère avec qui elle partage secrets et complicité, Ted, le meilleur ami de ce dernier, ainsi qu’Al et Annie, de leurs . . .

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Ce premier roman d’Inès Bayard, Le malheur du bas,expose la lente dépossession de soi d’une jeune femme, Marie, à travers une série d’agressions sexuelles qui l’amènent à perdre la raison, jusqu’à retourner la violence contre elle-même et sa famille. C’est sur cette scène proleptique, celle de  meurtres disséqués méthodiquement par l’entremise d’une narration externe, que s’ouvre le roman. Le mari gisant à terre, dans le sang et le vomi. L’enfant, dans son rehausseur, la tête enfouie dans les restes de son repas. Et Marie, « la seule à être restée droite autour de la table », dont on comprend qu’elle est l’instigatrice du drame. Mais gardons-nous d’émettre des jugements, nous dit la narration. La suite du roman servira donc à expliquer le drame.
Marie mène une vie bourgeoise dans le XIearrondissement de Paris, dans un grand appartement où elle reconduit avec bonheur . . .

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Nil a quitté son pays natal au fond d’une cale de bateau en partance pour Québec. La voici errant en plein cœur de l’été 1988, au volant d’un modèle Ford F100 volé, troublant insolemment le silence de plomb de la campagne bas-laurentienne.
Flanquée de sa renarde alter ego, comme elle maligne et mal léchée, domestiquée mais pas trop, elle maraude et barbotte tout ce qu’elle trouve, conjuguant l’économie de survie à un savant art de la débrouille. Puis l’anti-héroïne de ce second roman de Miléna Babin, ni belle ni sympathique par ailleurs, échouera au Gueuleton, coquet restaurant tenu par Jacob, qui joindra sa voix à la narration autrement assurée par la femme et une instance omnisciente.
Jouant habilement avec les retours en arrière, éclairant à rebours les motivations de ses personnages dont elle sait retarder le dévoilement afin de maintenir bien vif l’intérêt du lecteur, l’auteure louvoie . . .

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Mordecai Richler avait du talent, autant pour écrire que pour semer la zizanie. Son alter ego Barney Panofsky, protagoniste du roman Le monde selon Barney, lui ressemble : il écrit et il sème la zizanie.
« Œuvre majeure de la littérature canadienne », comme le rappelle avec raison la quatrième de couverture, cette quasi-autobiographie est le dernier livre de l’auteur, paru quelques années avant que celui-ci ne disparaisse en 2001, à l’âge de 70 ans. Aujourd’hui magnifiquement traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, Le monde selon Barney a reçu le prix Giller en 1997, prix qui récompense le meilleur roman – ou recueil de nouvelles – canadien, publié en anglais ou traduit en anglais, et a été porté à l’écran en 2010, par le réalisateur torontois Richard J. Lewis.
Plus que jamais, ou du moins autant que dans d’autres œuvres magistrales de Richler, tel L’apprentissage de Duddy Kravitz 

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Dans son premier recueil de poésie, Brasser le varech, Noémie Pomerleau-Cloutier tente de circonscrire le territoire d’un double déracinement.
D’abord, celui qui mène la narratrice d’une rive à l’autre, de la Matapédia à la Côte-Nord où elle échoue, adolescente. Et puis, celui plus tardif qui la sépare de son père, ingénieur forestier, mort sur la route nationale qui longe le littoral du Saint-Laurent de Tadoussac à Natashquan, « son bois / en pleine face / la 138 dans le crâne ». C’est dans le sillage paternel que s’organisent les poèmes, sur les buvards de l’herbier, pour arracher au silence un langage sylvestre qui était le sien, suivre, sur les pages effritées de son exemplaire de la Flore laurentienne, son « écriture de boisé ». Mais surtout, il s’agit pour la narratrice de fouiller le territoire « jusqu’au sang des souches », pour dire le vide laissé par la perte . . .

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Ah Venise, Venise… Ville magique s’il en est.
Dans son dernier livre, Il n’y a pas d’erreur : je suis ici, Éléonore Létourneau déclare avec tendresse son amour pour la cité des Doges. Sa fine compréhension de cet endroit sublime, loin des lieux fréquentés par un tourisme de masse souvent irritant, fait plaisir à lire. « Il y a donc une vie normale, à Venise. Les gens construisent, achètent et meurent. Tout au bout, les eaux calmes de la lagune, et le cimetière qui y siège, cimes pointant vers le ciel. »
Le propos de l’auteure n’est pourtant pas la ville, quoique cette dernière soit omniprésente, mais le séjour qu’y fait le protagoniste Pierre, un designer industriel en panne de créativité et en panne tout court. « Afin de souligner mon cinquantième anniversaire […] je vole vers une ville qui s’enfonce […]. Je me retrouverai là comme partout ailleurs, sans savoir . . .

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En couverture, une photographie virtuelle de Karoline Georges, intitulée Perpetual Pink, représente un visage de femme couvert de fleurs. Cette œuvre d’une artiste multidisciplinaire qui utilise la modélisation 3D évoque le lien entre le désir d’immortalité et la quête de l’image idéale.
Karoline Georges n’a pas classé son nouveau livre dans la catégorie roman et ce choix correspond parfaitement à la multidisciplinarité dont elle se réclame. De synthèse comporte une part importante d’autofiction. La narratrice, qui s’exprime à la première personne, raconte l’hospitalisation de sa mère atteinte d’un cancer en phase terminale. Or, l’écrivaine dédie ce livre à sa « maman » et la remercie d’avoir posé sa « main invisible » sur son épaule. Néanmoins, le huis clos, qui serait difficilement soutenable, est sans cesse entrecoupé par d’autres « espaces-temps ».
La fascination de l’auteure pour l’imaginaire remonte à l’enfance. À sept ans, elle dévore . . .

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C’est presque un roman d’horreur que viennent de publier Hans-Jürgen Greif et Guy Boivin, le troisième qu’ils signent en collaboration après La bonbonnière, en 2007, et Le temps figé, en 2012.
Jean-Loup Grozinski, originaire du nord de la France, a émigré au Québec à 21 ans pour fuir ses devoirs : le service militaire et la paternité, puisqu’il abandonne une femme et un fils qu’il ne connaîtra jamais. Sept ans plus tard, Hortense Guimond trouve en Jean-Loup le futur parfait mari : il est doux, calme, intelligent, et, pour elle qui désire des enfants mais craint les maladies liées à la consanguinité de son Saguenay natal, il importe qu’il soit étranger. En réalité, ils n’ont rien en commun : il s’intéresse à l’art, à la littérature, à la musique, tandis qu’elle ne se passionne que pour les enfants qu’ils ont ensemble. Hortense en voulait absolument six ; apr . . .

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L’écrivain d’origine marocaine s’en est expliqué lors de la sortie de son livre : il a vécu, et très mal vécu, les événements à l’origine de ce récit. Cinquante ans après sa mésaventure, Tahar Ben Jelloun parvient aujourd’hui à raconter avec sérénité ce qui lui est arrivé avant de quitter le Maroc pour s’établir en France.
Les faits remontent aux années 1960, dans un Maroc gouverné d’une main de fer par le roi Hassan II. « C’est l’époque où des jeunes gens disparaissent, où l’on vit dans la peur, où l’on parle à voix basse en soupçonnant les murs de retenir les phrases prononcées contre le régime. » Ben Jelloun n’a pas encore vingt ans. Il participe à une manifestation étudiante qui sera réprimée dans le sang, malgré ses visées pacifiques. Pire, il participe à une réunion de l’Union nationale des étudiants du Maroc. Avec 93 . . .

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Ça commence par un épouvantable drame. Lors d’une partie de chasse, Landreaux Iron tue accidentellement Dusty, le fils de son ami et voisin Peter Ravich. Dévasté par la honte et la culpabilité, et d’un commun accord avec sa femme Emmaline, il décide de donner son plus jeune fils, LaRose, à Nola et Peter, les parents de la victime, pour apaiser leur souffrance et conjurer le sort.

Ainsi le veut la tradition ojibwée dont lui et sa femme sont issus. « La poisse s’arrête rarement après un seul événement. Tous les Indiens le savent. Y mettre fin rapidement exige de grands efforts, ce pourquoi LaRose avait été envoyé […]. C’était un prénom […]qui avait appartenu aux guérisseurs de [la] famille depuis plus d’un siècle. » Attribué la première fois à sa trisaïeule par un Blanc qui en était tombé follement amoureux, et depuis lors transmis à quatre descendants et à autant de destins, ce . . .

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Un livre des comptes affectifs, voilà ce que dépose Michel Pleau entre les mains des lecteurs avec J’aurai bientôt ton âge. Dédié « À la mémoire de [son] père, Arthur Pleau – 1922-1976 », ce court recueil revisite le lien filial, cet ancrage fondamental, et la part ombrageuse de sa perte à l’origine de l’élan d’écriture de l’auteur.
En cette année 2018, alors qu’il atteint lui-même l’âge auquel son père est mort, Pleau renoue avec le garçon endeuillé qu’il fut et retrouve l’émotion, le geste de ce temps : « [E]nfant / je ramassais le soleil / que l’été abandonnait / derrière la rue Saint-Vallier // je jouais à inventer le feu / qui garderait intact le langage // je collectionnais / toutes les voix // aujourd’hui encore elles m’éclairent ».
De ces voix en-allées désormais – une suite de l’ensemble intitulée « Pour saluer mon amie » rend aussi hommage à la poète Nicole . . .

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À quoi sert l’éducation ? La réponse à cette question a évolué au fil des siècles, depuis l’Akadémiade Platon jusqu’à nos universités contemporaines commanditées par les institutions financières et les aciéries.
On le sait, au Québec à tout le moins, depuis la Révolution tranquille, les études dites « humanistes » ont « pris le bord », au profit d’une conception utilitariste de l’enseignement, mais aussi dans la foulée d’une certaine vision de la démocratie. Aux jeunes, on choisira dorénavant de faire lire non pas d’abord ce qui les fait grandir, mais ce qui est à leur portée. La méfiance envers tout ce qui pourrait représenter l’autorité, voire tout ce qui pourrait prétendre à une supériorité quelconque, méfiance héritée de Mai 68, a depuis gonflé jusqu’à refuser un ordre de préséance aux œuvres littéraires (entre autres) : sur quelle base prétendra-t-on que

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Pavane, comme on tourne autour d’un objet de fascination. Avec ce titre, Guylaine Massoutre signe un livre exigeant, une plongée en terrain de création.
« Ne pas savoir m’invite à nommer. Mon ignorance nourrit ma curiosité. Transmettre quelque chose de la danse : ce savoir initial, pourtant, d’avant les mots. » Les quatre parties qui forment le livre évoquent mystère, apparences, quête de sens ; elles constituent une exploration en profondeur de la portée significative de la danse. Le lecteur est entraîné au cœur d’une réflexion pointue sur le lien entre danse et écriture, sur le transfert qui s’opère du danseur au spectateur. Voir danser et s’émouvoir. Danser de l’intérieur. Se laisser emplir, porté par le geste et la trace, sans chercher à intellectualiser, à percer le secret des danseurs.
On avance en territoire incertain, déraisonnable, au sens où l’on accepte l’absence de raison. On est dans l’intuition et l . . .

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Les carnets d’écrivains sont « avant tout une sorte de repos de l’écriture de fiction », les a un jour définis Robert Lalonde, qui dirige la collection « Carnets d’écrivains » chez Lévesque éditeur. En proposant L’esprit tout en arrière, Jean-Paul Beaumier prend la formulation de Lalonde au pied de la lettre – et des lettres –, pour faire part de ses propres réflexions. « À quel moment suis-je au plus près du véritable travail d’écriture : lorsque je cherche à comprendre ou lorsque je m’abandonne totalement à son mouvement », s’interroge le nouvelliste de Québec.
« Quand j’ai commencé à écrire, écrire me suffisait », déclare Beaumier dans ce recueil qui devient aisément un livre de chevet dans lequel se promène avec plaisir qui aime les mots, la pensée et les histoires, aussi brèves soient-elles. Le visiteur solitaire cueille ainsi de page en page, de paragraphe en paragraphe, des souvenirs de famille, des citations littéraires ou . . .

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La première entrée du dictionnaire, que la lexicographe de l’intime nomme le caravansérail de la mémoire, est Adam. Tiens donc ! La surprise passée, très vite on prend goût à cette invitation au voyage dans la psyché de l’autre, et on se laisse porter, quelquefois emporter, par la magie de son processus de libre association.

Il se peut que la journaliste et essayiste française ait été inspirée par la collection des dictionnaires amoureux publiée chez Plon. Il est cependant certain que son dictionnaire s’inscrit dans la lignée déjà longue de ses biographies, celle de Mitterrand, de Weil ou d’Arendt qu’elle courtise avec bonheur depuis plus de trente ans. En suivant son chemin intime, vous vous prenez au jeu de la rencontre de destins, connus ou inconnus, que l’histoire a parfois négligés. La vie privée s’insère par touches discrètes dans les faits politiques, scientifiques ou . . .

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Dans cet ouvrage, David Dorais réfléchit aux limites de la critique littéraire telle qu’elle se pratique dans les médias. Évoquant ma propre publication sur un sujet semblable, Dorais note avec justesse que nos approches diffèrent : la mienne plus sociologique, la sienne plus esthétique. Pour ma part, je ne peux que me réjouir de voir se multiplier des ouvrages sur cette question.
David Dorais mène une charge contre ce qu’il baptise la « critique de proximité », dont les principales caractéristiques seraient de préférer le réalisme, de s’intéresser principalement à l’émotion suscitée par la lecture et à la thématique de l’ouvrage et, finalement, de chercher la morale optimiste, voire le caractère édifiant d’un livre. Au passage, notons que lorsque Dorais parle de « critique littéraire », il englobe tout le discours sur les livres dans les médias et pas uniquement celui qui se définit comme une critique au sens étroit : les entrevues . . .

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David Boyle est un auteur et journaliste britannique qui s’intéresse en particulier à l’histoire, à l’économie et aux enjeux de société. Avec la collaboration de Judith Hodge, Diana Rawlinson et Andrew Simms, il a rédigé cet ouvrage, un nouveau titre de la collection « 30 secondes » originalement publiée par Ivy Press et reprise et traduite par Hurtubise.
Disons d’abord qu’il s’agit de livres de belle qualité, à couverture rigide et papier glacé, agrémentés de jolies illustrations. (C’est l’impression en Chine qui permet sans doute d’en arriver à une telle qualité à prix raisonnable.) Dans Les grandes inventions en 30 secondes, ces illustrations (composées) sont l’œuvre de Steve Rawlings et sont très réussies.
Comme dans les autres ouvrages de la série, le thème général est subdivisé en sections. Elles sont ici sept : matériaux, construction et ingénierie, transport et localisation, médecine et santé, communications, économie et énergie, vie . . .

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Après Bluetiful, publié à l’Écrou en 2015, Daphné B. offre à nouveau des bribes de son intimité, à grande puissance.
Presque journal, le livre se divise en cinq parties, traversées par le deuil, une quête et la mélancolie. Les titres des sections évoquent l’ailleurs autant que le quotidien. D’entrée de jeu, les portes sont grandes ouvertes sur une intériorité exaltée, à la recherche de sens, souvent triste et vidée. À travers les segments, la poète se nomme, se dénomme, se renomme : Cheyenne, comme ceux qui parlent rouge, comme la vie qui pulse. Puis, un blanc. Le nom de famille est retranché. Nombreux sont les motifs qui reviennent, tout au long du livre : termites et vers pour l’érosion des sentiments, entonnoir pour la folie, globe en verre avec de la neige dedans comme illusion préservée, chute sur la glace, autant d’images pour dresser les murs d’un édifice beau et inquiétant.
La mort est . . .

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Si l’on en croit la quatrième de couverture, l’anecdote serait bien réelle : à la suite d’une plainte déposée contre lui, l’écrivain brésilien J. P. Cuenca aurait découvert qu’il était officiellement mort.
Comme le diront plusieurs personnages dans le livre : « C’est bien le genre d’histoire dont un écrivain peut tirer quelque chose ». L’événement a lieu en 2011 à Rio de Janeiro, à une époque de grand ménage en prévision des Jeux olympiques. Le gouvernement profite en effet de ces Jeux pour se débarrasser de tous les éléments indésirables de la ville : itinérants, drogués, Noirs, pauvres. Les médias, évidemment, sont de mèche dans cette tragédie de la corruption. Ils ont pour objectif principal « de glorifier les valeurs de la partie la plus huppée de la ville et de défendre cette bulle de richesse contre les millions de barbares qui vivaient à l’extérieur ». Pendant ce temps, l’Unit . . .

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Chantre d’une époque assombrie, désenchantée et souvent meurtrissante, François Guerrette poursuit avec Constellation des grands brûlés– son cinquième ouvrage depuis la parution de son premier livre en 2009 – l’inventaire des pertes et des peines qui nourrissent les désirs de violence et de rédemption.
Avec la constance du coureur de fond et la fulgurance du kamikaze, Guerrette, tel un Nelligan postmoderne, façonne « dans [sa] jeunesse noire » un verbe à la fois lyrique et résolu qui s’élance et se déploie en « petites esquisses / de cataclysmes ».
Récit d’un amour vortex imbriqué dans l’aventure d’une militance sans retour, Constellation des grands brûléssonde le sujet des élans ataviques et des furies dévastatrices dont les échos résonnent autant dans les sphères intimes que collectives : « [L]es tireuses d’élite parlent / de nous dans ta tête, elles savent / à quelle profondeur tu formes / ton armée . . .

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Incursion dans le monde des dépendances. Portraits saisis sur le vif des Fantasio, Cendrillon, Spock, Skippy, Pinotteset de dizaines d’autres qui s’amènent au Répit-Toxico du centre-ville de Montréal.

Souvent crasseux et les vêtements en lambeaux, l’estomac et les poches vides, ils viennent se refaire un brin de dignité. Le réseau public leur offre de 24 à 48 heures de répit, pour se laver, manger, dormir et, si le fruit est mûr, obtenir une des rares cartes magiques pour être admis à l’étage en désintox. D’autres ne viennent y chercher que seringues propres et liasses de condoms.
Olivier est à l’accueil derrière une vitre pare-balles, mais qui ne bloque pas les odeurs… C’est lui qui raconte. Il les connaît. Il connaît leur histoire, la nature de leurs blessures. Lui, le narrateur et auteur de ces récits, a . . .

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Simone Chaput récidive avec un roman qui aborde ses thèmes de prédilection – les rapports familiaux, l’amour, le voyage, l’écriture et le temps – mais cette fois dans une forme plus polyphonique.
On sent là une écrivaine qui maîtrise pleinement son art. L’histoire est simple, mais se complexifie du fait de sa structure, les récits en parallèle se répondant comme les instruments de musique dans une symphonie. Chaque année, l’écrivaine Marijke Leidecker convoque son éditeur Marc-Olivier Thibeault sur une terrasse du pays où elle a passé l’année à écrire une nouvelle « biofiction », dans laquelle elle imagine la vie d’un artiste peintre. Elle est obsédée par son père mort tragiquement, lui-même peintre de grande renommée, et son écriture est mue, semble-t-il, par le désir de le ressusciter. Sa mère, moins présente dans ses pensées, est aussi une figure marquante. Pianiste étoile, elle sombre dans la folie . . .

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À lui seul, le titre annonce déjà tout un programme : ça fourmille de vie dans ce recueil de contes à première vue inclassable, ça déborde d’imaginaire, et la frontière entre monde animé et inanimé s’estompe au fil des pages.
D’emblée, le lecteur est frappé par la force évocatrice avec laquelle Heather O’Neill conduit chacune de ses histoires, les métaphores surgissant presque à chaque ligne (peut-être un peu trop par moments, mais bon ça fonctionne, ne rechignons pas sur les détails), les personnages prenant vie aussitôt qu’ils entrent en scène. La force de ces récits, qui épousent les lois du conte en les renouvelant d’un texte à l’autre, repose en grande partie sur l’habileté de Heather O’Neill à conduire ses histoires, à manier le storytellingavec une évidente adresse et un plaisir tout aussi évident. « J’en ai ma claque d’être humain, laisse tomber un des personnages. C’est une punition. » L’auteure se . . .

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Bien qu’elle défie les généralisations, il semble qu’une certaine mouvance « néoterroir » continue de faire des petits en territoire québécois.
Entre les films et séries télé réinterprétant des classiques de la trempe du Survenantet d’Un homme et son péché(il y aurait aussi un Menauddans les plans, nous prévient-on), et les remakeslittéraires récents de Maria Chapdelaineet de La Scouine, la campagne et le passé canadiens-français suscitent sans cesse de nouveaux regards. Comme s’il y avait là un vide à combler, une nécessité plus ou moins lyrique d’une « prise de terre ». C’est dans ce contexte que surgit Jean-Philippe Chabot avec Le livre de bois, un ouvrage ambigu qu’il faudrait simultanément lire comme un hommage à nos contes . . .

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Ce recueil de haïkus rend hommage à l’écrivaine Nicole Houde, décédéedes suites d’un cancer en 2016. De 1983 à 2015, l’auteure, fidèle aux éditions de la Pleine lune, a publié de nombreux romans et récits, dont plusieurs furent primés. Les oiseaux de Saint-John Perselui valut le Prix du Gouverneur général en 1995.
Avec Entre toi et moi, sa grande amie et complice Danielle Dubé poursuit leur projet commun jusqu’à son terme, la publication d’un recueil. Leur désir de coécrireest né en 2003, à l’issue d’un atelier littéraire consacré aux haïkus, histoire de rester attentives à ce qui les entoure et aussi d’entretenir leur amitié. Toutes ces années, les deux amies se réunissent, à l’été chez l’une sur les bords du lac Saint-Jean, au Jardin botanique, ou chez l’autre au printemps et à l’automne. Si leurs po . . .

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L’occasion s’y prêtait : l’année 2017 marquait le 150eanniversaire de la mort du poète, critique et essayiste.
N’étant pas du nombre, je laisse aux baudelairiens patentés le soin de juger en spécialistes le monumental ouvrage de Marie-Christine Natta, avec ses 750 pages de texte bien serré, ses 90 pages de notes et les 15 pages de bibliographie critique. Une brique, quoi. Quant à moi, en amateur éclairé, passionné d’écrits intimes et de vies d’écrivains, j’ai pleinement apprécié cette redécouverte d’un monstre sacré. J’ai ri et j’ai souri en voyant le jeune écrivain dilapider promptement un substantiel héritage, aller de déménagement en déménagement (33 domiciles en 25 ans), fuir ses créanciers et se livrer à toutes sortes de combines plus ou moins heureuses dans le seul but de se faire un nom dans les Lettres. J’ai déprimé aussi devant ce personnage que . . .

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Nelson Mandela : un nom mythique, un personnage qui, à la fin de sa longue vie, était encore courtisé par les plus grands du monde, tous souhaitant être photographiés avec lui, se vanter d’avoir partagé un moment d’intimité avec cet homme de paix.
Libéré de prison en 1990, il est devenu en 1994, à 75 ans, le premier président de l’Afrique du Sud post-apartheid. Mandela n’effectuera, ce fut son propre choix, qu’un seul mandat, tranchant en cela avec la pratique courante des dirigeants du continent africain.
Le titre du livre décrit bien le message politique de Nelson Mandela. Une fois vaincu l’apartheid, ce système de ségrégation favorisant la communauté blanche du pays, le combat pour faire de l’Afrique du Sud un État fonctionnel, basé sur des principes de bonne gouvernance, traitant tout le monde sur le même pied, donc démocratique, était loin, très loin d’être un pari gagné.
L’ouvrage, pas vraiment . . .

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Vous avez lu le roman de Félix Leclerc, vous avez vu le film. Voici maintenant l’album sur sa création.
Précisons-le d’entrée de jeu : ce livre intitulé Pieds nus dans l’aube. Du roman au grand écrann’est ni le roman illustré, ni un condensé, ni un scénario intégral ; il s’agit du journal de tournage de Francis Leclerc, bellement illustré, faisant écho à l’adaptation sortie en 2017. On peut apprécier cet album sans avoir vu l’œuvre à l’écran et sans connaître ce classique paru en 1946 et souvent réédité (Fides, 2017). En réalisant Pieds nus dans l’aube, le cinéaste médite sur le giron familial par l’intermédiaire de ce garçon de La Tuque qui découvrit un monde de différences et de contrastes en quittant sa maison. La candeur de cet enfant rendait son entourage attachant et insolite, en le magnifiant . . .

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Il est rassurant, je dirais même roboratif, de lire un tel essai sous la plume d’un intellectuel québécois de moins de quarante ans.
Alors que le terme « indépendance » a repris sa place dans le discours sociopolitique au Québec, après des décennies de disgrâce sous le joug de la souveraineté-association, Eric Martin voit de meilleures chances d’avenir pour l’indépendantisme si on le conçoit en lien dialectique avec le socialisme. Définitivement optimiste quant à la probabilité d’accession du Québec au statut d’État-nation, l’essayiste cite en épigraphe la célèbre sentence de Gaston Miron : « [Ç]a ne pourra pas toujours ne pas arriver ».
Dans un bref prologue, Martin expose comment son parcours intellectuel est lié tout autant à des lectures qu’à des expériences sociales personnellement vécues. Nous sommes ici en présence d’un essai au plein sens du terme. Aujourd’hui professeur de philosophie au cégep Édouard-Montpetit, Martin . . .

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Une fois de plus, Marie-Bernadette Dupuy démontre qu’on peut gérer calmement la démesure et raison garder à travers les cyclones. La famille que révélait Scandale des eaux folles (JCL, 2014) peut donc commettre les pires imprudences, sombrer dans les comportements les plus malsains sans que le roman tourne au misérabilisme. Le tableau est pourtant chargé : deux sœurs ont aimé ou aiment le même homne, l’inceste emporte deux des personnages, un viol longtemps caché hypothèque l’union d’un vieux couple, une mère s’épuise et s’exaspère à contenir les lubies de son fils mentalement handicapé... L’auteure aura besoin de tout son art pour que le destin de ce clan tumultueux demeure à la fois plausible et digne de compassion ; heureusement, elle possède ce don.
Au cœur du récit, le beau personnage de Jacinthe. Aussi belle que généreuse, elle donne plus volontiers qu’elle ne reçoit. Le bonheur . . .

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Née à Tel Aviv d’une famille originaire du Yémen, Ayelet Tsabari renouvelle avec brio les récits sur l’immigration récente en terre juive. En une dizaine de nouvelles habilement tournées et fort bien traduites par Richard Dubois, Un coin de paradis dévoile autant l’univers méconnu des nouveaux arrivants en Israël que celui tout aussi ignoré des recrues des deux sexes de son armée.
Tsabari lève le voile sur les Mizrahi, les descendants des communautés juives du Moyen-Orient, et sur les différentes classes sociales d’Israël. Méprisés et humiliés par les Ashkénazes de l’Europe de l’Est, les Mizrahi se rapprochent des Sépharades issus de la péninsule ibérique. « – Mes grands-parents sont yéménites, on est donc un peu des Arabes, des Juifs arabes. […] – Impossible. […] – Mais ça ne t’empêche pas d’être une Juive du Bélarus. Pourquoi n’y aurait . . .

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En quelque 500 pages, l’historien Pierre Anctil présente l’Histoire des Juifs du Québec, et plus particulièrement, puisqu’ils y sont très majoritairement installés, l’histoire des Juifs de Montréal.
S’appuyant sur une riche documentation, l’essai parle des « personnes d’origine juive dans la société québécoise en tant que porteurs d’une identité et d’une culture minoritaire ». Le sujet passionne Anctil, qui s’intéresse à l’évolution historique des communautés juives et qui, doit-on le rappeler, parle couramment le yiddish et l’hébreu. En 2015, l’auteur a par ailleurs reçu le Prix d’excellence Louis-Rosenberg de l’Association d’études juives canadiennes.
Les premiers Juifs seraient arrivés au Québec sous le Régime français : « […] c’est de la communauté sépharade bordelaise qu’est venue l’évanescente présence juive en Amérique septentrionale ». En fonction des pogroms et autres horreurs commises au fil . . .

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Depuis le temps qu’il observe la conduite du monde et qu’il coule, complice de l’instant, des jours lents à en consigner les manifestions les plus évidentes comme les plus discrètes, Patrice Desbiens est sans nul doute devenu l’ultime mémorialiste de la quotidienneté.

Avec des mots simples et un phrasé souple naviguant à vue entre bebop et cool jazz, la poésie de Desbiens, sous ses airs de comptines pour grands enfants délurés, amuse, (d)étonne et, au détour, laisse songeur autant qu’elle émeut.

En temps et lieux fut d’abord une série de trois cahiers portant le même titre, ouvrages publiés en 2007, 2008 et 2009 chez L’Oie de Cravan et que la maison propose à nouveau, rassemblés en une édition de poche revue et corrigée par l’auteur. L’ensemble offre aux lecteurs le plaisir de renouer avec cet art déambulatoire et contemplatif que pratique Desbiens à travers . . .

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Depuis le temps qu’il observe la conduite du monde et qu’il coule, complice de l’instant, des jours lents à en consigner les manifestions les plus évidentes comme les plus discrètes, Patrice Desbiens est sans nul doute devenu l’ultime mémorialiste de la quotidienneté.
Avec des mots simples et un phrasé souple naviguant à vue entre bebop et cool jazz, la poésie de Desbiens, sous ses airs de comptines pour grands enfants délurés, amuse, (d)étonne et, au détour, laisse songeur autant qu’elle émeut.
En temps et lieux fut d’abord une série de trois cahiers portant le même titre, ouvrages publiés en 2007, 2008 et 2009 chez L’Oie de Cravan et que la maison propose à nouveau, rassemblés en une édition de poche revue et corrigée par l’auteur. L’ensemble offre aux lecteurs le plaisir de renouer avec cet art déambulatoire et contemplatif que pratique Desbiens à travers . . .

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Depuis le temps qu’il observe la conduite du monde et qu’il coule, complice de l’instant, des jours lents à en consigner les manifestions les plus évidentes comme les plus discrètes, Patrice Desbiens est sans nul doute devenu l’ultime mémorialiste de la quotidienneté.
Avec des mots simples et un phrasé souple naviguant à vue entre bebop et cool jazz, la poésie de Desbiens, sous ses airs de comptines pour grands enfants délurés, amuse, (d)étonne et, au détour, laisse songeur autant qu’elle émeut.
Sous un ciel couleur cayenne, son plus récent livre, poursuit l’aventure amorcée au début des années 1970 par le poète franco-ontarien qui y interroge à nouveau les thèmes de l’identité, de l’amour et du temps qui passe. La poésie elle-même est prise à témoin, mise en abyme, comme dans ce « Poème patriotique » où l’auteur – sarcastique ou d . . .

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On est souvent agacé, lorsque son patelin est dénigré, par le fait que le mépris provienne d’un « étranger » de la métropole, d’un touriste mondain.
Ce n’est pas seulement un esprit de clan atavique qui engendre cette crispation, c’est aussi une question de crédibilité, voire de légitimité. On reconnaîtra mieux, en revanche, celui qui parle en toute connaissance de cause, comme c’est le cas dans le premier roman de Kevin Lambert, un jeune auteur qui est né et a grandi à Chicoutimi. Ce récit incantatoire ne se limite pas à malmener cette ville du Saguenay, il voudrait, avec une grande férocité, en faire table rase.
Mais qu’est-ce qui appelle cette destruction ? Le jeune Faldistoire, le narrateur, fait entre autres allusion au racisme, un aspect qu’il illustre toutefois vaguement. On trouve aussi une société homophobe et hypocrite, alors que, dans l’ambiance glauque d’un bar de danseuses, les hommes virils refoulent leurs penchants homosexuels, éloignant « les . . .

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Lauréate en 2010 du Prix littéraire Radio-Canada (poésie) pour « Était une bête » (un recueil éponyme suivra en 2014) et du Prix littéraire du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2014 (poésie) pour Salut Loup !, Laurance Ouellet Tremblay publie son premier récit.

Un récit tout poétique où le plaisir des mots entraîne le lecteur. L’histoire plus qu’étrange d’un personnage qui fabrique d’improbables décors de théâtre avec du papier journal a de quoi étonner. Chaque matin, Henri fait sa tournée pour récupérer les journaux invendus de la veille qu’il transporte dans son chariot de fil métallique. Histoire absurde, que la syntaxe du titre annonce déjà. C’est Henri lui-même qui raconte, Henri angoissé, en mode survie. On le sait, tout narrateur au Je peut fabuler, nous berner ; celui-ci nous invite d’ailleurs à nous méfier. Par . . .

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Au fil des pages, on a un peu l’impression de lire un Marc Aurèle contemporain. Pas tant pour le fond que pour la forme : enchaînement de textes plus ou moins longs (parfois une seule phrase, parfois plusieurs paragraphes) exposant des pensées qui semblent à la fois être venues spontanément à l’auteur et être le fruit d’une longue réflexion.
Mais contrairement à Marc Aurèle, le destinataire n’est pas l’auteur : on sent constamment le besoin de communiquer, et on a même souvent l’impression qu’il lui tardait de diffuser son point de vue sur tel ou tel sujet, notamment son éclairante – et originale – position sur la sempiternelle question : « Qu’est-ce qui empêche Hamlet d’agir ? »
Ah, oui, car c’est surtout d’un amoureux de Shakespeare qu’il s’agit. Et pas un amoureux tiède : « Être capable de lire sans tenter de lire Shakespeare, même en traduction, c’est comme visiter un pays sans voir son plus grand . . .

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Julie Kurtness est née à Chicoutimi et a été baptisée à Pointe-Bleue − aujourd’hui Mashteuiatsh − où est établie sa communauté ilnue. Connaissant la volonté de plusieurs auteurs des Premières Nations d’écrire sur des questions de territoire, d’identité, de dépossession et d’intolérance, on aurait été en droit d’attendre de sa part un récit conforme à cet horizon thématique. Ce n’est pourtant pas exactement l’esprit de De vengeance, un roman noir doté d’une rare force de frappe dont le mérite, voire l’audace, est d’abord de rompre avec plusieurs sujets de prédilection de la littérature autochtone.
Pour son premier roman, l’auteure pénètre plutôt le quotidien d’une meurtrière en montrant de quelle façon se construit ce destin de sociopathe auquel rien ne la prédisposait. Contrairement aux tapés notoires affligés d’un air patibulaire, la narratrice souligne d’emblée qu’elle n’a . . .

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Issu d’un colloque tenu en 2016 à Paris, ce livre vise à combler un grand déficit d’études et de réflexions sur la littérature africaine en Europe, en France notamment.
Une inconséquence étant donné le destin tissé serré qui unit la France et le continent africain depuis deux siècles. Qui de mieux pour traiter de cet enjeu qu’Alain Mabanckou, auteur du roman primé Mémoires de porc-épic (2006) et professeur universitaire en Californie ; il est l’initiateur de cette démarche qui rassemble plusieurs intellectuels intéressés par le sujet.
On trouve d’ailleurs dans cet ouvrage un texte de Dany Laferrière, sur Haïti, faisant le parallèle entre l’évolution historique du pays et ses effets sur la littérature nationale.
La littérature africaine est complexe : à la fois écriture de proximité et écriture fortement teintée du vécu migratoire. Une littérature appelée à se développer, étant donné la forte croissance d . . .

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L’écrivaine et la mort
Plongée dans une nuit sans fin où l’aube, la lumière, la chaleur sont interdites, l’ancienne physicienne turque Aslı Erdoğan a préféré la lutte à l’exil, et porte depuis une vingtaine d’années l’écriture tel un bouclier contre la barbarie.
Destin plutôt qu’acte de volonté, elle a choisi son camp, celui de ceux qui souffrent, et s’est rangée aux côtés d’eux, Kurdes ou Arméniens, mères du samedi1, hommes, femmes et enfants blessés, torturés, tués, à Cizre, à Kobané ou à Istanbul.
Dans « Au pied d’un mur », première de 29 chroniques bien lovées dans une prose poétique soutenue, l’écrivaine prise sous le feu des insurgés, des tireurs embusqués et des forces armées turques sur l’une des grandes avenues d’Istanbul s’écrase au sol surordre d’un policier en civil : « Baisse ta tête, ma . . .

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Même s’il n’avait que quatre ans, l’auteur – devenu prolifique historien – se souvient du débarquement allié en Normandie. Les Allemands avaient édifié l’imprenable « Mur de l’Atlantique » qui, comme la fameuse ligne Maginot française, devait arrêter l’ennemi, et il fut lui aussi finalement franchi en ses points faibles. Mais Claude Quétel se souvient surtout des soldats de la Wehrmacht qui occupèrent longtemps son village côtier : le charmant blondinet était devenu « la coqueluche des Allemands » au grand déplaisir des villageois. Et un peu plus tard, cette fois à son grand dépit rétrospectif, il ne se souvient guère des Canadiens qui débarquèrent sur la plage de Juno. Le village fut libéré dès le 6 juin. Suivit « l’infernal grondement des bombardiers [qui] passait au-dessus de nos têtes en direction de Caen. Ils n’étaient pas pour nous ». Le pire des combats et le spectacle de la mort lui furent donc épargnés . . .

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Dès les premières pages le livre déconcerte. Sans doute parce qu’il se refuse à entrer dans une catégorie, dont celle, confortable, de récit d’une enfance. Et pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit, mais sans fournir les repères qu’on attendait. Ni chronologie ni suite logique des événements, à peine une identification des lieux – une banlieue pauvre de Paris avec des échappées vers une ville minière du Nord – et d’une époque – les alentours de la Deuxième Guerre mondiale. Et des personnages qui se révèlent peu à peu. Paraissent, insolites, la Joconde et Léonard : celle-ci parce qu’elle ressemble à la mère de la narratrice – une photo en témoigne –, et celui-là son amant après la mort prématurée du père. Ajoutons « les Gouvernements », deux tantes pittoresques, gardiennes des principes, de l’autorité et des préjugés du milieu et de l’époque.
En fait point n’est besoin . . .

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Destiné tant au mordu de science-fiction, qui l’adoptera comme ouvrage de référence, qu’au lecteur moyen, qui découvrira une page méconnue de l’histoire littéraire québécoise, ce Petit guide vient à point nommé. À part peut-être le DaliAf (2011) de Claude Janelle, également paru aux éditions Alire, aucun ouvrage récent ne permettait de retracer la genèse de la SF au Québec.
Ce genre littéraire est pourtant bien implanté dans la Belle Province. Certes, le mot science-fiction ne s’est imposé qu’à partir de 1927 grâce à Hugo Gernsback (un immigrant luxembourgeois qui désignait sous ce nom les récits qu’il publiait dans des revues américaines bon marché comme la célèbre Amazing Stories). Or, dès 1838-1839, le journaliste et écrivain québécois d’origine suisse Napoléon Aubin faisait paraître des récits qui s . . .

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Cette deuxième biographie de Raôul Duguay (après Raôul Duguay ou Le poète à la voix d’ô, de Christine L’Heureux, 1979) nous rappelle que le personnage a été beaucoup plus qu’un chansonnier, qu’on peut le considérer comme un passeur d’idées nouvelles et un chantre des avant-gardes dès la fin des années 1960, depuis sa collaboration au groupe L’Infonie.
Le parcours de cet enfant de Val-d’Or ressemble à celui de sa génération : famille nombreuse, enfance studieuse, éducation religieuse au Séminaire de Chicoutimi, puis rupture. Il y eut alors la libération des mœurs durant les années 1960, la découverte des contre-cultures comme la méditation et le yoga, une prise de conscience écologique bien avant l’invention du « développement durable », les recherches spirituelles auprès d’une variété de gourous, l’alternance de révélations et de désillusions. Raôul Duguay a . . .

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L’éditeur d’Eva et Ruda a eu l’excellente idée de présenter en alternance les récits autobiographiques publiés à l’origine en deux parties séparées d’un couple de Juifs tchèques ayant connu les affres de la ségrégation raciale et de la déportation dans différents camps de concentration durant la Deuxième Guerre mondiale.
Plus que la « chance incroyable » dont parle Eva, c’est l’incommensurable amour de ce couple, augmenté du courage persistant qui l’a alimenté, qui lui a permis de « survivre à l’entreprise de déshumanisation nazie ». Tous deux nés à Prague dans des familles aisées et élevés dans « un immense et ardent enthousiasme nationaliste », avec « un minimum de tradition juive et sans adhésion religieuse », ils se sont rencontrés dans le mouvement de jeunesse sioniste « El-Al » et se sont aimés sur-le-champ pour la vie. S’étant retrouvés après la guerre, ils d . . .

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Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les droits des Autochtones auraient évolué significativement au cours des dernières décennies, du moins du point de vue juridique. À partir de douze causes qui ont fait date, l’avocat René Morin met en évidence ces avancées méconnues.
L’auteur de La construction du droit des Autochtones par la Cour suprême du Canada réaffirme la nécessité de bien connaître l’histoire nationale et les modes de vie des Autochtones afin que leurs défenseurs puissent bien faire valoir leurs droits ancestraux. C’est le fil conducteur de ce livre clair et accessible, même pour les non-spécialistes. Plus historique, la première moitié résume le climat de bonne entente ayant régné en Nouvelle-France jusqu’à la fameuse « Paix des braves », en 1701. Les Autochtones baptisés étaient considérés comme des citoyens à part entière (ce qui ne fut plus le cas lors de la Confédération . . .

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Étudiant au doctorat en science politique à l’UQAM et à l’Université Paris-VIII, où il rédige une thèse sur l’histoire du mot démocratie en Grande-Bretagne au XIXe siècle, Hugo Bonin examine la question de l’utilisation du hasard dans le choix des représentants de la population.
Cette réflexion n’a rien de futile, à une époque où la « crise de la démocratie » frappe durement les sociétés occidentales. La chute des taux de votation aux élections est le premier symptôme de la désaffection et de la désillusion des citoyens à l’égard des institutions politiques. Le cynisme ambiant est aussi alimenté par le sentiment d’impuissance face à des politiciens professionnels qui semblent peu se soucier de leurs engagements ou de l’intérêt général à la suite de leur élection. Dans son Discours de la servitude volontaire, La Boétie n’écrivait-il pas déjà que certains . . .

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Abordant des questions sérieuses sur un ton plutôt léger, Normand Baillargeon s'adonne ici à une exploration philosophique sur le thème de l’alimentation.
Comme il s’en explique en introduction, l’essayiste eut l’inspiration de ce livre lors de sa participation à une émission radiophonique à laquelle prenait également part Ricardo Larrivée. Livrer une chronique philosophique en présence d'une icône québécoise de la cuisine devait inciter Baillargeon à faire le lien entre philosophie et alimentation. Il se rappela alors que les références aux aliments et à l’expérience du repas sont fréquentes dans les classiques de la philosophie. Il n’en fallait pas plus pour que prenne forme l’idée d’un ouvrage où le lecteur serait invité à cogiter, en compagnie d’un florilège de grands penseurs, sur l’acte alimentaire, conçu à la fois comme nécessité vitale et phénomène culturel.
De Platon à Sartre, en passant par Rousseau et Kant, Baillargeon retrace les propos . . .

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Savoir que Piégée est le premier tome d’une trilogie nommée Reykjavik noir fournit quand même quelques indices sur le dernier thriller de l’Islandaise Lilja Sigurdardóttir.
On devine rapidement que la passeuse de cocaïne Sonja est dans les emmerdes jusqu’au cou et qu’elle le sera sans doute longtemps.
Et cette déduction est exacte.
Attachez vos tuques et vos mitaines, il fait froid en Islande et le monde interlope des narcotrafiquants que Sonja tente de fuir donne froid dans le dos. « Ce type était une telle caricature de criminel qu’elle s’était parfois demandé s’il n’était pas en fait un acteur engagé simplement pour lui faire peur. Le crâne rasé, un cou de taureau, les poings recouverts de tatouages… » En plein divorce, elle a été piégée, en effet, et obligée de travailler pour d’horribles individus. Elle est devenue une mule entre Londres ou Copenhague et . . .

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Cédric Bannel nous livre un thriller palpitant à propos d’un jeune génie afghan nommé Zwak, un être asocial ayant décidé de mettre son savoir scientifique au service d’un noir méfait, soit un attentat terroriste en France.
On suit la policière française Nicole Laguna, spécialisée en traque terroriste, qui fera alliance avec un collègue expérimenté et bien connu d’elle dans des enquêtes menées à Kaboul, le commandant Oussama Kandar. Ce dernier, policier droit, compétent et tireur d’élite, lui est d’un concours essentiel pour déjouer ce complot qui menace de tuer pas moins de deux millions de Français.
Le terroriste Zwak, en effet, à peine dix-sept ans, a mis au point un savant mélange de gaz neurotoxique, dont seulement quelques litres répandus pourraient causer de vastes dégâts en un court laps de temps. Tout à fait seul, avec un sens maniaque du détail, il ourdit le crime de se rendre . . .

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On pourrait dire de l’enfer au ciel, au sens propre. Ou encore de la nuit la plus opaque à la lumière du jour. Le jour avec ses nuages, ses intempéries, parfois ses éclaircies, au moins à l’abri du martyre.
Du nadir au zénith, voilà bien résumé le parcours de Bakhita, esclave et sainte. Dans le roman que lui consacre Véronique Olmi, la narratrice qui n’est pas Bakhita épouse son âge. Son innocence pure, son intelligence candide. Elle a sept ans, elle est arrachée à sa famille et à son village du Darfour par des trafiquants négriers musulmans. Achetée une première fois, Bakhita fuit, tenant par la main une autre fillette. Elle affronte avec Binah les bêtes sauvages, animales et humaines, aussitôt rattrapée par l’esclavage, « le mot après lequel il n’y a plus rien ». Elle marche trois cents kilomètres pour être exposée au grand marché d’El Obeid. Achetée par un maître, chef . . .

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Au tout début du quatrième livre de cette vaste entreprise de mémoire qu’est Mon combat – et qui se concentre cette fois-ci sur les dernières années de l’adolescence et les premières de l’âge adulte –, Karl Ove Knausgaard décrit ainsi les livres qu’il lit à cette époque : « […] des livres sur des jeunes hommes qui ne trouvaient pas de place dans la société et espéraient davantage de la vie qu’une somme d’habitudes, qu’une famille, bref, des jeunes hommes qui exécraient le conformisme et recherchaient la liberté ».
On ne saurait mieux résumer l’état d’esprit qui l’habitait au moment où s’ouvre Aux confins du monde alors qu’à dix-huit ans, il quitte le foyer familial pour la première fois et part enseigner dans un bled perdu dans le cercle polaire. Là, loin de tout, dans sa nouvelle indépendance, il pourra – pense-t-il . . .

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Un univers trouble, hors du temps, décrit et raconté dans une écriture unique. Voilà la troisième œuvre de fiction qui émane du creuset d’inspiration propre à la romancière confirmée.
Noé, née dans Oss, le premier roman de l’auteure, a échoué un jour sur la plage de Sitjaq où vit, isolée, la famille Borya. L’aîné, Sevastian-Benedikt, aura tôt fait de l’engrosser, lui dont on dit qu’il « saille comme les cerfs ou les canards, sans préambule, d’un coup sec ».
Une langue somptueuse traduit avec finesse l’érotisme et la sensualité qui traversent cette tranche de vie du petit clan de taiseux. On assiste aux premiers émois sexuels du garçonnet Osip qui, devenu adulte, visitera aussi dans sa masure Noé, la femme de Sevastian, occupé à parcourir la forêt. Aussi ignore-t-on qui est le père des enfants qu’a « expulsés » Noé, à l’exception de la première, Mie. À douze . . .

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Avec ce titre, la poète Stéphanie Filion fait paraître son premier roman. On y suit Jeanne lors d’un bref séjour au Liban, où elle fait une étude photographique sur les rites du deuil à Byblos.
Le roman entrecroise les impressions de la photographe sur le Liban contemporain et ses souvenirs malheureux et envahissants. Nous comprenons rapidement que cette femme dans la quarantaine porte non pasun secret, mais un inoubliable : « Je savais comment c’était de l’autre côté de la joie ». Parmi les nombreuses rencontres frappantes de ce voyage, ce sera surtout Julien, jeune judoka franco-libanais, qui permettra à Jeanne de se transformer.
Si plusieurs des scènes du roman s’avèrent très belles, les métaphores filées autour du changement, du renouveau, semblent parfois un peu lourdes. Malgré l’aspect intrigant de la mue que vit Jeanne pendant son séjour – elle perd sa peau comme un reptile –, l’image souligne peut-être trop fortement son désir de . . .

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Comme plusieurs citoyens, j’ai eu écho des terribles souffrances historiques des communautés autochtones grâce à la tenue de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui s’est déroulée aux quatre coins du pays et qui a produit un rapport en décembre 2015.
Mais sans assez m’y arrêter. Sans me fixer sur le sort éminemment douloureux de ces autochtones ayant vécu le déracinement culturel, voire la violence psychologique et physique infligée par les Blancs de l’époque, notamment dans des pensionnats.
C’est dire que ce roman de Richard Wagamese (mais est-ce vraiment un roman tant l’histoire semble vraisemblable ?) permet de jeter un éclairage cru, mais souhaitable sur le passé de ces autochtones que nous côtoyons fort peu.
L’histoire est celle de Cheval indien, un Ojibwé du nord de l’Ontario, mis de force dès son jeune âge dans le pensionnat indien St. Jerome. Dès son arrivée, il constate les . . .

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Avec Johnny, Catherine Eve Groleau signe une des belles découvertes de l’automne 2017.
Le personnage éponyme a quitté Odanak et débarque à Montréal au début de la vingtaine dans l’idée de s’y faire une vie, même s’il doit pour cela renier ses racines et passer pour un Italien. Johnny se taille une place de petit criminel, place qui lui paraîtra longtemps ensoleillée. C’est peut-être la rencontre de Valentine, belle comme un astre, qui lui permet de garder espoir sans se poser de questions.Or, les éclats de lumière cachent parfois d’autres misères encore.
L’histoire de ces deux êtres qui misent sur leur rencontre pour fuir la misère nous fait parcourir le temps récent, principalement les années 1970 et 1980, en les évoquant d’une façon particulièrement sensuelle. On sent l’étoffe des costumes à épaulettes, on reconnaît un habit de ski aux couleurs vives . . .

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Le deuxième roman de Jacques Allard se présente comme la suite du premier, Rose de La Tuque, paru en 2011, et prend la forme du journal intime que l’héroïne Sarah Polanski a tenu en 1940 et 1942, à l’âge de 24 et 26 ans.
Le récit inclut une correspondance de six lettres écrites entre 1939 et 1945, dont Rose-Marie Blackburn est cinq fois la destinataire et une fois l’expéditrice. Cette dernière est la sœur de l’aviateur Hugues Blackburn, le grand amour de Sarah, et c’est à elle que la jeune diariste envoie régulièrement ses cahiers pour en préserver le caractère privé. Sarah Polanski, dite Zweig parce qu’elle est la nièce adoptive du grand écrivain allemand Stefan Zweig, est une étudiante juive autrichienne entrée illégalement au Canada, sans visa ni passeport, en 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle s’est réfugiée . . .

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Depuis la publication de L’émondé, en 2008, Judy Quinn poursuit avec constance et talent l’édification d’une œuvre poétique à la force contenue, qui étend ses aires entre conscience amène et lucidité abrasive.
Pas de tombeau pour les lieux, son quatrième livre de poésie, finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général 2017, distille aussi cette grâce inquiète, existentielle et convie chacun à une réflexion fondamentale, à une observation introspective : « Si l’arbre par exemple / pouvait avoir deux vies / une vie d’arbre et une vie d’oiseau / un lieu où il entre / et un autre d’où il sort / mais un seul arbre / occupant tout l’espace / il est des lieux où l’on n’entre jamais / mais dont on sort nu / comme si l’arbre avait perdu / l’oiseau qu’il devait être ».
Cet arbre, figure emblématique de sa poésie, Quinn le plante cette fois aux abords de l’Auberivi . . .

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C’est véritablement un basculement dans l’enfer que vivent les familles Benoit et Taboury.
La première famille est celle d’Ariane Benoit, médecin québécoise, mère monoparentale déjà fortement éprouvée par les méfaits de son premier mari. S’étant peu après refait une vie avec son nouveau conjoint Jean, Ariane se voit encore une fois plongée dans une histoire d’horreur, soit la radicalisation islamiste de sa fille Élise.
La seconde famille, les Taboury, formée d’un couple ayant trois enfants, tente tant bien que mal de vivre une vie normale au Québec après avoir fui les violences des années 1990 en Algérie. Tariq, l’aîné, a deux sœurs ; son père, propriétaire d’un petit dépanneur dans un quartier d’immigrants, lève parfois la main sur sa femme Fatima, voilée contre son gré et devant tout accomplir dans le foyer.
Les destins de ces deux familles se . . .

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Le nouveau roman de Lise Tremblay nous donne rendez-vous avec une petite fin du monde.
Le narrateur, Benoît, habite un chalet sur le bord d’un lac dans la réserve faunique pas très loin de Chicoutimi. À la retraite, il passe l’essentiel de son temps à s’émouvoir douloureusement, comme si chaque jour était le dernier, de la beauté du paysage en écoutant de la musique classique. Son seul souci est son chien auquel il reste très peu de temps à vivre. Quotidiennement, il échange quelques phrases avec Rémi, homme à tout faire du village, marche jusqu’au chalet de Mina, une vieille femme malade qui refuse de se soigner et dont il admire la force et la lucidité. Tous sont inquiets par le climat qui règne au village en cette période de chasse. Car la bande de Stan Boileau, un chasseur sans scrupule qui contrôle le territoire, a décidé d’éliminer la meute de loups qui attaquent les orignaux, cependant que le . . .

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Ainsi nommée par Samuel de Champlain en 1604, l’isle Haute existe bel et bien en marge de Grand-Pré et,pourtant, déplore Serge Patrice Thibodeau, « [b]ien avant Photoshop et la chute de l’Empire soviétique, on a biffé / exclu / ignoré l’isle Haute ».
Comment expliquer cette amnésie, cet aveuglement? Pourquoi avoir soustrait des cartes et des atlas cette île que l’auteur embrasse du regard lorsqu’il prend le vol AC 665, cette île que le colonel Chris Hadfield photographia depuis la Station spatiale internationale en 2013? Données à voir dans le livre, ces images servent pour ainsi dire de planàThibodeau,qui en ausculte les moindres contours,pour « [r]etrouver / refaire / reconstruire le paysage ».
L’entreprise du poète est audacieuse, complexe et, en cela, elle pourrait dérouter qui chercherait à tout saisir, tout comprendre de cet ensemble composé de 9 parties, toutes précédées d’extraits de documents variés (manuels, lettres personnelles, citations d’auteurs) et rassemblant chacune 44 . . .

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Pour vous assurer de savourer pleinement ce livre, voici un mode d’emploi : ouvrez-le à n’importe quelle page, lisez quelques planches, dix tout au plus, puis refermez-le.
Répétez cet exercice le lendemain et les jours subséquents sans jamais dépasser le nombre de pages lues par séquence. Si vous tombez sur une planche que vous reconnaissez, prenez le temps de la lire comme si c’était la première fois. Il est normal qu’au début l’humour vous laisse indécis puisqu’il s’agit d’un style « british », sans bling-bling, tartes à la crème ou vulgarité. Dans ces pages, vous plongez dans un humour sarcastique, absurde, burlesque. Un type d’humour qui se savoure lentement, à petites doses.
Cet album, qui pourrait être considéré comme la suite de Vous êtes tous jaloux de mon jetpack (Alto), paru en 2014, rassemble . . .

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Avec ce livre, dont le titre original contient un jeu de mots intraduisible (Let Me Be Frank with You), Richard Ford ajoute un quatrième volume au cycle « Frank Bascombe », auquel il doit l’essentiel de sa renommée. Il n’est pas obligatoire d’avoir lu les volets précédents (Un week-end dans le Michigan, 1986 [traduit en 1999], Indépendance, 1995 [1996] et L’état des lieux, 2006 [2008]) pour prendre plaisir à ce roman qui nous vient de l’une des plus grandes plumes de la littérature américaine contemporaine.
Bascombe, maintenant âgé de 68 ans, habite toujours le New Jersey, mais a vendu sa maison à Sea-Clift pour retourner vivre à Haddam et y couler une paisible retraite avec Sally, sa deuxième femme. Grand bien lui prit, car l’ouragan Sandy vient de transformer la côte en « zone postcombat ». Dans « Je suis là », le premier des quatre . . .

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Le comte Maurice Auguste Benjowski eut une vie hautement mouvementée. Militaire, explorateur et colonisateur, ce noble d’origine hongroise, mort en 1786, à 39 ans, semble avoir été un personnage charismatique dont les exploits ont marqué les esprits en son temps.
 Outre ses hauts faits de guerre, il aurait entre autres été le premier Européen à naviguer dans le Pacifique Nord dans l’espoir d’y trouver un passage vers l’Atlantique. L’aventurier a lui-même écrit la chronique de ses aventures, mémoires dont s’est librement inspiré Jean-Christophe Rufin pour concocter son dernier roman.
L’auteur de L’Abyssin et de Rouge Brésil renoue ici avec plusieurs de ses thèmes de prédilection : voyages au long cours, conquête de terres exotiques, coulisses du pouvoir, science et progrès social, amours trempées dans l’action. On remarquera entre autres le motif de la jeune amante cavalièrement enlevée à ses . . .

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Phénomène littéraire mondial, l’Islandais Arnaldur Indridason abandonne momentanément dans les fjords de sa petite enfance l’inspecteur Erlendur Sveinsson, un attachant personnage que ses lecteurs suivent depuis vingt ans.
Publiés dans une trentaine de pays, les livres de l’historien ont récolté de nombreux prix prestigieux. L’auteur propose maintenant une intrigue qu’il situe dans les années 1940, la Trilogie des ombres, une saga de type thriller dont Dans l’ombre est le premier tome.
En 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, l’île nordique sert de base navale aux Alliés et de terrain de jeux aux espions allemands. Le gouvernement islandais ayant refusé de prendre parti, le pays a été envahi en 1940 par les Britanniques, auxquels ont ensuite succédé les Américains. L’Islande a réussi à maintenir sa neutralité, non sans payer le prix de l’occupation : marché noir, exploitation sexuelle ou activités d'espionnage . . .

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Intrigué par le titre – preuve que cela compte –, puis par le point de vue des éditeurs – on finit toujours par le lire –, je me suis plongé dans ce recueil de neuf nouvelles, premier livre publié par Karen Köhler, actrice, illustratrice, auteure de pièces de théâtre, peut-on également lire sur la quatrième de couverture.
Difficile de ne pas être dubitatif devant pareille déclinaison quand, de surcroît, la presse allemande a dit beaucoup de bien de ce recueil. J’ai donc amorcé la lecture de Bêtes féroces, bêtes farouches avec certaines attentes (ce qui n’est jamais la meilleure attitude pour aborder une œuvre). J’ai rapidement été agacé à la lecture de la première nouvelle, « Il comandante », tant par le propos, le ton, le style résolument nouvelle écriture. Âgée de 33 ans, une jeune femme, que l’on devine vive et jolie, vient de subir une opération pour traiter un cancer de . . .

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Depuis La saison des quêteux (1986), Sylvain Rivière poursuit inlassablement la même mission : chanter la Gaspésie en faisant appel à une langue colorée qui s’inspire de ce qu’il appelle le « patois » local dans son essai Prendre langue (2002), mais qu’il transforme en un chatoiement qui amuse l’oreille, tout en rendant hommage à ceux et celles « qui ne […] prendraient jamais autrement » la parole.
Les douze nouvelles de Trousse-Jupon et autres histoires continuent cette exploration, tant il est vrai que sa banque de personnages semble infinie. De Minique-la-Dérive, qui a abouti sur l’archipel des Ramées (le nom donné aux Îles-de-la-Madeleine par Nicolas Denys en 1672), à Ado-les-Médailles, qui doit son surnom moins à la guerre qu’aux médailles achetées à vil prix à Paris à la Libération, la galerie de personnages couvre plusieurs facettes de l’âme humaine, tout en décrivant une sociét . . .

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Dernier volet d’une trilogie entamée en 2011 avec Le passage et poursuivie en 2013 avec Les Douze, La cité des miroirs vient conclure de façon magistrale cette épopée postapocalyptique née d’un vœu émis par la fille de l’écrivain : la jeune Iris Cronin avait dit à son père qu’elle aimerait lire « l’histoire d’une fille qui sauve le monde ». Sept ans et près de trois mille pages plus tard, c’est chose faite.
Cet enfant-sauveur, c’est Amy Harper Bellafonte. Elle n’avait que six ans lorsqu’elle fut forcée de prendre part au « Projet Noah », une expérience gouvernementale ultrasecrète visant à tester un virus censé accroître la longévité. Mais les choses ont mal tourné : les douze cobayes qui ont reçu le virus se sont transformés en monstres assoiffés de sang, les « viruls ». Ils ont rapidement plongé le monde dans le chaos et d . . .

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Que se passe-t-il chez un peuple « placé » dans une réserve et coupé de ses racines ?
Waubgeshig Rice est un Anishinabé de la réserve de Wasauksing. Il a eu la chance de faire des études supérieures en journalisme et travaille à la CBC. Il vit à Toronto, mais demeure lié à son peuple. Son œuvre témoigne de son attachement et de sa volonté de parler de la vie, de la colère, des attentes, des échecs et des réalisations des autochtones en s’adressant à ceux-ci, mais aussi aux « allochtones ». Le legs d’Eva est son deuxième ouvrage, mais le premier traduit.
La situation des habitants de la réserve de Birchbark (nom inventé) sur la rive nord de la baie Georgienne, comme la réserve dont est natif l’auteur, est loin d’être saine. Alcool, violence, scolarisation incomplète, suicides s’inscrivent dans un climat de pauvreté et surtout d’absence d’espoir, porteur d’une colère . . .

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Marie-Eve Cotton, médecin psychiatre, signe son premier roman dont l’histoire se déroule dans l’unité psychiatrique d’un hôpital montréalais.
Hadrien Jalbert, baptisé Pivot en raison de sa grande culture, en est à sa douzième hospitalisation. Dans cette unité, chacun est convaincu d’être le seul sain d’esprit enfermé à tort parmi les fous. Pivot ne fait pas exception : il n’a pas de problème de santé mentale, mais il est persécuté par le Système, une organisation qui a des ramifications dans tous les lieux de pouvoir et qui force les gens à prendre du venin qui les rend amnésiques. Autour de lui un jeune Haïtien se prend pour le Christ, un homme bipolaire a voulu s’envoler du pont Jacques-Cartier, un sans-abri discute avec des lilliputiens. Mais tout changera quand Mary, une Inuite du Nunavik qui entend des voix, sera admise dans l’unité.
Ce sont d’abord des vignettes humoristiques que nous propose Marie . . .

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Dans ce premier roman, Katherine Raymond – qui poursuit présentement des études en psychiatrie – propose une parole acérée sur le monde de la médecine psychiatrique, mais aussi sur les diverses aliénations qui caractérisent le rapport des femmes occidentales à leur corps et à leurs rôles. Autofiction ? La similitude entre les noms de l’auteure et de la narratrice le laisse croire.
On pense bien entendu à Nelly Arcan, qui est d’ailleurs évoquée au passage, mais il ne faut pas croire au pastiche. Le style se rapproche un peu de Folle : au lieu d’une lettre de suicide destinée à l’amant perdu, il s’agit d’une narration à la deuxième personne qui s’adresse à la mère suicidée. Et si cette question du rapport mère-fille était essentielle chez Arcan, la lecture qu’en propose Katherine Raymond se présente un peu comme un complément.
La mère, ici, n’est pas une . . .

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Vous est-il déjà arrivé de redécouvrir, au fil de vos lectures, un souvenir profondément enfoui dans votre mémoire ?
Lecteur attentif, Bernard Pivot a colligé ces ricochets et réminiscences pour en faire un point de départ d’autant d’historiettes ; il les partage en se remémorant comment certains passages chez ses romanciers de prédilection ont occasionné, voire provoqué l’émergence d’un épisode de sa vie antérieure.
C’est ce qui justifie le titre de La mémoire n’en fait qu'à sa tête, qui s’apparenterait presque à un recueil de nouvelles dérivées d’une simple étincelle.
Naturellement, chacun pourrait à sa guise établir sa propre liste de digressions, réflexions impromptues, boutades, coq-à-l’âne à partir de ses lectures. Celles de l’ancien animateur d’Apostrophes permettent d’apprécier sa vaste culture livresque et de trouver une multitude de pensées inspirantes. Les points de départ sont souvent . . .

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Martha Jane Canary, dite Calamity Jane (1852-1903), est une figure légendaire de la conquête de l’Ouest. Ce n’est pas la première fois qu’elle inspire les écrivains, puisqu’elle occupe une place de choix dans les romans de Pete Dexter, Deadwood (1986), et de Larry McMurtry, Buffalo Girls (1990). Et pourtant, ce troisième roman de la Canadienne Natalee Caple ne donne pas l’impression de siffler un air connu.
Cela tient sans doute au dispositif narratif, qui a été attentivement élaboré. Caple fait alterner différentes séquences de récits, notamment celles concernant Miette (la fille de Jane) et Martha (Jane elle-même). La trame de départ est fictive : l’auteure imagine la quête entreprise par Miette pour retrouver cette mère qui l’a abandonnée alors qu’elle n’était qu’un bébé. Une quête menée à contrecœur puisqu’elle lui a été dictée par son p . . .

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Dans la langue imagée et sensible qu’on lui connaît, Patrick Chamoiseau dénonce avec fermeté la situation intolérable des migrants en quête d’asile et professe l’espérance en une mondialité humaine.
À la défense des migrants, Chamoiseau monte aux barricades poétiques et sonne le rappel des Césaire, Pasolini, Saint-Exupéry et autres Hölderlin du monde. Son essai Frères migrants, en écho aux « frères humains » de François Villon, est une harangue, un manifeste, un chant courroucé, malgré tout dans l’attendrissement devant le fait d’une communauté humaine. « Ce qui saigne, ces houles vives qui s’épanchent, je parle de gens, je parle de personnes, saigne de nous, saigne vers nous, parmi nous, saigne pour tous. »
L’ordre mondial néolibéral d’aujourd'hui ne fait pas l’affaire de Chamoiseau. Des pays aux moyens modestes ont ouvert les bras aux migrants, tandis que d’autres, malgré leurs capacités . . .

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Mai 1940 : l’armée allemande, mettant en œuvre la stratégie du blitzkrieg (guerre éclair), avance rapidement en territoire français. Les troupes françaises sont prises au dépourvu. Il en va de même du Corps expéditionnaire britannique, fort de plusieurs centaines de milliers d’hommes, venu à la rescousse.
Les Alliés, forcés de laisser derrière eux de grandes quantités de matériel militaire, doivent se replier en vitesse. Le gros de l’armée en retraite se voit ordonner de se diriger vers Dunkerque, un port qui n’est pas encore tombé aux mains de l’ennemi. Si bien qu’une véritable armée se retrouve à Dunkerque, coincée entre la mer et l’inexorable avancée allemande. Les Britanniques, sous la gouverne de Churchill, doivent organiser à l’improviste leur évacuation vers l’Angleterre. Une véritable armada est rassemblée à cette fin, constituée de bâtiments de toutes catégories : destroyers, chalutiers, bateaux d’excursion . . .

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Sébastien La Rocque est le fils du défunt Gilbert La Rocque, écrivain aussi connu du milieu littéraire québécois des années 1970 pour avoir œuvré à titre d’éditeur chez Québec Amérique. Après avoir abandonné des études doctorales en lettres, La Rocque, le fils, s’est quant à lui recyclé dans l’ébénisterie. Ces deux centres d’intérêt sont d’ailleurs exploités dans Un parc pour les vivants, une réflexion sur le confort et le réconfort des objets, sur leur envahissante présence devenue, pour certains, d’une vitale nécessité : « [D]ans la poussière qui s’accumule sur les objets », écrit l’auteur, se cache « une vie secrète au sein de laquelle l’homme n’a plus de rôle ».
C’est donc à dessein si l’homme n’occupe pas le premier plan de ce roman morcelé qui suit les destins entrecroisés de plusieurs figurants. Tout se passe comme si . . .

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Initialement, la Charte de la langue française devait promouvoir l’épanouissement du français au Québec, notamment dans l’affichage commercial, mais aussi en incitant les enfants de l’immigration (sauf les anglophones et leur famille) à fréquenter l’école francophone.
Cette mesure juridique d’intégration était rendue nécessaire puisque de son côté, le gouvernement fédéral n’avait jamais pu empêcher l’anglicisation du Québec, ni du Canada. Or, la Charte de la langue française a souvent été affaiblie par les tribunaux qui appliquaient à la lettre les lois fédérales, la Loi constitutionnelle de 1982 et la Charte canadienne des droits et libertés. Dans les 26 causes étudiées ici, ce sont des juges non élus qui ont invalidé la « loi 101 » ou forcé sous de multiples prétextes son affaiblissement alors qu’il s’agit pourtant d’une loi votée par nos élus à l’Assemblée nationale du Québec. L . . .

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Sur l’album Sad Songs for Dirty Lovers, le chanteur du groupe The National pousse de sa voix plaintive un « Cardinal song » inspiré, une ballade déchirante sur un amour impossible. Est-ce cette même piste qui inspire à Vincent Giudicelli son premier roman ?
Chose certaine, son Cardinal song se présente lui aussi comme une chanson triste sur des amants paumés que l’éloignement géographique et sentimental sépare. Tous les personnages sont d’ailleurs seuls dans ce livre, orphelins égarés, solitaires et sans attache. Ils ont renoncé à l’héritage de leurs parents, renoncé aussi à la famille et à la transmission filiale.
Peut-être en raison de cette filiation rompue, le no futur devient le credo de cette génération sauvage qui s’ébat vainement, perplexe devant l’avenir. Marie et Laura errent parmi tous les continents, tandis que Norman s’explose le cœur à grands traits de cocaïne. Puis Marie tente de r . . .

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Qui ne connaît pas la Sagouine ? Cette pauvre et vieille femme de ménage lave les planchers des théâtres depuis 1971. Et tout en frottant partage avec l’un de ses proches ce qu’elle a vécu et pense de la vie.
Ou encore, elle épluche ses patates, range le bois, se berce. Des gestes simples qui illustrent une vie tout aussi simple, si ce n’était la qualité extraordinaire du verbe qui l’anime. Une philosophe en vêtement de travail. Depuis sa création, cette pièce « pour femme seule » écrite par Antonine Maillet est interprétée de magnifique façon par Viola Léger.
Née le 29 juin 1930, Viola Léger a 41 ans quand elle prend « possession » du personnage – ou est-ce l’inverse ? « Jouer à la Sagouine ne marcherait pas. On doit la devenir, l’incarner, autrement on n’y croit pas », affirme-t-elle dans La petite histoire de la Sagouine, où elle . . .

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L’étranger dans la montagne est le premier recueil de nouvelles que l’auteur publie depuis Le traversier (2000) et son cinquième depuis Reconnaissances (1981).
Il avait publié, au cours des dernières années, des essais (dont Pierres de touche en 2007 – prix Victor-Barbeau 2008 – et Points de vue en 2012), des récits (La route innombrable en 2003, L’ammonite en 2009) et, en tirage privé, une autobiographie (Parcours, 2014). Cinq des douze nouvelles dont se compose L’étranger dans la montagne avaient fait l’objet d’une première publication, notamment « La sonate », qui figurait au sommaire d’Habiter la littérature. Mélanges offerts à Hans-Jürgen Greif en 2016.
Le recueil commence de façon très forte avec « Brendan, ou le voyage au paradis . . .

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Michel Laurin, pédagogue d’expérience et auteur de nombreuses anthologies, relève avec brio le défi de la série « 30 secondes » avec cette étude qui couvre quatre siècles de productions littéraires, depuis les écrits de la Nouvelle-France jusqu’aux récentes cuvées.
Plus qu’un survol, ce vaste panorama fait nettement ressortir les courants de pensée qui ont prévalu au Québec et dont témoignent les auteurs et livres marquants. Laurin a divisé son ouvrage en six parties qui correspondent à des époques plus ou moins étanches de l’évolution de la vie culturelle d’ici. Chacune est subdivisée en plusieurs sujets auxquels une page dense est consacrée. Le néophyte y trouvera des informations pertinentes qui orienteront ses premiers contacts avec la littérature québécoise, tandis que le lecteur, peu ou prou au fait, et la personne avertie apprécieront ce vade-mecum riche en repères. En effet, un sommaire détaill . . .

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C’est sans complaisance que Caroline Jacques livre un portrait de sa vie d’expatriée en Afrique, plus précisément dans le pays le plus pauvre de la planète, le Niger.
Coopérante volontaire pour une ONG québécoise à titre de juriste en appui aux droits des femmes, elle décrit son courageux parcours de jeune femme (elle a à l’époque 29 ans), blanche, seule, dans ce pays où règnent la chaleur et un dénuement extrême.
Je le signale d’emblée : en tant qu’ex-fonctionnaire international envoyé sur le continent africain pendant quatre ans, j’ai dévoré ce livre, que j’ai lu d’un trait dès que j’en ai commencé la lecture. J’ai totalement adhéré à la description faite du Niger, de l’Afrique, des embûches que l’on y affronte, des joies et déceptions que l’on y vit.
Caroline Jacques y décrit sa vie quotidienne : les victoires et les . . .

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Peut-on conjuguer décorations de Noël et Vieux-Québec avec cadavre et enquête policière ? Pourquoi pas, répond Max Férandon en publiant Hors saison.
Après les réjouissants Monsieur Ho et Un lundi sans bruit, l’auteur explore maintenant le monde du polar, tout en gardant un style fantaisiste, facétieux et souvent déjanté qui lui sied si bien.
La charmante ville de Québec, où habite par ailleurs l’écrivain, s’affiche comme l’un des protagonistes du roman et joue bien son rôle, comme elle a toujours su le faire. Le lieu du crime se situe rue Sainte-Anne, dans la vieille Haute-Ville. Un cadavre est retrouvé Au Bonheur de Noël, une trappe à touristes finement nommée, ouverte toute l’année et « muni[e] d’un puissant terminal bancaire ». Devant la mort suspecte d’un employé d’entretien, la police . . .

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Que devient la littérature québécoise ? est un collectif d’études instructif et stimulant qui rassemble les communications entendues à un colloque tenu du 17 au 20 juin 2015 à l’Université Paris-Sorbonne et co-organisé par Robert Dion, Andrée Mercier, Myriam Suchet et Romuald Fonkoua, de l’Université du Québec à Montréal, de l’Université Laval, de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et de l’Université Paris-Sorbonne respectivement.
Pour des raisons de concision et d’économie d’espace, j’emprunte directement à l’introduction très documentée et brillamment organisée de Robert Dion et Andrée Mercier le résumé des différents axes de réflexion des dix-sept auteurs, professeurs d’universités québécoises et européennes pour la grande majorité, qui signent des articles où règnent la clarté et la compétence.
« La question de l’histoire et particulièrement de l’histoire tragique » de la Deuxième Guerre mondiale retient . . .

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L’autobiographie de Marc Chagall (1887-1985) avait souvent été rééditée en France, mais cette nouvelle traduction par Chantal Ringuet et Pierre Anctil se base plutôt sur le tapuscrit daté de 1925 et, de ce fait, ajoute quelques passages plus intimes qui avaient été écartés de la traduction française précédente de Bella Chagall, largement diffusée sous le titre de Ma vie (Stock, 1931).
Le peintre y évoque amplement ses souvenirs d’enfance aux environs de Vitebsk : l’isolement de sa Biélorussie natale, ses premiers cours d’art, ses amitiés, sa pauvreté constante jusqu’à la rencontre déterminante de ses protecteurs, son mariage conforme à la tradition, ou encore son emprisonnement arbitraire à Saint-Pétersbourg, simplement parce qu’il n’avait pas donné de « pourboire » à un officier de police !
Chagall a écrit ce livre à 38 ans, alors qu’il était déjà célèbre en Europe, mais sans savoir à quel point il allait marquer son siècle . . .

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C’est un livre important que nous propose La Mèche en éditant un grand nombre des billets que Julie Boulanger et Amélie Paquet ont publié sur leur blogue Le bal des absentes.
D’abord parce que l’édition en livre de ces textes leur promet une longévité plus grande (même quand le contenu reste en ligne, les billets de blogues sont souvent tributaires de leur actualité), mais aussi parce qu’en les lisant sous cette nouvelle forme, le lecteur peut vraiment prendre l’ampleur des lignes de force qui se dégagent de ce travail.
La première de ces lignes de force concerne le principal objectif de cette entreprise : mettre en valeur des textes d’écrivaines, témoigner de leur intégration dans un corpus d’enseignement et s’interroger quant à cette difficulté persistante d’assurer une représentation équitable des œuvres féminines. Une large part du contenu du livre consiste donc à présenter des œuvres (de Gabrielle Roy, Sylvia Plath, Ana . . .

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Après le sucré de l’érable, voici l’amer de l’étale.
Tenir parole se présente comme une réponse à Tenir tête, essai sur la grève étudiante de 2012 paru l’année suivante et signé Gabriel Nadeau-Dubois. Le GND fictif qui se raconte dans Tenir parole élabore un portrait nuancé, révélant, ici, un douloureux secret, là, l’un de ses points faibles. Parmi sa meute rapprochée se côtoient fidèles, suiveurs et traîtres, tandis que dans sa nébuleuse intime se trouvent une ex-amoureuse endossant la tenue de combat du Black Bloc, une mère veuve de ses idéaux et un père castrateur à qui il dira : « Va chier papa ! Va chier ! » Si l’exofiction, à la mode littéraire d’aujourd’hui et écrite à quatre mains, donne à voir un GND qui ne se prend certes pas pour de la crotte de bique, elle . . .

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Dans un des textes de ce collectif, Martine Delvaux rappelle l’entrevue de Nelly Arcan à Tout le monde en parle en 2007 en soulignant les efforts faits par les animateurs pour « rabattre le réel sur la fiction de façon à amener l’écrivaine à parler d’elle au lieu de parler du texte, à parler en tant qu’elle-même plutôt qu’en tant qu’écrivaine ».
Le choix de la photographie illustrant la couverture n’est d’ailleurs pas anodin : sobre, à bonne distance des photographies glamour qui circulent toujours lorsqu’il est question de l’écrivaine, cette image casse l’aura médiatique de Nelly Arcan pour en revenir à l’analyse littéraire.
Les textes réunis dans cet ouvrage s’intéressent à divers sujets : certains auxquels on l’associe spontanément (obsession de la beauté, sexualité, relations avec la mère, aliénation des femmes, etc.), mais d’autres aspects comme les masques, la monstruosité ou la relation d’Arcan avec le . . .

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Après Cookie (2008), qu’elle voyait comme le pendant féminin de la série télévisée Les Invincibles, et Les bouteilles (2010), où elle s’intéressait à la solitude des gardiens de phare, l’écrivaine et intervenante sociale Sophie Bouchard signe un troisième roman, consacré cette fois à la dysphorie du genre et à la transsexualité.
Jeanne relate l’histoire d’une femme née dans un corps d’homme et qui, faute de pouvoir assumer sa véritable identité, s’est constitué un personnage de « mâle alpha » et de bon père de famille. Mais un jour, Jean Martin estime que le jeu a assez duré. Il décide, contre vents et marées, d’assumer pleinement la femme qu’il a toujours été. Jean devient alors Jeanne. Une grande partie du roman de Sophie Bouchard consiste à décrire le mur d’incompréhension auquel le personnage va dès lors se heurter . . .

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En scène ! est le 25e (et dernier) volet de la remarquable collection « Aux limites de la mémoire » inaugurée par les Publications du Québec en 1995. Chacun des ouvrages de cette série contient autour de 200 photographies en noir et blanc, puisées dans les archives de nombreuses sources, publiques et privées.
Ces photos témoignent, chaque fois, d’un aspect différent de l’histoire du Québec. Cette fois-ci, le thème retenu est le monde du spectacle.
Le cirque ambulant, les numéros d’adresse, de voltige et de démonstration de force constituent la matière du premier chapitre. Puis, sous l’intitulé « Admission générale », le théâtre, aussi bien amateur que classique, burlesque et d’été, est présenté, en compagnie du musée Éden, des combats de lutte, de numéros d’hypnose, de chanteurs populaires et de majorettes. Des numéros de vedettes populaires comme La . . .

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En refermant Je me voyage, j’éprouvais un profond sentiment de gratitude envers la vie pour avoir prêté existence à Julia Kristeva. À cette personne éblouissante, dont l’œuvre et la biographie démontrent le lien inextricable qui unit intelligence, connaissance et culture, quand ces trois fondements de l’histoire humaine sont sources d’essor et de dépassement, et non d’ensevelissement dans la haine et les guerres qu’elle suscite.
Julia Kristeva a eu la chance de naître et de grandir dans une famille qui attachait plus d’importance à la richesse intellectuelle qu’aux biens matériels, tout en appréciant ceux-ci à leur juste valeur, celle qui, justement, permettait de se libérer des besoins immédiats. Son premier éblouissement, alors qu’elle était à peine âgée de trois ans, a été la réponse de sa mère à la question posée sur ce qui était la plus grande rapidité des moyens de transport. « C’est la pensée », avait répondu celle-ci . . .

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« Un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l’islamophobie. Critiquer la violence militante de cette religion dans son incarnation contemporaine est considéré comme du fanatisme. »
Cet extrait de Salman Rushdie, placé en exergue du dernier livre de Pascal Bruckner, introduit de façon pertinente et percutante le propos de l’essayiste.
Celui-ci entend, en effet, dénoncer le recours récurrent aux accusations d’islamophobie, de racisme et de fanatisme lancées à l’encontre de quiconque prétend interroger, en Occident, les exigences des islamistes fondamentalistes appuyés par certains « progressistes ». On aurait pourtant pu s’attendre de ces derniers qu’ils défendent bec et ongles les droits durement acquis des femmes, des homosexuels, de même que celui de critiquer librement les gouvernements et les religions (lorsqu’il ne s’agit pas, bien sûr, d’attaques haineuses). Paradoxalement, selon Bruckner, ces gens de gauche en sont arrivés à appuyer la nouvelle censure qui s’impose . . .

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Annoncée par les mythes de Prométhée et de Faust et par le travail des alchimistes avant de subir d’importantes transformations à l’ère des expérimentations nazies et de la bombe atomique, la figure du savant fou domine la science-fiction.
Du lunatique au génie du mal, on le retrouve dans les grands classiques du xixe siècle signés Mary Shelley, Edgar Allan Poe, Jules Verne, Robert Louis Stevenson et H. G. Wells. De Frankenstein à L’île du docteur Moreau, ces textes ont fourni un modèle narratif qui revient partiellement dans les productions contemporaines. Il revient partiellement parce que le paradigme a changé au milieu du xxe siècle. Le savant fou est alors sorti de l’isolement qui le caractérisait pour tenter d’altérer un monde qu’il jugeait imparfait.
Dans cet essai qui émane d’une thèse de doctorat, l’auteure retrace l . . .

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Depuis quelques décennies, l’engouement des Québécoises et des Québécois pour le pèlerinage à pied, notamment sur les chemins menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, ne se dément pas. De nombreux récits de pèlerinage témoignent de cette popularité, mais jusqu’à présent aucune étude québécoise d’envergure n’a encore tenté d’en prendre la mesure.
Le sociologue, professeur émérite et marcheur expérimenté Michel O’Neill entend remédier à la situation. Conjuguant recherche documentaire, collecte de témoignages et observation sur le terrain, son ouvrage porte plus précisément sur ce qu’il appelle « le phénomène de la marche pèlerine », non seulement à Compostelle mais également au Québec.
Après avoir défini puis circonscrit ce qui distingue et caractérise la « marche pèlerine », O’Neill rappelle l’histoire du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle de ses origines jusqu’à nos jours, en portant notamment attention à l’« un des catalyseurs du . . .

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Après nous avoir donné, il y a de cela quelques années, un magnifique coffret de biscuits chinois, recueil d’aphorismes tout aussi fins que savoureux dans leur présentation et leur déclinaison, Lew Yung-Chien récidive en nous offrant cette fois ce qu’il nomme à fort juste titre ses Éclats d’éternité.
Le livre se présente avec autant de soin que le précédent, la photographie remplaçant ici les pictogrammes que l’on trouvait dans 60 biscuits chinois. Cinquante photographies en couleurs nous sont ainsi proposées, chacune étant accompagnée d’un bref message qui nous est livré en français, en anglais aussi bien qu’en chinois, et qui cherche tantôt à traduire ce que recèle l’image photographiée, tantôt à simplement nous inviter à nous y abandonner pour le seul éclat de sa beauté.
« Je vois l’univers comme étant un océan d’énergie sans cesse en mouvement. Dans certaines . . .

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Dans le précédent volume, regroupant les carnets tenus entre 1995 et 2000, André Major terminait sur une note d’ouverture, comme une invitation à le retrouver à un autre moment afin de poursuivre cet exercice d’amitié qu’est le partage des réflexions, impressions, rêves, sans taire les déceptions qui balisent le parcours d’une vie : « L’important, concluait-il, c’est de poursuivre sa route, à l’écoute du vivant. Un vers de Verlaine le dit tout simplement : La route est bonne et la mort est au bout ». La promesse est tenue, André Major nous revient cette fois avec les carnets couvrant les trois années qui suivent, de 2001 à 2003.
Le lecteur confident y retrouve celui qu’il a quitté quelques années plus tôt, à la fois inchangé et différent. Major demeure avant tout ce lecteur aussi passionné qu’hier et avide de poursuivre sa quête de compréhension du monde, d’interroger et de partager avec le lecteur le fruit de ses . . .

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Zacharie Desforges habite Saint-Lude, un patelin fictif sur lequel règnent les Charron, une bande de mafieux abrutis trempant de père en fils dans toutes sortes de combines depuis l’époque de la prohibition.
Quand Mario « Butch » Charron, le dernier rejeton de cette lignée de cul-terreux, force Zach à mettre dans sa bouche cette excroissance malodorante dont il se détourne in extremis, une décision s’impose sans plus tarder : rester pour faire face à la très persuasive violence du jeune pervers sexuel ou répondre à l’appel des vestiges toltèques du Mexique. Encouragé par un père psychologue très ouvert d’esprit, l’adolescent quitte le domicile familial, laisse derrière lui Niquette, sa sœur cadette, et le souvenir de sa mère décédée d’un cancer quelques années auparavant.
Entièrement construit sur le topos de la rencontre, son voyage à travers les États-Unis présente une suite de personnages typés auxquels . . .

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Jean-Simon DesRochers revient à ses anciennes amours avec Les espaces. Au début des années 2000, il avait signé deux recueils de poésie, dont Parle seul, qui lui avait valu le prix Émile-Nelligan. Ensuite, mis à part un essai sur la création littéraire, il n’avait publié que des romans : La canicule des pauvres (2009), Le sablier des solitudes (2011) et Demain sera sans rêves (2013).
Ces fictions, surtout les deux premières, l’ont fait connaître du grand public. Il s’y révélait un habile conteur, proche de la tradition américaine, doué pour les structures complexes, l’effet « choral ». Pourquoi ce retour en poésie ? Qu’offre la poésie qui est impossible avec le roman ?
Beaucoup. Plus particulièrement, peut-être, l’occasion de remettre en question le langage même qui construit nos histoires collectives et individuelles. « Retourne contre toi le mot garçon / il n . . .

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Ce premier roman du jeune écrivain des Comores a de quoi étonner, eh oui, un premier roman de 317 pages, tout d’une phrase, sans autre ponctuation que la virgule, dont le rythme épouse celui de l’urgence de se souvenir, de retrouver personnages et circonstances qui tissent la trame de la courte vie de la narratrice, Anguille, 17 ans, acculée à sa perte alors qu’elle allait s’émanciper après avoir subi la trahison de Vorace, véritable Adonis « pour qui [son] corps frissonnait » et à qui elle avait donné son cœur tout entier, et la colère de son père, Connaît-Tout, le pêcheur qui prétend en savoir plus en lisant les lambeaux de journaux trouvés sur la plage que ceux ayant fréquenté l’université, qui se prend pour Nelson Mandela, et qui l’a mise à la porte « ex abrupto » pour parler comme elle, dont le verbe puise à tous les registres, s’orne d’expressions locales, car Anguille a . . .

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Entre Christina, jeune vingtenaire très adolescente, et Marie-Ange, cuisinière haïtienne, le fossé est grand : la culture, l’âge, le milieu de vie.
Et pourtant, la passion est au rendez-vous et c’est elle qui est le point de départ de ce roman qui met en scène un amour difficile et une séparation qui le sera encore plus.
Dans son cinquième ouvrage, Emilie Andrewes nous ouvre le quotidien d’un couple qui se fait et se défait. L’accent est finalement moins mis sur ce qui sépare ces femmes que sur ce qui les fait ressembler à d’autres couples : jalousie, rythmes incompatibles, moments tendres, affection sincère, peur de vieillir, vengeance, etc. Autour d’elles gravitent le fils handicapé intellectuel de Marie-Ange, les parents egocentrés de Christina, les amis de la première, les employeurs de la seconde, et chacune des vignettes qui forment leur histoire ne se rattache pas nécessairement à une trame secrète . . .

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Dans son deuxième roman, Véronique-Marie Kaye met en scène une femme forte mais superficielle. Dotée d’une extrême confiance en elle, d’une beauté à tout casser, d’un étonnant don pour la joie, Andréanne a néanmoins navigué dans une vie peu simple (trois mariages et trois divorces, un frère ayant une santé mentale fragile, des relations sexuelles souvent décevantes).
Elle a pourtant fini par se construire un quotidien confortable entre le centre sportif où elle travaille, les hommes qu’elle conquiert et un vilain penchant pour le voyeurisme. Elle surfe sur la vie, bizarrement incapable de toute profondeur. Deux rencontres sont censées bouleverser les choses : l’amant Nicholas et la locataire Clothilde.
Si une telle trame peut laisser croire qu’il s’agit d’un roman psychologique sur l’émancipation ou la découverte de soi, détrompez-vous ! Il y a quelque chose de « cartoonesque » chez Kaye : des personnages volontairement caricaturaux, un mordant comique et une . . .

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Ramenant son lecteur une soixantaine d’années en arrière, Carole Massé fait naître dans un Québec rural jusqu’à l’os une jeune adolescente dont elle suivra ensuite le parcours avec sensibilité, audace, empathie.
La jeune Estelle débouche sur une existence laborieuse. À peine pubère, elle joint ses efforts à ceux de la flamboyante Gloria pour fournir à son oncle et à ses deux fils bouffe et buanderie. Peu ou pas de détente, peu ou pas de rigolades juvéniles, mais un culte débridé de son aînée. Comme les mâles de la maisonnée, Estelle gravite autour de Gloria, la vénère, s’en fait un modèle et un exutoire. Adoration inconfortable tant Gloria saute d’une lubie ou d’un mensonge à l’autre. L’auteure voue l’oncle et les cousins au même sort et les fait tous passer, du moins est-ce pendant un temps l’impression créée chez le lecteur, pour des satellites de la . . .

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Ce premier roman d’Andri Snær Magnason date de 2002. Depuis, l’auteur né à Reykjavik en 1973 a publié d’autres livres, dont l’album jeunesse Les enfants de la planète bleue (Gallimard, 2003). Pour cette édition de LoveStar, Alto a repris la traduction parue en 2015 chez Zulma.
Déjà primé en France et aux États-Unis (Grand Prix de l’Imaginaire 2016, mention spéciale du prix Philip-K.-Dick en 2013), LoveStar faisait partie de la première sélection du Prix des libraires du Québec.
Comme l’indique la quatrième de couverture, ce roman semble issu d’un croisement entre 1984 et L’écume des jours. Dans un proche avenir, l’humanité redoute la fin du monde lorsque surviennent d’étranges phénomènes : les sternes arctiques cessent leur migration et déferlent sur Paris ; les mouches à miel envahissent Chicago ; les papillons monarques d . . .

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La préoccupation écologique de Louis Hamelin ne date pas d’hier, et il était écrit qu’un jour il en ferait tout un roman.
Elle irriguait déjà la révolte du héros du premier roman de l’auteur, La rage (1989). Dans Le joueur de flûte (2001), la quête initiatique du personnage se mêlait à un militantisme pour la défense de Mere Island et de ses territoires autochtones contre les ambitions voraces d’une compagnie forestière. Mais si, dans ce roman, l’empreinte écologique était explicitement revendiquée, elle ne prenait pas encore cette dimension impérieuse et totalisante qu’elle reçoit dans le dernier roman de l’auteur.
Autour d’Éva raconte la résistance d’une petite équipe d’environnementalistes au projet de construction d’un vaste complexe récréotouristique dans une forêt de l’Abitibi. Le projet prend forme près de Maldoror . . .

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L’œuvre de France Daigle forme un ensemble complexe, pourtant linéaire. Des romans formalistes de ses débuts dans lesquels certaines pages n’étaient occupées que par une courte phrase qu’il fallait savoir déchiffrer aux aventures de Terry et Carmen qui parlent un chiac joyeux et pleinement assumé et qui sont au cœur de ses quatre derniers romans, Daigle explore le monde dans lequel elle s’incarne.
En parallèle à son œuvre romanesque et théâtrale (ses pièces ont été créées par le collectif Moncton Sable), elle a semé dans des revues et divers ouvrages des poèmes qui sont des repères de son cheminement. Si elle en a écrit peu, elle en a cependant écrit régulièrement. Poèmes pour vieux couples les rassemble pour la première fois en un tout divisé en sept parties (la numérologie est importante dans son œuvre) par affinité thématique ou formelle plutôt que chronologiquement . . .

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Contrairement à ce que son titre indique, le huitième roman de Laurent Seksik ne porte ni sur l’écrivain Romain Gary ni sur sa décision de rallier les forces de la France libre en juin 1940.
Le récit – qui reprend la même formule narrative que Les derniers jours de Stefan Zweig et Le cas Eduard Einstein, à savoir la tranche de vie romancée – se déroule principalement sur deux journées de janvier 1925. Romain Gary s’appelle alors Roman Kacew. Âgé de dix ans et demi, il vit avec sa mère dans un appartement du ghetto juif de Wilno. Leur situation financière n’est guère reluisante. Criblée de dettes, Nina compte sur la vente de vieux livres et de bijoux ayant prétendument appartenu à la famille du tsar pour leur éviter l’expulsion. Roman, de son côté, souffre de l’absence de son père, l’artisan fourreur Arieh Kacew, parti . . .

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Le sixième recueil de Jean-Paul Beaumier Et si on avait un autre chien ? raconte quelques brefs moments dans la vie quotidienne d’un citoyen lambda, par ailleurs observateur attentif et narrateur avisé.
En une vingtaine de courtes nouvelles, l’auteur décrit un univers souvent heureux, parfois monotone, mais qui peut aussi être hanté par les drames ou les malédictions, comme dans « Nuit sans lune » : « Une fois de plus, la mer les avait rejetés avec les damnés de la terre. Les passeurs étaient déjà loin, en quête de nouvelles proies ».
Chacune de ces tranches de vie s’inspire – ou du moins pourrait-on le croire – d’une pensée mise en exergue : Kafka et la justice, Kundera et les problèmes domestiques, Gabrielle Roy et le rivage d’un lac ou encore Borges et la bibliothèque. Sauf lors de douloureuses exceptions, les journées s’écoulent paisiblement et s’ils ne sont pas euphoriques, les protagonistes . . .

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Libraire de métier, Éric Forbes est natif d’Amqui, une municipalité baignée par la Matapédia où se déroule un peu moins de la moitié de son roman paru dans la collection « Noir » des éditions Héliotrope.
Étienne Chénier, le personnage principal, en est également originaire, en plus d’être lui aussi libraire de métier et de se passionner pour le roman noir, les Mankell et Manchette de ce monde. D’où le défilement de références et d’allusions au genre, ainsi que la haute teneur en réflexivité de ce premier polar fort maîtrisé.
Amqui, c’est également « là où l’on s’amuse » en langue micmaque. Or, quand l’ex-taulard débarque dans son village natal, Glock en poche et prêt à tout faire péter, la fête prend un tour plutôt sanglant pour certaines grosses légumes locales. Il faut dire que quatre ans à Bordeaux lui ont donné tout le temps de ruminer . . .

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Gabriel Osson plaide la cause des restavèks. Il décrit en la dénonçant la situation vécue par ces enfants haïtiens dont on estime aujourd’hui le nombre à plus de 400 000.
Un restavèk, en créole, fait référence à un enfant placé comme « domestique » dans une famille où il « reste avec » jusqu’à sa majorité. En théorie, cette famille doit lui permettre d’aller à l’école après son « travail ». La réalité, si l’on se fie à celle décrite dans le roman Hubert, le restavèk, est tout autre. L’enfant n’est ni plus ni moins qu’un esclave. Ce sera le cas d’Hubert. Ses parents, qui vivent pauvrement à Jérémie, le confient à une tante habitant à Port-au-Prince, qui le place dans une famille bourgeoise, les Mirevoix. Il a alors près de treize ans. S’il est victime de nombreux sévices, physiques et sexuels, de la part des membres . . .

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Bertrand Gervais poursuit depuis plusieurs années une carrière de professeur de lettres à l’UQAM, alternant publications scientifiques et romans souvent empreints des questions traitées par l’essayiste. Spécialiste, entre autres domaines, de littérature américaine, le prolifique polygraphe revient à la charge avec un roman sur la guerre, ou plutôt, sur les guerres.
 Les petites, personnelles et privées ; les grandes, de portée nationale, voire mondiale, de celles que l’on transpose au grand écran et dont on pleure les victimes à coups de monuments commémoratifs. Son roman intègre d’ailleurs plusieurs descriptions de scènes d’anthologie empruntées à Cimino, Coppola et Kubrick, trois pointures du cinéma ayant traité du conflit vietnamien.
Au départ, un froid amoureux, une histoire de cœur qui bégaie. À défaut d’une thérapie de couple, le narrateur de La dernière guerre s’offre un road trip curatif aux États . . .

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Comme tout romancier, Daniel Poliquin n’a jamais vraiment cessé de réécrire le même roman depuis ses débuts, il y a exactement 35 ans.
D’un roman à l’autre, on reconnaît ses thèmes de prédilection, le rythme de son écriture, son humour, ses dons incomparables de conteur, etc. Il y a une manière Poliquin qui avec le temps s’est imposée, au lecteur comme au romancier lui-même, d’ailleurs, lequel a été étonné un jour de réaliser qu’il reconduisait malgré lui les postures imaginaires et intellectuelles de ses personnages antérieurs. Or, ce qui est particulier avec son plus récent roman, c’est qu’on a le sentiment que l’auteur rejoue avec une insistance trop marquée les cartes qui lui ont déjà réussi, de sorte que nous sommes devant un roman qui surjoue, qui renchérit sur les caractéristiques propres à ce singulier univers romanesque. On pourrait dire la même . . .

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À 40 ans à peine, Guillaume Lavallée affiche un parcours singulier comme reporter québécois sur la scène internationale. Journaliste à l’Agence France-Presse (AFP), une des plus importantes agences de la planète, il a été envoyé dans des pays que les diplomates considèrent comme à haut niveau de risque, soit le Soudan, le Pakistan et l’Afghanistan.

De son séjour au Soudan, il a tiré un livre, Dans le ventre du Soudan (2012), finaliste au prestigieux prix Albert-Londres 2013.
Guillaume Lavallée, maintenant de retour au pays à titre de professeur à l’UQAM, refait le même exercice avec un bouquin au titre accrocheur, cette fois sur le Pakistan. Le livre s’intéresse de près aux ravages causés par l’envoi massif de drones ciblant des terroristes figurant sur la « hit list » de l’armée américaine.
Cette « Obamaguerre », selon son expression, car l’ex-président américain a autorisé un grand nombre de ces . . .

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Éminent historien de la vie intellectuelle au Québec, Yvan Lamonde délaisse ici la fresque documentaire pour s’adonner à l’essai. Son intention est maintenant de livrer une interprétation personnelle de la « désarticulation politique et intellectuelle du Québécois », dans le but de comprendre comment s’est produite cette désarticulation et de proposer une piste pour sortir de l’ornière.
Le « coin dans la mémoire » évoqué par Lamonde est celui de la division, instillée au cœur de la conscience québécoise par le colonisateur britannique, par la religion catholique et, enfin, par le Québécois lui-même, hésitant entre diverses allégeances et identités. La première semence de division origine de la stratégie de domination subtilement inscrite dans les structures politiques, depuis la Conquête jusqu’au régime fédéral actuel. La religion catholique a contribué pour sa part à enfoncer le coin de la division en laissant croire aux Qu . . .

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Spécialiste de littérature, auteur d’une thèse portant sur les représentations du romancier américain depuis Melville jusqu’à DeLillo, Daniel Grenier a soufflé tout le monde en 2015 avec L’année la plus longue. Après avoir ravi le Prix littéraire des collégiens, son premier roman a été traduit en anglais et ses droits ont été rachetés en France par la prestigieuse maison Flammarion.
Dans La solitude de l’écrivain de fond, un essai minimaliste et bien personnel sur l’art de la fiction, il revient sur son parcours littéraire, sur les auteurs significatifs qui l’ont jalonné, dont un certain Wright Morris, le plus illustre des écrivains inconnus, double lauréat du National Book Award tombé aujourd’hui dans un oubli complet.
En un peu plus de 80 pages, l’auteur mène donc une réflexion portant sur deux principales préoccupations : l’écrivain Daniel Grenier et l’écrivain Wright Morris . . .

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Malgré ce que suggère son titre, le dernier livre d’Anne Guilbault nous entraîne loin de l’univers fantasmagorique du ballet. Pas de deux est un roman choral qui se déploie autour d’un suicide survenu pendant une journée de chaleur accablante, dans une petite bourgade anonyme.
Une jeune femme craque pour une raison en apparence anodine, pour une autre « miette de bonheur volée », et se jette en bas d’un pont sous le regard impuissant de plusieurs personnes. Le roman prend forme à travers les récits de ces témoins, entre lesquels sont intercalées les dernières pensées de la serveuse qui s’est tuée après avoir roulé sans but pendant des heures. Une partie de l’histoire raconte cette dérive, un parcours qui relève à la fois de l’abandon et d’une tentative pathétique de se raccrocher à quelque chose. En fait, Marie veut s’échapper d’un gouffre plus effrayant que la . . .

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Une femme sans âge roule vers un cul-de-sac couronnant l’une des ramifications solitaires de la 389 Nord, trois heures passé Baie-Comeau. Elle éteint sa voiture au bout du chemin, en sort laborieusement. Secouée par une quinte de toux, elle crache de sombres filets de sang dans la neige immaculée qui tapisse le sol durci par le gel. Elle réussit malgré cela à marcher plusieurs kilomètres avant de s’éteindre doucement, entourée d’une ronde de caribous, la bouche crispée par le froid, figée sur un dernier soupir de soulagement.
Quelques jours plus tard, son fils, narrateur de S’en aller, premier roman de Francis Rose, apprend la nouvelle par les services de la Sûreté du Québec. Afin de répondre aux dernières volontés de sa mère, il entreprend de rejoindre Baie-Comeau et d’y récupérer les cendres de la défunte dans le but de les disperser dans . . .

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Paru en 1971, ce corrosif ouvrage de Mordecai Richler reprend vie grâce à l’énergique fluidité de la traduction offerte par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Leur texte répercute sans fausse pudeur les pensées minutieusement obscènes des personnages de Richler, sans jamais émousser les traits de l’auteur en direction d’une large gamme de sociétés. Même s’il exerce ainsi toute sa verve, le grand provocateur suscitera des réactions plus tempérées qu’à l’époque où la verdeur faisait lever de rentables indignations.
Au cœur du Cavalier de Saint-Urbain, Jake Hersh, talent et réussite dans la bonne moyenne. Mariage paisible épanoui en trois enfants, jusqu’à ce qu’une plainte d’agression sexuelle infondée le chasse de ses stabilités. Si le salut lui est encore accessible, il l’obtiendra en vivant par mimétisme dans un mythe glorifiant son cousin Joey : « Moins son travail lui procurait de satisfaction […] et plus . . .

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Avec Sous le drapeau noir, Joby Warrick retrace le parcours qui a fait d’une petite « succursale » d’Al-Qaïda en Irak la puissante armée qu’elle est encore aujourd’hui. Pour ce faire, le journaliste américain, lauréat de deux prix Pulitzer, dont un pour cet ouvrage, a mené deux années d’investigation au cours desquelles il a interviewé plus de 200 sources militaires, diplomatiques ou issues du monde des renseignements. Finalement, il nous offre une enquête qui se lit comme un thriller.
Abou Moussab Al-Zarqaoui sert de fil conducteur à son enquête. On le suit depuis son incarcération dans les prisons jordaniennes où il achève sa radicalisation en 1998, jusqu’en 2006, l’année de sa mort, après qu’il est devenu une des principales figures du terrorisme islamiste. Warrick nous raconte comment, après sa libération en 1999, il mit sur pied son réseau djihadiste à partir du nord de l’Irak . . .

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Cofondateur avec Fabrice Masson-Goulet du site Poèmes sales, Charles Dionne publie pour la première fois sous l’étiquette du Quartanier, après avoir fait paraître à La Tournure D’espoir de mourir maigre (2013), qui avait été finaliste au prix Émile-Nelligan. La main invisible s’intéresse aux « trivialités » de l’individu moderne, pour reprendre le titre d’un fameux recueil de Michel Beaulieu dont on sent sous certains aspects l’influence. Bien sûr, à plusieurs années de distance, les référents ne sont pas les mêmes, mais ces deux poètes évitent chacun les hauteurs spirituelles pour tenter d’extraire de la banalité du quotidien la matière d’une poésie. Un quotidien, plus précisément, qui ne sort jamais de lui-même, engoncé dans sa mécanique journalière. C’est aussi dans la musique de ces textes narratifs, faite d’enjambements et d’ellipses, qu’on reconnaît . . .

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On le sait, l’immigration a fortement façonné notre paysage social depuis 30 ans. Cela n’est pas sans conséquence, comme on le constate avec la percée des mouvements dits populistes, aux États-Unis comme en Europe, qui fondent leur propagande sur le trop grand afflux d’« étrangers ».
Au Québec, une importante population arabophone a pris racine, qui vient notamment du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc), attirée ici en raison du français, sa langue seconde. C’est sans compter que les immigrants de ces pays ne se sentent plus les bienvenus en France, leur pays traditionnel d’émigration.
Étonnamment, la présence arabophone remonte aussi loin que le XIXe siècle, soit 1882 à Montréal, rappelle Houda Asal, chercheuse d’origine française qui s’est intéressée aux porte-voix de la communauté arabe au Canada jusque dans les années 1970.
L’auteure note que les arabophones, pour beaucoup des commerçants chrétiens tenant de petites boutiques . . .

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Après Retraite, un recueil de nouvelles publié chez Boréal en 2014, Renaud Jean fait paraître Rénovation, son premier roman. D’emblée, les lecteurs de son dernier ouvrage sont plongés dans une atmosphère onirique et orwellienne, où l’existence – en tout cas celle des citoyens lambda – est entièrement sous le contrôle d’une autorité toute-puissante digne de Big Brother. Le protagoniste, qui vivait reclus et dont on ignore l’identité, voit tout à coup son appartement capitonné envahi par deux ouvriers dépêchés afin de le rénover. Au fil de leur travail, ils lui laissent de moins en moins d’espace, dans un appartement de plus en plus attrayant, et celui-ci finit par se réfugier sous la table de cuisine. Chassé de chez lui, il traîne pendant un an dans les parcs et bibliothèques publics. Période au terme de laquelle il se fait arrêter et . . .

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Cet essai, véritable cri de douleur, se répercute sans jamais perdre de sa force dans l’espace restreint d’à peine plus que le nombre de pages requis pour faire un livre. Jacques Beaudry donne très peu ici dans le registre de la mise en garde, ou de l’appel au sursaut salvateur. Il s’agit bien plutôt de la description d’une déchéance, d’une chute dont le vortex nous entraîne à notre perte et dans lequel il s’agit d’adopter une posture dont la qualité ne vaudra peut-être que pour elle-même.
L’essayiste attribue au temps présent des caractéristiques assimilables au totalitarisme : « Ces particularités de notre époque (l’instinct de meute, la réalité pervertie, l’obéissance et les tueries) étaient aussi des caractéristiques de l’ère nazie ». Beaudry dénonce un monde où les « écrans qui nous absorbent vivants » nous empêchent de réfléchir, nous maintiennent dans une illusion de cr . . .

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Prolifique, inclassable, incisif ; s’agissant de Michel Rio, la liste pourrait être longue et tout aussi imprécise, incomplète qu’inutile. À preuve, cet essai avec personnages qui a pour titre Ronde de nuit. Le titre évoque aussitôt le tableau de Rembrandt mettant en scène la milice bourgeoise des mousquetaires d’Amsterdam où le contraste d’ombres et de lumière nous plonge dans une atmosphère plus sombre que lumineuse. Le propos de cet essai avec personnages, qui fait tantôt référence à des personnes réelles et tantôt à des êtres fictifs, prend ici la forme de six conversations entre valeureux représentants du monde occidental en déperdition qui se désolent de cet état de fait, tout en se livrant à un dernier baroud d’honneur.
La première conversation se déroule sur les quais de la Seine entre un ex-banquier devenu clochard à la suite du dernier krach boursier et un journaliste qui croit encore aux vertus d . . .

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Philippe Delerm a une prédisposition naturelle pour le bonheur. Et il ne s’en cache pas. Il la revendique plutôt avec l’étonnement sans cesse renouvelé, l’humilité de qui sait la fragilité de toutes choses en ce domaine. Cette inclination, voire cette aptitude, ne repose pas sur la quête béate d’un impossible rêve, ni sur la recherche de quelque autre forme de convoitise qui incite à toujours vouloir davantage que ce que la vie nous offre ; le bonheur se conjugue ici au présent, dans le lent écoulement des jours justement. Lenteur et présence, le socle du bonheur. Et comment mieux le capter qu’en tenant un journal, un filet pour attraper les instants fuyants et mieux en circonscrire les contours, la couleur, voire la fragilité de ces moments de lisière, comme Delerm les définit : « Dans la pièce d’à côté, les enfants regardent la télévision. J’aime bien cet instant de lisière ; on ne sait plus . . .

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Quand André Breton fait la rencontre de Simone Kahn, en juin 1920, le dadaïsme bat son plein. Depuis le début de l’année, le groupe dada multiplie les manifestations provocantes. L’année précédente, Breton a fondé la revue Littérature, au sommaire de laquelle figure le premier essai d’écriture automatique, Les champs magnétiques. Breton vient alors d’abandonner ses études de médecine, mais s’apprête à travailler pour le collectionneur d’œuvres d’art Jacques Doucet. Quant à Simone Kahn, elle est à l’époque étudiante de littérature et de philosophie et abonnée à Littérature. Ils se marient en septembre 1921.
Les lettres de Breton s’étalent presque entièrement sur l’ensemble des années 1920 (une dizaine de lettres seulement couvrent la période 1930-1960), le couple se séparant à la fin de la décennie. Elles accompagnent donc les années cruciales du surréalisme . . .

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Avant de disparaître en octobre 2015, l’immense Henning Mankell a trouvé la force d’écrire un dernier roman, Les bottes suédoises, terminé peu avant sa mort. L’auteur avait reçu un diagnostic de cancer début 2014 et cette année-là, pendant ses traitements de chimiothérapie, il avait écrit ses mémoires. L’ouvrage Sable mouvant, Fragments de ma vie était devenu son testament, aux forts accents autobiographiques. Arrivé au bout de sa vie, Mankell a voulu faire un ultime retour à la fiction et partager ses dernières réflexions sur la vie, la vieillesse et la mort. Et l’espoir.
« Le présent récit est la suite indépendante du roman Les chaussures italiennes », précise l’auteur en début de livre, quoiqu’on retrouve avec plaisir les personnages déconcertants des Welin, père et fille. Exilé sur un îlot de la mer Baltique, Fredrick, le médecin . . .

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Gatien Lapointe (1931-1983) est surtout connu pour son magnifique recueil L’ode au Saint-Laurent publié en 1963, dont on a souvent dit qu’il amorçait un mouvement de prise de parole nationaliste. Mais ces considérations politiques ont longtemps voilé la beauté et l’universalité de ce livre. Un être est jeté dans le monde et parle de son attachement à la terre, de ses désirs de transcendance, de ses espérances, d’un avenir où la mort serait abolie. Avec ce recueil, mais aussi avec Arbre-radar paru une vingtaine d’années plus tard, Lapointe s’est logé non pas parmi les grands poètes nationalistes, mais parmi les grands poètes tout court.
« Le monde se suicide en chaque homme », écrit Lapointe dans « Au plus clair de l’été », l’un des « poèmes retrouvés » par Jacques Paquin. Ainsi, est-ce de la même façon qu’il faut lire ce recueil posthume, en . . .

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Le cœur sombre du titre, c’est celui de Vincent Madigan, un homme rongé par les remords et la culpabilité. Père de quatre enfants qu’il ne voit plus, alcoolique, accro aux médicaments, il entretient des liens avec le milieu criminel. Vincent Madigan est également inspecteur de police. Criblé de dettes, il imagine, pour effacer ses ardoises, de voler le butin d’un groupe de braqueurs qui vient de dévaliser une banque.
Avec trois acolytes qu’il a recrutés – sous une fausse identité – chez les pires criminels des fichiers de police, il monte un raid et réussit à mettre la main sur le magot. Mais dans l’opération, une petite fille est grièvement blessée. Tout s’envenime quand il lui faut exécuter ses complices, ceux-ci ayant découvert son identité. Comble d’ironie, c’est à lui que l’on confie la tâche d’enquêter sur l’affaire.
Madigan veut d’abord trouver l’identité de la fillette bless . . .

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Après le succès obtenu avec Le racisme expliqué à ma fille (1998), puis avec L’islam expliqué aux enfants (et à leurs parents), publié en 2002, le prolifique écrivain français d’origine marocaine, Tahar Ben Jelloun, reprend la même formule pédagogique avec Le terrorisme expliqué à nos enfants.
Sous forme d’échanges imaginaires avec sa fille, et dans un langage très accessible et sans parti pris, l’auteur de La nuit sacrée, prix Goncourt 1987, tente de faire comprendre les motivations et les implications du terrorisme islamique en sol occidental.
Dans ce dialogue qui se lit d’un trait, l’auteur rappelle avec justesse que la terreur vise à instaurer la peur, et à faire vaciller la raison et l’intelligence. À ce propos, il écrit, en pensant aux populations se relevant d’un attentat : « L’émotion n’est pas bonne conseillère quand il s’agit de tracer une . . .

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Au milieu de la paume se trouve un point d’acupuncture nommé Lao Gong. En français, cette expression signifie le « palais du travail » ou le « palais du labeur » et elle est synonyme de savoir-faire, d’œuvre artisanale aboutie.
Dans le dernier ouvrage de Michael Delisle, une dénommée Johanne se passionne pour la médecine traditionnelle chinoise. À un moment donné, elle examine la main du narrateur et, incertaine, parle plutôt de ce point en termes de palais de la fatigue. En plus de donner son titre au recueil, cette légère méprise semble aussi lui conférer tout son sens, surtout si l’on en retient que, par opposition au palais du labeur, le palais de la fatigue peut vouloir faire référence à une œuvre inachevée.
C’est bien, en premier lieu, à la patiente acquisition d’un savoir-faire que nous convie Delisle, à l’observation d’une trajectoire artistique condamnée à ne jamais prendre son envol . . .

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En lisant ce premier roman de Catherine D’Anjou, finaliste au Grand Prix littéraire Archambault 2016, on ne peut s’empêcher de songer à cette lignée de personnages négatifs dont Bartleby le scribe (de Melville) constitue l’une des premières incarnations spectaculaires et « l’homme mesuré », dans le récit éponyme de Gilles Pellerin (dont on a insuffisamment parlé l’an dernier), l’une des plus récentes. Des personnages qui s’affirment par un refus du monde ambiant ou qui éprouvent, face à lui, un irrémédiable décalage. Le héros anonyme du Plan – qui devient « Baptiste » dans la seconde partie du livre – est de ceux-là. Misanthrope persuadé que la fin du monde ne saurait tarder, il a élaboré un plan de survie rigoureux, qui le prémunira autant contre une attaque bactériologique que contre une invasion de zombies. Il a transformé une pièce de son appartement de l’avenue Cartier, à Québec, en bunker et adapt . . .

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La très belle couverture de Complots à la cour des papes illustre élégamment les trois novellas de l’écrivain Hans-Jürgen Greif. Représentant un détail d’une des fresques du Siennois Ambrogio Lorenzetti dites Les effets du bon et du mauvais gouvernement, elle appuie la thèse du professeur émérite en littératures allemande et française, retraité de l’Université Laval. Cet Allemand d’origine a consacré son quinzième ouvrage de fiction aux abus de pouvoir exercés par la papauté à la Renaissance.
Greif a choisi des conspirations « qui ont eu pour objectif la mort d’un pape ou celle de son ennemi » pour étayer son propos : « Jamais la soif du pouvoir, la cupidité, l’égoïsme des princes n’ont triomphé aussi insolemment ». Les complots ont eu lieu entre le XIVe et la fin du XVIe siècle, soit du début de la Renaissance italienne à l’apogée de . . .

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Sem terra, c’est le surnom de Gabrielle Rochefort, personnage central du polar écologiste de Marie-Ève Sévigny ; c’est aussi le nom du mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil. Rochefort est une militante, une activiste, que ses adversaires qualifient de terroriste écologiste. Sortie de prison après un coup d’éclat devant la propriété d’un ministre, elle se rend sur l’île d’Orléans où elle travaille avec un groupe de saisonniers mexicains. Exploitation des travailleurs et des ressources naturelles, racisme, capitalisme sauvage, voilà une série de thèmes au centre du récit. Mais c’est sans oublier ce qui en est peut-être le cœur : la corruption.
La trame est habile, les choix narratifs efficaces et l’intrigue tient en haleine. Les intervenants étant très nombreux entre la population de l’île, les joueurs politiques et économiques, les nombreux policiers mêlés à l’enquête, par moments la multiplication des trames secondaires nous égare un peu . . .

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« Nous la voulions immortelle, alors nous lui inventions des chemins de lumière, une bacchanale de souvenirs, d’objets concrets, reliques et sensations. » L’absence dont il est question ici est celle de la mère. L’annonce de la mort de Man Ninotte plonge dans la stupeur la « grappe » familiale, y compris le narrateur. Celui-ci tente des années plus tard de compenser la perte, tissant autour de l’absence, à même la « matière de l’absence », une toile littéraire méditative, à la fois réjouissante et attendrie.
La figure de la mère inspire à Patrick Chamoiseau un chapelet de réminiscences, tantôt sur le mode de la rumination, tantôt en forme de réflexion à voix haute échangée avec « la Baronne », sa sœur aînée. Le prolixe narrateur, affectueusement nommé « négrillon » par sa grande sœur, semble tout au long de son témoignage chercher l’approbation de celle à qui revenait, au temps de la vie en famille, la d . . .

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À sa première publication en 1975, Le gang de la clef à molette, traduction de The Monkey Wrench Gang, a connu un tel succès que l’expression « monkeywrench » est passée dans le vocabulaire usuel pour désigner un acte de sabotage écologique. Le gang en question est composé de quatre individus fort dissemblables. Il y a le Doc Sarvis, dit le « mécène de la vengeance », et sa jeune amante Bonnie Abbzug, une hippie rêveuse flottant d’ordinaire parmi les hautes sphères de son « empyrée cannabique ». Puis à l’occasion d’une expédition sur le Colorado, le couple fait la rencontre de Seldom Seen Smith, mormon polygame de l’Utah, et de George W. Hayduke, un ancien vétéran revenu légèrement perturbé du Vietnam, semant derrière lui, tel un petit poucet égaré, ses éternelles canettes de Schlitz qu’il écluse d’un seul coup de poignet.
Au cours de l’un . . .

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Le collectif Histoires mutines dirigé par Marie-Ève Blais et Karine Rosso cherche à lier politique et fiction, à associer le féminisme, la sensibilité anarchique et la prise de parole des femmes. C’est une entreprise assez originale que de camper aussi délibérément le champ de la création dans l’intersection entre des récits individuels, une parole commune et une orientation pour transformer le réel. Le projet publié aux éditions du Remue-ménage permet ainsi de saisir l’émergence d’une parole collective (en cernant les concordances dans les démarches) et celle de voix singulières, puisque la majorité des auteures en sont encore à leurs débuts (souvent prometteurs).
Deux choses frappent d’emblée dans ce collectif. D’abord, la parole politique de ces femmes est une mise en scène du corps privé, d’un rapport ambigu, et à interroger, avec les attentes sociales vis-à-vis des jeunes femmes qui prennent la parole. Si le privé est politique . . .

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Mathu se souvient de ce qui lui semble être la période la plus importante de sa vie. Ou du moins de celle dont il veut léguer le souvenir à son fils. Alors il raconte dans un journal son passé, allant d’anecdotes en événements, d’émotions en fous rires, sans trop tenir compte d’une stricte chronologie. Ainsi court mépapasonlà d’Alain Pierre Boisvert, dont le titre n’est pas sans évoquer le « Papaoutai » de Stromae, tout en lui offrant une réponse positive.
Mathu a connu le grand amour avec Ricky, un journaliste qui travaille pour une station que l’auteur n’identifie pas, mais qui ne peut être que Radio-Canada. Ricky, un Acadien originaire de Cocagne, à la langue ensoleillée par le vernaculaire local quand il se sent libéré des contraintes linguistiques de son emploi : les scènes de dialogues sont alors pur délice. Ricky qui lors d’une « beuverie » en Jamaïque a dans un instant de . . .

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 « Après quelques heures de vol, ils atterrirent à Amsterdam. Ils étaient éblouis par tout ce qu’ils voyaient […]. Au bout de huit heures, ils prirent un autre avion, cette fois en direction d’un monde totalement inconnu. Abdulhadi, avec son bagage de vie et ses deux petites années d’école primaire, s’envolait pour le Canada. » En 1994, l’Afghan Abdulhadi Qaderi en exil au Pakistan arrive au Québec. Depuis, il a non seulement appris le français, mais il est devenu titulaire d’une maîtrise en sciences politiques, dont le mémoire portait sur la révolution afghane. Aujourd’hui doctorant en sciences politiques à l’UQAM, objet de son enseignement actuel au Collège de Maisonneuve, il propose son autobiographie Dans ma tête, vos champs de ruines.
« Le 5 juin 1970 est né un enfant dans une famille pauvre d’une région pauvre de l’Afghanistan, un des pays les plus pauvres de la planète. […] Personne n . . .

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« Crétin ! » lança à Salter le lieutenant-colonel à qui il annonça un jour sa décision de quitter l’armée pour se consacrer à l’écriture alors qu’il était au faîte de sa gloire comme pilote de chasse dans l’armée américaine. L’officier à qui il avait précédemment remis sa lettre de démission, après douze années de loyaux services et une centaine de missions, dont certaines durant la guerre de Corée, s’était montré plus réservé, aussi neutre que s’il lui avait rendu une boîte de chaussures, dira James Salter dans cet ouvrage regroupant un entretien paru en 1993 dans The Parish Review et trois allocutions données à l’Université de Virginie en 2014, dans le plus pur style d’auteurs américains s’adressant à un public universitaire où se mêlent éléments autobiographiques, genèse des œuvres avec retours sur les éléments précédents, et réflexions sur . . .

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En peu de pages, l’auteure effectue une solide exploration d’un aspect controversé de la vie montréalaise : la présence et l’expansion de communautés juives ultra-orthodoxes. Sans jamais verser dans le pittoresque-à-tout-prix, Sandrine Malarde décrit et s’efforce de comprendre le farouche isolement de milliers d’hassidim. Sa méthode, comme le révèle le titre du livre, consiste à voir les hassidim depuis leur intérieur au lieu de les réduire en objets de voyeurisme : leur vie secrète importe plus que leur vêture.
Malgré la tendance centrifuge de beaucoup d’univers religieux marginaux, un objectif rattache les diverses tendances de cette communauté : « […] les juifs ultra-orthodoxes ont tous en commun le souci de ne pas s’assimiler à la société séculière ». Non seulement les hassidim réduisent le plus possible les contacts avec l’extérieur, mais ils tiennent à vivre même entre eux sans imiter les mœurs de l’ext . . .

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Le terrorisme, concluent les deux auteurs chevronnés qui dirigent cet ouvrage collectif, est en partie une conséquence de la démocratie. Il est le prix « que l’Occident et plus particulièrement les États-Unis payent pour leur hégémonie ».
C’est surtout vers la fin des années 1960, avec la percée des médias de masse, que le terrorisme « publicitaire », qui produit souvent peu de victimes, mais qui exerce un fort impact psychologique, prend son essor.
« Le registre du terrorisme est politique et psychologique. Ce sont les effets de ses actions sur la psyché des populations et sur les régimes politiques ciblés qui constituent les objectifs d’un mouvement terroriste. »
Selon les auteurs, ce sont les Irlandais, avec le cas de l’Irlande du Nord, qui ont les premiers compris les gains politiques des actions terroristes à l’ère moderne. La grande percée qui a permis ce développement est technologique : l’invention de la dynamite.
Les plus coriaces des organisations terroristes . . .

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Si Serge Bouchard était né aux États-Unis, cela aurait été quelque part entre Missoula et Billings où il écrirait désormais, dans un chalet en rondins surplombant une rivière à truites grosses comme des obus, des romans bien tassés sur les espaces sauvages de son Montana natal. Mais il a vu le jour dans le Montréal poussiéreux des raffineries et de la carrière Miron, à l’est de la ville, et la plupart de ses textes, du moins ceux rassemblés dans les recueils édités par Boréal, comptent moins de dix pages. Ce qui ne l’empêche pas d’entretenir des préoccupations similaires à celles des auteurs de « nature writing » de l’Ouest américain, sur la route, la nature et le sort des cultures amérindiennes, par exemple.
Formé en anthropologie chez les Montagnais de Mingan, puis à l’école des « gars de truck » du Nord-Ouest québécois, Bouchard explore dans Les yeux tristes de mon camion . . .

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Certaines œuvres sont des pierres d’assise d’une époque ou d’une littérature. Elles deviennent une référence et semblent ouvrir la porte à différents possibles. Ainsi en est-il de Mourir à Scoudouc d’Herménégilde Chiasson, publié par les Éditions d’Acadie en 1974 et que vient de rééditer Perce-Neige dans une mouture enrichie de nombreuses illustrations.
Le titre, écrit Chiasson dans un texte qui complète le recueil et en raconte la naissance, lui avait été inspiré par Mourir à Madrid, un film de Frédéric Rossif. Il avait eu l’idée « de changer Madrid pour Scoudouc, un endroit annoncé de la grande route avec de grandes pancartes, mais dont il n’y avait, à l’époque, aucune manière de savoir où se trouvait ce lieu mythique lorsqu’on s’y aventurait. Cela me faisait penser à l’Acadie, un lieu dont on ne connaît ni le commencement ni la fin géographique. Pour ce . . .

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Début 2016, la Marocaine Loubna Abidar est en nomination pour le César de la meilleure actrice dans le film franco-marocain Much Loved, dans lequel elle tient le rôle principal d’une prostituée. Un an plus tôt, en 2015, elle avait reçu le prix Valois de la meilleure actrice au Festival du film francophone d’Angoulême et Much Loved avait été sélectionné à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. De grands succès et la gloire à la clé, pourrait-on croire. Pourtant, pourtant. Much Loved est aujourd’hui interdit au Maroc et vaudra l’anathème à la jeune femme, obligée de s’exiler en France. Devenue symbole de résistance, elle signe son autobiographie dans La dangereuse.
Loubna Abidar est née en 1985, dans la médina de Marrakech, du mariage d’un Amazigh ou Berbère et d’une Arabe. « Autant dire que c’était mal . . .

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Tel est le véritable et indispensable travail du réviseur linguistique, comme le rappelle Jean-Pierre Leroux d’entrée de jeu dans l’essai qui vient de paraître à titre posthume : « Garder, c’est surveiller, non pour prendre en flagrant délit, mais pour mettre à l’abri. C’est protéger, non contre le changement, mais contre la disparition, l’écroulement. Le tout dans le silence recueilli de la lecture ». Et pour bien s’acquitter de son rôle de protecteur, on doit savoir aimer ce que l’on veut justement protéger et sauvegarder, ici la langue écrite.
Pour cela il faut connaître sa langue de travail, en l’occurrence le français dans le cas qui nous occupe, et ses propres limites comme réviseur. La connaissance de ces dernières est indispensable afin de cultiver le doute et d’opérer le choix le plus judicieux qui soit des ouvrages dont le réviseur doit s’entourer pour travailler : dictionnaires de langue, grammaires, livres . . .

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Bercer le loup trace le destin tragique de Louis Synnott, qui aurait pu être heureux si on l’avait laissé tranquille, entouré qu’il était d’une femme aimante et de quatre beaux enfants dans cette maison issue de son rêve, une maison construite de ses mains comme une œuvre d’art (il est ébéniste), une maison enracinée dans le sol qui l’a vu naître. Une maison que des fonctionnaires brûlent parce qu’un gouvernement a décidé qu’il fallait exproprier les habitants de ce bout de terre pour en faire un parc national. Celui de Forillon. Ce roman ne cherche pas à raconter les expropriations qui ont eu lieu au début des années 1970, mais à illustrer ce qui pourrait arriver quand une personne perd le sens de sa vie.
Louis n’a pas été capable de résilience : il est ce loup solitaire qui hurle à la nuit et qui s’imagine qu’André Le Sueur, le fonctionnaire . . .

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Malgré l’ampleur de leurs vues, l’élévation de leurs pensées et leur patente sincérité, une question délicate s’attache à la quête de nos trois pèlerins : leur attachement à la foi catholique les conduit-elle à répéter inconsciemment certains raccourcis souvent reprochés au clergé québécois d’hier ? Certes, Jean Désy, Isabelle Duval et Pierre-Olivier Tremblay veulent analyser « le malaise actuel à l’égard du religieux et de la vie missionnaire ». Certes, ils entendent « aller aux sources de l’identité spirituelle des gens de notre collectivité, remonter le courant, en espérant trouver certaines réponses quant à un avenir commun que nous souhaitons le plus harmonieux possible ». Certes, enfin, ils se dissocient fermement des comportements qui ont fait la honte, presque jusqu’à nos jours, des pensionnats imposés aux enfants autochtones.
Est-ce suffisant ? Fallait-il, hier, qu’un jésuite marque du sceau catholique l’Antre de marbre, lieu chamanique vibrant d’un culte multiethnique et panthéiste . . .

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Corruption, Montréal et ses démons est un mince mais fort pertinent ouvrage collectif qui réunit les textes de huit universitaires exposant leurs points de vue de philosophes, d’historiens, de politicologues et de sociologues sur le sujet en titre, dans la foulée du rapport de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction (CEIC), dite commission Charbonneau.
Dans une optique philosophique, Marc-Antoine Dilhac et Robert Sparling s’emploient d’abord à cerner le concept de corruption : celle-ci est « une affaire non de moralité individuelle, mais d’habitudes partagées et d’incitations », et aussi « un problème de culture publique », dit le premier ; elle est « difficile à définir » parce qu’elle est « un problème d’ordre moral […] qui relève de la moralité politique », soutient le second. Interviennent ensuite deux historiens œuvrant au sein du Centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises (CRIEM) : Mathieu Lapointe retrace les . . .

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Amanda (Pedneault) porte le nom d’un bateau qui a brûlé à L'Île-aux-Coudres le soir de sa naissance. Journaliste culturelle, elle a épousé un réalisateur tchèque avec qui elle vit à Prague, où elle élève ses deux enfants devenus grands. Mais Amanda doit changer de vie : devant l’ampleur de la décision à prendre, elle invente un jeu pour décider de son destin. À l’ouverture d’une nouvelle galerie d’art, elle choisit un tableau qui lui plaît particulièrement. Le jour où quelqu'un d’autre l’achètera, elle changera de vie. Sur le tableau, bien sûr, un bateau.
Tenter de résumer le récit du nouveau roman de Mylène Bouchard, c’est sans doute passer à côté de l’essentiel. Disons tout de même que le bateau baptisé l’Amanda Transport à L’Île-aux-Coudres est un fait historique documenté par Pierre Perrault dans son film Les voitures d’eau

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Légende vivante du rock et véritable bête de scène (ses concerts durent plus de trois heures sans intermission), Bruce Springsteen fait de la musique depuis plus de 40 ans. Sa vocation pour le rock lui vint dès son adolescence lorsqu’il assista à des spectacles près de chez lui : « J’ai vu les Doors, Janis Joplin et les Who au Convention Hall d’Asbury Park ». Plusieurs biographies lui avaient été consacrées ; celui qui hurlait « Born in the USA » en 1984 signe maintenant son autobiographie, un ouvrage aussi substantiel que les paroles de ses chansons-fleuves. Et quel style pour un premier livre ! On voit défiler son enfance dans une ville industrielle du New Jersey, sa relation difficile avec son père alcoolique, ses débuts sur scène, les échecs de ses premiers albums, puis le succès fulgurant après des années de vaches maigres, sans oublier ses démons apparus après la célébrité : non pas la drogue . . .

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Depuis sa parution en 2014, ce quatrième roman d’Emily St. John Mandel fait sensation. Publié dans une vingtaine de pays, il a remporté le prix Arthur-C.-Clarke en 2015 et a été en lice pour des récompenses prestigieuses (National Book Award, PEN/Faulkner Award et Baileys Women’s Prize for Fiction). Si Station Eleven constitue la première incursion de l’auteure en science-fiction, ce n’est pas la seule fois où Mandel tâte de la littérature de genre puisque Dernière nuit à Montréal (2012) et On ne joue pas avec la mort (2013) relevaient du roman policier.
Une éclosion de grippe géorgienne contamine 99 % de la population mondiale et provoque très rapidement l’effondrement de la civilisation. Des années d’une rare violence s’ensuivent pour les survivants. Vingt ans après, le monde a repris un semblant de cours normal alors que de petites colonies . . .

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Il y a quarante ans que Jean-François Crépeau écrit des chroniques littéraires au Canada français, un hebdomadaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Dans cet essai paru dans la très pertinente collection « Écrire » des éditions Trois-Pistoles, le chroniqueur partage les grandes lignes de son parcours. C’est un ouvrage assez différent des autres publiés sous la même bannière : moins littéraire que plusieurs propositions, il se présente à la fois comme un parcours de vie et un guide pratique incluant trucs et anecdotes sur la vie de critique littéraire. Jean-François Crépeau nous décrit ses méthodes de lecture et de travail, nous présente son point de vue sur le livre numérique, nous explique pourquoi les chroniqueurs doivent se rendre dans les lancements, etc. Entre ces différentes considérations, on en apprend un peu sur sa vie personnelle, mais on retient surtout qu’il a été guidé toutes ces . . .

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Lauréate du prix Pulitzer de l’essai en 2015, Elizabeth Kolbert est journaliste au New Yorker. Militante écologiste, elle est l’auteure de trois ouvrages, dont Field Notes from a Catastrophe: Man, Nature, and Climate Change (2006), qui l’a rendue célèbre. La 6e extinction est son premier livre traduit en français.
Le titre fait référence à la disparition de l’humanité, que redoute un nombre croissant de chercheurs. Elle serait la sixième extinction de masse à survenir depuis un demi-milliard d’années et la plus dévastatrice depuis celle des dinosaures. S’appuyant sur les travaux de savants de diverses disciplines telles la géologie, la botanique et la biologie marine, les accompagnant souvent sur le terrain, de San Diego jusqu’à l’Islande et l’Amazonie, Kolbert montre comment l’être humain en est venu à altérer les conditions de vie sur terre et mettre notre monde . . .

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Le patriotisme est-il une notion anachronique, un pâle fantôme du passé qui revient périodiquement hanter le débat public ? Que peut-il bien vouloir dire aujourd’hui pour les générations qui ne connaissent, par exemple, des grands débats référendaires que les phrases célèbres retenues à la suite de défaites historiques ? Professeur de littérature à l’Université Laval, Jonathan Livernois pose ces questions et tente d’y répondre en scrutant l’évolution de son rapport intime au Québec et à la nation québécoise.
L’essayiste propose dans un premier temps une archéologie de son imaginaire patriotique. L’approche personnalisée, des plus vivifiantes, nous fait découvrir un jeune garçon féru de généalogie, initié précocement à la force du sentiment national avec la découverte d’un ouvrage de Laurent-Olivier David. Or, ce qui est vrai du « pays » de l’enfance l’est aussi de la patrie d’un peuple : nul . . .

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La journaliste et socio-historienne Françoise Deroy-Pineau trace de la pionnière en titre le portrait d’une héroïne déterminée qui ne fut jamais mariée ni jamais religieuse, qui devint la « première infirmière laïque en Canada » et qui est reconnue comme la cofondatrice de Montréal avec Paul de Chomedey de Maisonneuve. Elle met en même temps en scène non seulement des figures connues de l’histoire québécoise, comme Marguerite Bourgeoys, Marie de l’Incarnation, Jérôme Le Royer de La Dauversière, Lambert Closse, les riches bienfaitrices Marie-Madeleine de La Peltrie et Angélique de Bullion, les jésuites Charles et Jérôme Lalemant, Isaac Jogues, Paul Le Jeune…, mais aussi des personnages dont la mémoire collective n’a que peu ou prou retenu l’existence : le clerc Nicolas Dolebeau, le jésuite Jean-Baptiste Saint-Jure, Pierre Chevrier (baron de Fancamp), les couples d’habitants Boudart-Mercier et Primat-Messier . . .

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Jacques-Louis Colombani est avocat et docteur en droit. Il est diplômé de l’Institut de criminologie et de droit pénal de Paris et a été enseignant à l’Université Paris XI pendant dix ans. De plus, il est spécialiste de la lutte contre la piraterie et la contrefaçon des œuvres de l’esprit.
Dans Cyberespace et terrorisme, il se prononce en faveur d’une réponse coordonnée entre les États afin de contrer la menace terroriste liée à Internet puisque « [l]es terroristes et autres criminels sont à la tête de réseaux internationaux et sont susceptibles de frapper partout ». C’est, dit-il, la meilleure façon de s’opposer aux fanatiques qui cherchent à semer le trouble, à exercer divers chantages et à provoquer le chaos, en se servant du Web.
Les djihadistes et autres terroristes utilisent le cyberespace à diverses fins. Pour eux, c’est un lieu de recrutement et de diffusion de propagande contre la démocratie, de même qu . . .

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D’abord, un rappel sur l’auteur : Michel Onfray, philosophe français, a fait une percée magistrale sur la scène intellectuelle française, mais aussi mondiale, avec son Traité d’athéologie, publié en 2005, une critique musclée mais raisonnée des trois religions monothéistes. Auteur prolifique, vedette (très) contestée des médias, gauchiste mais acide pourfendeur de la gauche française et du libéralisme, disciple de Spinoza, le philosophe frotte cette fois sa raison à l’islam actuel.
Le livre est essentiellement le compte rendu d’un entretien avec la journaliste algérienne Asma Kouar, enrichi de textes écrits par l’auteur pour divers médias. Résultat ? Plusieurs analyses pointues sur l’islam et sa place dans le monde contemporain, et surtout en Occident, où cette religion est de plus en plus visible, comme l’attestent notamment l’immigration croissante et le nombre grandissant de mosquées.
À cet égard, le philosophe, paraphrasant Nietzsche, considère l’islam comme . . .

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Prix du Gouverneur général 2016 – Traduction
Voici un autre « livre noir du Canada anglais », pour paraphraser le réquisitoire de Normand Lester paru aux Intouchables. Cette fois, il y est question du sort réservé aux nations autochtones de l’Ouest canadien, victimes non seulement de l’acculturation causée par les réseaux de pensionnats forçant leur scolarisation, mais aussi des épidémies successives dont plusieurs tribus ont été fatalement atteintes au cours des XVIIIe et XIXe siècles. D’entrée de jeu, l’historien James Daschuk admet que de nombreuses maladies existaient en Amérique avant l’arrivée des premiers explorateurs européens : « hépatite, poliomyélite, parasites intestinaux, encéphalite, arthrite, pinta, maladie de Chagas, leishmaniose ». Mais la rencontre de deux mondes jusqu’alors parallèles allait ajouter un lot de maux inconnus sur le sol d’Amérique, causant la disparition de plusieurs nations vulnérables. Cependant, les politiques du gouvernement féd . . .

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Si Michel Tournier avait la quarantaine bien sonnée quand il publia son premier roman, Vendredi ou Les limbes du Pacifique, en 1967, il fait figure de jeunot à côté de Kim Zupan, âgé de 61 ans lorsqu’est paru The Ploughmen en 2014. Avant de s’essayer à la littérature, Zupan a tâté de plusieurs métiers : il a été professionnel de rodéo, pêcheur de saumons en Alaska et même réparateur d’avions à réaction. Il enseigne aujourd’hui la menuiserie à Missoula, Montana. Cet État américain, qui forme le décor des Arpenteurs et donne lieu à de nombreuses évocations ensorcelantes, appartient à la géographie intime du romancier puisque celui-ci a grandi dans les environs de Great Falls. Depuis sa parution, Les arpenteurs a soulevé un concert d’éloges, nullement exagérés : le livre de Kim Zupan possède le côté à la fois sauvage et . . .

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Même s’il souffre de quelques invraisemblances, ce roman de Diane Vincent plaira par l’originalité de sa démarche et par sa conclusion ouvrant sur l’éthique.
C’est de son lit d’hôpital que l’inspecteur Vincent Bastianello, du SPVM, mène (ou fait mener) son enquête. Le policier a été gravement brûlé alors qu’il tirait un truand d’un incendie et il subit dans l’impatience une série d’interventions chirurgicales destinées à reconstituer ses tissus et à lui redonner l’usage de ses jambes. L’importance des ressources mises en branle pour cette réhabilitation et quelques réflexes plus mesquins conduisent le policier à la perplexité : d’où proviennent les fonds plantureux dont jouit la clinique qui lui restitue la vie ? Son soupçon englobe le chirurgien célébrissime qui dirige l’offensive médicale : « Il est pas net, je te dis. Je sais pas ce qu’il trafique, mais je suis certain qu’il a un gros poids sur . . .

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Linguiste à l’Université d’Ottawa, Éric Mathieu a publié en anglais de nombreux ouvrages et des articles dans des revues spécialisées. Ses travaux portent sur la linguistique française et l’ojibwé, une langue algonquienne. Avec Les suicidés d’Eau-Claire, le syntacticien signe un premier roman.
L’action se passe en Lorraine dans une petite ville industrielle en déclin, Eau-Claire. Dès le prologue, le lecteur prend connaissance de lettres expédiées à un notaire, l’informant du suicide des trois membres d’une même famille, les Corbin ; la clé, l’adresse de la maison où retrouver les cadavres et un testament font partie de l’envoi. Jusqu’à l’épilogue consacré aux conclusions des enquêtes policières, le narrateur externe prend le lecteur à témoin du quotidien des membres de la famille Corbin au cours des mois qui ont précédé l’issue fatale. Le narrateur suit en alternance Jean-Renaud Corbin, sa femme Camille et leur adolescente, Sybille . . .

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Ce n’est qu’en 2014, soixante ans après sa mort, que le cryptologue britannique Alan Turing sort de l’anonymat, grâce au film de Morten Tyldum Le jeu de l’imitation (Imitation Game), avec Benedict Cumberbatch dans le rôle principal, film qui sera couvert d’éloges dans de multiples festivals. Quelques années plus tôt, en 2009, le Suédois David Lagercrantz avait déjà publié une biographie de ce héros de la Seconde Guerre mondiale, parue il y a peu en français sous le titre d’Indécence manifeste.
Autant le romancier Lagercrantz que l’informaticien Turing ont un côté sulfureux qui ajoute un peu de piquant dans cette histoire. Si le Suédois a été conspué par plusieurs lors de la sortie de son dernier livre, Millénium 4, Ce qui . . .

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La vie n’a rien de bien rose quand on est « Fib-Kiss » comme Valérie, une adolescente prise dans un corps de fillette en raison d’une maladie dégénérative, la fibrose kystique. C’est elle, le personnage principal du quatrième roman de Pierre Gariépy, dont le titre fait référence à la rituelle session de tapotage abdominal à laquelle elle se livre, quotidiennement, pour déloger le mucus de ses bronches obstruées. Tam-Tam désigne aussi les mouvements d’écriture calqués sur la parole spontanée de la narratrice, un tambour langagier inventif, un style allitératif près de l’incantation magique : « Mon père me tape. Matin et soir. Je l’adore, mon père. Il me tam-tam, il m’aime tant tant, papa. ‘Je t’aime t’aime’, qu’il me rit toujours, alors qu’il me percussionne ».
Un jour cependant, les séances de tam-tam ne . . .

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Jean Bello nous propose avec Exil en la demeure un premier roman sous forme de récit du retour. Mattìa, un Québécois d’origine italienne, revient dans le petit village où il a passé son enfance et où sa famille a ses racines. Le récit traite du retour d’exil, mais devient aussi le portrait d’un lieu qui semble figé dans le temps. Entre les démarches que le personnage entreprend pour régler une succession, les souvenirs qui l’habitent sous divers prétextes et les tiraillements humains qui caractérisent la vie villageoise, l’auteur tente de nommer le trouble qui saisit parfois ceux qui cheminent dans des mondes très différents.
La trame aurait sans doute mérité d’être resserrée, mais Jean Bello est un bon portraitiste et on adopte avec enthousiasme certains des personnages qu’il dessine à grands coups d’anecdotes. Les portraits les plus colorés, ceux des aînés et des . . .

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Trans est le cinquième livre de Marie-Christine Arbour publié aux éditions Triptyque. Le titre pourrait laisser penser que le thème principal du roman est l’histoire d’une personne qui change de sexe. Aussi, l’auteure a-t-elle eu raison de préciser qu’elle a choisi cette préposition latine, qui signifie « à travers », pour raconter la traversée des apparences, au fil du temps et au cours de nombreux voyages, de son personnage prénommé Christine.
Christine est le double littéraire de Marie-Christine Arbour. Elle est née comme l’écrivaine à Montréal en 1966, et le lecteur la suivra de 1970 à 1985, donc de l’âge de quatre ans jusqu’au moment où elle devient adulte. Le livre tient à la fois de l’autofiction et du roman d’apprentissage. Mais les aventures sont si nombreuses et variées que les vingt chapitres pourraient se lire presque comme des nouvelles.
Les cadeaux, que la petite fille reçoit au . . .

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Du recueil original paru en anglais en 2014, Lattès a conservé cinq des treize nouvelles de Rose Tremain pour l’édition française. Traduites par Anouk Neuhoff, les nouvelles retenues s’intéressent particulièrement à la littérature et aux traces qu’elle laisse dans notre imaginaire. Ainsi, le titre du livre est aussi le titre du seul grand succès littéraire de Beth, malheureuse protagoniste de la première nouvelle. Les histoires subséquentes feront la part belle à des figures comme Tolstoï, Daphné du Maurier ou Roméo et Juliette. Les références et les intertextualités sont nombreuses chez Rose Tremain, mais la lecture n’en sera pas moins réjouissante pour ceux qui ne reconnaîtront pas toutes les filiations.
L’amant américain est en effet une lecture réjouissante. L’habileté de l’écrivaine à valser avec les clichés tout en nous surprenant avec des rebondissements inattendus en fait une lecture joyeuse. Son talent de conteuse fait sourire . . .

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Qui est Thierry Horguelin ? C’est à cette question un peu inusitée qu’est appelé à répondre le lecteur de Nouvelles de l’autre vie. Il y aurait, nous affirme l’auteur dans sa « préface », non pas un mais deux écrivains du même nom, et leurs textes seraient réunis ici, sous la jaquette de ce livre. Qui, au fait, a usurpé le nom de l’autre, le vrai ou cet alter ego, qui est ni plus ni moins que le vrai, mais en meilleur ?
Nous voilà déjà entrés dans l’univers de cet auteur belge – originaire de Montréal – amateur de labyrinthes, de miroirs, d’enquêtes. Pour qui a lu La nuit sans fin, son précédent recueil de nouvelles paru à L’Oie de Cravan, Nouvelles de l’autre vie coule de la même source, mais invente des mondes pour certains plus modernes, quand il ne verse pas . . .

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Dans son cinquième recueil, Les démondeurs, Paul Bossé propose une riche réflexion sur l’Acadie d’aujourd’hui en traitant de sujets culturels, sociaux et politiques. Continuum, son précédent recueil, revenait sur des étapes importantes de sa vie, de sa naissance à l’âge adulte. Aujourd’hui, il est père et peut-être est-ce lors de sa « marche quotidienne autour du quartier » avec sa fille (de 20 mois dans ce poème) alors qu’il vit sa « quarantaine comme une maladie contagieuse / agréable » que sont nés les textes de ce recueil.
Fidèle à lui-même, il commente ironiquement sa province (« NB comme une note en bas de page »), son quotidien (« l’armada de tondeuses zigouillant son impatience ») ou l’Université de Moncton (« le département de sociologie ferme ses portes »), revisite son enfance (« ti-gars bien emmitouflé dans sa skidoo suit ») et aborde bien d’autres sujets dont la « Tim Nation » et la . . .

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Le nouveau roman d’Yves Beauchemin raconte les aventures et mésaventures de Jérôme Lupien qui, fraîchement reçu bachelier en lettres, à Montréal, décide de se récompenser en s’accordant une année de bon temps. Mais il est très tôt victime de deux arnaques qui lui feront petit à petit délaisser le chemin de la vertu pour les eaux troubles de la magouille politique et financière : un guide de chasse peu scrupuleux lui subtilise d’abord le magnifique panache de l’orignal qu’il vient d’abattre à Maniwaki, puis un escroc ne lui livre pas l’auto promise, pour laquelle il a versé un acompte de mille dollars. Au cours d’un séjour de deux semaines à Varadero, à Cuba, Jérôme fait la connaissance d’Eugénie Métivier d’abord, une brave diététiste divorcée dont il devient amoureux et qu’il revoit plus tard à Montréal, et ensuite de deux autres personnages qui joueront un . . .

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FINALISTE AU PRIX LITTÉRAIRE DES COLLÉGIENS 2017
On le dit auteur majeur de l'avant-garde de la BD québécoise ; il s'adonne à la musique électronique comme compositeur et interprète ; et encore, de 2006 à 2012 David Turgeon a publié trois essais puis, en 2012, paraît son premier roman, amorce d'une trilogie consacrée au livre et au milieu littéraire, trilogie qu'achève Le continent de plastique, son plus récent roman.
Le narrateur sans nom – appelons-le JE –, brillant docteur en littérature des plus remarqués à la faculté et louangé pour sa thèse sur Raymond Loquès (personnage d'écrivain du roman précédent, La revanche de l'écrivain fantôme), consent à un emploi temporaire, en attendant de donner sa pleine mesure. Une entrevue et le voilà embauché comme assistant, correcteur et secrétaire d'un écrivain réputé, de ceux que l'on lit dans les écoles . . .

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En 1898, Tom Nulty est pendu haut et court devant tout Joliette réuni, après avoir été reconnu coupable d’avoir assassiné à Rawdon quatre membres de sa propre famille. S’inspirant de cet horrible fait divers qu’elle transforme en un court thriller, Linda Amyot imagine le quotidien de villageois pris dans une tourmente qui les dépasse. La visiteuse relate de l’intérieur ce fratricide qui a eu lieu dans une petite communauté du Québec à la fin du XIXe siècle et qui a bousculé la vie de familles jusque-là sans histoire.
Un drame affreux qu’une certaine Léonie Laforest découvrira en 1932, quelque 40 ans plus tard. Établie à Montréal où elle travaille auprès d’une riche famille bourgeoise, la jeune infirmière – la visiteuse – répondra à l’appel de sa mère mourante et retournera chez les siens au village. Non seulement lèvera-t-elle le voile sur les événements entourant . . .

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PRIX LITTÉRAIRE DES COLLÉGIENS 2017
Ce roman lancinant exerce son emprise sur le lecteur comme la douleur qui taraude le narrateur et personnage principal. Le fils du mécanicien, dont nous n’apprendrons jamais le nom, est retrouvé dans un état critique après un accident de voiture, à proximité du village où il venait rendre visite à son père. La situation est aggravée par une mystérieuse panne d’électricité qui se prolonge, en plein hiver, au point de transformer profondément la vie des villageois. La nourriture, le bois de chauffage et les médicaments se font de plus en plus rares, il y a de la tension dans l’air.
Après une opération de fortune pratiquée par une vétérinaire, le blessé est confié aux soins de Matthias. Le vieil homme, surpris par la panne, s’est installé dans la véranda d’une maison abandonnée, en attendant de pouvoir retourner chez lui. Il accepte de veiller sur . . .

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Les différents auteurs de cet ouvrage ont finalement bien raison : notre monde est encore plongé dans les effets des tragiques événements du 11 septembre 2001. Bien que quinze ans se soient écoulés depuis ces attentats, « la tentation de l’exagération sécuritaire est difficilement réversible », écrit Charles-Philippe David en préface.
Une exagération sécuritaire qui fait que nous vivons finalement dans un « état d’exception permanent », avec de nouvelles lois et réglementations qui mettent à mal nos droits et libertés. Mais celles-ci sont perçues comme nécessaires par des populations gagnées par l’anxiété devant d’autres attentats, et qui acceptent ainsi de plus en plus la surveillance sophistiquée des États.
Cet état de « normalisation de l’état d’exception » entraîne un surinvestissement majeur dans l’industrie de la sécurité tous azimuts. D’un monde sans frontières, nous retournons petit à petit à des États avec chacun leurs frontières.
Le livre rappelle certaines r . . .

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La liste est interminable, et aucun champ d’activité, politique, sportif, médiatique ou artistique, religieux même, aucun n’est épargné par les récents scandales à caractère sexuel. Sklavounos, Aubut, Charest, Ghomeshi, Jutra, Trump ou Cosby. Et tous les autres, riches ou influents, connus ou quidams, que le système protège malgré leur turpitude, dans un déni de justice qui se perpétue.
Les nerfs sociaux sont à vif, lance Nancy B.-Pilon, l’instigatrice de cet ouvrage collectif « polyforme » sur la culture du viol. Elle a réuni dix-sept femmes et hommes, la plupart jeunes trentenaires, pour penser, dire, tordre le cou s’il le faut à cette abjecte réalité qu’on tente, à intervalles réguliers, de pousser sous le tapis. Cette jeune et tonique protestation attise le vieux et ardent désir de remédier à ce désordre de civilisation. Mais la marche de l’histoire est longue, faut-il se rappeler pour ne pas désespérer.
Que sait-on de nouveau sur . . .

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On connaît l’affection de Victor-Lévy Beaulieu pour les contes de Jacques Ferron et d’Yves Thériault et son intérêt pour les histoires traditionnelles du Québec (voir la collection « Contes, légendes et récits du Québec et d’ailleurs » aux éditions Trois-Pistoles). Son nouvel ouvrage est composé de quatre nouvelles qui se déroulent à Trois-Pistoles et dans le Bas-Saint-Laurent. Pittoresques et grivoises, elles mettent en scène des personnages marginaux, mais d’une marginalité d’exception, leur naissance ayant d’emblée fait d’eux des parias, comme dans les cas d’Urbain Bracq, amputé de l’un de ses deux pénis, et du jeune garçon des Lots-Renversés, le seul de la famille à ne pas marcher sur ses mains. Le premier, mauvais poète à la voix de fausset, s’élancera du haut des chutes Niagara dans une balle de caoutchouc avant de se jeter dans les Madeira Falls, tandis que le second, malheureux . . .

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Amateur de jazz de longue date – il a signé en 1994 dans la revue Liberté un article intitulé « Aimez-vous le jazz? » –, Mauricio Segura fait revivre dans ce nouveau roman la figure du célèbre pianiste Oscar Peterson. On ne s’étonnera pas que ce Montréalais d’origine chilienne, qui a été analyste pour la commission Bouchard-Taylor, place, de façon aussi vivante que pertinente, son héros dans la communauté culturelle dont il fait partie. L’auteur de Côte-des-Nègres ne passe pas sous silence les épisodes racistes qui ont ponctué la vie du musicien. Le premier se situe dans l’enfance d’Oscar, à l’hôpital où il séjourne pendant un an, car il a contracté la tuberculose, cette « peste blanche » dont son frère Brad vient de mourir. Marguerite, une fille de race blanche, qui partage avec lui la même passion pour la musique, est déplacée à la demande de . . .

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La publication d’un roman inédit d’Arthur Schnitzler (1862-1931), contemporain de Freud et de Zweig et figure incontournable de la modernité viennoise, est un événement en soi. Les mots : « Une découverte sensationnelle », apposés sur un bandeau publicitaire de l’édition originale allemande en 2014, n’avaient donc rien d’exagéré. Conservé sous la forme d’une copie dactylographiée après la mort de l’auteur, à l’intérieur d’un fonds posthume qui échappa de peu aux nazis en 1938 (la postface retrace l’historique du texte), Gloire tardive date en fait de 1894-1895. Schnitzler avait déjà publié quelques textes importants, dont le drame en un acte Anatole (1893), mais la plupart de ses écrits les plus marquants restaient à venir (La ronde en 1897, Vienne au crépuscule en 1907, Mademoiselle Else en 1924 et surtout La nouvelle . . .

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La chanteuse country évoquée dans le titre, c’est Dolly Parton, celle-là même qui endisquait en 1974 une chanson baptisée « Jolene » qui traite de sa crainte que son mari la trompe. La narratrice du roman, Jolène, accueille cette filiation comme une espèce de croix à porter, parce qu’elle se sent « condamnée à l’adultère ou à briser des cœurs » en raison de l’aura de cette chanson.
Entourée de ses meilleurs amis Bear et Pouliche, entre son vibrateur et son acouphène, Jolène court les spectacles de musique et poursuit un obscur projet dont on comprend qu’il vise surtout à expérimenter des relations qui sortent du modèle standard du couple hétérosexuel, fusionnel et en quête de fidélité.
Dans une langue crue et avec un ton réaliste, le roman est parfois très drôle même si certains effets (l’onomatopée du vibrateur qui s’étend sur plusieurs pages, par exemple) finissent par . . .

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Duddy Kravitz n’a pris aucune ride depuis sa venue au monde il y a un demi-siècle. En revanche, peut-être l’épiderme québécois a-t-il gagné quelques millimètres sur le front de la tolérance et de l’humour. Il fut un temps, en effet, où certaines susceptibilités gardaient rancune à Mordecai Richler de ce qu’elles percevaient comme un mépris viscéral de la francophonie d’ici. Par inaptitude à rire de soi, certains ne parvenaient pas à lui pardonner les piques censément systématiques dont il torturait le Québec. À le lire sans ce filtre, on aurait dû admettre dès cette époque que Richler répartissait assez équitablement sa détestation de la sottise ; c’est aujourd’hui chose faite et plus rien n’empêche de l’admirer comme un des maîtres de l’humour.
Chose certaine, L’apprentissage de Duddy Kravitz démontre à l’évidence que l’auteur ne taquine aucun groupe culturel . . .

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Les éditions Marchand de feuilles ont su encore une fois attirer le regard avec ce premier roman d’Alexandre Naple : la couverture, le format, les coins arrondis du livre en font un bel objet que l’on a envie de manipuler. De là à s’y plonger, il n’y a qu’un pas ; le suspense, le caractère inédit de l’histoire et la qualité de l’écriture font le reste, on est accroché. À ce jour, on sait peu de choses de l’auteur si ce n’est qu’il est né sur la Côte-Nord et qu’il vit à Calhoun au Tennessee, village de moins de cinq cents habitants.
Le muet de l’Anse-aux-Bernaches se conforme aux critères du roman d’aventures, dont quelques hasards et coïncidences qui frôlent l’invraisemblance. Mais le lecteur accepte la convention. Tout sera fait pour sauver le héros de l’enfer dans lequel il a été projeté après avoir ét . . .

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Le dernier roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut, repose sur une structure temporelle tripartite (« 1999 », « 2011 », « 2015 ») et raconte en vingt chapitres l’oppressant parcours d’Antoine Courtin, depuis l’âge de douze ans jusqu’à son établissement comme médecin de campagne dans sa ville natale de Beauval, en France, seize ans plus tard.
Très médiatisée, la disparition du jeune Rémi Desmedt, six ans, est l’événement initial majeur qui vient bouleverser la vie des Beauvalois et suspendre une lourde épée de Damoclès sur la tête d’Antoine. Car, « ivre de rage » et « débordé par un insurmontable sentiment d’injustice » devant le meurtre d’Ulysse, le chien des Desmedt, Antoine a frappé à mort Rémi d’un coup de bâton, le 23 décembre 1999, et transporté le corps dans les épais fourrés de Saint-Eustache. Une première battue pour retrouver le garçon est organisée, en . . .

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Totalement irrévérencieux, cet Assassin qui rêvait d’une place au paradis. Pour qui ne voyait de la Suède que son côté austère, Jonas Jonasson dément la rumeur avec un troisième roman, impertinent à souhait. L’auteur ne s’inscrit pas dans la rectitude politique, et ses personnages ressemblent davantage aux « bougons » québécois qu’aux bourgeois torturés de Bergman.
Dédé le Meurtrier est cet assassin rêveur qu’une pasteure défroquée et un jeune fainéant sans le sou accompagnent dans sa quête de faveurs divines. Le parcours du héros sera bien évidemment parsemé d’embûches et il ne lui sera pas facile de changer son statut de tueur à gages pour celui de prédicateur itinérant, même avec de l’aide. « Une meilleure solution aurait été de laisser ces ahuris écouter la musique de leur choix. Mais, bon, avec Julio Iglesias, on avait franchi les limites autoris . . .

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Les humanités numériques (HN ou humanités digitales) font référence à la numérisation des données et des savoirs dans les sciences humaines et sociales (SHS). Sans se limiter à un simple archivage de données et de textes, cette numérisation a pour but ultime de cataloguer, d’indexer et de faire dialoguer ces mots et ces images afin de mieux les articuler selon de nouveaux outils de repérage. Pour Dominique Vinck, professeur de sociologie des sciences à l’Université de Lausanne, les HN « forment un espace interdisciplinaire qui réunit SHS et sciences et technologies de l’information (STI) au niveau de la recherche et du développement de nouveaux outils ». En guise d’exemples européens, on mentionne l’Index Thomisticus de saint Thomas d’Aquin ou encore le Trésor de la langue française. Les tenants des HN prétendent faire la synthèse entre les savoirs archivés et les nouvelles technologies capables de les classer et . . .

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« L’augmentation de la concentration de carbone dans l’atmosphère [et donc des températures mondiales moyennes] engendre toute une gamme d’effets climatiques importants qui feront monter le niveau de la mer […] et modifieront radicalement la configuration des précipitations dans le monde. » Jeff Rubin constate ici des faits reconnus presque unanimement dans la communauté scientifique internationale. Il ajoute que la façon de pratiquer l’agriculture sera affectée par ces changements ; notamment, les zones de culture intensive seront déplacées vers le nord.
La production de pétrole provenant des sables bitumineux, à laquelle le Canada participe activement, ne peut se poursuivre encore longtemps. Cette production n’est viable ni du point de vue de l’écologie (elle est une des plus polluantes sur la planète), ni du point de vue de l’économie (elle nécessite un prix du pétrole d’au moins environ 80 $ le baril pour être rentable). Il est donc impératif pour le Canada de revenir à une économie plus . . .

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Le personnage qui donne son titre au roman, Purity Tyler (surnommée Pip), n’est pas le principal ni le plus intéressant. Elle sert plutôt de fil conducteur reliant entre eux des histoires, des époques et des gens très différents. Ce sont ces histoires « parallèles » qui constituent le cœur – et le grand intérêt – de l’ouvrage de Jonathan Franzen.
Étouffée par une grosse dette d’études, coincée dans un boulot qui la déprime, Pip aimerait bien s’en sortir. Mais à qui demander de l’aide ? Ses rapports avec sa mère sont difficiles. Cette dernière, encore plus démunie qu’elle, lui a toujours caché les circonstances de sa naissance, le nom de son père et jusqu’à sa propre identité. À bout de ressources, Pip décide de retrouver son père en espérant qu’il se reconnaisse une dette envers elle. À partir de là, l’intrigue fait de multiples zigzags.
Disons pour aller au plus court . . .

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Après avoir rendu hommage à son père adoptif dans L’homme qui m’aimait tout bas (2009), Éric Fottorino entreprenait, dans Questions à mon père (2010), la lente remontée filiale, longtemps rejetée, vers le père biologique avant que ce dernier ne meure emporté par un cancer Dans les deux cas, l’empreinte autobiographique donnait à ces textes à la fois leur couleur singulière et leur charge émotive tout aussi particulière que différente et juste dans l’un et l’autre récit. Sans parler de la touche d’humour propre à l’auteur qui lui permet, par moments, d’alléger la gravité de son propos et ainsi d’éviter de verser dans les bons sentiments. Trois jours avec Norman Jail conserve cette inclination autobiographique et cette touche humoristique en empruntant à nouveau la voie de l’enquête pour, cette fois, lever le voile sur l’énigmatique personnage auquel le titre fait réf . . .

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La minutie sans sentiment risque d’engendrer la sécheresse. L’aventure sans la rigueur favorise l’égarement dans la stratosphère. La rare rencontre du souci vigilant et de l’appartenance séduit et comble l’auditeur ou le lecteur. Une fois de plus, Robert Lévesque ouvre généreusement ses déferlantes connaissances du monde culturel : qui pourrait en révéler autant que lui au sujet des libraires d’ici et d’ailleurs ?
Lévesque vagabonde de par le monde, mais il le fait les mains ouvertes, prompt à capter et à retenir le détail inaperçu. Si un nom a été brièvement évoqué dans tel obscur document, il devient, par les soins de Lévesque, projeté dans une dimension plus durable : il acquiert un sens, une portée, une exemplarité. Des libraires connus voient leur missionnariat enfin crédité de sa pleine valeur, leurs confrères anonymes accèdent à la lumière, leur fonction à tous goûte enfin à la reconnaissance sociale. Raymond Queneau . . .

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Figure marquante de la philosophie au Québec – avec Charles Taylor, qui signe d’ailleurs la préface du livre – Georges Leroux est l’un des principaux penseurs du programme Éthique et culture religieuse, enseigné dans les écoles du Québec depuis 2008. Si le programme a finalement recueilli une large adhésion, ce ne fut pas sans provoquer quelques remous. On se souviendra qu’une demande d’exemption d’un couple catholique de Drummondville donna lieu à une procédure judiciaire à l’issue de laquelle la Cour suprême du Canada devait réfuter les arguments des demandeurs. Le projet s’est attiré son lot de critiques, alimentées tout autant par la perspective laïciste que par la vision religieuse. À la faveur des travaux pour concevoir et diffuser le programme, à travers les débats suscités notamment par le caractère obligatoire de la formation, Georges Leroux a développé et raffiné sa position sur la question du pluralisme. Il s’en explique dans son dernier essai.
Le philosophe . . .

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Une jeune fille française de dix-huit ans, de milieu modeste et strict, marquée par une éducation religieuse, obtient un emploi d’été comme monitrice dans une colonie de vacances. Nous sommes en 1958. Ce sera la débâcle. De sa liberté nouvellement conquise, la jeune fille fera un usage plutôt festif. « Danser, rire, chahuter, chanter des chansons paillardes, flirter. Elle est dans la légèreté d’être déliée des yeux de sa mère. » Dès le début de son séjour, la jeune fille vit une première expérience sexuelle qu’elle croit le prélude à une relation, tandis que l’élu, le premier amant, affichera une totale indifférence une fois consommé le moment érotique.
Jusque-là, rien de bien singulier, mais c’est justement cette banalité de l’événement qui sera ici interrogée. Annie Ernaux convie le lecteur à un exercice littéraire, néanmoins apparenté à une sociologie des rapports homme-femme. Comme l’explique l . . .

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Quatre commères se rencontrent chaque semaine pour prendre le thé : là est le fondement des Quatre commères de la rue des Ormes de Louise Dandeneau. Elles jasent, insinuent, médisent. De vraies commères d’un quartier qui ressemble à un village, tout ce qu’il y a de plus détestable. L’auteure dit avoir voulu évoquer les années 1970 dans un Manitoba en mutation. Et l’évocation est suave.
On découvre les familles de ces femmes, leurs habitudes, leurs valeurs par petits traits parfois piquants. D’anecdotes croustillantes aux préjugés affirmés comme parole d’évangile, les conversations se faufilent entre petits fours, gâteaux et autres délicatesses, qui enchantent le palais de ces dames qui jalousent secrètement les réussites culinaires des autres en se promettant de les surprendre la prochaine fois.
Chacune des treize rencontres introduit un sujet qui est l’objet d’un texte épousant la forme d’une courte nouvelle. Ainsi Lucille Verrier . . .

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Au-delà d’une querelle d’historiens, l’enjeu de la réflexion sur le statut de la Révolution tranquille concerne le présent et l’avenir de la collectivité québécoise. Puisque le Québec n’a pas basculé dans la modernité un certain 22 juin 1960, avec la victoire électorale de Jean Lesage et du Parti libéral, reste à expliquer comment cela s’est préparé, depuis le cœur même de la « grande noirceur ». D’un autre côté, l’image d’une trame sans rupture, de l’après-guerre aux années 1960, est loin de faire l’unanimité.
À tout le moins, il faut reconnaître au débat d’avoir forcé les uns et les autres à scruter avec plus d’attention cette période charnière de l’histoire du Québec (consacrant du coup son statut de période charnière). Parmi ces travaux attentifs, ceux d’Yvan Lamonde comptent parmi les essentiels.
Avec ce deuxième tome de

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Julie Spieler aime son père, Abel, malgré ses infidélités, malgré sa puérilité, malgré son égoïsme forcené et malgré tout. Abel Spieler, professeur de littérature allemande dans une université parisienne et coureur invétéré, voue un culte absolu à l’œuvre de Kafka. Mue à la fois par le désir de rapprochement avec son père et par sa propre fascination pour un épisode de la biographie de Kafka élevé au rang de légende, Julie se lance dans une enquête qui la mènera à se prendre d’affection pour une énigmatique vieille dame. Aujourd’hui fort âgée et aigrie, Else Fechtenberg aurait reçu du célèbre écrivain tchèque, lorsqu’elle était petite fille, des lettres dont on ne sait plus ce qu’il est advenu. L’affaire est sérieuse, puisque pour mettre la main sur ces quelques lettres, « des spécialistes auraient tué père et mère ».
Fabrice Colin dit s’inspirer d’un fait rapporté par . . .

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Philippe Claudel écrit comme il filme, avec tendresse, humour et force images. Dans son dernier livre, L’arbre du pays Toraja, le romancier-cinéaste affronte le sujet malaisé de la mort, surtout celle d’une personne aimée, et rend hommage à son ami disparu en 2013, l’éditeur Jean-Marc Roberts. Il parle d’amitié, de vins, de femmes, de cinéma, de tout ce qui le liait d’affection avec celui qui lui était précieux et dont le deuil est d’autant difficile à faire.
En guise d’ouverture, le romancier fait un détour par l’Indonésie et ses îles enchanteresses, précisément celle de Sulawesi – ou Célèbes –, là où habitent les Torajas, afin d’explorer leurs rites funéraires uniques au monde, particulièrement ceux réservés aux petits enfants. « Une cavité est sculptée à même le tronc de l’arbre. On y dépose le petit mort emmailloté d’un linceul. […] Au fil des ans . . .

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« Il est très dangereux de croire que la chute d’un symbole entraîne la fin de ce qu’il représente », écrit, à propos du communisme, l’opposant politique russe Garry Kasparov, dans Winter is coming. L’ancien champion du monde d’échecs en donne pour preuve les dérives du système politique mis en place après l’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990. Croyant que seule une main ferme pouvait empêcher le pays de sombrer dans le chaos, on a fermé les yeux sur les accrocs qu’il a fallu faire alors à la toute nouvelle démocratie. « Renoncer à la liberté pour la stabilité était un mauvais choix. »
Des années Eltsine (1991-1999), Kasparov fait le bilan suivant : « Il [Eltsine] ne mit pas en place la moindre institution durable. Les nouvelles structures ne reposaient que sur sa gouvernance, tandis que les libertés n’existaient que parce qu’il les autorisait. Il était impossible . . .

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Ce livre fait suite au scandale de l’été 2012 lorsque apparaît sur YouTube une vidéo d’environ quatorze minutes intitulée The Innocence of Muslims, et qui cause un énorme scandale dans les pays musulmans. On y voit des Égyptiens coptes persécutés par des manifestants musulmans. Le film, tourné aux États-Unis, dépeint l’islam comme une religion violente, voire faisant l’apologie du terrorisme, et son prophète Mohammed comme un perverti, assoiffé de sexe et de sang, à la source d’une fausse religion piquant sans grande intelligence ni cohérence des bribes du judaïsme et du christianisme pour concocter une nouvelle croyance tissée de contradictions.
Rocambolesque histoire, où même les acteurs embauchés pour le film ne savaient pas qu’ils se faisaient complices d’une œuvre islamophobe pensée et parrainée par des néoconservateurs américains avérés.
Doctorant en histoire, Bernard Ducharme est alors intervenu dans les médias québécois . . .

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Dans son premier livre, Simon Brousseau a pris le pari de nous donner un panorama, mais évidemment partiel, de l’expérience humaine en construisant une suite de plus de 200 microrécits indépendants les uns des autres, à la façon de Jours de chance de Philippe Adam. Chacun compte une douzaine de lignes et tient en une seule phrase. Écrit au « tu », le livre s’adresse en quelque sorte au lecteur, qui devient tour à tour et dans le désordre un bébé naissant, un adolescent, un parent, un vieux. Brousseau tente de capter une prise de conscience soudaine, un comportement inusité, une obsession dans lesquels il est possible de se reconnaître. Si certaines expériences apparaissent moins senties que d’autres, il ressort de cette composition quasi musicale une grande acuité et un réel talent d’observation. Nombre de ces fictions évoquent l’univers mental d’une génération née au milieu des années 1980, comme l’auteur . . .

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L’enjeu qu’évoque Henri Bellotto mérite l’attention la plus aiguë, mais le traitement qu’il lui applique en feutre peut-être la portée. Le fait brut est là : cloner un être humain, c’est créer un réservoir de pièces de rechange à portée de main des riches et des pervers. Risque effroyable. Lucide par rapport à cette possibilité, Bellotto accorde, néanmoins, trop d’importance à un cas particulier pour que le clonage humain demeure aux yeux de tous ce qu’il est : une infamie.
La découverte de deux cadavres d’enfants remplit d’horreur : « J’ai pu confirmer ce que les différentes cicatrices laissaient supposer, à savoir que l’enfant a subi une ablation du rein gauche, qu’on lui a enlevé les deux yeux, sans doute pour une récupération de la cornée, et qu’on a fini par procéder au prélèvement du cœur ». Pourquoi cette boucherie ? Parce que l’enfant dont on a tiré une . . .

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Qu’est-ce qu’un dictionnaire amoureux ? C’est un livre volontairement subjectif qui, sans prétendre à l’exhaustivité, choisit de privilégier les coups de cœur plutôt que l’équilibre de son contenu, en retenant toutefois du principe des ouvrages de référence leur classement de A à Z. Souvent rédigés par des passionnés, mais pas toujours par des auteurs de référence ni des universitaires, ces dictionnaires d’amoureux sont écrits pour plaire aux initiés comme aux néophytes d’un domaine particulier. Ici, les auteurs n’ont pas l’obligation de tout inclure ni de tout couvrir.
Les notices de ce Dictionnaire amoureux de la chanson française correspondent pour la plupart à des noms d’artistes, allant d’Adamo à Zazie, mais aussi à des thématiques (« Cinéma », « Commerce », « Occupation », « Postmoderne », « Yé-yé ») et à quelques immortelles comme « La Marseillaise » et « Les feuilles mortes ». Des paroles de refrains sont parfois incluses, mais on ne trouve pas . . .

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Denis Thériault succède à Nicole Houde (2013), Michaël Delisle (2014) et Denise Desautels (2015) en tant que quatrième lauréat du prix Hervé-Foulon du livre oublié. Ce prix, créé à l’initiative du président du groupe HMH (d’où son nom), espère donner une seconde vie à une œuvre déjà publiée mais dont on n’aurait pas suffisamment entendu parler. Cela peut sembler paradoxal puisque le premier roman qu’a fait paraître Denis Thériault (XYZ, 2001), avait tout de même impressionné les critiques (Hélène Rioux, dans Lettres québécoises, jugeait le livre « merveilleux » alors que Pascale Navarro, dans Voir, parlait à son propos d’une « onde de choc »). L’iguane récolta aussi diverses récompenses (le prix Jean-Hamelin en 2001 et, l’année suivante, les prix Anne-Hébert et Odyssée) et fut traduit et vendu dans divers pays, notamment en Allemagne o . . .

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On a tous eu un super-héros préféré, un de ces personnages dotés de super-pouvoirs qui les rendent invincibles, qui font en sorte que rien ne leur résiste, qu’ils passent au travers de chaque épreuve, de chaque combat la tête haute. Au-delà de ses attributs surhumains, chacun de ces personnages est doté d’une personnalité, avec des qualités, certes, mais aussi des défauts, ce qui le rend encore plus attachant. L’origine de ces personnages n’est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d’une réflexion, parfois même d’une réaction relativement à un contexte politico-social. Ils sont chacun animés d’une psychologie particulière et ils évoluent à leur manière. Bien qu’ils constituent un rêve, un fantasme de toute-puissance, ils représentent aussi une réponse à une époque.
C’est pour mieux saisir l’aspect philosophique de ces personnages que dix penseurs, eux-mêmes grands amateurs . . .

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Livre coup de cœur, oui, mais propos et écriture coups de poing. On termine fasciné et légèrement groggy le troisième et dernier roman de la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit, récompensé en 2016 par le Prix des libraires du Québec.
Sa mère Manon Barbeau, fille du peintre Marcel Barbeau et de la poétesse Suzanne Meloche, avait déjà troublé le Québec avec son documentaire Les enfants de Refus global, sorti en 1998. Le film-choc avait alors déstabilisé les foules autant que le texte fondateur même qui, en 1948, invitait les Canadiens français de l’époque à se libérer de leurs chaînes, dont celles de l’Église, et avait provoqué la colère des bien-pensants.
Quinze artistes précurseurs de la Révolution tranquille signeront le manifeste du Refus global, dont les Borduas, Riopelle, Gauvreau, Sullivan et Barbeau, mais Suzanne Meloche . . .

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Saluons d’abord la qualité de la traduction qui, fort heureusement, ne nous distrait pas du propos du dernier roman de James Salter, mort en 2015 à l’âge de 90 ans. Si la longévité de Salter mérite d’être soulignée, c’est que son roman a presque autant d’ambition et embrasse toute la seconde moitié du vingtième siècle. Et rien d’autre, la vie, pense-t-on aussitôt après avoir refermé le livre, non sans avoir cédé à l’impulsion qui nous ramène à son début avec le sentiment que l’on pourrait s’y replonger avec un bonheur sans doute décuplé. Ce que l’on s’empressera de faire à la première occasion.
La vie, et rien d’autre. Voilà pour le résumé. James Salter a l’art de mener et de boucler ses histoires tout en laissant la fin ouverte. À chacun de combler les vides, si vides il y a. Salter prend plaisir à multiplier les . . .

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Suzanne Quimper, rédactrice publicitaire de métier, avait fait le grand saut avec La mise au point G. Son dernier-né, Ventre à louer, s’inscrit, comme le précédent, dans le courant de la chick lit, une littérature populaire qui s’adresse davantage aux femmes. Laissez-vous raconter par Florence, le personnage principal, une histoire plutôt abracadabrante qui pourtant ne vous laissera pas indifférent et qui est vécue par plusieurs Québécois aux prises avec le même désir ardent d’avoir un enfant à tout prix.
Témoin du parcours particulier d’un couple infertile qui fait appel aux services d’une mère porteuse, la lectrice doit laisser de côté ses jugements. Elle doit accepter d’accompagner les personnages dans cette aventure potentiellement polémique. Peu importe ce qu’on en pense, l’histoire ne peut que faire sourire et divertir l’instant de quelques pages. Un soupçon de . . .

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Sous-titré Roman personnel, Dis-moi, Lily-Marlène est le premier livre de Michel Normandeau, cofondateur du groupe Harmonium. L’intrigue s’ancre ingénieusement dans le réel, à la fin d’un récital donné par un accordéoniste dans une salle gatinoise, alors qu’il découvre indirectement l’existence d’une parente mystérieuse vivant à Mayence : une descendante de son défunt grand-père. La découverte inattendue de cette Lily-Marlène, fruit des amours de guerre, l’amène à réévaluer son grand-père à travers sa double vie, entre le Québec, la France occupée et le Paris d’aujourd’hui. Cette Lily-Marlène aurait grandi à Montréal mais vivrait en Allemagne. Pourrait-il la retrouver ? Que lui apprendrait-elle sur son propre passé ?
L’habileté du romancier est de narrer à la manière d’un journal intime comprenant un échange de missives. Le narrateur se nomme Michel Normandeau et il est . . .

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Dans Bonsoir la muette, France Martineau nous livre l’histoire épouvantable de France, la fille qui tentait désespérément de s’effacer d’une vie familiale toxique et de la femme qu’elle est devenue, qui s’étourdit dans son travail de peur d’avoir le temps de se souvenir. Dans son premier roman autofictif, l’auteure, professeure à l’Université d’Ottawa et chercheuse de renommée internationale, renoue avec une enfance dénuée d’amour maternel ou paternel.
Réunis au chevet de leur mère M. mourant d’emphysème, les frères et sœurs de France ne s’accordent le droit de vivre cette fratrie que depuis l’agonie de M., dernier épisode d’une relation amour-haine entre M. et P. dans laquelle les enfants ont été exclus depuis leur naissance. Libératrice du joug de cette relation équivoque, la mort de M. délivre avec elle le flot d’encre dévastateur du témoignage de France . . .

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Le prolifique Sergio Kokis dédie son 23e ouvrage à la mémoire de l’écrivain russe Eivgueni Zamiatine, forcé à l’exil pour avoir publié en 1924 le roman d’anticipation Nous autres. Ce petit livre bouleversera à jamais la vie paisible du personnage principal, Anton Antonitch Setotchkine, professeur de littérature russe à Moscou. Quoique étant un esprit libre, le professeur de 39 ans s’accommode plutôt bien des contraintes de la société totalitaire. Son principal regret : son mariage avec Vaxrvara, une de ses ex-étudiantes, de quatorze ans sa cadette, active dans la bureaucratie du Parti.
Mais voilà que le dernier jour de la session universitaire, le professeur de retour chez lui découvre, dans sa pile de dissertations à corriger, un petit livre accompagné d’une lettre l’invitant à le lire et à le faire circuler. L’étudiante Olga Komova, fille du colonel chargé de la construction de l’univers carcéral soviétique, a subrepticement glissé l’ouvrage clandestin au lieu de . . .

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Avec ce second recueil de nouvelles, après Onze petites trahisons paru chez le même éditeur en 2011 et qui lui avait valu d’être finaliste au Prix du Gouverneur général, Agnès Gruda affirme une fois de plus sa maîtrise du genre. Mourir, mais pas trop regroupe treize nouvelles réussies qui s’insèrent dans un ensemble cohérent dans lequel la mort évoquée dans le titre, si elle est toujours au rendez-vous, ne manque pas de nous surprendre à plus d’une occasion. L’auteure, rompue au métier de journaliste, sait raconter une histoire, donner vie à ses personnages et tenir son lecteur en haleine jusqu’à son dénouement. Cela est indéniable. Agnès Gruda ne cherche pas tant à surprendre par l’inventivité narrative qu’à témoigner du monde dans lequel nous vivons, tantôt en évoquant sa cruauté, tantôt la fragilité de l’existence. Ses personnages appartiennent à la cohorte des gens . . .

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Avec le printemps refleurissent les tulipes, reviennent les outardes et éclosent aussi les centaines de casse-croûtes semés le long des routes provinciales, fleurons saisonniers d’une gastronomie authentiquement québécoise. Dans sa plus récente parution, David Dorais rend hommage à ces artisans des bas-côtés et aux traditions culinaires de la Belle Province, ainsi qu’à toute une culture délicieusement kitsch qui, sous la forme d’une esthétique irréductible, s’accroche toujours aux décors surchargés de lointains campings ou à quelques morceaux de paysages autoroutiers.
Une épopée du banal attend la jeune Fleurette lorsque, victime d’un vol à main armée, elle prend congé de ses activités de serveuse au restaurant La Belle Province pour partir en auto-stop vers Cabano. Son but ? Assister aux festivités locales de la Saint-Jean-Baptiste consacrées à la grandeur du chien chaud. Sur la route, elle s’attarde dans quelques-unes des institutions du ti-pop québécois, fréquente . . .

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J’attendais avec impatience le nouveau livre de Philippe More, et je dois dire que je n’ai pas été déçue. Dans son précédent recueil, Le laboratoire des anges, prix Émile-Nelligan 2010, le poète rendait compte avec une minutie horrifiante de la lente agonie d’un homme dans une chambre d’hôpital. Ce médecin du Haut-Richelieu entremêlait alors avec une grande maîtrise le langage de la médecine et celui de la métaphysique dans des métaphores poignantes qui parlaient de fuite, de fil ténu, d’espoir malgré tout.
Dans Les âges concentriques, il évoque à sa manière très dense et imagée le lent réveil de la conscience. L’enfant, un matin, quitte les berceuses et les fées pour se retrouver dans un corps trop grand pour lui, étranger. « [L]e trou par / où tu as rêvé », écrit le poète, par lequel tu es . . .

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Le lecteur qui – comme moi – décidera de n’accorder aucune créance aux informations fournies par l’auteur courra un certain risque, celui de traiter comme un superbe canular ce qui, selon d’autres jugements, pourrait mériter une lecture sérieuse. Le lecteur prêt à croire que cet atlas doit vraiment la vie à un pilote d’avion de la NASA et qu’il a effectivement transporté des échantillons de sol lunaire vers les différents musées de la Terre, celui-là affrontera un risque inverse : celui de se faire leurrer par Rober Racine autant que le furent des milliers d’admirateurs de Borges par l’une ou l’autre de ses fumisteries. À mes risques et périls, j’ai choisi le scepticisme : je m’aventure à parier que L’atlas des films de Giotto est, de bout en bout, une autre réussite du polyvalent et protéiforme Rober Racine. Je suis conforté dans ma doutance par le fait que la production cinématographique . . .

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Secret de Polichinelle, chez les historiens catholiques, que l’existence des frères et sœurs de Jésus, d’affirmer la romancière, reconnue pour ses recherches historiques minutieuses. Françoise Chandernagor, de l’académie Goncourt – que les Français ont surnommée « la star du roman historique », en raison de l’énorme succès remporté notamment par L’allée du roi (1981) et L’enfant des Lumières (1995) –, nous transporte en Palestine au temps de Jésus, puis dans l’Empire romain d’Orient du premier siècle. Jude, le septième et dernier enfant de Marie et Joseph, relate à la fin de sa vie le parcours de son frère Jésus jusqu’à sa crucifixion, puis les balbutiements et la propagation de la Voie après que des témoins eurent certifié avoir vu Jésus ressuscité des morts.
Comment départager faits historiques et fiction, se demande-t-on, judéo-chrétiens instruits du . . .

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Le recueil Femmes rapaillées réunit les paroles d’une quarantaine de femmes « avec et contre » Gaston Miron. Si certains peuvent s’étonner qu’un groupe de femmes choisisse la figure tutélaire d’un homme, il nous semble au contraire que les paroles réunies ici écrivent dans le sillon de L’homme rapaillé, incontournable ancrage de notre imaginaire moderne. Ce geste de continuité vise à s’approprier cette parole, à se rappeler qu’elle appartient aussi aux femmes qui viennent. Le recueil est aussi parsemé de citations de voix féminines incontournables de la poésie d’ici (Hélène Monette, Josée Yvon, Louky Bersianik, etc.) nous rappelant qu’il ne s’agit pas de sanctifier davantage la figure d’un poète unique, mais au contraire de croiser les héritages.
Il est bien entendu impossible, dans l’espace qui nous est imparti, de rendre compte de la richesse de toutes ces voix, mais notons que l’ensemble . . .

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Précis, scrupuleusement descriptif, ce roman octroie la parole à un édifice plus généreusement peut-être qu’aux humains qui s’y succèdent au fil des générations. Les titres des chapitres en témoignent : « Voiture », « Cuisine », « Bureau », « Salon », « Escalier », « Appartement », « Salle de bains »... Que le premier chapitre s’appelle « Voiture » ne contrevient pas à ce choix. D’une part, la voiture s’impose au nom de la politesse autant que par pragmatisme : avant de pénétrer dans l’immeuble, on gare le véhicule et on entend qu’il soit prêt à la fuite ; d’autre part, passer en revue les différentes voitures possédées par les générations successives de la smala Boltanski en dira long sur les relations changeantes du clan avec la fortune. Du coup, la méthode chère à l’auteur hisse ses couleurs : parce que l’édifice est la seule donnée stable et tangible, c’est toujours à lui qu’il ramènera son lecteur. Le . . .

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Marie Redonnet n’avait pas publié de roman depuis plus de dix ans. En 2016, en nous offrant La femme au colt 45, l’écrivaine livre une histoire de migration clandestine qui nous renvoie à l’actualité brûlante. Le parcours de Lora Sander, migrante séparée de son mari et de son fils pour faire le voyage entre l’Azirie et la Santarie, évoque le déracinement, les faux espoirs, la violence, le viol, l’abus de pouvoir, mais aussi les rencontres qui changent le monde. En cherchant à fuir un pays dévoré par la dictature, Lora rencontrera sa part de peines avant de trouver une certaine forme de liberté à l’issue de ce parcours de combat.
L’un des tours de force de ce roman est de refuser tout ancrage géographique ou toute précision historique. Nous savons que la trame est contemporaine par l’évocation des technologies de communication, mais rien n’est précisé davantage. Tous les lieux sont imaginaires, sauf . . .

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De plus en plus de thèses de doctorat ou de mémoires de maîtrise en création littéraire parviennent, après un remaniement qui se résume bien souvent à sabrer la partie réflexive, à se faufiler sur les rayons des librairies. En règle générale, tous ont donc bénéficié d’un suivi serré lors du processus d’écriture et de commentaires éclairés de la part de lecteurs qui n’en sont pas à leur premier barbecue, comme dirait l’autre. Quelques années après L’équation du temps, Les corps extraterrestres, le deuxième roman de Pierre-Luc Landry, désormais professeur au Collège militaire royal de Kingston, a suivi ce cheminement particulier où l’œuvre en marche est à la fois chouchoutée et mise à l’épreuve.
Landry prend le pari d’un univers aux accents apocalyptiques. Le climat est partout déréglé, les services de transport sont congestionnés, il fait . . .

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Le temps d’un roman bref et néanmoins poignant, Robert Lalonde se glisse dans la peau de Tchékhov, endosse ses pensées et ses doutes. Le prolifique écrivain acteur avait déjà imaginé des épisodes inédits de la vie de Flaubert dans Monsieur Bovary ou Mourir au théâtre, et de Yourcenar dans Un jardin entouré de murailles. Il construit cette fois sa version des dernières années de la vie de Tchékhov, où celui-ci se lie à l’actrice Olga Knipper, tout en entretenant une énigmatique relation épistolaire avec un apprenti écrivain.
Le docteur Tchékhov reçoit une lettre, accompagnée d’un conte, de la part d’un jeune inconnu qui se fait appeler Iégorouchka, prénom du personnage principal de sa célèbre nouvelle « La steppe ». Au grand dam de sa sœur Macha, le maître répond au « petit » et daigne lui prodiguer quelques conseils. « [S]ache . . .

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Premier recueil de Mathieu Simoneau, Il fait un temps de bête bridée est une réussite. Si on y reconnaît l’influence de Miron, il ne faut pas négliger l’exergue de Robert Yergeau qui crée aussi une filiation avec la parole charnelle et mélancolique du poète décédé en 2011. Bien que ces héritages ne puissent pas être ignorés, on reste accrochés à ce que ce premier recueil annonce de distinctif.
Ancrée dans le territoire, la poésie de Simoneau interroge les éléments et ne semble pas toujours croire que le feu puisse répondre à « ce froid de paille au cœur ». Des granges, des remises, des lacs posent le décor d’une certaine bestialité humaine, cela dit sans aucun des préjugés qu’on peut spontanément accoler aux bêtes. La bête, ici, est celle qui réussit à dire : « [C]omment retenir / ce besoin farouche / de feuler . . .

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Qui d’autre que Gilles Kepel pour nous éclairer sur les tragiques événements terroristes survenus en France et en Europe et qui ont suscité dégoût et indignation ? Kepel est l’auteur de près d’une vingtaine d’ouvrages sur l’islam, dans le monde arabe et dans son propre pays, la France. Il est une autorité en la matière, et reconnu ainsi mondialement.
Il effectue ici une véritable radioscopie de ce qu’il nomme « l’irruption djihadiste » en France, en s’intéressant de très près au cheminement des terroristes et au contexte social ayant permis leur émergence.
Un des constats de l’auteur, dont on se doutait : le niveau intellectuel « rudimentaire » des terroristes, qu’un islam interprété par bribes les amène à croire qu’ils vivent dans une société « mécréante » qu’il convient d’éradiquer. Cela se reflète dans la « technologie » utilisée lors des attentats, bien facile à maîtriser, mais néanmoins fatale.
L’élan . . .

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Qui d’autre que Gilles Kepel pour nous éclairer sur les tragiques événements terroristes survenus en France et en Europe et qui ont suscité dégoût et indignation ? Kepel est l’auteur de près d’une vingtaine d’ouvrages sur l’islam, dans le monde arabe et dans son propre pays, la France. Il est une autorité en la matière, et reconnu ainsi mondialement.
Il effectue ici une véritable radioscopie de ce qu’il nomme « l’irruption djihadiste » en France, en s’intéressant de très près au cheminement des terroristes et au contexte social ayant permis leur émergence.
Un des constats de l’auteur, dont on se doutait : le niveau intellectuel « rudimentaire » des terroristes, qu’un islam interprété par bribes les amène à croire qu’ils vivent dans une société « mécréante » qu’il convient d’éradiquer. Cela se reflète dans la « technologie » utilisée lors des attentats, bien facile à maîtriser, mais néanmoins fatale.
L’élan . . .

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La petite histoire, je dirais la grande histoire faite de petits gestes, de grands coups de foi, d’ardeur peu commune et de la nécessité de se raconter aujourd’hui. David Lonergan nous relate le parcours de cette coopérative en nous présentant une recension exhaustive de tous les spectacles de l’Escaouette de 1977 à 2012.
Un parcours dans la mouvance du théâtre communautaire qui cherche à dire son pays et à le rendre plus équitable. Un espace à créer pour de jeunes étudiants fraîchement sortis du Département d’art dramatique de l’Université de Moncton, refusant de s’expatrier pour exercer leur métier et désireux de contribuer à construire une parole spécifiquement acadienne. Dès le départ, on y retrouve les noms de Roger LeBlanc, Stéphane Beaulieu, Bernard LeBlanc, Marcia Babineau, Herménégilde Chiasson ; s’y ajoutera toute une équipe d’artistes animés par la même volonté de projeter la culture acadienne vers l’avenir. David Lonergan nous les . . .

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Autrefois parolier du groupe Beau Dommage (« Le géant Beaupré », « Montréal », « Le blues d’la métropole », « Le passager de l’heure de pointe »), mais aussi pour Paul Piché (« Cochez oui, cochez non ») et même à l’occasion pour le groupe Offenbach (« Deux autres bières », « Mes blues passent p’us dans’ porte »), Pierre Huet fait paraître son premier livre de souvenirs. Son enfance montréalaise, sa fascination pour la culture populaire et son parcours sont ceux de sa génération : le lecteur né après la Deuxième Guerre mondiale se reconnaîtra dans les évocations nostalgiques de lieux qui n’existent plus, comme le parc Belmont, auquel fait écho une chanson grandiose, « Heureusement qu’il y a la nuit ».
Les chansons de Beau Dommage correspondaient parfaitement à l’air du temps de 1975 et jouaient sans cesse sur les ondes des radios AM mais aussi FM, alors en pleine effervescence. En relisant les textes des chansons de ce groupe montréalais, on s’étonne de la . . .

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On exagérerait à peine en qualifiant l’attitude de Paris face à la guerre d’Espagne de honteux triomphe de la diplomatie sur la démocratie. C’est, en effet, parce que le Quai d’Orsay, repaire et bastion de la diplomatie française, s’est opposé à tout secours au gouvernement élu de l’Espagne que Franco a pu instaurer dans la péninsule ibérique une dictature qui a sévi 40 ans durant. Que le Quai d’Orsay ait lui-même épousé les préjugés et les intérêts du Foreign Office britannique ne fait que confirmer et amplifier la culpabilité des diplomates dans une trahison que l’auteur a raison de juger impardonnable.
Même si plusieurs grandes plumes ont traité de la sanglante guerre d’Espagne – depuis André Malraux jusqu’à Michel del Castillo en passant par George Orwell et Manuel Vázquez Montalbán –, peut-être hésitait-on encore à assener ce verdict. Telle est pourtant la conclusion . . .

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Par sa mesure, le titre inspire confiance : Dominique Lebel ne prétend pas avoir été le confident privilégié de Pauline Marois ; sobrement, il raconte deux années de travail à proximité des leviers de commande gouvernementaux. Autre élément sympathique, Lebel conserve, de part en part de cette expérience, les ancrages d’une vie équilibrée : la famille exerce ses droits ; le jour s’ouvre souvent sur une séance de jogging ; la lecture – Jean d’Ormesson, Stefan Zweig, Salman Rushdie, Thomas Mann... – parvient à se loger dans les anfractuosités d’un horaire affolant. Le préjugé favorable trouve à se nourrir.
Le contenu renforce ce premier sentiment. L’auteur privilégie les faits et raréfie les verdicts ; s’il prononce jugement, il le fait sans hargne. Ses évaluations, bien que nettes, évitent la virulence et ressemblent à un constat impossible à contenir plutôt qu’à une quelconque détestation. Preuve que la militance peut s’éloigner du chauvinisme ou de la caricature.
Néanmoins, Lebel ne pouvait ignorer une caract . . .

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Les artistes que l’on dit être d’avant-garde sont ceux qui se rebellent contre l’establishment et l’académisme mais, plus que cela, ce seraient surtout ceux qui expriment, dans leurs actions, les tendances sociales les plus avancées.
Au Québec, entre la fin de 1948 et 1955, l’avant-garde publiait trois manifestes. Ces emblèmes du monde artistique moderne avaient pour objectif de valoriser le statut d’opposant à l’individu collectif qui, à l’époque, s’appelait l’Église catholique, l’État et la bourgeoisie francophone. Ces manifestes exprimaient le refus de l’idéologie nationaliste conservatrice et de l’académisme. Nous connaissons tous la suite et particulièrement le sort réservé à un Paul-Émile Borduas, l’initiateur du Refus global. Les questions qu’on pouvait alors se poser étaient les suivantes : l’artiste peut-il prétendre à cette indépendance totale qui lui garantirait la liberté dans ses créations ? Si oui, pourquoi ce chemin de . . .

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Bien sûr, dans ce nouvel ouvrage de Gilles Archambault, on reconnaît le ton particulier, confidentiel, de sa « voix ». Une démarche de chat est un essai écrit sous la forme d’une lettre adressée à la fille d’une femme qu’il a, des années plus tôt, « aimée à en perdre la tête ». Cette lettre est rédigée alors que le narrateur-auteur séjourne dans la résidence secondaire de cette femme qu’il a tant aimée, tandis qu’elle est en voyage. Il y prend soin d’un chat qu’elle a récemment adopté.
À Ariane, cette auteure à ses débuts qui supporte mal de ne pas être reconnue, il décrit son métier d’écrivain. Pourtant, il avoue se sentir lui-même débutant. Parmi les conseils qu’il prodigue, il en est un qui retient particulièrement l’attention : « Je ne saurais employer les mots qui te rassureraient. Ils n’existent pas. Puisque . . .

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Pierre Nepveu nous donne ici un livre plein de souffrance diffuse, qui cherche néanmoins l’apaisement, le pardon à travers les mots. Le vent du nord y souffle fort, assèche, détruit, mais parfois celui du sud-ouest, de l’été, ramène avec lui les odeurs de la vie. Et même l’hiver, dans son expérience de l’extrême, peut pousser le désespéré à « râper [ses] fonds de vérité pour en extraire des perles ».
Comme le rappelle l’auteur dans une note, les poèmes de ce recueil sont habités par les paysages bordant le Saint-Laurent près de l’île de Montréal, à Verdun, Lasalle et Lachine. L’observation attentive de ces rives sera l’occasion pour lui d’exprimer son rapport au présent. Celui-ci est souvent synonyme de solitude, malgré toutes les tentatives pour se rapprocher des autres, un homme aveugle, une jeune femme chantonnant sur son vélo. Le présent se donne comme un . . .

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Hélène Dorion poursuit, avec Le temps du paysage, son travail sur le deuil et la séparation. Le lecteur découvrira dans ce très beau livre une suite toute naturelle à Recommencements et même à L’étreinte des vents. On y retrouve le talent qu’a l’écrivaine pour conjuguer paysages naturels et paysages humains. L’ajout des photos qui, prises dans la brume, ont quelque chose de ouaté, ne fait que souligner davantage l’extrême délicatesse avec laquelle Hélène Dorion s’applique à nommer la perte.
Ce qui nous traverse quand on lit Le temps du paysage, c’est l’impression que devant certains déchirements, comme devant cette brume qui gobe l’horizon, nous ne « pouv[ons] que consentir ». Et pourtant, rien chez Dorion ne relève du défaitisme. Il s’agit plutôt d’accueillir le deuil comme partie du paysage.
Le lecteur . . .

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Certains croient que l’essor de la musique au Québec a débuté avec La Bolduc. Ce serait oublier qu’il y a toujours eu des chansons et de la musique lyrique, depuis la Nouvelle-France. Si une pionnière de la musique lyrique comme Emma Albani (1847-1930) est encore relativement connue, on se souvient moins de cette autre grande cantatrice du Canada français, Éva Gauthier (1885-1958). Peu de traces de ses prestations subsistent : on ne trouve aucun repiquage de ses enregistrements 78 tours sur CD, mais en cherchant sur YouTube, on peut entendre sa voix dans des pièces folkloriques, beaucoup moins diffusées que les airs avant-gardistes qui l’ont rendue célèbre, il y a un siècle.
Éva Gauthier connut trois décennies de gloire, entre 1906 et 1937. Lors de son triomphe à New York, en 1923, elle interpréta des mélodies de ragtime et de jazz adaptées par George Gershwin à partir de mélodies afro-américaines . . .

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Le titre de ce recueil d’essais, de discours et de préfaces, écrits par Paul Auster sur une période de plus de 30 ans, renvoie à George Oppen et à sa pipe de maïs, pour nous rappeler que l’essentiel, dans la vie comme en littérature, réside souvent dans l’ordinaire, comme il nous l’a souvent brillamment démontré dans ses romans. En ouverture, Paul Auster rend hommage à l’ami poète disparu, plusieurs années après que ce dernier est mort et qu’Auster a retrouvé le texte qu’on lui avait alors commandé. Non seulement Auster avait-il oublié ce texte, mais l’identité même du demandeur lui était inconnue lorsqu’il l’a retrouvé. On le voit, on nage ici en plein univers austérien, tant dans les faits racontés que dans la manière dont ils le sont. Le romancier n’est jamais bien loin. Dans ce texte, Paul Auster revient sur la longue entrevue réalisée avec . . .

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Le livre imite la course à relais : Andrée Ferretti présente sa préfacière Djemila Benhabib qui présente Andrée Ferretti avant que Fannie Bélanger-Lemay raconte Andrée Ferretti... La démarche étonne un peu, mais le profil d'Andrée Ferretti en ressort finement nuancé.
L'hommage de la préfacière confirme le connu, mais en ajoutant la chaleur de l'amitié. Libre, exigeante, pressante, telle est Andrée Ferretti. Jouir de son amitié est un privilège que savoure Djemila Benhabib : n'entre pas qui veut dans ce cénacle.
Les textes que regroupe ici Andrée Ferretti (dont certains sont parus dans Nuit blanche) témoignent de sa polyvalence. Volontiers portraitiste, elle recherche en chaque être la facette qui justifie, selon les cas, l'admiration, la réserve, l'osmose des perspectives. Maurice Séguin, Gaston Miron, Hélène Pedneault, Louky Bersianik font aisément l'unanimité ; d'autres non.
Les deux intermèdes éclaireront cette polyvalence . . .

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Les transformations politiques, économiques et sociales engendrées par les baby-boomers lors de la Révolution tranquille ont fait l’objet de multiples études. Il n’en a pas été de même pour la révolution des mœurs qui, pourtant, a non moins profondément bouleversé le Québec à la même époque. C’est sans doute parce que cette seconde révolution a souvent été assimilée à sa sœur jumelle, plus connue. L’essai de Jean-Marc Piotte remédie à cette lacune dans notre histoire sociale récente. Il faut cependant comprendre que cette transformation radicale des mentalités et des comportements, en une période relativement brève, ne s’est pas limitée au territoire québécois, mais qu’elle s’est étendue à toutes les sociétés dotées d’un régime politique libéral. C’est au cours de la phase ultime (années 1960) des Trente Glorieuses (1945-1973) que cette révolution des mœurs a fleuri . . .

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À la suite des nombreux attentats islamistes commis ces dernières années en Occident, et qui ont marqué nos consciences, on a parfois reproché aux musulmans d’ici leur silence à l’égard de ces méfaits.
Voilà l’une de ces voix, intelligente, lucide, éclairée, celle d’Aziz Farès, essayiste d’origine algérienne vivant à Montréal et animateur d’une émission de radio. Farès pose un regard cru sur l’islam au XXIe siècle : une religion « où les interprétations se sont figées dans une doxa que certains voudraient rendre plus absolue que le texte coranique lui-même ».
Arrivé au Québec en 1996, Aziz Farès déplore que « l’hydre totalitaire islamiste [ait] déployé jusqu’ici ses tentacules, en faisant avancer, subtilement, ses troupes dissimulées sous le voile pudique de la religion ». Ces zélotes, camouflés sous la Charte des droits et libertés de la personne, s’expriment pour demander des accommodements « qui n . . .

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J’imagine que lorsqu’on a envie de prêter un livre à tout son entourage, c’est qu’il est bon. Ce livre, oui, je le conseille à n’importe qui, même si c’est de la poésie. Certains diront : « Quoi ? Moi, je ne lis jamais de poésie ! » Ceux-là devront remiser l’idée qu’ils se font du genre. En fait, si ce n’était de la disposition des mots, Nos grands-pères les fantômes pourrait très bien être un récit ou un recueil de nouvelles ou même pourquoi pas une sorte de roman postmoderne. Quoi qu’il en soit, on n’a que faire des catégories quand on entre dans l’univers de Pasha Malla. C’est intelligent et surtout très drôle, critique, pas gentil. Le livre comprend des « poèmes » en vers ou en prose racontant des histoires souvent anecdotiques inspirées par les excès de l . . .

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« Plus de douze années se sont écoulées depuis que ma mère a décidé de mettre fin à ses jours. Elle avait 92 ans. » Ainsi débute le récit de Noëlle Châtelet, la suite à La dernière leçon parue en 2004 chez le même éditeur dans laquelle elle relate comment sa mère l’amènera à comprendre, puis à accepter sa décision. Décision d’une femme qui aime on ne peut plus la vie et qui, confrontée à la multiplication des pertes physiques qu’elle note dans un carnet, n’accepte pas la perspective de finir ses jours dans un mouroir, d’être à la charge de ses enfants, de la société, de n’être plus que cela : une charge, un poids. Sa vie durant elle aura lutté pour le libre choix des femmes d’avoir ou non des enfants, de les mettre ou non au monde. Le dernier âge venant, elle poursuivra sa lutte et revendiquera le . . .

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Le nid de pierres. Le titre, dont la signification ne nous sera révélée que vers la fin, aiguise aussitôt notre curiosité. Il évoque à la fois l’endroit où la vie éclot et le désir de communiquer avec des êtres chers disparus. Un lieu à la fois douillet et rude, l’auteur aimant jouer avec les contrastes. Vie et mort sont ici réunies, indissociables, comme le passé et le présent qui tissent la trame du destin de chacun des personnages de ce roman aux couleurs tantôt réalistes, tantôt magiques avec l’insertion de fragments de légendes abénaquises. La mémoire, autant individuelle que collective, s’avère le socle du récit qui nous est livré par bribes : « La mémoire. On a l’impression que le passé se recouvre peu à peu d’une poussière qui en efface les contours, on est continuellement déçu d’elle, la mémoire, parce qu’elle ne redit . . .

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Le nouveau roman de Joël Dicker présente les mêmes qualités (et les mêmes défauts) que son œuvre précédente, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, qui avait connu un grand succès tant auprès du public que de la critique (Grand Prix du roman de l’Académie française, prix Goncourt des lycéens). D’un côté, Dicker y réussit une fois de plus à susciter rapidement l’adhésion du lecteur et à le dérouter au gré de rebondissements souvent tordus. De l’autre, il verse à nouveau dans les stéréotypes, les superlatifs et le ton lisse et sirupeux.
Plutôt qu’un polar, Dicker nous offre cette fois un roman familial. Alors que La vérité sur l’affaire Harry Quebert reposait sur l’élucidation du meurtre de Nola Kellergan, une adolescente de quinze ans portée disparue en 1975, l’intrigue du Livre des . . .

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Le titre du dernier ouvrage d’Hélène Carrère d’Encausse est trompeur, car le regard qu’elle porte sur les bouleversements qu’a connus l’Union soviétique à la fin du siècle dernier ne s’arrête pas avec l’effondrement de l’empire soviétique en 1991. Il couvre également toute la décennie 1990, les années où allaient ressusciter et se réinventer les communautés nationales disparues sous le bolchevisme.
La première partie de l’essai est principalement consacrée à Mikhail Gorbatchev. C’est lui qui, le premier, a reconnu la nécessité de réformer le système soviétique enlisé depuis des lustres dans l’inefficacité économique et l’immobilisme politique. Arrivé aux commandes du pays en 1985, le nouveau secrétaire général voulait réformer le régime en s’appuyant sur deux piliers : la glasnost et la perestroïka. Avec la glasnost (transparence), il comptait libérer une parole . . .

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On entre dans ce roman comme dans un jeu de miroirs où la réalité nous apparaît voilée, furtive, onirique, sans ligne de démarcation claire entre le spirituel et le temporel. Mais on en ressort éclairci sur un certain esprit qui habite encore l’Afrique, et admiratif devant une œuvre aussi forte d’un romancier africain blanc qui a grandi au Zimbabwe (ex-Rhodésie), et dont c’était le premier livre, paru en 2011.
Le roman, par touches lyriques, suit un ordre chronologique à rebours : l’histoire débute en 1978 pour se finir en 1957. Elle commence dans une mine de cuivre, dans un enfer sur terre : le sergent Gordon est confiné à des travaux forcés. On suit ensuite le parcours en douze chapitres de cet officier blanc plongé au cœur d’une guerre civile effroyable qui marque la période de transition entre la Rhodésie et le Zimbabwe. Un passage marqué par une violence sans nom entre les « forces de sécurité », dont . . .

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Écrire pour comprendre, écrire pour se comprendre, à la recherche, version après version, de la musicalité de la phrase. Viser la perfection formelle, objet de l’art littéraire. Mais l’idéal imaginé n’est jamais atteint, vous dira modestement Lise Tremblay. N’empêche, la réception de son œuvre, notamment de La danse juive (Leméac, 1999, Prix du Gouverneur général), de La héronnière (Leméac, 2002, Grand Prix du livre de Montréal) et de La sœur de Judith (Boréal, 2007), témoigne d’une qualité littéraire remarquable, et remarquée.
Dans la vie, la femme est enjouée, encline à l’humour et à l’autodérision, laissant à l’écrivaine l’exploration de thèmes empreints de gravité, comme la mort et la folie, auxquelles elle consacre sa plus récente parution, Chemin Saint-Paul : mort d’un père tendrement aim . . .

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Un homme blanc peut-il se mettre dans la peau d’une femme inuite ? Le romancier en est capable. Il utilise ici son pouvoir au service du récit d’une rencontre.
Un frère morave explorateur débarque un jour dans une communauté inuite des côtes du Labrador. Le voyageur fait forte impression sur les autochtones et leur annonce qu’il reviendra, avec des frères et des sœurs. La jeune Mikak est profondément troublée par cet homme que l’on nomme Jensingoak, celui dont le chant étrange et beau la poursuit jusque dans ses rêves. L’attirance réciproque de ces deux êtres appartenant à des mondes étrangers se butera à une frontière infranchissable. Bien intentionnés, les frères moraves apportent aux Inuits leur religion de paix et le salut éternel de l’âme. Ils apportent aussi des outils, de la farine, du sucre et des armes, une panoplie de choses matérielles au contact desquelles les Inuits verront leur mode de vie . . .

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Deux qualités ressortent avec un fort relief de ce solide roman policier : la justesse du climat professionnel et la structure du récit. Vic Verdier, nom de guerre de Simon-Pierre Pouliot, réussit si tôt et si bien à révéler les exigences du métier de policier qu’il faut lui savoir gré soit d’une recherche fouillée et intelligente, soit d’une fréquentation éveillée de cet univers, soit d’une combinaison des deux investissements.
Le milieu policier obéit à des règles implacables que Vic Verdier connaît, subit et comprend et dont l’auteur fait sentir le poids. L’une des plus manifestes est vite prise en compte dans le roman : le policier n’a à peu près aucune vie privée. Il jouit au mieux d’une intimité amenuisée, tant les pressions de son milieu de travail lui interdisent les esquives, les alibis, les faux-fuyants. Si Vic et Mélanie nouent de nouvelles relations amoureuses, mieux vaut pour . . .

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On le savait malade, très malade, mais la mort du grand écrivain suédois Henning Mankell en octobre dernier en a endeuillé plus d’un et je fais partie du nombre. Hasard ou pas, paraissait au même moment en version française le bouleversant Sable mouvant, que le romancier a écrit pendant ses traitements de chimiothérapie. Il avait reçu un diagnostic de cancer incurable en janvier 2014, il aura eu dix-huit mois de répit, assez de temps pour partager une dernière fois des souvenirs d’enfance et des moments-clés de sa vie d’adulte, assez de courage pour affronter l’angoisse de l’incertitude. « Tel est l’objet de ce livre. Ma vie. Ce qui a été, et ce qui est. […] Même si la guérison était impossible, je pouvais encore vivre longtemps. » Cette pensée l’aura tenu debout.
Le maître du polar est aussi l’auteur de plusieurs romans, ouvrages pour la jeunesse . . .

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Femme aux mille occupations, Catherine Voyer-Léger œuvre sur tous les fronts culturels. Féministe convaincue, elle collabore à plusieurs périodiques, cumule les emplois dans le domaine artistique, en plus d’avoir tenu en parallèle et avec une assiduité religieuse un blogue très remarqué. Après Détails et dédales auquel il fait suite, le recueil Désordre et désirs rassemble une collection des meilleures chroniques parues à l’origine sur ce même blogue, désormais abandonné, dans le but de donner un second souffle à ces fragments de pensée éphémères, un peu plus de cinquante au total, offerts comme des avions en papier, d’après la jolie métaphore de l’auteure, le temps d’un second et ultime vol plané.
L’éventail des sujets traités est large, allant des plus frivoles aux plus sévères. Au moment d’aborder le rôle de la beauté et les mécanismes d . . .

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Professeure de littérature à l’Université d’Angers et spécialiste de l’œuvre de Michel Tournier, Arlette Bouloumié a retranscrit les 23 « lettres parlées » que l’écrivain a adressées à son ami et traducteur allemand Hellmut Waller entre 1967 et 1998. Par « lettres parlées », il faut entendre des missives enregistrées sur bandes magnétiques à l’intention de cet ami rencontré à Tübingen en 1946. Elles s’étendent parfois sur plusieurs jours et présentent un caractère spontané généralement absent des correspondances traditionnelles. C’est donc un Tournier détendu et disert que le lecteur a le plaisir de découvrir tout au long de ce volume.
De quoi discute Tournier ? De ses projets d’écriture, naturellement. Les 23 lettres parlées nous font entrer dans l’atelier de l’écrivain. Dans sa première lettre, il vient de recevoir le Grand Prix de l’Académie française pour Vendredi ou les limbes du Pacifique et travaille au

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Fanny Britt s’est d’abord fait connaître dans le milieu du théâtre, comme traductrice et auteure (entre autres avec Bienveillance, Prix du Gouverneur général 2013). On lui doit aussi le fameux album jeunesse Jane, le renard et moi, qui lui a valu de nombreux prix et nominations, en plus d’être traduit en plusieurs langues. Les tranchées, paru en 2014 chez Atelier 10, nous la révélait comme essayiste, avec une écriture piquante, pleine d’autodérision. Dans cet essai écrit sur le vif, elle revendiquait une maternité à l’image des femmes d’aujourd’hui, c’est-à-dire imparfaite, instinctive, tendre, coupable mais en même temps décomplexée. En somme, une maternité toute en contradictions.
Son premier roman, Les maisons, poursuit la réflexion sur la féminité entamée dans son essai. On y retrouve d’ailleurs, pour ceux qui ont lu

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Vernon Subutex de Virginie Despentes est une trilogie dont le dernier tome reste à paraître. Cette fresque – qu’on décrit dans Les Inrockuptibles comme « un livre-patchwork qui traverserait les classes sociales » – fait un état des lieux de la contre-culture à l’ère du néolibéralisme et du divertissement. Au centre de cet univers où règne la précarité, on observe une vie en déréliction, celle de Vernon Subutex, un rockeur cinquantenaire, ancien disquaire déchu à cause de la dématérialisation de la musique. Évincé de son appartement au début du récit, il squatte un peu partout à Paris, chez d’anciennes relations qu’il n’a pas vues depuis des années. Il se laisse aller jusqu’à la dérive ultime, aboutissant dans la rue à la fin du premier volume.
Par ailleurs, il n’y a pas que la déchéance au centre de cette histoire qui tient aussi du polar. Vernon est . . .

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C’est pour se lancer sur les traces de Flannery O’Connor, et honorer l’esprit qui anime son œuvre, que Kate Barry entraîne son ami Jean Rolin dans un pèlerinage en 2007 qui les amène d’abord à Savannah, d’où le titre du présent récit, puis à Milledgeville, où la romancière vécut. De ce périple, Kate ramène des images filmées qui surprennent par leur côté résolument anecdotique, voire ludique : les consignes de sécurité filmées telles qu’elles apparaissaient sur l’écran incrusté dans le dossier du siège du passager devant elle lors du vol Paris-Atlanta, une aile d’avion, une petite fille endormie, des bottes, des bottes, et encore des bottes, le plus souvent rouges, celles de Kate, qui rythment les déplacements du couple d’amis lancé sur les traces de l’écrivaine, éleveuse de paons à ses heures et pourfendeuse de prédicateurs à d’autres. Ce parti pris de filmer au ras du . . .

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Autant dans ses romans et nouvelles que dans ses récits, Gilles Archambault a habitué ses lecteurs à des œuvres intimistes où il adopte le ton de la confidence. On sent, dans ses ouvrages de fiction, beaucoup d’éléments autobiographiques, de nombreuses références à sa vie et à ses réflexions quotidiennes. À chaque occasion, son protagoniste n’est jamais loin du véritable Gilles Archambault. Et cette fois-ci, bien que Doux dément soit présenté comme un roman, on ressent plus que jamais la présence de l’écrivain derrière la voix du narrateur. D’ailleurs, l’un et l’autre portent le même nom et sont du même âge. En fait, on a l’impression d’être devant un récit qui n’ose pas dire son nom. Est-ce une question de réserve, de pudeur ? Peut-être. Après tout, tout au long de son ouvrage, le narrateur nous apprend qu’il n’ose pas se confier à son . . .

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Au temps de l’Inquisition, Sarah Waters aurait incarné avec une sadique compétence la tortionnaire idéale. Elle excelle, en effet, à rendre irrespirable l’atmosphère dans laquelle elle plonge ses personnages et ses lecteurs. À deux doigts du drame gothique dans L’indésirable (Alto, 2010), Sarah Waters situe cette fois dans une Angleterre mal remise du premier conflit mondial une intrigue traversée de craintes toxiques et où toutes les issues imaginables semblent scellées à jamais. Exploit trop rarement réussi, l’auteure parvient pourtant à terminer son récit sur un dénouement plausible, logique et inattendu.
À court d’espoirs affectifs lumineux, deux femmes vivent à l’essai un amour interdit. Au moment où se dessine une embellie dans leurs destins, un drame survient qui leur vaut, plutôt qu’une affection partagée, la pression policière et les brûlures de la culpabilité. Lilian est mariée à Leonard, un enjôleur auquel elle fait modérément confiance ; Frances, qui vieillit dans un . . .

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L’histoire visuelle du Québec est admirablement bien servie par des collections comme « Aux limites de la mémoire » des Publications du Québec. Métier commerçant 1852-1977 commente près de 200 photographies de détaillants québécois ; les plus anciens clichés datant du XIXe siècle montrent des marchés publics de Québec, de Montréal, de Joliette et de Trois-Rivières, tandis que d’autres rappellent le commerce de la fourrure qui existait depuis la Nouvelle-France. Parmi les images mémorables contenues ici, on revoit l’ancien mail Saint-Roch recouvrant la rue Saint-Joseph, une succursale de la Librairie Garneau, ou encore la façade d’origine du vénérable magasin Simons de la côte de la Fabrique, coincé à l’époque entre le restaurant Kerhulu et la bijouterie Birks ; on remarque avec étonnement l’affichage à prédominance anglaise sur cette artère commerçante du Vieux-Québec. Une . . .

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Au gré de 70 récits à la fois brefs et denses, ce livre virtuose trace un parcours absolument sans faille. Christoph Ransmayr, esprit curieux et grand voyageur, réunit là un trésor de moments fugaces rapportés des quatre coins du globe. Tentative aussi belle que vaine de suspendre l’évanescence des choses et des êtres.
Chacun des récits commence par « Je vis… » et le rythme ainsi créé génère une attente, peut-être un désir. L’objet, le phénomène, le personnage, l’élément sur lequel s’ouvre le récit se déploie, se démultiplie et sature bientôt l’espace vital de quelques pages. Dans un monde aux frontières estompées, Ransmayr pose un regard pénétrant sur une série de points saillants de l’espace-temps. « Je vis une silhouette lointaine devant une tour de guet » ; « Je vis une chaîne de collines noires » ; « Je vis une tombe ouverte à l’ombre d’un araucaria géant . . .

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C’est un roman puissant, en circuit fermé, sombre mais touchant, que nous offre Julien Suaudeau. L’auteur, qui en est à son deuxième ouvrage, s’intéresse ici à la détresse de jeunes vivant de petits boulots dans une France froide et ténébreuse.
L’histoire débute à Évreux, dans une Normandie où le soleil trouve rarement refuge. Et elle finit en Syrie, dans le chaos infernal des combats djihadistes, où le nihilisme le dispute à la déraison.
Le narrateur et protagoniste du roman se laisse glisser dans une fluidité de plus en plus morbide d’événements qui semblent échapper à sa volonté. À Évreux, il est un petit salarié sans perspectives, lié à des camarades fils d’immigrants, et subit la violence de son beau-père : un déchaînement d’énergie qui tranche singulièrement avec son apparente passivité, qui est aussi un trait de sa mère, à laquelle il est grandement attaché malgré tout.
Son seul rayon de bonheur est la présence furtive de St . . .

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« Autant l’avouer tout de go, je n’ai jamais rien compris à la valeur de l’argent », c’est ainsi que commence l’ouvrage de Pierre Lefebvre. Les couleurs sont annoncées : l’auteur va ensuite, au fil de ses sept confessions, nous prendre à témoin de la guerre d’usure qu’il mène contre les valeurs rattachées, au sein de notre société, à l’argent-roi, à l’argent-dieu. Il s’agit, bien sûr, d’une bataille perdue d’avance. Mais elle mérite tout de même d’être livrée. On ne peut s’empêcher d’admirer ce Don Quichotte s’escrimant contre des moulins à vent, cet Achille face au Pâris du capitalisme sauvage, ce David voulant s’en prendre au Goliath de la production et de la consommation effrénées. Il s’insurge contre « la hiérarchisation du monde faite à la lueur perverse de l’utilité des choses, tout comme des êtres », contre l’expression « ressources humaines », qui sous-entend . . .

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Ce magistral premier roman de Darragh McKeon, auteur irlandais né en 1979, porte à la fois sur le désastre nucléaire de Tchernobyl et le déclin de l’empire soviétique. Encensé par la critique depuis sa parution, Tout ce qui est solide se dissout dans l’air a été comparé au Docteur Jivago de Pasternak. On pourrait aussi faire le rapprochement avec La peste de Camus, puisque l’un des protagonistes, le médecin Grigori Ivanovitch Brovkin, rappelle le docteur Rieux dans sa lutte opiniâtre au milieu du chaos.
On y suit, d’avril à novembre 1986, le destin de quatre personnages. Le premier, c’est Grigori, un chirurgien zélé et altruiste qui se retrouve mobilisé afin de traiter les victimes des radiations, notamment les « liquidateurs », ces civils et ces militaires chargés de contenir le feu et de décontaminer le site de Tchernobyl. Convaincu que la population russe doit être informée du . . .

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Jean Larose est encore « choqué noir ». L’essayiste et romancier récidive avec une deuxième fournée de ses essais de littérature appliquée dans une même année. Toujours aussi incisif, il rassemble ici des textes écrits entre 1998 et 2015, explorant ses thèmes de prédilection avec encore davantage d’esprit de suite et de profondeur que dans le recueil précédent.
L’ouvrage reprend entre autres des critiques lancées par l’auteur, dès la fin des années 1990, contre la professionnalisation des enseignants des écoles primaires et secondaires du Québec, sous l’égide des sciences de l’éducation. Principale doléance : les apprentissages des nouveaux enseignants sont trop axés sur la pédagogie et la gestion de classe, pas assez sur la matière à enseigner. La réplique des spécialistes de la pédagogie lui aurait alors donné raison. Refusant tout autant de justifier leur approche que d’assumer leur part de responsabilité à l’égard de . . .

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Le premier livre de Julie Bouchard porte un magnifique titre : Nuageux dans l’ensemble. Il est vrai que les neuf courts textes qui composent ce recueil de nouvelles présentent des portraits d’hommes et de femmes, souvent de couples, qui ne se portent pas très bien. Le sujet n’est pas neuf, mais la nouvelliste remporte souvent son pari : créer des atmosphères uniques qui nous entraînent de la familiarité à l’angoisse, quand ce n’est directement vers l’horreur.
Si certains archétypes de drames familiaux font leur chemin dans le recueil, c’est cependant quand elle maintient ses récits dans les demi-teintes que Julie Bouchard frappe le plus juste. La rencontre manquée dans « Nous n’aurons pas besoin d’aide » devient prétexte à des portraits ciselés de trois protagonistes de grand âge. Le détachement de Sylvia dans le premier texte du recueil frappe aussi le lecteur, le laissant sur un sentiment d’inachevé qui n . . .

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Selon le vieil adage, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Pourtant, le titre du dernier recueil de Diane-Ischa Ross, Les jours tigrés, nous amène à croire le contraire. Les jours y passent comme des chats de ruelles, tous semblables les uns aux autres, certes, mais nous réservent quand même de nombreuses surprises.
C’est en effet l’impression que peut donner la forme du recueil : les poèmes s’enchaînent, assez uniformément tant dans la forme que dans le ton. Mais ce n’est qu’un leurre, car on entre dans un univers où nous attendent, tapies dans l’ombre, des images d’une grande puissance qui surprennent à plusieurs détours. On est en plein surréalisme, mais celui-ci n’a rien de gratuit. Les images, plutôt éclatées, vont peut-être dans tous les sens, mais l’impression qu’elles nous laissent, elle, demeure cohérente du début à la fin.
Dès la . . .

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Un nouveau recueil de Patrice Desbiens, c’est toujours une sorte d’événement. On ne se lasse pas de cette curieuse poésie très prosaïque, où le poète circule comme en marge des choses, dans un univers où la plus grande épreuve reste celle du réel. Sans doute Dieu est-il ici « un tueur en série » et le cellulaire s’ouvre-t-il avec « un déclic de canif », mais rien n’est véritablement menaçant, car le poète a vite fait de désamorcer ces images par la banalité métaphorique des situations. Comme si on s’absentait du monde, à la manière du poète qui « ferme chaque œil comme / un petit cercueil » et fait semblant de dormir « quelque part dans / la vie après la mort ». Le réel est au mieux un décor occupé par les itinérants, au pire un monde qui s’amuse sans nous, comme les acteurs sur une scène de théâtre . . .

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20Débridé et pourtant réfléchi, iconoclaste et pourtant pertinent, le nouveau bouquin de Laurent Binet se sert de la mort de Roland Barthes, survenue en 1980, pour construire à la fois une réflexion fascinante sur les fonctions du langage et un polar frondeur. Plusieurs ego ont sûrement vécu des transes en voyant quelles activités leur prête l’auteur.
Binet, caustique à l’égard des célébrités, prend la doctrine au sérieux. S’il s’intéresse à la septième fonction du langage, c’est qu’il peut fournir la liste des six premières. Comme le lecteur de Binet, l’enquêteur « Jacques Bayard n’a pas envie d’en savoir plus mais, pour les besoins de l’enquête, il est nécessaire qu’il comprenne, au moins dans les grandes lignes ». Patientons donc avec le policier pendant que Binet ronronne : « – la fonction ‘référentielle’ est la première fonction du langage et la plus évidente. On utilise le langage . . .

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Présenté comme un roman en quatrième de couverture, le plus récent ouvrage de France Théoret est en fait une série de quatre portraits de femmes. Issues de quatre contextes différents, elles sont pourtant porteuses d’histoires qui deviennent emblématiques d’une certaine condition féminine faite à la fois d’autonomie et de menaces persistantes.
Le titre de l’ouvrage, quelque part entre slogan et prière, résume bien le propos : Va et nous venge. Devant ces portraits, quelque chose bouille en nous, quelque chose qui rappelle le dialogue que les lecteurs entretiennent avec une écrivaine comme Elfriede Jelinek, par exemple. Il y a dans ce livre une violence sourde, mais distancée, qui nous surprend plus que le ferait un choc frontal. Cette violence frappe d’autant plus qu’elle tend à être niée ou relativisée, y compris par ses principales victimes, qui ont intériorisé l’idée de leur autonomie et font face à l’adversit . . .

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Il y a quelque temps, j’ai rêvé de Nelly Arcan. Elle se présente sur un plateau de télévision vêtue d’un tailleur Chanel noir et d’un chemisier ivoire boutonné jusqu’au cou, les cheveux libres et le même regard désemparé. Malaise. Qu’est-ce que le pou (c’est ainsi que Nelly Arcan désigne l’animateur de Tout le monde en parle dans sa nouvelle « La honte ») et le fou, le journaliste et l’humoriste, vont bien pouvoir lui dire s’il n’y a plus de décolleté sur lequel s’épancher ? Lui parler de littérature ? Allons, un peu de sérieux ! Réduits à quia, ils pérorent à qui mieux mieux en se fondant dans le rêve, lequel renvoie à une interview humiliante d’Arcan à Tout le monde en parle, et à la sécheresse de cœur des quatre hommes présents devant celle qui se noie.
La littérature est un chemin p . . .

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Auteure dont l’œuvre touche parfois à l’autobiographie, Delphine de Vigan nous tend ici, avec D’après une histoire vraie, un fascinant piège littéraire.
Le titre fait mine d’annoncer la couleur et d’établir le pacte de lecture sans détour : voici le récit d’une histoire vraie, d’un fait vécu. Et c’est ainsi que vous devez le lire. Le caractère péremptoire, voire provocateur de l’annonce nous la rend aussitôt suspecte. On se dit à part soi : vraiment ? Et l’on se réjouit d’entrer dans le livre à la manière d’une Fanfreluche mâtinée de Stephen King qui voyagerait par une nuit d’hiver… Car les fées qui se sont penchées sur ce livre, on le découvrira, sont plus nombreuses qu’il n’y paraît de prime abord.
Que s’y passe-t-il ? La narratrice, qui partage avec l’auteure le prénom de Delphine et . . .

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On pourrait lire cette fable comme une attaque contre l’autoritarisme, l’utilitarisme aveugle qui sévit actuellement en éducation. Une attaque sentie, sensible, comme le fut, à une autre époque, celle que George Orwell livra contre le totalitarisme avec La ferme des animaux, satire du stalinisme et des dérives d’un régime aveuglé par la recherche du pouvoir, par son obstination à vouloir faire taire toute voix discordante. Là s’arrête la comparaison, volontairement grossie, mais les événements d’un passé récent et ceux qui pourraient bien se (re)produire dans un proche avenir risquent de l’amincir, de nous rappeler que si tous les citoyens sont égaux, les tenants du pouvoir le sont toujours un peu plus que les autres.
Pour avoir refusé de donner ses cours à un groupe d’étudiants qui se réclamaient du droit à les recevoir, Irène, après avoir rejoint ceux et celles qui clamaient dans la rue le droit à une éducation gratuite, se voit convoqu . . .

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Qu’est-ce qui distingue l’écriture de la cuisine ? La première abhorre la répétition, tandis que la seconde en redemande. N’est-ce pas ? C’est en tout cas ce qu’affirme Maryse Condé, dont le succès absolu est la jambalaya, un grand plat du sud des États-Unis. Passion, dites-vous ? Absolument ! Même si ce rapprochement peut choquer les âmes sensibles, qu’à cela ne tienne : c’est l’objet même du livre, d’autant plus qu’elle lui permet de lutter contre l’exclusion (des littératures guadeloupéenne, africaine et afro-américaine) dont elle s’est toujours sentie victime. Plus encore : c’est un moyen de transgresser l’interdit édicté par la mère, à savoir que seules les personnes peu évoluées s’occupent de la cuisine.
Les lecteurs de la grande globe-trotteuse savent qu’elle ne fait pas dans le politiquement correct qui a envahi nos discours. C’est son abord direct de la vie, accompagné d’un . . .

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À dix-neuf ans, Jérôme Baril a quitté Saint-Silence-sur-la-Lièvre, petit village fictif de l’Outaouais, pour se payer le Vieux Continent en cadeau durant une année sabbatique. Une Europe qui a très peu à voir avec les cartes postales et les destinations cinq étoiles, car après un bref détour en Allemagne, le narrateur s’arrête à Bratislava, s’y établit pour quelques mois et a l’occasion fort peu enviable de visiter le « château le plus laid du monde », d’après son guide Lonely Planet. En réalité, pour ce puceau bien malgré lui, les attractions culturelles et les paysages importent moins que la pressante exploration des territoires de la gent féminine.
Il trouvera pour ce faire son maître à penser en la personne de Nil, le saint patron du titre, dont le surnom évoque bien sûr Neal Cassady, ce « glandeur mystique », la dégaine de Marlon Brando en prime. C’est lui . . .

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Appelé à produire un reportage photo auprès de l’ONG Canadian Doctors en Angola, pays lusophone grand producteur de pétrole, Jacques Bresson, le narrateur du roman, y découvre l’influence importante exercée par la société pétrolière Alpha sur la marche du pays.
Bien malgré lui, et dès son arrivée sur le sol angolais, il est plongé dans le jeu d’ombre du pouvoir réel provenant de l’argent du pétrole, et aussi de celui tiré du commerce illicite de diamants.
Peu après son arrivée dans le pays, Bresson est en voiture en compagnie de M. Fransten, président d’Alpha, lorsque celui-ci est assassiné. Blessé lui aussi, Bresson n’en est pourtant pas à ses dernières aventures. Aux côtés de la docteure Hélène Garnier, avec laquelle tout au long du roman il entretient une relation hautement dysfonctionnelle, il part en mission dans le pays, même s’il n’est pas encore pleinement . . .

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Auteure de trois recueils de poésie et lauréate du Prix Robert-Cliche 2012 avec Hunter s'est laissé couler, Judy Quinn nous invite avec son deuxième roman à une incursion dans l'Ukraine de Vasyl Dranenko à l'époque du régime soviétique. Une Ukraine que Vasyl a fuie, avant de se retrouver à Montréal où il vit depuis trente-cinq ans.
La trame narrative repose presque entièrement sur les souvenirs qu'évoque le quinquagénaire, passager de l'autobus Orléans Express Montréal-Québec. Il dit aller embrasser son fils Tallik, soldat sur le point de s'envoler de la base de Valcartier pour l'Afghanistan. Pendant le trajet, à part quelques incartades auprès de sa voisine de siège qui n'apprécie pas l'intrusion de l'homme encombrant avec son goûter gras et son alcool, Vasyl se remémore sa vie d'avant l'exil. Stara Bouda, village reculé de son enfance, Kiev et l'entrep . . .

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Il faut une forte dose de susceptibilité et moins qu’une pincée d’humour pour s’insurger contre les piques de Mordecai Richler à l’adresse des ceintures fléchées et pour voir en lui l’ennemi public numéro un des Québécois francophones. Bien sûr, René Lévesque fut l’une des cibles de Richler, mais cet iconoclaste juif martyrisait avec la même verve sa propre communauté, au point d’associer Juif et marché noir, Bible et calcul, bar mitsva et tape-à-l’œil.
Une citation, longuette et typique, fait voir que Richler peut en indisposer plusieurs par un seul propos. Quand le premier ministre René Lévesque, au volant de sa voiture, tua un errant étendu sur la chaussée, la presse anglophone se délecta. Richler participa à la curée, mais en distribuant les taloches à la volée : « L’intrépide police de Montréal, qui avait gaiement fracassé les crânes des séparatistes à coups de matraque à l’époque . . .

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On pense rapidement à Borges, Perec ou au Carrère de La moustache lorsqu’on lit ce premier roman du prolifique nouvelliste, essayiste et éditeur Gilles Pellerin. Son « homme mesuré » est un fonctionnaire tout ce qu’il y a d’ordinaire, « sans qualités », dirait Musil. Conjoint et père attentif, il mène une vie si banale, si anonyme, que pour donner une idée juste de son insignifiance, il faudrait créer le verbe « insignifier ». Or un jour, une petite révolution s’opère. Les choses commencent à émerger de leur angle mort. L’homme mesuré a l’impression, en se rasant, que l’individu reflété par la glace n’est plus lui. Dès lors, la réalité entre subtilement en distorsion. D’un « bal de la Marionnette » à un concours de sosies pour la Télévision nationale en passant par un épisode érotique dans un magasin de meubles, le personnage se retrouve engagé dans une série de situations étranges.
Le go . . .

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Le dernier-né de Boualem Sansal est un texte dense, foisonnant, où l’auteur fait preuve d’une inventivité extraordinaire. C’est un texte qu’on lit à la fois dans la lenteur et la dégustation d’une écriture travaillée et savoureuse et dans l’impatience de découvrir ce que chaque page nous réserve.
2084 est la date phare (hommage au 1984 de Orwell, bien évidemment) d’un nouveau pays, l’Abistan, qui est dirigé par Abi, messager de Yölah, dieu tout-puissant dont le livre sacré, le Gkabul, guide les moindres faits et gestes des habitants. Dans ce pays, tout le monde vit sous haute surveillance, personne n’est autorisé à s’éloigner de son propre quartier. Les citoyens sont par ailleurs convaincus, moyennant force propagande, qu’il n’y a pas d’autre monde que l’Abistan, que leur pays est la planète entière.
Mais même dans cet univers fermé et contrôlé, il y a . . .

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Plume agile, stratège effervescent, Jean-François Lisée se joint aux nombreux auteurs, historiens ou politologues qui ont récemment revisité les légendes et les coulisses du second référendum québécois. Du fait de ses contacts privilégiés avec Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, Lisée apporte à ce réexamen une compétence particulière, même si son recueil reproduit des textes déjà répandus.
L’auteur effectue son survol avec rigueur et même avec une neutralité rarement prise en défaut. S’il vante les efforts du Directeur général des élections pour analyser le rejet d’un nombre anormal de bulletins de vote dans telle circonscription, il se dissocie de ceux qui imputent la défaite du OUI aux fournées massives de citoyens instantanés. S’il aime mettre en lumière ses propositions personnelles murmurées à l’oreille du pouvoir, il avoue tout de même que les commissions régionales . . .

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Il est (trop) tentant de laisser Lysiane Gagnon juger elle-même son travail journalistique : « […] dans tout événement, l’être humain verra ce qu’il cherche et fermera les yeux sur ce qui irait à l’encontre de ses préjugés ». L’auteure, en effet, démontre ici cent fois plutôt qu’une qu’on a bien fait d’enterrer le mythe de l’objectivité journalistique.
Les deux pans de ce recueil farouchement fédéralisant obéissent à des règles différentes. À propos du référendum de 1980, la chroniqueuse procède par la voie synthétique, stylisant son argumentation de l’époque. En ce qui concerne le second référendum (1995), l’auteure laisse parler les chroniques écrites au fil des jours. Dans les deux cas, la thèse demeure la même : rien ne justifie un plongeon du Québec dans les incertitudes de l’indépendance.
Bien sûr, cette attitude est légitime ; elle est même prévisible et presque . . .

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Quand un auteur réfère ainsi à ses années de ferveur, le lecteur doit-il en conclure que les autres années du signataire ont baigné dans la torpeur ? On n’oserait l’affirmer d’Éric Bédard, même si son épilogue respire le désenchantement. Chez lui, en effet, deux sentiments s’affrontent au lendemain du second référendum : l’attachement viscéral à l’indépendance du Québec et le déprimant constat que les tenants de l’indépendance québécoise sont voués à un statut minoritaire. Ce n’est pas la fatigue culturelle d’Hubert Aquin, mais cela s’y apparente. À tort ou à raison, je lis ce livre comme s’il datait vraiment du soir de la déception.
L’ambivalence de Bédard n’a rien de stérile. Au contraire. Depuis les années fébriles dont il témoigne aujourd’hui, il a multiplié, seul ou en tandem, les contributions éclairantes à la connaissance du pass . . .

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Même si l’on partage l’admiration de Victor-Lévy Beaulieu pour monsieur Parizeau, la complicité ne hissera pas ce bouquin au rang de livre marquant. Beaulieu, qui méritait une convalescence après les efforts investis dans son gigantesque 666, Friedrich Nietzsche, commet cette fois un livre sympathique, mais sans véritable concentration sur le personnage visé. L’hommage à Monsieur se dilue en préoccupations périphériques et en règlements de comptes à distance du propos initial.
Ce qui, dans l’essentiel de son énorme production, fait la force et le magnétisme de l’écrivain lui nuit ici, en effet. Son louable intérêt pour les œuvres littéraires québécoises demeurées ignorées le conduit, par exemple, à acquérir les treize tomes des Pages de journal du père de Jacques Parizeau ; le battage autour de cet achat ajoute peu à l’hommage rendu au fils Parizeau. Le contact littéraire établi . . .

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Le nom de Pierre Perrault (1927-1999) est inconnu de beaucoup de cinéphiles ; pourtant, c’est le cinéaste québécois (et même canadien) auquel on a consacré le plus grand nombre de livres et de thèses. De nombreux colloques ont porté sur son œuvre. Il a été, avec Claude Jutra, Michel Brault et Norman McLaren, le réalisateur le plus influent et le plus innovateur de tout le Canada.
Le livre que nous propose Simone Suchet s’apparente à une autobiographie, laissant pratiquement toute la parole au cinéaste volubile : il s’entretient de son enfance à Montréal, de son goût pour le sport, de ses premiers emplois à la radio puis de sa découverte du cinéma documentaire. On apprécie surtout dans cette succession de souvenirs et d’anecdotes la conception si particulière du cinéma de Pierre Perrault, qui refusait l’étiquette de « documentariste » et préférait parler de « cinéma du vécu ». Chacun de ses tournages était une . . .

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En rendant accessible une iconographie régionale d’une extrême minutie, Gaston Cadrin contribue de façon éclatante à épanouir la conscience historique des citoyens de la Côte-du-Sud. Cette population l’appréciera, éprouvée qu’elle fut à plusieurs reprises au fil du temps. Du fait de leur situation géographique, les habitants de la Côte-du-Sud eurent à subir la pyromanie des envahisseurs anglais lors de la Conquête, puis, une quinzaine d’années plus tard, l’affrontement entre les troupes étatsuniennes et les soldats de Sa Majesté, et enfin la terrible saignée démographique induite par la raréfaction des terres cultivables et l’attrait des filatures de la Nouvelle-Angleterre. Que des motifs de fierté et de mémoire leur soient offerts pour exorciser le souvenir des abus cléricaux commis en supplément, il faut en savoir gré à Gaston Cadrin.
Car le haut clergé est au cœur de ce que la rumeur évoque en référant aux

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Avec fougue et de fiables documents à l’appui, Gaétan Bélanger se porte à la défense des baby-boomers, victimes, selon lui, d’un dénigrement injustifié. Dénigrement souvent propulsé par la volonté des nantis d’esquiver le blâme que mérite leur voracité : « En désignant les boomers comme boucs émissaires, ils [les privilégiés] détournent l’attention des vraies injustices : les inégalités croissantes entre les plus riches et le reste de la population, les profits des entreprises en hausse exponentielle sans contribution fiscale correspondante ». La démonstration, globalement convaincante, se déploie sur deux fronts : les boomers ne méritent pas l’opprobre ; les difficultés de notre petit monde découlent non d’un conflit entre générations, mais de l’hégémonie d’une classe riche.
Depuis déjà un quart de siècle, l’analyse que mène Bélanger se heurte à un certain nombre de nébulosités. La première porte sur la description . . .

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Les classiques ont-ils encore une utilité de nos jours ? En fait, pourquoi devrait-on s’en passer ? On ne peut nier que des œuvres brillent plus que d’autres, au firmament littéraire, et nous apparaissent dès lors comme des repères communs sur la route de l’aventure humaine. Sylvain Campeau et Patrick Moreau ne doutent pas de l’importance des classiques pour une littérature et, plus largement, pour une culture. En témoigne leur passage à l’acte. Sous leur direction paraît cet ouvrage collectif, réunissant quinze textes de spécialistes de la littérature québécoise traitant chacun d’un classique.
Les codirecteurs de la publication n’ont pas pris la responsabilité de dresser la liste de ces œuvres phares. Ils ont fait appel à l’historien de la littérature québécoise Michel Biron, qui prend soin de mentionner dans un préambule que sa liste demeure ouverte. En effet, les classiques constituent un patrimoine collectif, ce qui implique une reconnaissance . . .

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Quel critique de théâtre oserait s'interroger au sujet de Sudbury en parodiant le mépris des pharisiens de Jérusalem à l'égard de Nazareth : « Que peut-il sortir de bon de cette bourgade ? » L'individu serait vite interdit de chronique tant Sudbury et son éditeur, Prise de parole, sont garants d'un théâtre digne des meilleures scènes. Montréal-la-Grande ne fait-elle pas ses délices de Richard III, drame shakespearien traduit par Jean Marc Dalpé et édité où l'on sait ?
Pourquoi Richard III ? Peut-être parce que la pièce marie diverses traditions tout en courant vers une conclusion terrifiante d'unité. Clans et familles rivalisent d'ambition au risque de fragmenter l'intérêt, mais sans jamais ralentir Richard III dans son œuvre de mort. Les personnages féminins se dispersent en malédictions, mais leurs plaintes ne pèsent rien face à la kyrielle d'assassinats. Shakespeare rétablira l'unité en . . .

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La poésie de François Rioux est libre et ludique. Elle va là où on ne l’attend pas, dans l’insolite d’un quotidien très prosaïque, sans transcendance. Elle ne prétend à rien de sérieux. On y boit en pensant à ses amours perdues, on y chante, on y observe les gens, on y contemple un frigo vide. Ces sont des poèmes de lendemain de veille, quand les illusions qui nous avaient exaltés se transforment en un tas de vieux mégots. Dans le bruit ambiant et le brassage de choses, de produits, il y a à peine assez de place pour l’introspection.
D’une certaine façon, Rioux s’inscrit en faux contre une poésie dite « profonde », voire académique. « Versifier l’Holocauste est de mise / assentiment instantané », écrira-t-il d’ailleurs, faisant peut-être référence à un recueil de Louise Dupré, Plus haut que les flammes, qui a obtenu la reconnaissance du milieu (Prix du . . .

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Dans son plus récent roman, Monique Proulx dit son amour pour Montréal, sa ville d’adoption, et célèbre le courage et la générosité qui y auraient pris racine sous l’impulsion de Jeanne Mance. Roman mystico-philosophique quant à son inspiration, Ce qu’il reste de moi met en parallèle les débuts héroïques de la colonie et l’histoire de personnages d’aujourd’hui qui forment une mosaïque culturelle, reflet des caractéristiques de la ville contemporaine et fruit de « la Folle Aventure » des fondateurs. Sous le masque du personnage-écrivain, Laurel, interrogé à l’émission populaire Silence, on parle, la romancière explicite son intention et la place qu’occupe le personnage historique de Jeanne Mance dans son roman. Mise en abyme qui, ajoutée aux autres, crée une impression de roman gigogne.
La ville contemporaine, ce sont entre autres un Markus Kohen désorienté, qui vient de quitter sa communauté juive . . .

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Il était grand temps qu’un éditeur français fasse entrer Edmundo Paz Soldán dans son catalogue. Ce romancier et nouvelliste né en Bolivie en 1967, et installé aux États-Unis où il enseigne la littérature hispanophone à l’Université Cornell, compte à son actif une œuvre abondante et primée : dix romans et neuf recueils de nouvelles depuis 1990. Lauréat du prestigieux prix Juan Rulfo en 1997 pour sa nouvelle « Dochera » et du Prix national du livre de Bolivie en 2002 pour son roman El delirio de Turing, Paz Soldán allie la complexité de la construction narrative (façon Bolaño et Vargas Llosa) au réalisme cru d’un Bret Easton Ellis ou d’un Cormac McCarthy.
Norte – « le nord » en espagnol – fait référence aux États-Unis vus depuis l’Amérique latine. Ce roman, le neuvième que signe Paz Soldán depuis Días de papel (1992), entrelace les destins . . .

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Jean-Louis Major aime conter des histoires. C’est ce plaisir qui donne son charme, fût-il précieux et un peu vieillot, à ses onze Contes inactuels. L’esprit n’est pas sans rappeler celui de ses recueils précédents, Mailles à l’envers (Fides, 1999) et Contes par-ci par-là (Fides, 2001). Le titre donne la tonalité : ces contes sont peut-être (à première vue, pourrait-on ajouter) « inactuels », « mais non moins vrais que tout ce qui se colporte sous le couvert de l’actualité ». Le tout avec une touche d’humour, quelques commentaires satiriques, des personnages parfois aux frontières du merveilleux. Et une langue maîtrisée qui joue avec la structure des phrases, les reprises et les modulations d’expressions et de mots.
Major a placé son recueil sous l’égide de Montaigne, dont il cite en exergue de son avertissement la phrase suivante : « Qui ne se sent point assez ferme de . . .

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Autoproclamé « technicien-coiffeur », Bertrand Laverdure revêt entre autres chapeaux ceux de poète, de romancier et de blogueur. Imperméable aux conventions et peu soucieux des pratiques à la mode, l’écrivain préfère ramer à contre-courant. C’est du moins ce que donne à penser son dernier livre, un essai à la forme unique en son genre, une bien drôle de bibitte, comme on dit. En l’an de grâce 2115, un cyborg écrivain de première génération doit enseigner la mort à un spécimen de l’espèce T*****-*****-879, modèle de robot dernier cri « né » des avancées en intelligence artificielle. Si les prémisses adoptées suggèrent une fiction d’anticipation, « doctor death » propose également une leçon d’anthropologie, de philosophie et de littérature, un petit manuel à l’usage de l’humain 100 % organique.
Campé à l’ère du capitalisme numérique, l’univers dystopique de Laverdure joue à fond la carte de la robotisation de l’homme, amorc . . .

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L’injustice, la cruauté, la bêtise, l’acharnement : voilà les mots qui viennent à l’esprit à la lecture de ce remarquable roman, qui peut être vu comme un acte réparateur. Bien sûr, il est trop tard pour que la victime de tout cela puisse en trouver quelque apaisement. Jean-Luc Seigle, qui s’est inspiré d’un fait réel, a imaginé une reconstitution de cahiers – disparus – écrits par la protagoniste de cette histoire, qui voulait présenter sa version des faits à l’homme qu’elle aimait et qu’elle voulait épouser.
Pauline Dubuisson n’a que quatorze ans au début de l’Occupation, en 1940. Sa famille, qui habite Dunkerque, a alors déjà payé un lourd tribut à la guerre, deux des trois fils ayant été tués au combat. La mère, abattue par ce drame, passe le plus clair de ses journées dans sa chambre. Et voilà que le père imagine une solution pour lui redonner goût à la vie. Une solution . . .

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Hélène Marin est étudiante à la maîtrise en psychologie. Elle habite Montréal, occupe son été à lire Jacques Lacan et poursuit la rédaction d’un mémoire portant sur le désir. Sympathique névrosée, pendant féminin du Woody Allen des belles années, elle a maille à partir avec la gent masculine, surtout avec le séduisant Philippe H., dont elle croise le champ magnétique au hasard d’un taxi partagé. Commence alors le jeu du chat et de la souris. Les tergiversations s’étirent et conduisent les tourtereaux, qui se repoussent comme deux pôles positifs, jusqu’aux confins des monts Chic-Chocs.
Philippe H. ou la malencontre est le récit de cette fuite en avant, orchestrée par la langue rythmée, vive et inventive de Mylène Fortin. Accompagnée de sa sœur Élise et de Philippe H., qui s’ajoute in extremis à l’équipage, Hélène fait un saut au pays . . .

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Difficile de faire le tour du roman de Rachel Kushner. À cause d’abord de sa structure, qui mélange les lieux et les époques. On passe de l’Italie fasciste des années 1930 à l’Amérique des seventies éprise de vitesse ; du terrorisme des Brigades rouges à l’underground artistique new-yorkais. S’ajoute à cette difficulté l’ambition de l’auteure de faire entrer en résonance les thèmes du temps et de la vitesse, de la création et du terrorisme, des inconstances du cœur et de la fatalité du destin. Tentons tout de même un résumé.
Nous sommes au milieu des années 1970. Reno, une jeune femme originaire du Nevada, passionnée de moto, est sacrée championne mondiale de vitesse sur une moto Valera. Elle signe avec la compagnie un contrat de publicité qui devra l’amener plus tard en Italie. Après son exploit, elle vend sa moto et déménage à New York pour réaliser . . .

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Comme l’annonce l’auteur en introduction, Notre voix est « une distillation des 66 textes » de son recueil Les grands discours de l’histoire du Québec (2010), augmentée de 6 éléments « pour couvrir un plus large éventail de thèmes ». L’objectif de ce livre, dit-il, est d’offrir « un survol chronologique de notre histoire au moyen de discours ayant eu un retentissement important et illustrant les réalités politiques et sociales du moment ».
Le statut de la langue française au Québec et la pertinence de l’union fédérative canadienne sont ici des sujets récurrents. D’une part, en effet, on défend le droit des francophones de s’exprimer dans leur langue, au parlement (le député Michel-Eustache-Gabriel-Alain Chartier de Lotbinière, en 1793), en matière de foi religieuse (le chef nationaliste Henri Bourassa, en 1910) et au quotidien (le ministre Camille Laurin, en 1977) ; en 1988 . . .

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Le deuxième recueil de Geneviève Gosselin-G., Avance la nuit, est une traversée. On y entre comme en un sous-bois où les mots sentent la fougère et la mousse et on le franchit sans balises marquées. Du début à la fin, d’une lueur à l’autre, on suit un personnage féminin, elle, en quête de quelque chose dont l’absence constitue le motif central du recueil.
Dès l’exergue de Paul Celan, au début du livre, on pressent qu’il est question d’un vide à apprivoiser, à courtiser. Une présence se manifeste en creux au fil des poèmes, et c’est la nuit qui sert de révélateur et de chambre noire, pour tracer les contours de ce qui apparaît entre autres comme « un trou noir si bruyant », « des nappes de silence » et « un creux au bras d’ombre sans étreinte ».
À travers cette tentative de nommer l’indicible et de saisir . . .

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Nous sommes en Europe à la fin des années 1930 avec Marie-Laure Leblanc, une fillette orpheline de mère et aveugle de surcroît, sur qui veille un père d’une extrême prévenance. Ce dernier travaille comme gardien des clés de tous les trésors que recèle le Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Quand les Allemands occupent la ville en 1940, Marie-Laure et son père prennent la fuite pour rejoindre Saint-Malo, où réside un grand-oncle prêt à les accueillir. Toutefois, avant leur départ, le directeur du Muséum confie au père la garde de l’« Océan de Flammes », un énorme diamant frappé d’une malédiction qui protège celui qui le détient mais qui détruit ceux qu’il aime.
En contrepoint, nous suivons Werner Pfennig, un jeune orphelin allemand doté d’un talent extraordinaire pour bricoler des postes radio. Son talent lui vaudra d’être admis dans une école d . . .

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Si dans son précédent recueil, Manuel de poétique à l’intention des jeunes filles, Carole David s’intéressait plutôt à ce qui fonde une voix, à ce qui en marque le commencement, dans L’année de ma disparition, elle en convoque la fin. Fin aussi du sujet qui écrit, de l’autre, d’un couple, d’un monde, du passé. Se situant après cette mort, les « poèmes ont pris des formes extravagantes » et « des objets étranges sont apparus ».
Les poèmes sont autant de scènes de rêves, et chaque vers une micro-histoire. Comme une suite de photographies, mais de photographies qui auraient été prises en dormant. Le sens nous échappe, bien évidemment, la poète tenant « la phrase en orbite ». Autour de quoi ? De qui ? La poésie de Carole David omet volontairement l’essentiel, l’asphyxie, à moins que, tout simplement, l’essentiel ne fuie. Voilà donc l’histoire d’un sujet qui ne . . .

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Il pourrait tout aussi bien s’agir du couple écrivain-lecteur, professeur-étudiant, éditeur-déposeur de manuscrit, conférencier-participant à un colloque, coparticipants à un même colloque, la liste paraît inépuisable : Jean-François Chassay prend un malin plaisir à sonder les grandeurs et misères de l’ensemble binaire le plus répandu. Le présent recueil regroupe dix-neuf nouvelles, dont bon nombre sont déjà parues en revue, mais leur juxtaposition donne un éclairage particulier aux lieux qu’affectionne Chassay (le plus souvent des lieux clos), aux personnages qu’il se plaît à mettre en scène (esquissés à la façon d’un Daumier), mais surtout au ton ironique, voire caustique, qui se dégage de l’ensemble des textes. Qu’il s’agisse de pastiches de rapports d’évaluation de mémoires de maîtrise, de portraits de personnages tout droit sortis de quelque galerie d’excentriques, de situations invraisemblables dans lesquelles ils sont plongés, d’obsessions décortiquées . . .

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Ancien ami de Georges Simenon, le prolifique Pierre Caron se renouvelle à chaque nouveau livre, comme le prouve son Aqua tumulta, dont l’action se situe à Lourdes, dans les Pyrénées. Or, il ne s’agit pas d’un roman d'édification ou d’un bildungsroman mais bien d’une enquête policière. Le titre en latin signifie « eau trouble ».
En l’espace de quelques jours, deux morts suspectes surviennent dans ce lieu de pèlerinage fréquenté par des millions de touristes. Les autorités du sanctuaire reçoivent une lettre de menaces avec, comme il se doit, l’interdiction de prévenir la police. Afin d’éviter de devoir fermer le site juste avant la visite du pape prévue pour septembre 2008, une enquête discrète sera menée, véritable course contre la montre. Cette intrigue policière sur fond de terrorisme fusionne audacieusement les genres et les écritures, mélangeant la fiction et la documentation authentique ; c . . .

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Le deuxième roman de Katia Belkhodja s’offre dans une forme qui tient à la fois du conte, de la poésie et du récit réaliste. La syntaxe torturée de phrases qui ont perdu un complément, un verbe, un sujet, déconcerte le lecteur tout en exigeant de lui une participation à l’élaboration du texte, du moins d’un texte possible. L’auteure, en effet, nourrit les hésitations interprétatives et ouvre de multiples voies à la lecture. On revient deux fois sur chaque passage sans certitude de l’avoir sondé entièrement. On sent que le livre nous parle de choses très actuelles mais on a peur de se livrer à des équivalences de sens qui risqueraient de le vider de toute son épaisseur poétique. On traite donc ce roman avec une délicatesse particulière, celle avec laquelle on aborde les grandes œuvres par crainte de les trahir.
Au cœur du récit, un adultère : la femme du boucher avec le . . .

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Je l’avoue d’emblée : je ne connaissais rien de l’œuvre de Vassilis Alexakis avant d’ouvrir La clarinette. S’il m’a pris l’envie d’en poursuivre la lecture, c’est d’abord à cause de sa musique. Une musique simple, dénuée d’artifice, mais singulière. On dirait qu’on y entend parfois l’écho d’une autre langue, le grec que parlait le jeune Vassilis avant d’arriver en France, à dix-sept ans.
Après trois ans passés à Lille pour étudier le journalisme, Vassilis Alexakis est retourné en Grèce durant quelques années, jusqu’au coup d’État militaire, en 1967. Il s’installe alors définitivement à Paris. C’est là qu’il publiera ses premiers livres. En français. Il s’y mariera, aura des enfants. Vieillira.
Dans son dernier ouvrage, Vassilis Alexakis porte son regard sur ces années parisiennes – presque 50 ans – pour en faire le bilan, et peut-être leur dire adieu. Car . . .

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Le militant et intellectuel Charles Gagnon est mort en 2005, sans avoir eu droit à beaucoup de reconnaissance. La publication de certains de ses écrits jusqu’ici inédits pourrait à tout le moins mieux faire connaître son engagement et sa pensée.
Dans cet essai, dont la rédaction est interrompue en 2004 alors qu’il apprend être atteint d’un cancer incurable, Gagnon analyse la situation de la gauche au tournant du XXIe siècle. Il en ressort comme message essentiel que « [l]a gauche québécoise doit sortir de sa torpeur, se reconstituer, reprendre la parole ». Pour l’ex-dirigeant de l’organisation En lutte !, cela signifie se remettre à la tâche d’élaborer un programme révolutionnaire adapté aux conditions d’aujourd’hui, en se dégageant notamment de l’emprise du Parti québécois et des formations syndicales pour qui le projet souverainiste passe avant le combat contre les inégalités et le saccage de la planète.
Autour de . . .

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Les ouvrages d’histoire médicale ne sont pas légion au Québec. Ce guide de poche, assez substantiel, offre un bref survol de l’histoire des guérisseurs de la Nouvelle-France jusqu’aux médecins d’avant la Confédération. Il pourra aussi être utilisé comme circuit pédestre centré sur le Vieux-Québec, subdivisé en dix points de départ (« stations »), un peu comme les itinéraires de visites du fameux Guide Michelin. C’est sa grande originalité. Comme on le sait, les édifices historiques ne racontent pas eux-mêmes leur histoire ; les guides de ce genre donnent des pistes précises pour saisir la richesse patrimoniale d’un quartier. Ici, les commentaires ne misent pas tant sur la beauté ou le grand âge des édifices décrits mais davantage sur le fait qu’il s’agit de lieux de mémoire témoignant de modes de vie révolus.
On en apprend beaucoup sur certaines dimensions insoupçonn . . .

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Critique de films et encyclopédiste sur Internet, Jean-Philippe Costes présente dans son premier livre (du moins sur papier) un florilège de 29 réalisateurs américains qu’il considère comme étant subversifs. Sa liste personnelle comprend des auteurs légendaires comme John Ford, Orson Welles et George Cukor, mais aussi plusieurs noms surfaits comme Quentin Tarantino, Brian De Palma ou les frères Coen. En quoi tous ces hommes de cinéma ont-ils défié les tabous de l’Amérique ? Chacun a procédé à sa manière. Ainsi, pour Douglas Sirk, Costes écrit : « Le sentimentalisme et les sanglots longs des violons ne sont plus des aberrations narratives mais des verres grossissants, plaqués sur des réalités que beaucoup ne veulent voir sous aucun prétexte ». Ailleurs, l’auteur interprète La Mort aux trousses (1959) d’Hitchcock comme une mise en garde contre les excès du maccarthysme et l’obsession anticommuniste.
Plus que la profondeur de l’analyse . . .

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On sent dans les mots de l’urbaniste Jean Cimon et les dessins de Marc Boutin un attachement de longue date à la région de Charlevoix, à son patrimoine et à ses paysages « que l’on est en train de bulldozer et de marchandiser honteusement ». Leur « essai historique » s’ajoute à une longue liste d’ouvrages sur cette région méconnue. En se basant sur plusieurs sources, ils relatent à leur manière une histoire brève de Charlevoix, principalement des XVIIIe et XIXe siècles.
Le texte débute par des conseils pour visualiser l’astroblème, le cratère de Charlevoix, à partir du belvédère au sommet du mont du lac des Cygnes, tel qu’illustré par les croquis de Marc Boutin. Puis, Jean Cimon fait revivre l’époque coloniale, le « temps des Écossais » depuis l’installation de John Nairne à La Malbaie. Un peu comme une ébauche de roman historique, Jean Cimon imagine en dialogues une courte intrigue amoureuse entre la descendante du premier . . .

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Lorsqu’il était consort vice-royal du Canada, Jean-Daniel Lafond a profité de ses nombreux déplacements officiels pour rédiger ces fragments autobiographiques sur sa vision du monde, ses films, ses voyages, ses opinions politiques ou son goût pour l’écriture introspective : « J’écris parce que je crois à la réalité supérieure de certaines formes d’association, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée ». Ses textes, brefs et parfois anecdotiques, sont présentés sans chronologie ; des souvenirs d’enfance de sa France natale resurgissent jusqu’aux dernières pages. Comme beaucoup d’Européens de sa génération, Jean-Daniel Lafond s’est pris d’affection pour le Québec au lendemain de la visite retentissante du général de Gaulle lors de l’Expo 67. Étudiant en philosophie, il est devenu, à 23 ans, un observateur engagé : « Mai 68 a marqué le moment d’une violente rupture dans ma vie ». Le style de Jean-Daniel . . .

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L’ouvrage pourrait revendiquer une filiation avec le Labyrinthe. Le lecteur y est entraîné, de méandres en lacis de liens symboliques, dans une suite de galeries peuplées de monstres et de héros fantastiques venus des âges antiques de l’humanité. Du sommet de l’Olympe aux profondeurs du royaume d’Hadès, on rencontre une pléthore de dieux et de demi-dieux, les bêtes mythiques Pégase, Cerbère, Dragon, Léviathan, Béhémoth et, surtout, ces êtres éminemment inquiétants, issus du croisement entre l’humain et l’animal, que sont les Minotaure, Érinyes, Golem, Méduse, Centaure, Sirène et Sphinge, pour n’en nommer que quelques-uns. À quoi tout cela rime-t-il ? À croire que cet univers de créatures imaginées n’a cessé de nous habiter et de nous inspirer, bien au-delà de la Renaissance et des Lumières.
Nombre de traditions, notamment grecque, romaine, juive et chrétienne, ont contribué à la prolifération de ces cr . . .

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Les îles du fleuve Saint-Laurent nous fascineront toujours, peut-être parce qu’en soi, l’insularité représente une sorte d’exotisme lointain, alors que le fleuve semble au contraire si près de nous. Critique de livres, auteur (pensons à son excellent guide 100 romans québécois qu’il faut lire, Nota bene, 1994) et en outre dessinateur, Jacques Martineau a exploré cinq de ces archipels : les îles de Berthier, situées juste au nord des îles de Sorel, les îles du Pot à l’Eau-de-Vie et les Pèlerins, la région de la Grosse-Île et de l’Isle-aux-Grues, les îles côtoyant le Bic et enfin la Minganie. L’ouvrage comprend une cinquantaine d’aquarelles et de croquis produits par l’auteur, représentant des paysages, des maisonnettes aux toits rougeâtres, des fleurs et des oiseaux de différentes espèces.
D’emblée, Jacques Martineau parle de ces « îles où s’exprime en partie l’âme . . .

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Le fait est plutôt inhabituel et mérite d’être souligné : Par la fenêtre, de Julian Barnes, est initialement paru en 2012 chez deux éditeurs londoniens, Vintage Books et Jonathan Cape, sous deux titres distincts : Through the Window et A Life with Books, la traduction française ayant repris intégralement le premier, le second livrant l’essentiel du propos du présent ouvrage. Auteur prolifique (plus de vingt livres regroupant romans, recueils de nouvelles, essais), Julian Barnes est un fin connaisseur, entre autres choses, des littératures anglaise, américaine et française, ce dont témoignent éloquemment les chroniques regroupées ici et initialement parues dans diverses publications : The Guardian, New York Review of Books, The New Yorker, London Review of Books.
« La plupart des chroniques de ce livre parlent de fiction et des formes qui lui sont . . .

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Il semble bien que l'énigme Talleyrand soit inoxydable. Que les biographes s'acharnent à la décoder s'ils s'en croient capables, jamais le personnage ne livre ses secrets. Du moins pas tous. Le portrait de Talleyrand que trace David Lawday insiste plus que d'autres sur sa vision prophétique de l'Europe, mais il laisse lui aussi persister le mystère en ce qui a trait, par exemple, à la conception que ce génie de la diplomatie se faisait de l'honnêteté ou même de l'intérêt de la France. Cela fixe une première limite au travail de l’auteur ; il la partage avec, me semble-t-il, d'autres biographes de Talleyrand.
Il faut savoir gré à Lawday de nous avoir dispensés des notes infrapaginales que les auteurs en mal de cuirasse universitaire multiplient à plaisir. Il s'est plutôt fixé comme objectif d'offrir un texte abordable, fluide, détendu. Pour parvenir à ce résultat, il a cependant résum . . .

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Depuis le début de la guerre civile en Syrie, certaines voix se font entendre en Occident selon lesquelles il faut renouer avec le bourreau de Damas, Bachar al-Assad, pour mieux contrer les radicaux islamiques, devenus un ennemi commun ; Nicolas Hénin s’inscrit en faux contre cette approche. Selon lui, le régime syrien n’a rien du « rempart laïc » et du protecteur des minorités qu’il prétend être : au contraire, c’est lui qui alimente les communautarismes depuis le déclenchement du Printemps arabe, cela afin de se présenter comme l’allié naturel d’un Occident naïf et manipulable.
Ce livre est une charge contre le régime syrien de Bachar al-Assad et les aveuglements de l’Occident dans sa politique au Moyen-Orient.
Nicolas Hénin n’est pas le dernier venu. Il a été journaliste en Irak et en Syrie durant nombre d’années, et un des rares otages des djihadistes à avoir été libérés. C’était . . .

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S’il évoque plusieurs commissions publiques tenues sur le territoire de la ville de Montréal, l’essai de Mathieu Lapointe porte surtout sur l’enquête du juge François Caron, de 1950 à 1953, et sur la campagne de moralité publique qui en est à l’origine.
Dans ses deux premiers chapitres, Nettoyer Montréal décrit la situation qui prévalait dans la métropole avant la période étudiée puis expose les bouleversements politiques, sociaux et culturels, réels ou appréhendés, engendrés par la Deuxième Guerre mondiale. Les chapitres trois et quatre examinent quant à eux d’une part le chassé-croisé des agitations et des mobilisations qui a mené à l’établissement d’une commission royale, l’enquête Cannon de 1944 sur les agissements de la police provinciale, et d’autre part les deux démarches infructueuses de la Ligue de vigilance sociale pour obtenir une enquête judiciaire sur la police de Montréal : ces deux tentatives ont . . .

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La biographe n’a jamais rencontré Oriana Fallaci, célèbre journaliste et écrivaine italienne décédée en 2006, laquelle s’est d’ailleurs vivement opposée de son vivant à toute proposition de biographie. Le neveu héritier fera néanmoins appel à Cristina De Stefano pour raconter la vie et l’œuvre de celle que l’on surnomma la star du journalisme. De Stephano épluche les archives avec minutie, y découvre des inédits, scrute les écrits, articles, essais, romans, et recueille un nombre impressionnant de témoignages de tous horizons.
Le préambule nous invite dans l’avion qui ramène Oriana, atteinte d’un cancer en phase terminale, de New York, où elle a vécu une grande partie de sa vie, à Florence, sa ville natale. Puis la biographe remonte le temps jusqu’à la rencontre d’Edoardo Fallaci et de Tosca Cantini, parents d’Oriana née en 1929. Celle-ci leur vouera toute sa vie une admiration sans failles. De parents de condition modeste . . .

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L'homme qu'interroge Michel Sarra-Bournet mérite d'emblée cette attention. Son parcours, marquant autant que cohérent, permet à Louis Bernard de multiplier les angles d'observation sans l'éloigner des principes qui fondent son action. Les ingrédients de cette heureuse synthèse, Bernard s'offre à les identifier : d'une part, dit-il, une formation qui incite aux retouches orientées plutôt qu'aux virages brutaux ; d'autre part, dirait son curriculum, des tâches qui le mettent en contact avec une large gamme de défis sectoriels ou globaux. Preuve que cette combinaison d'atouts répondait aux besoins, plusieurs premiers ministres ont fait appel à lui, même s'il professait un credo politique différent du leur.
Devant une carrière aussi riche, chacun peut mettre l'accent où il le souhaite. Pour ma part, même si Michel Sarra-Bournet insiste peu sur cette facette, j'entretiens une admiration particulière pour le travail abattu par Bernard au profit de la minuscule . . .

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« On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » C’est avec cette citation du célèbre écrivain voyageur Nicolas Bouvier que Louis Jolicœur ouvre le récit qui relate son voyage de plusieurs mois, de l’Europe jusqu’en Inde, au milieu des années 1970, alors qu’il n’avait que dix-neuf ans. On pouvait alors s’attendre à retrouver dans ce récit une forme de décentrement, un intérêt pour les impératifs culturels mais aussi pour les hasards de la route et pour ces « non-lieux que le voyage tient pour nous dans sa manche », comme disait Bouvier. Jolicœur fait en effet la part belle à l’imprévu, à « ces égarements éphémères » et à « ces élans qui ne cessent de fluctuer, de battre au rythme des rencontres, de l’air ambiant ». Les vicissitudes du voyage (solitude, rencontres, traversées des frontières, maladies, doute, moments de pl . . .

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À défaut d’entrer à la Pléiade, l’écrivain et homme politique français Maurice Barrès (1862-1923) a droit à deux gros volumes de la collection « Bouquins », dont cette première livraison couvrant les années 1888 à 1902. Le livre est préfacé par l’écrivain et journaliste Éric Roussel et annoté par Vital Rambaud, maître de conférences à la Sorbonne. Les lecteurs qui s’étaient procuré l’édition de 1994 seront déçus de constater que rien n’a changé, hormis l’illustration de couverture.
Il y a belle lurette que Barrès, pourtant si influent au tournant du xxe siècle, a vu son œuvre reléguée aux oubliettes. Les dadaïstes lui ont intenté un procès symbolique pour « crime contre l’intelligence » et deux ans après sa mort, Montherlant utilisait une formule qui ferait date : « Barrès s’éloigne ». Le dandy couronné « prince de la jeunesse » quittait son piédestal. L’histoire tranchait, elle qui ne tint pas rigueur . . .

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Comment liquide-t-on une économie en faillite ? C'est à cette question que les hommes politiques et les économistes russes des années 1990 ont dû répondre après l'effondrement du régime soviétique. En outre, cette braderie devait se faire à toute vitesse afin de créer rapidement une structure sociopolitique qui empêcherait le retour au pouvoir des communistes ou, à tout le moins, le rendrait très difficile. Cette période de turbulences et d'incertitudes politiques qui ont marqué les années Eltsine (1992-1999) a fait apparaître sur le devant de la scène russe une nouvelle classe sociale : les oligarques. Le parcours de deux douzaines d'entre eux constitue la matière de l'essai de Christine Ockrent. Pour chacun, la journaliste d'enquête rappelle leurs débuts et leur ascension financière, leur influence politique, leur mode de vie et leur descente aux enfers parfois. Toutes différentes, ces histoires ont pourtant la même toile de fond.
Pour lancer . . .

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Les autobiographies sont rarement sinon jamais des sommets de sincérité. La mémoire étant une faculté qui choisit, celui qui se raconte retient de son passé la partie glorieuse et escamote son passif. Jean Désy fait exception : s'il est fier d'avoir replacé l'humérus de Maxime dans sa niche, il avoue candidement ses erreurs et ne les impute jamais aux voisins ou aux circonstances. Si plusieurs des anecdotes qui peuplent, attristent ou égaient son bouquin valent par leur originalité, un bon nombre n'ont de raison d'être que le désir de l’auteur de valoriser l'humain partout où il le rencontre. Peut-être le temps et l'enseignement en ont-ils arrondi les angles, ils n'en ont pas modifié la générosité.
Car telle est la caractéristique première de Désy : il aime et respecte les personnes. Qu'elles soient violentes ou égoïstes, engluées dans leur dépendance à l'alcool ou sourdes aux misères d . . .

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Impossible de ne pas associer Robert Lalonde aux traits de l’écrivain ici mis en scène – les allusions sont explicites – dans les différentes histoires de ce roman mosaïque qui, toutes, illustrent la difficulté de communiquer véritablement avec l’autre, difficulté décuplée par l’incessant besoin de comprendre les motivations qui nous animent et d’être compris, de combler ce manque qui nous pousse toujours vers l’autre. Toutes évoquent la difficulté et le désir de retrouver cet état sauvage qui nous permettrait de renouer avec l’« espèce d’innocence qui aurait sacré le camp », comme le dit l’un des personnages, pour communier avec l’autre. Les dialogues de ce roman nous plongent au cœur de cette recherche d’union, de ces efforts répétés pour jeter une passerelle entre soi et l’autre.
« Je fus – et à maints égards suis resté – un enfant seul. Seul avec le monde », écrivait Robert Lalonde dans Iothéka, carnets . . .

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Étrange roman que ce premier livre signé Vincent Brault. Le cadavre de Kowalski commence sous terre, alors que son héros, un homme dont on sait peu de choses, tente de remonter à la surface, à l’air libre. Difficile de ne pas faire le rapprochement, du moins pour le début, avec une nouvelle de Kafka, « Le terrier ». Dans cette nouvelle, Kafka raconte avec moult détails l’histoire d’un personnage qui vit sous terre à la manière d’un rongeur. Dans cet univers on ne peut plus clos, obscur, les principales « péripéties » auront à voir avec les déplacements du personnage. De la même façon, l’homme de Brault, qui n’est d’ailleurs plus qu’un cadavre, décrit d’abord minutieusement dans une trentaine de pages aérées comment, après avoir laissé la terre l’enfouir complètement, il est arrivé à créer un vide avec la main, puis un trou, et finalement un tunnel. Puis comment, à d . . .

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Les éditions La Peuplade font maintenant dans la traduction. La première à bénéficier de ce traitement de faveur est l’écrivaine torontoise d’origine grecque Marianne Apostolides. Sa traductrice Madeleine Stratford donne ainsi accès à neuf récits dont la forme est finement ciselée, autant de méditations sur une épigraphe de Roland Barthes, selon qui le malheur du langage, sinon sa volupté, tient en sa qualité constitutivement fictionnelle. En ce sens, le sous-titre de Voluptés se lit comme une antiphrase ; ses quelque 200 pages s’attachent à montrer que la langue joue ce rôle de filtre entre la pensée et son objet, d’où cette réalité qui ne peut en être une, puisque médiatisée, partielle, voire partiale.
Les récits intègrent et mélangent différents genres, testimonial et épistolaire dans « Les joueurs de cerceau », le dialogue socratique dans « Deux dialogues (ou du courage) » et la réflexivité de l’essai philosophique, placé sous l . . .

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Le scandale Edward Snowden éclate en juin 2013. Grâce à cet homme, les journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras révèlent alors, dans le Guardian US et dans le Washington Post, que la fameuse agence américaine de renseignement, la National Security Agency (NSA), intercepte de façon massive les communications d’un très grand nombre de personnes, y compris des citoyens des États-Unis et des hauts dirigeants étrangers. Au cours des semaines et des mois qui suivent, les nouvelles révélations orchestrées par Snowden et les journalistes permettront de réaliser à quel point toutes sortes de communications et de données sont ciblées par l’agence : conversations téléphoniques, courriels, textos, photographies, informations contenues dans les profils Microsoft, Facebook, Google, Instagram, etc. Il s’avère que des compagnies de communication et d’informatique américaines contribuent à cette récolte. Sans compter que d’autres sources sont aussi exploitées à grande échelle : par exemple . . .

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Dans son essai La grande crise, l’économiste James K. Galbraith affirme que la croissance soutenue qui a prévalu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale n’est plus possible. Les forces économiques qui la supportaient sont épuisées. La dernière d’entre elles – les hypothèques risquées qui ont permis un temps de soutenir la construction et les dépenses – a conduit à la « grande crise », qui a eu des répercussions mondiales. L’importance de ces titres pour l’économie (regroupés dans des produits toxiques écoulés de façon peu scrupuleuse) explique peut-être que personne n’ait agi pour corriger la situation avant que la bulle éclate.
Aujourd’hui, les conditions ont changé : les prix des ressources ne peuvent que croître du fait de leur rareté ; les nouvelles technologies font disparaître des emplois qui sont peu ou pas remplacés ; les gouvernements veulent équilibrer leurs budgets pour des raisons politiques et idéologiques ; la richesse s . . .

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 Finaliste au 57e prix Champlain dans la catégorie fiction, ce récit autobiographique est centré sur le parcours de l’écrivain manitobain, né juste après la Deuxième Guerre mondiale. Mettant son cœur à nu, Paul Savoie expose du même souffle son cheminement intérieur, son éthique personnelle, ses sources d’inspiration, ses doutes, ses contradictions, sa fragilité, sa vision du monde, la genèse et le cheminement de certains projets littéraires : « Je ne suis pas du genre à étaler le processus de création sur une longue période, ni à m’attaquer à plusieurs projets à la fois ». Les 24 fragments autobiographiques de l’ouvrage sont autant de dimensions de son parcours. Il y parle de son écriture, bien sûr, mais aussi de sa vie, de ses compositions musicales, de son travail de traducteur, de son goût pour la danse, de ses amitiés, de sa conception de l’érotisme.

Peu d’auteurs oseraient . . .

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L’engouement pour le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ne semble pas en voie de s’atténuer. Cette expérience de marche intensive sur plus de 800 kilomètres continue en effet de générer des écrits. Uniquement au Québec, près d’une quarantaine de témoignages de marcheurs ont été publiés en volume depuis les années 1990. Il en résulte parfois un risque de redites auquel toutefois l’écrivain Sergio Kokis réussit en grande partie à échapper. De fait, contrairement à bon nombre de témoignages, le récit de Kokis n’adopte pas vraiment l’approche du guide qui entend fournir aux futurs pèlerins de multiples renseignements et recommandations d’usage pour bien réussir leur pèlerinage. N’y est pas vraiment développée non plus la perspective culturelle consistant à rappeler à point nommé des légendes traditionnelles, à signaler les multiples rituels à accomplir et à décrire les vestiges historiques et religieux qui jalonnent cette voie sacrée et mill . . .

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Que savons-nous du Canada français ? Ou plus précisément des Canadiens français ? Ce « nous » peut aussi bien représenter les Québécois, les Canadiens (même français) que les francophones des autres pays. La journaliste française Lysiane Baudu a voulu répondre à cette question dans Les Canadiens francophones. Cet essai s’inscrit dans la collection « Lignes de vie d’un peuple », qui « raconte les peuples aujourd’hui trop souvent invisibles » (quatrième de couverture) ; ainsi en est-il des Islandais, des Catalans et d’une dizaine d’autres.
Baudu a effectué plusieurs voyages au Canada dont un organisé en 2010 par le gouvernement du Canada pour faire découvrir cinq villes canadiennes à sept journalistes francophones européens. Journaliste pigiste, Baudu y était pour La Tribune et ce voyage a servi de base à des reportages et à son ouvrage.
Le livre est divisé en quatre parties : « Le français, une affaire d’État », « De quel français . . .

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Documentation copieuse, travail sur le terrain intelligent, contacts éclairants, réflexion puissante, enjeu capital. D'où un livre nécessaire.
Certains sursauteront en lisant que la relation du Québec avec son Nord rappelle les romans de la terre et que, malgré des progrès, les promesses offertes à propos du Nord par les premiers ministres Bourassa, Charest et Couillard pèchent toutes par leur simplisme. Comment une vision surannée du Québec peut-elle évoquer la technologie hydroquébécoise ? Quelle parenté entre Menaud, encarcané dans la dépendance, et l'ingénieur livrant au Sud les richesses du Nord ? N'est-ce pas au cri de « Maîtres chez nous » que s'est mise en marche la Révolution tranquille ? Que ces sceptiques lisent Caroline Desbiens. Ils devront alors convenir de ceci : les Sudistes que nous sommes ignorent qu'il était et qu'il est encore indécent de traiter le Nord comme s'il attendait, dans son grand vide silencieux, la venue du progrès . . .

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Pascal Millet a vécu douze ans au Québec, suffisamment pour s’inspirer des paysages les plus retirés de la Belle Province et d’en teinter son dernier roman. Dans un village de la Côte-Nord évoluent des personnages inquiétants et vulnérables, mus par des rêves inatteignables et par le désir de vengeance, des personnages qu’on a le goût de prendre par la main et d’autres qu’on voudrait fuir à cause de leur cruauté et qui hantent la lecture de ce court thriller.
Yokosuka ou l’espoir d’un second souffle. Yo-ko-su-ka. Un leitmotiv qui, en quatre syllabes, chasse l’échec si l’on y croit, si l’on y rêve et si… Zeb n’était jamais disparu ! Zeb, le grand frère de Ray, qui lui a toujours fait miroiter cette ville du Japon comme un baume sur leur vie médiocre. Zeb, avec qui Ray devait partir au pays du Soleil-Levant, où il . . .

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On a souvent soutenu depuis quelques décennies que la postmodernité avait entraîné le déclin des grands mythes et des grands récits de la prémodernité et de la modernité. Dans son dernier livre, Gérard Bouchard estime pour sa part que les mythes, et en particulier les mythes sociaux, sont loin d’avoir été éclipsés par la raison et le progrès, qu’ils demeurent « un puissant mécanisme dans nos sociétés ». En ce sens, l’historien-sociologue poursuit la démonstration qu’il avait entreprise dans certains de ses ouvrages précédents, notamment dans Raison et contradiction, Le mythe au secours de la pensée (2003) et La pensée impuissante, Échecs et mythes nationaux canadiens-français (2004). Après avoir montré dans ces ouvrages comment le mythe permet de surmonter ou non les contradictions propres à tout discours social, Bouchard entend cette fois établir « un argumentaire théorique » visant à mieux comprendre comment . . .

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Outre ses essais et les deux romans qui précèdent son dernier recueil, on se souvient de Jean Larose comme animateur inspirant de l’émission radiophonique « Passages », de l’époque où la deuxième chaîne de Radio-Canada pouvait se qualifier de culturelle.
L’auteur de La petite noirceur n’a rien perdu de sa verve. Et il est toujours question de culture dans cette collection de courts textes écrits au cours des vingt dernières années, période où, selon l’essayiste, on a assisté au triomphe de la « contre-culture de consommation », au détriment de la « grande culture associée à l’humanisme moderne ». Dans une prose limpide, émaillée d’images fortes et de formules lapidaires, Larose investit tour à tour les grands thèmes de la création, de l’éducation, de la langue et de la liberté, parfois en témoin de l’histoire, par exemple en commentant l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis . . .

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Détenteur d’un doctorat de l’Université Brown (à Providence, Rhode Island), Jean-François Blanchette a consacré toute sa carrière à la valorisation de l’art traditionnel. Anthropologue et muséologue, il rend justice aux oubliés de l’art québécois en s’intéressant à des centaines de créateurs non répertoriés et anonymes qui produisent depuis toujours ces pièces parfois simples, parfois recherchées, tantôt traditionnelles, tantôt innovantes, que l’on classe globalement sous l’étiquette d’art populaire. Par leur style empreint de candeur, ces pratiquants de l’art populaire s’opposent diamétralement à l’élitisme de l’art abstrait qui orne les galeries d’art et les musées contemporains. Certains snobs les regardent de haut ; d’autres observateurs les considèrent avec condescendance mais peu d’amateurs les comprennent vraiment.
Richement illustré, Du coq à l’âme montre la richesse et la diversité de ces toiles, sculptures, tapis crochetés, maquettes, effigies, bibelots religieux et . . .

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Avec seulement deux romans à son actif, Deni Béchard jouit d’une réputation d’écrivain établie et plus qu’enviable. Vandal Love ou Perdus en Amérique, sa saga transaméricaine, a remporté en 2007 le Prix du Commonwealth alors que Remèdes pour la faim, publié en 2013, s’est attiré une sympathie critique et publique unanime. On le savait également journaliste, globe-trotter et aventurier, ce que confirme Des bonobos et des hommes, traduction française d’Empty Hands, Open Arms, sorti aux États-Unis en 2013. Un ouvrage sur fond de militantisme écologique, à mi-chemin entre le récit de voyage, l’enquête ethnologique et la synthèse d’histoire politique.
Après des mois de recherches et de lectures portant sur les bonobos, ces singes partageant 98,6 % de leur ADN avec celui de l’être humain, à la suite de plusieurs conversations avec Sally Jewell Coxe . . .

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Marie-Christine Arbour, romancière et nouvelliste montréalaise, signe avec Schizo son sixième roman. Schizo : un long combat, plusieurs petites morts, et Christine aux cheveux longs, aux cheveux courts, celle sur le Nardil, celle sur le Rivotril, à Montréal, à Québec, à Vancouver ou ailleurs… Mais toujours la même détresse. Et il y a ces voix…
Les premières lignes relatent sa naissance, sa tendre enfance, là où la quête de l’absolu s’est concrétisée, là où les barrières de la réalité se sont effondrées. Un monde propre à Christine est apparu, avec ses guerres opposant la folie et la raison, le dedans et le dehors, le vide et le plein, les petites vies et les petites morts. Le corps est une terre ennemie, hostile. Presque 40 ans et 300 pages plus tard, la schizophrénie nous habite aussi, nous, lecteurs témoins d’une conscience encrassée par cette maladie mal connue . . .

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À la lecture d’Anarchie de la lumière, quelque chose en moi se soulève, comme chaque fois qu’on tente de me montrer le chemin du vivre : je ne veux pas de votre sagesse ! Laissez-moi avec mes doutes et mes interrogations ! Laissez-moi être noire, déconstructiviste, pessimiste, si ça me chante ! C’est là que je trouve de quoi créer ma vie !
Passé ce moment de révolte – plutôt, dépassé, au sens où je l’évite –, il me faut bien admettre qu’Anarchie de la lumière ne manque pas de qualités, qu’il s’agit même d’un fort beau livre, rempli de ces vérités qui nous aident à vivre (quand on le veut bien). Très affirmatif dans son propos, José Acquelin, en véritable poète, se tient toutefois loin des dogmes. N’écrit-il pas d’ailleurs : « J’en apprends plus de ce que je ne connais pas que . . .

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Ce cinquième corridor est celui de l’inédit, de la contestation, du choix d’un monde parallèle, celui où « tu peux te construire une barrière » qui sauve des « quatre premiers corridors » que s’est inventés le narrateur, dont le prénom est le même que celui de l’auteur.
Daniel a une trentaine d’années (comme l’auteur) quand il décide de raconter son parcours à un « tu » dont on ne saura rien si ce n’est qu’il pourrait être aussi bien un confident que le lecteur. Dans ce qui prend la forme d’un journal intime, il cherche à donner sens à ce qu’il a vécu. Or le sens lui échappe, fuit. Le texte se développe dans un mouvement qui n’est ni chronologique ni logique, mais plutôt intuitif, né des images, des climats, des odeurs qui surgissent au fil d’une descente en soi-même. Le narrateur est sous médication et suivi par un . . .

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Peut-on survivre à la peur ? À lire ce remarquable premier roman de Raymond Miot, La petite chambre, on répondrait oui. Cette réponse serait tout aussi positive venant de ceux et celles qui, comme lui, ont vécu sous un régime répressif ou sous la menace de quelconques groupes qui, eux, ne peuvent survivre que grâce à la frayeur qu’ils imposent aux autres.
Raymond Miot, Haïtien, fils de médecin, a vécu son adolescence sous la dictature de François Duvalier. Il a supporté un tourment quotidien, cherchant les motifs qui pourraient expliquer le fait que sa famille fut visée par les sbires du dictateur et menacée d’emprisonnement ou de mort. Dans un style captivant qui nous maintient cloués aux quelque 175 pages de ce roman rédigé à la première personne, l’auteur nous entraîne dans ses réflexions et ses souvenirs. Si ce texte est une œuvre de fiction, il repose néanmoins sur . . .

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Le roman de Marise Belletête revisite de façon postmoderne la Psychanalyse des contes defées de Bruno Bettelheim. Pour Ève, l’héroïne de L’haleine de la Carabosse, la vie n’est pas un conte de fées, bien que sa mère la traite comme une princesse. Elle se considère comme la « digne descendante d’une lignée de femmes dérangées ». William, son père, a quitté le domicile conjugal pour aller recueillir des contes à travers le monde. Il était fasciné par l’univers imaginaire dont ils sont porteurs, mais il a aussi cherché à fuir une femme dont l’amour possessif l’emprisonnait. Dans l’un des passages écrits au « je », Ève s’étonne que son père ait réussi à partir car, pour sa part, elle se sent incapable d’échapper à la surveillance oppressante de sa mère : « L’haleine de la Carabosse me couvre tout entière . . .

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Doté de plusieurs cordes, l'arc de Diane Vincent loge cette fois dans sa mire un monde aux abords barbelés et étroits : celui de la mode, avec ses sirènes, ses artifices, ses ego plantureux, ses jalousies, son indifférence blindée devant le regard. Lucide, Diane Vincent écrit : « La grande échasse détrempée qui avait sonné à ma porte était en fait un somptueux caméléon explorant les impénétrables terreaux du luxe ». Parmi les « sacrifices » consentis à cette fin, l'auteure cite la lecture des Elle, Vogue et autres revues immortelles ; on la croit sur parole. Diane Vincent investit cependant, cela va de soi à en juger par son parcours et ses dossiers, rigueur, qualité et clarté de la langue, aptitude à débusquer le peut-être au-delà des évidences usuelles.
Car l'analyse est fascinante. Autant il est déroutant d'envisager que les pontes de la stratégie guerrière s'intéressent à la soie ou m . . .

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Comme dans son précédent roman, Joies, finaliste au Prix littéraire des collégiens 2010, Anne Guilbault crée des personnages qui ont perdu leur raison de vivre. Deux voix d'endeuillés entrecroisent celle d'Adrien, narrateur principal des Métamorphoses. Les sens d'Adrien se détraquent : il voit tout en gris, perd la vision en trois dimensions et n'entend plus le bruit de ses pas. Ses seules sensations lui viennent de l'intérieur, rattachées au souvenir de Marie, partie pratiquer la médecine à New York un an plus tôt, après vingt ans de vie commune. Paz, leur fils adoptif, était parti un an auparavant.

Le roman commence au jour 7 : « Dans sept jours en comptant aujourd’hui, les camions emporteront les débris de ma vie ». L’immeuble où Adrien a vécu avec Marie et Paz est destiné à la démolition au . . .

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Un soir, Kaï se fait violer par un groupe d’hommes. Elle revient à la maison, « écorchée ». Comment son mari, qui est le narrateur, peut-il réagir face au viol de sa compagne ? Que peut-il faire et dire quand le moindre de ses gestes et chacune de ses paroles sont susceptibles de heurter la personne aimée, d’exacerber sa souffrance ? Le réconfort est-il possible ? Comment, en étant soi-même un homme, rétablir les liens brisés avec la victime ? Car la nuit est longue, premier roman de Sophie Bérubé, raconte cette impuissance en nous plongeant dans la subjectivité de Christophe.
Partagé entre le désir morbide d’en savoir plus sur ce qui s’est passé et la volonté de « libérer [Kaï] de son cauchemar », Christophe choisit d’ignorer sa propre souffrance. Il se lance, comme Shéhérazade, dans une série d’histoires, brodant des récits autour du passé de leur couple. Son but . . .

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C’est un secret de Polichinelle que sous le pseudonyme de Robert Galbraith se cache la très connue J. K. Rowling, auteure des best-sellers de la série Harry Potter. Le ver à soie est le deuxième des sept volumes annoncés des enquêtes de Cormoran Strike, suivant L’appel du coucou (2013), dont les critiques avaient été des plus positives.

Le succès colle à la peau de la richissime romancière et on se demande si l’intrigue du Ver à soie – le meurtre atroce d’un écrivain dans une macabre mise en scène – n’a pas un lien quelconque avec la soif d’anonymat qui semble animer Rowling. Y a-t-il là une certaine identification de l’auteure avec la célèbre, mais détestée victime ? « Les écrivains ne sont pas des gens comme les autres […]. Tous ceux qui ont un tant soit peu de talent ont aussi un grain . . .

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Dédicacé au cinéaste Bernard Émond, Le milieu de partout entrouvre en nous, textes et photos, le trou de chacun. Ça part de là, ici, d’un cratère de Sudbury qui pourrait – rien de moins – avoir signé « indirectement » une part de l’origine de la vie sur la Terre. Gaïa habite en tout lieu. Cela donne à rêver, à se déplacer, comme lorsque « l’oreille géopoétique accueille aussi des fantasmes où le monde et l’esprit se traversent ». Les chemins vont donc se multiplier tout au long de ce recueil dense. Il me souvient d’un prêtre maya rencontré au Guatemala et qui m’avait entretenu de la Porte du Monde. Avec Dimanche, nous sommes comme chez le peuple du maïs, in situ.
Trois parties s’imposent à la méditation : « La vie sur Terre commence ici », « Un homme patine » et « Le milieu de nulle part (O-NTARI-O) », flanquées d’un appendice : « Calmez-vous ». Dans la . . .

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Recueil de nouvelles, Le repaire des solitudes en compte 29, autant d’historiettes brèves, nerveuses, un brin décadentes, fortement déjantées. Première parution du mi-trentenaire et polyvalent Danny Émond, qui est aussi – ou plutôt a été, semble-t-il – claviériste et parolier du groupe métal de Lévis Blinded by Faith, avec lequel il aurait enregistré trois disques et un DVD.

Parfois la nouvelle est écrite à la première personne, parfois il y a un narrateur, parfois il s’agit d’un homme, d’un enfant, d’un vieillard ou encore d’une femme. Le trait commun des protagonistes est leur profil psychosocial de perdants et de perdus. Ils sont seuls, terriblement seuls, comme l’indique le titre du livre. L’égocentrisme et l’individualisme de ces asociaux s’allient à leur peur de vivre. Ils végètent, enfermés dans leur nuit intérieure. Pour eux, demain n’est pas un . . .

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Perçus comme des indices sur notre origine sociale, les prénoms peuvent engendrer une forme de déterminisme. Signes de bon goût ou de « déficience de culture », ils donnent souvent l’impression de nuire à l’égalité des chances.
Aussi, quand on s’appelle Kevin et qu’on travaille dans le milieu culturel parisien (pour une radio publique), ce prénom devient un stigmate, il contribue à développer « un méchant complexe ». Le dédain perçu chez les autres peut-il nous amener à nous venger de ces prétentieux remplis de préjugés ? C’est en tout cas ce que fera Kevin, le héros fataliste mais tout de même combatif de Iegor Gran.
Notre héros, qui en a marre d’être regardé de haut, attaquera la vanité de ses proies en se faisant passer pour un éditeur nommé Alexandre Janus-Smith. Sympathique, plutôt cultivé et passé maître dans l’art de flatter, cet homme rencontré au Salon du livre connaît . . .

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La littérature fantastique et la science-fiction aiment créer des univers obéissant à des morales inattendues, à des gouvernances singulières ou à des codes surgis d’on ne sait où. Souvent, ces univers sont clos, fermés aux vents de l’extérieur, soustraits aux orthodoxies que nos horizons présentent comme allant de soi. Le défi jeté au lecteur ? Celui de chercher à quelle logique peut et doit répondre cet autre monde. Des auteurs comme Élisabeth Vonarburg ont plusieurs fois jeté le gant et incité de vastes auditoires à s’aventurer dans cet exigeant pluralisme. Exigeant, en effet, mais enrichissant. Cette veine n’est visiblement pas épuisée, puisqu’elle suscite constamment de nouveaux dépaysements. Je songe ici à Dôme, de Stephen King (Albin Michel, 2011) : coupée de tout contact avec l’ensemble de l’humanité, une collectivité isolée devait, par ses seules ressources, réinventer l’échelle de valeurs que l’humanité a mis des siècles à établir et r . . .

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Cataonie est catégorisé recueil de nouvelles, et il est vrai que chacun des textes qui le composent possède son existence propre, mais la récurrence des personnages, les allusions entre les récits, le caractère linéaire des événements décrits font de ce livre un ouvrage beaucoup plus hybride qu’on semble l’indiquer. Avec l’humour toujours reconnaissable de François Blais (encore réussie), l’hybridité est ce qui caractérise le plus Cataonie.
Dans Le romancier fictif, André Belleau notait un conflit au sein du corpus romanesque québécois entre un code linguistique français et un autre nord-américain. C’est en outrant ce conflit que Blais instaure un univers loufoque, burlesque par moments, et pourtant fortement angoissé. Les six histoires qui composent le recueil, tournant souvent autour d’enjeux liés aux paratextes littéraires (nombre de mots d’une histoire, statut du personnage, importance de . . .

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Avec ce recueil, André Roy réinvente le genre biographique en en faisant un objet proprement poétique. Il mêle avec bonheur interrogations esthétiques et existentielles, analyse littéraire, récits factuels, pour nous donner un portrait fragmenté de l’auteur de La métamorphose. Ainsi suit-on pas à pas le déroulement d’une vie, de l’enfance dans la maison du père jusqu’à la mort trop tôt venue, en 1924.
« Déjà cet enfant condamné à être un écrivain / organisant la mort de Dieu. » Dès les premières années, la vie est indissociablement liée à l’œuvre à venir, comme si elle y puisait son origine. C’est l’œuvre dans son idéalité qui déterminera par exemple la nature de l’amour pour Felice, puis Milena, et enfin Dora. Ce « Juif ne parlant pas yiddish / Tchèque n’écrivant qu’en allemand » aurait voulu « s’abonner au présent », mais ne sait vivre qu’ailleurs, hors de ce . . .

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Que le Théâtre Parminou demande à Jean St-Hilaire d’écrire son histoire pour souligner le 40e anniversaire de la compagnie semble logique. Maintenant à la retraite, Jean St-Hilaire a été un excellent critique de théâtre au journal Le Soleil et a toujours su mettre en contexte les productions dont il parlait. Mais la commande porte aussi sa limite : cet ouvrage est une apologie de la compagnie plutôt qu’une analyse de sa démarche artistique, politique et sociale.
St-Hilaire a fondé son texte sur une série d’entrevues avec les principaux membres passés et actuels du Parminou, qu’ils soient comédiens, administrateurs ou gens « de coulisses ». En tout, dix-neuf entrevues auxquelles s’ajoutent huit autres avec ce qu’il appelle « les témoins » (de Gilles Pelletier à différents membres du conseil d’administration) et trois avec des responsables d’organismes « partenaires », ces organismes avec lesquels et pour lesquels la compagnie crée ses pièces . . .

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Que la mer soit le personnage pivot de ce livre aux multiples secrets, cela ne fait pas de doute. Elle est stable ou capricieuse, séduisante et vindicative, discrète autant que rancunière. Pour vivre auprès d'elle, avec elle et d'elle, il faut des humains à jamais épris de ses voix, car la terre qui la regarde dépend de la mer elle aussi. « La Gaspésie, dit un des personnages de Roxanne Bouchard, c'est une terre de pauvres qui a juste la mer pour richesse, pis la mer se meurt. C'est un agrégat de souvenirs, un pays qui ferme sa gueule pis qui écœure personne, une contrée de misère que la beauté du large console. Pis on s'y accroche comme des hommes de rien. Comme des pêcheurs qui ont besoin d'être consolés ».
Vision et plainte d'homme que celle-là, mais que disent les femmes ? Ont-elles toujours, selon la chanson, la patience des femmes de . . .

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Chrystine Brouillet, l’une des romancières les plus connues au Québec pour ses polars et ses chroniques littéraires et gastronomiques, n’a plus besoin de présentation. Son bébé, le personnage de Maud Graham, a séduit les lecteurs qui l’ont suivi dans plusieurs de ses enquêtes. En 2014, Brouillet nous revient avec le personnage de Louise, qui lui a valu le prix Robert-Cliche en 1982, alors qu’elle publiait Chère voisine, son premier roman pour adultes. Le réalisateur Jacob Tierney a porté au grand écran en 2010 une adaptation anglaise du roman, tournée à Montréal, Good Neighbours, qui a ravivé l’intérêt de l’écrivaine pour le personnage énigmatique de Louise. Avec Louise est de retour, Chrystine Brouillet construit à nouveau un univers complètement déjanté où le meurtre semble être la solution facile.
Dès la première page, la table est mise : Louise . . .

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Sans doute pour respecter l'implacable loi qui régit l'existence humaine, Chrystine Brouillet laisse vieillir Maud Graham. Peut-être pas d'un an par année, mais suffisamment pour que son enquêtrice avoue ses cinquante ans et que ses familiers progressent eux aussi non seulement « en grâce et en sagesse », mais aussi en nombre. Le lecteur qui aurait raté quelques-uns des récents livres de l'auteure risque donc un certain dépaysement face à certains visages qui surgissent autour de Maud et que l'auteure présume connus de tous. L'inconvénient ne serait que mineur si le récit faisait la part moins belle aux relations humaines et se concentrait davantage sur l'enquête proprement policière. Ce qu'on gagne en chaleur humaine, on le paie d'une certaine dilution dans la densité du travail professionnel. Le gain n'est d'ailleurs pas constant, car Maud Graham mène certains de ses interrogatoires avec une vigueur aux limites de l'abus . . .

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Et si Einstein avait tort à propos d’une des composantes de ses équations sur la gravité ? « Ma plus grosse bourde », c’est ainsi qu’il qualifiait lui-même la « constante cosmologique » qu’il avait intégrée, en 1916-1917, à ses calculs destinés à établir la taille de l’Univers (qu’on croyait alors statique). C’est au moment où l’expansion cosmique a été découverte par l’astronome Hubble, en 1929, qu’Einstein a cru avoir fait erreur. Pourtant, en 1998, a été mesurée une mystérieuse « énergie sombre », dont la nature est inconnue. Ce pourrait bien être une nouvelle façon de désigner cette constante cosmologique imaginée 70 ans plus tôt par le génial savant.
Autre fait intéressant mentionné à propos d’Einstein : il a réussi à expliquer l’effet photoélectrique en 1905 (la même année – décidément prolifique – où il a prouvé l’existence de l’atome et élaboré sa théorie de la relativité restreinte . . .

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Qui aime la poésie d’Hélène Dorion appréciera cet essai, car il poursuit sans véritable rupture le questionnement philosophique, politique et humain au cœur des textes poétiques. Le lecteur y trouvera aussi ce désir de transparence, cette absence d’ironie qui caractérise l’œuvre de la poète. D’abord publié chez Leméac et à La Différence, en 2003 et 2005 respectivement, le livre (augmenté) regroupe une vingtaine de courts textes lus publiquement ou parus dans divers ouvrages collectifs et revues, ainsi que des entretiens réalisés avant et après 2005.
Chacun des textes réfléchit sur l’élan qui fonde l’œuvre. Depuis L’intervalle prolongé, publié en 1983, la poète n’a cessé d’« interroger l’énigme que nous sommes pour nous-mêmes ». Mais plus que cela, elle aura cherché, par la poésie, à s’unir à l’univers, à recréé une continuité rompue, à refaire en somme le passage vers l . . .

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Puisqu’il s’agit ici non d’une biographie, mais de Mémoires, le signataire a toute latitude pour placer les accents à son gré et négliger les épisodes qu’il préfère oublier.

De cette latitude, Brian Mulroney use et abuse. Habilement, il confesse des erreurs mineures et facilite ainsi la mise en marché des éloges qu’il multiplie sur son règne et son leadership. Sa méthode présente cependant certaines garanties de fiabilité. Il cite en surabondance, en effet, les comptes rendus, les actes officiels résultant des négociations, le journal des débats… Le lecteur obtient ainsi une version moins impressionniste. Précaution importante, car Mulroney, dès qu’il le peut, embellit son rôle, magnifie ses réussites, atténue ses jurons, ne cite ses correspondants que dans leurs éloges. Sans le recours massif à des textes indiscutables, la crédibilité du reste serait frappée de leucémie. Même les nombreux extraits du « journal . . .

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Historien des idées, médecin, essayiste et professeur de littérature né à Genève en 1920, Jean Starobinski a été le maître à penser de plusieurs générations d’étudiants. Comme Georges Poulet, Jean Rousset et Jean-Pierre Richard, il est une figure de proue de « l’école de Genève », mouvance de la critique littéraire attentive à l’expérience de la conscience au monde de l’écrivain. Les essais que Starobinski a consacrés à Montaigne, Montesquieu, Rousseau, Diderot et Jouve ont marqué son époque. Mais c’est surtout l’étude de la mélancolie qui occupe le centre de son parcours intellectuel. En ce sens, L’encre de la mélancolie constitue la meilleure introduction à son travail de critique – voire la meilleure synthèse.
L’ouvrage comporte six parties. La première justifie l’investissement financier que représente l’achat de ce livre (près de 50 $) : il s’agit de l’« Histoire du traitement de la mélancolie », thèse . . .

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La voix est jeune, le ton péremptoire, la réflexion décapante, le parcours fascinant. L’orientation fait claquer des couleurs peu affichées dans le débat public, celles d’un conservatisme fringant. « Les clivages politiques hérités de la Révolution tranquille semblent désuets et ils paraissent ne subsister que par la difficulté qu’a ce courant conservateur à parvenir à la pleine maturité intellectuelle et politique. »
Mathieu Bock-Côté lit l’histoire d’un œil neuf. De la présence de Gilles Grégoire près de René Lévesque, il déduit la présence au Parti québécois d’un ADN conservateur. Dans le combat du Bloc québécois, il perçoit un nationalisme déformé : « Le Bloc a ainsi introduit une innovation radicale dans l’histoire du nationalisme québécois, dans la mesure où le peuple québécois tel qu’il a pris forme historiquement et culturellement y est désormais étranger ».
Qu’on n’aille pas imputer . . .

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L’ouvrage d’Alexandre Stefanescu et Éric Bédard se concentre sur la personnalité de René Lévesque. Plus encore, il n’observe qu’une facette du personnage : sa parole et ses écrits. On y apprend, car cette activité de Lévesque demeure méconnue, qu’il a écrit des tonnes de chroniques (Journal de MontréalLe Jour, etc.). S’y constate la libre relation de Lévesque avec l’actualité turbulente. Un rien stimule sa verve, mais tel enjeu majeur, religion ou même projet d’indépendance, n’attire pas sa plume. En ce sens, il s’associe au peuple plus qu’aux pontifes. Autre surprise, ce journaliste épris de liberté admirait chez les journalistes anglophones leur soutien à l’unité canadienne et souffrait de la neutralité de leurs collègues francophones… Au passage, l’ouvrage souligne que Lévesque bénéficia, dans son apprentissage des communications, d’immersions dans d’autres cultures (France, Angleterre, États-Unis…). Ce qui . . .

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Ce grand petit livre de Nicolas Lévesque s’ouvre sur une éclatante leçon d’humilité et d’intelligence : l’auteur se relit et se nuance. Le printemps érable a eu lieu ; l’avenir peut se lever. Lévesque ne renie pas les reproches qui lui montaient en bouche, mais il jouit du réveil. Déjà prêt à l’action, il demande, à propos des machines, de l’économie, du pays, des partis politiques, « comment les réinventer, forts que nous sommes des erreurs du passé ». Notre univers lui paraît encore adolescent, mais il le sait en gestation de maturité : « Je rêve de la possibilité d’un livre optimiste qui ne serait pas ‘à droite’ ».
Lévesque décode ce qui échappe à l’agité. À peine entend-il une banalité (« L’or est une valeur refuge ») que sa pensée malaxe le terme : « Enfin un mot pour le dire : nous vivons à l’époque des valeurs refuges (l’argent, le corps, les objets), ces repères par défaut sur . . .

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Son courage est connu, sa crédibilité établie. On a entendu ses reportages sur la Tchétchénie, l’Irak ou l’Afghanistan. Qu’elle intègre au récit de sa « dernière mission en Afghanistan » un compte rendu de ses contacts avec l’armée canadienne intéressera quiconque se demande ce que réussit là-bas le Canada.

Le grand bénéfice à retirer de ce compte rendu, ce sera le nettoyage qu’il effectue dans l’information de consommation courante. « […] l’amalgame entre humanitaire et militaire » crée la confusion. Les soldats ignorent les beaux discours : « Nous autres soldats,… ce qu’on veut, c’est du combat, de l’engagement… Mais il n’y en a pas » ; « Grâce aux 88 000 dollars canadiens annuels (primes comprises), sa femme et ses trois enfants sont à l’abri du besoin ». Le responsable de la Commission indépendante pour les droits de l’homme à Kandahar « récite des réponses toutes faites dans le cadre . . .

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Constituée surtout de textes à fort indice sociologique, l’anthologie Lectures de l’Acadie privilégie, de son propre aveu, certaines perspectives : il lui revient, dit-on en quatrième de couverture, « de rendre compte du précieux travail des sciences humaines et sociales en Acadie ». Rien là qui soit anormal ou illégitime ; surtout, rien qu’un non-Acadien puisse contester. Il en résulte, pourtant, pour le lecteur peu familier avec l’histoire et le tissu acadiens, le sentiment d’entendre un plaidoyer plutôt qu’un bilan large et serein. À noter également que l’anthologie cesse sa cueillette en 1994, ce qui, en ces temps d’accélération, force à interroger un passé déjà lointain.
Plusieurs textes suscitent la réflexion. Insistons sur ceux de Marc-Adélard Tremblay, de Jean-Paul Hautecœur, de Léon Thériault, de Michel Roy, de Joseph Yvon Thériault, de Michel Bastarache. Celui de Marc-Adélard Tremblay, daté de 1962, donne un durable . . .

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Antonine Maillet a jusqu’ici 42 livres à son actif, auxquels il faut ajouter 12 textes divers parus dans des périodiques et des ouvrages collectifs ; sans compter un certain nombre de pièces de théâtre demeurées inédites. C’est en la regroupant par « cycles » que Robert Viau passe en revue cette œuvre vaste et multiple par laquelle Antonine Maillet « a mis l’Acadie au monde, dévoilé son âme profonde et fait de son coin de pays une référence à saveur universelle ». On pense ici bien sûr, parmi d’autres titres, aux incontournables monologues de La Sagouine (1971), qui ont véritablement lancé l’auteure et fait connaître sa « langue unique et particulière », et à Pélagie-la-charrette (1979), qui est à ce jour la seule œuvre canadienne couronnée par le prestigieux prix Goncourt et que l’essayiste considère comme le roman le plus construit de l’auteure.
Des commentaires de Robert Viau émergent . . .

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Visant toujours une impureté de la poésie, Pierre Perrault a voulu que sa parole respire l'histoire vécue au quotidien, avec douleur, tendresse et colère. Cette conscience affolée trouve sa réussite littéraire lorsque l'intention polémique se laisse emporter par la vitalité des signifiants, tandis que sa contamination par le discours critique peut parfois lui jouer de vilains tours.
Dans Irréconciliabules, on retrouve ces deux versants d'une poésie engagée. D'un côté un discours qui s'implique politiquement, mais en semblant couler avec naturel des conflits mêmes qui traversent le Québec. De l'autre, des passages où la forme poétique, plutôt molestée, ne fait que nuire à la force d'un propos plus rationnel.
D'abord publiée en 1995 chez l'Action nationale et maintenant dédicacée au défunt Rosaire Morin, cette suite de poèmes veut pourtant dire la québécitude . . .

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Le dernier grand périple de Pierre Perrault, disparu dans la nuit du 23 au 24 juin dernier, est raconté dans Le mal du nord (Prix du Gouverneur général 1999), étonnant carnet de voyage relatant un parcours assez inhabituel : une odyssée de plusieurs semaines sur un brise-glace à travers la Terre de Baffin et l'Île d'Ellesmere, le grand Nord canadien. Dans le style qui lui est propre, Pierre Perrault raconte les étapes de ce voyage, qui a donné lieu à une émission de radio (à Radio-Canada) et fait l'objet des films L'Oumigmatique ou l'objectif documentaire en 1993 et Cornouailles en 1994, deux documentaires qui ont donné naissance à un livre publié à l'Hexagone en 1995. Le récit que nous livre Pierre Perrault mélange les anecdotes du quotidien aux impressions du grand voyageur, faisant référence à Jacques Cartier, mais aussi à des personnages mythiques ou encore à Éric Le Rouge (au moment . . .

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Le dernier grand périple de Pierre Perrault, disparu dans la nuit du 23 au 24 juin dernier, est raconté dans Le mal du nord (Prix du Gouverneur général 1999), étonnant carnet de voyage relatant un parcours assez inhabituel : une odyssée de plusieurs semaines sur un brise-glace à travers la Terre de Baffin et l'Île d'Ellesmere, le grand Nord canadien. Dans le style qui lui est propre, Pierre Perrault raconte les étapes de ce voyage, qui a donné lieu à une émission de radio (à Radio-Canada) et fait l'objet des films L'Oumigmatique ou l'objectif documentaire en 1993 et Cornouailles en 1994, deux documentaires qui ont donné naissance à un livre publié à l'Hexagone en 1995. Le récit que nous livre Pierre Perrault mélange les anecdotes du quotidien aux impressions du grand voyageur, faisant référence à Jacques Cartier, mais aussi à des personnages mythiques ou encore à Éric Le Rouge (au moment . . .

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Il y a longtemps qu'on avait eu des nouvelles de Kurt Wallander, le célèbre enquêteur qui a conquis le lectorat dès ses premières enquêtes. Dans L'homme inquiet, on retrouve l'attachant personnage inchangé: bourru, irritable et fatigué, mais toujours lucide et intuitif. Wallander a réalisé son plus grand rêve: il vit désormais à la campagne avec son chien Jussi. On pourrait donc croire qu'il coule des jours heureux… pourtant, même s'il a abandonné la vie citadine, s'il a une petite-fille, Klara, qu'il adore et qu'il est enfin en bons termes avec sa fille, il reste à l'aube du troisième âge un être tourmenté: « Et me voilà, pensa-t-il. J'ai osé partir. J'ai même un chien à moi. Reste une question.Qu'est-ce que je fais maintenant ? »
Sa question ne restera pas longtemps sans réponse: Hâkan von Enke et . . .

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Si le temps manque à Gabrielle Roy et à Margaret Laurence qui s’écriront une trentaine de lettres de 1976 à 1983, il n’en demeure pas moins qu’elles créent un riche espace de quotidienneté, d’émulation et de possibles amitiés. Parcourant leur correspondance réunie par Paul Socken, Entre fleuve et rivière, on se prend à se demander si les auteurs de ce début de XXIe siècle laisseront quelque chose de similaire en héritage.

Son ancrage dans le moment présent fait de la correspondance un espace particulier pour explorer la quotidienneté. Gabrielle Roy remercie d’ailleurs Margaret Laurence pour « tous ces détails simples et charmants sur [sa] vie quotidienne » qui colorent ses lettres. Il est vrai que les lettres de Margaret Laurence s’intéressent aux détails du quotidien et revendiquent le coq-à-l’âne : « Oserons-nous passer du sublime au ridicule ? […] Bien sûr, pour faire ça dans un roman ou un article, il faudrait . . .

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Texte paru dans le dossier Gabrielle Roy du numéro 132 de Nuit blanche sous le titre « L'empreinte des grandes rivières ».

Pourquoi suis-je si souvent interpellé par la douleur sourde qui traverse les écrits de Gabrielle Roy ? Peut-être suis-je aujourd’hui troublé par la conscience exacerbée du temps chez cette écrivaine dont les récits dramatisent si intensément l’effacement de la mémoire. Dans Le temps qui m’a manqué, recueil de fragments autobiographiques que Roy n’a pu compléter avant sa mort en 1983, le retour à Saint-Boniface au moment du décès de la mère entraîne une véritable dérive de la tristesse. Car c’est au moment où les souvenirs affleurent dans l’écriture que leur présence fragile n’est plus qu’un chemin défaillant, une faible émanation sortie de la distance.

Alors le temps et l’espace se confondent . . .

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Je rappelle d’emblée que La Petite Poule d’Eau ainsi que l’œuvre entière de Gabrielle Roy sont celles d’une Canadienne française comme il n’en existe probablement plus, pas même au Canada. C’est rappeler du même souffle que l’universalité d’une œuvre résulte non seulement de ses qualités proprement littéraires, mais tout autant de son puissant ancrage dans une identité singulière et une réalité particulière.

Lu une première fois, en 1951, soit quelques mois après sa parution, ce roman avait marqué ma mémoire par la belle histoire qu’il raconte, comme c’est très souvent le cas quand on a seize ans et qu’on est peu instruite, encore moins cultivée. À 78 ans, c’est un tout autre roman que j’ai lu.

Aussi, je résumerai rapidement cette histoire pour m’attarder . . .

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Télérama voyait du Faulkner en elle. Aux États-Unis, elle évoque une Willa Cather des Prairies canadiennes. Au Québec, cette « voisine méconnue », comme l’appelle David Homel, fait penser à une « Gabrielle Roy du Canada anglais ». L’édition complète du Cycle de Manawaka chez Alto est l’occasion toute désignée de replonger dans l’univers de la Manitobaine quelque 25 ans après sa mort.

Le cycle de Manawaka se compose de cinq livres dont l’essentiel a été écrit pendant que la romancière résidait en Angleterre avec ses deux enfants. Il comprend quatre romans : L’ange de pierre (1964), Une divine plaisanterie (1966), Ta maison est en feu (1969), Les devins (1974), ainsi qu . . .

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Un journal retravaillé, élagué, qui ne conserve qu'un portrait mensuel de janvier à décembre des neuf années qu'il couvre. Le temps d'assister à la naissance d'un écrivain, car c'est aussi de cela qu'il s'agit. Aussi, dis-je, parce que la quête amoureuse est ce qui occupe le plus d'espace.

Il a vingt ans, vit seul à Montréal. Il s'est préparé pour entrer au Conservatoire d’art dramatique mais n'a pas été accepté. Déterminé, il essaie aussi à l'École nationale de théâtre, en vain. Il travaille dans une librairie tout en s'adonnant à l'écriture. Dans sa vie intime, il assume son homosexualité et en attend autant des gars qui ont les mêmes affinités. L'ambivalence de plusieurs d'entre eux le laisse meurtri. Il reconnaît toutefois sa propre indécision entre son besoin d'être avec quelqu'un et sa soif de liberté. Malgré les ruptures et les souffrances successives, il aspire à la . . .

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Si l’on peut s’attendre à ce que les carnets s’inscrivent dans la continuité, le constat peut à première vue étonner en ce qui concerne le dernier roman d’André Major. Bien sûr, le style est autre, le rythme répond à d’autres règles, le climat que l’on veut instaurer diffère, voire 2 Major À quoi Boreall’humeur qui y règne, mais l’impression générale qui s’en dégage tend plus à évoquer l’harmonisation d’une démarche que le tracé de sillons narratifs distincts. Comme si, avec la venue de la maturité, comptait davantage la poursuite d’une œuvre dont les différentes ramifications ne cherchent plus qu’à rejoindre, qu’à alimenter une seule et même source : la parole. Ce qu’en d’autres mots, Antoine, le narrateur d’À quoi ça rime ?, exprime ainsi en reprenant les propos que Kafka adressait à Max Brod peu avant sa mort : « […] l’impression que l’essence même de l’art, que l’existence de . . .

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La publication de ces deux ouvrages démontre, de la part des éditions du Québécois, beaucoup d'originalité et de conviction et assez peu de réalisme. Les deux auteurs mis à contribution traitent, en effet, de l'indépendance québécoise avec ferveur et détermination, mais leurs angles d'approche risquent de dérouter le lecteur au lieu de lui proposer un cheminement clair et simple vers leur commun objectif.

Géographe, JRM Sauvé reprend ici les propos qu'il tenait il y a vingt ans dans Géopolitique et avenir du Québec (Guérin, 1994). Comme à cette époque, il fait des caractéristiques exigeantes du climat et de la géographie du Québec non pas des motifs de dépression, mais des stimulants féconds. De façon étonnante et discutable, il juge que la survie d'une société distincte en terre de Caïn a été facilitée précisément par l'aspect r . . .

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Avec Une enfance de Jésus, l’écrivain sud-africain J. M. Coetzee signe un roman allégorique d’une grande efficacité. À travers une déconcertante économie de moyens – prose concrète et sobre, usage parcimonieux des adjectifs –, Coetzee met en place une intrigue kafkaïenne qui provoque l’adhésion du lecteur dès les premières lignes.

L’histoire tourne autour de Simón, un homme d’âge mûr qui a pris sous son aile un garçon de cinq ans prénommé David. Ils sont arrivés ensemble par bateau d’on ne sait où. On ignore le motif de leur exil et eux-mêmes ont oublié la vie qu’ils ont laissée derrière. Simón et David ne sont même pas leurs véritables noms. Pendant le voyage en mer, l’enfant a perdu la lettre qui indiquait sa filiation. Simón entreprend alors de lui trouver une nouvelle m . . .

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Chacun des 35 portraits dessinés au fil des années, entre 1942 et 2009, par Pierre Vadeboncoeur, est d’une brièveté qui laisse sur sa faim. La publication de ces textes, regroupés dans un recueil intitulé on ne peut plus exactement En quelques traits par Lux éditeur, ne répond à mon avis à aucune nécessité. De quelque manière qu’on les considère, ils nous apprennent peu sur les apports positifs ou négatifs des personnalités évoquées et par ricochet sur l’histoire du Québec qu’elles ont pourtant contribué à faire dans les domaines de l’art, de la politique, du syndicalisme.

Ayant connu et même fréquenté un très grand nombre des personnes présentées dans ce recueil et rencontré au moins une fois d’aussi anciens personnages que Maurice Duplessis et Lionel Groulx, j’ai pu apprécier à sa pleine valeur la justesse et l’acuité de la perception de Vadeboncoeur du . . .

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La référence que fait le titre au côté improbable de cette amitié fait lever plusieurs questions. Que Jean-Marc Piotte et Pierre Vadeboncœur soient de générations et d'intérêts différents, cela est manifeste, mais depuis quand les amitiés doivent-elles ne relier que des clones ? Par ailleurs, puisque les deux hommes se sont rapidement appréciés et que leurs propos ont presque toujours été, malgré les divergences, empreints de sollicitude et de respect, pourquoi l'improbable échange épistolaire s'est-il asséché après une quinzaine de lettres du plus jeune et une dizaine de l'aîné ? L'introduction de Jacques Pelletier laisse sobrement flotter ces questions.

Que l'amitié fût là, les lettres ont tôt fait de le manifester. On parle revues, vacances, lectures, rencontres avec chaleur et affection, même si, au début des échanges, Piotte a 23 ans, Vadeboncœur 43. Les différences feront surface, mais la verdeur abrupte de . . .

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Ce roman relate la vie d’Eduard Einstein (1910-1965), fils cadet d’Albert Einstein et de sa première épouse, Mileva Marić. Grand admirateur de Freud, Eduard rêvait de devenir psychanalyste. Un tout autre destin l’attendait cependant. Atteint de schizophrénie, il dut être interné à Burghölzi, une clinique psychiatrique de Zurich. Il n’avait que 20 ans. Il y serait encore, 35 ans plus tard, au moment de sa mort.

Écrivain et médecin, Laurent Seksik est l’auteur de six romans à succès depuis Les mauvaises pensées (1999). Son roman précédent, Les derniers jours de Stefan Zweig (2010), a été adapté pour le théâtre et la bande dessinée. Avant de retracer le drame familial au cœur de la vie du célèbre physicien, Seksik lui avait déjà consacré une biographie en 2008. Les éléments qui faisaient des Derniers jours de Stefan Zweig une œuvre . . .

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Comme son personnage Ivan Dolinar, protagoniste de Poisson d’avril, l’auteur montréalais Josip Novakovich est d’origine croate. Est-il yougonostalgique (nostalgique de l’ère titiste), cynique ou tout simplement réaliste ? Être issu du puissant pays qu’était la Yougoslavie, longtemps gouvernée de main de maître par le socialiste Tito, dont l’armée était classée au cinquième rang mondial, disait-on, semble donner à certains ex-Yougoslaves le goût de raconter leur propre version de leur difficile histoire récente. Le grand État multiethnique est aujourd’hui divisé en sept nations indépendantes, à la suite de sanglantes guerres fratricides.

« Voici venu pour nous le jour de chanter notre liberté, notre pays, et notre chance de vivre dans la fraternité et l’unité, nous tous, Slaves du Sud », enseignait-on alors à l’enfant Dolinar, comme sans doute au jeune Novakovich, avant que ce dernier ne parte à vingt ans vivre aux . . .

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On prétend que les bouquins qui se vendent le plus en librairie appartiennent à trois catégories : les livres de cuisine, la littérature destinée à la jeunesse et les polars. On s’en doutait déjà, la planète livre raffolerait ainsi donc des énigmes policières et des efforts de ratiocination d’enquêteurs qui en ont vu d’autres. À ce chapitre, le lecteur québécois ne se distingue pas des autres en matière de préférences littéraires. Or s’il se vend chez nous bon nombre d’exemplaires des Connelly, Mankell, Larsson, Lehane, qu’en est-il du succès commercial de notre filière noire locale ? Il semble dans les faits que l’on connaisse plutôt mal nos propres spécialistes du genre, tant et si bien qu’un travail d’éducation du lectorat est souhaitable, qu’une pertinente et utile introduction à nos auteurs de polars s’impose.

Sous la direction de Richard Migneault, lui-même un passionn . . .

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La définition du saint que pratique Eduardo Mendoza demeure à heureuse distance des critères retenus par le Vatican. « Ce sont des saints, écrit-il, dans la mesure où ils consacrent leur vie à une lutte de tous les instants entre l'humain et le divin. » Le lecteur, même muni de cette définition, hésitera peut-être à poser une auréole sur les trois têtes que lui présente l’auteur. Il aura tort, car les saints de Mendoza méritent le ciel, du moins celui qui échoit aux entêtés, aux cohérents, aux compatissants.

Le piteux évêque d'Amérique centrale qui débarque à Barcelone pour y participer à un congrès eucharistique ne pouvait prévoir qu'un coup d'État secouerait son pays pendant son absence et qu'une junte allergique à sa défense des pauvres lui interdirait de rentrer chez lui. Isolé, inadapté, ignorant à l'extrême, le prélat en est réduit aux expédients ; il glisse vers les bas . . .

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Dès son premier roman, L'homme blanc (Le Quartanier, 2010), qu'elle a revu et corrigé pour une réédition sous le titre de Kolia (Gallimard, 2011), Perrine Leblanc a recueilli plusieurs prix prestigieux et s'est attaché un lectorat curieux de ses œuvres à venir. Voici Malabourg, du nom d'un village fictif de la Gaspésie qui suggère un bourg qui aurait mal. Mal qui se vérifie jusqu'à un certain point, celui d'une société éloignée, fermée sur elle-même, en deuil de trois jeunes filles assassinées. La première partie amorce une fresque dépeignant des personnages secrets, esseulés, marginaux, bref un espace propice à l'éclosion du crime.

Une atmosphère de désolation, mais pas misérabiliste, parce que rendue par un narrateur au regard de poète, semble-t-il, plus sensible au pittoresque qu'inquiet, malgré les crimes crapuleux camouflés sous le couvert . . .

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« J’ai du mal [….] à pardonner aux Occidentaux, je vous l’avoue, votre soutien incessant à Ceauşescu. » Parler de la Roumaine Nadia Comăneci sans dénoncer le dictateur Nicolae Ceauşescu, tué brutalement le jour de Noël 1989, est impossible. Comme il est impossible de raconter la vie de la célèbre gymnaste sans évoquer son entraîneur Béla Károlyi et les Jeux olympiques de Montréal en 1976. Lola Lafon aborde tous ces thèmes – sans filet, d’ailleurs – dans La petite communiste qui ne souriait jamais, une « fiction rêvée », qui revisite le parcours de la jeune prodige de 1969 à 1990.

Comăneci a remporté cinq médailles d'or aux Jeux olympiques et elle est la première gymnaste à avoir obtenu la note parfaite de dix. On dit que cette adolescente d’exception était « douloureusement adorable, insupportablement trop mignonne ». Nadia Comăneci est-elle une sportive mythique . . .

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Carlos Shulz, artiste milanais d'origine brésilienne, souhaite graver une danse macabre moderne. Il entrevoit déjà comment en illustrer plusieurs stations, mais le fil conducteur lui manque. La vie du mime Makarius pourrait l'inspirer, pense-t-il. Le souvenir de ce singulier personnage de cirque s'impose à lui. Il l'a connu dans les années 1950 à Rio, après le démantèlement du cirque Alberti, dans l'atelier du peintre Otto Gorz, son professeur, qui était aussi un vieil ami du mime. Quoique fasciné par le personnage, Carlos sait peu de choses à son sujet, si ce n'est son suicide. L'artiste fait appel à des témoins l'ayant connu. Il réussit à recueillir quelques informations à partir desquelles il imagine un personnage qui deviendra son alter ego.

La quête de Carlos alterne avec l'histoire de Makarius, de son exil de Russie vers l’Allemagne au début du XXe siècle jusqu'à son départ pour l'Am . . .

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Paris ou le Québec. La ville ou la forêt. L’écrivaine Hélène Frédérick et son personnage sans identité, au nom d’emprunt de Sophie, sont bel et bien « assise[s] entre deux chaises ». Comme nombre de Québécois, l’auteure et la narratrice de Forêt contraire ont besoin des stimuli de leur pays d’origine, de ses étendues, de sa nature, de son ambiguë douceur de vivre, mais la France et sa capitale sont aussi nécessaires, sinon indispensables, à leur bien-être, à leur être tout court.

 « Trente-six heures plus tard, quelques milliers de kilomètres survolés, et me voici parmi les arbres qui me faisaient tant envie, surtout lorsque je me trouvais dans une rame de la ligne quatre à l’heure de l’apéro. » Sophie fuit Paris, ses déboires amoureux et ses dettes, pour se retrouver seule au cœur de la forêt d . . .

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Il faut d’abord saluer l’initiative d’Antoine Boisclair qui, avec l’aide d’une dizaine de traducteurs d’ici, nous donne l’occasion d’élargir notre horizon poétique, au-delà des terres québécoises ou françaises. Les lecteurs ne manqueront pas de s’étonner de la richesse de cette poésie souvent narrative, fortement marquée par l’espace. Le titre de cette anthologie, États des lieux, fait d’ailleurs plutôt référence à ces lieux géographiques, imaginaires, voire abstraits que révèle la poésie américaine contemporaine. Il faut donc moins le comprendre comme un réel « état des lieux » du genre américain. Tous célébrés dans leur pays, les treize poètes choisis correspondent au goût personnel des traducteurs, qui sont eux-mêmes poètes – parmi eux : Daniel Canty, Pierre Nepveu, Antonio d’Alfonso, Gilles Cyr. On rencontre ainsi les plumes de Robert Creeley, l’un des initiateurs dans les . . .

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Ce livre appartient à plusieurs genres littéraires qui, tous, peuvent s'estimer respectés ; si admirable en est l'agilité. Alain Beaulieu tend la main au fantastique en déplaçant son narrateur anonyme d'un corps à l'autre, mais c'est pour affirmer un instant plus tard, sur un ton délibérément professoral, les droits d'un auteur à accorder libre galop à son imagination créatrice. À cela s'ajoutent des clins d'œil littéraires qui, sans lourdeur ni snobisme, apparentent Le festin de Salomé à d'illustres prédécesseurs et témoignent de l'enracinement de ce roman dans une tradition littéraire plus anglo-saxonne que française. Le narrateur anonyme qu'un changement de corps transforme en un bedonnant quinquagénaire homosexuel est aussi médusé dans sa peau de rechange que le Rip Van Winkle de Washington Irving se réveillant après un sommeil de 30 ans dans une Amérique amputée de ses liens avec Londres. Le . . .

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Moine bouddhiste vivant en Himalaya depuis 40 ans, docteur en génétique cellulaire ayant étudié sous la tutelle du Prix Nobel de médecine François Jacob, interprète du Prix Nobel de la paix le XIVe Dalaï-lama, fils du philosophe, essayiste et académicien Jean-François Revel, traducteur accompli, photographe salué par Henri Cartier-Bresson, essayiste mondialement reconnu (Plaidoyer pour le bonheur reste un des livres clés sur un sujet qui a fait couler des océans d’encre), Matthieu Ricard se consacre aussi à une quarantaine de projets humanitaires, auxquels sont destinés la totalité de ses droits d’auteur. Un exemple vivant de ce dont il parle.

Son dernier ouvrage, Plaidoyer pour l’altruisme, totalise quelque 900 pages. Il s’ouvre sur ces mots de Victor Hugo, qui donnent le ton : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu ». Avec souci du détail, g . . .

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Dans le sport, les statistiques jouent un rôle important ; elles valident les récits héroïques entendus ou vus, elles quantifient des exploits, donnent un caractère immuable à ce qui advient dans l’instantanéité d’une joute. Par elles, on saisit la durée d’un sport, on compare les époques, on donne une aura d’objectivité aux coups de cœur ressentis pour une équipe ou pour un joueur. Pourtant, les statistiques sont toujours biaisées, conséquences d’un angle de vue particulier. Les chiffres sont peut-être absolus, comme les 92 buts de Wayne Gretzky ou les 110 points de Mats Näslund (mon joueur !), mais ils racontent aussi des histoires et contextualisent différemment ces données qui en elles-mêmes disent rarement le fond des choses. Dans son essai au titre peu approprié, Philippe Navarro tente d’appliquer au hockey les leçons des mathématiques pour tenter de saisir ce qui fait gagner une équipe. Reprenant certains acquis de la . . .

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Deux auteurs signent La guerre des Canadiens mais il semble bien que l'étude soit surtout attribuable à Jacques Mathieu : formulée au « je » à plusieurs reprises – celui de l'historien, de toute évidence –, l'« Introduction » précise l'apport de Sophie Imbeault au seul chapitre 5. Quoi qu'il en soit, la démarche est novatrice dans la mesure où l'on s'intéresse ici beaucoup moins aux actions militaires qui se sont déroulées durant la guerre de Sept Ans en Nouvelle-France qu'au destin des soldats, des civils et de leurs familles, humbles ou nobles, pauvres ou nantis, « dont les souffrances, les tragédies et les rêves brisés sont tombés dans l'oubli ». En puisant principalement dans les registres de l'état civil, même incomplets, dans le dictionnaire généalogique de Cyprien Tanguay et dans le « PRDH » (Programme de démographie historique de l'Université de Montréal), Jacques Mathieu amorce un relevé individualisé des participants et . . .

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Géographe québécois d’origine américaine, francophile, Dean Louder est fasciné par les régions où vivent les derniers descendants des pionniers français. Un peu à la manière d’un Jack Kerouac qui repartirait sur la route, il nous fait connaître à travers son journal de voyage des coins obscurs d’une Amérique où l’on parle encore français, quelquefois avec difficulté, souvent dans l’adversité, et parfois dans l’indifférence.

En plusieurs étapes, Dean Louder recommence un pèlerinage qu’il a fait maintes fois avec ses étudiants lorsqu’il était professeur à l’Université Laval ; outre les passages obligés dans l’Ontario francophone et la Nouvelle Acadie (dans deux voyages séparés), il parcourt plusieurs endroits des États-Unis où l’on parle encore le français parce que c’est la langue transmise par les ancêtres : par exemple, en Louisiane, à la Vieille Mine au Missouri et à Frenchville en Pennsylvanie, dont le territoire faisait partie de l . . .

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Que m’attendais-je à trouver en plongeant dans cette correspondance qui s’étale sur trois années ? Un prolongement de l’œuvre de Paul Auster que je suis avec intérêt depuis la parution de la Trilogie new-yorkaise ? La découverte d’un auteur dont le nom m’est tout aussi connu que son œuvre m’est inconnue dans le cas de J. M. Coetzee ? Une complicité littéraire qui ferait tout à la fois écho aux thèmes abordés par Paul Auster (la quête d’identité, la solitude, la désintégration d’une société) et aux grandeurs et misères inhérentes au travail d’écriture ? De nouvelles avenues de lecture en découvrant des auteurs jusqu’à ce jour inconnus ? La révélation de préoccupations jusque-là tues ? La possibilité de renouer avec un genre littéraire renouvelé ? Un peu de tout cela sans doute. D’où, je l’avoue, ma déception. Certes, une fois engagé dans . . .

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Riche idée et début à la hauteur. Dans le coin droit, le soldat Patrick Kègle, qui va tenter « d'expliquer combien les soldats canadiens sont humains et prêts à servir l'humanité » ; dans le coin gauche, l'enseignante Roxanne Bouchard qui, d'entrée de jeu, met les points aux bons endroits : « Si vous étiez vraiment homme de cœur, vous refuseriez de porter les armes ». La correspondance qui s'enclenche ainsi dans la clarté durera plusieurs années, avec des éclipses lorsque le militaire revient au pays et retrouve à la fois sa famille et ses chocs post-traumatiques. À son terme, l'affrontement aura cédé la place à l'amitié et à un projet de publication conjointe. Chaleureux et pleinement respectable, le bouquin se déroule pourtant sous le signe du malentendu : on confond les enjeux et on laisse entendre que le respect mutuel suffit à museler les principes. Et pourtant ! Le militaire de carrière peut, comme tout humain, pratiquer son métier avec sincérité et gén . . .

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À lui seul, le dossier que le Bulletin d'histoire politique consacre au Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) démontre la pertinence d'un enseignement de l'histoire favorisant « l'arrimage entre l'histoire politique et l'histoire sociale, la reconnaissance du travail de transmission des connaissances des enseignants, le rétablissement d’une trame chronologique ». En effet, c'est en respectant cette pédagogie que l'examen du RIN joint le passé au présent et investit le passé et le présent dans l'édification de l'avenir.

Le RIN mourut jeune, mais il força les autres partis à se situer par rapport à l'indépendance du Québec et à parier sur l'État et sa planification. Grâce à lui, le peuple québécois put mesurer la différence entre le respect du citoyen et l'embrigadement des foules. Un mouvement politique modifiait le tissu social.

Le témoignage d'Andrée Ferretti est, à cet égard, exemplaire et déterminant. Pourquoi le . . .

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Alors que le XIXe siècle touche à sa fin dans la paisible campagne allemande, le docteur Hans Grübbel reçoit la visite d’un nouveau patient qu’il devra traiter. Celui-ci prétend être nul autre que Dieu en personne, souffrant d’une mystérieuse maladie nerveuse. Grübbel croit d’abord à une farce, d’autant plus que ce patient ressemble étrangement à son célèbre collègue de Vienne, auteur du récent et controversé essai L’interprétation des rêves, Sigmund Freud. Mais plus la thérapie avance, plus le docteur s’interroge sur l’identité de son interlocuteur, ce dernier jouant habilement de ruse pour poser des questions à son confident au lieu de répondre aux siennes, et s’immiscer dans sa vie tel un maître tirant les ficelles de ses gestes et de ses actions. Grübbel, tombant de plus en plus dans une folie et un désordre psychique liés à sa dépendance . . .

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L’intuition de Jacques Paquin était bonne : oui, la science a fasciné et fascine encore les poètes québécois. Après d’intenses et longues recherches, le professeur de lettres et de communication sociale de l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui participe par ailleurs au vaste projet du Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, nous offre ici le fruit de son travail, un florilège excessivement varié de la poésie québécoise depuis le début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Les textes d’auteurs oubliés, tels Édouard-Zodique Massicotte ou Henri Pratt, ouvrent cette anthologie qui fait une large place aux écrits des années 1980 et 1990. D’obscurs poèmes rédigés par des auteurs connus ou moins connus côtoient ici quelques-uns des grands textes de notre littérature, comme « Arbres » de Paul-Marie Lapointe, magnifique ode à la nature se déployant telle une encyclop . . .

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Cette réédition rend justice à un classique de la littérature québécoise récompensé par le Prix du Cercle du livre de France en 1953 et longtemps épuisé. Au cinéma, Poussière sur la ville d’André Langevin (1927-2009) a fait l’objet d’une belle adaptation, assez épurée, tournée en noir et blanc par Arthur Lamothe en 1965, mais dont la sortie et la diffusion furent restreintes à l’époque.

Nouvellement marié, le docteur Alain Dubois s’établit à Macklin, une ville minière imaginaire – assez semblable à Asbestos ou à Thetford Mines. Le médecin travaille constamment, tandis que sa jeune épouse Madeleine s’ennuie et cherche à se divertir. Refusant de jouer le rôle du mari jaloux que les circonstances lui imposent, il veut pardonner à l’instinctive Madeleine ses écarts et ses provocations : « […] la puérilité avec laquelle elle me harcelait la rendait plus humaine ». Mais tout se sait dans le Québec du milieu du XXe si . . .

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Pierre Breton s’est fait la main à l’écriture par le métier de journaliste, qu’il a pratiqué pendant plus de vingt ans pour un hebdomadaire beauceron. La publication de Sous le radar souligne son apparition dans l’orbe littéraire québécois. Sourire en coin, l’ancien directeur de l’information recrée une époque qu’il serait vain de vouloir repérer sur un calendrier ou dans les pages d’un almanach : celle de la verte jeunesse, de ses chicanes de cour d’école et de ses premières œillades intéressées.

Dominant le village de Saint-Sylvestre, situé à cheval sur la frontière canado-américaine, le radar de la ligne Pinetree impose sa présence contre la menace communiste. Sur son CCM déglingué, Tom Higgins, Irlandais bravache à la langue bien pendue, impose sa loi par tous les moyens. Le narrateur, son meilleur ami, tient l’inventaire de leurs hauts faits dans neuf chapitres clôturés chacun par . . .

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Le cliché, ressassé par mille polars, est connu même du lecteur le moins familier des mœurs policières : le tueur de flics sera l'objet d'une chasse à l'homme à nulle autre pareille. Dès lors, quand un meurtrier abat un policier après l'autre et que, de surcroît, il les démolit exactement là où la police a autrefois raté une autre enquête, attendons-nous au déferlement de la colère et de l'humiliation des uniformes. La Norvège, pays prospère et ordonné, était peut-être le dernier décor où pouvait s'inscrire ce carnage ; à en croire l'auteur, ce pays partage la même culture policière que le reste de la planète.

Jo Nesbø a tôt fait de montrer ce que peut devenir, en cas de crise, la méfiance inhérente au métier de policier : le bon enquêteur en sait assez long sur la nature humaine pour ne faire confiance à personne. Même . . .

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La sentence péremptoire qui donne à ce livre son titre serait attribuée à Orson Welles, qui l’aurait employée – dit-on – à propos du destin de certains cinéastes et producteurs de films ayant vécu dangereusement. Et ce dernier roman « branché » de Christophe Donner évoque précisément les tumultes du monde du cinéma en France, où les personnages détestables et les dépravés semblent abonder – si l’on se fie à cette fiction. Le récit commence abruptement par le cas authentique du producteur français Raoul Lévy (1922-1966) et de sa mort tragique alors qu’il frappe – un peu fort, il est vrai – à la porte de la demeure de son amie Isabelle Pons.

La toile de fond de ce roman désenchanté est le désordre moral du milieu artistique français, toujours avide de modes et de clinquant. Se succèdent une multitude de célébrités des années 1960 : la jeune Brigitte Bardot, le Jean-Luc Godard de sa . . .

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Boris Akounine, en réalité Grigori Chalvovitch Tchkhartichvili, est né en 1956 d’un père géorgien, comme son nom l’indique, et d’une mère russe. Il habite Moscou depuis 1958. Avec Le monde entier est un théâtre, l’auteur des best-sellers les plus lus en Russie, traduits en dix-huit langues, publie une douzième aventure d’Éraste Fandorine, fantasque détective que les critiques se plaisent à situer entre Sherlock Holmes et Hercule Poirot, avec peut-être un zeste d’Arsène Lupin.

Si les références à Fandorine semblent empoussiérées, c’est que le roman se situe en 1911 à Moscou, peu avant la Première Guerre mondiale et la révolution d’Octobre. Il y règne une atmosphère surannée, faite de politesse exquise, d’un amoureux transi et d’une jeune, très jeune, damoiselle en détresse. « Je suis amoureux, s’était dit tout à coup cet . . .

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Jeudi, le 15 janvier 2004 : le chalutier Bugaled Breizh (Enfants de Bretagne) pêche au large du cap Lizard (Cornouailles britanniques). Soudain, le navire est précipité vers le fond, si rapidement que les cinq marins à bord n’ont même pas le temps de se réfugier sur un radeau de sauvetage. Un message de détresse lancé par le capitaine du Bugaled Breizh, Yves Gloaguen, et reçu par son collègue, Serge Cossec, à bord de l’Éridan, permet de situer la tragédie précisément à 12 h 23. Quelques minutes plus tard, en approchant de la dernière position connue du navire disparu, les marins de l’Éridan distinguent, au loin, un mystérieux hélicoptère gris ne portant ni signe distinctif ni matricule, qui survole la scène puis s’éloigne avant d’être rejoint. Il est bientôt remplacé par un autre hélico, celui-là bien identifié « Royal Navy Rescue ». Un canot de sauvetage . . .

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Ouvrage de deux auteurs mais rédigé comme d’une seule main, Notre Europe n’est pas un dialogue retranscrit, contrairement au livre Au péril des idées d’Edgar Morin et Tariq Ramadan. Pas moins de 65 idées ou propositions nous sont soumises, avec leurs conséquences, qui dépassent les frontières de l’Europe.

Edgar Morin et Mauro Ceruti proposent entre autres de démocratiser davantage les institutions européennes et de contrer les nationalismes (entendus au sens péjoratif du terme), les localismes et le spectre de la xénophobie. Selon les auteurs, le pouvoir décisionnel de l’Union européenne doit être renforcé : « […] il est urgent que les États nationaux cèdent une partie de leur souveraineté à l’Union » afin que les décisions aillent dans le même sens et non en contradiction. L’affirmation selon laquelle « [l]’Europe culturelle est une et multiple » résulte en fait des imaginaires multiples, des philosophies . . .

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Enfant de Paris, le sociologue Edgar Morin fait revivre sa ville natale à différents moments de sa propre vie : son enfance « au pied de la butte Montmartre », sa jeunesse à Ménilmontant, puis ses années de Résistance pendant l’Occupation. C’est à ce moment de clandestinité que le Juif Edgar Nahoum devint Edgar Morin. Par la suite, l’écrivain déménagea à maintes reprises dans les lieux les plus vivants de la capitale : entre autres à Vanves (près de la porte de Versailles), à Saint-Germain-des-Prés, dans le Quartier latin, le Marais, et enfin à Montparnasse.

Dans cet autoportrait intellectuel accessible à tous les lectorats, Edgar Morin partage les lectures déterminantes de ses années de formation : Montaigne, Anatole France, Tolstoï, Dostoïevski. Celui qui allait plus tard écrire Le cinéma ou l’homme imaginaire (1956) évoque par ailleurs sa découverte des chefs-d’œuvre de Fritz Lang, Georg Wilhelm Pabst, Marcle Pagnol, Jean Renoir et plus tard sa rencontre avec Jean . . .

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Voici un livre-événement. Quand avons-nous le privilège d’accéder de l’intérieur à la vie d’un prince arabe ? Il y a pourtant des milliers de princes en Arabie saoudite et dans les États pétroliers, mais jamais, sinon dans les milieux très informés (on pense aux services secrets), peut-on en apprendre sur leur vie de tous les jours tant sont fermés les régimes politiques des pays dont ils sont les grands privilégiés.

D’abord, un mot sur le personnage. Le prince Moulay Hicham est le fils du frère de feu Hassan II, donc le cousin du roi actuel du Maroc, Mohammed VI, avec qui il a été élevé dans la cour royale. Mais à partir de l’école secondaire, les deux sont séparés, et le destin de Moulay Hicham bascule alors irrémédiablement : il est envoyé à l’école américaine installée dans le pays, et cela marque profondément le destin du personnage . . .

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On le sait, avec l’accroissement de l’immigration, l’islam est apparu au-devant de la scène partout dans le monde occidental. La popularité de certains partis de droite en Europe est même attribuée spécifiquement à un ressac antimusulman. « L’islam est bien l’ennemi idéal, en partie parce qu’il est très largement méconnu dans les pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord. » L’auteur, un universitaire américain, cherche en fait à « déconstruire des arguments fallacieux » sur les musulmans et leur religion.

Il rappelle d’abord que, de tout temps, les Occidentaux ont eu leurs têtes de Turcs : Juifs, protestants, Tsiganes, homosexuels, et que la vindicte contre les musulmans est en somme une suite de cette longue histoire. De la même manière que les autres avant eux, les musulmans seraient ainsi présentés comme « à l’écart du monde », inassimilables, mais en même temps on leur imputerait la volonté insidieuse de gruger, à travers leur . . .

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Cyrille Sippley est un Acadien du Nouveau-Brunswick. Il a été enseignant, pêcheur commercial et fiscaliste. Depuis qu’il est à la retraite, il se consacre partiellement à l’écriture, son « passe-temps favori », et il rédige notamment des pensées hebdomadaires ou quotidiennes dans Le Moniteur acadien et L’Acadie Nouvelle. Il a déjà publié cinq ouvrages aux éditions de la Francophonie.

Dans le recueil Les deux rêves sont regroupés quelques contes et récits, quinze au total, dont les principaux, pour ce qui est de la longueur, sont « L’éclatement des ténèbres » et « Quand les astres s’en mêlent ». Dans le premier de ces deux textes, le protagoniste, un ex-professeur du secondaire, se retrouve aveugle en quelques mois à la suite d’atteintes à ses rétines et de l’échec des traitements médicaux. Il traverse alors une longue période sombre, au cours de laquelle sa conjointe, son fils . . .

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Après avoir débusqué les différentes formes que peut prendre l’imposture dans son premier recueil de nouvelles, Un sourire incertain, Bernard Lévy met en scène la compétition en prenant le sport comme fil conducteur dans ce nouveau livre. Huit sports que l’auteur connaît bien, comme en font foi certains passages dans lesquels il parodie le vocabulaire des chroniqueurs sportifs. La première nouvelle, qui donne son titre au recueil, interpelle le lecteur par l’emploi inhabituel du pronom « tu ». L’écrivain le fait marcher au sens propre. « Tu traverses la ville en marchant à grandes enjambées. » Le voilà donc en quelque sorte obligé de reconnaître l’esplanade Vorochilenko à Griskoi, dans la République de Bristélénie, un improbable pays de l’Europe de l’Est. Pourtant, c’est à lui-même que s’adresse le héros du « Souffle court », un champion de course à pied, amoureux de la belle Olga. Devenu historien, il enseigne l’histoire . . .

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L’année d’après est fait de ces éclats de conscience salvateurs, comme des îles dans le temps oublieux. À travers eux, Geneviève Letarte rend compte, au jour le jour semble-t-il, des mouvements intérieurs qui suivent la perte de l’être cher. Et la lente « repossession » de soi-même.

D’abord, celle qui fuit « par toutes les brèches » voudrait s’évanouir dans la multitude, revenir à ce tout mythique d’avant la naissance, à cette paisible nuit. Mais elle n’est qu’elle-même, prise dans un corps souffrant : « Le ventre / […] n’est rempli que de soi ». Autour, les plantes, les murs de la maison, les rues, les gens, leur ego démesuré, tout lui semble étranger. À part peut-être ce creux dans le réel, cette absence : « Mon regard vogue / Aux alentours / Comme un oiseau surpris // Il y avait quelqu’un ici ».

Puis, le monde se rapproche. Les poèmes alors traduisent des moments de grâce avec la . . .

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Dans le ventre la nuit est un premier recueil pour Bruno Lemieux, publié dans la collection « Initiale » du Noroît. Malgré une unité formelle difficile à déceler et quelques titres de sections moins évocateurs, on y découvre un regard attentif au monde et aux êtres, qui dénote une sensibilité poétique évidente.

Dès la première section du recueil, intitulée « Et les ciels changent sans fin », on comprend d’emblée que la posture poétique de l’auteur est plutôt contemplative. On est en présence d’un sujet observateur, témoin du passage incessant des êtres et de leur fragilité, qui exprime sa fascination, mais aussi son désarroi, devant ce ciel changeant, où se font et se défont les formes auxquelles il s’attache, celles du paysage, de la mer ou du fleuve. Cette nostalgie, cette impression que les choses se fanent dès qu’on se tourne vers elles, amène le thème du deuil . . .

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Nous avons rêvé de poésie, « ce graal inutile la pierre de Rosette ». Qu’est devenu ce rêve ? demande gravement Marcel Labine. Une pièce de musée ? De la poussière sur la table ? Au fil de ces Promenades dans nos dépôts lapidaires, nous visitons ces « lieux usés par le temps / où la poésie a cessé d’exister ». Ils se présentent à nous comme les multiples salles d’un pavillon ancien. Les pavés, où étaient peut-être gravées des sentences faisant figure de lois morales, s’effritent. Tout y est stèles, et gravats, et poudre, même le vieil artisan s’est changé en pierre. À l’intérieur de ces salles, les mots, la poésie, sont des reliques « exposées sans finalité / connue ainsi soustraite à toute vie ». Le constat est terrible : « [I]l n’y a plus de lecteur pour eux ».

Il y a sans doute quelque chose de paradoxal à parler de la mort du . . .

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On retient surtout de l’année 1972 la fameuse Série du siècle opposant les vedettes canadiennes du hockey à celles de l’Union soviétique. Cette compétition a tellement marqué les esprits qu’on y fait encore référence quatre décennies plus tard ; or, il faut se rappeler que quelques semaines plus tôt la même année s’était tenu un autre duel d’envergure, soit le très attendu affrontement entre deux réputés champions d’échecs, l’Américain Bobby Fischer et le Russe Boris Spassky. Un autre face à face qui dépassait la simple compétition sportive pour atteindre au statut symbolique de duel politique entre l’Occident et le bloc de l’Est. Pour un peu, on aurait cru que l’issue de la guerre froide allait s’y jouer. Le théâtre de cet affrontement épique ? Le centre sportif Laugardalshöll à Reykjavik, en Islande.

Il s’agit là d’un prétexte privilégié pour que le . . .

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Depuis les années 1990, les écrits de marcheurs relatant leur expérience sur les routes de Saint-Jacques-de-Compostelle ont donné lieu à un véritable phénomène éditorial. Uniquement au Québec, plus d’une trentaine de témoignages ont été publiés en volumes de 1997 à nos jours. Cet engouement pour le Chemin n’a toutefois généré que très peu d’écrits de fiction jusqu’à présent. Aussi le roman de Mylène Gilbert-Dumas est-il l’un des rares romans québécois, après celui de Maryse Rouy entre autres (Au nom de Compostelle, 2003), à se dérouler sur le Chemin des étoiles, du moins, en l’occurrence, dans la partie française qui va du Puy-en-Velay à Golinhac. Ce roman raconte comment la vie ordonnée de Mireille, une femme dans la quarantaine, mariée et mère de trois enfants, est bouleversée après qu’elle s’est laissé convaincre par sa . . .

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La plaquette de Georges Bouchard, publiée pour la première fois en 1926, aurait pu s’intituler Dans mon village, il y a belle lurette. Contemporain du chanoine Groulx, l’ancien professeur de l’Université Laval et sous-ministre de l’Agriculture à Ottawa offre 27 silhouettes typiques issues du terroir, qu’il regroupe sous la forme d’une visite guidée, promenant son miroir le long d’un sentier graveleux d’une paroisse canadienne-française d’antan.

Au milieu de ce portrait domine l’église, où toutes les routes convergent. Lieu de rassemblement dominical, celle-ci impose aux paysans le rythme d’une vie spirituelle et bat la mesure des sociabilités villageoises. Plusieurs personnages typiques évoluent autour d’elle : le curé, le maître chantre, le bedeau, le crieur et la ménagère du presbytère. En contrebas du chemin se trouve la boutique du forgeron, où naissent et transitent les cancans, ainsi que les socs de charrue endommagés. Plus loin, le cordonnier . . .

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La fortune des théories postcoloniales et des théories critiques de la race est au Québec sans commune mesure avec celle dont elles jouissent dans le monde anglo-saxon. Bien sûr, les approches littéraires articulées autour de la figure de l’Autre « ethnique » – du Juif, du Noir, de l’Amérindien – ont déjà fait l’objet de publications et d’articles divers. Mais jamais ou presque la race n’a fait office d’outil d’analyse premier pour un corpus donné. Ne serait-ce que pour ces quelques raisons, l’essai de Corrie Scott, version remaniée de sa thèse de doctorat, arrive à point.

En effet, la race est selon elle la « grande oubliée de la théorie littéraire québécoise », en dépit du fait qu’elle soit explicitement ancrée dans de nombreuses productions d’hier et d’aujourd’hui, littéraires ou non. Scott la conçoit en termes de stratégies discursives pouvant être circonscrites selon . . .

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Professeur à l’Université de Saarbrücken, en Allemagne, Hans-Jürgen Lüsebrink s’intéresse à l’univers des almanachs des deux côtés de l’Atlantique depuis plus de vingt ans. Il a codirigé, en Europe et au Canada, la publication de plusieurs essais sur le genre et publié lui-même de multiples articles, notamment sur les almanachs québécois et américains dans des revues et essais d’ici. Il était donc bien placé pour signer le maître livre qu’il fait paraître aux Presses de l’Université Laval.

Dans un premier chapitre fort documenté, il expose d’abord les origines européennes de l’almanach, à la fin du XVe siècle, et reprend comme caractérisation minimale du genre la définition donnée en 1950 par un éditeur montréalais, à savoir un calendrier accompagné de divers renseignements qui se propose de livrer, outre de saines idées sur des problèmes actuels et bien concrets, un lot de . . .

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Écrivain au registre largement déployé, Maurice Henrie a jugé bon de suspendre un instant sa production de romans et de nouvelles pour privilégier le vécu, le vrai, le significatif. Tout en espérant que cette décision n'entraîne qu'une courte éclipse de la fiction, le lecteur appréciera l'accès qu'elle donne à la sagesse accumulée par une conscience moderne et alerte.

Premier bloc de réflexions ? L'écriture, comme il se doit chez un auteur dont les textes ont reçu et mérité tous les honneurs littéraires de l'Ontario francophone. Henrie s'avoue sans défense contre le besoin d'écrire, de jeter sur papier ou écran ce qu'inspirent le passage des jours et la confrontation à des défis toujours inattendus. Jeune, il se voyait professeur, mais sa carrière réelle fut surtout consacrée à des travaux d'écriture reliés à la gestion de l'État, à la préservation des ententes discrètement intervenues, au d . . .

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Naître gaucher équivalait, à une époque pas si lointaine, à être étiqueté différent, discordant. Et au Québec, comme partout ailleurs, les différences, surtout lorsqu’elles étaient visibles, demandaient à être corrigées, effacées, gommées. Quoi de plus alarmant pour des parents que de constater que leur enfant n’est pas normal. Il a bien tous ses membres, comptés et recomptés, mais il ne les utilise pas selon le mode d’emploi habituel, convenu. Un défaut de fabrication est survenu. À qui la faute ? On ne cherchera pas tant à savoir, à comprendre qu’à réparer la situation. Un défaut qu’il faudra corriger le plus rapidement possible afin d’éviter que l’enfant soit stigmatisé, montré du doigt, de la main droite. La famille, appuyée fortement par un système d’éducation qui ne prisait guère plus les différences, cherchera par tous les moyens à faire rentrer dans le rang la brebis égarée, à masquer ce fil qui dépasse.

Dans un essai tout . . .

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« [La] médecine que nous avons connue n’existe plus. [… L]es ‘preuves’ sur lesquelles on se fonde pour nous prescrire des médicaments sont couramment biaisées. Les risques sont cachés par les laboratoires. Les médecins reçoivent leur formation et leurs informations de l’industrie pharmaceutique. Les agences sanitaires approuvent de façon désinvolte des médicaments totalement inefficaces […]. À tous les niveaux, le profit des industries passe avant l’intérêt des patients. » Dès le début de l’ouvrage, Mikkel Borch-Jacobsen annonce clairement son propos. Après des études en philosophie, il a enseigné au département de psychanalyse de Vincennes. Établi maintenant aux États-Unis, il enseigne la littérature comparée à l’Université de Washington. Il agit à titre de coordonnateur pour cet essai, auquel participent plusieurs collaborateurs issus du domaine de la santé. Il ajoute des renseignements supplémentaires ainsi que ses commentaires dans des chapitres intercalés entre ceux des autres auteurs. Tous, chacun selon son expérience . . .

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« Dans la mythologie grecque, on raconte qu’un brigand nommé Procuste enlevait les passants et les étendait sur un lit dont les dimensions ne convenaient à personne. Le bandit étirait alors les gens trop petits, au prix d’atroces douleurs, ou coupait les membres des personnes trop grandes. Cette légende montre bien que rendre les humains conformes à un modèle idéal relève de l’utopie et que l’on ne peut tenter de le réaliser que dans la souffrance et la persécution. » C’est ainsi que l’auteur, enseignant, conférencier et militant altermondialiste Claude Vaillancourt introduit son propos.

Il souligne que, de tout temps, les sociétés ont eu tendance à sacrifier les êtres marginaux et dérangeants de façon parfois discrète, parfois violente. Ces êtres différents dont il fallait se débarrasser ont été, entre autres, selon les époques et les circonstances, « l’hérétique, le Juif, l’homosexuel, l’étranger, le handicapé, le fou et même la femme . . .

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La montée du nazisme dans l'Allemagne des années 1920 et l'emprise absolue que finira par exercer son chef sur la société allemande des années 1930 ont suscité des centaines d'ouvrages de toutes sortes. « C'est un phénomène qui donnera au monde à méditer pendant des siècles », rappelle à juste titre Laurence Rees au début de son ouvrage. L'historien anglais, par ailleurs producteur et réalisateur à la BBC, aborde la question hitlérienne non pas sous l'angle moral comme pourrait le suggérer le titre, mais sous l'angle du charisme politique tel que le définissait Max Weber, l'un des fondateurs de la sociologie moderne.

Pour Weber, « le chef charismatique doit posséder un fort élément ‘missionnaire’ […]. Il est plus proche d'une figure quasi religieuse que d'un homme d'État […]. Les partisans d'un tel chef […] poursuivent un but presque spirituel, de rédemption et de salut ». C'est l'originalité de . . .

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La modernité est un concept à la couenne dure, de sorte qu’il semble facile de s’y briser les dents. On dénonce parfois son caractère fourre-tout et sa récupération comme une marque à la mode, ou la rigidité de son utilisation, lorsque considérée en termes binaires de continuité/rupture, sur un mode dangereusement dichotomique. C’est d’ailleurs la crainte ressentie à la lecture du titre de l’ouvrage de David Lonergan, comme si la modernité acadienne naissait d’une génération spontanée et apparaissait de deux coups de baguette, un matin d’hiver 1972.

Tel n’est pourtant pas le cas et c’est bien en tant que processus qu’elle est appréhendée dans Acadie 72, petit ouvrage honnête et sans prétention sur l’éveil de l’Acadie. La date du titre renvoie à la publication, aux éditions d’Acadie, du recueil de poésie Cri de terre

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La chronique est un art. Quiconque lit le nouveau recueil de Jean-Simon Gagné, journaliste au quotidien Le Soleil depuis 1998, en conviendra. Esprit fin, Gagné présente ici un pot-pourri de 101 petites perles caustiques, écrites à grand renfort d’humour, dont il maîtrise d’ailleurs de main de maître tous les procédés et rudiments. Les textes sont émaillés de citations, vraies ou fausses, de courts dialogues truculents, de comparaisons absurdes et de micro-récits savoureux. C’est qu’il a du mordant, le crocodile.

Gagné gratte là où ça démange. L’auteur cultive la dérision avec aplomb et les cibles ne manquent pas. Il y a bien sûr les chouchous, ceux que l’on retrouve avec plaisir tout au long du recueil. Régis Labeaume, omnipotent maire de Québec, ainsi que ses plans vertement critiqués de rajeunissement de la ville, occupent particulièrement la mire. C’est toutefois Jean Charest, pour ses nombreuses . . .

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Notre époque est caractérisée par des visions d’apocalypse, qui font en sorte que la croyance au progrès a cédé la place à l’angoisse. Avec les crises sanitaires, le péril écologique ou les menaces d’attaques chimiques qui ont cours, le monde a-t-il vraiment changé depuis 1945 ? Selon Michaël Fœssel, ce sont avant tout les manières dont les êtres humains se rapportent à lui qui se sont modifiées. Les interprétations négatives du réel qui dominent notre temps ne donnent plus du monde l’image d’un tout ordonné où l’individu trouverait à la fois sa place et sa justification. Autant d’indétermination suggère le contraire de la durée : la fin approche. Aussi le catastrophisme contemporain se prépare-t-il à la vie après la fin du monde. Or, si la prémisse catastrophiste paraît fondée à Fœssel, sa conclusion lui semble en revanche erronée. Il en fait la démonstration . . .

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« C’était l’été 2012. Tous les soirs, on sortait […]. Je sortais dans la rue, moi aussi. Certains soirs, je casserolais sur le balcon. » Dès l’introduction des Filles en série, Martine Delvaux situe le contexte de l’essai et en exprime l’actualité. Et l’urgence. Romancière et professeure de littérature à l’Université du Québec à Montréal, l’auteure est née en 1968. Depuis 1998, elle a publié sept autres livres, romans ou essais.

Dans Les filles en série, l’auteure analyse la sérialité imposée aux femmes, de tout temps, véritable carcan où le « moi » n’a guère de place. « Ces jumelles dont les mouvements s’agencent parfaitement, qui bougent en harmonie les unes aux côtés des autres […]. Filles-machines, filles-images, filles-spectacles, filles-marchandises, filles-ornements. » Perte d’identité, perte d’individualité. « Un ordre qui veut maintenir . . .

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La publication de cet ouvrage de Victor-Lévy Beaulieu, écrivain de génie et militant indépendantiste lucide et intransigeant, était quelque peu prévisible. La critique récurrente de l’auteur envers la classe politique, son appui au printemps québécois et son admiration pour Gabriel Nadeau-Dubois devaient naturellement le conduire à l’écriture de cette plaquette anarchiste.

Mais la bonne volonté n’est pas forcément un gage de qualité : hélas, si Beaulieu a raison sur le fond, trop souvent il erre lorsqu’il argumente, n’évitant pas les anachronismes, prenant des raccourcis étonnants, généralisant imprudemment, établissant des rapports de causalité trop sommaires, voire simplistes. Ainsi toute la misère du Québec contemporain serait imputable à la bourgeoisie. Mais de quelle société et de quelle époque parle-t-on ici ? Le peuple de Pierre Kropotkine n’est pas celui d’aujourd’hui, pas plus que la bourgeoisie actuelle n’est celle d’hier. Le problème (le scandale) de la sociét . . .

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Le printemps arabe n’a pas fait naître le monde nouveau espéré par les populations locales. Les réclamations de démocratie et de liberté qui ont tant enivré le monde ont fait place au désordre, à la violence et à la prise du pouvoir par des islamistes (notamment en Tunisie) pourtant peu visibles lors des processus révolutionnaires.

Bref, ce « printemps des peuples » n’a pas encore livré ses promesses, et soulève plusieurs doutes et interrogations. Dans un livre court, mais éclairant, les professeurs Stéphane Bürgi, comme interrogateur, et Sami Aoun, comme répondant dans une forme questions-réponses, livrent des explications sur ce qui a cours dans un monde arabe en pleine transformation.

L’ouvrage passe en revue chacun des pays qui ont été au cœur de cette transition si inattendue : Tunisie, Égypte, Libye, Syrie. Le lecteur constatera à quel point chacun de ces pays, quoique poussé par une même mouvance de ras-le-bol contre les dirigeants, connaît un parcours . . .

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Quatuor humoristique issu des années 1960, les Cyniques sont parfois considérés comme les pionniers de l’humour moderne au Québec, faisant suite à une longue tradition burlesque à laquelle ils auront quelquefois ajouté une touche plus intellectuelle. Ces anciens étudiants de l’Université de Montréal ont raillé, imité, critiqué, ridiculisé la morale et les personnages dominants de leur époque : le clergé, les politiciens populistes, mais aussi les minorités et les groupes ethniques (les Canadiens anglais, les Italo-Montréalais, les Juifs, les Français, les Américains). L’humour corrosif des Cyniques pouvait arracher un éclat de rire chez les spectateurs les plus antiracistes, par exemple avec ce sketch proposant un cours de racisme. Dans cette veine didactique, un autre sketch donnait un cours de sacre, avec exemples à l’appui. Le plus souvent, l’humour des Cyniques oscillait entre la satire, le grotesque, le grossier, l’irrévérencieux et le vulgaire (par exemple, leur parodie de « Feu Paul Comtois »).

Attendu depuis longtemps, ce premier livre . . .

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Roman ? Bien sûr, mais aussi coup de sonde dans le passé québécois et dans certaines de ses réticences. Question simple d'André Vanasse : « Qui sont mes ancêtres ? », mais qui lance d'amples et imprévisibles vibrations quand se lèvent les réponses. Avec sérénité et culture, Vanasse les soupèse et les laisse monter à l'assaut de nos préjugés.

Ce nom de Vanasse, d'où vient-il ? Contrairement à tant de noms qui révèlent tel ou tel département français, comme le Perche ou le Poitou, celui de Vanasse serait-il orphelin ? D'où une quête qui tient du roman par le caractère incarné de ses péripéties et de la recherche généalogique par la rigueur de ses vérifications. Le lecteur sera guidé à travers plusieurs siècles, saluera diverses villes hanséatiques, côtoiera les plus glorieux artistes, il déplorera aussi les débordements du fanatisme et les abjurations forcées . . .

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Une femme tue sa locataire parce qu’elle a piétiné son parterre de pétunias, un homme se suicide parce que la femme qu’il aime en marie un autre, un autre meurt dans un placard et, arrivé au ciel, Dieu s’étonne : mais que faisait-il dans ce placard ? Une grand-mère explique la genèse du monde à son petit-fils… Ainsi s’enchaînent les nouvelles d’Un si beau parterre de pétunias, le dernier recueil de nouvelles d’Annie Saumont, qui regroupe dix-neuf textes. L’enchaînement de ces derniers a ici la rigueur, la précision d’une mécanique suisse. Rien n’est laissé au hasard, la chute d’une nouvelle, après avoir marqué le dénouement avec une précision quasi chirurgicale, annonce la suivante, rythme l’ensemble du recueil, comme chaque rouage d’une montre joue efficacement son rôle, donne l’heure avec précision, pas toujours celle que . . .

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Lorsqu’un premier livre nous parvient couronné d’un prix, en l’occurrence le Prix du Gouverneur général 2013, catégorie romans et nouvelles, il est difficile d’en entreprendre la lecture sans avoir quelque attente, ce qui est le plus souvent une mauvaise chose, tant pour le livre que pour son auteur. Prix et bruit médiatique distraient plus qu’ils ne donnent une idée juste d’un projet de livre mené à terme. On a beau vouloir faire abstraction de la reconnaissance qui le précède, le regard n’est pas le même. Aussi, me suis-je plongé une seconde fois dans la lecture de Quand les guêpes se taisent, premier recueil de nouvelles de Stéphanie Pelletier. La même réserve m’habite en le refermant. Stéphanie Pelletier a indubitablement du talent, et son recueil nous fait entendre une voix aussi personnelle que singulière, mais ce livre, tout publiable soit-il, n’est pas exceptionnel . . .

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Pour son dernier polar, Martin Michaud s’est librement inspiré de l’accident tragique du sénateur Ted Kennedy et de l’organisatrice de campagne politique Mary Jo Kopechne à Chappaquiddick, au Massachusetts, à l’été 1969.

Celui qui avait tâté de la question américaine en abordant dans l’intrigue de son précédent roman le sujet de l’assassinat de JFK (Je me souviens) pousse l’audace plus loin cette fois-ci, sortant carrément du cadre québécois des enquêtes de l’inspecteur Lessard. Sous la surface se déroule donc en marge du Super Tuesday, alors que Patrick Adams brigue l’investiture démocrate en vue des présidentielles américaines.

La femme d’Adams, Leah Hammett, a un parcours étrangement atypique pour une éventuelle première dame : cette ex-mannequin grande lectrice de Kerouac affiche même déjà au compteur quelques romans publiés. Or à son retour dans sa ville natale de . . .

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Le parcours de Roger Magini n’est pas banal. Natif de Monaco, il a établi ses quartiers dans la jeune vingtaine au Québec, où il a résidé quelque quarante ans, au cours desquels il aura fait paraître une douzaine de titres, dont deux se sont classés finalistes au Prix du Gouverneur général du Canada : Un homme défait (1995) et Styx (2000). Il profite maintenant de son retour en France pour publier chez Grasset Ilitch, mort ou vif, une œuvre dense d’une qualité d’écriture remarquable, aussi sobre que précise.

Il y a quelque chose de virtuose dans cet art de pénétrer avec tant de pertinence les voies d’un peuple qui nous est étranger. Dans Ilitch, Magini nous transporte dans ce qui constitue les fondements mêmes de l’âme russe, aussi bien dans ses tourments que dans ses emballantes velléités . . .

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L’humour de Marina Lewycka, à la fois très british – l’auteure ne vit-elle pas à Sheffield, en Angleterre, depuis fort longtemps ? – et slave, savoureux d’autodérision – l’écrivaine, ne l’oublions pas, est d’origine ukrainienne –, est tout simplement jouissif.

Traders, hippies et hamsters est le quatrième roman de Marina Lewycka. La verve, la drôlerie et les personnages rocambolesques qui sont devenus le signe distinctif de l’auteure sont encore une fois bien présents, et la qualité de la traduction est au rendez-vous. « Alors tu t’es bien amusée pour ton anniversaire, vendredi ? – Très bien, merci. Ça va ? Tu étais très beaucoup ivre. Tu as tombé à terre. » Et voilà le lecteur rassuré : on doit sûrement parler anglais de cette façon lorsqu’on vient tout juste d’émigrer de Zhytomyr, ville peu connue d’Ukraine.

Si le trader de l’histoire . . .

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Andrée Laurier a publié six ouvrages depuis 1995, dont quatre romans. Parmi ceux-ci, Mer intérieure, deuxième volet d’un cycle publié en 2000 et réédité en 2013. Le jardin d’attente clôt cette trilogie qui avait commencé par L’ajourée.

Ce roman s’étend dans un long souffle fragilisé, où les mots s’accordent pour inventer une musique venue d’une dimension inconnue. Dans ce récit, les personnages ne respirent pas, ils emplissent l’espace et se recommencent... Ils s’accrochent aux heures et n’ont pas d’âge, sinon celui de l’enfance. Et ils parlent par petites phrases vaporeuses, dans une narration qui prend racine au creux des émotions.

Claudia, 21 ans, part à la recherche d’elle-même en voulant retrouver la trace d’Hélène, qui a survécu à l’accident dans lequel sa . . .

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Dans Matamore no 29, Alain Farah révélait son agilité à se jouer du lecteur, en le confrontant à un objet narratif qui brillait dans mille directions ; spirale de références, de jeux, de réflexions splendides lancées en deux lignes, comme une répartie aussi jouissive que légère. Le jeu créait des bulles, qui montaient à la tête. Dans Pourquoi Bologne, la démarche est assez similaire, avec ce goût et ce besoin de saboter la linéarité du récit, avec ce cumul de temporalités qui se croisent entre 1962 et 2012, avec ce mélange improbable des genres, entre l’autofiction, la science-fiction, l’histoire et les théories du complot. Mais le tout est beaucoup plus incarné. À notre plus grande joie.

La jonction entre théories du complot et métafiction pourrait nous faire penser à un Don DeLillo québécois . . .

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Prenez une jeune fille de très bonne famille, élevée au cours des années 1840 dans la proximité des arts, la religion, les bonnes manières et les débats d’idées. Je n’imaginerais pas qu’à force de souffrances morales, une telle jeune femme puisse s’automutiler.

Vous me direz, bien au contraire, qu’elle avait tout pour se sentir écrasée dans ce Québec d’autrefois. Et puis, vous penserez : la maladie mentale frappe où elle veut. Que voulez-vous, ma naïveté me rattrape. Les livres servent encore à ça, à nous dessiller les yeux.

Cette Azélie Papineau (1834-1869) a besoin de présentations. C’est une des enfants de notre célébrissime Louis-Joseph, elle a été mariée à Napoléon Bourassa, artiste et écrivain (1827-1916), et elle est la mère d’Henri Bourassa (1868-1952), son cinquième enfant, le futur fondateur du Devoir. Elle meurt jeune, Henri n’a que quelques mois. Notable . . .

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L’amour est-il une quête impossible ? Ne sommes-nous que des « anges déchus » courant vers l’impossible ? Et pourtant, nous dit Fredric Gary Comeau, il faut savoir goûter la joie vertigineuse des anges déchus. D’un recueil à l’autre, Comeau traite inlassablement des deux mêmes thèmes, réussissant à les explorer de multiples façons : l’amour, toujours inassouvi, mais toujours passionné, et le voyage, longue suite de pays où il porte ce qu’il nomme son « errance » et qui viennent donner à ses poèmes différentes textures.

Le titre n’est pas sans évoquer cette phrase de Baudelaire : « [U]ne ivresse vertigineuse suivie d’un nouveau malaise », tirée de son essai Du vin et du haschisch (1851). Le poète demeure « à l’affût toujours / des appels à l’errance d’anges égarés », tout en étant déterminé à « [cracher] des chants d’anges déchus / jusqu’à ce que les cieux [lui] répondent ».

Les 144 po . . .

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Nonobstant les mérites de son auteur, l'autobiographie donne rarement des résultats probants. Autant, en effet, l'éloge d'un maestro convaincra s'il provient d'un observateur indépendant, autant la satisfaction même mesurée qu'exprime le maestro à propos de ses travaux laissera le public sur sa faim. Interprétés par un critique, les applaudissements du public à l'issue d'un concert valent cent fois ce que peut en dire celui qui en fait l'objet. Ce n'est pas minimiser les mérites considérables du chef d'orchestre Yoav Talmi que de regretter qu'ils ne soient pas vantés par un observateur neutre.

Car ces mérites sont considérables. Rares sont les chefs qui ont réussi, autant que celui-là, à respecter et à séduire les musiciens placés sous sa baguette. Plus rares encore peut-être sont ceux qui ont su, à la tête de l'orchestre d'une ville aux ressources moyennes, faire le plein des ressources du . . .

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Mission impossible et pourtant accomplie. Louis-Joseph Papineau, suivi à la trace par un trio minutieux et alerte, est restitué à la fois à ses convictions et à son sens aigu de l'adaptation. Ce qu'il est en politique – capable de constance, mais rarement imprudent –, Papineau l'est aussi dans la gestion des relations familiales et l'administration de sa seigneurie de la Petite-Nation. Comme au cours des étapes précédentes, Yvan Lamonde apporte au bilan son sens de la synthèse et sa nette perception des lignes de force, tandis que le duo Aubin-Blanchet se fait un devoir et même un scrupule d'éclairer chacune des multiples interventions de Papineau.

Car c'est peut-être un des plus fascinants aspects de cet homme que son intense attention à tout le réel. Il est au fait des plus récentes théories au sujet de la vaccination (de la vaccine, disait l'époque), différencie tel basilic de son cousin, rassure la mère qui ne sait . . .

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Avec La rivalité Canadien-Nordiques, Steve Lasorsa veut évaluer la signification historique et nationaliste d'un affrontement symbolique qui passe par le sport. En faisant de la bagarre générale du Vendredi saint l'événement-clé de la rivalité entre Montréal et Québec au hockey, l'auteur plaide, avec raison, pour un examen des passions populaires. Toutefois, l'essai accumule les imprécisions, les lieux communs, les formules creuses, les erreurs, les jugements à l'emporte-pièce, sans perspective réellement historique. À lire l'auteur, tous les Québécois, sans exception, ont été happés par la confrontation sportive (comme si les indifférents au hockey n'existaient pas), les années 1980 sont une époque de « ferveur nationaliste », le choix d'une équipe (et de son chandail) détermine une position constitutionnelle. La thèse défendue par l'auteur n'est pas nouvelle ni originale, mais elle a son mérite : le conflit entre le Canadien et les Nordiques . . .

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Au moment où Hitler prend le pouvoir en 1933, Kurt von Hammerstein est le grand patron de l'armée allemande. Après son élection à la chancellerie, c'est chez lui, dans ses appartements de fonction, qu'Hitler brosse pour la première fois les grandes lignes de sa politique. Ce général issu de la vieille noblesse prussienne savait voir clair dans les hommes et lire dans les événements. Jamais il ne fut dupe de l'homme et du régime qu'il avait contribué à installer à la chancellerie. Il en avait sous-estimé la bassesse. « Sa posture intellectuelle, liée au fait qu'il avait globalement une mentalité de grand seigneur, ne pouvait que faire de lui d'emblée un adversaire résolu des nationaux-socialistes tapageurs », dit de lui son biographe Hans Magnus Enzensberger.

À ses yeux pourtant, vu l'état de déliquescence politique où se trouvait plongée l'Allemagne de Weimar, seul Hitler était envisageable comme chancelier.

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De l'Histoire de la littérature canadienne (1874) d'Edmond Lareau à l'Histoire de la littérature québécoise (2007) de Michel Biron, François Dumont et Élisabeth Nardout-Lafargue, nombreux sont les tableaux, panoramas et autres études synthétiques sur le sujet. Karine Cellard a retenu de cet ensemble particulier douze manuels utilisés dans les institutions scolaires en vue d'examiner le discours pédagogique sur l'histoire littéraire québécoise, dont elle procède à « la lecture [...] comme texte » ; d'où l'utilisation abondante des concepts de mise en intrigue ou en récit, de structure ou de configuration narrative, de stratégie discursive, d'organisation temporelle, de posture d'énonciation... Karine Cellard suit ainsi « la lente consolidation d'une tradition d'interprétation du corpus national et les variations importantes qui ont marqué les visées identitaires, civiques ou culturelles de cet enseignement ». Elle note au passage les influences . . .

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Le commissaire français Marc Berchet enquête sur une troublante série de décès qui a tout du jeu de massacre : la petite ville côtière de Chanelet devient du jour au lendemain le théâtre peu recommandé de suicides, d'assassinats et d'exécutions. Véritable hécatombe où périt de façon spectaculaire la lie de la société, comme si une justice immanente jetait, écœurée pour de bon, sa cape funeste sur les âmes noires des plus pervers sévissant ici-bas. Une mystérieuse entité vengeresse qui ne fait pas dans les nuances ni dans les demi-teintes prend ainsi forme humaine et se donne pour mission d'exécuter ses tâches meurtrières avec une extrême violence. Quand le Bien s'évertue à faire le mal…

Gilles Vidal a tâté à peu près de tous les métiers dans le domaine du livre : il a été au fil des ans libraire, éditeur, auteur d'une . . .

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L'œuvre de Martin Page mérite tellement, tellement plus qu'un commentaire. Elle mériterait des pages et des pages d'éloges et de remerciements. Des fleurs, des câlins, des clins d'œil. Des mots d'amour. Des tonnes de mots d'amour. Et du silence aussi, comme lorsque l'on s'incline devant la beauté fulgurante d'un coucher de soleil au mois de mai.

Depuis maintenant dix ans, Martin Page nous fait don de petits bijoux de parole et de pensée, d'humour et de folie. Ses livres – chacun d'entre eux –, qu'ils se destinent à un public adulte ou à un public enfantin, sont l'œuvre d'un esprit sans pareil, au sein duquel l'imagination se pose, se dresse même, tel un défi, un pied de nez magnifique à la bête, l'unique, l'écrasante réalité. Et les nouvelles qui composent La mauvaise habitude d'être soi, illustrées de très belle façon par Quentin . . .

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Tout aficionado d’Andreï Makine, cet auteur croulant sous les prix littéraires, dont le Goncourt et le Médicis 1995, attend son dernier roman avec impatience. Né en Sibérie en 1957, l’écrivain s’installe à Paris en 1987 et écrit depuis directement en français, prodige d’adaptation qui ne cesse de nous émerveiller.

Pourtant, Le livre des brèves amours éternelles, quinzième ouvrage de l’auteur, est loin de faire l’unanimité. Les huit nouvelles qui le composent ramènent le lecteur sous les régimes politiques plus ou moins totalitaires de la Russie, anciens et moins anciens, et abordent évidemment la thématique de l’amour, comme le titre l’indique. Il faudrait d’ailleurs parler des amours, au pluriel, sous forme symbolique ou pas, sous l’angle des enfants ou des adultes. Des nouvelles dans lesquelles baigne cette tendresse caractéristique de Makine : « Un homme qui n’avait pas eu le temps d’aimer ».

Histoire soviétique et . . .

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Les romanciers pouvant passer du subjonctif imparfait au joual ou citer Schopenhauer et Hannah Montana dans la même page sont des oiseaux rares. François Blais est de ceux-là. Il pratique ce qu'il appelle le « métissage de tons », et il le fait avec intelligence et brio.

Contrairement à ce que suggère le titre, La nuit des morts-vivants n'a rien (ou presque rien) à voir avec les zombies. Du moins, ceux de Romero, le réalisateur du film-culte dont Blais a repris le titre. Il est plutôt question, çà et là, des zombies de Lucio Fulci, cette icône du cinéma gore italien, mais à titre anecdotique. Les véritables morts-vivants dont il est question ici n'ont rien de surnaturel. Ce sont deux noctambules mi-trentenaires, résidants de Grand-Mère et narrateurs de ce truculent récit.

Ils se nomment Pavel et Molie. Ils font à tour de rôle la chronique de leur quotidien. Le . . .

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Après David et les autres (2008) et Thomas est de retour (2010), Donald Alarie nous revient, toujours chez XYZ, avec J'attends ton appel. Dans ce troisième titre de ce qui se lit désormais comme une suite romanesque, les lecteurs retrouveront plusieurs des personnages déjà rencontrés dans les deux précédents : David, son ami Antoine, sa fille Annie, son petit-fils Benoît et Thomas, le père de l'adolescent, dont les touchantes retrouvailles étaient au cœur du second roman. Cependant, la trame de ce nouvel opus tourne essentiellement autour de Yolande, la « visiteuse » entrevue dans Thomas est de retour, et de Colette, un nouveau personnage qui fera son apparition dans la vie de David.

À l'aube de la soixantaine, David poursuit sa double vie : homme à tout faire très apprécié de sa clientèle dont il prend grand . . .

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La plupart des groupements nationaux ont pu bénéficier d’un récit de fondation, soit une œuvre majeure qui permette de donner du sens au social, de l’organiser à partir d’un ancrage de représentations qui témoignent d’un certain « génie » de la nation. Ainsi, il n’est a priori rien d’étonnant au fait que le poème Evangeline, A tale of Acadia de l’Américain Henry Wadsworth Longfellow ait pu être soumis à une semblable instrumentalisation. Ce qui toutefois suscite l’intérêt de la part de l’essayiste et sociologue Joseph Yvon Thériault dans Évangéline, Contes d’Amérique, c’est que ce même récit poétique ait pu servir à l’érection de trois « références » distinctes, qui constituent autant de catégories sociologiques à partir desquelles il entend étudier la récupération et l’influence de l’œuvre de Longfellow : la . . .

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En annexe à l’imposante biographie de Clarice Lispector, l’entretien entre l’auteur Benjamin Moser et l’éditrice Antoinette Fouque se termine sur ces mots : « Je pense que ce portrait l’aurait satisfaite […]. On peut dire que vous l’aimez ». C’est ce que le lecteur ressent intensément, en parcourant les quelque quatre cents pages du livre : l’estime qu’éprouve Moser pour la grande écrivaine brésilienne.

Mi-témoignage, mi-roman, la biographie de cette femme exceptionnelle, dont l’inclassable talent a été reconnu internationalement, est fascinante. Nouvelliste, journaliste et romancière, Clarice Lispector naît en 1920 dans un shtetl d’Ukraine. En 1922, ses parents émigrent au Brésil, à Maceió, puis à Recife, dans le Nordeste, la région la plus pauvre du pays, pour aller vivre finalement à Rio de Janeiro, où l’écrivaine meurt en 1977.

Lispector a beaucoup voyagé en compagnie de son mari diplomate et habité dans plusieurs pays d’Europe, puis à Washington. Elle retourne au Brésil en 1959, avec ses deux . . .

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Cette nouvelle édition de Jacques Ferron malgré lui est enrichie de six textes substantiels écrits et publiés entre 1970 et 1996. Sur la quatrième de couverture est reproduit ce qu’en disait le professeur Réjean Robidoux, en présentation de la première édition. «  En lisant ce livre, écrivait-il, je me demande s'il faut louer davantage Jacques Ferron d'être ce qu'il est ou bien Jean Marcel de l'avoir justement saisi et exprimé comme il l'a fait. La coïncidence entre les deux est parfaite, l'un apportant un riche fonds et l'autre la lumière critique. »

On ne peut en effet qualifier autrement que de lumineuses les savantes analyses de Jean Marcel de l’œuvre de Ferron. Savantes et, plus encore, intelligentes et sensibles.

Intitulé « Il est midi, docteur Ferron », le premier chapitre donne dans toute son étendue et sa profondeur la qualité et le sens de l’entreprise, en ce qu’elle laisse la parole . . .

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Le sport se vit au quotidien, tant dans sa pratique que pour ses partisans. Les résultats s’accumulent, les médias les présentent, les glorifient, avant que de nouveaux records ou joutes chassent les performances et les noms d’hier. Le sport occupe ainsi une grande place dans le train-train de la vie sociale, sans qu’on en assure la durée, la continuité, la profondeur historique. Les athlètes d’il y a 30 ans sont inconnus du public, à de rares exceptions près. Dans ce contexte, l’entreprise gigantesque de Gilles Jeanson, et de ses collaborateurs Paul Foisy et Serge Gaudreau, mérite d’être louée. Ces trois passionnés d’histoire et de sport, qui ont amplement publié sur la culture sportive, ont réuni vingt-quatre plumes pour composer un dictionnaire des grands athlètes québécois, des débuts du sport organisé au milieu du XIXe siècle à l’apparition de la télévision, qui change . . .

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À la fois historien et politicologue, Donald Cuccioletta analyse l’actualité américaine depuis plus de trente ans dans ses cours, mais aussi à la radio, à la télévision et dans ses écrits. En demandant « où vont les États-Unis ? », il propose plusieurs pistes pour comprendre le présent et peut-être le futur proche d’une société en mutation, en sollicitant l’éclairage de pratiques et de traditions remontant parfois à l’époque de la « Déclaration d’Indépendance », de 1776.

Pourtant, Où vont les États-Unis ? n’est ni un livre d’histoire ni un bilan, mais plutôt un essai sur l’actualité, sur les grands débats qui ont cours dans le pays depuis l’arrivée de Barack Obama à la présidence, en 2008. Changement de ton envers les autres nations, ouverture sur le monde, esprit de dialogue, retrait de l’Irak et de l’Afghanistan, politiques sociales misant sur l’assurance-maladie, les défis sont grands et ce livre . . .

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Lorsque la décision fut prise de consacrer ce numéro des « Cahiers Fernand Dumont » à la « crise de l’éducation », comme le souligne son directeur, Serge Cantin, rien ne laissait présager que le Québec allait sortir de sa torpeur le temps d’un printemps érable qui mobiliserait des centaines de milliers d’étudiants et de sympathisants, toutes générations confondues, sur la question des frais de scolarité. Pointe de l’iceberg de la crise, le malaise était toutefois plus profond, comme l’illustrent éloquemment les vingt articles ici réunis qui regroupent autant d’auteurs d’horizons divers (tant disciplinaires, générationnels que nationaux) qui ont répondu à l’appel de textes lancé à l’automne 2011 autour des questions suivantes : où en est l’idéal de la démocratisation scolaire 50 ans après la publication du rapport Parent ? Que transmet aujourd’hui l’école ? A-t-elle perdu sa fonction d’enracinement dans des valeurs communes ? La littérature a-t-elle . . .

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Depuis la publication de Garage Molinari en 1998, Jean-François Beauchemin poursuit une œuvre qui, pour avoir changé de ton avec la parution de La fabrication de l’aube presque dix ans plus tard, n’en tourne pas moins autour des mêmes nœuds dramatiques et, pourrait-on dire, philosophiques. Son nouveau titre, Quelques pas dans l’éternité, s’inscrit sans conteste dans la même veine.

En fait, Beauchemin offre ici à ses lecteurs, sous forme de calepins de l’année 2012, une immersion dans l’univers de l’écrivain et de l’homme qu’il refuse dorénavant de dissimuler sous des personnages de fiction. Du 8 janvier au 31 décembre 2012, de façon régulière mais non systématique, il partage ses réflexions et ses opinions sur plusieurs sujets sur lesquels, d’ailleurs, il nous a déjà entretenus : l’absence de Dieu, la nature . . .

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Place Saint-Pierre de Rome, le 13 mai 1981 : Ali Ağca, un jeune Turc de 23 ans, ouvre le feu sur Jean-Paul II. Bien que grièvement blessé, le pape survit. L’agresseur, immédiatement capturé, refuse de justifier son geste. Plus tard, il prétendra avoir agi sur les ordres des services secrets bulgares, eux-mêmes étant sous la coupe du KGB. Des épisodes marquants s’ajoutent à l’affaire : Jean-Paul II rend visite à son agresseur dans sa prison et lui accorde son pardon ; Emanuela Orlandi, âgée de quinze ans et fille d’un employé laïc du Vatican, est kidnappée le 22 juin 1983. Les ravisseurs exigent la libération d’Ali Ağca, mais le Vatican ne cède pas au chantage, et on ne reverra jamais la jeune Romaine.

Sorti de prison en janvier 2010, Ağca présente une nouvelle version selon laquelle l’attentat contre Jean-Paul II a été commandé de l’intérieur du Vatican. Maintenant, dans . . .

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Dans la présentation qu’elle signe, France Théoret décrit un livre gigogne. De son roman Hôtel des quatre chemins, publié en 2011, l’artiste Claire Aubin a tiré une série de sculptures dont la reproduction, accompagnée d’extraits du roman choisis par Aubin, forme la première partie de La zone grise. Leur lecture sensible, empathique amplifie, par association au personnage central, les enjeux qu’articule le récit, reflété dans un parcours qui, de pièce en pièce, appelle au dépassement d’une souffrance reconnue. Du confinement qu’illustre la masse épaisse et comme immanente à elle-même de la première sculpture – « zone grise » d’une expérience sans prolongement, sans écho –, on entre dans les eaux de tensions qui vont vers l’apaisement, l’ouverture dans la forme de la rencontre, de l’appui trouvé en l’autre. En ce progrès touche particulièrement le profil droit d’un . . .

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Ne dites pas à ma mère que je suis vivant est un roman de Lyne Richard, poète, romancière, nouvelliste et artiste-peintre de Québec. Ce treizième titre de l’auteure est à mi-chemin entre le recueil de poésie et le roman, et il frôle presque l’essai.

Lyne Richard est l’une de ces écrivaines québécoises qui mettent leurs tripes sur la table. Dans Ne dites pas à ma mère que je suis vivant, elle s’est donnée tout entière pour expliquer l’inexplicable. Sa plume fend l’âme tellement elle s’arme de beauté pour comprendre la laideur. L’amoureuse des mots témoigne de l’intangible douleur vécue par une famille après la découverte dévastatrice d’une relation incestueuse consentante entre le père et la fille. Malaise. Horreur. Thomas et sa mère, tous les deux détruits par ce drame, se retrouvent . . .

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Après un premier test passé haut la main (Le jeu de l’Ogre), voilà que Maureen Martineau récidive avec un deuxième volet aux enquêtes de Judith Allison, ayant encore pour cadre la région des Bois-Francs. L’enfant promis confirme l’intuition qu’une voix crédible émerge dans l’univers du polar québécois. Si l’on ferme les yeux sur le fait que les secrets de cette énigme rappellent un peu trop les épisodes inauguraux de la troisième saison de la série télé Fortier écrite par Fabienne Larouche, il faut reconnaître à Maureen Martineau une maîtrise des codes propres au genre policier et un réel flair pour échafauder des intrigues fortes.

Surtout occupé par des auteurs masculins, le rayon polars traite souvent de préoccupations ou de thèmes masculins, sinon machistes, voire carrément hard-boiled. Or Martineau ajoute incontestablement une sensibilité propre aux . . .

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« Les événements se déroulent dans des lieux imprécis, avec des humains incertains, dans des temps confus. Ce qui en fait un récit déroutant, sans direction claire. Et ainsi plein de sens, en quelque sorte. »

Nous voilà prévenus. Le lecteur devra accepter d'avancer dans le brouillard, tout comme la narratrice après la catastrophe qui s'est abattue sur la cité : un épais brouillard a tout enveloppé, gagnant tous les interstices et même les consciences. On dirait un conte, oui, un conte, pour m'exprimer comme la narratrice, qui répète mots et bouts de phrases (palilalie), conférant au récit un rythme de mélopée.

Pas de pronom « je », quoiqu'il s'agisse d'un roman à la première personne : « Rangeai la plume dans mon fourre-tout, fourre-tout [...]. Sortis celui-ci de sa retraite, déployai l’accordéon, clic, tirai le portrait de l'Étranger ». Une voix singulière qui vous charme et vous . . .

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Ce magnifique titre coiffe un très beau roman de Yasmina Khadra qui nous fait traverser l’Algérie coloniale du début du XXe siècle avant de nous laisser deviner les déceptions de l’indépendance en 1962.

D’une épreuve à l’autre, nous suivons Turambo, un jeune Araberbère (le néologisme est de Yasmina Khadra, semble-t-il) qui s’efforce tant bien que mal de tracer son chemin dans la vie. Il s’essaie à divers petits larcins, à quelques boulots de fortune avant d’être repéré par des organisateurs de matchs de boxe. Turambo le boxeur tient son surnom de la déformation étrange du nom de son village natal englouti dans un glissement de terrain. Sa vie a commencé par l’effacement physique du lieu d’origine qui a aussi, pense-t-il pendant longtemps, tué son père. La suite est racontée à partir de son amour ressenti successivement pour trois femmes, Nora, Aïda et Irène. De . . .

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Premier roman de Max Férandon, Monsieur Ho avait séduit les lecteurs avec ses personnages colorés et sa langue, magnifique.

L’écrivain franco-québécois récidive avec La corde à linge, un conte moderne qui possède les mêmes qualités et charmes.

Bien qu’il s’adresse à des adolescents, le roman plaira à tous, car gaieté et fantaisie sont au rendez-vous. « [R]oman fleuri », ainsi défini par l’éditrice qui a inventé un nouveau genre littéraire, « veut dire que la chose qu’il qualifie est fraîche, colorée, et faite de jolis détails ». Tout à fait d’accord.

L’histoire est simple – et totalement rocambolesque. Deux jeunes Londoniens en vacances à Champfleury, en France, décident d’offrir aux villageois un service Internet via une corde à linge, ce qui ne se fera pas sans bousculer vieilles habitudes et vision pass . . .

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On peut tomber gravement amoureux d’une ville. L’intensité de la relation qu’entretient avec Rome le jeune étudiant montréalais d’On achève parfois ses romans en Italie n’a rien à envier à celles d’un Stendhal ou d’un Du Bellay par rapport à la Ville éternelle. Une Rome rêvée à la hauteur de ses fantasmes les plus enthousiastes. Tout le ravit. Absolument disponible à son pays d’adoption, il veut tout en connaître. Guide exemplaire, il étale avec une belle éloquence le génie italien.

Ces carnets de voyage littéraires sont farcis d’émois extatiques faisant la part belle aux superlatifs et à l’emphase. Avec ce côté ingénu totalement assumé, Francis Catalano s’imprègne de la culture italienne, absorbant toutes ses manifestations, cobaye bien volontaire à la métamorphose de son être. Une chance inouïe de faire tabula rasa, de remettre les compteurs à zéro : « Il est huit heures cinquante-cinq, les dés de ma . . .

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Comment, débordant de verve et servi par sa merveilleuse agilité d'écriture, François Blais aurait-il pu résister à la tentation de proposer au lecteur un faisceau stroboscopique de destins ? Suivre un seul individu, cela n'aurait-il pas été pour lui paresse et facilité ? Pourquoi, en effet, puisqu'il sait se détendre et s'amuser tout en franchissant des rapides en sautant d'un rocher à l'autre, se limiterait-il à un seul flux et à un seul risque ? Pour notre plus grand plaisir, Blais ose grand et large, toujours plus grand et plus large. La classe de madame Valérie, c'est non pas un roman scolaire en forme de cours magistral versant un savoir dans des outres juvéniles, mais une écoute offerte par une aînée à 25 incubateurs d'avenir ; plus encore, c'est l'accueil à pleine envergure offert à 26 cheminements. Sans jamais nous révéler le tout d'aucun d'entre eux, Blais nous les aura tous et . . .

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La réédition de cet ouvrage marque à la fois le cinquantenaire du décès de Georges Bataille (1897-1962) et les vingt années écoulées depuis la parution du livre de Michel Surya chez Gallimard (intervalle qui s’étend à vingt-cinq ans si l’on compte l’édition Séguier de 1987). Écrivain, philosophe et éditeur (il a fondé les éditions Lignes), Surya est aussi un grand connaisseur de Bataille, qu’il a commenté, édité et préfacé à plusieurs reprises. Fort de ses quelque 700 pages, Georges Bataille, la mort à l’œuvre est un ouvrage important, qui s’adresse aussi bien au profane qu’au spécialiste.

Il faut d’abord s’habituer à la syntaxe parfois contournée de Surya, qui use d’un style beaucoup plus personnel que ne le font, d’ordinaire, les biographes. Sans doute est-ce la preuve que ce livre n’est pas – ou pas seulement – une biographie. Une connaissance en profondeur du contexte biographique est constamment mise en . . .

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L’analyse de l’œuvre d’un auteur peut se faire par plusieurs voies. Premièrement, la royale, à savoir les textes manuscrits et publiés de son vivant ou pas. Puis, la secondaire, soit la correspondance, qui permet de constater les influences et les doutes, en amont comme en aval d’une ou de plusieurs œuvres. Finalement, les marginales, celles découvertes une fois l’auteur décédé, par les chercheurs curieux et patients. Dans ce groupe se retrouvent les notes écrites à la main dans les marges de documents, qu’il s’agisse de livres, d’épreuves ou de carnets personnels. Bien que souvent plus difficiles d’accès parce que mal identifiés, oubliés ou négligés, ces matériaux sont riches en découvertes et en analyses, car, selon Jacinthe Martel, elles recueillent « les traces des sentiers imprécis que l’écrivain a pu emprunter ». Vestiges de l’écriture, cette matière rare peut se transformer en terreau fertile avec lequel le connaisseur peut r . . .

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Le Québec, qui aime sans les aimer tout en les aimant les minorités francophones du Canada et qui en ignore à peu près tout, n'appréciera peut-être pas que cette diaspora lui dérobe sa plus chère fierté : SA révolution tranquille. Pourtant, les secousses québécoise et manitobaine présentent quelques éléments communs. Il faudra cependant faire place aux nuances.

Dans les deux cas, l'éducation constitue un enjeu majeur. Pas le seul, mais le plus voyant. Aussitôt surgissent les contrastes : les francophones manitobains se battent pour l'école et la langue, tandis que le Québec réclame l'éducation supérieure. La parenté entre les deux contextes refait cependant surface : au Manitoba comme au Québec, le clergé est mis en cause. Mais, cette fois encore, les priorités diffèrent : au Québec, le débat, civilisé et patient, porte strictement sur la laïcité ; au Manitoba, à en juger par les documents réunis par Raymond-M. H . . .

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Notion évanescente, l’identité peut définir l’individu (« qui je suis »), au sens juridique comme du point de vue de la personnalité, mais peut aussi désigner le groupe auquel on s’identifie, ou les groupes, puisqu’il est possible d’appartenir simultanément à plusieurs entités dans lesquelles on se reconnaît : parmi nos concitoyens, ceux qui parlent notre langue, les gens de notre génération, notre classe sociale, etc. Le titre ambigu de ce livre s’explique par le fait que même l’initiateur de cette notion, le psychanalyste Erik Erikson (1902-1994), avait admis n’avoir jamais défini ce qu’était l’identité, reconnaissant avoir donné plusieurs prolongements à ce terme, selon qu’il s’agissait de l’individualité singulière ou au contraire d’« une solidarité avec les idéaux d’un groupe ». Le philosophe Vincent Descombes interroge successivement la tradition américaine sur les théories psychologiques de l’identité, les usages de cette notion, et l’identité collective : le . . .

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Ce petit ouvrage vaut surtout par l'ingénieuse hypothèse qu'il soumet au lecteur : « [...] une exploration d'une autre dimension de l'ordre libéral [...], celle de l'ordre colonial britannique ». Par cette relecture, Claude Couture et David Chandonnet espèrent « interpréter non seulement le rejet de l'entente de Charlottetown et ses conséquences vingt ans après, mais aussi la façon dont les francophones sont toujours généralement perçus au Canada anglais et comment la question du multiculturalisme est abordée ». L'exploration tient parole.

L'introduction, bien assise, recense les familles de libéralisme. D'un côté, le courant inspiré de Jean-Jacques Rousseau et de Thomas Paine défend la thèse de l'égalité et du rationalisme. En face, le courant issu de John Locke préfère la propriété et l'individualisme. L'Empire privilégie le second choix. Couture et Chandonnet déploient les corollaires de cette préférence : « Ainsi, pour nous, parler de . . .

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En près de 200 photographies anciennes souvent d’une grande beauté, ce livre montre la diversité des métiers liés à la mode et à l’industrie du textile, principalement à Québec, du milieu du XIXe siècle jusqu’aux années 1970. L’intérêt historique de cet ouvrage est indéniable : on y revoit les grands magasins d’autrefois, de la Compagnie Paquet à Québec jusqu’au Eaton de la rue Sainte-Catherine à Montréal, mais aussi Le Magasin parisien d’Alma et quelques versions du magasin général, par exemple celui de Belœil. Plusieurs images font revivre les manufactures de vêtements, de sous-vêtements et de chaussures à une époque où les importations de Chine ou du Bangladesh n’étaient pas concevables. On redécouvre à un siècle d’intervalle les fonctions initiales de plusieurs édifices désormais retransformés de la Basse-Ville de Québec : la Dominion Corset de la rue Dorchester, devenue l’École des arts visuels . . .

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De Frédéric Bastien, le lecteur obtient tout ce qu'il peut attendre d'un historien et quelque chose en sus. D'une part, sources et faits sont au poste ; d'autre part, conformément à une méthode historique qui dépasse désormais les dates et les noms de généraux, l’auteur relie les événements aux enjeux cruciaux. Il ne lui suffit donc pas de raconter que le Canada s'est doté d'une charte des droits ni même comment il l'a fait ; il lui importe davantage de montrer qu'il s'agit là d'un véritable coup d'État. Le terme apparaît dans une note du haut-commissaire britannique John Ford adressée au foreign secretary Lord Carrington le 30 avril 1981 : « L'ensemble de ce qui se passe, dit-il, est une ‘véritable tentative de coup d'État en vue de modifier l'équilibre des pouvoirs dans la Confédération’ ». Bastien établit trois fois plut . . .

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Arrivé à la mi-soixantaine, Paul Auster porte un regard sur le chemin parcouru jusqu’à ce jour pour en dresser un bilan des souvenirs qui, au fil des ans, s’accumulent pour former ce qu’il est convenu d’appeler l’expérience d’une vie, le bagage que l’on traîne avec soi sans toujours savoir à quoi il sert, sinon de servir de balise, de repère. Le passage du temps, les traces laissées sur le corps, visibles, et les autres, la multitude des autres marques invisibles incrustées dans la mémoire, sont ici le matériau premier de l’écrivain. Les lieux habités, les amis d’hier et d’aujourd’hui, les jeux d’enfant, les femmes aimées, le premier mariage et les soubresauts de la vie de couple, l’énigmatique relation avec le père (moins riche toutefois que dans L’invention de la solitude), celle idéalisée avec la mère, et celle encensée avec la . . .

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Ce pan de l'ambitieux chantier lancé par William T. Vollmann est en place depuis 1990 ; il constituait l'avant-garde d'un ensemble baptisé Le cycle des sept rêves. L’auteur projetait d'y raconter l'Amérique depuis son imprécise présence dans les légendes nordiques jusqu’à ses traits significatifs les plus affirmés.

Qu'on n'attende pas de Vollmann le morne équivalent d'un précis d'histoire, de géographie ou de sociologie ; acceptons plutôt d'être constamment tenus en déséquilibre fiévreux par l'afflux des visions épiques et des percées poétiques. Que le calendrier lui-même se le tienne pour dit : l’écrivain délaissera à la minute de son choix les explorations vikings pour mettre brièvement le pied sur le sol de 1987, avant de revenir selon son caprice au temps mal balisé des transhumances incertaines. Le périple obéit à une boussole, mais Vollmann exerce pleinement sa libert . . .

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L’œuvre de Francine Noël est construite autour de la tétralogie de « Maryse », fresque romanesque aussi ludique que totalisante. À ce noyau, on peut dorénavant attacher une deuxième catégorie, à savoir le récit intime de filiation, auquel se rattache aussi La femme de ma vie, plus proche du témoignage et des mémoires que de l’imagination hybride dont nous avait habitués Noël. Dans Le jardin de ton enfance, une grand-mère prénommée Francine, mais surnommée Nana, s’adresse à son petit-fils Émile, dans un journal qu’elle tient de la naissance du garçon jusqu’à ses sept ans, l’âge de la raison. De ce fait, Noël renoue avec l’écriture diariste qu’elle avait pratiquée dans Nous avons tous découvert l’Amérique, mais en infléchissant le propos, pour mieux faire ressortir la vie familiale éclatée d’Émile, le rapprochement . . .

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Après avoir fait paraître des œuvres romanesques comme Haïti je t’aime / Ayiti, mven renmen ou !, Carnet de bord, Contrepoids et Marraine (dont le présent roman est la suite), Hélène Koscielniak décrit à nouveau les liens interculturels entre le nord de l’Ontario et les Antilles pour faire éclater des contrastes flagrants entre la misère des bidonvilles et la prospérité du Canada. Dans le roman précédent, la Canadienne Normande Viau s’était engagée dans un programme d’aide humanitaire, et après un cri du cœur lancé par ses amis de la République dominicaine, elle acceptait de parrainer (ou plutôt de « marrainer ») un jeune Haïtien de douze ans, Jo’no, qui risquait de connaître des conditions de vie atroces et la facilité de la délinquance s’il restait plus longtemps dans son pays natal.

C’est ainsi . . .

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Détentrice d'une maîtrise en histoire de l'Université de Montréal, Sophie Jacmin enseigne au Vanier College lorsqu'elle entreprend une maîtrise en création littéraire. Deux poids deux mesures provient de son mémoire, consacré en première partie à l'humour dans Le bonheur des ogres de Daniel Pennac. L'humour, voilà la marque de son premier roman. Car il s'avère que l'histoire, quoique partant d'une situation embarrassante, se prête peu à la relance de l'action : une jeune femme prénommée Caroline, la narratrice, supporte depuis l'âge de quatorze ans des seins surdimensionnés. Vingt ans plus tard, un diagnostic de cancer entraîne l'ablation complète du sein gauche. Que faire face à une telle poitrine dissymétrique ? Se débarrasser du droit ? Recourir à des prothèses mammaires en caoutchouc ? À des implants ? À une greffe de seins ? Où et à quel prix ?

Liées à la narratrice, sa sœur, Julie . . .

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On ne peut qu’être admiratif devant l’immense talent de Laurent Gaudé, être fasciné par le souffle d’une écriture qui fait surgir de la page des êtres plus grands que nature dont le destin, s’il nous est souvent connu, se déploie sous nos yeux sous un jour chaque fois nouveau, réinventé, démultiplié par le pouvoir d’évocation des mots et des images. Pour seul cortège nous plonge au cœur du dernier festin auquel participe Alexandre le Grand, entouré de ses plus fidèles officiers, au moment même où l’immense empire qu’il aura érigé s’apprête à basculer sans qu’aucun autre signe ne soit donné, si ce n’est cette fièvre soudaine qui s’empare du plus grand conquérant qu’aient jamais connu l’Orient et l’Occident et qui l’emportera avant même que la rumeur de sa mort ne puisse se répandre. « Au premier spasme, personne ne . . .

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La frontière travaille toujours l’imaginaire continental. Ce lieu mobile de la confrontation avec l’immensité, le danger, l’aventure, le recommencement, a toujours été vu comme l’expérience fondamentale des Amériques, là où la rencontre avec l’autre avait lieu. Le western incarne avec force ce recours à la frontière, et autant dans les films, les bandes dessinées que les romans, ce type de récit repose sur des récurrences : violence, confrontation, quête, déplacements incessants, présence d’Amérindiens, univers manichéen, nature hostile et sauvage. Patrick deWitt, dans Les frères Sisters, dont Alto propose la traduction après que le roman ait reçu plusieurs prix au Canada, plonge délibérément dans cette mythologie. Il le fait en donnant la parole à Eli Sisters, un tueur à gages en crise existentielle qui parcourt l’Ouest avec son frère irascible, violent, autoritaire. Ils ont une importante mission à remplir : trouver et tuer Hermann . . .

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Il aura tout de même fallu quarante ans de métier et seize romans à son actif pour que Don DeLillo publie un premier recueil de nouvelles. La pratique du genre narratif bref, qui tient chez lui à une vingtaine de récits publiés, remonte pourtant à loin, au moins dix ans avant Americana (1971), son premier roman. Dès le début des années 1960 en effet, DeLillo a commencé à faire paraître des nouvelles dans le magazine américain Epoch, tout comme Thomas Pynchon – un auteur auquel le New-Yorkais est régulièrement comparé. Les neuf nouvelles comprises dans L’ange Esmeralda ont paru entre 1979 et 2011 dans divers périodiques, dont Esquire et The New Yorker.

L’approche narrative du nouvelliste ne diffère pas beaucoup de celle du romancier. On y trouve la même auscultation des inquiétudes de l’Amérique contemporaine . . .

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La Pologne que fait vibrer l'auteure ne ressemble guère à celle qu'ont accréditée au Québec la littérature et les médias auprès des générations plus âgées. Présumée fréquentable parce que le public québécois d'hier la savait catholique, la Pologne bénéficiait de plus à nos yeux de l'endossement d'une France elle aussi bien disposée à son endroit. Son dépeçage par Hitler et Staline nous paraissait d'une cruauté particulière. Peut-être faudrait-il remonter à Napoléon et à son ministre Talleyrand pour expliquer la sympathie de Paris : l'empereur tenait à ce qu'existe une Pologne pour empêcher tout rapprochement entre l'Allemagne et la Russie. Preuve que l'idée de découper le monde selon l'intérêt des dominants ne date ni de Yalta ni de Potsdam. Quoi qu'il en soit, Beata de Robien ose de l'inédit en révélant à la France . . .

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« Il existe deux sortes de livres. Ceux qui entendent vous rassurer, et ceux qui creusent votre peur en vous montrant la vie telle qu’elle est. »

Ta mort sera la mienne pue le soufre, en digne émule du roman Rage de Richard Bachman (alias Stephen King) ; on se souviendra qu’en 1999, à la suite de la fusillade de Columbine, King avait lui-même entrepris de retirer de la circulation commerciale ce roman, du fait que des têtes brûlées se réclamaient des actes du personnage de Charlie Decker au moment de perpétrer réellement des assassinats de masse dans des écoles.

Fabrice Colin expose un triste mythe de la culture de violence que nous donne à voir de loin en loin CNN. Lors d’un séminaire donné dans un motel du Midwest américain, un tueur de masse se déchaîne sur tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Dans le genre, à elle . . .

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Si les romans donnant la parole à des dictateurs ont créé un sous-genre au sein de la littérature latino-américaine, ceux qui mettent en scène les guerres civiles se font plus rares, même si les deux maux ont été trop présents dans l’histoire de la région. Avec La servante et le catcheur, Horacio Castellanos Moya s’est mis à la tâche de décrire celle qui a secoué le pays où il a grandi et qui l’a forcé à s’exiler, le Salvador. Avec ce roman, Castellanos Moya signe son récit le plus narratif, dans la mesure où les voix hallucinées et soliloquées qui usuellement composaient la charpente de ses histoires laissent place à une narration distanciée d’événements violents, à travers une polyphonie dérangeante. Si le lecteur doit faire face à un monde trouble, à des horreurs sans nom, c’est que le roman ne ménage aucun recoin du drame salvadorien, sans se placer sur . . .

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Ce court bouquin, qui se lit en à peine une ou deux heures, décrit par petites touches le quotidien d’un couple égyptien vieillissant, Khalil et sa femme Ihsan.

En de brefs chapitres de trois, quatre pages, l’auteur, décédé en 2012, relate sans artifice la vie au jour le jour de ce couple de classe moyenne, sans histoire, ayant eu deux garçons, maintenant mariés. Leur quotidien, dans un appartement urbain, évolue sans gros tracas, et vers le milieu du roman, doucement, disparaît Ihsan, laissant seul son mari.

Ce roman est celui d’une vie qui se termine, avec un Khalil passablement isolé, soucieux de ses petites manières, supportant au mieux ses petites douleurs, parfois vraies, parfois imaginées. Mais qui se permet aussi, vieillesse aidant, de perdre quelques retenues, posant des questions à quiconque et comme bon lui semble.

Les lecteurs intéressés par le monde arabe profiteront d’une description tout à fait juste de la vie en Égypte : au café, à l’h . . .

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Il y a un décalage entre la parution de Mauvaises passes en français et sa publication en arabe en 2006. Les lecteurs francophones reçoivent ce texte après le printemps arabe et ne peuvent s’empêcher de le lire à la lumière du soulèvement du peuple égyptien en 2011.

On retrouve, en effet, dans ce court roman, les ferments de la révolution à venir : la pauvreté, le chômage, la crise du logement, les clivages sociaux, les interdits religieux et les commandements de la tradition. Rien n’est simple pour Mohamed Ibrahim, narrateur et ancien propriétaire d’une salle de jeux électroniques qui servait de refuge mixte aux jeunes lycéens privés de lieux de rencontre. Jugée contraire aux bonnes mœurs, la salle est fermée et, depuis, Mohamed Ibrahim erre en quête d’une échappatoire, d’un improbable moment de plaisir, d’une solution à l’impossibilité de réalisation de la moindre aspiration personnelle.

Les . . .

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Du numérique à l’imprimé : le schéma traditionnel est ici inversé. Parus d’abord sur le blogue du même nom, les textes composant Détails et dédales bénéficient d’une publication papier chez Septentrion, dans la collection « Hamac-Carnets », qui se spécialise dans cette tendance de plus en plus importante. Catherine Voyer-Léger (CVL), directrice du Regroupement des éditeurs canadiens-français, blogueuse donc, et tweeteuse hyperactive, passe ainsi du statut d’intellectuelle virtuelle à celui d’intellectuelle réelle, émancipée du carcan du Web, légitimée en quelque sorte par cette publication.

C’est dans la première partie, « Détails », qu’on trouve les meilleures pages de l’ouvrage. Explorant plusieurs sujets, cependant toujours traversés par une position pro-intellectualisme, Catherine Voyer-Léger brosse un portrait juste, parfois terrible, de la société québécoise au jour d’aujourd’hui. Elle réfléchit notamment sur la liberté d’expression – qu’elle d . . .

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Principalement entre 1973 et 1979, Serge Fiori a été l’âme du groupe Harmonium, avec Michel Normandeau et Louis Valois. Fiori, S'enlever du chemin permet de répondre à la question suivante : « Pourquoi ce génie est-il resté dans l’ombre durant presque toute la deuxième moitié de sa vie sans jamais retourner sur la scène ? »

Cette biographie remarquablement bien documentée fourmille de détails : ce que Fiori lisait, les disques qu’il écoutait en boucle (par exemple, Soleil de Jean-Pierre Ferland), les films qu’il a aimés, ses fréquentations, ses passions, les lieux où il a habité depuis son enfance. Chacune des rencontres de Fiori avec les grands musiciens qu’il admire est ici relatée, parfois sur un ton cocasse, comme celles avec James Taylor, les groupes Genesis et Supertramp. Ailleurs, on décrit avec précision comment Fiori était perçu par ses admiratrices au moment de la sortie de . . .

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Malgré ses milliers de lecteurs, Salman Rushdie est surtout connu pour la sentence de mort que lui a servie un pontife de Téhéran. Même si la fatwa a graduellement perdu son vitriol, elle aura empoisonné la vie de Rushdie pendant des années. Il prend ici plaisir à raconter ce drame.

Habilement, Rushdie se raconte à la troisième personne ; il cherche là une apparence de neutralité. Ce n'est pas lui, du moins pas tout à fait lui, qui pardonne à Rushdie ses erreurs d'appréciation, qui exacerbe les litiges, qui tente d'harmoniser les droits sacrés de la liberté littéraire et les pusillanimités de la Special Branch ! Cette (fausse) distanciation est d'autant plus efficace que la liberté que réclame Rushdie mérite tous les cultes : qui, sauf le fanatique, poignarderait un romancier pour lèse-credo ?

Déterminé à dramatiser une condamnation pleinement injustifiée, Rushdie multiplie les preuves de la bêtise politique, de la frilosité policière et . . .

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Marie-Monique Robin est journaliste, réalisatrice et auteure. Elle est bien connue pour avoir tourné de nombreux documentaires traitant des défis alimentaires auxquels l’humanité fait face aujourd’hui. Elle a également publié plusieurs ouvrages sur le même thème, dont Le monde selon Monsanto et Notre poison quotidien. Cette fois-ci, elle s’inscrit en faux contre la prétention de ceux qui affirment qu’il n’y a pas de solutions de rechange à l’agriculture chimique et industrielle pour nourrir la population mondiale. Elle explique ce qu’est l’agroécologie et en quoi elle constitue une solution pour faire reculer la faim et la pauvreté, un des principaux défis que l’humanité a à relever au XXIe siècle.

Dans son nouvel essai, Marie-Monique Robin a choisi de présenter des initiatives de pratiques agroécologiques réalisées dans neuf pays : Mexique, États-Unis, Kenya, Malawi, Sénégal, Allemagne, France . . .

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Depuis longtemps, les épithètes se sont épuisées vainement à tenter de rendre justice aux photographies du couple Mia et Klaus. Privilégiant le plus souvent le noir et blanc, leurs albums forçaient l'agité à s'arrêter, à prendre conscience des horizons immenses comme des finesses de la fleur, à suspendre un instant toute fébrilité. Ce recueil va pourtant un cran plus profondément dans l'étreinte du regard sur la beauté : des textes lourds de pertinence et d'élégance viennent, en effet, accompagner et enrichir de leur sagesse souvent millénaire et de leur pertinence un superbe jeu de photographies choisies.

En agençant cette connivence du texte et de la photographie, Mia Matthes a situé au cœur de sa démarche la relation entre l'Être suprême et la beauté du monde. Ayant nommé Dieu, écrit-elle, « j'ai dit la mer et les ruisseaux, les fleuves, la vague qui déferle et le vent qui la pousse, les pluies de sable blanc et . . .

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Qu’on soit davantage de droite ou de gauche, on ne peut être insensible au message de Hervé Kempf : malgré les inégalités qui subsistent dans le monde, nous sommes maintenant engagés dans une « grande convergence » ; tous, en effet, faisons face à une grave menace écologique.

Dans les pays développés, la « croissance fatigue » : nous avons toute la nourriture, tous les gadgets dont nous avons besoin. Dans les pays en développement, le dilemme est de satisfaire une population qui cherche le confort occidental sans dépouiller les ressources de la planète, notamment celles en énergie, qui coûtent de plus en plus cher : « Vouloir maintenir les conditions de la croissance signifie un coût écologique croissant ». Bref, la « pause » que connaît l’Occident depuis la crise financière devrait, pour notre bien à tous, s’étendre aux pays émergents. Car le niveau de richesse occidental répandu à tous les pays du monde est « écologiquement inenvisageable », dit l’auteur.

Nous avons dès lors deux scénarios . . .

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L’historien et ex-novice dominicain Guy Laperrière nous offre ici un livre « bref […], simple et direct » sur « l’essentiel de ce qu’un honnête homme devrait savoir sur les communautés religieuses au Québec », depuis les origines, au début du XVIIe siècle, jusqu’à nos jours.

Après un rappel de quelques notions fondamentales sur la vie religieuse et un survol historique de l’ensemble des communautés du monde catholique, en introduction, l’auteur consacre la première partie de son ouvrage à l’arrivée en Nouvelle-France des récollets et des jésuites, en 1615 et 1625 respectivement, puis des ursulines et des augustines, en 1639. Il résume la fondation des premières institutions qui furent alors créées, évoquant ainsi les figures connues des Marie de l’Incarnation, François de Laval, Mgr de Saint-Vallier, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys, Marguerite d’Youville et autres frères Charon. L’historien souligne aussi le vigoureux . . .

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Nombreuses sont les villes qui, au cours des précédentes décennies, ont été développées pour et par l'automobile. Les voies rapides se multipliaient, balafrant au passage des quartiers entiers, les stationnements pullulaient, et il n'était pas rare de voir se dresser des barrières de métal aux intersections pour faire obstacle au passage des piétons et assurer la priorité aux voitures. Cette conception de l'urbanisme a eu de nombreuses conséquences négatives, aujourd'hui bien documentées, dont les plus notoires sont les problèmes de santé publique en lien avec l'immobilisme des individus ou leur isolement.
Pour contrer ces problèmes, d'aucuns ont suggéré de transformer les villes afin de leur redonner une dimension humaine. Seulement voilà, ce n'est pas en aménageant des espaces verts, des pistes cyclables ou en élargissant les trottoirs qu’on voit nécessairement les humains se réapproprier la ville. Pour que ces projets atteignent leurs objectifs, il faut . . .

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L’histoire du hockey au Québec est souvent synonyme du Canadien de Montréal, tant la jonction entre la fierté nationale et cette équipe a été ressassée, publicisée, notamment à travers la figure de Maurice Richard. Pourtant, les débuts du hockey au Québec sont beaucoup plus divers que ce récit d’héroïsme du club des Habitants. Dans La coupe à Québec, Les Bulldogs et la naissance du hockey, le journaliste Marc Durand nous convoque à une autre histoire, celle de l’essor du hockey dans la ville de Québec, surtout à l’émergence du premier club professionnel, équipe qui obtiendra la coupe Stanley en 1912 avant même que le Canadien mette la main sur le précieux trophée.

Le livre de Durand est visuellement magnifique, rempli d’images d’archives, de photos, de dessins, et ce matériel collecté fournit une bonne part de la richesse de l’ouvrage. Voulant nous faire vivre de l’intérieur le . . .

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Rapportant les données du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Alain Deneault et William Sacher nous apprennent que « plus de 75 % des sociétés mondiales d’exploration ou d’exploitation minière ont leur siège social au Canada et près de 60 % de celles qui sont cotées en bourse s’enregistrent à Toronto ». Pourtant, ces entreprises sont actives partout dans le monde, en particulier dans le Sud. Comment une telle concentration s’explique-t-elle, dans un pays dont l’importance financière ne peut se targuer d’être parmi les premières dans le monde ? « [C]e sont a priori les avantages juridictionnels et réglementaires réservés par le Canada à ce secteur d’activité qui attirent les manœuvriers. »

Plus précisément, la bourse canadienne favorise considérablement la spéculation ; l’État accorde d’importants avantages fiscaux au secteur minier ; la législation ne menace pas ou menace peu les activités illégales, voire . . .

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En se centrant sur les cinémas nationaux ou sur ce que Dominique Noguez nommait fort justement « le cinéma autrement », ce troisième livre d’H-Paul Chevrier aurait pu s’intituler Histoire du cinéma depuis 1960. Cet enseignant et critique de films a compris depuis longtemps que le cinéma de qualité ne se trouve désormais plus sur les écrans commerciaux et dans les multiplexes, mais bien dans les festivals et les salles de répertoire.

Le tour d’horizon ici proposé est diversifié et aucun acteur important n’en est absent : Bresson, Bergman, Resnais, Jancsó, Buñuel, mais aussi Cassavetes, Watkins, Tarkovski, et puis leurs continuateurs les plus populaires : les frères Coen, Wong Kar-wai et tant d’autres « cinéastes postmodernes » qui, selon Chevrier, « s’assèchent dans le maniérisme » et « baignent dans le dilettantisme ».

Ouvrage pédagogique d’une grande clarté, ce livre inclut entre autres des listes et des tableaux thématiques très utiles portant . . .

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En avril 2010, la Fondation Charles-Gagnon et les éditions Écosociété ont lancé le concours de rédaction d’essais Bernard-Mergler. L’objectif était d’inviter les « jeunes du Québec à produire des textes d’analyse et de critique sociale ». Plus particulièrement, étaient attendues des participations qui « défendent des valeurs de justice, d’équité et de solidarité ». Le souffle de la jeunesse présente les cinq textes soumis qui ont été jugés les meilleurs.

Qu’il soit question de la mort, de l’engagement des jeunes, des nouveaux lieux de sociabilité, de la responsabilité sociale des entreprises ou de la perte de sens dans les sociétés occidentales, les jeunes auteurs, souligne Pierre Henrichon dans sa préface, « affirment, haut et fort, mais sans prétention aucune, le caractère de mascarade des rhétoriques sirupeuses que l’on nous sert quotidiennement dans les déclarations ministérielles, les publicités et les éditoriaux ».

Martin Robert, dans « Prologue de la . . .

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Courtier en valeurs immobilières, spécialiste pondéré et même casanier, Vincent Morin ne semblait guère bâti pour le crime ni surtout pour la justice expéditive. Il se révélera pourtant, lorsque faisant face aux turpitudes de sa femme, d'abord capable de vengeance instantanée, puis méticuleusement retors. Si, jusque-là, il levait le nez sur tout ce qui vibrionnait hors de son univers prévisible et quantifiable, le voici astucieux, intuitif, insaisissable à en dérouter la machine policière. Il se prétend affolé, mais il accorde une telle confiance à ses ruses que, pas un instant, il ne songe à s'en remettre à la justice dont il pourrait pourtant attendre beaucoup de compréhension. Après tout, n'a-t-il pas tué sous l'impulsion d'une colère pleinement justifiée ? Nouvelle cohabitation de Jekyll et de Hyde !

On s'étonnera peut-être de ce que les enquêteurs de ce roman échouent à retrouver les personnes disparues et ne localisent . . .

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En 2011, le romancier remportait le Prix littéraire de l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon pour son roman Otchi Tchornya, aussi édité chez Coups de tête. Étant donné la philosophie de cette maison, on doit s'attendre à ce que Noir linceul secoue ses lecteurs d'une quelconque façon. La citation en exergue attribuée à Étienne de La Boétie, « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », annonce, il est vrai, une critique sociale certaine. Mais chez Coups de tête, il faut provoquer, par les idées et la crudité des images ou de la langue. Ici, par exemple, la description d'un viol brutal et le recours à la langue argotique, y compris dans la narration. Quant aux idées, les personnages centraux, chez qui l'on sent la présence de l'auteur, en profèrent qui apparaîtront tranchées et obscurantistes à bon nombre de lecteurs. En effet, la théorie du . . .

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Prolifique auteur de nouvelles (entre autres), passé maître dans cet art d’extraire du trivial l’angle original, Gilles Pellerin en est à son sixième recueil. Il est donc convenu de le considérer comme un spécialiste du genre de la brève littéraire. Après avoir fait paraître en 2004 ï (i tréma), il se conforme huit ans plus tard rigoureusement au même format concis, et propose cette fois soixante-six textes denses, dont la longueur varie entre une et quatre pages. Quoique la majorité soit des inédits, neuf ont déjà fait l’objet d’une prépublication dans des revues au fil des ans. Si le poids du nombre fait basculer les récits les plus anodins dans l’oubli, il n’en demeure pas moins que quelques-uns forcent leur chemin jusqu’au souvenir durable (ceux du cycle de l’enfance et du milieu de l’enseignement, en l’occurrence).

« L’homme n’a point de . . .

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Le poète est celui qui a fait le tour de son domaine et qui, du cœur de sa chambre, en retrace sans cesse les contours au fond de lui, jusqu'à oublier, parfois, que lorsqu’il se tourne vers le monde, c’est en lui-même qu’il regarde. Quoi qu’il fasse, il se replie sur ces terres anciennes que ses mots ravivent, et de là il arpente le monde, main dans la main avec ces autres voix qui l’ont forgé et qui lui balisent la voie au cours des errances nécessaires qui le mènent jusqu’aux portes de l’œuvre. Il ne va pas plus loin : le poète est dans sa chambre noire et y demeure. À l’œuvre la lumière du jour et du monde.

C’est de cette chambre que nous parvient la voix de l’auteur du recueil. Tantôt nostalgique, tantôt onirique, cette voix s’échappe de son creuset en quête de ses sources, fait na . . .

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Mazouz OuldAbderrahmane a été acteur, réalisateur et metteur en scène de plusieurs films et pièces de théâtre, mais il ne nous a laissé qu’un seul roman, un petit bijou publié de manière posthume qui prouve qu’il y avait en lui un véritable écrivain. Le Café Maure est à la fois un roman d’apprentissage, un roman historique et un roman politique.

L’apprentissage est celui d’un jeune adolescent, Fekkir (nom qui signifie pauvre en arabe), orphelin recueilli par la philanthrope Lalla Hlima (qui porte le prénom symbolique de la nourrice du prophète Mohammed). Fekkir apprend à travailler, découvre l’amour et s’imprègne des fondements de la politique dans le Café Maure où il est chargé de diverses corvées avant de remplacer le cafetier lui-même.

L’histoire est celle de l’Algérie colonisée. On devine que le récit se situe peu avant les mouvements indépendantistes mais le chergui . . .

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Si on pense d’abord aux Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, c’est vers Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche que s’échouent nos pensées à la lecture de Salone.

À l’origine, l’histoire de Kaanda, protégeant son bébé Ezzi. Envoyés vers le Brésil à bord d’un négrier, puis libérés au milieu de leur traversée. Ils seront transplantés en Sierra Leone, là où étaient redirigés les esclaves affranchis. Or le pays est rongé par une bande d’arrivistes ; la ville de Salone, salie par deux fléaux : la corruption et la contrebande de diamants. Roman choral aux motifs récurrents, Salone morcelle les points de vue. Les époques se succèdent, tout comme les personnages. La mosaïque prend forme.

Laurent Bonnet pose un regard lucide sur une réalité sociopolitique des plus complexes. Il arrive à traduire le . . .

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Combustio ou combustion en catalan. Le feu, la flamme, le brasier ou l’incendie. Gilles Jobidon place au cœur de cette thématique le Grand Incendie de Londres de 1666, le peintre irlandais Francis Bacon et la fabuleuse technique picturale de Georges de La Tour, le peintre des nuits.

Petites histoires et grande histoire, monde étrange des artistes et des Circassiens, voyages dans le temps et de par le vaste monde, un méli-mélo attend le lecteur. Paris, Londres ou Buenos Aires ; Combustio se développe en de nombreuses péripéties, plus ou moins parallèles, et une pléiade de personnages. Ce qui n’en fait pas un livre facile.

L’auteur a bâti son intrigue – ou mieux ses intrigues – comme des poupées russes, ces poupées gigognes appelées matriochkas. Ou comme un livre à tiroirs. L’archéologue Jane Dix, un des personnages principaux de Combustio, ne dit . . .

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« Je ne suis pas de la race dont la vie fait des livres », affirme le narrateur, Paris Dumauriac, un écrivain de 35 ans qui ambitionne d’écrire un best-seller de 400 pages intitulé 400 pages. C’est peut-être vrai au départ, car sa vie n’offre d’abord rien de remarquable. Auteur d’ouvrages qui ont fini sur les tréteaux d’invendus à la foire aux livres du Vieux-Port, il habite un modeste appartement de l’avenue Papineau avec sa demi-sœur Lisbonne, qui l’affriole avec sa manie de circuler en petite tenue. Son univers va du billard Chabot et du bistrot Bernard jusqu’au dépanneur Accommodation Saö-Wing, tenu par le Laotien inventeur du « pâté indochinois ». En plus de la chienne Nimportekelle, les êtres qui font partie de la vie de Paris sont plus ou moins « épivardés » eux aussi : Lambert-Louis alias « L2D2 », un fonctionnaire qui fait également office de critique littéraire respecté ; Robert-Henry alias « Blueberry . . .

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L’écrivaine franco-ontarienne Maire-Andrée Donovan a été récompensée par plusieurs prix littéraires, dont le prix Émile-Ollivier 2006, le prix Champlain 2006 et le Prix des lecteurs Radio-Canada en 2005, pour son œuvre Les soleils incendiés, parue en 2004. Deux parutions et près de sept plus tard, elle reprend la plume, plus intense que jamais, et enrichit son récit initial d’une histoire : À l’ombre du silence.

Le livre raconte le temps qui file et les vies qui se perdent dans les non-dits et les souffrances qu’on enterre avec les jours qui passent. Les retrouvailles et les départs les plus déchirants sont la source des plus grandes émotions chez Donovan. Dans les deux récits, la narratrice porte d’abord un regard de petite fille sur la vie dans tout ce qu’elle a d’incompréhensible et d’incontrôlable. Puis une femme dans la cinquantaine fait . . .

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Chrystine Brouillet n’a plus besoin de présentation. Auteure reconnue aux quatre coins du Québec pour ses polars, elle a inspiré quelques cinéastes, notamment avec son roman Le collectionneur. On l’entend aussi sur les ondes de Radio-Canada, on la voit à la télévision et on la lit dans les magazines, dans son rôle de chroniqueuse gastronomique, son violon d’Ingres. Elle s’est surtout fait connaître dans les années 1990 avec sa trilogie historique Marie Laflamme et par ses romans jeunesse édités à La courte échelle. Mais aujourd’hui, l’auteure a plutôt délaissé le jeune public pour se concentrer sur sa série policière avec Maud Graham, une inspectrice à la Ville de Québec. En 2012, Brouillet nous présente La chasse est ouverte, la onzième enquête de son personnage, qu’elle décrit en entrevue comme son amie.

Dans ce roman, un . . .

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Rares sont les romanciers et bédéistes québécois qui se sont essayés à créer un superhéros local, voire national, et avec raison. Un Captain québécois arborant fièrement une fleur de lys sur son torse musclé serait parfaitement ridicule. En ouvrant Monsieur Électrique, j’avais donc peur, peur de tomber sur l’une de ces mauvaises imitations des bandes dessinées, comics et histoires de superhéros qui ont marqué notre imaginaire d’enfant et continuent de travailler celui de l’adulte. Crainte non justifiée : Monsieur Électrique sait séduire, ne serait-ce que par les nombreux (trop nombreux ?) passages didactiques où le narrateur s’applique à exposer l’historique de la bande dessinée, voire la sociologie du personnage costumé et de ses super-pouvoirs.

Samuel, le narrateur de Monsieur Électrique, cinquième roman de Jean-Marc Beausoleil, est professeur de français au Shakespeare College. Fraîchement . . .

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L'Adriano de L'heure bleue (Trois-Pistoles, 2011) reprend du service. Toujours friand de mets italiens, toujours en quête d'une plus belle aquarelle, toujours lié malgré lui à une tribu de mafiosi, il change pourtant. Son art, il le destine maintenant à la planète entière. Il séduit les femmes autant qu'avant, mais il en est plus tôt séparé, parfois par leurs emportements, parfois par les siens. Ce qui adoptait dans L'heure bleue la tonalité de la découverte et de la ferveur candide suit désormais le rythme alangui de la persistance ou celui, aux antipodes, de l'impatience. Le temps a filé et la maturité s'appesantit.

Cet Adriano que la vie traite maintenant en vétéran, Francine Allard n'allait pas en faire un plaignard ou un aboulique. Elle préfère accélérer le rythme, substituer plus rondement les visages aux visages et les décors aux décors . . .

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Mayonnaise, centré sur la figure de Richard Brautigan, est le deuxième roman d’une trilogie intitulée 1984 ayant commencé avec Hongrie-Hollywood Express (à propos de Johnny Weissmuller, interprète de Tarzan). Ce roman est une perle, un grand plaisir de lecture à l’érudition jamais appuyée, où la justesse des métaphores, des analogies s’accompagne d’un sens inné de la chute et d’une grande inventivité dans l’expérimentation littéraire (listes, fragments, chapitres construits autour de citations, imbrication des parties) tout en conservant une limpidité dans la forme. En insistant sur la petite histoire, en misant sur la force du superflu, de l’anecdotique, en puisant dans la culture cinématographique, en multipliant les reprises, les retours, en prolongeant la valeur de coïncidences ou d’objets, Éric Plamondon tourne autour de la carrière de Brautigan, le dernier des écrivains beatniks, procède à une analyse littéraire d . . .

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Ce récit incisif, qui se lit d’une traite, entraîne le lecteur dans l’univers aigre-doux d’Aïcha Saint-Pierre, une adolescente montréalaise qui pourrait passer pour une proche parente de Bérénice dans L’avalée des avalés ou de Momo dans La vie devant soi. Face à une interlocutrice non identifiée (probablement une travailleuse sociale), qui écarquille les yeux mais qui ne pipe jamais mot, Aïcha, treize ans, fait le récit de ses amours – réelles ou imaginaires ? – avec Baz, un adulte de deux fois son âge. Cet amour en ravive un autre : celui qui liait la fillette à son beau-père, Hakim, qui savait si bien la caresser… Mais la mère d’Aïcha avait estimé cette proximité inconvenante et montré la porte à Hakim. Depuis, Aïcha la déteste passionnément et s’enfonce dans une solitude adoucie par ses seules « amies », Johannie et Mélissa – deux prostitu . . .

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« Qui de nous deux / Partira le premier », chante Marc Ogeret. Refrain qui a fourni son titre et l'épigraphe au récit de Gilles Archambault. Sa compagne étant morte après plus de cinquante ans de vie commune, il est celui « [q]ui de nous deux, / Restera le dernier / À regarder le ciel, / Tout au long des années », comme le dit encore la chanson. Le narrateur mesure l'étendue du vide et la profondeur du désarroi qui le tourmentent. Il se dit amputé, survivant, terrassé et, même, inoculé d'une tristesse qui jamais ne s'atténuera.

Deux semaines après le décès de sa conjointe survenu le 26 décembre, Archambault raconte au jour le jour la grande déchirure, et ce, jusqu'au 10 mai, trois jours après l'inhumation du corps et la date anniversaire de leur mariage. Fidèle à lui-même, l'écrivain ne se départit cependant pas de . . .

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Inventaire de l’atelier : ces mots invitent celui ou celle qui aborde le dernier ouvrage de Louise Warren à explorer son lieu de travail, certes, mais surtout à l’accompagner au fil de la gestation d’un écrit et de sa fabrication. Dès les premiers fragments, le lecteur convié dans l’atelier aux heures où l’écrivaine s’y trouve peut l’écouter penser. Elle s’attarde aux objets qui s’offrent comme filons à suivre. Elle se poste à la fenêtre pour regarder la lumière se répandre sur le lac. Par ses mots, ses images, elle introduit son hôte dans le vif de l’émotion subtile que le spectacle soulève en elle. Puis elle repasse avec lui le seuil de l’atelier, quitte la maison pour le bois, la ville ou le studio d’une peintre à Budapest.

L’atelier déborde ses limites physiques. Le lieu où se forge l’écrit est cet espace de recueillement qu’il nous est donné de d . . .

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Dans la polarisation sociopolitique qui se dessine au Québec depuis quelque temps et qui a connu un certain apogée au cours du « Printemps érable », on sent que les tenants de la droite bénéficient d’un argumentaire qui, pour simpliste qu’il puisse paraître à d’aucuns, s’avère bien huilé grâce à un discours développé et ressassé depuis maintenant de nombreuses années, d’abord aux États-Unis et dans l’Ouest canadien, et maintenant au Québec avec certains animateurs radio, chroniqueurs et commentateurs de l’actualité qui martèlent leurs revendications libertaires et leur dénonciation d’un État trop présent et maternant. Devant eux, la gauche ne semble avoir à opposer qu’un discours plein de bonnes intentions mais vieillissant et qui peine à trouver des arguments rationnels. C’est ainsi que certains intellectuels cherchent à renouveler le discours de la gauche en réarticulant directement leurs arguments en réponse à ceux du néolibéralisme.

C’est dans cette optique que les . . .

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Il n’est pas fréquent qu’un journaliste québécois, travaillant au surplus pour une agence de presse étrangère (ici l’Agence France-Presse, AFP), ponde un livre de correspondant étranger dans un des pays les plus difficiles du monde. En effet, les passionnés lisent en général des ouvrages de journalistes britanniques, français ou américains, qui sont quasiment les seuls à nous donner accès à l’actualité des points chauds de la planète.

On ouvre donc le livre de Guillaume Lavallée avec le plus grand intérêt, et le résultat ne déçoit pas, au contraire, et ce, d’autant que la réalité fort complexe de ce pays mérite mieux en effet que de courts reportages. Correspondant de l’AFP au Soudan, l’auteur a été aux premières loges d’un des grands bouleversements des dernières années, soit l’accession en 2011 du Sud-Soudan à l’indépendance, devenant ainsi le 54e . . .

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En mai 1860, quand il est choisi pour représenter le nouveau Parti républicain aux élections présidentielles de l'automne, Abraham Lincoln se voit propulsé à la tête d'une coalition regroupant des mouvements politiques divers (Parti whig, Parti démocrate, Free Soil Party, etc.), réunis autour d'un idéal antiesclavagiste commun. Pour fédérer ces différentes forces politiques afin de sauver l'Union – son élection ayant de facto entraîné la sécession des États sudistes –, Lincoln aura le coup de génie de réunir dans son cabinet quelques-uns de leurs principaux chefs. C'est l'histoire de cette coalition d'adversaires politiques qui est au cœur du livre de Doris Kearns Goodwin intitulé en anglais Team of Rivals, The Political Genius of Abraham Lincoln.

Abraham Lincoln, L'homme qui rêva l'Amérique n'est donc pas une biographie au sens classique du terme. Après . . .

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En typique homme de gauche, le poète, essayiste et humaniste Paul Chamberland jette un éclairage puissamment révélateur et révoltant sur le fonctionnement vicieux et ravageur du monde actuel et dans le même souffle propose des solutions d’une totale impertinence pour y remédier.

Dans sa puissante démonstration du règne des marionnettes, l’auteur expose d’abord les péripéties de la contestation étudiante québécoise du printemps et de l’été 2012 et dénonce la violence stérile, législative, policière et médiatique des tenants de la loi du plus fort à laquelle les potentats libéraux, ces minables exemples de gérants serviles de la déliquescence au service du capitalisme financier, ont eu recours pour résoudre la crise. Déjà dans cette première partie, sont décortiqués quelques éléments de la logique du système mondialisé d’exploitation et de domination qui aliène tous les humains de la terre sous l . . .

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Ordonné prêtre en 1832, Joseph-Sabin Raymond (1810-1887) a passé sa vie à enseigner la rhétorique, la littérature, la philosophie et la théologie au Séminaire de Saint-Hyacinthe, dont il fut aussi le préfet des études et le supérieur. Les Entretiens sur l’éloquence et la littérature de Joseph-Sabin Raymond, qui sont ici publiés pour la première fois, ont été « rédigé[s] selon toute vraisemblance entre l’automne 1832 et l’été 1834 » et constituent « l’ouvrage de critique littéraire, de réflexion rhétorique et de théorie esthétique le plus important du premier XIXe siècle québécois ». Cette « œuvre de jeunesse » restée inachevée incarne la réaction religieuse et littéraire de l’auteur à la philosophie des Lumières et à la Révolution française.

Les Entretiens utilisent le procédé classique d’échanges entre des interlocuteurs identifiés . . .

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Dans l’art des titres concis, deux romanciers se démarquent cette année : Jean Echenoz avec 14 et Philippe Djian avec “Oh…” Dans le cas de Djian, l’audace (ou le pied de nez) ne se limite pas au choix d’une interjection (qui plus est, ambiguë à souhait) : l’auteur, qui a récolté le prix Interallié avec ce livre, a tenu à utiliser des guillemets anglais.

Ce roman aurait tout aussi bien pu s’intituler « Imbroglios », car c’est un enchevêtrement de situations compliquées et de mauvaises décisions qu’il relate. On y suit Michèle, la narratrice, une Parisienne d’âge mûr qui mène une florissante carrière de productrice de cinéma. Elle vient tout juste d’être violée chez elle par un homme qui se met ensuite à lui envoyer des messages. Plutôt que de se recroqueviller dans la peur ou de tenter de traîner son agresseur en justice, Michèle . . .

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On se souviendra de L'iguane, premier roman de Denis Thériault, plusieurs fois primé et gagnant du Combat des livres à Radio-Canada en 2007. Le romancier, diplômé en psychologie de l'Université d'Ottawa, revient cette fois avec un roman des plus ambitieux, un ingénieux montage. L'histoire nous invite dans la bande des Cinglés, qui squattent un édifice désaffecté de Montréal. Des caractères singuliers bien campés, que l'on ne s'attendrait guère à voir se fréquenter, sont liés pour une question de survie. On y trouve la douce et muette Emma, Aude, chef de la tribu par les yeux de qui passe la narration et sœur de l'artiste mythofile, Ozzy, et le vieux prof alcoolo surnommé Proust ; sont aussi de la bande, le pansu, Mollusque, et son chien, ainsi que Raoul, le nain exhibitionniste, auxquels s'ajoutent l'Autochtone Matsheshu et le guerrier tatoué Frigon. Huit marginaux aux intér . . .

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Abdellah Taïa est une star montante de la littérature marocaine de langue française. Son homosexualité déclarée publiquement en fait une figure de la transgression et du scandale dans son pays d’origine, mais le jeune auteur est surtout un écrivain de talent qui le prouve à merveille dans Infidèles.

Abdellah Taïa est de son temps et joue à merveille des multiples enchevêtrements de l’autobiographie et de la fiction dans ce roman polymorphe qui hésite entre poésie et prose, entre l’histoire terrible du Maroc des années 1980 et la fable d’une prostituée trouvant l’amour dans les bras d’un Belge et réinventant l’islam grâce à cette affection nouvelle. Mais le roman est d’abord celui du fils de cette prostituée plongé dans les affres du métier infamant de sa mère, puis découvrant, grâce à elle, un soldat, père d’adoption mais amant aussi à l’occasion. Quant . . .

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Guildor Michaud est originaire du Nouveau-Brunswick et a fait carrière dans le monde de l’éducation, au Québec. Noooooon !, son troisième roman, débute en 1942. Il y raconte la vie d’une famille acadienne habitant le rang Price, à Drummond. Le père, Joseph-Étienne Sirois, est un cultivateur prospère bien connu dans sa communauté. Il est un esprit libre et n’hésite pas, lorsqu’il est question de s’opposer aux injustices, à tenir tête au curé et aux mauvaises langues. Il encourage même sa fille, Jacqueline, plus souvent appelée Jopette, à poursuivre des études au collège afin de devenir médecin, en plus de lui offrir des cours de piano. Pour sa part, sa femme, Melda, accorde beaucoup d’importance à l’opinion populaire et ne peut résister à l’autorité cléricale.

Tout semble bien aller chez les Sirois, mais un drame se prépare. Le fils aîné, Lonzo, grand et fort comme un b . . .

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Troisième ouvrage de Josée Marcotte, faisant suite à deux publications numériques – Marge (2010) et La petite Apocalypse illustrée (2012) –, Les amazones est un roman singulier. D’abord, par sa brièveté (il fait dans les 80 pages), ce qui l’apparente davantage à une « novella » qu’à un roman au sens traditionnel. Ce texte est singulier, également, par sa composition : il se divise en 47 chapitres, très courts (longueur moyenne : une page) et coiffés, en guise de titres, de noms d’amazones : Morphale, Psychéra, Mamika… La singularité de l’opus provient, enfin, de son rapport à l’intrigue. Au lieu d’aborder le récit de front, le texte construit une histoire à travers une succession de portraits ou de micro-récits. Marcotte s’est visiblement inspirée de Volodine et de sa technique du « narrat », c’est-à-dire un fragment narratif servant à fixer une situation, une émotion ou un conflit donnés.

Pour sa . . .

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Une belle découverte que ce recueil de Jonathan Locke Hart, deuxième à paraître en français aux éditions du Noroît après Apostrophes (2001). Cette poésie ample et descriptive ressemble en plusieurs points à celle du Québécois Louis-Jean Thibault, surtout dans son dernier recueil, Reculez falaise, mais aussi dans Géographie des lointains. L’un comme l’autre, ils évoquent avec distance et humilité jusqu’à leur univers intime par le truchement de l’espace extérieur qui agit comme un miroir. Chaque poème est un paysage avec ses avant-plans, ses frontières, ses flous. Chez Hart, qui est plutôt inspiré par la nature, il est fait de lacs, de bois, de mers ; autant d’éléments qui se transforment sous le regard interrogateur du poète, comme si, à force d’être scrutés, ils perdaient de leurs qualités. Plus souvent ils finissent par s’émietter et disparaître . . .

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Il suffit de plonger son regard dans la profondeur des eaux pour y retrouver l'épaisseur du temps. Ce qu'on y découvre n'est déjà plus qu'une mémoire passée au prisme des eaux : visages déformés, gestes noyés, paroles troubles. C'est un peu l'entreprise tentée par Dominic Langlois à travers ce recueil.

On entre d'abord dans l'espace intime d'une enfance encore chargée de larmes retenues et qui fuit, goutte à goutte, infligeant son supplice à celui à qui la mémoire revient peu à peu. Avec ce passé qui émerge par bribes nous parvient une seconde voix qui interrompt à certaines occasions le poème, souvent dans un langage très cru. Cette voix, difficile à cerner, autoritaire et dure, pourrait être celle de la mère : elle se pose comme un obstacle entre cet espace étouffé de l'enfance, avec son cadre religieux et ses regrets refoulés, et cet autre espace plus ouvert qu'est la rue, qui appelle le . . .

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« C’est le XXe siècle, le siècle du chien soldat. Ils sont ballottés comme des ludions. » Ces phrases, qui reviennent à plusieurs reprises dans le roman du jeune écrivain japonais Hideo Furukawa, né à Fukushima, évoque la passionnante épopée en même temps que la tragédie de l’instrumentalisation par les hommes de la gent canine. Car avant de devenir animal de compagnie, le « meilleur ami de l’homme » a trimé dur depuis le paléolithique.

Ici, c’est une race récente qui tient la vedette, à savoir le berger allemand. La grande aventure commence en 1943 sur une île japonaise. Quatre chiens sont abandonnés par l’armée nippone la veille d’une attaque américaine. Ils passent alors de maître en maître, dans une « destinerrance » mettant en lumière, à travers le déploiement de généalogies complexes, leurs incroyables stratégies de survie, leur loyauté et leur courage se voyant toutefois constamment trahis par les humains. Qu’à cela . . .

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Dans 14, Jean Echenoz s’intéresse à une matière différente de celle qui a inspiré ses romans les plus récents. Alors que Ravel, Courir et Des éclairs étaient centrés sur des vies réelles – celles d’un compositeur, d’un sportif et d’un scientifique célèbres –, le dernier livre d’Echenoz met en scène des personnages totalement inventés. L’auteur pose toujours un regard rempli d’empathie sur ses semblables, mais cette fois-ci, il revient à des êtres ordinaires. Dans un style laconique, la quatrième de couverture fait allusion à ces figures anonymes, à leur destin et aux liens qui les unissent : « Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état ».

Par ailleurs, l’intérêt du roman ne réside pas que dans le potentiel dramatique de . . .

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Certains textes apparaissant en quatrième de couverture étonnent, parfois par l’enflure du propos, parfois par l’hermétisme qui s’en dégage et qui, sans doute, cherche à titiller l’esprit du badaud qui saute d’une couverture à l’autre comme on le fait, à d’autres moments, d’une plage d’un disque compact à l’autre. Ce livre vaut-il qu’on s’y arrête vraiment ? Qu’on y consacre quelques précieuses heures de nos vies déjà remplies par le trop-plein ou le vide de nos existences effrénées ? Sans nul doute. Le propos est d’emblée énoncé avec clarté, et la plongée qui s’ensuit ne décevra pas le lecteur attentif aux subtilités sociolinguistiques que l’auteur se plaît à dépeindre avec un plaisir constamment renouvelé, un plaisir méticuleux, voire malicieux dans sa recherche du détail qui transforme une banalité du langage en perle de culture. « Traquant les apparentes banalités de nos discours, nos . . .

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Mon bruit, Grand Prix Quebecor du Festival International de la Poésie 2012, est le dernier volet de la puissante trilogie Les chroniques de l’effroi de Normand de Bellefeuille, amorcée par Mon nom, que suit Mon visage. L’engouement général à l’égard de cette suite d’œuvres est bien mérité ; l’auteur atteint ici des sommets de pureté et de vérité.

Le bruit, mon bruit, prend sens par rapport au nom et au visage, qui sont, dit le poète, « des servitudes sans fin », « des territoires d’inachèvement », comme la parole. Le bruit, lui, est réconciliation avec le monde parce qu’il se tient hors du dire. Le bruit, mon bruit, c’est celui que font les fruits bien mûrs, les forêts, ces choses qui nous mènent vers la lenteur. « Vieux / on ne sourit plus / qu’aux bruits minuscules . . .

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Le deuxième titre de Nicolas Charrette, Chambres noires, suinte le mal-être d’un trentenaire. Sans apitoiement, le narrateur dissèque ses problèmes d’alcool. L’auteur de Jour de chance réussit à ne jamais étouffer son lecteur dans le marasme individuel évoqué. Au contraire, la justesse de l’écriture, sa sobriété un tantinet paranoïaque, si on me permet l’oxymore, font en sorte que surgit de ce délire éthylique une parole crue et lucide.

Le roman met en scène Victor, un photographe alcoolique, qui s’adresse à Nina, une amie éloignée, à travers un journal qui ne se rendra pas à l’interlocutrice. Dans ces entrées disparates, écrites au gré des urgences, des moments de lucidité et de courage, le narrateur pense sa situation, donne une forme à ses pulsions, à son amertume de rechuter dans l’alcool sans être en mesure d’arrêter, malgré une perspicace compréhension du . . .

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Quel bel hommage à l’inoubliable Louky Bersianik, décédée en 2011, que ce numéro double de L’Action nationale qui lui est entièrement dédié. Une trentaine de témoignages d’amour, d’amitié et de respect y ont été rassemblés avec affection par les écrivaines Élaine Audet, Andrée Ferretti et France Théoret. L’amie et sculptrice Claire Aubin a aussi été mise à contribution, dont la reproduction gratuite de son buste de Bersianik (2010) orne la couverture de la revue.

Née à Montréal en 1930, Lucile Durand – ou Louky Bersianik, patronyme qu’elle s’était choisi – est principalement connue pour son roman L’Euguélionne, publié en 1976 dans la foulée de l’Année internationale de la femme. Considérée comme le premier grand roman québécois d'inspiration féministe, la fresque allégorique est, selon le témoignage percutant de Marie-Claire Blais, « un univers d’images qui . . .

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Le recyclage fait dorénavant partie de nos vies. Son importance sur le plan écologique, notamment en ce qui a trait à la préservation des ressources naturelles, n’est certes plus à démontrer. Il en va toutefois un peu autrement de ce qu’on peut appeler le « recyclage culturel », souvent déconsidéré depuis l’époque moderne en vertu d’un idéal de nouveauté et de créativité. Dans son ouvrage, Philippe St-Germain nous invite pourtant à prendre conscience du fait que la culture est profondément marquée par le recyclage. Son objectif n’est pas de proposer une méthode d’analyse propre à rendre compte de ce recyclage, ni d’effectuer un classement précis des innombrables et subtiles formes qu’il peut prendre, mais plutôt d’aider à mieux comprendre ce phénomène en examinant certaines pratiques à travers lesquelles il se déploie plus particulièrement (par exemple, l’adaptation, la traduction, l’influence, le plagiat, le montage, le portrait et la caricature, la d . . .

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Dominique Rankin est chef héréditaire et homme-médecine algonquin. Très jeune, il a été reconnu par les anciens de son peuple comme étant un enfant différent, qui devait connaître un destin singulier. En effet, aujourd’hui, il parcourt le monde « à l’invitation des peuples de toutes les nations ». Et, « [le] voilà aujourd’hui dînant avec des princes et côtoyant les Prix Nobel de la paix ». Son nom spirituel, Kapiteotak, « celui qu’on entend chanter de loin », laissait présager qu’on voudrait ainsi entendre sa voix aux quatre coins du globe. En collaboration avec la journaliste et apprentie femme-médecine Marie-Josée Tardif, il livre dans On nous appelait les Sauvages un vibrant et poignant témoignage sur son parcours et sur celui de son peuple.

C’est en s’inspirant de la légende des « Sept Feux » que Dominique Rankin raconte sa vie. Même si l’existence de cette légende ne lui a . . .

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On referme ce livre tout admiratif devant la résilience du genre humain. Car ce qu’a vécu cet auteur, et sa famille, est quasi inimaginable pour le citoyen lambda canadien, tout repu de son confort et passant une grande partie de son temps à tenter de le bonifier jusqu’à plus soif.

Fuyant la folie meurtrière qui a cours au Rwanda à partir de 1994 et qui oppose les Hutus extrémistes aux Tutsis et aux Hutus modérés, ce citoyen d’ethnie hutu décrit la fuite incroyable de sa famille et de ses proches dans une Afrique centrale presque en tout point similaire à la description de Joseph Conrad dans Au cœur des ténèbres.

Un très long parcours donc, parsemé d’embûches innombrables, où la mort par balle ou par maladie n’est jamais loin. Un exil forcé fait de périodes de sédentarité où la survie passe par la multiplication des petits boulots et le marchandage constant . . .

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Chasing Mammon, la version originale de Combien ?, a d’abord été publiée à Londres, en 1992. Il aura donc fallu attendre pas moins de vingt ans avant que paraisse la traduction française. Pourtant, cet ouvrage est toujours d’actualité. Douglas Kennedy ne se trompe pas lorsqu’il écrit : « Oui, Balzac avait raison : considérez n’importe quel couple marié, n’importe quelle famille, et la plupart des drames que vous découvrirez auront pour ressort l’appât du gain, la soif de s’enrichir ».

Au moment où il a écrit Chasing Mammon, Kennedy n’était pas encore le romancier à succès qu’il est devenu. Il était sans le sou et ne s’y connaissait pas en investissements et en marchés des actions. Mais il était curieux à propos de l’argent et de la richesse et déjà fin observateur des pulsions humaines. Les informations qui ont servi de matière première à son essai . . .

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L’éditeur nous prévient que cet ouvrage, à l’usage du voyageur français circulant au Québec, se devait d’être écrit par un Français. Celui-ci n’a pas été choisi au hasard. Il s’agit de Jacques Bertin, familier du Québec et auteur d’une biographie de Félix Leclerc.

Ce petit manuel pratique, qui fonctionne selon l’ordre alphabétique, ne fait pas double emploi avec les lexiques existants, imprimés (Assimil) ou en ligne (dufrancaisaufrancais.com). Son ambition est tout autre.

Le visiteur trouvera la traduction de termes courants, surprenants à la première audition, comme baveux, bibite, la malle, être tanné, se tasser…, ne s’offusquera pas qu’une petite fille joue avec sa catin ou, qu’en hiver, on lui propose une paire de claques.

Au fil de ses déplacements, il trouvera des renseignements sur la géographie du Québec, ses richesses naturelles ou . . .

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L’œuvre d’Antonin Artaud est sans contredit l’une des plus imposantes, des plus troublantes à avoir jamais été publiées. Parce que sa parole, tantôt souffrante, tantôt exaltée, est profondément, cruellement vivante, soufflante, charnelle. Elle mord, crache, saigne et sue. Elle sécrète de l’intelligence pure, brute et crue. Et, pour cela justement, elle dérange, effraie. Et, pour cela justement, on l’a qualifiée de folle. Affaire classée.

Et pourtant non. Voilà que, pour la plus grande joie des lecteurs d’Artaud (et des lecteurs tout court), paraît, chez Lévesque éditeur, un livre étrangement attrayant, au titre mystérieux : Une estafette chez Artaud. Son auteur : Nicolas Tremblay. Son histoire : celle d’une rencontre, d’un savoir, d’un choc langagier. Celle de Nicolas Tremblay, mort en 2015. Celle de son « histoire » avec l’œuvre d’Artaud, relatée par sa descendance. En effet, quelques générations se sont succédé depuis la mort . . .

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Après s'être abîmé jusque dans les tréfonds de la détresse humaine dans ses quatre romans précédents (en fait depuis Les sept jours du talion), Patrick Senécal a jugé qu'il était temps de s'aérer l'esprit, de rompre avec le désespoir. En écrivant Malphas, l'auteur a décidé de se faire égoïstement plaisir. Imaginez ce curieux croisement : la série télévisuelle Virginie absorbée par l'univers de Saints-Martyrs-des-Damnés, l'étrange film de Robin Aubert…

Le cégep de Malphas, situé à Saint-Trailouin, accueille la lie du réseau collégial québécois, dont le prof déchu Julien Sarkozy. Assumant pleinement les symptômes psychotroniques de sa proposition, Senécal glorifie le grotesque, l'hénaurme. Des personnages unidimensionnels, définis caricaturalement. En misant sur le ridicule et l'humour peu subtil des dialogues, il . . .

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D'un roman à l'autre, le Turc laïque Orhan Pamuk nous invite à découvrir l'histoire, les ruelles et l'âme de son Istanbul bien-aimée. La cité mythique, vieille de 2500 ans, se confond ainsi avec l'auteur du Musée de l'Innocence, tous deux à cheval entre Europe et Asie, entre Occident et Orient, entre modernité et tradition.

Est-ce le bonheur ou le malheur que raconte ce récit de plus de 600 pages ? Doit-on se réjouir ou se moquer de la saga amoureuse de son narrateur, le riche bourgeois occidentalisé Kemal Basmaci, dit Kemal Bey, dont la passion pour la belle Füsun s'étale sur 30 ans ? « C'était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas », affirme-t-il dès l'ouverture. Kemal connaît des moments de ferveur et de tendresse : « Désormais ma vie est liée à la tienne, dit-elle à voix basse. Cela me plut et m'effraya en même . . .

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C’est un magnifique cadeau que les éditions Alto font au lectorat francophone en lui rendant accessible l’œuvre de Margaret Laurence (1926-1987), tenue au Canada anglais pour l’équivalent d’une Gabrielle Roy. Avant 2008, année où Alto a entamé la publication du Cycle de Manawaka – série de cinq romans qui forme le grand œuvre de la romancière manitobaine –, le lecteur francophone n’avait guère qu’une traduction de L’ange de pierre vieille d’une trentaine d’années (mais tout de même signée Claire Martin) et dUne divine plaisanterie (Joëlle Losfeld, 2006) à se mettre sous la dent.

Une maison dans les nuages relate le séjour au Somaliland effectué par la romancière de 1950 à 1952 pour accompagner son mari ingénieur, chargé d’y superviser la construction de réservoirs d’eau . . .

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Les éditions de L’Oie de Cravan nous offraient au printemps dernier deux livres aux couvertures fort attrayantes, écrits par des écrivains français réinventant pour l’un le récit de voyage et pour l’autre le recueil d’aphorismes.

Dans Passage public, on suit Joël Gayraud dans ses errances à travers de grandes et moins grandes villes d’Europe – Prague, Rome, Uzerche en Corrèze –, et surtout Paris, dont il semble connaître les recoins les plus singuliers. Ainsi nous amène-t-il dans ce parc de l’enfance, le square d’Anvers, à une époque où les jeux tenaient plus du théâtre que de la performance, ou dans cette rue Sigmund Freud, entre le XIXe arrondissement et la banlieue, sorte de no mans land ignoré par les graffiteurs mêmes, repaire de sans-abris et de tout ce que la société refoule. Ballades, donc, géographiques, mais aussi politiques, sociales, parfois surréalistes ; on pense . . .

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Des êtres – on n’ira pas jusqu’à les qualifier d’humains –, les Baldwin, sont à même de se métamorphoser par la seule modification de leur ADN : ce sont les enfants lumière, une sorte de résultante imprévisible du concept d’identité variable…

À en croire son nouveau roman, Les enfants lumière, la conception de Serge Lamothe de la posthistoire est apparemment plus proche d’une certaine mythologie du futur que de l’anticipation plausible. Le risque avec ce genre d’excentricité esthétique, c’est que le projet ne dépasse guère le stade de l’exercice de style désincarné et qu’il ne demeure qu’un baroque objet de curiosité. Paru chez Alto, ce roman à la fois festif et cérébral est caractérisé a priori par une virtuosité linguistique, une inventivité exacerbée en raison de l’exposition d’un imaginaire surréel fantaisiste qui n’est pas sans rappeler le Vian des premi . . .

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Le nouveau roman d’Emmanuel Kattan est une quête des absents qui devient quête de soi, grâce à des chemins personnels, libérés de tout tracé préalable, à des « lignes de désir ». De Montréal à Jérusalem, le récit oscille entre un passé individuel rempli de souvenirs d’enfance et un présent envahi par l’histoire collective d’un espace social déchiré. Première absente, Sara, jeune étudiante en anthropologie, de père juif et de mère musulmane, disparaît à Jérusalem ; son histoire ouvre le texte sur un ton de polar. Le lecteur a tôt fait de se rendre compte que l’enquête policière est un fil directeur trompeur, prétexte à une description de vies multiples en cette ville où chacun est sommé de choisir son camp.

Un autre absent recherché dans cette œuvre originale est Dieu. Plusieurs personnages aspirent à le retrouver, mais seule une démarche libérée des contraintes de religions exclusives et qui r . . .

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Histoire à suspense : Qui raconte ? Qui est l'aviateur fugitif caché dans ce tuyau d'un bateau de guerre qui amorce la traversée de l'Atlantique vers Halifax ? En quoi serait-il objet de honte pour ses parents ? Et ses deux sauveteurs, Tranché mince et Chou frisé, tous deux marins sur le Cowichan, qu'est-ce qui les motive ? L'histoire nous tient en haleine, la romancière ayant su semer des indices avec habileté, de sorte que la lecture s'avère ludique. Elle aura toutefois eu soin de prévenir son lecteur, dès l'incipit, que «[l]es événements ne s'enchaînent pas, ils sont des points isolés qu'on relie désespérément par des traits pour créer des formes. »

Car ce qui suscite la plus grande admiration, dans ce premier roman de Judy Quinn, lauréate du prix Robert-Cliche 2012, c'est la manière, justement, l'écriture, cette sp . . .

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En 2014, un gouvernement majoritaire formé par le Parti québécois dirige le Québec. Un improbable vice-premier ministre de la province, Georges Normandeau, est parachuté dans la fonction de premier ministre par la mort subite de son prédécesseur. Peu après son entrée en fonction, il décide de tenir un troisième référendum sur l’indépendance. Ce sont là les prémices de Voir Québec et mourir.

À la surprise de plusieurs, la nouvelle consultation de la population québécoise se solde par une victoire du oui. Résultat que le premier ministre du Canada, Jonathan Roof, refuse d’accepter. Débute alors, en sol québécois, une série d’agressions orchestrée par le gouvernement canadien : assassinats, attentats, occupation militaire qui mène à des carnages. Tout cela afin de forcer le Québec à demeurer dans la Confédération. La résistance armée s’organise, ce qui conduit à une véritable . . .

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On retrouve dans Gabriel Báñez, auteur argentin mort en 2009, peu connu hors de son pays, une sorte de condensé de la littérature occidentale des cent dernières années. Les grandes influences y sont évidentes, de Sartre et Camus jusqu'aux maîtres uruguayens et argentins qui l'ont précédé, notamment Juan Carlos Onetti, dont le roman Le puits semble se refléter comme en eau trouble dans Le mal dans la peau. Et si on se rappelle que Le puits a été écrit la même année que La nausée de Sartre (1938), les deux romans s'inscrivant dans la même mouvance existentialiste (liberté de choix, irrationalité de la vie, vain désir de vérité, nihilisme, présentation des événements de façon froide et séquentielle et selon un ordre qui tient plutôt du hasard que de la morale, refus de . . .

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Jean Ziegler enseigne la sociologie à l’Université de Genève. Il a été rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation de 2000 à 2008, et il est maintenant vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Dans son essai Destruction massive, Géopolitique de la faim, il s’insurge contre les facteurs qui provoquent la sous-alimentation, la faim et la mort dans plusieurs régions du monde. « La destruction, chaque année, de dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants par la faim constitue le scandale de notre siècle », dénonce-t-il. Il rappelle que « l’agriculture mondiale pourrait nourrir sans problèmes 12 milliards d’êtres humains, soit deux fois la population actuelle ». C’est pourquoi il affirme que la situation n’a rien d’une fatalité. « Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. »

Les raisons qui provoquent la destruction massive par la faim de . . .

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Jean Marro va souvent chez sa tante Catherine, l'aveugle qui vit, seule et digne, dans ses souvenirs. Il lui demande sans se lasser de raconter son enfance, là-bas à l'île Maurice, avant 1914, et comment la ruine du père l'a arrachée au paradis : un Le Clézio qui nous est familier. Nous comprenons vite que Jean est le double à peine transposé de l'auteur qui, lui aussi, se remémore et fait le point. Mais dans le récit d'une lointaine existence idyllique, il introduit peu à peu d'autres voix, des voix graves, sombres, qui viennent de plus loin encore. Entre autres celle de Jean Eudes l'ancêtre breton qui s'est joint à l'armée des va-nu-pieds pour aller défendre à Valmy la République naissante contre ses ennemis de l'extérieur. À son retour il se sent rejeté par les siens, et il part, encore tout vibrant d'esprit libertaire, avec sa bien-aimée, pour « la Maurice », à l . . .

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Certains sujets paraissent inépuisables. Maurice Duplessis, figure emblématique de l’histoire politique du Québec moderne, a donné lieu à la publication de maints ouvrages sur ses années d’occupation sans partage du pouvoir (exception faite de l’élection de 1939, remportée par le Parti libéral d’Adélard Godbout). Qu’il s’agisse d’ouvrages à caractère scientifique, universitaire ou autre, d’une pièce de théâtre ou d’une série télévisée, ils ont sans doute tous contribué à conférer au personnage une stature surdimensionnée. Tous ont livré une version tantôt élogieuse, voire adulatrice, tantôt sévèrement critique de l’homme politique et de ses réalisations. Duplessis ne laissait personne indifférent. Mais tout n’a-t-il pas été dit, analysé, critiqué sur cet homme et son péché, la soif du pouvoir, qui dirigea sa province d’une main de fer durant trois mandats successifs ? Il faut croire que non. Et . . .

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Géographe documenté et photographe pénétrant, Rémi Guertin enrichit son ambitieux ouvrage de sérieux éléments d'histoire et de sociologie. À le lire, on constate que, depuis ses origines jusqu'à nos jours, Québec peine à faire coexister son statut de capitale et la densité d'une ville habitée. Citant Lucie K. Morisset, Guertin circonscrit la question : « On peut aujourd'hui se demander lequel, de l'identité nationale du Québec ou de son paysage touristique, a le premier forgé l'autre ». Le titre est à prendre au pied de la lettre : Québec, selon Guertin, aime son statut de capitale, mais elle n'en a jamais déduit qu'elle devait peupler son centre.

Dès le départ, l'équivoque règne. Champlain aurait préféré Trois-Rivières. Coincé entre les Basques qui contrôlent le golfe et les Amérindiens dont les parcours commerciaux sont établis, il se résigne à Québec. Son successeur, Montmagny, importe de France un plan que Qu . . .

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Qu’on l’interprète comme l’émergence inespérée d’une jeunesse qui sait jouer comment combattre le nouveau capital financier, comme la sortie d’une période de latence de près de 30 ans ou comme le retour du refoulé de la Révolution tranquille, la grève étudiante qui vient de réveiller nos concitoyens s’inscrit dans la crise actuelle du capitalisme sauvage. La violence de nos politiciens au pouvoir et de leurs paramilitaires, dont les délits ont été « autorisés » par la loi 78 (imposée sous le bâillon), traduit la panique d’une oligarchie fâchée de trouver sur son chemin une résistance au carnage dans lequel elle s’est lancée.

Heureusement, même si on criminalise maintenant toute contestation, les gens descendent dans les rues, appuyés par certains intellectuels. Issu d’un colloque tenu à l’Université du Québec à Montréal en 2010 à la suite de la refondation de la Convergence des luttes . . .

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Serge Bouchard a publié une dizaine d’ouvrages, seul ou en collaboration avec son ami, anthropologue comme lui, Bernard Arcand. Il est également animateur à la radio de Radio-Canada. Son dernier livre, C’était au temps des mammouths laineux, compte 25 essais ayant déjà été publiés dans des périodiques ou dans un ouvrage collectif.

« Je suis un grand-père du temps des mammouths laineux, je suis d’une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps », affirme Serge Bouchard. C’est-à-dire qu’il est de l’époque où les draveurs sautaient de billot en billot et où le temps ne se livrait pas encore à une course contre la montre. Ses textes révèlent un homme qui chemine volontiers loin des sentiers battus : passion précoce pour les autobus du temps où ils étaient bruns et pleins de rondeurs, avant qu’ils ne soient remplacés par des véhicules « anguleux et sans âme ». Étudiant en anthropologie, il rêvait du Grand . . .

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Le patron des écuries de Griffintown est retrouvé assassiné. Tout porte à croire que le meurtre a été commandité par un mafieux ayant l’ambition de réaménager le village fantôme en complexe immobilier huppé. Or l’intérêt pour ce crime est vite relégué à l’arrière-plan. La prémisse, sordide, sert plutôt de prétexte à une étude de mœurs bien plus convaincante sur les cochers urbains.

Marie Hélène Poitras se met donc plus efficacement au service d’une intention presque documentaire : nous faire découvrir un milieu peu connu que l’auteure a eu le temps de fréquenter. Autant qu’au jargon ou aux usages des écuries, on est initié à la dynamique conflictuelle d’une véritable microsociété marginale. Sans aller jusqu’à affirmer que Griffintown est au cheval ce que Moby Dick fut à la baleine, on retrouve un enthousiasme similaire dans cet intérêt sincère pour le milieu . . .

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Dès le départ, Daniel Pennac abat ses cartes : son héros a rédigé, de son enfance à ses 89 ans, « le journal de [s]on seul corps ». Dans le but de compenser l'absence du corps dans les soucis et les conversations d'autrefois ? On pourrait le croire car, confesse le narrateur à sa fille : « […] le corps est une invention de votre génération ». Ce n'est pourtant pas si simple. En effet, prétend le journal, puisqu'on ignore toujours les « rapports que notre esprit entretient avec lui en tant que sac à surprises et pompe de déjections, le silence est aujourd'hui aussi épais qu'il l'était de mon temps ». Cela ne saurait être la conclusion souhaitée par Pennac : qu'un certain mystère colle toujours à la relation entre « le cavalier et sa monture », pour parler comme tel Ancien, c'est possible, mais comment parler de silence après Darwin et Freud ! Pennac n'est guère plus candide quand il avoue, toujours par . . .

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Astrid a plus de quatre-vingts ans alors que son amie Veronika est dans la jeune trentaine. Tout sépare les deux femmes. Leur improbable rencontre ne peut avoir lieu que parce qu’elles se sont réfugiées, l’une après l’autre, dans le même village, au nord de la Suède. Astrid et Veronika est le premier roman de la Néo-Zélandaise Linda Olsson, née à Stockholm en 1948.

Bien que leurs trajectoires de vie soient très différentes, Astrid la recluse et Veronika la grande voyageuse ont toutes deux subi de profondes blessures à l’âme et peinent à s’en remettre. Astrid entretient une haine tenace envers les hommes de sa vie. Elle a fait des tapis de leurs habits afin de garder vivante sa rancune et de la fouler aux pieds tous les jours : « Quand mon père est mort, j’ai découpé tous ses vêtements et je me suis mise à tisser. Quand mon mari . . .

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Melchior Mbonimpa imagine avec La tribu de Sangwa une forme d’utopie contemporaine fondée sur le métissage culturel, une utopie prônant des valeurs saines et un investissement désintéressé dans un humanitarisme gratifiant, où toute chance de salut passe inévitablement par le travail, l’entraide et le ciment des liens familiaux forts.

Zamba est un jeune apatride épris de la fille de Sangwa, un député influent du Kenya. Si tout sépare en apparence le réfugié de la belle Assia, les amoureux se fréquentent néanmoins à l’insu des parents de la jeune femme. La promesse pour le couple – et l’enfant à venir – d’un futur légitime au Canada où s’apprête à être accueilli Zamba est tristement compromise, jusqu’à ce que le destin tranche enfin de manière funeste, plongeant l’immigrant dans la misère. Mais la vie peut parfois réserver de bien douces surprises aux désespérés…

L’intérêt . . .

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Une mort comme rivière boucle la trilogie des Carnets de Francis, commencée en 2009 avec L’automne écarlate, qui fut suivi par Les visages de la vengeance en 2010. François Lévesque s’inspire terriblement du cinéma d’horreur pour écrire ses romans noirs. Il est d’ailleurs critique cinématographique au Devoir et pour Médiafilm. Cette passion pour les films d’épouvante crève les yeux dans Une mort comme rivière, qui est littéralement un hommage à Roman Polanski et à ses films Répulsion et Le locataire.

Dans le dernier tome de la trilogie, Francis, le personnage principal, a une trentaine d’années ; il est contraint malgré lui de revenir à Saint-Clovis, petit village sinistrement accablé de souvenirs. Habitant chez sa défunte tante pendant son court séjour, il . . .

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Stendhal, Gide, Simenon, Genet, Giono, Mallet-Joris, Besson… La liste est longue des écrivains dont certaines œuvres – parfois de grands textes, comme De sang-froid de Truman Capote ou L’adversaire d’Emmanuel Carrère – sont la transposition de faits divers. Loin de faiblir, ce phénomène semble s’être intensifié depuis quelque temps, avec des livres comme Les cœurs autonomes de David Foenkinos, Le cimetière des poupées de Mazarine Pingeot ou Belle famille d’Arthur Dreyfus. Avant de se pencher sur l’affaire Fritzl, Régis Jauffret avait donné sa vision de l’affaire Stern dans Sévère (2010), roman que la famille du banquier assassiné avait tenté, sans succès, de faire interdire.

L’affaire Fritzl donc… Elle a éclaté en 2008 et révulsé le monde entier. Josef Fritzl, un ing . . .

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Pour notre plus grand bonheur, les éditions Actes Sud publiaient récemment, en collaboration avec Leméac, La chasse aux étoiles de Hella S. Haasse. Paru en 1950 dans le journal Het Parool en 95 épisodes, le roman a conservé le rythme haletant du feuilleton et propose une suite d’événements tantôt cocasses, tantôt inquiétants (souvent les deux à la fois), où se côtoient l’appel du merveilleux et la grisaille du quotidien.

L’histoire commence un soir de la Saint-Nicolas alors que notre héros, Casper-Jan van der Sevensterre, reçoit une mystérieuse étoile de grenats accompagnée d’un poème. Sans famille et sans le sou, celui-ci entreprendra alors sa chasse, une chasse aux étoiles. Il sera également, à plus d’une occasion, lui-même pris en chasse, puisque ces étoiles sont convoitées par nombre de personnages plus intrigants les uns que les autres. Or, outre le rythme effrén . . .

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L'inspecteur Frank Parish de la police de New York est « un loser agressif, déglingué, alcoolique avec une vingtaine d'années de carrière au compteur ». Sous le coup de sanctions administratives pour une faute professionnelle dont Ellory ne révèle pas les détails, il a également l’obligation de se soumettre à des séances quotidiennes de thérapie. Entre deux plongées en lui-même, notre héros doit résoudre une série de meurtres d'adolescentes perpétrés au cours des dernières années. Dès le départ, Ellory lance en quelque sorte le lecteur sur la piste d'une double enquête.

D'abord celle que le policier mène pour résoudre l'énigme de la mort de ces jeunes filles, des orphelines tuées selon le même modus operandi. Ce qui l’amène très vite à conclure qu'il est sur la trace d'un tueur en série et que celui . . .

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Il est des auteurs dont l’écriture colle au plus près de la vie, de ses battements comme de ses arrêts subits, de ses éblouissements. Aude appartient à ces auteurs qui maintiennent nos consciences en éveil, en alerte. Éclats de lieux, son dernier recueil de nouvelles, confirme ce choix d’écriture, cette position constamment en équilibre précaire entre l’espoir et le désespoir, la révolte et l’abandon, la vie et la mort. Le but n’est pas de rester vivant, nous rappelle l’auteure en citant Orwell en exergue, mais de rester humain.

Ces mots prennent ici tout leur sens, tout leur poids. L’avant-propos du recueil est des plus explicites à cet égard : il témoigne tout à la fois des bouleversements sociopolitiques qui ébranlent les pouvoirs en place au moment de son écriture, et des séismes personnels qui secouent la vie de l’auteure. Mais la vie est ici plus forte. « Écrire, souligne Aude, est . . .

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L’épigraphe à l’entrée du recueil annonce l’atmosphère de la trame narrative : « Heaven is a place where nothing ever happens » (Talking Heads). Une façon de présenter l’univers de la narratrice, Hazel, témoin de nombreux petits drames. Les trois parties du recueil, totalisant treize nouvelles, nous entraînent de l’enfance au début de l’âge adulte de cette narratrice qui porte un regard distancié sur son entourage. Distanciation qui ne parvient toutefois pas à dissimuler une grande sensibilité. Chaque nouvelle au titre fantaisiste croque une anecdote qui laisse entrevoir le quotidien de sa famille proche et élargie, avec grands-parents et oncles paternels. D’où l’unité du recueil.

Excentricités, imprudences, fantaisies, drôleries, conflits définissent les traits de caractère des uns et des autres. Il y a l’oncle Castor, qui élève des animaux de plusieurs espèces, mais tous blancs ; l’oncle Bishop, grand fabulateur, qui n’est jamais avec la même tatie ; le . . .

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Il y a des livres par lesquels il vaut mieux ne pas commencer pour aborder un auteur. Par exemple, Face aux ténèbres de William Styron, une œuvre peut-être moins aboutie que les autres, puisque issue d’une conférence, où le romancier américain raconte comment il s’est sorti d’une profonde dépression qui l’a mené au bord du suicide. Il m’a fallu dix ou quinze ans avant d’oublier cette expérience peu concluante et de plonger, par hasard, dans un autre livre du même auteur, celui-là puissant : La marche de nuit. Quand on a aimé ce petit roman inspiré d’un fait réel survenu dans le corps des Marines, lors d’un entraînement avant la guerre de Corée, on ne peut qu’être attiré par ce recueil de textes posthumes que vient de publier Gallimard, À tombeau ouvert. Deux nouvelles sont complètement inédites . . .

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Voilà un livre que les néophytes et les experts apprécieront vivement. La journaliste Denise Ammoun nous ouvre aux coulisses des négociations, échanges et pourparlers qui ont marqué les relations israélo-arabes durant deux décennies. Un travail de bénédictin, et un livre essentiel pour tous ceux qui s’intéressent à la façon dont l'histoire, avec un grand H, s'écrit au quotidien.

Pourquoi 1977 ? C'est à ce moment que le président égyptien Anouar el-Sadate entreprend une initiative qui mènera à la paix avec Israël. Et l'an 2000 marque les dernières tentatives de paix engagées sous Bill Clinton, désireux de quitter sa présidence américaine avec une éclatante victoire diplomatique, soit une paix définitive dans cette région du monde.

Or, comme bien d'autres avant et après lui, ces négociations et les ententes durement négociées n'amèneront aucun résultat quant au but recherché : une paix . . .

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« Ceci est un livre sur le péché originel. » C’est ainsi que débute Big Boys, Les mercenaires d’Irak. Péché originel, en effet, dans le sens de perte d’innocence, et aussi d’une forme de culpabilité. Car ces hommes, souvent des ex-militaires, originaires de plusieurs pays, mais en majorité américains, qui sont allés s’engager en Irak auprès d’agences de sécurité privées, ont assurément une responsabilité à porter. Les raisons les ayant incités à faire ce choix peuvent être multiples, mais les salaires alléchants comptaient certainement pour beaucoup.

Steve Fainaru, alors qu’il était reporter pour le Washington Post, a écrit une série de reportages sur ces mercenaires de la guerre d’Irak – il faut dire qu’ils n’aiment pas ce terme et préfèrent se faire appeler « agents de sécurité privés ». Il a mis sa vie en danger en accompagnant certains d’entre eux . . .

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Le critique et historien du cinéma américain Richard Schickel nous propose, dans son dernier ouvrage, une conversation au long cours avec celui que beaucoup considèrent comme le plus important et le plus influent cinéaste de sa génération. Sans avoir connu le succès populaire et commercial de ses grands contemporains (Spielberg, Coppola, Lucas), Martin Scorsese a néanmoins bâti, au fil des années, une filmographie d'une puissance exceptionnelle et d'une étonnante diversité.

À lire ce que le prolifique et prolixe réalisateur dit de son cinéma, le lecteur comprend vite que, sous leur apparente disparité, tous ses films tournent autour des mêmes thèmes : l'identité italo-américaine, les notions chrétiennes de trahison et de rédemption, le machisme, la violence, la musique. « Je ne devrais pas dire que mes films n'ont pas d'intrigue, mais j'ai tendance à être attiré par les histoires accordant plus d'importance aux personnages », dit-il à son intervieweur . . .

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Probablement parce qu'il destinait ce petit livre à un jeune auditoire, l'auteur a accordé à la correspondance entre Gabrielle Roy et son cousin Gabriel une place privilégiée. De fait, le risque d'ennuyer par le recours aux savantissimes analyses universitaires s'en trouve diminué, le ton se rapproche des échanges quotidiens et abordables, les confidences et les anecdotes peuvent plus aisément alléger le récit. Pierre Roy en profite pour ressusciter devant ses jeunes lecteurs et lectrices un temps révolu et des coutumes pédagogiques et administratives dont ils ignorent tout et dont ils gagneront à entendre l'écho. L'occasion est ainsi offerte au pédagogue qui utilisera cette biographie d'expliquer ce qu'étaient les écoles de rangs, à quoi ressemblait la distribution solennelle des prix, sur quel ton les enfants psalmodiaient leur « bonjour, monsieur l'inspecteur », à quelles impensables contraintes devait se plier l'institutrice pour complaire à des ignares propulsés au statut de commissaires scolaires ou abusant de l'autorité cléricale, quel h . . .

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Le club de hockey Le Canadien de Montréal est une institution montréalaise depuis au moins les années 1940, un objet culturel déterminant une part de l’appartenance des citoyens à leur ville et au Québec. Pourtant, le discours médiatique, les stratégies urbanistiques, les campagnes publicitaires qui accompagnent l’entreprise sont rarement étudiés, tout se passant comme si le sport était un fait acquis avec lequel il fallait composer, mais dont la valeur était passionnelle et non identitaire ou intellectuelle. L’objectif de l’ouvrage collectif dirigé par Audrey Laurin-Lamothe et Nicolas Moreau consiste à étudier, à partir de multiples points de vue, comment se construit le discours social qui représente Le Canadien en tant que fondement de l’imaginaire collectif et urbain. En se servant de la sociologie, de la théologie, de la philosophie politique, de l’urbanisme, de la communication, les auteurs abordent autant l’émeute de Maurice Richard, les modèles de normativité véhiculés par les sportifs que . . .

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Stéphane Hessel, l'auteur du pamphlet à grand succès Engagez-vous !, publié en 2011, s'associe avec l’intellectuel français de renom Edgar Morin pour tenter d'insuffler du dynamisme à la gauche française et européenne. Les auteurs, d'une part, dénoncent les excès du système capitaliste actuel et, d'autre part, proposent une nouvelle voie de salut public.

Le portrait du monde tel que décrit par ces penseurs apparaît bien manichéen : l'humanité « voit désormais fondre sur elle l'hydre du capitalisme financier », si bien que nous vivons une « Grande Crise », déclencheur de toutes sortes de fanatismes. « Notre système planétaire est condamné à la mort ou à la métamorphose. » Oui à la mondialisation, clament les auteurs, celle d'une communauté de destins, au profit de la « Terre-Patrie », mais non à « l'essor incontrôlé des pouvoirs manipulateurs », à l'économie de profit, celle qui ravage tout et accentue les inégalités.

Il faut donc . . .

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Le 11 mars 2011 s'est tenu à l'Université McGill un colloque consacré à « la pratique du roman » dans le cadre des activités du groupe TSAR (Travaux sur les arts du roman) dirigé par Isabelle Daunais et François Ricard. Les deux animateurs de cette journée présentent aujourd'hui les réflexions des six romanciers qui ont pris part aux discussions et des deux autres qui ont par la suite ajouté leur contribution.

Faisant appel aux auteurs dont elle s'est nourrie au fil des ans, Dominique Fortier affirme le « véritable pouvoir du roman, ce qui fait de lui une chose unique et irremplaçable ; car s'il est vrai que nous recréons chaque fois les livres que nous lisons, ils nous façonnent et nous créent aussi ». Louis Hamelin se penche pour sa part sur la tension entre l'idylle et l'histoire dans le roman. Il en retrace la présence chez plusieurs romanciers français, québécois et américains et . . .

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Comme le souligne Sébastien Vincent dans son essai Ils ont écrit la guerre (VLB, 2010), rares sont les Canadiens français qui ont témoigné de leur expérience de soldat durant la Seconde Guerre mondiale. La raison évoquée est l’impossibilité, pour plusieurs, de communiquer l’horreur vécue ou même d’y replonger pour la décrire. Ce qui fait du Journal de guerre du lieutenant J. S. Benoit Cadieux un document exceptionnel tant pour l’historien que pour celui ou celle qui cherche simplement à comprendre. Il s’agit ici d’extraits choisis par le même Sébastien Vincent et Françoise Cadieux, la fille de l’officier d’artillerie.

Arrivé sur les côtes de la Normandie en juin 1944, peu de temps après le débarquement, Cadieux a participé à la campagne de libération de l’Europe de l’Ouest. Ces « mémoires » – ainsi nomme-t-on son journal – présentent au jour . . .

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La linguiste, professeure à l’Université McGill, s’emploie dans cet essai à faire la lumière sur ce qui explique la perte de prestige du français parlé au Canada à l’approche du milieu du XIXe siècle, alors que, sous le Régime français, les visiteurs étrangers soulignaient sa conformité au bon usage de Paris. La Révolution française est-elle en cause ? de s’interroger l’essayiste.

Dans un premier temps, Chantal Bouchard scrute les variations phonétiques et lexicales observées en France après la chute de l’Ancien Régime et en identifie les causes et les provenances. D’après son analyse, la plupart des transformations étaient déjà présentes dans la langue populaire depuis les XVIe et XVIIe siècles, à l’exception du vocabulaire propre à traduire les nouvelles réalités sociales et politiques. Après la Révolution, une nouvelle hiérarchie politique, de même que le développement de . . .

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À la suite d'une plainte d'Associated Press, le Pentagone rendait publiques en 2006 les transcriptions d'interrogatoires effectués auprès d'une centaine de détenus à la prison de Guantanamo, à Cuba. Quatre ans plus tard, le poète et producteur de radio Frank Smith nous offre avec Guantanamo sa lecture des trois cent dix‑sept procès-verbaux accessibles sur le site Internet de la Défense américaine. Le résultat est remarquable. Comme l'avait fait à sa façon le film The Road to Guantanamo de Michael Winterbottom et Mat Withecross, l'ouvrage de Smith, entre poésie et théâtre, met en scène la logique absurde qui a mené par exemple à la torture et à la détention d'Omar Khadr ou à ces quatre Anglais dont parle le film. La parole du présumé terroriste n'y a aucune valeur, même si sa culpabilité ne repose que sur des suppositions ou des plaintes anonymes. On pense au

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Laburnum Way, domicile des Doyle.

Une arme à feu chargée a été découverte dans la chambre d'Erin Doyle. Au cours de l'opération visant à récupérer le pistolet, le Groupe d'intervention armé a confondu la canne de Patrick Doyle, père d'Erin, avec une épée et, se sentant menacé, n'a pas hésité à tirer. Patrick Doyle est décédé des suites de cette bavure policière.

À quelques kilomètres de là, lorsque Tracy, fille de l'enquêteur Alan Banks, apprend que Jaff (l'ex-petit ami de sa colocataire Erin Doyle) est recherché par la police, elle décide d'aller le prévenir. Certes, ce dernier n'est pas tout à fait clean, mais il a toujours un peu de coke sur lui, sans compter sa voiture, ses vêtements hors de prix et ce côté bad boy qui en attirent plus d'une. Ignorant tout de l'affaire de l'arme pour laquelle il . . .

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Faut-il vraiment toujours que quelque chose advienne entre deux êtres pour qu'ils se soient vraiment et profondément connus ? Et si c'était, justement, lorsque rien n'advient, lorsque aucun secret n'est révélé, que nous communiquions le plus intensément avec le vivant ?

C'est hantées par ces questions que se déploient les nouvelles d'Hubert Mingarelli, recueillies sous le titre de La lettre de Buenos Aires. Et c'est hanté par ces mêmes questions que le lecteur y erre discrètement. Oui, ces nouvelles, on les lit comme du bout des doigts, on y marche sur la pointe des pieds. Par respect du silence qui les traverse. Et dans une pudeur extrême, qui répond à celle, non moins extrême, de l'écriture. Car ici rien n'advient que le clignotement de présences blessées surgissant de l'absence – ce fond d'absence qu'on appelle « monde ».

C'est de la sciure au . . .

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À la fois chant poétique et cri de détresse, Un léger désir de rouge fait plonger le lecteur dans la tête tourmentée d’une jeune femme de 28 ans qui vient de subir l’ablation du sein. L’esprit coincé quelque part entre la Casamance (au Sénégal) et le Saint-Laurent, c’est une Toulouse fragilisée qui ne connaîtra plus la légèreté de la trapéziste balancée dans les airs au-dessus du vide. Comme elle le déplore, « auparavant, si la vie sur terre [lui] pesait, [elle] avai[t] le ciel pour [s]’évader ». Depuis ce fatidique diagnostic du cancer, l’acrobate désormais amazone n’a plus de filet pour amortir sa chute. Le contact avec le sol est d’autant plus douloureux pour cette Toulouse-born-to-lose.

Avec la sensibilité fragile que l’on associe d’emblée aux poètes, Hélène Lépine lance des . . .

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Après l’espace mythique et incertain de L’Olympe des infortunes, Yasmina Khadra nous ramène avec L’équation africaine à une topographie de mappemonde annoncée dès le titre de ce nouveau roman. L’Afrique est au cœur du récit, enveloppée par un drame intime fortement ancré en Europe, auquel elle donne sens et résolution en même temps qu’elle en creuse l’horreur.

Les inconnues de cette équation sont multiples : qu’est-ce qui détermine l’appartenance à un lieu, à un peuple, à une culture ? Un Français peut-il se dire le « frère » de tous les Africains qu’il rencontre ? Peut-il être chez lui à Djibouti plutôt qu’à Paris ? Où se trouve le remède d’une brèche faite au bonheur d’un médecin allemand par le suicide d’une femme adorée ? Pourrait-il se trouver dans le détour d’une attaque de pirates en pleine mer Rouge . . .

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Venu en Afrique pour y pratiquer et enseigner son art, un cinéaste canadien voit sa paisible cinquantaine s'enflammer subitement. Le démon de midi frappe où et quand il l'entend. Au Togo, puis au Bénin, les jeunes beautés africaines font bouillir le sang du héros. S'il ne s'agissait que de dépaysement et de renaissance, Joseph ressemblerait peut-être à Rimbaud ou à Gauguin ; tourner le dos à un monde trop quadrillé aurait peut-être suffi. Ce n'est pas le cas, car ni le Togo ni le Bénin n'auraient comblé un besoin dont Joseph n'avait pas lui-même pris conscience. Ce besoin, c'est celui d'une femme qui entre dans sa vie et y bouscule irrésistiblement tous les repères. Ce n'est pas d'attachement ou de passion, mais d'envoûtement qu'il s'agit : dès son entrée en scène, Aminata prend possession de Joseph et le plie à tous ses caprices. L'art . . .

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Spécialiste en reliure d’art, Denis Giroux redonne une jeunesse à des livres anciens. Or l’artisan écrit, aussi, pour mieux comprendre ce qui l’angoisse à propos du vieillissement, de la mort. Il doit combattre cette damnée peur stérile et paralysante, ici comparée à la Méduse qu’il lui faut terrasser, s’il veut retrouver une certaine sérénité. Au cœur de sa démarche d’écriture, sa mère Pauline, maintenue en vie dans un état végétatif. Que reste-t-il de la femme forte et aimante une fois que la machine corporelle s’est détraquée pour de bon ? Comme si les motivations du relieur l’engageaient corps et âme, Giroux entreprend avec bienveillance de retrouver la noblesse de celle qui lui a donné le jour, en mettant des mots sur le passé perdu.

Ce qui commence comme une biographie artisanale se transforme petit à petit en hommage à la grandeur d’une de ces femmes ordinaires. Ce drame raconté sobrement arrive . . .

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Room est un récit de captivité raconté du point de vue d’un enfant de cinq ans. Depuis sa naissance, Jack vit confiné avec sa mère dans une chambre qui a été aménagée à même une cabane de jardin de manière à rendre toute évasion impossible. Le garçonnet n’a jamais mis les pieds au « Dehors ». Son univers se limite à cette pièce de trois mètres sur trois mètres, aux divers meubles et accessoires qu’elle renferme – dont un téléviseur, seule voie d’accès au monde extérieur – et bien sûr, à sa mère, avec laquelle l’enfant vit en symbiose. Les journées des deux captifs se ressemblent toutes. Chaque semaine, Jack attend les « Cadeaux du Dimanche », qui se révèlent le plus souvent des biens de première nécessité plutôt que de véritables récompenses. Chaque nuit ou presque, Jack s’endort dans le « Petit Dressing . . .

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Publié dans la collection « Hamac », réservée à des textes de fiction « profondément humains qui brillent par leur qualité littéraire », ce recueil s’avère prometteur malgré sa couverture tristounette. Attirant, surtout si l’on a assisté au spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant… ?, présenté la première fois en 2009 dans le cadre du Carrefour international de théâtre et repris en mai 2010. Voilà donc 37 histoires brèves fignolées par les auteurs à partir des secrets confiés par des anonymes à la demande du Carrefour, et chuchotées par des acteurs dans les « Jardins secrets » aménagés au parc Lucien-Borne, premier tableau du spectaculaire parcours. Chaque acteur ne s’adressait qu’à trois ou quatre marcheurs-spectateurs à la fois, autour d’un lit, la nuit venue, de sorte qu’un seul secret ne leur était divulgué. Ce recueil, qui donne accès à l’ensemble des secrets, prolonge la magie de . . .

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Au beau milieu, la fin est le premier roman de la poète, dramaturge et parolière bien connue Denise Boucher. Elle est l’auteure, entre autres, de la pièce de théâtre Les fées ont soif, qui a fait scandale à la fin des années 1970.

Sa nouvelle œuvre prend la forme d’un roman épistolaire, unilatéral. Adèle, la protagoniste octogénaire, revient d’un long séjour en Italie en compagnie de son amoureux, qu’elle appelle Zut. À son arrivée, elle découvre que son appartement a été saccagé par les sous-locataires, récemment retournés chez eux, en France. Elle réalise également que sa meilleure amie, Brigitte, est partie sans laisser d’adresse et sans donner de nouvelles, comme il lui arrive parfois de le faire. Adèle lui envoie alors une série de courriels, qui restent sans réponse et dans lesquels elle lui décrit le train-train quotidien . . .

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Une fois de plus, Yves Beauchemin laisse vibrer sa fibre sociale. Librement, bellement, chaleureusement. Malgré les complots et les mesquineries des nantis, les humbles auxquels il donne vie cherchent et trouvent la dignité dont ils ont à la fois besoin et surabondance. L'argent, les diplômes, les prestiges sociaux leur échappent, mais ils compensent par leur solidarité, leur sens de la mesure, une inusable patience, une sorte de boussole interne qui n'échappe jamais son nord. Au risque de froisser les lecteurs en manque de sentiments verbeux et éthérés, Yves Beauchemin crée des personnages peu exceptionnels, sans apprêt, aux rêves réalisables de ce côté-ci du ciel.

Mélanie n'entretient pas d'utopies déconnectées. Elle ne fréquente l'école que le temps de satisfaire aux contraintes légales. Les livres ne l'intéressent pas et le plagiaire qui l'exploite aura beau jeu de la leurrer et de voler Victor Hugo. Affligée d'une mère d . . .

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« Depuis presque un an, maintenant, il prend des photos d’objets abandonnés. » Dès la première phrase, aussi sûrement que la tiédeur de certains soirs de fin d’hiver annonce le printemps, le lecteur sait qu’il entre dans l’univers de Paul Auster. Univers aux tonalités, aux thèmes bien définis, qui se prolongent et se redéfinissent d’un roman à l’autre. Le photographe du présent roman se nomme Miles Heller, un jeune homme à la dérive qui travaille pour une compagnie spécialisée dans l’enlèvement de rebuts à la suite de reprise de finance. Nous voilà plongés au cœur de l’hécatombe des subprimes aux États-Unis, dans une Amérique qui n’a d’idyllique qu’une vision tronquée de la réalité. On pense aussitôt à Moon Palace et à la descente aux enfers qui ne manquera pas de s’ensuivre. Mais ce . . .

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Hywel Williams est historien, journaliste et auteur, et il a publié plusieurs ouvrages traitant d’histoire. Dans Ces journées qui ont changé le monde, il a sélectionné 50 événements marquants pour l’humanité, qui ont eu lieu au cours des derniers 2500 ans. Ces faits ayant influencé le cours de l’histoire vont de la bataille de Salamine, en 480 avant J.-C., où la flotte perse a été anéantie par la marine athénienne, jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center. Pour chacun d’eux, l’auteur a esquissé un bref résumé, en plus d’en aborder sommairement les causes et les conséquences. À chaque rubrique est associée une page illustrée sur le même thème.

Parmi les événements qui ont été retenus figurent la crucifixion de Jésus-Christ, la fondation de Constantinople, la mort de Mahomet, le couronnement de Charlemagne, l’appel du pape à la première . . .

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Au moment où les théories sur le genre (gender studies) et les études sur la masculinité (men studies) sont en émergence dans la francophonie, le livre du professeur Victor-Laurent Tremblay tombe à point nommé. L’auteur avait déjà consacré son mémoire de maîtrise au thème de « la révolte contre le patriarcat dans l’œuvre de Marie-Claire Blais » (1980). Dans Être ou ne pas être un homme, Victor-Laurent Tremblay investigue autant notre histoire littéraire à travers des œuvres-phares, nos héros, des symboles partagés, que notre société et son identité nationale, insérée dans une tradition patriarcale. Il explore comment des figures masculines sont représentées dans des œuvres aussi variées que Menaud, maître draveur, en continuité directe avec Maria Chapdelaine, ou encore dans de nombreux romans québécois ayant la guerre comme toile de fond. Au premier chapitre . . .

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Même ceux qui ont suivi, jour après jour, les événements du début de l'année 2011 en Égypte qui ont culminé par le départ inouï du président Moubarak après ses 30 ans au pouvoir, liront avec gourmandise ce livre de Robert Solé.

Parce que cet ex-journaliste du journal français Le Monde, également essayiste et romancier, maintenant à la retraite, connaît très bien ce pays, où il a passé les premières années de son existence. La complicité teintée d’empathie qui se dégage du récit de cette révolution en témoigne.

Le livre fourmille de détails intéressants et d'anecdotes savoureuses sur ce qui s'est tramé au jour le jour dans ce pays durant ces mémorables semaines. Pendant un temps, le pays réel s'est arrêté, et s'est offert un agréable moment d'unité et de bravoure sous le signe de la . . .

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Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jacques Plante a, à son actif, deux réalisations à Québec : la Caserne d'Ex Machina sur la rue Dalhousie et le Palais Montcalm rénové à la place d'Youville. Il est aussi le concepteur du projet de salle de spectacle Diamant, présenté à la fin du livre, et dont les maquettes et plans font rêver.

Le théâtre est un art millénaire, et l'espace où se créent les œuvres dramatiques a eu, de tout temps, son importance dans la cité. Selon Robert Lepage, qui signe la préface du livre, « c'est le lieu où une communauté fait vivre ou revivre sa culture... où peuvent se tisser les fibres d'une communauté, se rassembler, se raconter ». Mais, déplore le metteur en scène et homme de théâtre, cette fonction sociale est peu prise en compte quand on se soucie de la rentabilité.

Ce souci fait l'objet de longs débats de nos jours. Il suffit de . . .

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La volumineuse biographie que vient de signer Pierre Nepveu est un ouvrage fondamental qui fait magnifiquement le point sur l'ensemble de la vie de « l'homme d'action et de parole » que fut Gaston Miron. Dans son avant-propos, le biographe affirme modestement que son récit n'est « pas le seul possible », mais on aurait grand tort d'en minimiser, comme lui, l'importance.

Poète lui-même et essayiste aguerri, Pierre Nepveu a su pénétrer dans l'intimité de l'auteur de L'homme rapaillé sans tomber dans les pièges qui guettent toute entreprise biographique, tels l'hagiographie, le voyeurisme, l'exégèse primaire ou l'énumération pure et simple des faits rapportés. C'est en mettant intelligemment à profit une documentation abondante et souvent inédite qu'il retrace le cheminement d'un homme – et d'une œuvre – hors du commun, depuis sa naissance, le 8 janvier 1928, à Sainte-Agathe . . .

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La période visée par Sean Mills est extrêmement courte : même pas une décennie entre le début et la fin du temps soumis à l'examen. L'analyse y gagne en précision et la démonstration n'en devient que plus implacable. Les trois objectifs que se proposait l'auteur sont donc poursuivis un à un et nettement atteints. En premier lieu, Mills propose « une nouvelle façon de penser l'histoire du Québec et du Canada, en situant les bouleversements politiques survenus à Montréal dans les années 1960 dans le cadre de la contestation mondiale ». Par la suite, au lieu de dresser à la manière de silos parallèles des reconstitutions tantôt politiques, tantôt sociales, tantôt linguistiques, l'auteur insiste sur les interactions qui rapprochent et entremêlent des mondes distincts. Enfin, il souhaitera que s'ouvrent de « nouvelles perspectives au volet international des études sur les années 1960 ». Pareille pédagogie exige de l'auteur d'énormes apports . . .

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Ce petit livre tombe pile : il ragaillardira ceux que dépriment les tonitruantes offensives de la droite. Non, dit Jean-François Lisée, ce n'est pas vrai, n'en déplaise aux lucides autoproclamés, que le Québec est le champion de la paresse, de la stérilité, des impôts écrasants, du fonctionnarisme obèse... Statistiques au poing, Lisée abat à une cadence jouissive une quinzaine de mythes inventés ou colportés par le courant néolibéral. C'est la partie la plus solide du bouquin, les quelques gestes suggérées en fin d'ouvrage ne recevant ni l'approfondissement ni les étais souhaitables.

Dans l'ensemble, les mythes que pourfend Lisée sont à ce point intégrés aux opinions courantes qu'on les tient pour acquis. Pourtant, la consultation des données aisément disponibles suffit à en étaler la fragilité. Sans que Lisée insiste sur la chose, une triste alternative s'impose alors : ou médias et élus baignent dans . . .

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Au-delà d’une querelle d’historiens, l’enjeu de la réflexion sur le statut de la Révolution tranquille concerne le présent et l’avenir de la collectivité québécoise. Puisque le Québec n’a pas basculé dans la modernité un certain 22 juin 1960, avec la victoire électorale de Jean Lesage et du Parti libéral, reste à expliquer comment cela s’est préparé, depuis le cœur même de la « grande noirceur ». D’un autre côté, l’image d’une trame sans rupture, de l’après-guerre aux années 1960, est loin de faire l’unanimité.

À tout le moins, il faut reconnaître au débat d’avoir forcé les uns et les autres à scruter avec plus d’attention cette période charnière de l’histoire du Québec (consacrant du coup son statut de période charnière). Parmi ces travaux attentifs, ceux d’Yvan Lamonde comptent parmi les essentiels.

Avec ce deuxième tome de

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Jocelyn Lachance est docteur en sociologie de l’Université de Strasbourg et en sciences de l’éducation de l’Université Laval. Ses recherches portent sur la jeunesse contemporaine. Dans son dernier livre, il concentre son attention sur une tranche de la « jeunesse contemporaine, qui se caractérise notamment par son rapport singulier à la temporalité : l’adolescence hypermoderne ». Ses conclusions sont tirées d’entretiens menés avec 46 jeunes Québécois et Français âgés de 15 à 19 ans, dans le cadre de ses recherches doctorales. Chacun d’eux « possède son téléphone portable personnel et utilise plusieurs fois par jour Internet. Ils sont des consommateurs journaliers de vidéoclips, de films, de musique, etc. » Ces jeunes s’intéressent peu au passé historique. Et ils voient l’avenir comme chargé de menaces en raison notamment du réchauffement climatique, de la résurgence du risque nucléaire, des guerres, du terrorisme et de la grippe H1N1. C’est donc le moment présent qui retient . . .

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« Qui es-tu ? » Voilà la question que posait Janine, la fille de Paul-Émile Borduas, à ce père si loin dans l’espace et le temps, et dont l’image s’effaçait peu à peu. « Qui êtes-vous Paul-Émile Borduas ? » pourraient demander les jeunes d’aujourd’hui pour qui la période de la grande noirceur semble difficilement concevable.

De Borduas on sait qu’il était peintre, qu’il a été l’auteur d’un document révolutionnaire prônant un « refus global », un changement radical, une liberté totale dans les arts mais aussi dans la vie. On sait que sa peinture que l’on voit dans les musées est abstraite, souvent un hymne au noir et blanc, à la simplicité. On en déduit que, pour lui, l’art de peindre devait se libérer des contraintes pour laisser place à la spontanéité, à l’automatisme, terme autour duquel se sont d’ailleurs regroupés, pour un temps bien court hélas, les signataires du document.

On sait aussi . . .

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Il y a quelques années, Annie Ernaux, dans un échange de courriers électroniques avec Frédéric-Yves Jeannet, regroupés dans L’écriture comme un couteau, se confiait sur sa démarche d’écrivaine en soulignant que son travail se situait quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire tout en évoquant le caractère très personnel de ses écrits. Cette fois, répondant à l’invitation des éditrices des Busclats qui proposent à des écrivains de faire un pas de côté et d’écrire en marge de leur œuvre selon la forme qu’ils souhaitent, Annie Ernaux a accepté de publier le carnet des notes, le plus souvent éparses, prises au fil des ans et accompagnant tout à la fois la gestation et l’écriture de ses récits. L’atelier noir, comme son titre le suggère, n’a d’autre prétention que d’ouvrir une fenêtre sur le processus de cr . . .

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Dans De colère et d’espoir, Françoise David fait le point sur ses 40 ans d’engagement social, au cours desquels elle est entre autres devenue présidente de la Fédération des femmes du Québec de 1994 à 2001 et a participé à la fondation du mouvement Option citoyenne. En 2006, Québec solidaire est né de la fusion de ce mouvement avec l’Union des forces progressistes. Depuis, l’auteure en est porte-parole, rôle qu’elle partage avec Amir Khadir, le seul député du parti élu aux élections de 2007. Le parti ne compte pas de chef mais est plutôt chapeauté par une direction collégiale qui compte treize personnes, dont une majorité de femmes.

Dans son ouvrage, Françoise David s’intéresse en particulier aux années récentes. « Je voulais rédiger ce carnet, ce journal de bord politique (et parfois intime), loin de l’agitation dans laquelle j’évolue […] depuis la fondation de Qu . . .

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Francine Chicoine, spécialiste du haïku, m'a parlé avec tant d'enthousiasme des travaux de Dominique Chipot que j'étais tout triste de ne pas trouver ici en librairie Tout sur les haïkus (Aléas, 2006). L'auteur rayonne pourtant dans toute la communauté francophone du haïku, et les amateurs ont déjà applaudi ses traductions (pensons à l’anthologie Du rouge aux lèvres, Haïjins japonaises, La Table Ronde, 2008). Enfin, hourra, troisième trimestre 2011, les éditions Tire-Veille et David nous présentent la nouvelle collection « Regards sur le haïku », qui réunira des essais et réflexions. Premier titre de la collection, coup de bol : Haïku dō, un guide signé Chipot et à l'image de l'illustre poème : bref, clair, incisif, et éminemment pratique.

Des techniques et astuces précises, certes, mais juste assez de théorie pour arriver à la transcender. Car ne . . .

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Qu’est-ce qui a bien pu mener le Tunisien Mohamed Bouazizi à sacrifier sa vie le 17 décembre 2010 en s’immolant devant la mairie de Sidi Bouzid, devenant ainsi un « mouton grillé, tout noir » ? On connaît aujourd’hui l’histoire. Un jeune chômeur décide de devenir marchand ambulant de fruits et légumes, se voit harcelé par la police qui exige de lui des pots-de-vin, proteste, est giflé par une agente et, pour finir, après s’être vu retirer sa charrette, son gagne-pain, n’est pas reçu par les autorités. Une fois le jeune homme transporté à l’hôpital de Sfax, le président lui-même vient s’épancher de manière hypocrite. Et puis…, ce sont les événements du Printemps arabe… qui donneront naissance au mouvement que l’on sait, lequel trouve aujourd’hui sa continuation chez les Indignés de tous les pays. Car sous la dictature capitaliste, on n’a pas le droit d . . .

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« Qui de nous deux / Partira le premier », chante Marc Ogeret. Refrain qui a fourni son titre et l'épigraphe au récit de Gilles Archambault. Sa compagne étant morte après plus de cinquante ans de vie commune, il est celui « [q]ui de nous deux, / Restera le dernier / À regarder le ciel, / Tout au long des années », comme le dit encore la chanson. Le narrateur mesure l'étendue du vide et la profondeur du désarroi qui le tourmentent. Il se dit amputé, survivant, terrassé et, même, inoculé d'une tristesse qui jamais ne s'atténuera.

Deux semaines après le décès de sa conjointe survenu le 26 décembre, Archambault raconte au jour le jour la grande déchirure, et ce, jusqu'au 10 mai, trois jours après l'inhumation du corps et la date anniversaire de leur mariage. Fidèle à lui-même, l'écrivain ne se départit cependant pas de . . .

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La prose d’Élise Turcotte possède une musique singulière, faite d’une tonalité personnelle, d’un rythme paisible et plaisant, d’une douce profondeur, qui laisse aux événements le soin et le temps de se développer, de couver en nous avant de se dévoiler dans l’histoire. Peu de romanciers au Québec ont ce talent pour décrire les rouages obscurs de la voix intérieure. Dans Guyana, Turcotte renoue, à mon sens, avec deux de ses premiers ouvrages de fiction. Ainsi, du Bruit des choses vivantes, elle reprend les questions de la maternité, de la monoparentalité, de la tendresse à donner et à recevoir, où l’espace familial est toujours en tension créatrice avec le monde social, urbain, interculturel. De même, elle construit une histoire de fascination pour le surgissement de la violence, pour le passé trouble d’une femme happée par le viol et les menaces, comme elle le faisait déjà dans

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Traduit encore une fois avec beaucoup d’efficacité par Hélène Rioux, Les sentimentalistes est le premier roman de Johanna Skibsrud qui avait, jusqu’alors, publié deux recueils de poésie. Un premier roman qui lui a d’ailleurs valu le prix Banque Scotia Giller 2010. À sa grande surprise, selon ses propres commentaires, et à celle de son éditeur canadien-anglais, Gaspereau Press, qui ne suffisait soudain plus à la demande avec le tirage initial… Précisons que l’ouvrage a également été réédité aux États-Unis par l’éditeur américain W. W. Norton & Company. Succès inattendu donc pour l’écrivaine originaire de la Nouvelle-Écosse qui vit désormais à Montréal.

Son éditeur québécois, lui, nous présente cette œuvre éclatée sous une invitante jaquette : la photo en noir et blanc d’un lac voilé par la brume. Une photo fort bien choisie qui reflète parfaitement toute la trame dramatique du roman de Skibsrud. Pour tromper . . .

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Deux veines structurent l'écriture de Luis Sepúlveda. Il y a d'abord les œuvres fictives, centrées sur le développement d'une trame sociale et politique autour de personnages attachants et humbles. Le romancier y transpose, qu'il soit beau ou hostile, le réel, vu d'une lorgnette latino‑américaine, en leçons de vie aux fins d'une morale combattante. Dans ce courant, Le vieux qui lisait des romans d'amour et Un nom de torero sont ses réussites, où affleurent écologisme, solitude, défaites et espoir. Il y a aussi la veine qui joint son penchant testimonial à sa profession de journaliste. Il en résulte de courts portraits impressionnistes, qu'ils soient autobiographiques ou non, dans lesquels l'écrivain construit un univers de fraternité et d'honneur. Le recueil d'escarmouches et d'historiettes, pour reprendre des termes de Jacques Ferron, autre écrivain ayant une politique d'écriture (Ferron a de plus l'humour . . .

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1Q84 est paru au Japon en trois volumes en 2009 et 2010. C’est peu dire que de parler d’un « phénomène » : le premier tirage s'est retrouvé épuisé le jour même de la parution du livre, et des millions d'exemplaires se sont vendus depuis. À en croire le Courrier international, les ventes d'1Q84 auraient augmenté six fois plus vite que celles du premier tome d'Harry Potter. À un point tel que les références culturelles (innombrables et délicieuses chez Haruki Murakami) lancent des modes : un des personnages s'étonne d'entendre la Sinfonietta de Janá?ek dans un taxi ; à en croire L'Express, Sony en vend tout à coup 12 000 copies et Universal en profite pour commercialiser une sonnerie de téléphone portable.

1Q84, dites-vous ? Le titre à lui seul est confondant. On veut y voir . . .

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Magnifique et terrible, cette Rivière tremblante, dixième œuvre d'Andrée A. Michaud. Le roman est un émouvant thriller psychologique, superbement écrit. Tout en délicatesse et, en même temps, en effets coups-de-poing.

Deux enfants disparaissent et leurs proches s'enfoncent inéluctablement dans une culpabilité sans retour. Le petit Michael Saint-Pierre, douze ans, se volatilise en 1979, un jour de grande tempête, dans les bois de Rivière-aux-Trembles, sous les yeux horrifiés de sa copine Marnie. « Pendant des mois, je me suis torturée, seule sous les nuages obscurcissant le ciel d'orage. » Des années plus tard, la petite Billie Richard, âgée de huit ans, ne revient pas à la maison en sortant de l'école et son père devient fou de chagrin. « Billie, qui n'aurait jamais sa croix ni son cercueil à elle, parce qu'elle était partout, Billie, parce qu'elle n’était nulle part. »

Les deux survivants, l'amie Marnie . . .

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Déjanté. Voilà le mot qui sera employé pour parler de ce roman curieux, raffiné, ludique. Le terme est galvaudé et s’applique à tout ce qui déforme le moule depuis que le cinéma s’en est emparé pour parler des productions atypiques. Le roman de Bertrand Laverdure, Bureau universel des copyrights, est plus que cela. D’abord une réflexion sur les possibilités de l’écriture, sur les limites de la représentation, sur les vertus de la déconstruction des points de vue, il est surtout l’opposé d’une construction maladroite. L’écrivain, par le moyen d’allusions à la culture populaire, par l’usage de nombreux référents mythologiques et étrangers (dont le mandarin, qui sert à clore ce récit angoissant et loufoque) et de lieux sans liens apparents, travaille à brouiller, une à une, nos habitudes de lecture, qui sont aussi des habitudes de classification du réel.

Un narrateur perdu et centré sur ses agissements prend conscience de l’intensit . . .

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François Gravel, écrivain québécois entre autres connu pour sa littérature jeunesse, notamment pour la série des Klonk, ajoute une corde à son arc en publiant un polar, À deux pas de chez elle. Il amène Chloé Perreault, une jeune policière fraîchement sortie de Nicolet, dans une enquête qui a commencé 33 ans plus tôt, déterrée en même temps que les squelettes de Marie-Thérèse Laganière et de Denis Dostaler, retrouvés dans un puits. Chloé devra résoudre une énigme que personne avant elle n'a été capable de déchiffrer. Tout au long du récit, le contexte est installé, très lentement, les personnages apparaissent, un à un, avec chacun son histoire et sa personnalité. Le double meurtre que tente d’élucider l'agente Perreault est un prétexte pour nous présenter une série de personnages mystérieux, indépendants, qui amènent une saveur . . .

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S’il peut paraître indécent aux yeux de certains de publier la biographie d’une personne encore vivante, Andrée Ferretti contourne habilement le problème en proposant un clin d’œil taquin aux populaires biographies non autorisées misant sur le caractère licencieux des révélations. Elle nous invite à parcourir un document hybride bien plus intrigant encore. Tout est considéré ici à travers le prisme d’une auteure chargée de produire la biographie d’une dame réticente à se soumettre à l’exercice. En dépit des résistances du sujet principal lui-même, la biographe ne jette pas l’éponge et entreprend respectueusement de s’attaquer au roman de Fleur Després, faisant d’elle l’héroïne de l’histoire de sa propre vie imaginée. Ce Roman non autorisé est ce qui peut arriver de mieux quand sonne l’heure des bilans. Ayant l’avantage de préserver un garde-fou de pudeur, l . . .

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Auteure d'une exemplaire fidélité à ses préoccupations, France Daigle fait quand même puissamment progresser ses personnages et ses thèmes d'un livre à l'autre. Pour sûr le démontre éloquemment. Jamais encore elle n'avait poussé à un tel dépassement sa passion pour les chiffres, les sondages, les compilations. Jamais non plus elle n'avait accordé à sa langue acadienne une attention aussi vigilante et chaleureuse.

France Daigle aime morceler le propos et faire mine de succomber au caprice de l'instant. Sans jamais troubler la fluidité du débit, tout semble discontinu, étranger à ce qui précède ou suit. Puis, comme dans une courtepointe qui avoue lentement ses préférences et les réserve aux regards réfléchis, des accents se dégagent, des parentés émergent. La comparaison se justifie d'autant plus que l'auteure inclut elle-même la broderie et ses minuties dans son évocation de la vie.

Les statistiques sont omniprésentes. Un . . .

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Fort bien accueilli par la critique, Au passage, le recueil de nouvelles que faisait paraître Emmanuel Bouchard en 2008, nous révélait un nouvel écrivain qui avait su proposer une vision toute personnelle de la vie d’un quartier de la Basse-Ville de Québec et des gens qui l’habitent. Le recueil se démarquait notamment par la sobriété du ton qui émanait des nouvelles, par l’équilibre maintenu entre la description du quotidien et le merveilleux qui peut en émaner, puisant à même le particulier pour laisser entrevoir l’universel, la fantaisie, l’onirisme et la poésie que recèlent certaines situations. On ne pouvait que s’attacher aux personnages mis en scène, et se laisser prendre à son tour au passage. Emmanuel Bouchard nous revient cette fois avec un roman plus intimiste, Depuis les cendres, qui confirme l’acuité de son regard, sa capacité de donner vie à des personnages et d’aborder . . .

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Gabrielle Wittkop est l’auteure d’une œuvre au contenu très sombre, mais au style orfévré. Bon nombre de ses admirateurs se demanderont pourquoi, après avoir fait paraître Chaque jour est un arbre qui tombe en 2006 et réédité les Rajahs blancs en 2009, les éditions Verticales n’ont pas plutôt opté pour un texte plus conforme à la personnalité de cette « vieille dame indigne », ainsi que la décrit, excellemment, Jérôme Garcin dans Les livres ont un visage. Ses lecteurs sont en effet nombreux à attendre la réédition du magistral Hemlock ou les poisons, introuvable même sur les réseaux des librairies d’occasion.

La publication des Carnets d’Asie est pourtant justifiée. Volume inédit, accompagné de photographies prises par l’auteure, il nous rend celle-ci accessible à travers un intimisme qui . . .

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Une idée simple regroupe douze essais d'Yvon Rivard, chacun explorant à sa façon les préoccupations de l'écrivain, sa quête de sens doublée du désir de partager avec son lecteur ses avancées autant que son questionnement. D'emblée, en avant-propos, l'intention qui s'avère le dénominateur commun du projet est énoncée : « [...] j'ai essayé d'obéir à cette idée simple, énoncée par Hermann Broch, voulant que le premier devoir de l'intellectuel, dans l'exercice de son métier, soit de porter assistance à autrui ». Ainsi énoncé en termes de devoir et d'assistance, le métier d'écrivain, pour Rivard, s'inscrit résolument au cœur de la cité et des préoccupations de son époque.

Le premier texte explore les possibilités, mais peut-être davantage les limites du métier d'écrivain, de la posture de l'intellectuel devant ce constat. S'appuyant sur sa propre expérience . . .

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Le sous-titre donne le ton : une bataille se déroule au Québec depuis des décennies avec, comme enjeu, le marché du livre. Le terme, brutal et juste, coiffait déjà le dossier préparé en 1972 par Pierre de Bellefeuille, Alain Pontaut et leur équipe. Le pamphlet dissipait d'avance les malentendus : « Oui à la culture française, non au colonialisme culturel » (Leméac, 1972). Tout en quadrillant avec rigueur et minutie l'ensemble de l'édition littéraire au cours des 40 dernières années, l'ouvrage accorde une importance justifiée à cette lutte d'ailleurs inachevée. Les forces en présence, leurs stratégies, leurs visées, leurs avancées et leurs replis, tout est rappelé, situé dans le contexte, interprété avec intelligence et nuances.

Au cours de cette bataille, l'accent se déplace sans que change l'objectif ultime. On convoite tantôt la distribution, tantôt les réseaux de librairies, tantôt le manuel scolaire, mais toujours les bellig . . .

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La génération X : une génération de sacrifiés ? de frustrés ? d'individualistes ? d'envieux ? Quelle contribution laissera‑t‑elle à la société québécoise ? Le sociologue et auteur Stéphane Kelly tente de répondre à toutes ces questions, et à d'autres encore, dans son essai À l'ombre du mur, Trajectoires et destin de la génération X.

Les aînés de cette génération sont nés au tournant des années 1960. Après avoir beaucoup critiqué les bébé-boumeurs, ils ont dû à leur tour tenter de définir un horizon politique pour le Québec. Selon l'auteur, les X ont fait face à un « mur », c'est‑à‑dire à de « nombreux obstacles qui sont venus briser l'élan que la génération précédente avait imprimé à la société ». Parmi ces obstacles, les principaux sont le culte du changement et la crise économique du d . . .

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Peut‑on avoir tout dit d'un artiste aussi célèbre que Marc‑Aurèle Fortin ? La réponse est non bien entendu. Il y a toujours à dire d'un artiste, chaque fois que son œuvre est revisitée, chaque fois qu'une étude de son œuvre amène de nouvelles données qui, à leur tour, entraînent de nouveaux commentaires. C'est en réalité un processus sans fin et Michèle Grandbois, commissaire de l'exposition tenue au Musée national des beaux-arts du Québec, nous le suggère dans un texte du catalogue Marc-Aurèle Fortin. Et puis, quand on sait que le peintre aurait réalisé 8000 à 10 000 œuvres (peintures, dessins, gravures...), on peut aisément s'imaginer tout ce qu'on pourrait en dire, et ceci, même si bon nombre d'entre elles se sont perdues dans des circonstances diverses.

L'œuvre de Marc-Aurèle Fortin est intéressante à plus d'un égard. On . . .

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Sans conteste le recueil de textes le plus personnel qu’ait publié Philippe Delerm à ce jour, celui où il se livre le plus. Se rendant à La Rochelle afin d’assister à une représentation de La première gorgée de bière, Philippe Delerm évoque d’abord sa venue à l’écriture, les doutes autant que les espoirs, les premiers refus des éditeurs. Des questions surgissent : pourquoi est-ce que j’écris ? Pourquoi ai-je écrit ce que j’ai écrit ? Des questions représentant, plus que les réponses, la clé de voûte des textes rassemblés ici. Comme le titre l’indique, il y est beaucoup question de l’enfance, ce paradis perdu que l’on cherche à retrouver, à recréer par le regard et l’intensité que l’on met à vivre chaque instant. « L’écriture, souligne Delerm, est toujours la traduction d’un manque, d’une fêlure, une façon de déplacer les atomes de la réalité. »

Cette lente remontée . . .

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Les révolutions (je dirais plutôt « révoltes ») qui ont récemment secoué le monde arabo-musulman ont donné lieu à une quantité impressionnante de publications. Parmi elles, le petit ouvrage de Tahar Ben Jelloun se démarque en ce qu’il remet d’abord en question le lieu commun du silence des intellectuels arabes, alors qu’ils prirent, au cours des dernières décennies, de vrais risques. Sans être originale, la contribution de l’écrivain marocain permet au néophyte d’identifier les ressemblances et les différences entre les régimes et les personnalités dont la chute a littéralement pris par surprise tout autant les dictateurs eux-mêmes que les analystes occidentaux. Si Ben Ali, Moubarak, Saleh ou Kadhafi se rejoignent par leur narcissisme et leur paranoïa, les modalités de leur auto-déification prennent cependant des couleurs distinctes qui s’expliquent par des tissus historiques, sociodémographiques, religieux et économiques très singuliers, dont les mailles sont travaillées par les . . .

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Il y a quelque chose de Belle du Seigneur, le chef-d’œuvre d’Albert Cohen, dans cette biographie romancée retraçant les derniers mois de la vie de Stefan Zweig et de son épouse, exilés au Brésil, fuyant l’Anschluss. Même si Laurent Seksik propose une reconstitution fidèle des faits (l’auteur affirme ne rien avoir inventé), il se dégage de son texte une puissante intensité dramatique. Comme Cohen, Seksik a écrit un roman d’amour tragique. Nous accompagnons Stefan et Lotte Zweig comme nous suivons Ariane et Solal, c’est-à-dire dans l’intimité de deux êtres sur le point de se perdre.

Chaque chapitre porte le nom d’un mois, de septembre 1941 (date de l’arrivée du couple à Petrópolis) à février 1942 (date de son suicide). Pourquoi avoir choisi le Brésil ? D’abord, parce que cette ville baignée de soleil était toute désignée pour les bronches fragiles de Lotte. Ensuite . . .

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Voici un petit livre appelé à ébranler de grands mythes. Le peu que nous pensions tenir au sujet d'Attila, Jean-Pierre Tusseau le remet en question et démontre qu'il ne se fondait que sur d'improbables légendes. « Le passage en Gaules d'Attila n'aura pas dépassé trois ou quatre mois. La gigantesque bataille, présentée comme l'affrontement de deux mondes, la confrontation de la civilisation et de la barbarie, n'a guère duré plus d'une ou deux journées et l'armée romaine était majoritairement composée de 'barbares'. » Quant à l'émouvante rencontre du « fléau de Dieu » et de sainte Geneviève, peut-être nous séduirait-elle plus profondément si quarante ans n'avaient pas séparé la présence des deux personnages dans le même lieu.

Si Tusseau liquide assez efficacement plusieurs mythes tenaces, il ne parvient pas aussi parfaitement à réhabiliter Attila jusqu'à en faire un modèle de délicatesse. Oui, l'individu . . .

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Il y a quelque chose de Belle du Seigneur, le chef-d’œuvre d’Albert Cohen, dans cette biographie romancée retraçant les derniers mois de la vie de Stefan Zweig et de son épouse, exilés au Brésil, fuyant l’Anschluss. Même si Laurent Seksik propose une reconstitution fidèle des faits (l’auteur affirme ne rien avoir inventé), il se dégage de son texte une puissante intensité dramatique. Comme Cohen, Seksik a écrit un roman d’amour tragique. Nous accompagnons Stefan et Lotte Zweig comme nous suivons Ariane et Solal, c’est-à-dire dans l’intimité de deux êtres sur le point de se perdre.

Chaque chapitre porte le nom d’un mois, de septembre 1941 (date de l’arrivée du couple à Petrópolis) à février 1942 (date de son suicide). Pourquoi avoir choisi le Brésil ? D’abord, parce que cette ville baignée de soleil était toute désignée pour les bronches fragiles de Lotte. Ensuite . . .

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On peut dire du dernier roman d’Amélie Nothomb qu’il porte sur l’apprentissage de la magie par un adolescent prodigieusement habile de ses mains. On peut évoquer son aspect « éducation sentimentale », puisque ce même adolescent s’entiche de la fiancée de son mentor. On peut enfin signaler son caractère américain (l’action se déroule principalement à Reno, à Las Vegas et dans un désert du Nevada) ou son côté forain (on y rencontre des jongleurs de feu au festival annuel de Burning Man à Black Rock City). Il y a de tout cela dans ce livre. Mais comme le suggère le titre, Tuer le père est avant tout un roman sur la paternité et la filiation conflictuelle.

Le pari peut sembler ambitieux. Comment innover sur un sujet ayant largement été exploité, surtout quand le titre, Tuer le père, affiche explicitement une tonalité œdipienne ? La r . . .

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Pour qui connaît peu le destin de Jayne Mansfield, sex-symbol hollywoodien des années 1950 - ou pour quiconque s'intéresse aux dessous et revers de cette triste vie rêvée -, le roman que lui consacre Simon Liberati se révèle fascinant.

Oui, Jayne Mansfield 1967 fascine. Tenant à la fois du roman noir et de la biographie (non moins noire), le roman pose un regard froid, détaché, non seulement sur la chute de l'actrice dans la violence, l'alcool, la drogue et le satanisme, mais aussi et surtout sur la force et la persévérance terrifiantes avec lesquelles elle se regardait elle-même chuter, entre angoisse et fou rire, ecchymoses et paillettes, sombre cauchemar et rose bonbon. À défaut de briller, elle a brûlé. Et, comme elle ne faisait jamais rien à moitié, la consumation fut totale.

Les abondantes descriptions donnent en fait à voir le délire sordide que furent les derniers mois de l'existence de la . . .

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L’œuvre remarquable de René Lapierre montre, depuis une trentaine d’années, un intérêt soutenu pour la question de la communauté, qui se traduit notamment par une mise en question du seuil de négociation entre l’espace intime et l’espace réel partagé. Celle-ci est récemment devenue plus explicite, en se saisissant de l’expérience du sujet migrant et en se situant, avec Traité de physique (2008), en régime soviétique. L’apparition d’une énonciation au nous, venant abstraire et sonder, à une profondeur philosophique, les enjeux s’adressant aux personnages, signalait une tentative de redéfinir la collectivité à partir de la rupture avec l’origine et l’espace social, sur une logique de l’intersubjectivité.

La transposition de cette tentative en sol québécois, avec Aimée soit la honte, est saisissante. Elle prend la forme d’un dialogue intensif avec le lecteur, par lequel s’effectue une recherche active et inquiète . . .

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Cours de danse pour adultes et élèves avancés de Bohumil Hrabal (1914-1997) ne ressemble à rien d'autre. Encore plus acerbe que Thomas Bernhard, mais drôle comme un Réjean Ducharme, avec l'excès et la crudité d'un homme qui aurait trop bu, l'écrivain tchèque raconte en un peu plus de cent pages les épisodes marquants d'une vie rendue à son terme. L'œuvre se présente comme une longue phrase dans laquelle s'enchaînent des idées apparemment disparates, mais qui peu à peu dessinent une sorte de danse de la conscience. L'ouvrage donc, et comme l'indique d'ailleurs son titre, ne s'adresse pas aux lecteurs débutants... ni à un public non averti. « [...] la vraie poésie doit faire mal, comme si on avait oublié une lame de rasoir dans son mouchoir et qu'on se coupait le nez en se mouchant, parce qu'un bon livre n'est pas fait pour endormir le lecteur . . .

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Bordel‑Station est un roman d'initiation. Jean‑Pierre, étudiant en droit, toujours puceau, a dix‑neuf ans lorsqu'il descend du train. Son papa lui a dégoté un emploi de garde forestier dans un bled perdu entre La Tuque et Sanmaur. Il est content, son papa, fiston va faire ses classes et connaître la « vie rude et vivifiante des bois ». Jean‑Pierre, lui, envie tous ceux qui ont le bonheur de se trouver ailleurs. N'importe où ailleurs.

Mais cela, c'est avant de découvrir l'hôtel qui a valu à la petite gare son surnom de Bordel‑Station. C'est avant de découvrir la belle Lili. Profession : travailleuse du sexe, qui aime ouvrir les jambes non pour ce que ça rapporte, mais parce que c'est donc beau en soi. C'est avant de découvrir la non moins belle Carole, chatte sauvage, au passé plus lourd que la précédente, dont le cœur et le sexe sont . . .

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Une splendeur orgueilleuse finit par se dégager de cette misère crue, brute, presque atavique qui habite ce premier roman de Naomi Fontaine, jeune Innue de 23 ans, originaire d’Uashat. Kuessipan irradie une luminosité nordique qui puise sa source dans la fierté même de ses habitants confinés dans une réserve modeste de la Côte-Nord.

Hachées à coups précis de parataxes, les phrases courtes confèrent un rythme régulier, à la limite d'une paisible monotonie. À l'image d'une vie n'offrant pas beaucoup de surprises, dans la réclusion d'une réserve sans relief. La parole, parfois elliptique, voit son sens se clarifier au détour d'une allusion anecdotique (un décès tragique, un accident de voiture), où se racontent les pertes multiples dans un monde où les hommes et les femmes meurent bien trop jeunes. La langue, simple, est constellée de phrases souvent nominales au lexique limité sans accuser de pauvreté pour . . .

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Pareil au poète « aux semelles de vent », Jean Désy obéit une fois de plus à l'appel de l'ailleurs. Cette fois, il gagne le Népal, contrée lointaine aux sentiers tourmentés et aux sommets vertigineux. Pas plus que nous, il ne sait jusqu'où il pourra aller. « Question : une vie humaine vaut‑elle une crête sommitale ? Oui ! dans la mesure où l'on est convaincu que la chose à vaincre, c'est soi‑même. Le sommet et soi‑même, ultimement, ne font qu'un. » Formulation équivoque dont le lecteur devra se satisfaire.

Très tôt, Désy est trahi par son corps. Un instant, on peut le croire frappé par le mal des hauteurs. Hypothèse d'autant plus plausible que Désy n'a rien dit d'un quelconque entraînement, lui qui, lors de telle de ses expéditions nordiques, prévoyait tout, jusqu'à la motoneige destinée au cannibalisme mécanique. Non, le mal de Désy . . .

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La violence imprègne ce livre de la première à la dernière page. La misère explique en partie la brutalité qui sévit à l'intérieur du cadre familial. L'alcoolisme du père fait de lui un fauve qui ne ressent la honte de sa folie que pour s'y replonger. Mais cette violence elle‑même doit beaucoup à celle que l'Angleterre inflige aux républicains irlandais. Le père a sombré parce que toute dignité lui était interdite et sa mort fut celle d'un vaincu trop humilié pour survivre. Ni lui ni ses enfants n'ont eu d'autre choix que de se rapprocher de l'IRA et de chercher dans son combat une raison de vivre.

Tyrone, fils de révolté, milite avec fougue dans l'armée de l'ombre. Il s'illustre à tel point que l'accident qui coûte la vie à un pilier de l'IRA par sa faute doit être caché. Confesser sa bévue nuirait à la cause sacr . . .

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Jacques Ferron qualifiait l’ancienne Ville-Jacques-Cartier de far-west avant qu’elle soit relativement policée au sein de Longueuil. L’Arvida de Samuel Archibald a cette qualité rare de présenter la sauvagerie et la folie d’un lieu sans tomber dans la caricature, le jugement lapidaire, le coup de gueule et le règlement de compte. Parler d’une petite ville, narrer les archives orales et dispersées d’une région, faire de la monographie paroissiale le socle d’une écriture vive, qui contourne, détourne, retourne les mille récits qui fondent tout lieu, voilà le défi bien relevé dans ce recueil d’histoires. L’ensemble acquiert sa valeur, son unité non pas de personnages, de manières de dire, mais bien du génie un brin débraillé du lieu, cet Arvida utopique, puis obsolète, puis agglutiné à Jonquière.

Ville fondée pour des besoins industriels, autour d’une usine, dans un lieu où « les routes interminables . . .

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Plus connu comme père du célèbre politique Henri Bourassa et gendre de Louis-Joseph Papineau, Napoléon Bourassa (1827-1916) a exercé la profession de peintre en cumulant aussi les fonctions de critique et théoricien de l'art, d'architecte, de sculpteur, de romancier, d'enseignant et de musicien. Dans un essai tiré de sa thèse de doctorat, Anne-Élisabeth Vallée tente de définir et d'évaluer la contribution de l'artiste à la vie culturelle montréalaise dans la deuxième moitié du XIXe siècle au triple point de vue artistique, pédagogique et théorique. Élève du peintre Théophile Hamel et maître lui-même de disciples connus comme Louis-Philippe Hébert, Napoléon Bourassa eut une carrière prolifique et polyvalente qui s'échelonna sur plus de cinquante ans. Sa participation active à l'essor des milieux lettrés francophones par l'entremise d'associations culturelles comme l'Institut canadien-français et le . . .

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Keith Richards, guitariste et compositeur des Rolling Stones, est indéniablement une icône du rock. Plusieurs livres lui avaient été consacrés, ainsi qu'à son groupe légendaire; mais voici son autobiographie, depuis l'enfance et les premières influences musicales jusqu'en 2008. Le leader des Rolling Stones ne cache rien de sa vie tumultueuse: insomnies, violences, alcool, drogues et autres débordements, sans oublier les arrestations et les cures. Mais de ce fait, la musique, et c'est le plus important, demeure ici un aspect parmi d'autres, contrairement à ce que nous offrait l'excellent livre rétrospectif du bassiste Bill Wyman (Histoire des Rolling Stones, Libre Expression, 2003), qui avait décrit avec précision les sessions d'enregistrement, le répertoire de chaque tournée, l'évolution de la dynamique du groupe.

Certains passages portent sur le travail du musicien: comment harmoniser ses partitions instrumentales avec celles de son partenaire: d'abord Brian Jones, puis Mick Taylor, et depuis 1975 Ron . . .

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Basé sur une émission populaire du réseau télévisé ABC, cet essai répertorie plus d'une vingtaine de pathologies rares. Si certaines comme celle de l'homme-arbre, aux prises avec des verrues lui constituant une carapace d'écorce, ou encore le syndrome d'enfermement décrit dans Le scaphandre et le papillon sont mieux connues du grand public, d'autres sont exposées presque pour la première fois: la paralysie du surfeur novice, l'épilepsie musicale ou la triméthylaminurie, qui ne touche que 600 personnes dans le monde.

Chaque cas est richement documenté, mais plus encore que les explications scientifiques destinées aux émules du docteur House, ce sont les témoignages des patients et de leurs proches qui s'avèrent fascinants.

Voilà un ouvrage qui permettra au lecteur de sonder à quel point est précieuse la chance de bénéficier d'une bonne santé. Une vérité si simple que nous l'oublions malheureusement souvent . . .

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Andrew Nikiforuk est auteur, journaliste et spécialiste des questions environnementales. Son quatrième ouvrage, Les sables bitumineux : la honte du Canada, lui a valu en 2009 dans sa version originale anglaise (Tar Sands) le premier prix de la Society of Environmental.

Dans les années 1990, le Canada a commencé à exploiter de façon soutenue les sables bitumineux de l'Alberta. C'est ce qui a permis au pays de devenir un État pétrolier et de produire aujourd'hui plus de pétrole que le Texas ou le Koweït. Depuis 2001, il a dépassé l'Arabie saoudite en tant que premier exportateur de pétrole vers les États-Unis. Ce qui, à première vue, apparaît comme un succès attirant de colossales richesses, s'avère selon Andrew Nikiforuk un désastre écologique, social, économique et même politique. D'immenses surfaces de l'Alberta ont été saccagées sans grandes précautions pour l . . .

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Pour qui s'interroge sur ce que signifie aujourd'hui penser et agir vraiment à gauche, ce court essai a le mérite d'aborder une difficulté incontournable qui, pour être surmontée, ne doit craindre ni l'éclatement de profonds différends, ni l'affrontement des idées au sein de débats passionnés. Pierre Mouterde le souligne: « [...] toute la question est là [...] penser une utopie qui soit en même temps stratégique, c'est-à-dire qui se donne les moyens pratiques de réaliser ses rêves et ses aspirations ».

Partant de la description de la logique sociale du capitalisme, de ses mécanismes économiques et de l'illustration de ses effets pervers lors de la plus récente crise financière, l'auteur entame le procès d'un système « inégalitaire, anarchique et mortifère » dans la perspective « d'en finir avec lui ». Il s'agit donc de comprendre ce qui doit être dépassé, de définir . . .

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La vocation d'intellectuel d'Alberto Manguel prend racine dans son enfance, une enfance peu commune qui étonne à la lecture des entretiens menés puis retranscrits par un ami complice, Claude Rouquet des éditions de l'Escampette. La première langue du jeune Alberto ne sera pas celle de ses parents. Né en Argentine en 1948, de parents immigrants, il passe sa petite enfance en Israël où son père est nommé ambassadeur par le président Perón. À l'ambassade, il est élevé par sa gouvernante, Ellin Slonitz, issue d'une famille juive allemande, qui parle anglais et allemand, les deux langues que les Manguel estiment nécessaires aux gens cultivés. Eux parlent espagnol et un peu français, de sorte que le jeune Alberto n'entrera en communication avec ses père et mère qu'après la chute de Perón en 1955, au retour de la famille en Argentine où il fréquentera l'école pour la première fois et fera l . . .

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Gilles Lamontagne a eu plusieurs « vies »: d'abord héros militaire contre les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale, puis commerçant, maire de Québec, ministre au gouvernement fédéral et lieutenant-gouverneur de la province. L'historien Frédéric Lemieux publie la première biographie à lui être consacrée.

À travers ce portrait d'un homme d'exception, c'est toute l'histoire de la ville de Québec que nous revivons, à une époque où celle-ci s'est transformée considérablement sous sa gouverne, entre 1965 et 1977. Durant cette période, on assista à la modernisation des services municipaux, à la création de services de loisirs, à la transformation des rives de la rivière Saint-Charles, à l'aménagement du Mail Saint-Roch en rue piétonnière, au retrait des voies ferrées du centre-ville (qui créaient des embouteillages monstres plusieurs fois par jour) et à la construction de gratte-ciel autour du parlement de Québec. Certaines de ses décisions . . .

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Le Cirque du Soleil, Robert Lepage, Céline Dion, Marie Chouinard, Jean-Paul Riopelle, Charles Taylor, Arcade Fire, Yann Martel, Michel Tremblay, Denis Côté, etc. ; la liste est longue d'artistes et d'intellectuels québécois qui ont percé hors des frontières du Québec, qui sont reconnus sur la scène mondiale et qui participent au déploiement de la culture québécoise dans le monde. Ce constat impose une question générale: comment s'insère le Québec dans l'universel, comment sa culture est-elle en mesure d'intégrer un univers mondialisé, à la fois dans le sens d'y appartenir et de s'en servir à ses propres fins? Dans Culture québécoise et valeurs universelles, essai issu d'un colloque ayant rassemblé des chercheurs universitaires d'Amérique du Nord et d'Europe, Yvan Lamonde et Jonathan Livernois cherchent à comprendre la place du Québec à travers sa culture. Si cet essai s'adresse principalement aux . . .

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Les drames humains tendant à susciter la fraternité, il n'est pas impossible que les masses s'entichent bientôt de culture nippone ' une culture unique, vaste, infinie. Des libraires remettront peut-être en vitrine les œuvres de Haruki Murakami, souvent pressenti pour le prix Nobel Or, derrière le grand écrivain se cachent des références bigarrées, des origines plurielles, si variées qu'on ne saurait prétendre connaître la littérature japonaise en n'ayant pas approché d'autres auteurs. Nous pourrions plutôt, disons, remonter le temps. Nous abreuver aux sources. Lire de délicieuses traductions de romans et contes classiques, zyeuter les anthologies d'espiègles poètes. Mais avant longtemps, quelque chose manquerait. Et ce quelque chose, c'est le théâtre. Pardon: le nô.

Constitué vers la fin du XIIIe siècle à partir d'anciennes traditions, le nô allie poésie, musique, danse, pantomime. Les comédiens y représentent des drames lyriques en un jeu . . .

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« Je détestais ma mère parce que je la désirais de diverses façons, toutes inqualifiables. » C'est l'aveu que fait James Ellroy au début de La malédiction Hilliker où il revient, après Ma part d'ombre paru en 1995, sur l'assassinat de sa mère, Jean Hilliker, alors qu'il n'avait que dix ans. Si Ma part d'ombre se lisait comme un rapport d'enquête sur un meurtre, La malédiction Hilliker se lit comme la confession d'un « serial lover » un rien incestueux.

Toute sa vie, Ellroy a été obsédé par les femmes, surtout par celles qui avaient l'allure et la dégaine de sa mère. Éros et Thanatos se trouvent ainsi très tôt liés à son désir amoureux. Il le sait, sa libido porte en elle quelque chose de destructeur d'où la malédiction . . .

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Le portrait est sévère non pas tant à cause de la détestation que l'auteur vouerait à Ignatieff, mais en raison des textes et des comportements d'Ignatieff lui-même. Ce que Pierre Dubuc peut écrire de pire au sujet du leader libéral provient, en effet, de la bouche ou de la plume de l'homme politique. La preuve est ainsi offerte par Ignatieff lui-même de ses multiples volte-face, de ses connivences souterraines avec l'impérialisme étatsunien et des distorsions qu'il introduit dans la doctrine des droits fondamentaux pour la mieux asservir. Même l'hérédité d'Ignatieff, dont le lecteur moyen se serait peu préoccupé, s'intègre au passif du personnage parce que celui-ci a tenu à s'en draper. Pour peu que l'Ignatieff réel soit aussi prétentieux et mauvais stratège politique que dans ce portrait, le chef du Parti libéral du Canada n'a nul besoin d'ennemis.

Rien n'est . . .

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À ne pas confondre avec son ouvrage Philosophie de l'éducation, Essai sur le devenir humain (Presses Universitaires de France, 2004), ce nouveau livre du professeur Thomas De Koninck reprend des éléments de son célèbre cours, dans un exposé plus pédagogique et facilement accessible aux non-philosophes. L'auteur propose de « repenser l'éducation par le fond ». Sa démonstration est magistrale: on revoit avec lui l'art, la grande littérature, les textes fondamentaux ; il prône un retour à l'enseignement des lettres et « des textes les plus communs de notre culture ». L'élément central dans la pensée du philosophe est la dignité humaine, qui fait que « l'être humain est au-dessus de tout prix », que « chaque humain est unique au monde ». Ainsi, pour préciser sa définition de la dignité humaine, déjà à la source du préambule de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, Thomas De Koninck . . .

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Le lien qui existe entre un lecteur et ses livres est des plus intéressants à analyser. Dans le cas d'un romancier, cette relation est d'autant plus importante qu'elle le confronte aux créations de ses pairs. C'est précisément cette relation que Charles Dantzig explore dans cet ouvrage à travers une série de d'observations sur l'univers du livre où il tente, ultimement, de trouver réponse à la question « pourquoi lire ? »

Il faut dire que le livre est un objet hautement symbolique. Son invention ' qu'il ne faut pas confondre avec celle de l'imprimerie ' remonte à la nuit des temps et il n'y a pas une époque qui n'ait connu son lot de faux prophètes pour prédire à tort sa disparition. Au fil des pages de Pourquoi lire ?, l'auteur décline les raisons qui font en sorte qu'ouvrir un livre est une expérience des plus extraordinaires et il propose une réflexion autour de . . .

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George Steiner est un homme de savoir et de culture. Auteur de plus d'une trentaine d'essais, ce penseur a orienté la majeure partie de sa réflexion autour de la culture, de sa découverte à son enseignement. Tant et si bien qu'au fil du temps, nombreux ont été celles et ceux qui ont été touchés autant par son érudition que par sa pensée humaniste.

En juin 2009, il était l'invité d'honneur à un colloque intitulé « George Steiner, philosophe de la culture et de la transmission » qui s'est déroulé à l'Université de Nantes, et dont l'objectif était de « rendre hommage au penseur, au savant et à l'humaniste ». Organisée avec la rigueur d'un colloque universitaire, cette rencontre fut surtout l'occasion, selon un des participants, « d'accorder un temps à la rêverie esthétique et culturelle, rêverie savante mais fermée aux excès de l'érudition, qui anime l'œuvre de George Steiner ».

Ils seront douze, des professeurs et . . .

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Ce collectif en hommage au cinéaste Pierre Falardeau (1946-2009) correspond en réalité à un numéro thématique du Bulletin d'histoire politique, rattaché à l'Université du Québec à Montréal. Le dossier principal comprend cinq essais totalisant une cinquantaine de pages. Le journaliste René Boulanger témoigne avec ferveur de l'amitié complice l'ayant uni au réalisateur pamphlétaire, en retraçant leurs engagements communs durant plus de 30 années. On apprécie sa grande précision quant aux événements relatés (noms, lieux, dates), mais également les allusions aux lectures favorites de Falardeau, dont Hommage à la Catalogne de George Orwell. Ce parcours permet aussi d'évoquer ses premiers courts métrages, comme Pea Soup et Speak White, mais aussi Le temps des bouffons, sans oublier Elvis Gratton, un film qui devait durer 30 minutes et initialement conçu comme la réaction à vif d'un partisan . . .

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À la fois biographie et recueil de textes de chansons, cet album de photos rares réalisé par deux admirateurs fervents de Félix Leclerc (1914-1988) comprend aussi les reproductions de 24 toiles inspirées de l'univers du chansonnier.

Le récit débute en 1950, lorsque Félix reçoit une invitation à rencontrer le producteur parisien Jacques Canetti, qui lui propose immédiatement un contrat, des enregistrements sur 78 tours et un engagement pour se produire sur scène à l'ABC, à Paris. On assiste à cette aventure à laquelle Félix lui-même ne croyait pas; on suit ses rencontres parisiennes: Édith Piaf, Maurice Chevalier, Charles Trenet, Jacques Brel, et tant d'autres. Puis on revient sur l'enfance, les déménagements, les débuts à la radio et à la télévision, les premiers livres, les chansons. On connaît mieux la première épouse de Félix, Andrée Vien, surnommée Doudouche, et d'autres moments méconnus de la vie privée du poète . . .

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Le personnage méritait ce portrait prenant et ce traitement nuancé, pénétrant, respectueux. Joseph-Charles Taché a beau avoir la mèche courte dès son adolescence, il marque si profondément et si utilement une incroyable diversité de domaines qu'il était temps de lui rendre justice. C'est chose faite grâce à la biographie fouillée, stimulante, généreuse autant que peu complaisante que lui consacre Michèle Bernard.

L'adolescent né à Kamouraska, dans un décor où le Saint-Laurent cherche déjà à se faire traiter de mer, s'ennuie au Séminaire de Québec et le fait savoir. Parvenu au stade des études supérieures, il obtient pourtant sans soubresaut son diplôme de médecin. À peine aura-t-il le temps de tester son art à Rimouski que le destin lui fait emprunter un premier détour. Lors d'un quasi-naufrage sur le fleuve, il manifeste une telle générosité à l'égard des vies que menace la tempête qu . . .

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Découvrir (ou redécouvrir) aujourd'hui, dans le contexte politique mondial actuel, L'affabulateur de Jakob Wassermann est une expérience pour le moins troublante. Troublante et jouissive.

Publié en 1926, le roman met en scène le damoiseau Ernest d'Ehrenberg, un conteur, un inventeur, un rêveur, un briseur de réalité ' et, surtout, le sort que lui réservent son époque et ses institutions, ses pouvoirs officiels. En effet, le briseur de réalité ne peut que déranger, agacer, menacer. Or, celui-ci, qui n'est qu'imagination et créativité, ne saurait se laisser lui-même briser. Stéphane Michaud, dans la préface du roman, en formule ainsi l'enjeu fondamental : « La parole peut-elle être tenue prisonnière » ? Question des questions...

En fait, la parole qui crée librement plutôt que de reproduire sottement la réalité est élémentaire: souffle, torrent, débordement, emportement, révolte. Aussi échappe-t-elle toujours, d'une certaine mani . . .

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À lire pareil récit, on préférerait croire à l'intrusion massive et incontrôlée d'une imagination cruelle: de tels destins révoltent l'âme. Si l'on s'attache à la toile de fond, cette échappatoire est pourtant vaine, tant Chantal Thomas traverse l'histoire vérifiable d'un pas assuré et y trouve corroboration de ses vues. Certes, nul ne possède le compte rendu intégral des conversations entre les deux jeunes sœurs et leurs contemporains, mais tout est infiniment et tristement plausible et, selon le principe, l'auteure ment vrai. Seuls échappent à l'opacité de ce ciel tourmenté les quelques caprices d'une favorite royale trop confiante en sa beauté. Ces sursauts ne parviennent pas à alléger l'atmosphère, puisqu'ils sont tôt suivis d'une implacable réaffirmation d'un ordre injuste. À peine avait-on eu le temps de croire que, si Ursule devenue Olympe s'était mieux résignée à sa condition subalterne, le pire aurait été évit . . .

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C'est un bien beau premier roman que nous offre Antoine Rault avec Je veux que tu m'aimes, où s'emmêlent tristesse et fous rires, sublime enfance et maturité forcée. Rarement, d'ailleurs, un titre aura-t-il annoncé de façon aussi claire et efficace l'essence même d'un texte. Car chaque geste, chaque parole, chaque silence de David, le jeune narrateur, est mû, poussé, hanté même par ce seul désir : être aimé de Marlène, sa mère, qu'il semble importuner par sa seule présence – pire : son existence.

Aussi David essaiera-t-il tout, vraiment tout pour lui plaire, ou du moins obtenir son attention, ne serait-ce que l'ombre distante de son regard vaguement distrait. Et que peut-il faire d'autre, l'enfant convaincu de n'être pas aimé de son parent ? Que peut-il faire d'autre qu'essayer, essayer encore et encore d'exister pour des yeux qui . . .

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Ce livre est un recueil de textes de diverses provenances ' entre autres l'incontournable Paroles (1946) ', écrits tout au long des années 1930, une époque, on le sait, de grandes catastrophes pour l'humanité. Certains de ces poèmes, chansons, saynètes, chœurs et sketches ont été mis en scène entre 1932 et 1936 par le Groupe Octobre, qui prônait l'« agit-prop » (agitation et propagande) contre toutes les formes de misère de son temps.

Le texte « L'avènement d'Hitler » est une courte saynète très particulière, en ce sens qu'elle constitue une réponse directe à l'accession d'Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933. Voilà un bref mais cinglant texte rédigé à vif, à cette même date (il est, d'ailleurs, sous-titré « Actualités ») afin d'alerter et de mettre en garde une Europe déboussolée par d'inouïes et folles contradictions économiques, sociales, politiques . . .

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L'exploit de Perec lui a valu des émules. À son exemple, plusieurs ont tenté de raconter dans un désordre trompeur une série de destins avant de les réunir peu à peu en un faisceau intelligible. La surprise naissait de ce que ces multiples vies soient logées côte à côte dans un unique immeuble. Rares sont cependant ceux ou celles qui ont su s'approcher de la réussite de Perec. Amélie Panneton est de ce groupe restreint. Sans pour autant imiter le maître. Tout en avouant dès l'exergue sa dette à l'égard de Perec et de La vie mode d'emploi, elle construit, en effet, de façon autonome son propre édifice où s'aiment, s'agitent, s'isolent et se croisent les habitants de plusieurs petits mondes.

Au départ, une avalanche de cartes postales déferle sans qu'on daigne nous dire qui écrit ou vers qui file le message. Puis, c'est la visite des . . .

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La grâce d'un tel livre fait oublier qu'il a fallu l'attendre. Douze ans ont filé, en effet, depuis la merveille qu'était La mémoire en fuite (Boréal). L'immersion d'Anne Michaels dans les doutes, les déchirements et les regains de la vie est, cependant, si hors du commun qu'il s'impose de la remercier. En sa compagnie, chacun réévaluera ses perceptions de la compassion, de l'oubli, du deuil, du remplacement, du don. Ce livre est de ceux qui méritent d'occuper la table de chevet et de se rouvrir tantôt pour la méditation de deux paragraphes, tantôt pour une plus longue écoute de Jeanne, d'Avery ou de Lucjan.

Les audaces – les présomptions? – de l'ingénierie moderne captent l'attention à plusieurs reprises. Le barrage d'Assouan provoque le déplacement des colosses d'Abu Simbel pour leur éviter la noyade. L'ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent . . .

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Dans un minuscule pays, une ville nommée Zaroffcity du nom du dictateur qui a pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État, Una écrit à son frère exilé dans le pays voisin. Pour sauver son vieux père menacé par Karaci, le redoutable et redouté ministre de l'Intérieur, Una a accepté de l'épouser – un mariage blanc puisqu'elle refuse de partager le lit de son mari qui, lui, multiplie les liaisons en attendant que sa femme se jette à son cou de son plein gré. Depuis, recluse dans un appartement spartiate de la somptueuse maison de Karaci, elle écrit des lettres à son frère dans lesquelles elle raconte ce qui se passe à Zaroffcity et ce qui peu à peu se transforme en elle. Una déteste son mari, un tortionnaire qui s'en prend surtout et avant tout aux intellectuels, aux artistes et aux femmes. Grâce à l'arrivée du jeune Marko, un enfant des rues qui s'introduit un soir chez elle et avec . . .

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S'ouvrant sur une strophe du poème « Chant d'automne » tiré des Fleurs du mal de Baudelaire, dans laquelle les bruits d'un cercueil que l'on cloue sont évoqués, ce beau et inquiétant récit se veut une célébration de la vie mais où la mort est « un état d'âme permanent » qui peut frapper soudainement et durement. C'est sur un tel paradoxe que l'acte littéraire va, ici, se fonder.

Si la vie est « tout à coup beaucoup de lumière », des noirceurs et de vifs tourments vont, cependant, l'entourer, la cerner. Et, en bout de ligne, l'appel de l'ultime finitude... Ce récit tourne ainsi autour d'étranges, de sombres contradictions qui colorent, curieusement, le vivant : la vie est partout et la mort lui fera grande violence ' ce qui peut lui donner une manière de grandeur dans sa continuité ambiguë.

L'auteur s'adresse, par une écriture assez lyrique, à des personnes qu'il . . .

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Long retour, en effet, que celui-là, et sans garantie de sérénité. Jeune architecte incapable de coexister avec un père envahissant, Léo a fui Montréal. Trente ans durant, à Buenos Aires, il s'est cherché, ne parvenant qu'à poser des gestes professionnels délestés de passion. Quand lui parvient l'annonce du décès de son géniteur, il fait de son nécessaire voyage à Montréal un prétexte pour mettre fin à son exil. Qu'est devenue sa ville natale? Il se fait une joie de chercher à le savoir. L'Expo 67 a aéré décor et société, la Place des Arts a embelli son lieu d'implantation et renouvelé en profondeur ses publics... La famille de Léo a évolué elle aussi, mais assez peu et d'une manière différente selon chacun de ses membres. La mère, qui alignait sa pensée sur celle de son mari, parle un peu plus. Chacune des sœurs insiste pour . . .

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Qu'ont en commun Dominic Baciagalupo, Dominic Del Popolo et Tony Angel ? Le métier de cuisinier et un fils célèbre, l'écrivain Danny Angel, alias Daniel Baciagalupo.

En 1954, à Twisted River, modeste village de draveurs, le cuisinier, un jeune veuf, et son fils de douze ans vivent une vie à peu près paisible jusqu'au soir où Daniel surprend son père au lit en train de lutter avec un ours ! Se saisissant d'une poêle en fonte qui a déjà fait ses preuves, il n'hésite pas à s'en servir pour mater l'agresseur Dès le petit matin, décidés à fuir Twisted River à la suite du décès « accidentel » de Jane l'Indienne, petite amie en titre du constable du village, Dominic et Daniel Baciagalupo s'établissent à Boston, première étape d'un périple qui durera plusieurs années car les États-Unis ne sont pas assez grands pour semer leur poursuivant, le constable de Twisted River, qui a . . .

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Dans son dernier roman, Hugo Hamilton aborde une fois de plus les thèmes de l'identité et de l'appartenance. Ceux qui ont lu ses deux récits autobiographiques, Sang impur (prix Femina 2004) et Marin de Dublin (2007), savent qu'il s'y connaît en la matière, lui dont le père, un farouche nationaliste irlandais, interdisait à sa famille de parler anglais à la maison par fidélité patriotique. Dans Comme personne, il reconstitue le passé de Gregor Liedmann, un homme taraudé par l'incertitude de ses origines.

Les premières pages nous plongent dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, dans un Berlin à feu et à sang que la population tente de fuir par tous les moyens. Dans cette cohue, on suit une jeune femme qui a perdu son fils de trois ans dans un bombardement. Son père, qui l'aide à fuir la ville, lui confie . . .

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Le conte nous prend par la main et nous emmène par tous les chemins du monde. Nous y rencontrons de valeureux princes et de délicieuses princesses, des sultans qui s'ennuient et des bergers joyeux, un tsar à barbe blanche, des mégères irascibles, des simplets plus savants que les doctes, une mère et son enfant, un chasseur de rennes ou un maître luthier, des monstres terrifiants qui poursuivent quelque infortuné, des animaux de bon conseil. Voici plus d'une centaine de contes qui nous conduisent vers tous les continents connus et même vers ceux qui n'existent que dans notre tête. Cela se passe on ne sait quand, aux premiers temps de Vieux-Père et de Vieille-Mère, peut-être dans des siècles où les humains étaient proches de la terre; ils la parcouraient alors jusqu'où leurs jambes pouvaient les porter, ils la travaillaient à la force de leurs bras, ils comprenaient le langage des créatures qui la peuplent . . .

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À l'époque où les enfants mouraient souvent en bas âge, Klara Pölzl, la mère d'Adolf Hitler, craint toujours que Dieu le lui ravisse, comme Il lui a déjà repris trois enfants. Adolf, adulé par sa mère, présente donc dès son plus jeune âge quelques traits de personnalité narcissique. Néanmoins, rien dans sa petite enfance ne laisse présager l'agitateur puis le tyran qu'il deviendra.

Le roman de Michel Folco, bien documenté, s'en tient aux 25 premières années d'Adolf Hitler dont il brosse un portrait précis et crédible. Aussi y est-il peu question de politique puisque Hitler ne s'y intéresse vraiment qu'après l'assassinat de l'archiduc d'Autriche, François-Ferdinand, prélude au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

D'abord sage, discipliné et bon élève, le petit Adolf se transforme peu à peu en un adolescent paresseux, irascible, effronté et arrogant. Après avoir voulu . . .

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Ce recueil de prose poétique, sous-titré Poésie journal, nous présente tous les petits moments propices à la créativité que nous portons en nous. Et cela ayant comme finalité la reformulation, par l'écriture en particulier, des multiples « fragments » significatifs qui constituent notre environnement, dans tous les sens du terme. Cette tentative de rassemblement du sens du monde, originant d'une fragmentation, pourra être vue à l'image du contenu du livre, de l'œuvre musicale ou filmique: la création artistique possède, on le sait, un vaste panorama qui se renouvelle constamment par-delà le connu: « [...] j'ai commencé à écrire dans une autre langue... » Et l'étrangère se fera présente grâce aux mots.

C'est dire que la créativité dépasse le strict entendement personnel. Nous serions, ainsi, essentiellement des passeurs pour qui se sent « possédé » par le talent. Créer, écrire surtout, s'avérera nécessaire, inévitable pour ceux et celles qui se sentent . . .

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Leslie Muller ou le principe d'incertitude est la quatrième publication de la nouvelliste et romancière montréalaise Lynn Diamond, finaliste en 2002 au Prix des collégiens pour son roman Le corps de mon frère.

Au cœur de Leslie Muller, la quête d'absolu et l'amitié indéfectible. La narratrice et personnage-titre du roman amorce son récit en 2002, retourne vingt ans plus tôt, au temps des idéaux de sa jeunesse et va, dans un mouvement d'aller-retour, jusqu'en 2003, l'année de ses cinquante ans. Construction non linéaire qui garde le lecteur en attente de révélations. Leslie capte les moments charnières de sa vie, qui coïncident avec ceux vécus avec son groupe d'amis. Un lien d'amitié maintient le groupe en dépit de langues, d'origines et de professions diverses. Leur port d'attache est . . .

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On connaît l'esthétique poétique dite « baroque » de Jean-Paul Daoust, un auteur très prolifique ayant publié une trentaine de recueils depuis 1976. Il a par ailleurs dirigé la revue Estuaire de 1993 à 2003. On a pu le qualifier de « dandy crépusculaire » car son écriture plonge dans les zones d'ombre de l'humain, les aléas de l'existence et ceux, aussi, d'une époque. Ainsi, de Taxi pour Babylone (Écrits des Forges/L'Orange bleue, 1996) à Carnets de Moncton, Scènes de la vie ordinaire (Perce-Neige, 2010) en passant par Cinéma gris (Triptyque, 2006) et bien d'autres dont le célèbre L'Amérique (poésie sur CD, XYZ, 2005), Daoust nous propose une poésie assez sombre mais comprenant des moments esthétiques parfois très lumineux: c'est le cas du présent recueil.

En effet, celui . . .

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La nouvelle n'a pas fait grand bruit, mais le romancier sud-africain J. M. Coetzee, Nobel 2003, est mort et au sommet de sa forme ! En fait, dans L'été de la vie, Coetzee poursuit son projet autobiographique, entamé en 1997, en imaginant qu'après sa mort, un universitaire anglais, M. Vincent, se prépare à écrire sa biographie. Vincent privilégie les années 1971-1977, marquées par le retour de Coetzee en Afrique du Sud et la parution d'Au cœur de ce pays, son deuxième roman mais son premier succès auprès du public. Vincent est persuadé qu'à cette époque décisive de sa vie, Coetzee se cherchait en tant qu'écrivain. L'été de la vie se présente comme un ensemble de matériel préparatoire à une biographie dont on ne lira pourtant pas la moindre ligne. Vincent expose plutôt le fruit de ses rencontres avec cinq . . .

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Entre la sonnerie du téléphone de septembre 2007 et celle de novembre 2008, quatre saisons divisant en autant de parties le roman. Un samedi de septembre, les parents de la narratrice sont victimes d'un accident de la route. Alertée au téléphone, la fille accourt. Sa mère, Hélène, est morte sur le coup. Reste son père, Michel, grièvement blessé. La narratrice se démène entre les arrangements funéraires et les visites à l'hôpital, les rapports tendus avec les soignants et les médecins. L'octogénaire se remettra-t-il du choc de la mort de sa femme ? Pourra-t-il recouvrer son autonomie et le désir de vivre ? Moments d'angoisse pour la narratrice.

Elle raconte le lien de proximité qu'elle tisse avec son père. L'homme, volontaire et fier, revient à la vie mais non sans séquelles en plus des signes de vieillissement. Sa fille lui assure une aide aimante et discr . . .

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Je n'avais jamais lu Heinrich Böll. Ces deux titres datent respectivement de 1947 (Le testament) et de 1948 (Croix sans amour), et ils comptent parmi les plus anciens à avoir été traduits en français. Valait-il mieux aborder cette œuvre immense par un de ses quelques classiques, L'honneur perdu de Katharina Blum ou Portrait de groupe avec dame ?

Ce sont là, quoi qu'il en soit, deux récits de facture assez classique, bien faits, prenants, et qui restent, je trouve, tout à fait d'actualité bien qu'ils soient situés, l'un dans l'Allemagne d'avant la Seconde Guerre mondiale, l'autre en 1943, soit au cours de cette même guerre, une guerre que Böll a lui-même vécue de l'intérieur. Actuels par ce qu'ils mettent en jeu et en scène : l'opposition entre certaines valeurs nationales collectives, d'une part . . .

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L'improbable greffe aura parfaitement réussi : la fiction déploie et approfondit la vérité historique. Katharina, qui côtoie les terribles pratiques du nazisme sans en percer le sens, entre dans la vie d'un des plus déterminants responsables de la « solution finale ». Entre elle et le puissant et très réel Reinhard Heydrich, la passion flambe aussitôt, mais Katharina demeure dans l'ignorance des mandats inhumains que sollicite et exécute son amant. Chargé de réprimer la résistance tchécoslovaque, Heydrich s'acquittera de sa mission avec rigueur et absence de scrupules. Il sera abattu le 27 mai 1942 par des parachutistes tchèques soutenus par la Grande-Bretagne. Là se tait le récit factuel et s'ouvre un autre pan de la fiction. Dominike Audet imagine, en effet, que Heydrich survit à l'attentat sans que le public en sache quoi que ce soit. Relogé discrètement en Suisse, il prépare à sa manière un après-guerre dont Hitler . . .

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Un promeneur en novembre est le huitième recueil de nouvelles publié par Gilles Archambault. L'écrivain a également à son actif seize romans, un récit et cinq compilations de chroniques. Auteur reconnu, il a remporté le prix Athanase-David en 1981 et le Prix du Gouverneur général en 1987. Bien sûr, dans ce nouvel ouvrage, on retrouve l'atmosphère plutôt mélancolique à laquelle il a habitué ses lecteurs. Les personnages, hommes et femmes, sont des êtres solitaires, émotifs, voire tourmentés, souvent axés sur le passé, qu'ils ressassent volontiers. Ce sont également des êtres attachants, peut-être à cause de leur vulnérabilité et du regard lucide et désenchanté qu'ils posent sur le monde. Ainsi, Viateur, un retraité de l'enseignement, affirme, dans la nouvelle « Un couple » : « Quand vous aurez mon âge, on ne vous insultera plus. C'est dans les regards qu'on vous lance que vous sentez qu'on vous a éliminé ». Dans « Une fragile . . .

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La littérature québécoise a enfin son Don DeLillo, qui se situerait entre Underworld et Mao II, entre les connexions paranoïaques d'un univers mémoriel préfabriqué et les lubies d'un écrivain qui voit les possibilités et les horreurs de chaque récit qui s'agglomère aux autres. Ce n'est pas que la littérature québécoise ait besoin d'un Don DeLillo ni que Pierre Yergeau copie le grand romancier étatsunien avec Conséquences lyriques, paru chez Québec Amérique après une longue collaboration avec L'instant même. C'est que la prose décalée, épiphanique, simple et sentencieuse de l'écrivain québécois fait écho à « l'intellectualisme populaire » qui caractérise DeLillo. En effet, à travers le récit de divers personnages qui arpentent Los Angeles et qui dressent la cartographie des angoisses et des fixations contemporaines (obésité, paranormal, musique, beauté, construction . . .

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« Une littérature d'ailleurs qui va vers l'ailleurs », tel est le type d'écrit dont se réclame l'auteur français Antoine Volodine, créateur de ce qu'il appelle le « post-exotisme ». Mais qu'est-ce donc ? Le genre, dont les principaux adeptes sont les pseudonymes et les personnages de l'auteur lui-même, mêle de façon on ne peut plus noire onirisme et politique, parfois dans un univers d'après-mort. Dans son dernier « roman », Écrivains, Volodine offre de multiples portraits d'écrivains dits post-exotiques : ils sont exclus de la société, voire emprisonnés, ils savent à peine lire, ils ne cherchent pas à être lus, ni entendus, mais écrivent, dans l'urgence, comme si quelque chose cherchait à parler à travers eux. Plus ou moins ancrés dans la réalité stalinienne – parfois l'on ne sait où l'on est –, ces portraits interrogent le besoin de dire, malgré l'absence de lecteurs, ce besoin de s'expliquer . . .

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Si la réussite d'un roman se juge à la conciliation de l'improbable et de l'espéré, Attraction terrestre mérite tous les éloges. Si intervient, comme autre preuve de l'exploit, la rencontre entre l'inattendu et le logique, quel individu ne serait pas comblé par Attraction terrestre ? Comme ces conditions sont bellement satisfaites, voilà un livre à savourer. L'attraction, improbable et espérée, inattendue et logique, s'exerce avec raffinement et rapproche un embaumeur campé à la périphérie de la vie et un pianiste que le passage des ans chasse du circuit des vivants.

Tout commence sous le signe de la distance, du non-investissement. L'écriture, narquoise à l'occasion, toujours rebelle à l'implication, érode par touches légères le rempart dont l'embaumeur croit s'être entouré. Il a beau se soustraire à toute vie commune, éviter d'être complètement là où on le voit, tomber parfois dans « ces poches d'air absolument douloureuses . . .

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Après avoir raflé tous les prix littéraires importants en Europe du Nord au moment de sa parution originale en 2008, Purge a été couvert d'éloges à sa sortie au Québec en 2010 et en France où il a remporté le dernier Femina du roman étranger. Lecture faite, on ne peut que confirmer le bien-fondé de la rumeur sur ce roman qui raconte la destinée tragique d'une lignée de femmes plongées dans les remous de l'histoire.

L'action débute en 1992, deux ans après le départ des Russes de la République balte d'Estonie. Un bon matin, Aliide, une vieille Estonienne qui vit sur une ferme isolée, découvre dans sa cour ce qu'elle prend pour un ballot. « Le ballot était une fille. Boueuse, loqueteuse et malpropre, mais une fille tout de même. » La fille, qui se prénomme Zara, lui raconte qu'elle a échoué chez elle par . . .

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D'entrée de jeu, l'auteur indique ce qui nourrit son écriture : la résistance au « Même », à la pression du conformisme ; le refus d'entrer dans la logique de la concurrence individuelle et d'adhérer aux valeurs d'une société libérale qui a pour idoles l'argent, les médias et la technologie. Le poème devient ainsi un lieu où exercer une autre forme de présence, par l'intervention d'un « brouillard lyrique » qui permet d'estomper la réalité immédiate, de mettre à distance le contemporain. Il s'agit d'appréhender le monde non plus prioritairement par la vision ou l'intellect, mais en retournant au sentiment de l'existence, en traçant les contours d'une identité collective qui traverserait les frontières des nations et des sexes, tout en admettant l'abîme des subjectivités : « J'apprends à écouter le chant du refuge entre mes oreilles, la résonance de mon espèce fragile ». Par un repli sur l . . .

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Pendant toute une soirée bien arrosée, Katrina, Rianna et Bethie s'éclatent au Light my fire. Aux petites heures, les deux copines de Katrina quittent le bar avec deux hommes et la laissent partir seule. Même si elle a levé le coude plus qu'elle n'aurait dû, Katrina prend le volant mais, pas de bol, en chemin la Mustang s'arrête : panne sèche ! Sur la petite route qu'elle a empruntée, peu de voitures circulent à cette heure tardive. Coup de chance, une grosse berline noire conduite par une femme très élégante s'arrête. Depuis, Katrina reste introuvable.

Au petit matin, dans le quartier tranquille de Westwood Sud, Ella Mancusi, septuagénaire, sort prendre ses journaux et se fait attaquer au couteau par un homme plus tout jeune qui porte une casquette en tissu écossais, type troisième âge. Un témoin particulièrement observateur a aussi remarqué que l'assassin conduisait une Mercedes S600 noire, dernier modèle.

Dans

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L'ambition de Bernard Gilbert est claire : recréer, polar aidant, l'atmosphère de la décennie 1950. Du coup, l'auteur s'emploie à rendre tangibles l'emprise du haut clergé sur la vie culturelle de l'époque, le côté suranné d'un théâtre tourné vers le rétroviseur, l'ostracisme frappant les marginaux du sexe et de la pensée, la collusion entre le pouvoir politique et la police, la cohésion barbelée d'une petite élite tout-terrains... Cerise surnuméraire, Gilbert intègre à ce mandat costaud le carambolage politico-comique auquel furent soumis certains trésors polonais.

Le verdict de Gilbert sur 1954 respecte un manichéisme que les historiens ont pourtant commencé à fissurer. Avant 1960, la nuit ; après, l'aurore aux doigts de rose. Peut-être même Gilbert en arrive-t-il à noircir la grande noirceur. Nul doute que l'épiscopat et l'Union nationale aimaient censurer, intimider, diffamer, mais allait-on jusqu'à hausser les épaules devant le meurtre ? La . . .

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Le héros du dernier roman de Jean Echenoz pourrait être présenté comme un avatar de l'apprenti sorcier ou du savant fou ; il s'agit de Gregor, un personnage librement imaginé à partir de la biographie authentique de Nikola Tesla. On doit à cet ingénieur visionnaire, né en 1856 sur le territoire de l'actuelle Croatie, nombre d'inventions qui ont conduit directement aux nouvelles technologies dont on ne saurait plus se passer.

Gregor naît dans la confusion d'une nuit d'orages particulièrement violents, si bien qu'on ignore la date exacte de sa naissance. Est-il de la veille ou du lendemain ? Le jeune garçon, plutôt antipathique et peu communicatif, manifeste très tôt une intelligence hors du commun. Grâce à une mémoire photographique phénoménale, il assimile en un temps record langues et notions scientifiques. Pour se débarrasser de lui gentiment, on lui conseille de tenter sa chance là où tout est possible, c'est-à-dire en Am . . .

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Équilibre raffiné qui rappelle celui des sonnets réussis : un format aussi exigeant qu'implacable et une inspiration qui semble tout ignorer des contraintes auxquelles on la soumet. « Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain... » Corriveau loge, en effet, 60 nouvelles en 140 pages sans qu'aucune puisse crier aux douleurs de l'émondage brutal ou à la camisole de force. Dans chaque histoire, la quarantaine de lignes, le paragraphe des coordonnées spatiales, temporelles ou psychologiques, celui du dégagement, du recul, du mystère, puis, sans le clinquant de la chute forcée, le résidu logique et inattendu ou le clin d'œil. Des conclusions ? Si peu.

Corriveau demeure ainsi homme de pari. Du pari osé et tenu. Dans Troublant, il promettait et livrait cent récits. Dans Autour des gares, il proposait encore une fois cent nouvelles et les rattachait toutes, avec l'élégance de la liberté, au thème de la gare. Cette fois . . .

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Il est des romans qui tiennent au climat qu'ils créent et à la façon dont les événements qui s'entrelacent viennent appuyer les tensions et les inconnus qui se faufilent dans la trame narrative.

Ainsi en est-il du second roman de la poète Andrée Christensen, La mémoire de l'aile. Comme ce fut le cas avec le premier, Depuis longtemps, j'entendais la mer, celui-ci s'inspire de la mythologie sans pour autant chercher à s'y coller. Le souffle est poétique et la trame romanesque s'élargit pour laisser place à la puissance évocatrice de son verbe. Tout est question de climat, d'atmosphère.

Au centre de l'intrigue, Mélusine et Beltran dont les destins s'entrecroisent pour finalement se rejoindre. Mélusine qui connaît le langage des oiseaux et Beltran dont le nom signifie « brillant corbeau ».

Mélusine qui a déjà porté deux autres prénoms, chacun représentant . . .

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Roman à deux voix, Espèces reprend les thèmes chers à Ying Chen : la dualité, la mémoire de vies antérieures, la vie de couple avec A., le mari archéologue d'Immobile et de Querelle d'un squelette avec son double, l'enfant perdu qui évoque celui d'Un enfant à ma porte, le tremblement de terre déjà advenu dans Querelle et à venir dans Espèces. Il y a aussi le ton, non dépourvu d'ironie, qui nous est déjà familier.

Dans Querelle d'un squelette avec son double, les visions du monde de deux femmes s'affrontaient tandis que dans Espèces ce sont celles d'une seule femme mais sous deux aspects : l'humaine et la féline. Car ici, la femme de A. se métamorphose en chatte. Ainsi, le . . .

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Le Paul Letendre de Pierre Caron rappelle, obésité en moins, le policier de Rex Stout : tout comme son homologue se passionne pour les orchidées, Letendre pratique un métier qui devrait l'éloigner du crime et des enquêtes policières. Ni les fleurs de l'un ni les (presque) incunables de l'autre ne parviennent pourtant à ce résultat. À croire que le crime les aime. Limitons quand même l'amalgame ; Letendre se distingue de son illustre prédécesseur par sa mobilité, sa culture, son entregent.

Dans Letendre et l'homme de rien, il suffit qu'un message punaisé sur un babillard d'épicerie offre des « livres rares à vendre » pour que frétille le collectionneur. Il n'est ni distance ni décalage social qui tienne quand l'éditeur du Répertoire des livres de collection subit pareille tentation. Son instinct le guide bien, car l'intermédiaire fait lever un espoir débridé : « [...] l'édition originale de 1776 des . . .

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Alain Beaulieu est connu pour ses romans sur la ville de Québec, pour sa manière habile et truculente de dépeindre un milieu. Dans Le postier Passila, il change de décor, ce qu'il avait fait aussi dans certains romans pour la jeunesse, non sans conserver ce rapport intrinsèque avec le lieu. L'action se déroule dans un village latino-américain imaginaire nommé Luduvia ; un postier de la grande ville (jamais nommée, et évoquée comme un repoussoir, un monde hostile et éloigné) accepte une affectation dans un bled, loin des tracas amoureux de la cité et des manigances de ses collègues. Eduardo Passila arrive au sein d'un espace nouveau, marqué par une place publique d'où chacun se scrute, surtout lui, l'étranger qui vient révéler les tensions qui couvent dans chaque village. Beaulieu dévoile un monde clos, un univers de la rumeur, où la connivence des citoyens impose à un étranger des r . . .

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Les expositions sont éphémères mais les catalogues qui les accompagnent sont permanents et c'est là, véritablement, que se révèle leur valeur de documents. Dans le cas des deux expositions du Musée national des beaux-arts du Québec consacrées aux femmes artistes au Québec, le catalogue apparaît d'autant plus important que peu d'ouvrages leur ont été consacrés. S'il est vrai qu'il existe des femmes artistes dans le monde depuis le XVIe siècle, qui a vu naître la notion d'artiste, leurs œuvres, considérées mineures, étaient jugées sans intérêt. Même lorsque plus tard, devenues professionnelles, elles appartenaient à l'un ou à l'autre mouvement, elles restaient à l'ombre de leurs contemporains masculins. Au Québec, combien savent que près de la moitié des signataires du Refus global étaient des femmes ? Aujourd'hui encore, si quelques batailles ont été gagnées, la . . .

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Couvrant les ultimes décennies du parcours d'Olivar Asselin, ce troisième tome de sa biographie livre du pamphlétaire une image quelque peu assagie. Hélène Pelletier-Baillargeon, fidèle à sa rigueur et à un sens avéré de la mesure, loue l'élégance de l'écriture d'Asselin sans occulter les outrances de ses jugements. Asselin fut l'une des plus magnifiques plumes d'un Québec qui n'en comptait guère, mais il fut aussi, par entêtement décevant, un farouche opposant au vote des femmes et à toute sécurité sociale contrôlée par l'État.

Sans verser dans le misérabilisme, la biographe décrit la pauvreté qui, sa vie durant, tortura Asselin. Certes, il commit des impairs, mais il fut surtout brimé par un cléricalisme vindicatif et intolérant. Revenu pendant la guerre à la foi et à la pratique religieuse, Asselin ne réclamait pourtant rien de plus que le droit pour le citoyen d'apprécier librement les questions . . .

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Au fil des années, Jean O'Neil nous a servi de guide. De Stornoway à l'Isle-aux-Grues en passant par Oka, le Saguenay, Lanaudière, la Montérégie ou l'île d'Orléans, ses croquis uniques nous ont fait redécouvrir différents coins du Québec. Avec ce tout nouvel ouvrage, le vingt-huitième sans compter les nombreux collectifs auxquels il a participé, il nous entraîne cette fois non pas dans l'espace mais plutôt dans le temps. Voilà qu'il nous offre tout un collier de récits pour combler une année entière, un peu à la manière d'un almanach, auquel ce prolifique écrivain voue une passion de jeunesse.

Et que se passe-t-il dans une année selon Jean O'Neil ? Que faut-il faire ? Quels lieux visiter ? Quelles activités choisir ? Sur quoi s'attarder pour traverser les saisons ?

D'abord et avant tout, une seule obligation : ne pas répondre au téléphone . . .

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Il était temps ! Enfin, une biographie fouillée, nuancée, inoxydable contraint le Québec et le Canada à regarder Adrien Arcand dans les yeux et à tirer de cet examen quelques doutes dérangeants. Grâce à Jean-François Nadeau, le fait s'impose : le nazisme québécois et canadien eut pignon sur rue et reçut un soutien limité, mais soutenu.

Le sous-titre choisi par Nadeau liquide un premier préjugé. Arcand y est qualifié, en effet, de führer canadien. Donc, non, le nazisme n'a pas été la tare d'une minuscule cellule de patriotards québécois. Sur cette lancée, Nadeau restitue à Arcand sa stature et sa longévité politique ; il le dégage du flou dont l'enveloppait le silence de nos historiens. Chez Arcand, pas de fibre nationaliste. Il est journaliste de métier, bilingue, catholique, partisan de l'Empire, déterminé à gagner à l'antisémitisme aussi bien Toronto ou New York que Montréal. Lorsqu'il crée à

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Le livre est attrayant. On en lit des passages, on sourit. On le feuillette aussi pour la mise en page originale, le graphisme en noir et rouge et les images qui nous ramènent aux années 1950, à l'ère soviétique. Le propos de cet abécédaire, cependant, se rapporte autant à la Russie de l'époque qu'à celle d'aujourd'hui. Dans cette suite de chroniques publiées initialement dans la presse russe puis réunies dans deux recueils (Abécédaire de la vie et Amour), Katia Metelizza dépeint d'un point de vue drolatique les « petites manies » de son peuple, son quotidien marqué par les privations, ses goûts, ses horreurs et, comme le remarque justement Elena Balzamo dans sa présentation, elle fait le pont entre la vie sous l'étoile communiste et celle, un peu chaotique, des années 1990 et 2000. La journaliste raconte les changements subtils provoqués par la chute du r . . .

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Gilbert Lavoie est chroniqueur politique au quotidien Le Soleil. Dans son essai, Blessures de guerre, Des camps nazis à l'Afghanistan, il veut faire comprendre les traumatismes, tant psychologiques que physiques, vécus par de nombreux soldats canadiens, à la suite de leurs expériences éprouvantes en situation de combat. D'abord, il présente le témoignage de Gilles Lamontagne, qui est bien connu pour avoir été maire de Québec, ministre de la Défense nationale à Ottawa et lieutenant-gouverneur du Québec. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, au retour d'une mission de bombardement en Allemagne, l'avion piloté par le capitaine Lamontagne a été abattu alors qu'il survolait la Hollande. Capturé par les Allemands, Lamontagne a passé le reste de la guerre dans les camps de prisonniers. Là-bas, il a dû faire face, jour après jour, au désœuvrement, au manque d'hygiène, à la malnutrition et à la peur. Il a également été t . . .

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La canonisation du frère André, alias Alfred Bessette, justifiait la réédition de la biographie élaborée il y a quelques années par Micheline Lachance. À cause du laconisme de l'éditeur, on ne sait trop, cependant, où chercher les modifications ou les ajouts. Seul le changement de ton perceptible dans le dernier chapitre et l'épilogue semble découler de la mise à jour.

Car, jusqu'au moment de fouiller le dossier de la canonisation et d'esquisser un jugement, la biographe laissait s'exprimer, presque sans le tamiser, le culte voué par les masses au frère André. Attitude respectueuse de la biographe : l'époque, le climat, l'adhésion populaire revivaient sans les risques d'un filtre anachronique. Une incertitude planait cependant, inévitable, sur le récit : l'apôtre de saint Joseph était-il un authentique thaumaturge ? La biographe laissait flotter la question, donnant toutefois un certain écho aux réticences des esprits forts. Plus que le scepticisme prévisible, ce qui heurte l'esprit . . .

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Lors des États généraux du Canada français de 1967, les 1000 délégués ont voté la reconnaissance du droit à l'autodétermination du Québec, « territoire national et milieu politique fondamental » de la nation canadienne-française. Ce jour-là les Québécois sont nés et les Canadiens français des autres provinces ont eu à se définir. Ce même jour, ou presque, la littérature franco-ontarienne, tout comme celles des autres provinces, à l'exception sans doute de l'acadienne, est née, c'est du moins ce qu'affirment Lucie Hotte et Johanne Melançon dans l'introduction de ce très intéressant ouvrage.

Couvrant la période de 1970 à « nos jours », ce collectif présente par genre la littérature franco-ontarienne en faisant précéder le tout d'un survol de son histoire depuis 1610, ce qui nous permet de saisir les enjeux et la façon dont son essor s'inscrit dans les luttes et . . .

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« Le monde, affirmait le célèbre écrivain voyageur Nicolas Bouvier, est constamment polyphonique alors que nous n'en avons, par carence ou paresse, qu'une lecture monodique. » D'où l'intérêt d'en proposer d'autres lectures, me disais-je, en terminant le livre de Catherine-Lune Grayson, une journaliste qui s'est inspirée de son expérience de travailleuse humanitaire en Afrique (Tchad, Burundi, Tanzanie, Somalie, etc.) pour écrire des impressions de voyage d'une étonnante polyphonie. Parlant des horreurs de la guerre civile et des souffrances des camps de réfugiés, elle nous donne à voir les zones de crise sous un angle différent de celui qu'adoptent généralement les médias occidentaux. Il ne s'agit pas ici de compter les morts, de rapporter des scènes d'apocalypse, de restreindre l'Afrique à ses problèmes, de la décrire « comme un tout homogène et misérable qui meurt du sida ». L'auteure choisit plutôt de laisser libre . . .

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Encore cette année, l'Institut québécois des hautes études internationales publie, dans la collection « Études stratégiques et militaires », le rapport Les conflits dans le monde. Comme par le passé, cet ouvrage regroupe des articles rédigés par plusieurs universitaires spécialistes de la politique internationale. La nouvelle édition propose une rétrospective de l'année 2009-2010 qui « peut susciter, en égale mesure, l'espoir et le scepticisme ». Espoir en partie dû à la politique étrangère du président Obama, « [a]ssisté de façon extrêmement compétente par Hillary Clinton, [ ] qui occupe le poste de secrétaire d'État ». Mais la bonne volonté s'est « rapidement heurtée aux dures réalités de la vie internationale », notamment en ce qui concerne les dossiers chauds de l'Irak, de l'Afghanistan, du Moyen-Orient, de l'Iran et de la Corée du Nord.

Cette édition débute par trois articles traitant des thèmes généraux . . .

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Je n'ai pas lu les fameuses Bagatelles céliniennes, et j'ignore si je les lirai un jour. Autre chose à lire. Mais le bouquin d'André Derval m'a littéralement passionné, enthousiasmé, fait pas mal réfléchir, rire aussi, jaune ou noir. C'est qu'ils écrivaient bien tous ceux (et celle : une femme seulement parmi les quelque 60 critiques) qui prirent la défense, soit de l'auteur, soit de l'œuvre, ou qui les attaquèrent au cours de cette année 1938, quand paraissait le pamphlet et qu'approchait à grandes enjambées cette guerre que vous savez. On a là réuni un éventail captivant de tout ce qui pouvait s'écrire à droite et à gauche, l'extrême de chaque pôle. On pastiche Céline ou on le cite du bout des doigts, presque toujours les trois ou quatre mêmes extraits (tirés d'une brique qui faisait ses quatre cents pages !), on observe qu'il écrit trop . . .

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Le bilan de la participation canadienne à la guerre en Afghanistan est peu reluisant : plus de 150 militaires tués et un millier de blessés, parfois très gravement. D'autres sont victimes du syndrome de stress post-traumatique, « cette mort psychologique », et vont parfois jusqu'à s'enlever la vie. De plus, vingt milliards de dollars ont été engloutis dans l'aventure, pas toujours de la façon la plus productive

Fabrice de Pierrebourg est auteur et journaliste d'enquête à La Presse. Il a partagé à deux reprises le quotidien des soldats canadiens déployés en Afghanistan. Cela fait de lui un témoin privilégié des conditions dans lesquelles nos militaires doivent combattre. Il a pu recueillir leurs états d'âme sur le terrain, jusque dans les bases opérationnelles avancées (BOA) où il s'est rendu, à ses risques et périls. Car ce sont les soldats affectés à ces bases qui sont les plus exposés aux attaques des talibans. Ils y . . .

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L'Islande, avec ses 330 000 habitants, a longtemps été reconnue pour sa tranquillité et ses volcans. En 2008, le pays est littéralement propulsé au firmament de la richesse. En l'espace de quelques mois, la croissance sans précédent de son économie fait en sorte qu'elle se retrouve au sommet des palmarès des pays les plus fortunés. L'étonnement sera d'autant plus grand lorsque, quelques mois plus tard, le pays fera face à une spectaculaire déroute financière. En l'espace de moins d'un an, cette île de pierre et de glace passe du statut de lieu prospère où tout est permis à celui de paria de l'Espace économique européen. Alors qu'autrefois tout le monde aimait ce petit pays calme et tranquille ' mis à part certains militants qui dénonçaient la pêche à la baleine ', après la crise, nombreux seront ses détracteurs, y compris des Islandais. Alimentée par les médias, cette déroute ne sera . . .

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Pour l'amateur de prose bernhardienne, l'écrit posthume Mes prix littéraires est du bonbon. Du bonbon acidulé pour ne pas dire empoisonné, mais c'est ce qui en fait le charme. L'éditeur, Gallimard, parle même de la sortie de ce livre comme d'un « événement » ' on se demande d'ailleurs pourquoi il a fallu attendre vingt ans avant d'y goûter Mes prix littéraires de Thomas Bernhard (1931-1989) contient sept textes qui racontent les circonstances entourant la réception d'autant de prix, auxquels s'ajoutent, selon ce qu'aurait souhaité l'auteur, trois discours de remise de prix et une lettre de démission de l'Académie de langue et littérature de Darmstadt. L'ouvrage, en plus d'être en soi un très bon moment de lecture et de dévoiler comme jamais l'homme, vient éclairer une part importante de l'œuvre du romancier et auteur dramatique : les rapports . . .

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Jusqu'à maintenant, Germaine de Staël n'a vécu dans la littérature que grâce à une série de procurations. Dans le monde des essais, la grande ombre de Benjamin Constant l'a toujours privée d'un profil personnel. Sa silhouette n'est guère plus précise en territoire politique, car on présume, la sachant fille du puissant banquier Necker, que Napoléon la détestait à cause de cette parenté. À juste titre, Michel Winock a jugé qu'il était temps de braquer les réflecteurs sur Germaine de Staël elle-même et de la juger à ses mérites réels.

Le résultat est ce qu'on peut attendre d'un aussi remarquable analyste et historien que Winock. Grâce à lui, il devient manifeste que Germaine de Staël pensait par elle-même, exprimait sa pensée sans détour, osait intervenir dans le domaine de la science politique avec autant sinon plus de lucidité que Constant, harcelait personnellement quiconque, fût . . .

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Heureusement qu'ils existent, ces êtres parfois un peu étranges – mais pas toujours ! –, de sexe masculin la plupart du temps, qui « font des collections ».

Paru en novembre 2010, Le Québec d'antan à travers la carte postale ancienne est issu d'une collaboration entre trois Québécois et un éditeur français : HC. Ce « beau livre » invite le lecteur à se faire touriste, mais touriste d'un genre très particulier : celui de 1900 et quelques. Les textes de l'historien (bien actuel) Jacques Saint-Pierre sont informatifs et se veulent l'écho de ce qu'un voyageur curieux aurait noté en parcourant le Québec de l'époque. Rien ne sera dit qui outrepasse l'« âge d'or de la carte postale ».

Plus de mille cartes appartenant au collectionneur Simon Beauregard ont été présélectionnées, numérisées, puis envoyées à Paris où l'éditeur en a à son tour retenu quelque quatre cents. Yves Beauregard, directeur de la revue d'histoire du Qu . . .

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L'introduction de Marc Picard à son Dictionnaire des noms de famille du Canada français nous en apprend beaucoup sur la complexité de l'anthroponymie francophone nord-américaine et sur ce qui en fait l'unicité par rapport à la branche française dont elle est majoritairement issue. Depuis le début du XVIIe siècle, 400 ans d'histoire ont modifié, parfois considérablement, l'orthographe et la prononciation des patronymes des premiers arrivants français en Nouvelle-France. Il faut également tenir compte de l'addition des noms étrangers, principalement d'origine anglaise et celtique, mais aussi allemande, basque, portugaise, espagnole, belge...

L'auteur avait d'abord conçu son ouvrage dans la tradition des dictionnaires étymologiques des Albert Dauzat, Marie-Thérèse Morlet et Jean Tosti. Puis il a bien vite dû avoir recours à la généalogie à cause du rôle important joué par celle-ci dans la détermination de l'origine des noms de famille canadiens . . .

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Certainement le linguiste le plus avisé au pays, Lionel Meney avait déjà publié un monument, son Dictionnaire québécois-français (Guérin, 1999), qui donnait dans un but comparatif et interculturel (et non pour nous « corriger ») les équivalents européens des expressions typiquement québécoises. Dans son nouveau livre, il dénonce l'impasse où se trouvent un groupe de linguistes québécois (les « endogénistes ») voulant institutionnaliser une norme française spécifique au Québec, alors qu'en matière linguistique, la norme viendrait plutôt de France – qu'on le veuille ou non, que cela nous plaise ou non. Ici, il faut bien sûr éviter de confondre la norme venue de l'Hexagone (le « français standard international ») et le français argotique que l'on doit souvent supporter dans tant de mauvais films américains doublés en France.

En utilisant le concept de « diglossie » inventé par Jean Psichari, le professeur Meney décrit précis . . .

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En racontant son long exil à Cuba et en France dans Les plages de l'exil paru en septembre 2010, Jacques Lanctôt insiste pour contenir les attentes. Qu'on le sache, ce n'est pas ici que les dégustateurs de révélations tonitruantes arracheront leur ultime vérité aux événements d'octobre 1970. Seuls trouveront substance les lecteurs aptes à comprendre ce qu'est, pour un homme qui a poussé à la limite son amour du pays à naître, une décennie vécue à distance de ce sol. Car c'est d'exil, toujours d'exil, que parle Lanctôt. Précisons : Lanctôt n'a que faire des versions que les romans peuvent élaborer à propos des événements d'Octobre. Ainsi, Lanctôt ridiculise à grand gosier l'idée que le FLQ fut manipulé par la police et les forces politiques opposées à l'indépendance du Québec : « [...] mais quoi qu'on fasse et dise, il y aura toujours des ti . . .

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Jean-Claude Kaufmann est sociologue et est l'auteur de plusieurs livres sur le couple et la vie conjugale. Dans Sex@mour, il s'intéresse aux sites de rencontre qui prolifèrent dans Internet et, en particulier, à leur utilisation afin de se livrer à ce qu'il appelle le « sexe-loisir ». Il tente de trouver une réponse à la question : le sexe est-il devenu un loisir comme les autres ? Car dans le cas de nombreux hommes et de nombreuses femmes, on en est arrivé au point où « on programme une nuit chaude comme on irait au cinéma ou au restaurant ». Ces rencontres intimes avec des inconnus sont rendues possibles grâce au relatif anonymat procuré par Internet ainsi qu'à la facilité qu'il offre d'établir des contacts. La plupart du temps, ces parties de jambes en l'air sont sans lendemain. D'ailleurs, de façon on ne peut plus explicite, les adeptes français qualifient ce type de rencontres de « plan cul . . .

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Une fascination particulière émanera toujours des écrivains maudits, dont la destinée sordide s'allie avec une plume splendide et où, tôt ou tard, la vie empêche l'œuvre, quand ce n'est pas la vie, elle-même, qui n'est empêchée Qu'on songe à Rimbaud, Artaud, Rigaut, Plath ou Tsvetaïeva. À cette lignée s'ajoute Mireille Havet (1898-1932), dont l'œuvre, n'eût été du sauvetage opéré par les éditions Claire Paulhan, aurait sans doute bien tardé avant de trouver son lectorat, en supposant qu'elle l'eût trouvé.

Poète à ses débuts (Apollinaire la surnommait « petite poyétesse »), Havet a ensuite été romancière. On lui doit un magnifique roman à clefs, Carnaval (1922, réédition en 2005), qui rappelle par certains traits Le diable au corps de Radiguet. D'autres manuscrits ont été égarés, dont celui, au titre évocateur, de Jeunesse perdue. Reste . . .

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Plus encore que 1759, 1760 a été une année charnière pour la Nouvelle-France. Cette année-là, les Britanniques ont fait converger sur la colonie française trois armées, fortes au total de plus de 18 000 hommes. Il s'agissait de consolider ce qui avait été entrepris l'année précédente. En effet, pour eux, la campagne de 1759 s'était soldée par un demi-succès, Montréal n'étant pas tombée. Cette ville tenait donc maintenant lieu de point de convergence pour les trois armées d'invasion.

La première, constituée de 3800 hommes sous les ordres de James Murray, était partie de Québec. La seconde, comptant 11 000 hommes, et dirigée par Jeffery Amherst, descendit le Saint-Laurent, à partir des Grands Lacs. Quant à la dernière, composée de 3400 hommes commandés par le colonel William Haviland, elle était partie de la Nouvelle-Angleterre et était chargée de détruire les postes . . .

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Auteur d'une soixantaine d'ouvrages de tous genres (roman, récit, essai, biographie et même livret d'opéra), Dominique Fernandez nous propose, dans son dernier opus, une balade érudite, en pointillé pourrait-on dire, dans l'univers de Léon Tolstoï, balade qui nous mène quelquefois du côté de l'homme mais plus souvent du côté de l'écrivain.

De la vie privée de l'auteur de Guerre et paix, Fernandez ne rappellera que l'essentiel : ses relations difficiles avec sa femme, Sophie Bers, son dégoût affiché pour la sexualité ' dégoût qui ne l'a pas empêché d'avoir seize enfants ', son combat perpétuel pour réconcilier les conditions de sa naissance aristocratique ' petit-fils de prince et comte lui-même ' avec ses idéaux prolétariens et son mysticisme sauvage.

Mais quand Dominique Fernandez analyse la description que fait Tolstoï d'un opéra pour en démonter le . . .

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Alain Deneault est titulaire d'un doctorat en philosophie et il enseigne la sociologie à l'Université du Québec à Montréal. Il a été coauteur, avec Delphine Abadie et William Sacher, de Noir Canada, Pillage, corruption et criminalité en Afrique, publié en 2008, également chez Écosociété. La controverse provoquée par la parution de cet ouvrage est de notoriété publique.

Alain Deneault fait paraître cet autre essai engagé traitant cette fois-ci des paradis fiscaux et de la criminalité qui s'y rattache. Il fait remonter sa réflexion jusqu'aux « économies-monde » de la Renaissance établies successivement dans les grandes villes d'Europe comme Anvers, Venise, Gênes ou Amsterdam. Déjà, à cette époque, « [o]n reconnaît [ ] les traits caractéristiques de nos 'paradis fiscaux' actuels : effacement, disqualification ou perdition de l'élite politique ; absence d'impôts, soumission des États-villes à leurs créanciers ; faiblesse du rôle de l'État ou financement de l'État par le . . .

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Ce n'est pas déprécier les admirables photographies de Bertrand Carrière que de considérer les textes de Guth Des Prez et de John K. Grande comme leurs dignes compagnons de route. Dans sa recherche des sites marqués durablement par le conflit de 1914-1918, Carrière a trouvé en Des Prez un éclaireur renseigné et d'égale émotion. Quant à Grande, il assume à l'étape de l'éclairage historique un rôle tout aussi déterminant d'enrichissant complice. Le résultat ? Une merveille.

En un sens, les photographies sont laissées à elles-mêmes. Pas de bas de vignettes. Aucune présence humaine dans les clichés du versant moderne ; à peine quelques silhouettes anonymes dans ceux de la guerre elle-même. Les images montrent tout simplement les traces émouvantes que le passage des ans, à son gré, respecte ou enfouit. Ici, les ornières dont on ne sait si elles trahissent la menace d'un blindé ou la banalité d'un pacifique tracteur. Là, un . . .

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Un demi-siècle de présence dans l'imprévisible univers québécois de l'édition, cela se fête assurément. Dans le cas de la maison Hurtubise, la durée n'est d'ailleurs pas le seul motif de légitime fierté : les titres et les signatures sont là qui témoignent du professionnalisme de ses dirigeants et du gabarit des auteurs qui leur sont associés. La méthode choisie par Jacques Allard pour souligner ce cinquantenaire a l'intelligence de mettre en relief ce qui fait la fierté de cet éditeur : ses auteurs. Vingt auteurs publiés par Hurtubise racontent donc, avec la liberté qui convient, des histoires de livres.

Comme n'importe quel ouvrage collectif, celui-ci lance son lecteur dans les montagnes russes. Tel auteur traite l'invitation de Jacques Allard en occasion de mise en marché personnelle ; à croire que Hurtubise doit son renom à l'addition de Monsieur Moi-même à son écurie. Tel autre saisit l'occasion de . . .

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En suivant à la trace des humains opposés par leurs métiers et, croirait-on, par leurs principes, on se heurte à l'inattendu : tous, à quelque clan qu'ils appartiennent, cèdent aux mêmes tentations et baignent dans les mêmes compromissions. Le héros d'une guerre maquillée en héroïque croisade par les mensonges officiels ne revient pas sans séquelles à la vie civile. Vie et mort pèsent à ses yeux aussi peu l'une que l'autre et les armes ne sont que de prévisibles prolongements des astuces légales. Gare à cet imprévisible démobilisé. Pour le contenir dans des limites acceptables, l'État multiplie les enquêtes, les procès, les sanctions. Heureusement pour les deux et pour le plus grand malheur de la civilisation, la théorie des dommages collatéraux se tient prête à lénifier les bavures et les sadismes. Cela, au moins, est à portée de main pour quiconque s'informe un tantinet. Mais la carrière à l . . .

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Prolifique, le romancier chilien Luis Sepúlveda recycle les mêmes obsessions et thèmes, et une part du plaisir à le lire tient à ce confort distillé par un écrivain qui balise avec efficacité ses images et son ton. L'agacement tient aussi à ces raisons : facilités d'écriture, histoires simplifiées à l'extrême, récits courts qui ne creusent rien, catégorisations des personnages à partir d'un axe manichéen entre les vaincus et les vainqueurs où la moralité (fière et nostalgique, encore agissante) est toujours du côté des laissés-pour-compte d'une oppression qui fonctionne à l'oubli. Sepúlveda se donne comme mandat d'écrire l'histoire des résistants anonymes en les exhaussant au rang de modèles d'une culture populaire chilienne et latino-américaine encore vive et capable de garder ses distances avec la culture de masse consumériste. L'écrivain procède par la célébration d'un héritage de luttes, légué par la mémoire . . .

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Quiconque ratatine la définition du polar en « chasse et capture d'un méchant par un représentant de l'ordre » ferait mieux de naviguer au large de ce bouquin. Oui, Salt River loge une diversité d'enquêtes policières, mais aucun des mystères ne monopolise l'attention. Turner, qui a tâté de la prison avant de s'adonner à la psychologie, est shérif sans l'avoir voulu. Quand son sympathique prédécesseur semble un instant disposé à reprendre le collier, Turner s'en réjouit ; joie de courte durée, pourtant, à son grand regret. Shérif ou pas, le personnage observe la nature humaine avec une forme de sagesse, sans jamais se croire seul et grand responsable de la victoire du bien sur le mal, contrairement à tant de ses semblables. Il doit même dresser des listes étonnamment éclatées pour établir le programme de sa journée : « [...] me rendre chez Rod Wilson pour cette histoire de chien ; aller à Hazelwood interroger . . .

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Voilà un livre dense, étrange et déroutant, à commencer par son titre. Ce récit ne se résume pas vraiment et il faut le lire d'une traite, sinon on risque fort d'en perdre le fil. Il faut aussi savoir que Per Odensten écrit sans trop se soucier des règles : chapeau, donc, à son traducteur !

D'entrée de jeu, l'introduction de Régis Boyer, le valeureux traducteur, laisse perplexe : « Il est bien évident qu'un pareil ouvrage ne saurait se passer d'au moins une timide tentative d'élucidation » (nous soulignons). Élucider un tel récit relèverait de l'exploit tant il foisonne en petits événements de rien du tout mais qui laissent toujours présager le pire, et chaque lecteur l'interprétera bien sûr à sa façon. Quant à moi, j'y ai vu surtout la mise en mots de cette part de solitude que chaque être humain porte en soi. « En outre ce silence dans les baraquements n'était . . .

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La poésie, dans ce recueil, est considérée à la fois comme un espace et un lieu. La culture apparaîtra « habitée » en toute conscience, par le regard particulier d'une poétesse, en tant que révélateur de notre emplacement dans le monde : notre unique et seule appartenance ? L'acte poétique permet, si l'on peut dire, de converser avec soi, l'autre, avec tout ce qui « signifie » pour l'humain. Ce que l'on nomme réalité sera à dénouer afin d'en faire émerger, surgir des significations excessivement intimes et cela concernant tous les aspects de l'existence qui deviennent soudainement prétextes à la parole.

La vie est à « lire », à comprendre et surtout à vivre... malgré les étranges, surprenantes finitudes qui nous guettent. « Notre lecture du monde nous fait penser la fin / la survie la vie après d'autres vies. » Et nous ne serions qu'« un alphabet bouillant de catastrophes / les vivants . . .

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Pour son premier roman, Parfaitement imparfait, Jean-Claude Lord porte un regard sensible et sans détour sur la vie sentimentale et la recherche de l'autre. Deux personnages, le Montréalais Michel et la jolie Naïma ' d'origine marocaine ' se recherchaient depuis longtemps avant de se rencontrer. Or, Michel frôle la soixantaine tandis que Naïma en a presque la moitié. L'union de ces amants échaudés par de multiples expériences douloureuses qui ont mal tourné nécessitera plusieurs ajustements, des compromis, voire une énième variante du ménage à trois. Car en dépit de son attachement pour son nouveau conjoint, Naïma veut encore profiter d'une liberté sentimentale qu'elle n'a jamais connue, au grand dam de Michel qui se sent devenir jaloux malgré ses beaux grands principes Ce thème de l'infidélité admise était d'ailleurs présent dans certains films du cinéaste, comme Bingo (1974) et Parlez-nous d . . .

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Signe des temps, le Québec se permet de contester le Vatican. Certains analystes foncent à visière levée en dénonçant le fossé qui s'élargit entre la société moderne et un cléricalisme demeuré péremptoire. D'autres, comme Alain Lafrance, enfourchent plutôt la trajectoire romanesque. Il imagine ce que serait la réaction de l'aréopage romain si surgissait à la face du monde une inexplicable force miraculeuse. La question n'est pas, et Lafrance ne perd pas son temps à tenter la chose, d'expliquer le pourquoi et le comment de ce pouvoir. L'auteur tient pour acquis, ce qui est le droit le plus strict du romancier, qu'une femme existe qui trace un sillage d'indiscutables miracles en promenant partout et généreusement son aura lumineuse. Une thaumaturge est là qui guérit, apaise, console, et qui, forcément, mystifie. Une Église qui aime s'approprier les miracles et en réserver la paternité à son Dieu se contentera-t-elle d . . .

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Très attendue, chaque nouvelle publication de Nancy Huston est aussitôt disséquée par les médias français et québécois tandis que l'écrivaine d'origine canadienne multiplie les entrevues. Son dernier titre, Infrarouge, ne fait pas exception à la règle. Il faut dire que certaines dimensions de ce roman attirent les commentaires Celle qui, dans Dolce agonia, osait donner la parole à Dieu, s'intéresse ici sans équivoque au désir des femmes, au regard qu'elles portent sur le corps masculin, à l'érotisme et à ses dérives. La page couverture du livre, un détail d'une toile du Caravaggio (Michelangelo Merisi dit Le Caravage), peintre italien de la fin du XVIe siècle ' un homme nu, jambes écartées, à partir de la taille ', plonge d'ailleurs immédiatement le lecteur ou la lectrice dans l'univers particulier de son personnage principal.

Photographe professionnelle, Rena Greenblatt travaille pour un magazine d'actualit . . .

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La poésie de Guillevic se donne sans condition au lecteur, comme la beauté d'une fleur sauvage, épanouie, s'offre au promeneur. Le lecteur est d'ailleurs un promeneur solitaire peu pressé ; on l'y oblige. Grand observateur de la nature, comme de la roche ou du tapis, Guillevic s'est fait le porte-voix du minuscule, des détails insignifiants qui nous entourent. Reliés les uns aux autres par sa plume, ils forment, quand on s'éloigne, une belle et grande chose.

Relier, voilà d'ailleurs le titre sous lequel Gallimard a rassemblé des textes "ayant connu, au fil des années, une édition limitée". Relier, pour relire, pour lierre, autre anagramme. On doit ce titre judicieux à la seconde femme d'Eugène Guillevic, Lucie Guillevic-Albertini. De nombreux poèmes et suites avaient été édités en peu d'exemplaires, et étaient devenus introuvables, comme Dires, poèmes manuscrits photocopiés . . .

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Une main fantôme, celle du père, place un micro devant ses enfants réunis : « [...] ainsi le veut la mise en scène paternelle ». Le P'tit Père démiurge, comme ils l'appellent, jamais à court d'histoires, enregistre ici leurs récits et confessions : « C'est lui tout simplement qui nous imagine ! » précise une des filles. C'est du moins ainsi que Günter Grass nous invite à concevoir et à lire cette manière d'autobiographie de l'auteur du Tambour et du Turbot. Et ça marche. C'est tour à tour et tout à la fois l'histoire d'une famille, celle d'un romancier, celle de l'Allemagne d'une certaine époque, dont on sent que le romancier la regrette. L'Agfa Box du titre, quant à lui, c'est l'appareil photo de la vieille Mariette ou Marie, la nounou, un appareil magique comme la littérature, dont elle ne se sépare presque jamais et qui retient dans . . .

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Dans son dernier roman, Maxence Fermine redonne vie à l'explorateur français Henri Mouhot, né à Montbéliard en 1826 et mort à Luang Prabang au Laos en 1861. À peine sorti de l'enfance, Henri rêve d'aventure et de liberté. Un professeur qui l'a remarqué aiguise encore son désir de voyager en lui donnant à lire de grands auteurs : Homère, Cervantès, Voltaire Lorsque l'occasion se présente enfin, Henri part pour Saint-Pétersbourg où il enseignera le français à deux jeunes filles de bonne famille. Mais c'est au Cambodge et au Laos qu'il passera le plus de temps. C'est ainsi que débute la brève biographie romancée d'un explorateur méconnu à qui l'on doit, entre autres, la découverte des ruines d'Angkor, la cité interdite, ancienne capitale de l'Empire khmer.

Voilà un homme épris de liberté qui n'hésite devant rien. Pour financer le voyage, son mécène exige qu'il rapporte pour la . . .

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Patrice Desbiens parle encore et depuis longtemps, par l'acte poétique, d'une profonde aliénation située au cœur du quotidien. L'art sera ainsi le révélateur d'un vide qui nous limite, sinon nous brise. Et cette esthétique n'est en aucun cas rédemptrice : elle EST, surgissant des petites failles anodines d'une pesante quotidienneté qui fait, par un curieux retour des choses, parvenir le poète à des considérations plus globales, disons « sociocritiques », sur l'inhumain mais toujours par l'art. Chez Desbiens, étonnamment, la vie quotidienne, malgré ou à cause de ses aléas, se fait œuvre d'art.

Ce livre est une réédition en un volume de trois œuvres de Desbiens, actuellement considéré comme un écrivain important de la francophonie dans son acception nord-américaine. Poèmes anglais (Prise de parole, 1988) marque la rupture avec Sudbury, sa ville natale. La solitude du poète ' exécré par une société capitaliste marchande . . .

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Écrit de janvier à mars 2009 à Moncton, cette ville grise qui « crache ses poèmes », en mémoire au poète disparu Gérald Leblanc, ce recueil en forme de carnets présente des scènes très esthétisées de nos vies effectivement trop ordinaires. Le poète se raconte, nous raconte, au fil du quotidien, un séjour à Moncton, une ville triste, éteinte l'hiver mais, somme toute, aimée et curieusement « magique ». Jean-Paul Daoust s'adresse ainsi à nous comme prolifique écrivain et en poète qui aurait, ultimement, « toujours raison » !

Que reste-il de toute cette quête de sens issue d'une vie remplie d'art, de poésie, de multiples rencontres amoureuses ? Daoust s'interroge en effet ' toujours en dialogue avec Leblanc et Moncton ' sur son parcours approchant selon lui de la finitude : les Parques ont fait, semble-t-il, leur travail... Et en l'absence du bonheur, le poète va se rabattre soit sur le quotidien, l'alcool, le sexe ou la . . .

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L'auteur, comme Rimbaud et Cendrars, est un aventurier en même temps qu'un poète, a « bourlingué » autour du monde pour se consacrer, par la suite, à l'écriture. Études primaires et secondaires jusqu'à l'âge de dix-sept ans à Montréal, laveur de vaisselle, éclairagiste à Singapour, séjour à Bangkok et New-York, traducteur de poésie américaine et j'en passe...

Jonquière LSD est une première œuvre. Voilà une poésie dense, subtile, difficile d'accès, très contemporaine, sinon « ultra » postmoderne car située au-delà de ce qui est actuellement, disons, commun ou habituel en ce qui concerne l'écriture poétique d'une nouvelle génération. C'est vraiment un poète à retenir. Ne lisons que ceci : « [L]e soir venu / par le trou de la serrure nucléaire / j'ai vu des hommes délicats / des hommes longs et minces sur patins / des venus au monde sans y croire / figures d'hommes géométriques . . .

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Itinérances est un magnifique petit recueil de haïkus, parsemé çà et là de photos de Nicolas Houde. L'auteur Pierre Cadieu a publié huit écrits poétiques depuis 1969, a participé à la fameuse Nuit de la poésie de 1970 aux côtés de grands poètes québécois, et a aussi publié maints ouvrages didactiques. Tour à tour formateur et auteur, il a fondé SlamOutaouais qui en est à sa troisième saison au sein de la Ligue québécoise de slam. Il est engagé activement dans le rayonnement de la poésie et dans l'accompagnement de la relève artistique littéraire de sa région.

En un peu moins de 30 minutes, je terminais la première lecture d'Itinérances et je cumulais les coups de cœur. Bien que quelques textes me laissent tiède, ces derniers se font vite oublier grâce à de petits bijoux taillés finement. Les couleurs, les . . .

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L'enjeu n'est pas ici d'établir qu'Alexandre Mercier est capable de tuer, car les premières pages le montrent en pleine action. Le doute porte plutôt sur l'aptitude du personnage à contrôler ses frustrations. S'il perd les pédales à la moindre contradiction, Amélie Richmond sera bientôt rejointe par d'autres victimes. À l'astucieuse Maud Graham de localiser Mercier et de prévoir ses débordements.

Chrystine Brouillet a vite fait d'interdire à son lecteur les prévisions simplistes. Oui, Mercier a tué Amélie dès l'instant où elle a refusé de l'épouser. Non, il n'a pas assassiné Heather lorsqu'elle s'est payé sa tête. Ce qui semblerait une incohérence dans le profil de Mercier sera plutôt, l'auteure connaissant les trucs du métier, une façon de semer le doute. S'il n'y a pas d'automatisme chez Mercier, la gamme des possibles s'élargit. Tant mieux pour le lecteur !

Maud Graham . . .

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Sept chiffres, quatre lettres, aucun nom propre. L'intention du récit semble pourtant transparente : des hommes, identifiés par un chiffre, expient leurs crimes dans une étrange prison et révèlent leurs pensées et leurs différents recours contre l'ennui. Les quatre lettres réfèrent, de leur côté, aux directeurs qui se remplacent périodiquement. Ces surveillants exercent des pouvoirs invariables, mais une hiérarchie, héritée du passé des détenus, subsiste dans les maigres relations qui leur sont permises et dans celles, plus réduites encore, auxquelles ils consentent. Pour mieux humilier celui qui dominait le passé, c'est lui que l'on coiffe du chiffre 7, tandis que le plus modeste complice arbore le 1. Tel détenu s'apaise dans les travaux maraîchers ou horticoles, tel autre s'évade dans les mots croisés, un troisième s'étiole en redoutant l'infidélité de son épouse... Vies distinctes imprégnées de la même étrangeté.

Quand . . .

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Ronald Wright est un historien, essayiste et romancier canadien renommé. Dans son essai Découvrir l'Amérique, il retrace la chronologie des événements qui ont conduit l'Amérique là où elle se trouve aujourd'hui et qui ont, de ce fait, joué un rôle important dans l'établissement du nouvel ordre mondial que nous connaissons. Comme Wright l'écrit, « [l]es États-Unis ont été les grands vainqueurs de l'histoire moderne ; l'aboutissement des cinq siècles de l'ère colombienne ». En effet, selon lui, c'est dès 1492, à l'arrivée de Christophe Colomb, que s'enclenche le processus qui va culminer par la suprématie américaine. Il explique : « Aujourd'hui, après cinq siècles de victoire européenne, on oublie facilement à quel point l'Europe était marginale jusqu'à ce qu'elle gagne la cagnotte du Nouveau Monde. [..] c'est la Chine qui dominait le monde par sa puissance et son avance technologique ».

En terre américaine . . .

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L'écrivaine franco-slovène Brina Svit vit à Paris et se réfugie parfois dans son repaire, au cœur d'un village slovène. Deux doigts à l'est de l'Italie, sur le magnifique plateau du Karst. Vue imprenable sur l'Adriatique. Quand elle ne danse pas le tango à Buenos Aires ou ne participe pas à quelque salon littéraire, quelque part dans le vaste monde.

Lors de notre rencontre au Salon du livre de Québec, elle revenait de Reykjavik « où se passe [son] nouveau roman » ' qu'elle n'arrivait pas à terminer ' et était follement en amour, me disait-elle. Une histoire malaisée « vu qu'ils étaient mariés chacun de son côté et qu'ils avaient des enfants ». Puis l'inévitable rupture. Une histoire d'amour qui se termine avec un texto, qui fait mal, qui conclut : « Trop compliqué tout ça. Je sors de ta vie ».

Récit autobiographique, le Petit éloge de la rupture égrène petits et grands malheurs . . .

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D'abord diffusé sur Internet sous forme de blog populaire, ce charmant catalogue constitue une culture de « perles » en tout genre saisies dans le brouhaha populaire spontané : néologismes hilarants, préjugés grotesques, citations hors de propos, arguments loufoques les sottises verbales ne manquent pas dans les lieux publics !

On peut se demander quel avantage présente un livre en format papier reprenant des écrits électroniques à l'heure où les réseaux sans fil permettent d'accéder au Web à peu près partout et, qui plus est, sur des appareils tenant dans la main.

Peut-être d'abord le fait d'avoir affaire à un concentré de best of qui évite la lassitude suscitée par le site Internet plaît-il, d'autant plus que dans le livre, ces mini-scénarios du quotidien sont classés par thèmes.

Et bien que les lecteurs se livrent impunément à un voyeurisme social dans le confort de l'anonymat devant leur écran (merci, les rapporteurs de la . . .

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Au XVIIe siècle, Miyamoto Musashi était le maître de guerre auprès d'un grand seigneur au Japon, et son activité s'étendait également à la politique, à la diplomatie et aux arts. Lorsque le seigneur rendit l'âme, le maître de guerre vit s'envoler la possibilité d'établir une seigneurie fondée sur les principes martiaux et spirituels auxquels il avait voué sa vie. La mort dans l'âme, il se fit ermite et vécut reclus jusqu'à sa mort qui survint quatre ans plus tard. C'est durant ces années qu'il rédigea son ultime ouvrage, intitulé Gorin-no-shô, soit littéralement le Livre des cinq roues en référence aux cinq éléments que sont la terre, l'eau, le feu, le vent et le vide. Il y a consigné par écrit l'essentiel de son savoir en matière d'escrime et de combat.

Ce manuel traite des principes . . .

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Sélective comme elle se permet parfois de l'être, la mémoire collective tend à réserver ce beau mot de résistance à une seule de ses incarnations : celle que la nation française a opposée à l'occupation nazie au cours du conflit de 1939-1945. Cet album prolonge d'instinct cette prééminence, mais nul lecteur d'aujourd'hui, d'ici ou de France, ne peut s'y plonger sans songer aux conflits actuels et aux résistances qu'ils méritent eux aussi.

Pour tout Québécois qui n'en est pas encore au départ à la retraite, la résistance des années 1940 appartient à un passé inexistant et à un environnement inconnu. Les auteurs ne facilitent pas les choses en présumant que les gloires nationales et les régions et départements de France sont choses familières urbi et orbi. L'album enjambe pourtant ce hiatus et transmet un message puissant. Par ses photographies, par ses témoignages, par . . .

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Le biographe n'a pas lésiné. Il a consacré à sa recherche dix-sept années de lectures, de rencontres, de croisements de témoignages. Pendant ses méthodiques patrouilles, il se sera prudemment perçu comme un biographe banalement toléré, n'accédant que sur le tard, sans préavis et par l'adoubement de Gabriel García Márquez lui-même, au statut inégalé de biographe officiel. Quant à eux, les meilleurs observateurs de ce patient apprivoisement avaient déjà compris que Gerald Martin bénéficiait de la confiance de Gabo, mais qu'il ne se laissait jamais circonvenir. Du coup, Martin jouissait de leur respect. Parmi ces observateurs admiratifs, incluons aussi bien l'imprécise parentèle de GGM que des interlocuteurs d'accès et de maniement délicats, comme Fidel Castro.

Le biographe ne s'illusionne pourtant pas. García Márquez est de ceux qui aiment se dire répartis en trois existences distinctes, la publique, la privée . . .

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Depuis cinquante ans, Gilles Marcotte est un critique avisé et imposant de la littérature québécoise. Il a orienté le corpus, l'a compris, il en connaît les acteurs importants, tout en ayant pratiqué à l'université et dans des périodiques à grand tirage une critique pertinente par l'attention qu'elle accorde à l'intelligence des œuvres.

La littérature est inutile, son dernier recueil, rassemble des écrits épars sur la littérature québécoise, à la fois pour étudier des éléments singuliers de romans et de recueils de poésie du XXe siècle québécois (deux textes sur le XIXe siècle viennent clore l'ouvrage) souvent marquants afin d'en renouveler les perspectives, et pour dresser le portrait d'écrivains. Cette seconde tâche, qui prend plus d'importance à mesure que l'essai progresse, l'autorise à l'anecdote, aux confidences, lui qui a été au centre de l'institution durant tant d'ann . . .

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Pour son cinquième livre, le professeur Nicolas Landry a rédigé une monographie très précise bien qu'incomplète, selon ses propres dires, sur la paroisse de Caraquet, située au nord-est du Nouveau-Brunswick, avant la Confédération de 1867. Au XVIIIe siècle, une partie de sa population (celle du haut de la paroisse) s'y était établie en tant que rescapés de la Déportation des Acadiens en 1755 ; les francophones du bas du village n'étaient toutefois pas d'origine acadienne, mais subissaient, comme l'autre groupe catholique, la domination d'une minorité anglo-saxonne protestante.

Une communauté acadienne en émergence se subdivise en six études thématiques portant sur le peuplement progressif de la région, les données démographiques, l'économie et le crédit, la pêche et l'agriculture, les pratiques religieuses et l'éducation. Le texte en soi propose ici et là de brefs récits de . . .

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Cet essai fort bien documenté du chercheur français Jean-Claude Kaufmann ressemblerait presque à une sorte de théorie de l'amour, sans avoir la complexité qu'exigerait un tel programme. On y trouve quelques rappels historiques, quelques considérations anthropologiques ou ethnologiques (les rites des peuplades d'autrefois), des constats (perte de repères, fuite des sentiments), des anecdotes et quelques recettes éprouvées pour atteindre le bonheur, la félicité, ou peut-être uniquement l'illusion de l'amour, parfois apparenté à une sorte d'utopie. L'auteur avait déjà fait paraître plusieurs livres, dont une Sociologie des seins nus (Nathan, 1995), à propos de l'usage du monokini sur les plages d'Europe.

Dans L'étrange histoire de l'amour heureux, on s'intéresse au mystère de l'amour, aux sentiments, aux émotions, à la séduction, au romantisme, à l'Éros, à la reproduction et au couple, sujet de prédilection de Jean-Claude Kaufmann. Selon l'auteur, les . . .

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Marc Gonsalves, Keith Stansell et Tom Howes sont à l'emploi d'une entreprise privée de renseignement américaine et ils font partie de l'équipage d'un avion Cessna qui survole la jungle colombienne, le 13 février 2003. Ils exécutent une mission de surveillance pour contrer les activités de production de drogue sous le contrôle des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC), un mouvement de guérilla marxiste. Soudain, c'est la panne de moteur. Les cinq hommes à bord de l'appareil réalisent immédiatement que leur situation est dramatique : l'écrasement est inévitable. Grâce à la maîtrise du pilote, Tommy Janis, ils survivent à leur atterrissage en catastrophe dans une clairière. Peu après, des membres des FARC arrivent sur place et les capturent. Le pilote et le sergent Luis Alcedes Cruz, représentant du gouvernement colombien au sein de l'équipe, sont séparés de leurs compagnons et emmenés dans la forêt. Plus jamais ceux-ci ne . . .

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Vers la fin du XIXe siècle, la France parvient à imposer son hégémonie culturelle sur l'Europe, devenant le centre de l'art et du bon goût. À Paris se forment le monde et le marché de l'art tels que nous les connaissons aujourd'hui, un milieu constitué de musées, de courtiers, d'écoles, de collectionneurs privés, de marchands, de critiques et d'experts. Or, lors de la défaite rapide de la France face à l'Allemagne en 1940, les dirigeants nazis font main basse sur un butin de guerre absolument formidable.

Dans le but d'organiser la saisie des œuvres d'art, Hitler met sur pied l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, une équipe d'intervention dirigée par le ministre des Territoires occupés Alfred Rosenberg. Dans un premier temps, les œuvres sont classées en deux grandes catégories déterminées par Hitler. L'art noble, celui de Rembrandt, de Michel-Ange et de Dürer entres autres . . .

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Le sport envahit les médias, ce qui fait qu'il appartient à ces signes culturels perçus comme bruit de fond plutôt que comme révélateur social. Le sport est pris de haut, malgré (ou en raison de) sa popularité et sa quotidienneté. Difficile d'en parler avec concision et intelligence dans un univers où prédominent les opinions biaisées, les lieux communs et les stéréotypes professés en vitesse. Il importe donc d'avoir une perspective singulière pour écrire sur le sport sans reconduire les discours ineptes qui l'accompagnent trop souvent. C'est ce qu'apportent Jacques Doucet, la voix du baseball à Montréal, celui qui a transmis à la radio avec sa langue juste et son ton convivial les histoires du jeu durant plus de 30 ans, et Marc Robitaille, rare romancier sportif au Québec. De leur heureuse collaboration naît le projet de raconter l'histoire des Expos de Montréal, équipe de baseball arrivée par surprise dans le . . .

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Quand il en va de Maurice Barrès, écrivain autrefois adulé, on sent que l'histoire a tranché. Le voilà devenu « infréquentable », ainsi que le résume un blogueur. Malgré quelques tentatives récentes : une biographie signée Sarah Vajda chez Flammarion, un premier roman de Jérôme Fronty en 2005, Cavale-toi, Barrès, ou l'édition de correspondances inédites (avec Verlaine, Rachilde, Anna de Noailles ), rien n'y fait : c'est toujours la vision (hélas fondée) de l'historien Zeev Sternhell, associant Barrès à un proto-fasciste, qui l'emporte. L'actuelle mise au ban de Barrès a des précédents jusqu'aux dadaïstes, qui intentèrent en 1921 à cet ancien « Prince de la jeunesse » un simulacre de procès au chef d'accusation éloquent : « attentat à la sûreté de l'esprit ». C'est dans un tel contexte d'antipathie que l'ouvrage ' fin et complet ' de Jean-Pierre Colin vient redonner l'heure juste.

Sans . . .

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L'art dit actuel nous introduit à toute une série de termes nouveaux pour définir un ensemble de modes d'expression tout aussi nouveaux. Ceux-ci, par leur nouveauté, sont déroutants pour beaucoup et ainsi on constate une certaine méfiance, disons même une méfiance affirmée, à l'égard de cet art nouveau. Sans le vouloir, peut-être, les éditions de L'Interligne viennent de sortir un petit ouvrage illustré, signé François Chalifour, qui aura pour effet, sans doute, d'aider le public à vaincre ses appréhensions. Cet ouvrage retrace le parcours de l'artiste franco-ontarienne Hélène Lefebvre qui l'a menée « de la peinture à la performance ». C'est un parcours intéressant que l'auteur décrit de manière détaillée. Il nous fait voir une artiste qui se consacre totalement à son œuvre et qui, en plus, le fait en établissant de manière intelligente ses codes à partir de références dans l'histoire universelle de l . . .

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La décennie 1960-1970 fut marquée en Occident par la libéralisation des mœurs, entraînée, entre autres, par la disponibilité des moyens de contraception, l'accès au divorce, la dépénalisation de l'avortement et la confirmation de la place des femmes sur le marché du travail. De plus, tout devenait permis, et l'amour se vivait librement. Pascal Bruckner décrit très bien le phénomène en affirmant qu'« on voyageait de lit en lit mieux qu'à la surface du globe ».

Et puis survinrent le sida, le capitalisme dur et l'imposition d'un ordre moral qui épuisèrent le mouvement. Pour celles et ceux qui écrivaient sur les murs qu'il est interdit d'interdire, ce fut le constat, pénible, que la liberté n'était pas un relâchement mais un surcroît de responsabilité. « Elle résout moins de problèmes qu'elle ne multiplie les paradoxes », écrit l'essayiste. De plus, les adeptes de l'amour . . .

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Ce livre présente alphabétiquement 401 chansons québécoises de toutes les époques, chacune étant suivie d'un bref commentaire d'un paragraphe, incluant des titres immortels comme « Ah ! Que l'hiver » de Gilles Vigneault, mais aussi « Wow », le fameux instrumental disco d'André Gagnon, et « Y'a pas grand-chose dans le ciel à soir » de Paul Piché. Pour chaque titre, on trouve une courte liste de ses interprètes successifs. L'auteur, Richard Baillargeon, connaît bien la musique québécoise et ne se limite pas aux chansons ayant le plus tourné à la radio ou à celles « interprétées par nos plus grandes vedettes ». Il propose à la fois des chansons célèbres et méconnues, parfois oubliées ou démodées ' mais néanmoins marquantes dans notre histoire culturelle. Je suis ravi de trouver ici plusieurs succès des années 1960 : « Manon viens danser le ska » de Donald Lautrec, « Le petit restaurant du coin » des Million-Airs, « La Manic » de Georges . . .

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La caricature est un art à mi-chemin entre l'analyse et la synthèse, entre la critique et le compte-rendu de l'actualité. De prime abord, bien qu'elle rappelle la bande dessinée, elle possède des caractéristiques et des règles qui lui sont propres. Certaines caricatures ont des qualités telles qu'elles peuvent traverser le temps avec une facilité déconcertante, tandis que d'autres, telle celle de René Lévesque qui orne la page couverture de ce livre, peuvent se transformer en des hommages empreints d'un sentimentalisme bon enfant à des figures publiques disparues.

La caricature fait aujourd'hui partie intégrante de l'univers des quotidiens. Ses origines remontent à une époque où la photographie était rare et où les illustrations étaient employées afin de représenter les situations et les personnages de l'actualité. Et selon la ligne éditoriale soutenue par le quotidien, l'illustrateur pouvait alors exagérer ou simplifier son coup de crayon afin d'intégrer à son dessin . . .

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« La beauté de Prague est tout ce qu'il y a de plus authentique », affirme Tecia Werbowski, écrivaine polono-tchéco-québécoise. Difficile de ne pas être d'accord avec ce prologue. Difficile aussi de ne pas suivre avec plaisir le regard amoureux de l'auteure sur sa ville de prédilection. Dans Entre espoir et nostalgie, l'auteure utilise Prague comme personnage, décor ou accessoire de ses grands artistes. « Kafka rentre à la maison, rue Celetna, portant son chapeau melon et son costume noir. »

Werbowski demeure cependant réaliste et pragmatique, commentant sans complaisance son retour à la maison – elle a habité Prague enfant et elle y séjourne souvent depuis 1990. Telle une suite à Ich bin Prager, son roman Entre espoir et nostalgie semble commencer là où finissait le précédent. Au-delà de la finesse des descriptions, elle allie la vraisemblance à la justesse de ses personnages, dont quelques-uns sont bien réels . . .

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Yanvalou pour Charlie est un portrait brossé de l'intérieur, sans tabou, d'un homme sorti de son petit village pour aller se faire une vie à Port-au-Prince ; abandonnant ses souvenirs troublants, insupportables. « Je viens, je m'en souviens, du trou du cul du monde », dit-il.

Voilà que le passé de cet homme, Mathurin, le rattrape et ne le lâche plus. Il avait pourtant réussi. Réussi à s'oublier. Mais le jeune Charlie se présente à son cabinet d'avocat et le propulse de ses mots dans ce passé.

Au cours du récit, l'auteur émet de sérieux doutes sur la sincérité de l'aide humanitaire et de ses acteurs bien nantis. L'adoption internationale y passe aussi au tordeur. Cul-de-sac. Cul-de-sac pour plusieurs jeunes coincés dans leur merde, malgré toute l'énergie dont certains font preuve. Cul-de-sac pour deux enfants de riches aux ambitions de sauveurs du monde chez qui . . .

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« La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite. » Tel est le proverbe que la narratrice dit avoir souvent entendu de la bouche de sa mère. Aussi nulle trace d'amertume dans le récit de Kim Thúy, bien qu'elle ait été l'une des boat-people ayant transité par les insalubres camps de réfugiés en Malaisie, dans une promiscuité infernale, avant d'arriver à Granby P.Q. Elle n'avait que dix ans. Depuis, la narratrice est devenue mère de deux enfants, dont un autiste qu'elle élève avec amour et philosophie, à travers diverses occupations professionnelles. Le récit couvre la période allant de l'entrée des communistes dans Saïgon, alors que l'armée réquisitionne la moitié de la riche demeure de sa famille, jusqu'à aujourd'hui, 30 ans après l'immigration.

Kim Thúy a eu la bonne idée de raconter par touches successives dans un mouvement d'aller . . .

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Ayant raté son suicide par absorption de somnifères, la narratrice des Murs se retrouve, après quatre jours aux soins intensifs, dans une chambre d'hôpital où elle est reconnue « irrécupérable », « suicidaire », « dangereuse » et « névrosée ». Devant la gravité de son état, on la transfère dans un établissement psychiatrique où l'on surveille étroitement son anorexie envahissante, son penchant irrépressible à l'automutilation et la faiblesse de ses signes vitaux. Les visites de ses proches, les contacts avec des patients et les tentatives de dialogue des intervenants ne parviennent pas à enrayer son « mal d'être » et à l'amener à renoncer aux lacérations qu'elle s'inflige cinq à six fois par jour avec une lame de rasoir ou avec ses ongles. Un « Monstre » l'habite auquel elle ne peut échapper et elle demeure enfermée entre les « murs infranchissables » dont elle s'est elle-même entourée et qu'elle s'interdit de transgresser. Après quelques mois de ce . . .

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Après avoir lu avec plaisir Daphnée disparue du même auteur, paru chez Actes Sud en 2008, j'ai abordé La clé de l'abîme avec un préjugé favorable. Les deux premiers chapitres m'ont tout de suite plu, me rappelant vaguement l'univers de Kafka, mais à partir du troisième, mon intérêt a décru.

Daphnée disparue, qui me rappelait la prose de José Saramago, est aux antipodes de La clé de l'abîme. Le délire d'un auteur ayant perdu la mémoire qui tente de retrouver une femme entrevue quelques heures avant l'accident qui lui a coûté son passé a en effet peu à voir avec les péripéties de Daniel Kean, pauvre héros de La clé de l'abîme aux prises avec des personnages cauchemardesques mi-humains, mi-humanoïdes.

S'inspirant de . . .

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Un format original et attrayant et des ouvrages qui enrichissent la culture d'ici : voilà l'objectif que s'est donné La grenouille bleue, une division des éditions du CRAM, créée au début de l'année 2009. Au moment où ces lignes paraîtront, la petite maison d'édition comptera sans doute sept ou huit titres à son actif dont Tous les chemins mènent à l'ombre de Dany Tremblay, Pourquoi je n'ai pas pleuré mon frère d'Yves Chevrier, Le puits de Pascale Bourassa et cet ouvrage paru au terme de sa première année d'existence : Ombres sereines de Michel Samson.

La facture du livre, certes, est invitante. Un format de 22 cm x 12 cm environ, qui se manipule bien. Sur la quatrième de couverture, quelques mots sur l'ouvrage et une photo de l'auteur avec un bref résumé biobibliographique. La couverture, elle . . .

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Qu'est-ce que Hannah Arendt et Martin Heidegger ont bien pu se dire lors de leur unique nuit de retrouvailles, dans un hôtel de Fribourg, le 7 février 1950 ? Le professeur de philosophie et sa brillante élève s'étaient follement aimés avant la guerre, mais leurs routes avaient pris des directions radicalement opposées avec l'avènement du régime hitlérien. Arendt s'est réfugiée à Paris puis en Amérique, tandis que Heidegger a adhéré au Parti nazi. Pourtant, après dix-huit années de désolation, une « irrésistible contrainte » les a poussés à se revoir. La pièce de Rault se veut une reconstitution possible du déchirant dialogue qu'ont engagé ces deux grands esprits du XXe siècle en cette nuit de février 1950. Manifestement, avec Le démon de Hannah, Antoine Rault tenait un sujet en or.

En ouverture de son livre, Rault glisse une r . . .

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Après vingt ans d'interruption, Alain Poissant renoue avec l'écriture romanesque dans Heureux qui comme Ulysse. Il s'agit de son huitième roman, mais l'auteur est demeuré confidentiel, malgré deux œuvres assez réussies et poignantes, qui signalaient déjà son attrait pour la route et la voiture (Vendredi-Friday) et pour la solitude et le froid (Carnaval), dans des récits très ramassés. Si, avec son nouveau roman, Poissant élargit sa palette et conçoit une trame plus complexe (avec les mêmes thèmes), cela se fait à l'encontre des qualités premières de son style : l'efficacité et la concision.

Divisé en quatre parties qui reprennent le cycle saisonnier, du printemps à l'hiver, le roman de Poissant décrit les pérégrinations banales d'un « héros jetable », Pissenlit, parti à la recherche de lui-même. À la suite de l'échec du référendum de 1980 . . .

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Romancier né à Paris en 1945, Georges Picard a publié pas moins de seize livres chez José Corti depuis 1993. La plupart ont un titre qui frappe l'attention : De la connerie (1994), Le génie à l'usage de ceux qui n'en ont pas (1996), Tout m'énerve (1997), Le bar de l'insomnie (2004), Le philosophe facétieux (2008) Réédition d'un récit paru en 1988 aux éditions Calligrammes, Journal ironique d'une rivalité amoureuse n'a rien perdu de son mordant 22 ans plus tard.

Ce journal, qui, constate-t-on assez vite, n'en est pas véritablement un, retrace les étapes d'une tentative maladroite de séduction. Le narrateur, un jeune homme imaginatif, travaille comme coursier à Paris. Il rivalise avec son ami Vasco pour séduire une jeune fille habitant au-dessus de chez lui et qu'il a . . .

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Lili, David, Marilou, Alex, Laura et Tristan. Six adolescents complices « à la vie, à la mort » vivent un après-bal des finissants du secondaire qu'ils voulaient inoubliable : une nuit dans une auberge champêtre isolée au cours de laquelle coule l'alcool jusqu'à ce que l'un des comparses, mauvais plaisantin, ait l'idée d'effrayer la bande par une séance de Ouija. Or, l'invocation rituelle tourne mal, entraînant des conséquences inimaginables.

Dix ans plus tard, la mort apparemment accidentelle de l'une des amis provoque la réunion des cinq survivants qui s'étaient perdus de vue. Ces cinq étrangers qui n'ont plus rien à partager devront pourtant se liguer pour échapper à un assassin prédateur et sadique. Qui veut les éliminer ? Cela a-t-il un lien avec la tragédie qui s'est produite après la séance de spiritisme, voilà une décennie ? Ou la mort est-elle l'œuvre de l'un d'entre eux ?

Roman intéressant . . .

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Voici un petit livre qui, sans jamais atteindre la densité des « grands » romans, ni leur ampleur, trouvera par la rigueur de son style et la réflexion qu'il suscite son lot de lecteurs. On en aurait voulu un peu plus, il est vrai, tant sont aérées les pages. En fait, ce petit livre tient plus de la longue nouvelle que du roman. Il en a en outre le caractère elliptique, les personnages et le décor à peine esquissés mais bien campés, l'élément perturbateur, la fin inattendue.

L'offense raconte la « maladie » du jeune tailleur Kurt Crüwell enrôlé dans l'armée allemande au début de la Seconde Guerre mondiale. S'il supporte difficilement l'esprit national-socialiste, il trouve un certain plaisir dans l'exil. Les villes étrangères tombées sous le drapeau ennemi le ravissent, il s'enivre d'architecture, de livres, jusqu'à en oublier la réalité de la guerre. Mais un . . .

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Laurent McAllister est le pseudonyme des romanciers et nouvellistes bilingues Yves Meynard et Jean-Louis Trudel. Ces Canadiens ont publié de nombreux titres pour la jeunesse avant de s'attaquer à la littérature pour adultes. En 2002, leur « nom de plume » a remporté le prix Boréal du meilleur livre pour le roman Le messager des orages. Ont suivi en 2008 le prix Boréal de la meilleure nouvelle ainsi que le prix Aurora de la meilleure nouvelle en français pour « Sur la plage des épaves ». N'ayant plus à convaincre les lecteurs de l'heureux mélange homogène des deux talents, McAllister nous présente Les leçons de la cruauté.

Dans ce recueil, cinq nouvelles font le pont entre la science-fiction, la fantasy et le fantastique : « Kapuzine et les Loups : une légende dorée », « Le pierrot diffracté », « En sol brûlant », « Le cas du feuilleton De Québec à la Lune, par . . .

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Travail d'orfèvre et mémoire des mots. On pourrait croire que Georgette LeBlanc a réinventé la langue des siens, or il n'en est rien affirme cette jeune auteure de 33 ans : la langue du récent Amédé, tout comme celle d'Alma, son précédent et premier récit-recueil, est bien celle que l'on parle en 2010 dans la petite enclave francophone de la baie Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse.

Cette langue particulière (certains préféreront variante ou parler régional), à distinguer de celle – celles – de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, Georgette LeBlanc a grandi en pensant qu'elle n'était pas digne d'être écrite. Pire : qu'elle était une prison ! Terrible idée reçue, préjugé qu'elle allait bientôt renverser pour notre plus grand plaisir. En 2006, après des études à l'Université de la Louisiane à Lafayette, doctorat en littérature en poche, LeBlanc fait paraître . . .

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Ce premier recueil d'une nouvelle maison d'édition fondée en 2009 par Carl Bessette et Jean-Sébastien Larouche présente une refonte de trois œuvres de ce dernier, soit : Le pawn-shop de l'enfer (Lanctôt, 1997), Rose et rasoir (Lanctôt, 1998) et Dacnomanie (Lanctôt, 2000). Voici un « livre-choc » en forme de « parole fulgurante », une œuvre qui affronte et confond les contraintes liées à notre condition d'humain. Cette poésie remue et ébranle car elle est très anarchisante et ne laisse point de place au compromis : on pourrait facilement la situer entre celles de Charles Bukowski et de Patrice Desbiens. Également, l'écriture est revisitée dans le désir de la transformer en parole, en slam poésie, en une probable fougue scénique. Les éditions de l'Écrou souhaitent, en effet, mettre en évidence l'effervescence et la vivacité de la scène poétique parlée . . .

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Stephen King est un écrivain plein de ressources, tenace et qui respecte son fidèle lecteur, se confie à lui. En effet, comme c'est le cas dans plusieurs de ses ouvrages, il nous invite ' au moyen d'un prologue, d'une introduction ', à tenter de comprendre son processus de création. Composé de treize nouvelles et paraissant à la suite du somptueux Duma Key (Albin Michel, 2009), Juste avant le crépuscule est issu d'un travail d'édition que King a réalisé en 2006 pour la série annuelle Best American Short Stories dont il avait à assumer la direction littéraire en tant qu'« éditeur invité ». C'est en parcourant des centaines de nouvelles qu'a germé en lui l'idée de ce recueil, s'inspirant, nous dit-il, de son écriture dite à l'« ancienne manière » (pensons à l'incontournable Night Shift paru chez New American Library en 1979). L'écriture de ces histoires s . . .

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Jean Marc Dalpé a choisi la langue du peuple pour traduire Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing. Ceux qui ont connu Les Rez sisters, première œuvre dramatique de Tomson Highway, y reconnaîtront les personnages et l'univers hyperréalistes d'autochtones canadiens.

Cette pièce de théâtre est bouleversante. Crue. Désagréable même parfois, mais incontournable. Il s'agit d'une tragédie moderne, sans aucun doute aussi forte que Les belles-sœurs de Michel Tremblay. Des belles-sœurs d'aujourd'hui ' mixtes ', hommes et femmes autochtones. L'auteur a poussé son écriture à fond, réussissant un tour de force en créant un condensé de tous les drames vécus par les peuples autochtones à la suite du passage des Blancs. Des peuples dont les repères ont été arrachés par l'étranger, puis dont les miettes ont tranquillement été abandonnées par les principaux intéressés.

Un groupe . . .

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Marie-Francine Hébert est l'une des écrivaines les plus reconnues au Québec en littérature jeunesse. En 2003, elle en a ému plus d'un avec son album paru aux éditions Les 400 coups, Nul poisson où aller. Heureusement pour le lecteur, elle a trouvé son second souffle dans la littérature pour adultes avec ce premier roman à l'arrière-plan autobiographique, L'âme du fusil. Marie-France Hébert renouvelle les thèmes de la guerre et de l'amour, auxquels on ne s'habitue jamais, avec le sceau de l'empathie, avec toute la détresse et tout le bouleversement qui s'en dégagent. Cette lecture pour le moins troublante par la plausibilité des atrocités tout droit sorties de l'actualité vous mènera vers le même sentiment d'impuissance que celui ressenti lors du visionnement du film Un dimanche à Kigali, de Robert Favreau, qui a pris l'affiche en 2006 . . .

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Dans La mauvaise rencontre, qui aurait tout aussi bien pu s'intituler « La mauvaise conscience », Philippe Grimbert reprend les thèmes qui lui sont chers : le secret, le double, la perte. Il nous raconte ici la touchante histoire de l'amitié de Loup et Mando qui prend racine dans la petite enfance au parc Monceau sous l'œil distrait des adultes qui les accompagnent et dont rien ne laisse présager la fin.

L'amitié de Loup et Mando, deux jeunes complices qui partagent tout, devait durer éternellement. Ils se voulaient frères, jumeaux même. Or Loup, le narrateur, confesse ce qu'il appelle sa première trahison à l'âge de dix ans : après avoir d'abord accepté de faire un voyage en Italie, en colonie de vacances, avec Mando, il se dérobe, laissant son ami l'attendre en vain sur le quai de la gare. Puis, au retour de Mando, la vie suit son cours et les précipite dans l'adolescence . . .

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Le vendredi 5 mars 2010, à l'âge de 61 ans, est décédé l'auteur du récent roman Le grand loin. En héritage, il laisse une bibliographie foisonnante, quelque soixante ouvrages, soit quasi un pour chaque année de son existence. Auteur économe (ses romans n'ont jamais dépassé les 200 pages), il possède un univers romanesque caractérisé par de bénins personnages : ce sont des M. Untel, Mme Unetelle, aussi bien nos voisins que des inconnus croisés au supermarché. Son dernier roman ne faisant pas exception à la règle, il y est encore question de personnages ordinaires, mais cabossés par la vie, qui basculent dans l'incongru et dérapent dans la folie.

Comme dans tous les autres romans de Pascal Garnier, on entre vite dans le vif du sujet avec Le grand loin. Chaque année, le jour de son anniversaire, Marc rend visite à sa fille Anne internée au Perray-Vaucluse . . .

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Très honorable président du groupe Le Monde et par ailleurs romancier fort apprécié, Éric Fottorino s'autorise plus que jamais la transparence. Avec L'homme qui m'aimait tout bas, il plonge sans filet dans l'autobiographie, tendre hommage posthume à son père adoptif. Pour notre grand bonheur.

Déjà dans Korsakov, l'auteur exposait sans équivoque son attachement à sa famille adoptive ' la tribu Fottorino ' et dédicaçait le livre à la mémoire d'un autre homme important à ses yeux et à son cœur, son grand-père Marcel.

Dès la première phrase de L'homme qui m'aimait tout bas, Fottorino lève toute ambiguïté : « Le 11 mars 2008, mon père s'est tué d'un coup de carabine ». À 70 ans, le chaleureux Pied-Noir ' kinésithérapeute de métier ' a choisi son destin, comme tant d'autres que nous avons aimés, laissant . . .

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Underworld USA, le dernier opus de James Ellroy, le pape du roman noir, met un point final à sa trilogie éponyme inaugurée quinze ans plus tôt avec American Tabloïd, suivi par American Death Trip en 2001. Dans cette trilogie, Ellroy a voulu explorer « les égouts de l'histoire américaine » ' ce sont ses propres termes ' entre la fin des années 1950 et le début des années 1970. Son dernier-né couvre la période qui va de 1968 à 1972, soit de l'assassinat de Robert Kennedy et de Martin Luther King au cambriolage du Watergate.

Impossible de résumer toutes les intrigues qui courent dans ce roman de près de 900 pages. Disons, pour en donner une idée très sommaire, qu'il s'agira pour l'un ou l'autre des principaux protagonistes ' trois hommes au passé chargé ' de mettre la main sur le butin d'un braquage survenu en . . .

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La réédition d'Helen avec un secret participe d'un travail éditorial entrepris par la Bibliothèque québécoise pour redonner sa cohérence et son importance à l'œuvre de Michael Delisle au sein du corpus québécois contemporain. Surtout primée pour sa poésie, cette œuvre trouve néanmoins dans la prose, roman comme nouvelles, une forme qui est à même de dire la quotidienneté.

La banlieue est un espace fort chez Delisle, un lieu de transformations – ce par quoi l'auteur déroge des productions lisses contemporaines – et de tensions, marqué par le regard scrutateur du voisinage. Chez lui, la banlieue est une mémoire résiduelle qui amalgame enfance, famille, transgression et découverte fortuite de l'art, dans des formes souvent opposées aux legs imposés par une culture lettrée. Dans la nouvelle qui inaugure Helen avec un secret, « Terre en friche », dont le titre connote le caractère à la . . .

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L'histoire d'amour de plus 700 ans entre un grand brûlé polytraumatisé tourmenté par un serpent qui habite sa colonne vertébrale et une sculptrice schizophrène polyglotte suit son cours dans une chambre d'hôpital puis dans la forteresse où la sculptrice extrait de la pierre d'affreuses gargouilles. Ce conte dantesque va et vient entre le récit des hauts et des bas d'un narrateur jamais nommé, ex-star du porno, qui survit à un accident de voiture, et la narration de Marianne Engel, qui affirme l'avoir connu à l'époque médiévale où ils auraient vécu ensemble de périlleuses aventures. C'est entre ses intenses périodes de transe créatrice que Marianne Engel raconte au narrateur leur long périple à travers les siècles qui débute au XIVe siècle au couvent d'Engelthal en Allemagne où elle fait sa connaissance sous les traits d'un jeune mercenaire gravement brûlé

Andrew Davidson serait-il la . . .

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Mark Billingham, qui s'est d'abord fait connaître au Royaume-Uni comme acteur, scénariste et humoriste, s'est vite taillé un nom dans le polar britannique. Sa série d'enquêtes de Tom Thorne, inaugurée en 2001 avec Sleepyhead (Dernier battement de cil, 2004), compte à ce jour huit titres, dont trois inédits en français. Comme des chiens est le cinquième du lot.

Initialement paru en 2005 sous le titre Lifeless, Comme des chiens traite du meurtre sordide de sans-abris dont certains sont d'anciens militaires perturbés par leur participation à la première guerre du Golfe en 1991. A-t-on affaire à un tueur en série ? C'est ce que doit établir un groupe d'enquêteurs de la « Met », la police métropolitaine de Londres. Pendant ce temps l'inspecteur Thorne, forcé de « se mettre au vert » après . . .

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« Il y a des nuits pour mourir » ; « Il n'y a que l'homme et son faux pays » ; « [I]l y aura des rivages de terre noire » ; « [I]l y a des jours pour sourire ». Ce sont des vers qui débutent des parties du recueil de poésie d'Annie Beaulac. C'est un voyage à travers la vie, des constats qui se font au fil du chemin : il y a de tout, des choses bonnes, mauvaises, dures, douces, dont on jouit ou dont on souffre.

La troisième partie est différente, un point d'interrogation au centre, un épisode plus haché, plus collé au corps, où le ton et les termes ne laissent rien présager de céleste dans la sexualité. Elle est la seule à générer des « odeurs » dans le recueil, alors que pour le reste, c'est de « parfum » que l'auteure parle.

À souligner que la poétesse fait du slam. Cela m'a intriguée. Je suis donc allée sur Internet pour . . .

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Ce recueil de onze nouvelles, dédié à sa famille, est sans doute le livre le plus autobiographique avoué et assumé que Margaret Atwood ait publié à ce jour. Le regroupement des nouvelles suit d'ailleurs une ligne chronologique qui épouse le cycle d'une vie. Les textes abordent tour à tour la vie de famille à différents moments de son cycle élargi, allant de la naissance d'un nouveau membre à la mort annoncée du père dans la nouvelle éponyme. Le texte d'ouverture, « Les mauvaises nouvelles », met en scène un couple âgé à l'aube d'une nouvelle journée. Lui, énonce sans retenue son appréhension devant les nouvelles du jour, mauvaises il va sans dire ; elle, cherche à en retarder la prise de conscience, le jour est si jeune, la vie si courte, pourquoi faudrait-il tout sacrifier aux promesses de l'aube ? Avec un sens de l'observation des plus aiguisés, une ironie à peine feinte, douce et touchante par moments, Atwood brosse le portrait d'un couple . . .

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Premier thriller d'un rédacteur chevronné de la revue Scientific American, ce roman traduit en dix-huit langues s'adresse d'abord aux amateurs de science populaire mais pourrait intéresser tout lecteur en quête de suspense. Alpert, selon une recette éprouvée par d'autres auteurs avant lui, place un spécialiste mais homme ordinaire au cœur d'un secret suscitant toutes les convoitises.

Ici, c'est un historien des sciences qui reçoit d'un mentor mourant un code. Commence alors une course contre le FBI et un assassin terroriste pour protéger le dernier collaborateur d'Einstein encore vivant, le seul à pouvoir peut-être percer les mystères du rébus et ainsi sauver l'humanité. Bien sûr, le protagoniste sera assisté dans son entreprise par une femme jeune et brillante, et tous deux seront entraînés dans un univers de robotique, de physique des particules et d'armes de destruction massive.

Cette histoire rappelle celles concoctées . . .

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Dans l'essai L'héritage spirituel amérindien, Jacques Languirand, que l'on connaît notamment pour l'émission Par 4 chemins dont il tient la barre à Radio-Canada depuis 1971, ainsi que Jean Proulx, philosophe et professeur à l'Université Laval, ont combiné leurs savoirs afin de démystifier la spiritualité amérindienne. Cet ouvrage, qui continue la réflexion amorcée par Le dieu cosmique, À la recherche du Dieu d'Einstein publié par ces deux mêmes auteurs, éclaire la spiritualité amérindienne et en dresse un portrait en quatre parties : sa cosmogonie, ses pratiques, ses rituels et son éthique.

La première partie, « Le Divin », explique les dieux fondateurs qui sont au cœur de l'esprit autochtone : le Grand Esprit, Terre-Mère et le dieu cosmique. Habilement, les auteurs comparent la spiritualité amérindienne au taoïsme, à l'hindouisme et à la pensée d'Einstein ' dont la théophanie est mise en parallèle avec . . .

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Bernard Werber est un auteur français reconnu pour ses écrits à caractère scientifique, sa littérature presque mystique ou spirituelle. Dernièrement, il s'est intéressé davantage à la notion de futur dans ses recueils de nouvelles Paradis sur mesure et L'arbre des possibles, publiés respectivement en 2008 et en 2002. Avec le roman Le miroir de Cassandre de 2009, Werber reprend cette idée fixe en y joignant l'intuitionnisme, une doctrine véhiculée par les personnages de Cassandre et de son frère Daniel, tous deux atteints de sensibilité extrême autistique, victimes des expériences de leurs parents. Le tout tourne autour de Cassandre, jeune rebelle qui se réfugie en marge de la société pour savoir qui elle est et pour découvrir son passé oublié. Se joignent à elle des clochards qui l'aideront à contrôler ses visions de l'avenir et à tenter de sauver le . . .

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On nous dit en quatrième de couverture de l'anthologie Voix d'Argentine : « Zébrée de fleuves, peuplée d'immigrants, entre mer et montagnes et plaines, l'Argentine est au sud du sud ce que le Québec est au nord du nord. Buenos Aires est son Montréal. Les arts y foisonnent, mais c'est la poésie qui lui donne sa cohérence ». On parle, en notre époque, d'une mondialisation fondée sur des intérêts mercantiles dont les enjeux manquent trop souvent de noblesse. La culture – l'acte poétique en ce qui concerne ce livre – serait-elle le véritable vecteur d'une mondialisation à visage humain ? Au-delà d'un idéalisme superficiel, cette anthologie nous le laisse croire... car née d'une collaboration entre trois maisons d'édition issues de différents pays. La magie de l'art poétique, nonobstant les époques, prendra en ce cas la figure d'une universalité réelle, concr . . .

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Jeanne Barret, le personnage éponyme du roman historique de Monique Pariseau, est cette jeune femme de 27 ans dont l'originalité fut d'avoir été, comme le dit le sous-titre, la « première femme ayant accompli, au XVIIIe siècle, le tour du monde déguisée en homme ». Malgré une ordonnance interdisant la présence d'éléments féminins sur les vaisseaux du roi, elle réussit à convaincre son maître Philibert Commerson, botaniste et chirurgien, de l'accompagner comme valet et assistant sur la flûte L'Étoile. Sous le nom de Jean Barré, elle fait donc partie de l'expédition de 1766-1769 du comte Louis-Antoine de Bougainville. Des rumeurs circulent bientôt sur la nature des relations entre le maître et son serviteur et sur la véritable identité sexuelle du jeune matelot imberbe. Mais Jean Barré s'avère un auxiliaire hors pair et un membre d'équipage énergique et courageux au cours d'un . . .

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Le premier volet de la saga des Montferrand nous avait laissé sur notre soif. C'est au jeune Joseph que revenait la charge de défendre l'honneur du nom. En réalité, ce personnage étant entré dans la légende, ses exploits ayant fait l'objet de plus d'un ouvrage, on savait déjà ce que lui réservait la vie. On voulait simplement que son histoire nous soit contée par Paul Ohl et il l'a fait dans ce second volet auquel il a donné le sous-titre Un géant sur le pont. Comme dans le premier ouvrage, le souci du détail est époustouflant, mais il semble y avoir ici davantage de ruptures. On est tenu en haleine par le récit. Le personnage de Joseph Montferrand est de taille, au propre et au figuré. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, l'image du héros en couverture : un dessin de W. N. Macdonnel annonce la couleur.

Ce . . .

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Suzanne Lamarre présente ici son premier recueil de haïkus. Avec un titre aussi savoureux, À pieds joints dans les flaques, ce livre semble promettre un grand plaisir. De plus, il s'amorce avec une magnifique citation de Félix Leclerc : « Il faut savoir tremper sa plume dans le bleu du ciel ». On se serait attendu à ce que l'auteure nous livre une poésie inspirée, mais on n'y est pas tout à fait, le bleu du ciel bave un peu au pourtour de la toile.

Certains poèmes, particulièrement réussis, saisissent une étincelle poétique suspendue dans le temps. Ils se distinguent des autres, telles des miniatures créées par un peintre qui aborderait la vie avec un regard attentif aux petits détails du quotidien. Alors, le bonheur du lecteur s'installe. Bravo pour le haïku qui me fait sourciller, ou qui engage un voyage entre les mots imprimés et l'image suscitée : « [S]oleil du midi / l . . .

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Il arrive parfois qu'une rupture amoureuse provoque chez celui qui la vit, la subit, une véritable rupture de son être ' la révélation d'une faille, l'avènement d'une béance : sa vie. C'est à l'histoire de cette défaite que nous convie Patrick Dion dans son roman Fol allié. Le narrateur, en effet, entreprend, après le départ de l'être aimé, de s'entendre tomber dans le vide. En chute libre : c'est ainsi qu'il parle, déparle, s'adressant tantôt à lui-même, tantôt à un ami parti à l'étranger et qui jamais ne lui répond.

Par moments pur cri, par moments appel au secours, imploration ou confession, l'écriture devient alors le lieu de toutes les remises en question, de tous les délires, de toutes les confrontations surtout : avec soi-même d'abord, c'est-à-dire avec le vacarme des souvenirs qui tournent dans la tête de l'abandonn . . .

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Ce trentième ouvrage de Normand de Bellefeuille fait penser aux Belles-sœurs de Tremblay transposées dans un roman de Jean-Paul Dubois. On y suit un quatuor de ménagères montréalaises au parler truculent. Gabrielle, Alice, Fleurette et Rita se rendent en Dordogne, afin de visiter la grotte de Lascaux qu'elles ont longtemps imaginée tout en jouant au poker et en buvant du sherry. Or, nous sommes en 1963 et la grotte devient interdite au public le jour même où les quatre matrones y débarquent. Ce long voyage ne leur aura servi qu'à ramener des diapositives et un jeu de cartes plastifiées.

Les déboires du quatuor ne forment qu'une partie du livre de Normand de Bellefeuille. Un autre récit nous présente, à quelque 40 ans de distance, le quotidien de Simon, fils de Gabrielle et petit-fils d'Alice. Simon est un écrivain hanté par Lascaux. Sa compagne, Raphaëlle, vit de traductions . . .

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Sa femme le quitte et on lui annonce un cancer du larynx : hélas ! c'est l'heure des bilans qui vient de sonner. Difficile, dans cette autofiction, de faire le partage entre regrets, accusations, apitoiement et culpabilité. Le narrateur y fait, certes, de douloureux constats : « Je sais dorénavant, mais il est trop tard pour le mettre en pratique, que nulle attention, nulle assiduité, nulle fidélité, pas un magret de canard à l'anis étoilé ou un rognon à la moutarde ne remplacent la main qu'on tient, le baiser ordinaire, l'épaule qui accueille la tête fatiguée, le bras qui entoure la femme frileuse. Savoir inutile ». Voilà un homme démuni devant son impuissance à refaire son passé. Le diagnostic d'un cancer, un peu comme la rupture amoureuse, marque le début d'une souffrance qui, bien avant de s'inscrire dans le corps, colonise tous les aspects d'une vie. C'est l'éminence trop soudaine de l'inéluctable et l'urgence de faire la . . .

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Buenos Aires, 1964 : Alberto Manguel a 16 ans, Jorge Luis Borges en a 65. L'étudiant travaille le soir dans une librairie anglo-allemande que fréquente l'écrivain et directeur de la Bibliothèque nationale. Devenu complètement aveugle à la fin de la cinquantaine, héritage de la lignée paternelle, Borges fait appel à plusieurs personnes pour lui faire la lecture, sa mère très âgée ne pouvant plus suffire à la tâche. L'adolescent accepte l'invitation du sexagénaire de venir chez lui trois ou quatre fois par semaine. Jusqu'au moment de quitter l'Argentine, en 1968, le jeune homme franchira les portes du modeste appartement que l'écrivain partage avec sa mère et la bonne. Devenu à son tour écrivain accompli, Manguel raconte les souvenirs qui lui sont restés de ces moments privilégiés auprès du grand homme.

Comme Borges lui en fait la remarque un jour, « tout écrivain laisse deux œuvres : l'œuvre écrite et l'image de lui . . .

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Le détective Philip Brennan découvre une scène de crime particulièrement sanglante et cruelle : deux amies ont été assassinées et l'une d'elle, enceinte, a été éventrée. Le fœtus a disparu. Et la scène se répète. Commence alors une chasse au tueur en série qu'il faut capturer avant qu'il ne fasse d'autres victimes !

Voilà un bon départ. Mais après une quarantaine de pages, on déchante on devine rapidement les revirements à venir, tout est trop prévisible pour que le suspense perdure : décidément, le puzzle a des pièces trop grosses.

C'est sans compter que dans ce roman les personnages manquent de substance : les femmes sont geignardes et capricieuses, les détectives, coureurs de jupons ou sages et romantiques, et les hommes, lubriques et vaniteux. Tania Carver a pourtant suivi la recette pour instiller les émotions fortes : des crimes odieux, un détective vertueux qui a du flair mais aussi des . . .

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Le Japon, pays fascinant aux contrastes déroutants. Les routes passantes et les chemins escarpés, que le voyageur aussi bien que l'homme d'affaires pressé emploient pour se rendre à l'un ou l'autre sanctuaire, sont jalonnés de machines distributrices. Celles-là sont pratiquement inconnues en Occident : elles offrent à la fois des boissons glacées et des cannettes de café chaud (sans compter les bières). À Tokyo, ville-monstre, presque un pays en soi, on trouve de tout : des librairies entièrement consacrées au manga et dont la superficie tétanise les libraires d'ici ; des centres commerciaux labyrinthiques et de criantes salles de jeux vidéo ; de troublants lieux de rencontre pour les accros de la pornographie ; des maisons de thé à l'ancienne ; des expositions d'étudiants en arts traditionnels ; des parcs impériaux, véritables oasis de paix. La liste serait longue. Mais c'est surtout de Kyoto que parle Valérie Harvey dans Passion Japon. Originaire de Charlevoix, elle . . .

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Cette œuvre dite « inachevée » – considérée comme le tout premier roman d'Albert Camus – est à situer entre L'envers et l'endroit (Charlot, 1937) et ce beau recueil qu'est Noces (Charlot, 1939) célébrant les merveilles de la nature en symbiose avec l'aventure humaine. La « voie » de Camus est ainsi choisie : ce sera celle de l'écriture. On sait, à cet effet, qu'il avait écrit quelque part dans ses Carnets : « Je sais maintenant que je vais écrire... Il me faut témoigner ». On connaît la portée de ce témoignage qui allie de manière inédite le lyrisme et le tragique. La littérature pourra ' selon lui ' « parler de tout ».

C'est en 1937 que Camus amorce La mort heureuse qui demeurera à l'état de manuscrit jusqu'à sa publication posthume en 1971 chez Gallimard, car Camus n'a pas désiré publier ce roman de son . . .

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Méticuleux, précis comme un géomètre, ennemi du flou, Jean-Nicolas De Surmont liquide en quelques pages d'introduction tout risque de malentendu à propos d'une certaine activité culturelle québécoise. Poésie vocale, poésie orale, chanson signée, chanson de tradition orale, autant de termes dont il circonscrit utilement la portée. Larousse se réjouirait, lui qui attendait de l'accord sur les termes l'entente sur les idées. Parler de chanson n'aurait-il pas été plus simple ? Peut-être, mais la clarté en aurait souffert et certains débats se seraient enlisés.

Ce criblage de la terminologie servira surtout, on s'en doute, à la gent universitaire. Le commun des mortels, quant à lui, considérera encore qu'une chanson est une chanson. Le petit livre de De Surmont rendra quand même service à tous les publics qu'intéresse l'histoire de la chanson ; c'est là, plus que dans le cadastrage du vocabulaire, que réside, en effet, l . . .

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L'amour en bandoulière est présenté comme un roman basé sur « une histoire vraie » illustrant « la victoire de l'amour sur la mort ». Lise Allard y raconte le « vécu » de son père Antonio, dit Fit, et expose le « courage » et la « détermination absolue pour le droit à la vie et à la liberté » (quatrième de couverture) dont il a fait preuve lorsqu'il choisit de déserter l'armée canadienne, en avril 1942.

Le parti pris narratif est donc clairement affiché : l'image négative du déserteur, qui pose en soi « un acte de lâcheté », est ici dégagée de l'aura d'infamie qu'elle connote naturellement et se présente au contraire comme « le fruit d'une décision courageuse, une question de respect de soi et des autres ». Le personnage d'Antonio fait ainsi figure de véritable héros, tout de qualités vêtu et digne en tout point de sa belle et . . .

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Entrer dans un café, c'est assister invariablement à un spectacle éclectique des plus divertissants. Dans ce type de commerce se trouve toujours un échantillon de la faune urbaine locale qui va du fidèle habitué au simple passant désirant refaire le plein de caféine. Chaque client, qu'il soit seul, en dyade ou en groupe, se donne en quelque sorte en spectacle. Autour d'une tasse de café, se forment des tableaux que le client le moindrement curieux se fera un plaisir d'observer discrètement, tout en sachant pertinemment qu'il fait lui-même partie de ce spectacle.

André Carpentier, professeur au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal, s'est amusé à découvrir les cafés de Montréal, tout en prenant soin de varier les établissements et les quartiers afin de proposer au lecteur tout un kaléidoscope d'images. À chaque arrêt, autour d'une tasse, il s'est amusé à noter les scènes dont il . . .

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Si vous n'aviez qu'un seul récit de guerre à lire, il faudrait que ce soit celui de Gilbert Boulanger. Ce mitrailleur de bombardier de la Royal Canadian Air Force raconte, dans L'alouette affolée, son expérience durant la Seconde Guerre mondiale. Un récit magnifique et rythmé qui se lit d'une traite.

Glbert Boulanger est né dans un petit village de Charlevoix, où il a grandi avec ses neuf frères et sœurs. Un jour, un biplan dont le moteur éprouvait quelques difficultés se pose sur un champ non loin de là où il se trouve. En quelques enjambées, il se retrouve debout devant l'appareil, à toucher la délicate structure de bois et de fils de fer de cette magnifique machine volante. Ce souvenir ne le quittera jamais plus.

Sa majorité atteinte, et peu enthousiasmé par ses études à l'École technique, il décide de s'enrôler comme volontaire dans l'armée de l'air . . .

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Clara Purdy s'étiole depuis le décès de sa mère dont elle prenait soin. Entre son travail ennuyeux dans une compagnie d'assurances, la maison vide dont elle a hérité et les messes célébrées par le prêtre anglican Paul Tippett, rien ne se passe pour cette femme divorcée et sans enfant qui amorce la quarantaine en solitaire. Un jour, pourtant, sa vie monotone éclate à l'intersection d'une rue de Saskatoon alors qu'elle entre en collision avec une Dart brinquebalante dans laquelle voyage la famille Gage vers le nord de l'Ontario où le père, Clayton, a encore une fois trouvé un nouveau travail. Malgré les vociférations de celui-ci, ni lui, ni ses trois jeunes enfants, ni sa vieille mère n'ont été heurtés. Seule la mère, Lorraine, doit être transportée à l'hôpital pour des blessures superficielles. Des examens plus poussés révèlent toutefois une leucémie à un stade avanc . . .

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La vie passe-t-elle par Villery Station, ce petit village de 112 habitants de l'est de l'Ontario ? À en croire Florence, l'héroïne du roman Du chaos pour une étoile de Michèle Matteau (L'Interligne), on peut en déduire que oui. Du moins une certaine renaissance. Revenant de nuit de chez des amis chez qui elle a fêté ses 53 ans, contrainte de prendre une déviation, elle se perd dans l'épais brouillard et se retrouve, en panne qui plus est, dans ce restant de village qu'elle quitte au matin sans volonté d'y retourner.

Mais cette recherchiste à Radio-Canada Ottawa vit une crise existentielle née en partie à cause de l'insatisfaction que lui procure son travail (une critique sévère, mais méritée de RC), et de la solitude qu'elle ressent depuis sa séparation. La crise de la cinquantaine. Pourquoi pas un congé d'un an ? Pourquoi pas à Villerey où elle . . .

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Quand les critiques parlent de Carlos Ruiz Zafón, auteur catalan né à Barcelone en 1964, les superlatifs sont au rendez-vous. Zafónmanie, raz-de-marée dans la littérature espagnole, tornade littéraire, n'en jetez plus, la cour est pleine. Son roman précédent, L'ombre du vent, a été vendu à dix millions d'exemplaires dans une cinquantaine de pays. Il a reçu de nombreux prix en Europe et ailleurs dont le Prix des libraires du Québec (2005).

Plus d'un million de copies du roman Le jeu de l'ange a été écoulé en Espagne en moins de quarante jours. Ce thriller gothique où se conjuguent pouvoirs occultes, amours malheureuses, religions et fantastique un rien macabre se situe dans la Barcelone des années 1920, en pleine révolution industrielle.

Au protagoniste David Martin, à qui arrive mille malheurs et quelques bonheurs tout au long de ces cinq cents pages, il sera . . .

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Avec Le remède et le poison (Pharmakon en anglais), Dirk Wittenborn signe un cinquième roman qui tient à la fois du thriller, de la saga familiale, du récit autobiographique et qui décline sur plusieurs décennies les liens que les membres de la famille Friedrich vont développer avec les substances qui promettent de réparer les blessures de l'âme.

En 1951, quand débute le roman, William T. Friedrich est un jeune marié heureux, père de quatre enfants et un brillant spécialiste de la psychométrie. Enseignant à Yale, il est passionné par la chimie du cerveau et rêve de mettre au point la pilule du bonheur. L'occasion lui en est offerte quand une collègue, Bunny Winton, l'informe de l'existence d'une plante de Nouvelle-Zélande, le gai kau dong, censée posséder des vertus exceptionnelles pour redonner le bonheur aux esprits affligés. Ayant réussi . . .

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Drogue, sexe et rock'n'roll ? Pas vraiment, non, plutôt drogue, sexe extrême et violences multiples. Pornographie, perversité et fantasmes sans retenue. Tortures et viols. Meurtres et horreurs illimitées. L'enfer, quoi, tel que le suggère le titre Hell.com. Pas reposant, Patrick Senécal, écrivain à succès qui aime bien naviguer dans l'épouvante.

Il faut affectionner le genre et vouloir plonger dans un thriller sanglant à souhait. Regarder davantage du côté de Misery que du philosophique Le fléau (The Stand) de Stephen King.

Les adeptes de Senécal apprécieront l'intrigue pour le moins démoniaque et le mélange fascination-répulsion qui alternent sans se démentir tout au long du livre. « Vous croyez que le Diable connaît chacun de ses damnés ? L'enfer est trop vaste, il comporte une multitude d'antichambres. » Les relations qu'entretient le protagoniste et . . .

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Après Mercredi soir au Bout du monde, Hélène Rioux convie de nouveau ses lecteurs à suivre ses personnages dans son deuxième tome des Fragments du monde. Et encore une fois, ils seront séduits par l'habileté et la finesse de la toile que Rioux tisse d'un bout à l'autre des treize chapitres d'Âmes en peine au paradis perdu.

Cette fois-ci encore, tout commence au restaurant Au Bout du monde, trois mois après la mort tragique de Doris qui clôt Mercredi soir au Bout du monde. En ce 21 mars, le solstice du printemps ressemble plutôt à une morne journée hivernale, les employés et les habitués du petit restaurant ont l'âme en peine, et Julie, la nouvelle serveuse, essaie à la fois d'enterrer la Jenny d'autrefois et d'oublier Stéphane. Certains attendent : Concha, des nouvelles de . . .

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Le poète et directeur de la maison d'édition Poètes de Brousse, Jean-François Poupart, nous offre son premier roman : un court polar d'anticipation, pénétré à la fois par une esthétique gore et par un enthousiasme délirant pour l'histoire de la musique populaire. En 2018, Mike Burns, vétéran de la guerre en Irak, toxicomane et détective privé, est sollicité pour résoudre une affaire dans la communauté exclusive d'Evergreen, lieu de prédilection pour les retraités du rock. Le cadavre de Jon Lord, claviériste de Deep Purple, est retrouvé dans la piscine de Lou Reed. Ray Manzarek, ex-Doors, invoque d'urgence les faveurs de l'enquêteur Burns dans le but de clore le plus rapidement possible l'épineux dossier. De toute évidence, les résidants d'Evergreen redoutent que les autorités officielles débarquent à l'intérieur de leurs murs. Au cours de ses démarches, Burns se voit victime d . . .

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Amélie Nothomb est fascinante.

On la sent derrière tout ce qu'elle écrit, même lorsqu'elle le fait au masculin, mais elle n'est jamais embarrassante, ni moralisatrice, ni gênante. Elle a l'art de l'intrigue, de l'invitation inquiétante, de la déroute, du paradoxe, de l'amusement défendu. Elle est curieuse de sa propre singularité, épatée par la différence.

Dans ce roman, Aliénor, une écrivaine à succès, se révèle être une déficiente intellectuelle prise en charge par Astrolabe, sa tutrice légale, une belle femme, qui lui consacre entièrement sa vie : elle la nourrit, la lave, transcrit ses écrits, discute avec l'éditeur, la protège de toutes les façons, du regard de la société et de l'exploitation du marché.

Les deux femmes sont visitées par un employé de l'EDF mandaté pour faire la tournée des appartements insalubres de Paris. Il n'y a pas de chauffage, le . . .

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Le parcours personnel de François Moreau, tel que décrit en quatrième de couverture, ressemble à celui du personnage central du livre, qui s'appelle d'ailleurs François.

L'auteur a le mérite de s'être bâti une vie trépidante, digne d'être racontée, susceptible d'intéresser, de faire rêver la moyenne des gens qui se trouvent plutôt dans un quotidien où le travail, la famille, l'accumulation de biens, de responsabilités, d'attaches, constituent un lot considérable qui suffit à meubler l'existence.

Faire partie de la bohème, la troupe de ceux, en général des artistes, qui marchent en dehors des sentiers, c'est faire un choix tout en ayant l'air de refuser d'en faire. C'est un concept abstrait, une affaire de jeunes, de fous, de pauvres, d'idéalistes, vu de l'œil de ceux qui n'en sont pas.

Telle que présentée par François Moreau, la bohème . . .

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La vie passe-t-elle par Villery Station, ce petit village de 112 habitants de l'est de l'Ontario ? À en croire Florence, l'héroïne du roman Du chaos pour une étoile de Michèle Matteau (L'Interligne), on peut en déduire que oui. Du moins une certaine renaissance. Revenant de nuit de chez des amis chez qui elle a fêté ses 53 ans, contrainte de prendre une déviation, elle se perd dans l'épais brouillard et se retrouve, en panne qui plus est, dans ce restant de village qu'elle quitte au matin sans volonté d'y retourner.

Mais cette recherchiste à Radio-Canada Ottawa vit une crise existentielle née en partie à cause de l'insatisfaction que lui procure son travail (une critique sévère, mais méritée de RC), et de la solitude qu'elle ressent depuis sa séparation. La crise de la cinquantaine. Pourquoi pas un congé d'un an ? Pourquoi pas à Villerey où elle . . .

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Monique LaRue a du cran. Après avoir traité de l'enseignement au cégep – en particulier celui de la littérature – dans La gloire de Cassiodore qui lui a d'ailleurs valu le prix du Gouverneur général 2002, la voilà qui traduit sous forme romanesque avec son tout récent titre, L'œil de Marquise, la très complexe problématique de notre identité nationale et son cortège de questions connexes.

De l'attentat à la bombe dans l'édifice abritant les bureaux de l'Impôt fédéral à Montréal en 1966 (dans la réalité, celui de la Bourse de Montréal) au projet annulé de reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham en 2009 en passant par les deux référendums, le commentaire de Jacques Parizeau sur l'argent et le vote ethnique, le code de Hérouxville destiné aux immigrants et la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, Marquise . . .

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Dans Jan Karski, Yannick Haenel rappelle la mémoire de Jan Kozielewski, passé à l'histoire sous son nom de résistant et qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, servit d'agent de liaison entre la Résistance et le gouvernement polonais en exil. Dans son livre, Haenel s'intéresse surtout à ses efforts pour mettre fin à l'extermination des Juifs en Pologne.

Son ouvrage, un hybride entre compte-rendu et fiction, se divise en trois parties. La première résume l'entretien que Kozielewski/Karski a accordé à Claude Lanzmann pour son film Shoah dans lequel il raconte sa visite clandestine du ghetto de Varsovie en 1942. La seconde relate ses activités de résistant, ses emprisonnements, ses évasions, sa torture par la Gestapo, sa fuite à Londres et ses efforts pour faire connaître au monde libre le sort qui était réservé au peuple juif.

Dans la troisième partie, Haenel recourt à ce qu'il appelle « l'histoire intuitive » pour nous plonger . . .

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Le Nord est un lieu de défi, de recommencement, où chacun fait face à ses limites et à sa solitude. Dans ces lieux austères, perdus, hostiles, il est vital de puiser dans ses ressources pour affronter l'adversité qui ne manquera pas d'advenir. Il n'est guère étonnant que ce lieu vaste et imprécis, contrôlé que de biais par la civilisation technicienne, soit devenu pour les écrivains un espace imaginaire à investir, un univers fertile pour camper des intrigues qui y acquièrent une densité, une universalité du seul fait de placer des individus face aux éléments et à la présence pas toujours rassurante de leur semblable.

C'est ce qu'a fait Trevor Ferguson dans son roman Train d'enfer, que les éditions de la Pleine lune rééditent avec la sortie de son adaptation cinématographique. Martin Bishop est un adolescent orphelin qui s'engage sur un chantier voué à l'édification du chemin de fer du Grand Lac des Esclaves . . .

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Voilà un Connelly qui détonne, tout comme La défense Lincoln, dont il est la suite. Michael Connelly a créé en 2006 un nouveau personnage, l'avocat Michael Haller qui, à l'instar de Hieronymus Bosch, gagne rapidement la sympathie du lecteur. Après presque un an passé à se remettre d'une tentative d'assassinat, Michael Haller reprend inopinément le flambeau lorsqu'un collègue, Jerry Vincent, mort par balle dans sa voiture, lui lègue son cabinet. Il n'en fallait pas davantage pour que Haller décide de revenir en scène. Car on le devine, c'est à l'un des plus grands spectacles de sa carrière qu'il devra se préparer pour assurer la défense d'un magnat du cinéma, Walter Elliot, accusé d'avoir tué sa femme et l'amant de celle-ci. Sa prestation devra en effet être magistrale pour qu'Elliot, étrangement calme et confiant et pourtant que tout accuse, puisse obtenir un verdict d . . .

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Cette biographie accole de stimulante façon deux relevés complémentaires et différents. Complémentaires parce que différents. Léo Beaudoin suit d'aussi près que possible, mais avec un parfait recul critique, le déroutant personnage qu'est Jacques Viger, tandis que Renée Blanchet présente, en poussant la discrétion jusqu'à l'effacement, une tranche substantielle et étonnante de la correspondance entre Viger et son épouse. Dans les deux cas, la prudence est à l'avant-scène, prudence de mise devant un personnage protéen.

De Jacques Viger, on retient surtout qu'il fut le premier maire de Montréal. Ce n'est pas beaucoup dire, puisque le poste appartenait à l'époque non pas à une personne choisie au suffrage universel, mais au conseiller municipal désigné par ses pairs. Pareille désignation attire pourtant l'attention sur les plus marquantes caractéristiques du personnage : l'entregent, la minutie, l'aptitude à jeter des passerelles entre les intransigeances. Précis et rigoureux autant que Viger . . .

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Il existe peu d'écritures aussi sensibles et déchirantes, aussi charnelles que celle du romancier Philippe Besson. Après le troublant Un homme accidentel, il nous propose maintenant La trahison de Thomas Spencer. Cette fois encore, Besson nous met en présence des désordres du désir et nous force à explorer les limites qu'un homme peut être conduit, par amour, par passion, à transgresser.

L'histoire est celle de l'amitié qui unit Paul Bruder et le narrateur Thomas Spencer. Amis d'enfance pour la vie, tendres complices d'adolescence, ils sont à bien des égards tout l'un pour l'autre : l'épaule où pleurer, la main à retenir, les lèvres auxquelles se pendre. Ensemble, ils partagent le désœuvrement des jours d'été, l'appel des grands espaces à découvrir, les inoubliables frissons de toutes ces grandes premières qui feront plus tard de la jeunesse le plus insoutenable des deuils à porter. La force première . . .

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Alain Beaulieu, professeur et romancier, aborde cette fois-ci l'écriture dramatique, publiant deux pièces de théâtre dans son livre Terres amères. Ce titre rappelle la mère, celle qui berce son enfant, mais aussi la terre qui nous porte, avec toutes nos amertumes d'êtres humains.

Materna, la première des deux pièces, met en scène quatre personnages qui nous livrent des dialogues remplis de réalisme, où la vérité est poignante. La difficulté d'accepter notre beauté tout comme notre laideur d'hommes et de femmes ordinaires en est un des thèmes. Dans ce drame familial de bébé secoué, pour lequel la mère de l'enfant décédé est emprisonnée, à tort ou à raison, selon la lecture qu'on en fait, on trouve aussi toute la tragédie humaine de ceux qui se sentent délaissés, et de ceux qui jouent à l'autruche au lieu . . .

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Pierre-André est un écrivain septuagénaire qui n'a pas publié de roman depuis cinq ans. Il est un « vieil homme », comme il se qualifie lui-même, et il est conscient que sa vie tire à sa fin. Il vient d'ailleurs d'apprendre la mort de Maxime, qui a été son meilleur ami. Pourtant, c'est l'homme qui lui a jadis ravi sa femme, Marthe. Mais il ne leur en a jamais vraiment voulu, ni à l'une ni à l'autre, pour cette trahison. À preuve, il a accueilli Marthe à bras ouverts quand elle lui est revenue, après quelques années. Jusqu'à ce qu'elle le quitte à nouveau, mais pour vivre seule cette fois-ci. La présence de sa fille Éloïse a sans doute compté pour beaucoup dans la sérénité avec laquelle Pierre-André a accueilli le départ de Marthe et de Maxime. S'il a conscience de ne pas avoir été un très bon mari, il s'est certainement montré un . . .

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Après le Traité des couleurs des mêmes auteurs Libero Zuppiroli et Marie-Noëlle Bussac, les Presses polytechniques et universitaires romandes nous proposent de découvrir ce nouveau Traité de la lumière. Nouveau, en effet, puisque parmi d'autres philosophes, scientifiques et artistes renommés, Descartes et Huygens avaient déjà fait paraître un ouvrage sous le même titre, soit respectivement en 1633 et 1690. Depuis 2000 ans av. J.-C., ils sont nombreux à vouloir percer les mystères de cet élément visible mais insaisissable. D'où provient la lumière ? Des yeux ? De l'âme des objets ? s'est-on un jour demandé. Comment voyage-t-elle ? Est-elle un corps ou une onde ?

Ce livre-ci, sans autre prétention que pédagogique, fait le point sur les questions aussi bien physiques que techniques qu'a suscitées le phénomène dans l'histoire jusqu'à aujourd'hui. La première partie de l . . .

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Un livre de Pierre Vadeboncoeur est un événement dans la pensée au Québec. On ne s'en avise pas assez. Sans doute parce qu'il ne pense pas selon l'air du temps – ce qui est précisément une raison pour nous arrêter, pour écouter cette voix qui parle sans enflure et qui touche si juste. Il nous éduque à la lucidité, la chose du monde la moins bien partagée. Il ne joue pas les Cassandre annonciateurs de mauvaises nouvelles, ne prétend pas au rôle de pédagogue, refuse encore plus celui de maître à penser. Et cependant quelle force il manifeste dans sa position d'éclaireur vigilant et quel élan il sait nous donner !

Sont parus simultanément deux livres nouveaux, bien différents comme les titres suffisent à l'indiquer, et complémentaires. L'un tourné vers l'actualité politique, Les grands imbéciles, l'autre, La clef de voûte, vers l'exploration . . .

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L'essai de Katri Suhonen, Prêter la voix, est un exemple éloquent des nouvelles pratiques de la critique littéraire au féminin, qui revoient les rapports de genre sans se cantonner à l'examen de l'énonciation féminine. Au contraire, à partir des approches récentes sur le genre et en prenant acte des transformations sociales provoquées par la montée du féminisme depuis les années 1970 au Québec et des gains liés à ces luttes, Suhonen s'interroge sur l'identité masculine à l'aune d'une époque et d'un lieu relativement égalitaire entre les hommes et les femmes. Pour ce faire, elle a examiné quatre romans significatifs de la littérature québécoise écrits depuis 1980, soit Les fous de Bassan d'Anne Hébert, Laura Laur de Suzanne Jacob, Homme invisible à la fenêtre de Monique Proulx et La démarche du crabe . . .

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Régine Robin est professeure au Département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal ; on la connaît notamment pour son travail en sociocritique et en littérature, mais également pour ses essais sur l'identité, la mémoire collective et l'autofiction. Cosmopolite par ses origines – d'abord Juive française, puis Québécoise –, Régine Robin s'attarde dans Mégapolis à écrire la ville sous la forme de déambulations poétiques. Tout au long de Mégapolis, le lecteur oscillera entre l'essai et la fiction dans la façon à la fois théorique et impressionniste que l'auteure a de s'approprier cinq mégalopoles : New York, Los Angeles, Tokyo, Buenos Aires et Londres.

À New York, on arpente la ville par ses lignes de métro et dans le recensement de films, d'essais et d'expositions de photos nous livrant son mythe et l'imaginaire collectif de ceux qui y vivent. Quand . . .

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L'histoire a bien failli ne pas retenir le nom de Mireille Havet (1898-1932), auteure de poèmes, de contes et d'un bref roman, Carnaval (1922), qui, par divers côtés, évoque Radiguet. Mireille Havet est également l'auteure d'un volumineux Journal, tenu entre 1913 et 1929 et exhumé tout à fait fortuitement en 1995. Depuis 2003, les éditions Claire Paulhan s'emploient à publier intégralement cet écrit intime droit sorti des limbes et qui vaut à son auteure une place de choix aux côtés de Marie Bashkirtseff, Catherine Pozzi et Anaïs Nin.

Si l'écriture d'Havet est belle et maîtrisée, son existence se révéla beaucoup moins reluisante. Certes, la fureur de vivre qui l'animait lui fit mordre dans la vie à pleines dents avec l'hédonisme prôné par Gide dans ses Nourritures terrestres, un livre dont elle raffolait. Mais cette même fureur la conduisit . . .

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Alors que John English présente le second tome de sa biographie de Pierre Elliott Trudeau, Boréal lance, en misant sur René Lévesque et le même Trudeau, une collection qui marie la saisie historique et la libre réaction. Pendant qu'English affronte son propre standard d'excellence, Nino Ricci et Daniel Poliquin offrent au lecteur des visions inattendues.

De l'ancien premier ministre, English affirme dans le deuxième tome de Trudeau, Regardez-moi bien aller !, 1968-2000, que « le style était vraiment important ». Si on apprécie que le nouveau chef libéral chasse l'État des chambres à coucher, on adore qu'il exprime son naturel. Sur cette lancée, on se serait attendu à ce qu'English s'assure du lien entre le côté instinctif du personnage et son programme. Ce n'est pas le cas. C'est tout juste si le style, hier exubérant, retient l'œil. Certes, les scalps féminins demeurent voyants, mais les foules s . . .

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Prix Nobel 2006, auteur de Neige, Médicis 2005, et du superbe Istanbul, entre autres livres, le Turc Orhan Pamuk raconte dans D'autres couleurs les difficiles relations que son pays a toujours entretenues avec l'Occident, surtout avec l'Europe. Dans cet ouvrage traduit en cinquante langues, Pamuk réécrit à sa façon les contes persans des Mille et une nuits.

Né en 1952, l'auteur partage son temps entre Istanbul – sa ville bien-aimée qu'il décrit avec finesse et passion – et New York où il enseigne la littérature à l'Université Columbia. Pamuk se présente comme un graphomane « avide et intraitable – une créature dévorée par un insatiable besoin d'écrire et de traduire l'existence en mots ». Il avoue par ailleurs : « [...] c'est à l'évidence à ma mère et à mon frère aîné [...] que je suis redevable de cette capacité à ne pas me voiler . . .

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Le livre de D. Peter MacLeod vaut mieux que son titre, La vérité sur la bataille des plaines d'Abraham. En effet, malgré l'abondance des documents et la qualité des témoignages en sa possession, un historien joue sa crédibilité en s'autoproclamant détenteur de l'ultime vérité. Le style « Après moi le déluge » convient encore moins à un chercheur qu'à un monarque. Le sous-titre ne vaut guère mieux qui fait graviter le sort de l'Amérique du Nord autour des « huit minutes de tirs d'artillerie qui ont façonné un continent ». Bataille importante, certes, mais qui a simplement inséré une date dans un conflit déjà remporté par la Grande-Bretagne. Mieux vaut, délaissant ces raccourcis désagréables et trompeurs, se précipiter vers le contenu qui, lui, éclaire, nuance, met en perspective. Les trompettes du jugement dernier ne retrouveront leur étonnante stridence que dans le trente-cinquième et dernier chapitre . . .

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De « l'antichambre de la mort », pour emprunter l'expression dont il use volontiers pour parler de la vieillesse, Laurent Laplante passe en revue ses engagements d'un demi-siècle, en les resituant dans le contexte d'un Québec en profonde transformation. Un ton un brin intimiste, d'une sincérité émouvante « tant cet écrivain craint l'exhibitionnisme », enveloppe son propos lorsqu'il touche aux principes, aux valeurs et aux motivations qui ont présidé à ses choix, y compris ceux qui se sont avérés des erreurs. Il effleure sa vie privée juste ce qu'il faut pour que l'on comprenne la complicité entretenue avec sa compagne de toujours pour ce qui est de ses choix professionnels, de la vie modeste loin de l'agitation de la ville, du goût de la lecture et de la réflexion. Mais le polémiste n'est jamais loin. En effet, le septuagénaire, toujours capable d'indignation, cible les zones obscures de la société qu . . .

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Les conflits dans le monde est un rapport annuel faisant partie de la collection « Études stratégiques et militaires », publiée par l'Institut québécois des hautes études internationales. L'édition 2009 regroupe des textes faisant le point sur divers conflits et tensions qui ont marqué le monde entre août 2008 et la fin de l'été 2009. Il y est question, bien sûr, de l'élection de Barack Obama et des défis qui doivent être relevés par le nouveau président américain. Parmi ceux-ci, figure en bonne place le dossier nucléaire. Il est devenu impérieux, pour les États-Unis, de négocier une nouvelle entente avec la Russie après le traité START, qui vient à échéance en décembre 2009. Ce traité a été d'une extrême importance, puisqu'il a permis le démantèlement de près de la moitié des arsenaux de la guerre froide. Autre volet du même dossier : la menace d . . .

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« Pendant près d'un demi-siècle, il s'est joué plus de jazz à Montréal que nulle part ailleurs au Canada », peut-on lire au début de cette impressionnante Histoire du jazz à Montréal. Après quelques doutes, on ne peut qu'adopter le point de vue de l'auteur tant sa démonstration est bien documentée et convaincante. Dans sa préface, l'écrivain Gilles Archambault – « la » référence au pays en matière de jazz – encense cet ouvrage qui l'a ému, évoquant « une ville remplie de ferveur ».

À quelques heures de route de New York (dans les années 1940 et 1950), Montréal aura été une plaque tournante du jazz international ; toutes les légendes du jazz y sont passées : Cab Calloway, Duke Ellington, John Coltrane, Bill Evans, Miles Davis, Art Blakey, Lionel Hampton. À partir d'archives et de témoignages, John Gilmore évoque le parcours des musiciens de jazz qui ont joué et surtout vécu . . .

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Bernard Émond est de ceux et celles qui tiennent le coup dans les périodes de transit dangereux que sont les passages d'une manière d'être dans le monde à une autre. Il est de ceux et celles qui résistent à la tentation de la table rase, conscients de la nécessité des repères pour aller de l'avant, sans se perdre. Il est de ceux et celles qui refusent de jeter aux oubliettes la culture fondatrice de leur identité, indissociablement liée à leur histoire personnelle et nationale. Il est de ceux et celles qui regardent le monde et pensent la vie humaine à partir de ce tout qu'ils sont et, à la fois, de leurs exigences de dépassement.

C'est ce qui ressort des entretiens de Bernard Émond avec son ami, le cinéaste Simon Galiero, sur le cinéma, la culture et la société, consignés dans La perte et le lien.

Propos axés sur la conscience et la d . . .

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D'accord sur l'importance du concept de démocratie, les différentes plumes de ce collectif ont quand même tôt fait de s'éloigner les unes des autres. Au grand bénéfice des lecteurs. Du coup, en effet, la notion de démocratie déploie ses richesses en même temps qu'elle confesse ses équivoques. Un certain consensus se reforme d'ailleurs sur l'autre versant de l'évaluation : remplacer la démocratie n'est pas chose facile.

Alain Badiou, critique virulent, estime ardu sinon impossible de bien évaluer une notion qui sert d'emblème aux valeurs fondamentales des sociétés modernes. Comment isoler et bien jauger le préalable à toutes choses ? Sa thérapie ressemble à un détour : « [...] nous n'avons de chance de rester de vrais démocrates, donc des gens homogènes à la vie historique des peuples, qu'autant que nous redeviendrons, dans des formes qui aujourd'hui s'inventent lentement, des communistes ». Moins sentencieux, Jacques Rancière se r . . .

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Avec ce recueil collectif, René Audet entend combler un trou important dans les études littéraires, en s'intéressant, avec d'autres (Jean-François Hamel propose presque simultanément lui aussi un collectif sur la même question), à l'évaluation des pratiques actuelles de la littérature en vue de cartographier les usages spécifiques au contemporain dans les œuvres francophones. À partir de l'examen de textes puisés dans les corpus français (à très forte majorité), québécois et franco-ontarien, les auteurs cherchent à qualifier cette tranche spécifique de la littérature, en postulant des modifications dans le rapport à la transmission, à la temporalité et aux fonctions heuristiques propres au littéraire. Ce faisant, ils singularisent une durée en regroupant des pratiques maintes fois lues dans leur éclatement, leur disjonction et leur pluralisme. L'entreprise, en ce sens, est plus que bienvenue, dans la mesure où elle trame des fils entre ce qui est généralement tenu comme trop disparate pour mériter . . .

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Cette nouvelle de Stefan Zweig paraît pour la première fois en traduction française. Pendant longtemps, on n'en connaissait qu'un fragment inséré dans un recueil, jusqu'à ce qu'un tapuscrit annoté de la main de l'auteur ait été retrouvé à Londres des années après sa mort.

À l'instar des héros de Balzac et de Stendhal, Louis est un jeune homme parti de rien, mais débordant d'énergie et d'ambition. Son patron, le Conseiller G., directeur d'une grande usine de Francfort, remarque vite sa « volonté fanatique ». Reconnaissant en lui un futur successeur, il en fait son secrétaire particulier, puis son homme de confiance pour une mission au Mexique. Mais l'épouse du Conseiller a elle aussi remarqué le jeune homme. Entre elle et lui naît un amour que viendra contrecarrer, avec le départ de Louis pour le Mexique, une séparation de neuf ans. Seule consolation (mais en est-ce vraiment une ?) : la femme du Conseiller promet . . .

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Publié initialement en 1986, Les rajahs blancs est le septième livre de Gabrielle Wittkop paru chez Verticales depuis 2001. Alors que la romancière est réputée pour traiter de thèmes dérangeants dans un style somptueux, elle s'abstient, dans Les rajahs blancs, de puiser dans la même veine sadienne que Le nécrophile (1972) ou La marchande d'enfants (2003). Le roman s'inspire de la vie de l'aventurier James Brooke (1803-1868), ancien lieutenant de l'East India Company qui fonda la dynastie des rajahs blancs de Sarawak en 1841. Wittkop retrace les 105 ans d'existence du Raj britannique et dresse un portrait contrasté des trois rajahs blancs : James Brooke, le chasseur de chimères, dont s'inspira Joseph Conrad dans Lord Jim (1900) ; son neveu Charles, le bâtisseur hasardeux, francophile et ladre passionné, de même que le fils . . .

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Paradis sur mesure de Bernard Werber ne s'inscrit pas dans les trilogies qui ont popularisé l'auteur, soit le cycle des fourmis, celui des aventuriers de la science et la pentalogie du ciel, elle-même divisée en deux cycles : celui des dieux et celui des anges. Ce recueil présente 17 nouvelles, toutes plus surprenantes les unes que les autres par la tournure insolite que prennent les événements de chaque récit. Une nouveauté aux arômes rafraîchissants, mais qui nous laissent parfois un goût moralisateur et amer dans la bouche. Werber pousse à l'extrême sa critique sociale et frôle souvent l'hyperbole. Si pour certains lecteurs cette exagération reproduit des fantasmes littéraires et façonne le style de l'écrivain français, elle prend des teintes fatalistes pour d'autres. Pour les plus sceptiques, ces nouvelles ne seront qu'élucubrations pessimistes, pour les plus rêveurs, elles incarneront des futurs possibles.

Complètement à l'antipode . . .

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Jorge Volpi est l'un des nouveaux écrivains mexicains de l'heure. Né à Mexico en 1968, il fait partie de ces auteurs qui ont reçu le grand legs de la génération antérieure, celle du 1968 mexicain, de la révolution pacifique, de la culture underground et urbaine, de la nouvelle mexicanité, moderne et à la fois plus près des racines autochtones du Mexique profond. Cette génération qui est aussi celle de la fameuse littérature de la Onda, qui comme son nom l'indique s'est inscrite dans la lignée de la Beat generation, avec quelques années de retard, et beaucoup d'imagination d'avance. Volpi et ses pairs ont poursuivi leur carrière dans des voies plus contenues que leurs aînés, sans doute, mais comme eux ils restent toujours ludiques et impitoyablement lucides.

Les écrivains de la Onda sont passés, laissant derrière eux quelques excès, une formidable propension à l'irr . . .

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Nous faisions écho, dans le numéro 105, hiver 2006-2007, du lancement de la collection « Les mythes revisités » avec la publication simultanée des trois premiers titres. L'objectif de l'instigateur : d'ici 2038, confier à cent écrivains réputés la réécriture d'un grand mythe universel de leur choix selon leur vision propre. Le quatrième titre, Le mythe de Meng, est l'œuvre du Chinois Su Tong, célèbre notamment pour son roman Épouses et concubines qu'il a lui-même adapté pour le cinéma.

Les titres précédents puisaient parmi les mythes les plus connus d'Occident, soit l'histoire de Pénélope, indissociable de celle d'Ulysse, ou encore celle du Minautore. Le mythe de Meng réfère quant à lui à une légende inconnue dans la civilisation gréco-latine, sauf des sinologues. Le lecteur d'ici ne peut ainsi mesurer la distance entre . . .

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Le recueil de nouvelles d'Éric Simard, Être, est centré sur un projet narratif qui accumule les récits autour d'une idée fixe (l'apprentissage de l'existence à partir du singulier) et d'une progression thématique et chronologique (de la petite enfance étouffante à la vieillesse). C'est dire que les nouvelles ne se répondent pas par les protagonistes qu'elles mettent en scène, mais par une unité à situer davantage dans le propos et dans la vision suggérée du monde. Le risque est alors très grand de passer par des chemins rebattus, et Simard n'évite hélas aucunement ce piège.

Une volonté d'aller au plus général des existences humaines est au centre d'Être. En présentant des personnages moyens, en évitant souvent de les nommer, en limitant les ancrages spatio-temporels, en titrant chaque nouvelle à partir d'un verbe à saisir telle une étape de l'apprentissage de la vie . . .

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Propagande est une pièce de théâtre qui se passe dans les bureaux d'une petite agence de publicité essayant de faire sa marque dans un monde très compétitif. Les propriétaires, François et Sébastien, tenteront tant bien que mal de se frayer un chemin dans ce monde. Ils réussiront, en y laissant, par contre, quelques idéaux. À la veille du référendum sur l'indépendance du Québec, ils auront à faire des choix professionnels qui influenceront directement leur cheminement personnel. Leur amitié survivra-t-elle à la dure réalité de cet univers sans pitié ?

Le dialogue, à la fois drôle et incisif, critique les mondes de la publicité et de la politique, et interroge l'intégrité de chacun par rapport à ses idéaux. Les personnages évoluent dans un univers rempli de clichés et de contradictions. L'auteur juxtapose très efficacement, en alternance, deux scènes où, dans un bureau, Maryse et Sébastien font le procès de . . .

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Originaire du Québec, Danny Rhainds vit en banlieue parisienne depuis 2004. À la seule lecture du titre de son recueil, on peut déjà dire que c'est la mort, dans toute son acception, qui l'habite. Comme dans presque toutes les poésies, l'esthétique se mêle à la douleur sous maintes formes. L'existence sera faite ici des variations de la souffrance, mais curieusement exposée avec beaucoup de coloration : « [J]e te veux morte avec des mots / que je connais / morte / morte ».

Le poète est en exil de nos immobilités, « nulle part », et nous initie à voir une disparue avec laquelle toute signification apparaît plausible, possible même dans un univers jugé destructeur. « [E]lle est morte / dans les multiples / multicolore une erreur / nous lance ses bombes / on change de couleurs. » La peur sera-t-elle ainsi notre unique viatique ? Nos « horizons » vont-ils se rétrécir jusqu'à la perte, à l'oubli, au vide ? On devinera aisément qu'il n'y a . . .

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Il est né en pleine crise économique, a grandi dans l'après-référendum, a aimé, a pas mal bu, jure facilement, a porté le vieux flambeau de Miron et croit que l'on peut encore souhaiter vivre en dehors du confort et de l'indifférence. Il n'a pas trente ans, il fait de la poésie pour sa mère « qui n'a qu'un secondaire cinq », pour son père mécanicien, son frère « qui n'a qu'une sixième année », pour « tous ces intellectuels inconnus qui en ont assez qu'on les prenne pour des anus de mouches à enculer », écrit-il dans son premier recueil, Vers quelque (sommes nombreux à être seul), prix Félix-Leclerc de poésie.

Danny Plourde remportait aussi en 2008 le prestigieux prix Émile-Nelligan pour son deuxième livre, Calme aurore (s'unir ailleurs, du napalm plein l'œil). Et paraissait ce printemps, toujours à l'Hexagone, Cellule . . .

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Après avoir convié les lecteurs à vivre au rythme du Jardin sablier (mention spéciale au prix Anne-Hébert 2008, lauréate du prix Alfred-Desrochers 2007, finaliste au prix Radio-Canada 2007 et au prix Archambault 2009), Michèle Plomer les invite en Chine avec un nouveau roman au titre énigmatique.

Sur un coup de tête, la narratrice de HKPQ accepte un poste au sein d'une organisation sociale internationale qui l'envoie d'abord à Canton. Elle y fait une rencontre bouleversante alors qu'une jeune servante chinoise en fuite, Wang Xia, lui confie une lettre pour sa mère. Arrivée à destination, Wang Xia disparaît dans la foule et la narratrice se retrouve malgré elle chargée de l'étrange mission. Mutée très rapidement à Hong Kong, elle y mène une vie solitaire marquée par de petits rituels rassurants : essayer tous les poissons et les fruits de mer du Tranquil Seafood Restaurant, ouvrir . . .

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Sylvain Meunier est un écrivain québécois qui possède plusieurs cordes à son arc. Il passe du polar à la poésie, de la littérature jeunesse aux textes polémiques et à la nouvelle. Il s'est retrouvé trois fois au rang des finalistes aux prix du Gouverneur général, notamment pour L'homme à la bicyclette et Piercings sanglants, et a remporté en 2004 le Grand Prix du livre de la Montérégie et en 2007, le prix Création en littérature du premier Gala de la culture de la Ville de Longueuil pour la série Ramicot Bourcicot.

L'homme qui détestait le golf est une pseudo-enquête ; le livre dépeint le mea-culpa de Denis Dupré-Dumont, un chimiste effacé au début de la quarantaine, sous forme de lettre, de confession au sergent-détective Desmond D. Drummond pour le meurtre d'un golfeur décapité par l'explosion . . .

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Il démarre lentement, ce nouveau-né du célèbre Prix Goncourt Andreï Makine. La première partie de La vie d'un homme inconnu tient plutôt de la mise en contexte que de l'exploration du thème annoncé. Le protagoniste et réfugié politique Choutov vit encore en France, en rupture avec sa jeune Léa et le milieu littéraire parisien. Il n'est pas encore retourné dans sa Russie natale. Le véritable homme inconnu ne sera introduit que plus avant, par Iana, ancien amour et hôtesse de Choutov, affligée du désagréable contretemps qui lui tombe dessus : « [...] on doit vivre avec un grand-père qui n'est pas à nous ! »

Introduit mais pas encore en action, car l'homme inconnu n'arrive vraiment qu'en troisième partie, après que Makine eut terminé sa fine analyse du Saint-Pétersbourg d'aujourd'hui, des maîtres de la nouvelle Russie, des . . .

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Un pays à l'aube nous plonge dans une société en pleine déliquescence. Alors que la guerre s'achève sur l'autre continent, une autre s'amorce aux États-Unis : en 1919, la révolte des travailleurs, longtemps contenue, s'organise. Il n'en fallait pas davantage pour que s'intensifie la chasse aux communistes ! Si de réels anarchistes fomentent la sédition et commettent des attentats, d'honnêtes travailleurs n'en subissent pas moins la même répression au nom des valeurs morales douteuses et de la sécurité nationale. Mais cette bataille ne sera pas uniquement celle des syndicalistes, c'est toute la société qui est appelée à changer avec le vent de dissidence qui s'est levé et qui veut tout balayer : inégalités sociales, conformisme, puritanisme, racisme, autorité parentale...

À l'instar de Henning Mankell, Dennis Lehane change de registre. Avec son dernier roman, le Bostonien porte un dur coup aux fans d'Angela Gennaro et de Patrick Kenzie mais . . .

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Après la ville hantée-vampirisée de Salem (Alta, 1977) et l'hôtel Overlook enténébré par des rumeurs maléfiques de Shining (Alta, 1979), nous sommes, avec cette dernière œuvre du maître de l'horreur, en présence de forces portant, à la fois, la créativité propice à l'émergence de l'art et le pouvoir insolite de détruire tout ce qui est. Ces forces sont concentrées sur Duma Key, une île faisant partie d'un chapelet d'îles bordant la côte de la Floride face au golfe du Mexique. C'est ainsi une île hantée qui sera le lieu principal de ce roman, une île hantée par des entités démoniaques qui vont « appeler » sinon happer littéralement le principal protagoniste de cette curieuse histoire.

Edgar Freemantle, dirigeant richissime d'une importante entreprise de travaux publics du Minnesota, la Freemantle Company, va connaître, après une . . .

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Bien qu'officiellement classé parmi les policiers, La mort, entre autres tient plutôt du roman historique. L'auteur écossais Philip Kerr reproduit l'après-guerre en Europe, les années 1945-1950, comme s'il y était, comme si nous y étions.

Époque peu connue et sujet dérangeant. Vingt ans après La trilogie berlinoise, écrite en 1989, Kerr ramène le détective Bernhard Gunther qu'il avait laissé en 1947, à Berlin. Nous sommes maintenant à Dachau, en 1949, lieu de damnation entre tous. « Nous n'étions qu'à un jet de pierre de ce qui était naguère le camp de concentration. »

La Seconde Guerre et le IIIe Reich sont derrière lui, mais l'avenir de Gunther ne brille guère pour autant. Dégoûté de tout, des vainqueurs comme des vaincus, il est au bord de l'abîme. Sa femme est folle et mourante. Dans une Allemagne dévastée, le cynique détective se . . .

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Sans l'ombre d'un doute, la réédition répond à une demande. Attente fondée sur le magnétisme de personnages hors norme plus que sur les péripéties qui, à l'occasion, atteignent une intensité et une cadence auxquelles ne résisteraient ni une existence ni la vraisemblance. La boiteuse, Gervaise Lamoureux, est de cette trempe. Son handicap, elle le traite comme un fait, non comme une infamie. Tout juste si elle tient à se rappeler à qui elle le doit. Son entourage, variable depuis l'enfance, elle l'accepte quand il le faut, le transforme si possible, le conteste au gré de sa détermination et de sa sagesse. Grâce à elle, nombreux sont ceux qui retrouvent leur dignité. Malgré les césures entre les volets de sa vie, la boiteuse infuse une constante vitalité dans des cellules conjugales et familiales à la fois apparentées et différentes. De La boiteuse à Au fil des jours, Gervaise Lamoureux affiche une cohérence . . .

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Un monde sans fin s'ouvre sur une intrigue qui, on s'en doute, ne se dénouera qu'à la toute fin : un chevalier affronte deux soldats de la reine dans la forêt et survit. Gravement blessé à un bras, il demande à un gamin témoin de la scène de l'aider à creuser un trou pour cacher une importante lettre et lui fait promettre de garder le secret : « Si tu apprends que je suis mort, je voudrais que tu viennes rechercher cette lettre et que tu la remettes à un prêtre ».

Entreprise aussi colossale que Les piliers de la terreUn monde sans fin met en scène les descendants des protagonistes du roman précédent. En fait, l'histoire suit son cours : luttes de pouvoir, violences de toutes sortes, avanies, disettes, épidémies de choléra, petites victoires et grandes défaites Bref, les « bons » affrontent les « méchants ». Nous voilà replongés à l'époque médi . . .

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Alfred Döblin, né en 1878, a été médecin dans les quartiers populaires de Berlin. Étant juif, il a dû quitter l'Allemagne en 1933. Il a vécu en France et aux États-Unis pendant plusieurs années, pour ne retourner dans son pays qu'en 1957, peu avant sa mort. Son roman Berlin Alexanderplatz a été publié chez Gallimard dès 1933. Mais pour la présente édition, une nouvelle traduction a été réalisée par Olivier Le Lay. Une traduction qui fait retrouver à l'œuvre « toute la puissance de sa langue, sa violence, sa richesse et son urgence ». Il faut dire que ce n'était pas là une tâche aisée, car Berlin Alexanderplatz est vraiment un roman singulier. Et quel style unique que celui d'Alfred Döblin ! Il emprunte une voix brute, calquée sur l'oral, cynique et parfois déroutante, où alternent le soliloque du protagoniste et la parole du narrateur-auteur . . .

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Le premier livre de Guillaume Corbeil forme un jeu sur le faux et le vrai. Un exercice de style. Le narrateur et ses personnages y sont à la recherche du vide, de l'absence, de la fugue, tous des lieux où ils pourraient devenir eux-mêmes tout entiers, simplement puisqu'ils n'y sont pas du tout. L'écriture elle-même devient une fuite pour l'auteur, comme il l'annonce dans le prologue : « Les fictions que j'ai créées ne sont rien d'autre, finalement, que quelques lieux qui m'ont servi d'asile le temps de les écrire. C'est un suicide sans mourir. Une fugue ».

De la fugue musicale, l'auteur utilise à merveille la répétition. Il reprend les mêmes motifs, mélodies, refrains, en les modifiant d'une fois à l'autre, en les recoupant, en les colorant d'une nouvelle manière. Dans « Elles détestaient Madrid » par exemple, le refrain des suicidaires revient souvent, passant de la bouche d . . .

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À la toute fin de ce livre, on peut lire la note suivante : « Ces dix textes furent écrits pour aider à traverser un mois de mars particulièrement obscur et enneigé. Il suffisait d'écrire un texte par jour et de regarder la neige tomber. En cette période de l'année nul ne sait lui échapper, ni jusqu'où elle pourra le mener. L'hiver est long par ici ». Avec ce Cahier de neiges, Benoît Chaput, poète et directeur de L'Oie de Cravan, inaugure une toute nouvelle collection : « Le fer & sa rouille ». Numéroté et relié à la main, l'ouvrage surprend d'abord par le charme singulier de sa facture artisanale. À l'intérieur, on trouve dix courtes proses poétiques. Parfois fantaisistes, d'autres fois teintés de mysticisme, ces récits brefs ont en commun d'adopter une posture fortement contemplative. Dès les premières lignes, on montre un homme à sa fenêtre. Il rêve. Qu . . .

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On écrit, en fin d'ouvrage, que la maison d'édition Les petits carnets, créée en 1997, tente de promouvoir « un espace d'écriture pour la pensée libre ». Disons que ce texte très original en serait la preuve concrète. En effet, il entre mal dans les genres littéraires connus, officiels : c'est expérimental dans tous les sens du terme. D'emblée, l'auteure dit qu'elle n'y est presque pour rien dans la création de son œuvre en avouant tout simplement : « Je n'ai pas fait grand-chose dans tout ça, j'aime mieux avertir ». Elle laisse plutôt filtrer toutes sortes d'informations venues du monde extérieur : bruits d'un voisin, impressions d'une visite au Musée des beaux-arts du Canada, lecture d'un cours de Roland Barthes, observation de chats sur un trottoir... Elle dira que les idées et les sujets se trouvent partout. Et tout cela sera reconstruit grâce à la « documentation subjective du . . .

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Le narrateur a quitté Ottawa en 1989 pour la vie monastique en Italie, près de Florence. Quatorze ans plus tard, la nostalgie le gagne et il décide d'écrire ses souvenirs. Sa mémoire est peuplée d'individus qu'il a lui-même côtoyés ou dont des proches lui ont parlé. Son récit s'échelonne de 1983 à 2004, l'action se déroulant principalement à Ottawa. La crédibilité du narrateur serait mise à mal n'était-ce son discret aveu sur la participation obligée de son imagination. En effet, quel narrateur témoin pourrait, à distance dans le temps et dans l'espace, s'immiscer dans les pensées de personnages, de surcroît connus par personne interposée ?

En 1983, le narrateur quitte la maison familiale pour s'installer en appartement.

Période intense pour ce jeune homme de 26 ans qui se découvre plus d'affinités avec des personnes d'âge mûr qu'avec celles de son âge. Un . . .

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Ce premier roman de la Torontoise Gil Adamson la place d'emblée parmi les auteurs à surveiller. Si les termes les plus élogieux rendent justice à La veuve ' livre « remarquable » selon Michael Ondaatje, « superbe » selon Jim Harrison ', sa trame générale semble pourtant relever de la gageure : ce n'est effectivement pas tous les jours qu'on peut lire un western féminin. Avec un texte aussi irrésistible que celui d'Adamson, on souhaiterait qu'il en fût autrement.

La chasse à l'homme (ou plutôt, à la femme) que raconte La veuve nous transporte dans l'Ouest canadien en 1903, à l'époque où un terrible glissement de terrain a presque anéanti la petite communauté minière de Frank (Alberta), dans le pas du Nid-de-Corbeau, à l'extrémité sud des Rocheuses. À dix-neuf ans, Mary Boulton, alias « la veuve », est une femme traquée. Après avoir abattu son mari pour des motifs que le texte tarde à élucider . . .

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Récapitulation de la campagne à l'investiture du Parti démocrate jusqu'au lendemain de l'élection à la présidence en novembre 2008, le livre du journaliste Guillaume Serina a tout du livre du moment. Barack Obama, Le premier président noir des États-Unis est en effet la réédition « rafraîchie » de Barack Obama ou le nouveau rêve américain, du même auteur, paru en septembre 2008. Pourquoi deux parutions aussi rapprochées sur le même sujet ? Coup d'édition pour profiter d'une espèce d'obamamania ? Si les éditeurs y trouvent leur compte, le lecteur, lui, n'est pas sûr d'y trouver le sien.

À moins d'avoir vécu les dernières années sur une autre planète ou sur une île coupée du reste du monde, la lecture de ce livre vous apprendra peu de choses. Aux informations archiconnues sur l'enfance et la jeunesse de celui qui . . .

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« Il suffirait de presque rien, peut-être dix années de moins, pour que je te dise 'Je t'aime'. » Cette chanson célèbre de Serge Reggiani (1922-2004) pourrait à elle seule résumer toute une partie de cet homme sensible et timide sous des dehors rustres. Né en Italie sous le nom de Sergio Spagni, il fut acteur aux côtés des plus grands (Simone Signoret, Yves Montand), dans les films de Claude Lelouch, de Julien Duvivier (Marie-Octobre) et de Claude Sautet (Vincent, François, Paul et les autres).

Cette biographie partielle découle surtout des souvenirs de la dernière compagne du chanteur, qui partagea sa vie durant les 30 dernières années. Noëlle Adam fait le portrait de cet homme talentueux, mélancolique, colérique, alcoolique incurable, en dépit de ses nombreuses cures. Son quadruple succès (sur scène, au théâtre, sur disque et au grand écran) et la richesse le laissent insatisfait et amer . . .

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Loin des ouvrages de Stéphane Bourgoin, Robert Ressler et John Douglas, ces profileurs qui ont mis au goût du jour l'analyse psychologique des tueurs « pluricides », l'essai de Richard Poulin et Yanick Dulong propose une approche sociologique du phénomène des meurtres multiples. L'avantage de cette optique est de se détacher des anecdotes souvent mâtinées de psycho-pop relatant l'attachement maternel lacunaire de l'assassin et ses sempiternelles carences affectives, pour orienter la réflexion vers la dynamique sociale qui permet l'émergence et la croissance de ce type de criminalité.

La victimologie révèle entre autres le discours sexiste et raciste sous-jacent encore présent aujourd'hui, qui non seulement justifie le meurtre aux yeux du tueur mais ralentit aussi l'enquête, comme le montre le cas des prostituées autochtones assassinées dans l'ouest du pays. Ce document écorche aussi au passage la pornocratie ambiante dont les images se situent à la . . .

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Bernard Poulet est rédacteur en chef à L'Expansion. Il s'intéresse depuis longtemps à la presse et aux médias et, à ce propos, il a notamment publié, en 2003, Le pouvoir du monde aux éditions La Découverte. Dans La fin des journaux et l'avenir de l'information, il fait le point sur les menaces qui pèsent aujourd'hui, à l'échelle mondiale, sur la presse écrite, et il s'interroge quant à ses chances de survie. Par ailleurs, il affirme que l'information même a perdu le prestige dont elle jouissait et qu'elle n'est plus considérée par les grands groupes de communication que comme une marchandise parmi d'autres.

Selon Bernard Poulet, l'avenir des journaux ' et des magazines ' papier est bel et bien menacé. Leur rentabilité décroît sans cesse, affectés qu'ils sont par l'effritement du lectorat, la perte des budgets publicitaires et la chute des . . .

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Livre de militant. Chaleureux, pressant, farci de témoignages incisifs, marqué par la solidarité et l'espoir. Sans cynisme ni ton revanchard, Pierre Mouterde profite toutefois des spectaculaires ratés du modèle néolibéral pour inciter son époque et les nouvelles générations au partage plus équitable des ressources humaines et spirituelles. Il affirme même, non sans une juvénile candeur, que la cohorte montante jouit d'avantages conceptuels sur ses devancières : « Parce que nous sommes des vivants existant aux temps présents, parce que nous sommes à la pointe de cette flèche du temps au travers de laquelle ne cesse de se constituer et reconstituer l'humanité, nous avons le privilège de pouvoir regarder derrière nous avec un peu plus de distance que les générations précédentes ». Mouterde trace ainsi sa ligne de partage des eaux entre, d'un côté, ceux que freine la finitude de l'existence humaine et, en face d'eux, les fervents qui parient . . .

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À l'aube du 8 avril 2003, quelques jours à peine après le début de la guerre d'Irak, les chars américains sont déjà aux portes de Bagdad. Jean-Paul Mari, quant à lui, est dans sa chambre de l'hôtel Palestine, où logent les représentants de la presse internationale. De son balcon, il est témoin du pilonnage de la ville par les avions américains. Tout à coup, une énorme explosion se produit : l'hôtel a été touché. Il se précipite en direction de l'impact et, dans une chambre dévastée, il découvre un jeune cameraman ukrainien salement atteint à l'abdomen, mais encore vivant. En compagnie d'un confrère, il tente de lui venir en aide, mais il n'y a plus rien à faire. Il apprend un peu plus tard qu'un cameraman espagnol a également été tué par l'explosion. Au cours de ses missions de correspondant de guerre, Jean-Paul Mari a dû faire face à plusieurs reprises à la . . .

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Robert Lévesque a beau, flamberge au vent, n'être l'ami de personne, il sait combler bien des attentes. La verve est là, la formule pique aux endroits sensibles, les références proviennent d'une large gamme d'horizons. Qu'il puisse tirer de ses dossiers deux biographies plus politiques que théâtrales n'étonnera que ceux qui aiment cantonner les auteurs à une unique plate-bande.

De l'examen de Lévesque, le curé Labelle se tire avec honneur. Peu raffiné, il compense par une bonhomie qui ne saurait pourtant tromper : à fréquenter la faune politique, le puissant curé a forcément appris à ignorer fermement les calculs dont il peut tirer profit sans avoir l'air de les approuver. Art tôt acquis et sagement dissimulé. Camillien Houde, c'est autre chose : la truculence ne parvient jamais à voiler l'ambition fébrile ou la fabuleuse plasticité des principes. L'homme explore toutes les niches, non pour choisir celle qu'exigent ses principes, mais pour savoir où renouveler sa . . .

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Micheline Beauchemin est une artiste reconnue. Le Musée national des beaux-arts du Québec vient de lui consacrer une salle et Laurier Lacroix, historien de l'art et lauréat du prix Gérard-Morisset 2008, vient de publier un bel ouvrage sur ses créations. S'il est vrai que l'œuvre de Micheline Beauchemin est exceptionnelle en ce qu'elle est à la fois tapisserie, sculpture et œuvre d'intégration, la manière dont l'auteur approche l'artiste et son œuvre est elle aussi fort intéressante.

Un, deux, trois, quatre des lieux, des déplacements d'un lieu à l'autre, une ouverture à des cultures autres, l'apprentissage de techniques inconnues, un intérêt pour des matériaux différents. À travers tout cela, un mot : la tapisserie qui enchante l'artiste et qui, avec chaque changement de matériau, prend des allures inattendues. À ces changements, il faut ajouter ceux que connaissent le monde de l'art au Canada, d'une part et . . .

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Pour Ian Kershaw, rédiger le récit historique du seul attentat à aboutir contre Adolf Hitler est somme toute chose assez simple. Auteur de plusieurs volumineuses études sur le chef politique du IIIe Reich, cet historien a accumulé au fil des années un impressionnant bagage de connaissances historiques qui se reflète dans la qualité des détails avec laquelle il parvient à reconstituer certains événements. C'est ainsi que ce livre sur l'attentat de Claus von Stauffenberg, baptisé « opération Walkyrie », permet un éclairage complet sur cet événement qui aurait pu changer le cours de l'histoire.

Cette opération prend forme dans l'esprit de certains militaires lorsque la Wehrmacht se trouve dangereusement embourbée en Russie et que le nombre de dissidents, flairant la catastrophe, va grandissant. Toutefois, pour tenter une action, il fallait trouver un personnage assez haut gradé qui gravite dans l'entourage immédiat de Hitler. Claus von Stauffenberg, blessé alors qu'il servait en Afrique du Nord . . .

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Les années que raconte l'ancien secrétaire de presse de Robert Bourassa dans le deuxième tome de son panégyrique ont vu l'une des plus étonnantes résurrections politiques que l'on puisse imaginer. Dépossédé du pouvoir en 1976 et même battu par Gérald Godin dans son comté montréalais de Mercier, Robert Bourassa reconquiert à petits pas fébriles audience, crédibilité, majorité. Quand se referme le bouquin, Bourassa vient de laminer le Parti québécois au scrutin de 1985 et occupe de nouveau l'avant-scène politique québécoise. Cette remontée laisse comme principales victimes René Lévesque et Claude Ryan.

Sélectif et complaisant, l'auteur explique le miracle par la géniale lucidité de son idole. Selon lui, Bourassa manifeste une infaillible sûreté de jugement en tout domaine : il ridiculise les fumeuses théories monétaires de Lévesque et de Parizeau, propose et effectue la conquête hydroélectrique du Nord québ . . .

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Tout comme le commerce, l'industrie de la prostitution s'est mondialisée et a pris un essor considérable. Les guerres et la pauvreté endémique de certaines parties du globe ont facilité la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, un marché des plus lucratifs. Des agences ont pris d'assaut Internet pour augmenter le tourisme sexuel et autres commerces du sexe, dont celui des enfants. Spécialistes reconnus et jeunes universitaires font le tour de la question dans Prostitution et traite des êtres humains. Ils répondent à ceux qui prétendent, entre autres, que le travail du sexe est un métier comme un autre, s'attaquent au préjugé voulant que la prostitution soit « le plus vieux métier du monde », impossible à enrayer, vu les « pulsions sexuelles masculines irrépressibles ».

On trouve dans cet essai un portrait aussi précis que le côté clandestin de la prostitution et du trafic des êtres humains puisse permettre : des statistiques . . .

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L'éducation à l'environnement peut utiliser diverses avenues pour sensibiliser la population, et particulièrement les plus jeunes, à notre devoir de protéger la nature ; pour ce faire, cet ouvrage de grand format, accessible à un large lectorat, se base principalement sur le cycle de l'eau, dans une multitude d'applications. Dans des chapitres très concis, Le Québec au fil de l'eau aborde plusieurs défis mondiaux centrés sur les réserves d'eau : la fragilité des systèmes aquatiques, le problème persistant des pluies acides, les conséquences des changements climatiques, les eaux souterraines, l'assèchement des surfaces liquides et la désertification. Le texte touche également les aspects invisibles, symboliques et mythiques de l'eau. Celle-ci peut être à la fois fragile mais également forte, voire menaçante : on parle alors de l'énergie hydroélectrique des barrages et des inondations ' souvent cycliques. L'ouvrage a le mérite de nous rappeler la rareté de l'eau et . . .

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Donald Alarie poursuit depuis 1977 une aventure littéraire touchant plusieurs genres : poésie, nouvelles et romans. Ses textes ont été publiés chez divers éditeurs dont Pierre Tisseyre, les Écrits des Forges et XYZ.

Les poèmes de ces recueils révèlent une existence qui peut être, à la fois, belle et perverse ; l'écriture est ainsi incertaine, à l'image de la vie..., découvrant de brèves luminosités entre ombres et brouillards, à l'images de nos parcours, de nos errances qui font de nous de pauvres « figurants » de l'existence. C'est là toute notre « fragilité ordinaire ». Et « vivre est encore possible », le plus loin des « fracas du monde ».

Ainsi, les jeux semblent faits : la « vie est laissée au hasard », défilant à la manière d'un film en noir et blanc avec quelques éclats, mais le tout est plutôt feutré, quasiment dominé par la grisaille. On n'évite point les « petits matins blafards ». La lumière, même en plein jour, semble étrangement lointaine . . .

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Donald Alarie poursuit depuis 1977 une aventure littéraire touchant plusieurs genres : poésie, nouvelle et roman. Ses textes ont été publiés chez divers éditeurs dont Pierre Tisseyre, les Écrits des Forges et XYZ.

Les poèmes de ces recueils révèlent une existence qui peut être, à la fois, belle et perverse ; l'écriture est ainsi incertaine, à l'image de la vie..., découvrant de brèves luminosités entre ombres et brouillards, à l'images de nos parcours, de nos errances qui font de nous de pauvres « figurants » de l'existence. C'est là toute notre « fragilité ordinaire ». Et « vivre est encore possible », le plus loin des « fracas du monde ».

Ainsi, les jeux semblent faits : la « vie est laissée au hasard », défilant à la manière d'un film en noir et blanc avec quelques éclats, mais le tout est plutôt feutré, quasiment dominé par la grisaille. On n'évite point les « petits matins blafards ». La lumière, même en plein jour, semble étrangement lointaine . . .

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La narratrice de La mort de Peter Pan nous entraîne dans une quête de sens, le sens de sa vie après la mort prématurée de Malcolm Wendell Walker, le sens de cette mort, et aussi de la vie de celui-ci. Elle surnomme « Malcommode » cet être singulier, à la fois redouté et terriblement attachant. Il a été son amant et leur amour, une suite de renvois, de rappels, d'embrasements, de refroidissements. Neuf mois après leur rencontre, Malcolm lui a faussé compagnie. Il a péri dans l'incendie que sa cigarette allumée et oubliée a provoqué. Depuis, le jeune homme de 30 ans, l'« Irlandais », bohème, buveur, boucher de profession, continue de la hanter, alors qu'elle a dépassé son âge et le siècle qui les a vus naître. Rien ne les délie.

Qui était vraiment Malcolm ? Pourquoi ce lien qui perdure ? La narratrice amorce une quête de sens qui ressemble fort . . .

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Le bout du bout du monde se situe sans doute au nord-est de la Norvège, là où le pays se confond avec ses voisins finlandais et russe. Dans le grand blanc du Finnmark, sur la mer de Barents, vit depuis dix mille ans le peuple Same  ou Saami. Hanne Ørstavik y est née en 1969 et y conduit son personnage, Liv, 35 ans, doctorante en théologie.

La pasteure est luthérienne bien sûr, car l'action se passe en Scandinavie, là où les femmes prêtres sont nombreuses. « Ceci est le sang du Christ. J'ai fait un pas de côté, versé du vin dans la coupe suivante. » Liv veut vraiment être un bon ministre dévoué à sa communauté. « Je me tenais devant l'autel pendant qu'on chantait un psaume. Et il y avait une telle paix. »

La thèse de théologie de Liv, commencée en Allemagne, l'a amenée dans ce . . .

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Dépité par le peu de reconnaissance publique de ses œuvres, un écrivain français décide de se rendre au Tibet où, confie-t-il, il souhaite « tester et valider par [lui]-même l'efficacité des pratiques qui conduisent à prendre de la distance ». Mais voilà que l'autobus inconfortable qui cahote sur les étroites routes escarpées menant du Népal à la frontière tibétaine doit s'arrêter brusquement. Des éboulis entravent le chemin tandis que d'autres menacent la sécurité des véhicules et de leurs passagers. Il faut attendre. Combien de temps ? Nul ne le sait. Peut-être même faudra-t-il que les étrangers repartent, leur visa expiré, sans pouvoir mettre les pieds au mythique pays des lamas. À l'insu des autorités d'occupation chinoises, le Français se joint cependant au supérieur d'un monastère tibétain et à son moine-soldat pour se rendre au Tibet, à la faveur de la nuit, par un sentier abrupt astucieusement camoufl . . .

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On ne peut pas parler de thriller pour décrire les romans de Donna Leon, ni affirmer que ses intrigues pèchent par excès de péripéties. Requiem pour une cité de verre n'échappe pas à cette règle. Pour tout dire, il faut attendre la découverte d'un cadavre en page 143 pour que débutent les choses sérieuses. Et encore !

C'est le printemps à Venise. Le commissaire Brunetti a des envies irrépressibles de fuir son bureau pour humer l'odeur des premières fleurs. Il accepte donc volontiers d'accompagner son adjoint Vianello à Mestre pour faire libérer un ami, Marco Ribetti, arrêté lors d'une manifestation dénonçant la pollution industrielle dans la lagune. En sortant du poste de police de Mestre, les deux policiers sont témoins d'une violente altercation entre Ribetti et son beau-père, Giovanni De Cal, un riche industriel propriétaire d'une fonderie de verre à Murano. Peu . . .

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Les lecteurs sont toujours curieux de découvrir une nouveauté de Dany Laferrière, cet auteur que l'on dit des Amériques puisqu'on peut difficilement le ranger d'emblée dans la littérature haïtienne, la littérature québécoise Ne nous a-t-il pas annoncé récemment qu'il était un auteur japonais ? Et le voilà qui se fait ou refait une identité : fils d'un homme politique haïtien, Haïtien de naissance, il a vécu plus de 30 ans d'exil. En vérité, Dany Laferrière ne s'est jamais livré autant que dans le récit de ce retour au pays natal (rien à voir avec l'œuvre d'Aimé Césaire, même si Laferrière apporte avec lui, dans son voyage, un de ses recueils de poèmes).

On voudrait tellement croire que le retour au pays natal est un remède aux peines de l'exil. Mais, on découvre que c'est la perte de tous . . .

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Convergences et contrastes habitent ce livre immense. Deux enfants, qui n'ont ni la même mère ni le même père, vivent sous le même toit par suite du mariage d'une veuve et d'un veuf. Ils diffèrent autant que le peuvent deux parfaits étrangers et seront, leur vie durant, tour à tour intimes et concurrents, vouant à la même femme des sentiments également définitifs et diversement exprimés. Sur eux, la Chine pèse de tout son poids et de son irrésistible ébullition. En une quarantaine d'années, elle passe, et les frères avec elle, de la brutale Révolution culturelle aux délires du capitalisme transnational. Que deviennent des presque frères quand tout s'effrite ?

Le registre de Yu Hua a l'ampleur et l'irrégularité requises. À l'échelle humaine, les drames font pleurer ou vomir, les violences sont étalées avec une franchise qui confine à la cruauté, l'héroïsme côtoie l'abjection, les . . .

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L'adolescence partage ceci avec le mythique paradis terrestre : quiconque l'a quittée ne peut y retourner. Il n'en conserve ni la langue ni l'imaginaire. L'adulte, qui aimerait accompagner le plus jeune dans ses émerveillements et ses présomptions, est aussi démuni que s'il n'avait jamais osé les mêmes explorations. Que dire ? Comment le dire ? Il est si difficile de trouver le ton juste qu'il faut apprécier comme une heureuse anomalie le récit que propose Marie Gray aux adolescents.

Comme presque toutes ses semblables à tel ou tel virage de leur existence, Sarah-Jeanne se heurte à la solitude : déménagement, nouvelle école, amitiés rompues, règles inconnues et menaçantes, tout dresse un mur entre le passé et le présent, entre elle et le reste du cosmos. Même si un adulte, tout à coup intuitif, entrevoyait la difficulté, il n'aurait rien à offrir. L'adolescente est seule et préfère, malgré tout, sa douloureuse autonomie à toute . . .

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Aux petites heures du matin, un chauffeur de taxi s'arrête à un dépanneur de la banlieue de Göteborg pour acheter des cigarettes. À l'intérieur, il découvre le corps de trois hommes, le visage arraché par des coups de fusil tirés à bout portant. Bienvenue dans Ce doux pays d'Åke Edwardson.

Ce doux pays dont nous parle Edwardson, c'est la Suède ancestrale, celle des matjes et des schnaps ingurgités la nuit de la Saint-Jean, celle de la social-démocratie et du soleil de minuit. À cette Suède immuable Edwardson oppose une autre Suède, celle de l'immigration, de la xénophobie et de l'omerta. C'est à la lisière de ces deux mondes que se déroulera l'enquête, toutes les victimes étant d'origine perse, kurde ou africaine.

D'entrée de jeu, nous savons qu'il existe un témoin de la fusillade : un jeune garçon en fugue . . .

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Pour concocter les 22 courts récits qui composent Poisons en fleurs, Claudine Dugué semble avoir fouiné dans le grenier de la littérature duquel elle a tiré des thèmes quelque peu défraîchis, comme la bouteille à la mer, le chant des sirènes, les romanichels, l'amour sentimental Ajoutons à cela un petit côté espiègle, une abondance d'onomatopées, un peu de fantastique, quelques mots polissons et un style appliqué, scolaire, qui sent trop la recherche, et l'on se dit que, ma foi, ce livre de contes de fées et de mauvais garnements siérait bien à la littérature jeunesse, même avec ces quelques passages où sont évoqués l'inceste, le viol et autres sujets délicats.

On trouve de tout dans Poisons en fleurs : les jusquiames succèdent aux bouquets d'amaryllis, la lingerie de dentelle côtoie le pantalon de feutrine, une bague au passé mythique cède la place à un . . .

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Avec ce premier livre de Fred Dompierre, Presque 39 ans, bientôt 100, roman aux effluves autobiographiques, les lecteurs se sentent en terrain connu, retrouvant le thème des Québécois qui badaudent çà et là, aliénés par une société qui ne leur appartient pas. Un peu à la Guillaume Vigneault, l'auteur, par l'intermédiaire de son protagoniste, témoigne d'un pessimisme outrancier et d'une mauvaise foi intraitable, résultats du mal-être que provoquent des années de dépression. Le personnage principal, qui se laisse presque noyer par la désillusion, erre aussi dans les mêmes sentiers que les héros des romans de Stéphane Bourguignon. Chez Dompierre, chaque détail du quotidien devient un petit bout de malheur. Néanmoins, pour apaiser le vide intérieur qui l'accable, il y a toujours les femmes qui coulent en lui comme le gin tonic, la même solution qu'aura aussi empruntée le personnage de . . .

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Au bon roman commence sur les chapeaux de roue, à la manière d'un polar ; s'y mêle ensuite une romance qui s'installe lentement et non sans humour, une forme de triangle amoureux qui, au final, confère au récit une dimension tragique. Ce mélange équilibré des genres et des tonalités est aussi un prétexte pour examiner le monde de l'édition et faire connaître le travail du libraire à travers l'histoire d'un autodidacte vaguement rebelle, en quelque sorte tiraillé entre deux femmes qui s'adressent à lui par la littérature. Francesca, une mécène aussi belle qu'énigmatique, a proposé à Yvan d'ouvrir une librairie qui ne mettrait sur ses rayons que des bons romans, choisis par un comité trié sur le volet et dont l'identité est jalousement préservée pour éviter toute forme de lobbying. Ces personnages aux affinités électives, qui se sont donné pour mission de sauver le roman de la . . .

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Rosamond n'est plus. Dans sa maison, sa nièce Gill découvre un legs bien particulier pour Imogen, sa lointaine cousine au deuxième degré, qui doit avoir maintenant dans la trentaine : quatre cassettes de quatre-vingt-dix minutes et vingt photos. Mais Imogen reste introuvable. Avec ses filles Catharine et Elizabeth, Gill plonge alors dans les souvenirs de sa vieille tante qui dévoilent le passé chargé de trois femmes qui lui étaient chères : Béatrix, Théa et Imogen. Un portrait de famille émouvant qui révélera le triste destin de Béatrix, la sœur de sang de Rosamond, et de ses descendantes, un portrait sans complaisance pour élucider l'énigme d'une lignée.

Avec talent et justesse, Jonathan Coe trace, dans La pluie, avant qu'elle tombe, vingt scènes de la vie de Rosamond depuis l'évacuation des enfants pendant la Seconde Guerre, origine de son séjour chez oncle Owen et tante Ivy à Warden Farm, jusqu . . .

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Exercice de style plus que roman à histoire, Jeu de dames de Mario Bellatin est un petit bijou du genre, pour qui aime, bien entendu, les histoires de forme plus que les histoires tout court. Le roman est bref, divisé en deux parties, qui ont fort peu de liens entre elles ' on pourrait presque y voir deux longues nouvelles. Malgré l'absence d'une trame narrative en bonne et due forme, il s'en dégage l'étrange impression que la vie des personnages est un peu la nôtre, que le lecteur assiste ligne après ligne à la description de sa propre existence, ou, sinon la sienne, celle de son voisin. Cette impression, qui n'est pas loin du voyeurisme, est générée bien davantage par le style que par le déroulement du récit.

Quant à l'histoire, car il en faut tout de même une, elle se limite à ceci : un médecin partage sa vie entre sa famille sans . . .

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Jean-Loup Trassard, comme les personnages de ses récits, vit près de la terre. Depuis ses premiers recueils de nouvelles (L'érosion intérieureParoles de laine, dans les années 1960) jusqu'aux récents romans (DormanceLa déménagerie ; voir Nuit blanche no 113), les champs, les ruisseaux, les forêts sont avec les êtres insolites qui y évoluent aux confins de la réalité et de l'imaginaire, les acteurs de drames et d'événements engagés dans de mystérieux échanges à travers l'espace et les âges.

En parallèle, ou plutôt dans le prolongement de ces fictions, Trassard publie des plaquettes présentées et imprimées avec un soin extrême et illustrées de ses propres photos. Qu'elles fassent L'inventaire des outils à main dans une ferme, détaillent La composition . . .

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Fable corrosive sur la Russie d'aujourd'hui ou œuvre satirique de prémonition, Journée d'un opritchnik séduira les passionnés de l'ambivalence politique de la « petite mère Russie » et de son passé. Vladimir Sorokine ne s'amuse-t-il pas à faire revivre quelques spectres historiques, telle la sanguinaire opritchnina, justement, la milice du despote Ivan le Terrible, dont se serait inspiré Staline ?

Sorokine est chef de file de la littérature postmoderne russe, auteur de récits, de pièces de théâtre et de scénarios de films, mais aussi illustrateur de livres et créateur d'installations plastiques. Dissident hier et mal vu aujourd'hui, l'enfant terrible se déclare sans ambiguïté anti-Poutine. S'il a subi l'autodafé de son œuvre par l'extrême droite et a été poursuivi pour pornographie, l'écrivain-culte génial a tout de même reçu prix et honneurs dans son pays.

La critique . . .

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On peut se réjouir que les éditions Albin Michel aient décidé, en 2007, de rééditer Jean-Christophe en un seul volume, donnant une nouvelle vie à la pièce maîtresse d'un écrivain majeur de la première moitié du XXe siècle, mais sombrant graduellement dans l'oubli. Pacifiste engagé, Romain Rolland (1866-1944) a conjugué l'amour de la musique et la passion de la culture avec l'idéal d'un héros nietzschéen non-violent, animé d'aspirations généreuses. œuvre ambitieuse, Jean-Christophe fait état de cette recherche d'harmonie et de sagesse. Le cycle se compose de dix romans écrits entre 1904 et 1912. Inaugurant le genre du roman-fleuve, Jean-Christophe a valu à Rolland le prix Nobel de littérature en 1915.

Jean-Christophe raconte la vie du musicien Christophe Krafft, frère spirituel de Beethoven et personnification d'un romantisme Belle . . .

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Après la réorganisation de leur commissariat, John Rebus et sa collègue, Siobhan Clarke, sont mutés à Gayfield Square, commissariat de moindre envergure logé dans un immeuble décati et où l'on s'occupe surtout de menus larcins et des soûlards du week-end. Relégué près du photocopieur, Rebus évite sa nouvelle table de travail, qui est aussi celle où l'on range les tasses, le café et le sucre.

Parce que les collègues de West-End manquent de personnel, Rebus est dépêché sur les lieux d'un crime à Knoxland : un immigré s'est fait poignarder dans un passage couvert reliant deux tours d'habitation aux « cloisons si minces qu'on entendait les voisins se couper les ongles de pied ». Refuge d'immigrés clandestins, Knoxland leur réserve un accueil plutôt froid. En témoigne le graffiti tout frais, datant vraisemblablement de moins d'une heure après le meurtre : « Un de moins ». Ainsi s'amorce la quinzième . . .

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Quand Jean Meckert a publié ce roman en 1954 à la collection « Blanche » de Gallimard, il avait déjà commencé à s'imposer à la « Série Noire », sous le nom de « Jean Amila », comme l'un des meilleurs auteurs français de polar. Tout comme Nous sommes tous des assassins (1952), réédité simultanément chez Joëlle Losfeld, Justice est faite est la novélisation d'un film éponyme d'André Cayatte, premier volet d'une série de longs métrages que le réalisateur des Amants de Vérone a consacrée aux lourdeurs et aux dysfonctionnements de la justice française. Pour autant, Meckert ne s'est pas contenté de coucher sur papier les dialogues de Charles Spaak, mais il a véritablement réécrit le film, fidèle aux préoccupations libertaires de Cayatte, qu'il partageait en grande partie.

De même que La tragédie de Lurs (1954 ; J. Losfeld, 2007 . . .

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S'il existe un poète qui mérite d'être reconnu pour la justesse de ses observations tout comme pour sa clairvoyante ironie, c'est Patrice Desbiens. En temps et lieux 2 fait écho au recueil du même nom paru en 2007. Dépouillement, laconisme assumé, tempérante simplicité, voilà comment on pourrait qualifier cette écriture que la critique a souvent classée sous le terme générique de « poésie du quotidien ». Ici, les vers sont brefs, la phrase est construite de courts motifs. Sans contredit, Desbiens fait preuve d'une maîtrise de la formulation qui se distingue par sa manière habile, mais aussi narquoise et fanfaronne à jouer avec la richesse de la langue populaire. C'est connu, le poète est passé maître dans l'art de mettre en mots les poncifs et les grandes évidences, comme dans « Curveball (à Robbert) », où, s'adressant au regretté Robbert Fortin, il déclare : « C'est drôle à dire / mais la seule . . .

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Matt, un adolescent new-yorkais oscillant entre les chapardages et rêveries de l'enfance et les tracas de l'âge adulte, mène une vie banale auprès de ses parents aimants et de ses copains.

Un jour, cependant, un blizzard fond sur la « Grosse Pomme », accompagné d'éclairs dévorant les êtres humains. Matt perd conscience dans la tempête et lorsqu'il revient à lui, il se retrouve seul dans un New York désert et changé en jungle. Il ne tarde pas à comprendre que les quelques rares survivants, tous adolescents, se terrent pour échapper aux mutants et aux échassiers, inquiétants prédateurs de ce nouveau monde. Sans savoir ce qui l'attend, Matt s'enfonce vers le sud interdit en compagnie de son ami Tobias, pris en chasse par des traqueurs à la solde d'une entité maléfique, le Raupéroden.

Premier tome d'une trilogie d'epic fantasy, ce roman de Maxime Chattam engage le lecteur dans un univers fantastique exaltant où les . . .

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Le titre est au diapason du texte : il promet un décapant que l'ouvrage répandra avec efficacité, culture et bonne humeur. Caustique, l'auteur sait l'être à ses dépens autant qu'à ceux des clichés, des scléroses, des frilosités. Il s'applique même une médecine plus sévère qu'à ses contemporains. Il estime, par exemple, avoir déjà dit tout ce qui, à ses yeux, « valait la peine d'être dit », alors que le lecteur a sous les yeux la preuve qu'Henrie doit écrire encore et encore. En déclarant qu'il n'écoute plus d'histoires et n'en lit plus, Maurice Henrie, une fois encore, sous-estime indûment sa propre production. On lui doit, en effet, plusieurs superbes romans : Le balcon dans le ciel (Prise de parole, 1995, prix Trillium), La chambre à mourir (L'instant même, 1988), Une ville lointaine (L'instant même, 2001)...

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Nonagénaire, Benoît Lacroix demeure fidèle à lui-même, à sa foi, à ses racines, à ses innombrables contributions sociales et culturelles. Encore et toujours, il se place sur le versant ensoleillé de l'existence, sur la capacité du fleuve à mériter la mer. « Quels seraient vos six mots à vous ? ' Amour, étude, don de soi, acceptation, compassion, prière. »

Benoît Lacroix ne se prête guère à l'analyse sociopolitique. C'est un peu dommage, car ses quelques « échappées » plus ou moins candides laissent le lecteur sur sa faim. Il n'arbitre pas entre René Lévesque et Pierre Elliott Trudeau. Invité à comparer Lionel Groulx et Georges-Henri Lévesque, il prend la tangente : « [...] deux baobabs ! Ils s'estimaient autant qu'ils se craignaient. Jalousie ? Qui sait ! » Il peine toutefois à dissimuler sa préférence : « À mon avis, L. Groulx comme penseur, écrivain et orateur est supérieur à G.-H. Lévesque qui, lui, l'emporterait comme homme d'action et éveilleur politique. Déjà, G.-H. L . . .

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Le titre, qui semble promettre un roman et qui livre autre chose, n'est pourtant pas malhonnête. C'est l'économie, non l'amour ou l'émotion, qui occupera l'avant-scène de l'essai de Pietra Rivoli, Les aventures d'un tee-shirt dans l'économie globalisée, mais les virages seront assez nombreux pour que le rythme rappelle celui d'un périple imaginaire.

Dès le départ, surprise. Le lecteur qui, sans même douter, croyait que le coton provenait de pays pauvres ou sous-développés découvre que les États-Unis fournissent depuis deux siècles un approvisionnement majeur. Comme sur d'autres fronts, le fabuleux rattrapage chinois retire peu à peu sa suprématie à la production étatsunienne, mais le dauphin ne peut encore prétendre à une domination aussi nette ni aussi durable que celle du Texas.

Ne confondons pourtant pas récolte du coton et production de textile. Encore là, les réflexes sont pris en d . . .

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Depuis sa mort en 1860 et la lente reconnaissance qui l'a suivie, on a toujours présenté Arthur Schopenhauer comme le grand pessimiste de la philosophie. Du coup, avant même d'avoir goûté une seule ligne de son œuvre, on la considère déjà avec un brin de méfiance. À tort, croit Didier Raymond, pour qui la philosophie de Schopenhauer serait plutôt l'expression d'une rare lucidité. Raymond, spécialiste du philosophe allemand – il a lu Le monde comme volonté et comme représentation à l'âge de quinze ans –, nous invite à prendre conscience de l'aspect novateur de cette théorie qui rejette tout idéalisme pour nous ramener à l'essentiel : cette vie ici, cette pulsion de vivre, la souffrance, la mort, l'absence de finalité, l'absurdité, la brièveté angoissante de cette vie. Avec la collaboration du dessinateur et écrivain Frédéric Pajak, Didier Raymond nous offre un très beau livre de . . .

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Claude Lanzmann est surtout connu pour avoir réalisé le film événement Shoah. Ce qu'on sait moins, c'est qu'il fut toute sa vie journaliste, principalement aux Temps modernes, la revue littéraire, politique et philosophique fondée en 1945 par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, dont il est, aujourd'hui encore, le directeur de rédaction. Ses mémoires retracent le parcours d'un brillant observateur de son époque et rappellent quelques-uns des combats qu'il y a menés.

Claude Lanzmann a quinze ans au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale. D'origine juive, conscient de sa singularité sans en être le moins du monde honteux, il s'engage très vite dans la Résistance. Ce sera son école de la peur et, surtout, du courage. L'après-guerre inaugure une période de réapprentissage de la liberté et de bamboches. Mais, très vite, il part étudier la philosophie en Allemagne . . .

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Belle vertu que la piété filiale ! À condition, toutefois, que l'hommage aux aïeux ne tourne pas à l'investissement. À défaut de mesure, le tribut engendrera le cynisme plutôt que l'enthousiasme. Michael Ignatieff côtoie ce précipice. Que le calcul soit d'ordre politique plus que d'inspiration mercantile ne réduit pas le danger : conditionner l'électeur ou assouplir le consommateur ne sont ni l'une ni l'autre des activités désintéressées. La rouerie politique comporte même un aspect plus aventureux : ce qu'on tolère chez le maquignon scandalise chez celui qui sollicite l'adhésion civique. Quand le récent livre de Michael Ignatieff traite le lecteur en proie électorale, l'opinion se crispe donc au lieu d'admirer.

Les chapitres logés au cœur de l'ouvrage méritent lecture. Négligeant (pour l'instant ?) ses ancêtres liés au tsarisme, Ignatieff privilégie ses aïeux Grant et raconte à quels échanges ils se sont . . .

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L'œuvre de Stephen King a été largement commentée, analysée, sinon passée au crible par les critiques littéraires les plus enthousiastes comme les plus sévères. Dans le présent ouvrage, ce sera par le moyen de la « pseudoscience » ou « science surnaturelle » que les romans et nouvelles du célèbre auteur américain seront examinés, en plus de les lier à une pléiade d'écrivains issus de la littérature fantastique ou de science-fiction, et en montrant les multiples références philosophiques et religieuses qui les parsèment. Mais ce sera surtout en regard d'une littérature dite scientifique que l'œuvre de King nous sera présentée en la ramenant aisément, par exemple, aux théories concernant la télékinésie, la pyrokinésie ou la capacité de prévoir l'avenir. Tout ce qui, en fait, relève du paranormal et non de l'horreur en soi.

Cet ouvrage est d'une étonnante lourdeur malgr . . .

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Dès la première page, on plonge dans la démesure. Une crise de jalousie fondée sur un soupçon d'infidélité s'annonce archiviolente, avec destruction des biens du conjoint exaspéré qui s'enfuit sous une volée d'injures. Tragédie ? Dans un sens, oui. Celle des personnes maniaco-dépressives lorsqu'elles ne sont pas traitées, auquel cas elles sont entraînées, avec leurs proches, dans une incessante descente aux enfers.

Varda Etienne, personnalité médiatisée, elle-même bipolaire, a décidé de mettre fin à ses crises, qui vont de l'exaltation euphorique à la dépression profonde. Alertée par le regard de sa petite fille au moment d'une crise, elle décide de mettre fin à cette alternance entre les sommets et les abîmes. Pour cela il lui faut accepter de prendre sa médication malgré les effets secondaires, sans interruption. Et comme pour prendre le public à témoin, elle inscrit dans sa démarche thérapeutique . . .

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Thomas J. Dodd a fait partie de l'équipe étatsunienne lors du procès de Nuremberg, où vingt responsables du gouvernement de l'Allemagne nazie, dont Göring, Keitel et Speer, ont été jugés par les pays alliés. Initialement, la tâche de cet avocat était simple et ne devait durer que quelques mois. Mais au fur et à mesure que les procédures avancent, le travail de Dodd est particulièrement apprécié, de telle sorte qu'il est nommé procureur en second, soit la seconde plus importante position du tribunal. Tout au long de son aventure qui durera quinze mois, il entretiendra une volumineuse correspondance avec sa femme, restée aux États-Unis. C'est cette correspondance qui est présentée ici, vingt ans après sa mort.

L'avocat y décrit la propension maladive qu'ont les militaires étatsuniens à la paperasserie, au point où il s'étonne que pareille organisation ait pu remporter une guerre. Il constate la manie qu'ont les Russes à vouloir . . .

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Couvrir 200 ans d'histoire de 33 pays souverains, séparés par de multiples langues, représente un défi majeur. Non seulement l'histoire politique de l'Amérique latine est échevelée, en raison des coups d'État, du caudillisme et en vertu des pressions extérieures qui ont influé sur la région, mais la prise en compte de ses dimensions culturelle, économique et sociale complique l'entreprise. Il importe, dans ce contexte, de signaler le caractère pédagogique, précis, limpide de la démonstration proposée par José del Pozo dans Histoire de l'Amérique latine et des Caraïbes, qui en est à sa deuxième édition en français à partir d'une traduction de l'original espagnol. Cette édition est augmentée en amont et en aval, en ce sens qu'un chapitre a été ajouté afin d'expliquer les causes et les conséquences des luttes d'indépendance et qu'une mise à jour a ét . . .

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L'ATSA, vous connaissez ? C'est le nom d'un collectif, provenant de l'expression action terroriste socialement acceptable. Vous ne connaissez pas ? La publication ATSA, Quand l'art passe à l'action célèbre ses dix ans d'existence et se propose du même coup de dire tout sur ses productions avec des textes permettant d'en apprécier les démarches.

Il y a dix ans, l'idée d'une œuvre éphémère qui met en cause le médium devait encore être défendue, le médium, comme le support, ayant été et étant encore essentiels à la définition de la grande majorité des œuvres produites et conservées dans les musées. Aussi, il a fallu une ruse pour associer un musée ' sans l'attaquer pour autant ' à la présentation publique d'un projet, lui-même né d'une pure coïncidence. Le titre ' vous devrez le découvrir vous-même à la lecture de . . .

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Réédition augmentée d'un ouvrage paru en 1987, cette Histoire des sciences au Québec de la Nouvelle-France à nos jours couvre la science qui se fait ici (le frère Marie-Victorin, Pierre Dansereau, par exemple), mais également les répercussions au Québec des découvertes et des controverses scientifiques qui se sont produites à l'étranger. Les théories de Charles Darwin sur l'origine et l'évolution des espèces causent un débat vif dans plusieurs pays, y compris au Québec, bien que, contrairement à l'idée reçue, « l'Église de Rome ne condamne pas formellement l'évolutionnisme ». Mais plusieurs Québécois, comme William Dawson (le directeur du McGill College), l'architecte Charles Baillargé, l'abbé Léonidas Perrin et plusieurs professeurs de l'Université Laval tenteront de forger des théories personnelles allant à l'encontre du darwinisme, à partir de 1858.

La « science » dont il est question recouvre autant la médecine, l'étude des minéraux . . .

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Comment sera le monde en 2025 ? Nombreux sont ceux qui aimeraient le savoir. En particulier les chefs de gouvernement, dont le plus puissant : celui qui siège à la Maison-Blanche. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les spécialistes du renseignement américains rédigent des études de prospective. Depuis quelques années, le résultat de leur réflexion est accessible au public. Le nouveau rapport de la CIA est le quatrième compte rendu quinquennal de la CIA à être publié par le Conseil national du renseignement américain. Bien sûr, même les experts ne peuvent connaître l'avenir avec certitude. Mais il est possible d'envisager des voies probables, en tenant compte des tendances déjà amorcées et des fractures quasi inévitables. Ainsi, il est relativement aisé de prédire que de sérieux problèmes dus au réchauffement de la planète et à la détérioration de l'environnement risquent fort de . . .

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Rigoureux, aussi sensible à l'immémorial qu'aux ajouts récents, ouvert à toutes les créativités, le livre, malgré tout ce qu'a étalé le 400e anniversaire de Québec, regorge d'éléments mal connus ou carrément inédits. À cela s'ajoute la séduction inimitable dont use Jean Provencher pour dire, outre les faits, son attachement à sa ville. L'œil est sollicité autant que la mémoire, la retouche s'accole aux traces patinées par le temps, la culture d'extraction exotique mise en dialogue avec les usages du cru, et tout cela est beau.

Lorsqu'il débusque un fait déconcertant, Provencher tient le juste milieu. Ainsi, quand les archéologues exhument du sous-sol 14 grains de maïs « dont l'un remonte à environ 1200 de notre ère », il ne prétend pas dater de la même époque la culture du maïs dans la région : ce grain, écrit-il sobrement, « pourrait provenir d'échanges avec les cousins iroquoiens vivant . . .

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Parmi les théories les plus largement employées en gestion, une des plus récentes est celle de la gouvernance. Apparue alors que la poussière de la faillite d'Enron n'était pas encore retombée, il s'agissait d'un outil qui devait empêcher pareil désastre de se reproduire. Seulement, dans le brouhaha qui a suivi la chute de nombreux empires financiers, plusieurs penseurs et gestionnaires ont tous avancé leur propre théorie sans forcément s'interroger sur ce que d'autres échafaudaient, chacun se basant sur sa propre expérience. Il fallait un livre synthèse, et le voici.

La gouvernance est une façon holistique de penser la gestion d'un projet, d'une entreprise (quelle que soit sa taille) ou d'un pays. Dans son essai, Gilles Paquet, professeur à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa, définit la gouvernance comme étant une « coordination efficace quand pouvoir, ressources et informations sont vastement distribués entre plusieurs mains ». Selon . . .

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Pour saisir toute la portée d'une œuvre, il est parfois essentiel de comprendre le parcours de création de l'artiste. Dans le cas de la pièce de théâtre Seuls, il est d'autant plus intéressant de connaître ce processus puisqu'au dire même de son créateur Wajdi Mouawad, il s'agissait de trouver, « par tous les moyens, une manière d'écrire différente ». Auteur d'une trilogie avec les pièces Littoral (prix du Gouverneur général du Canada, 2000), Incendies et Forêts, Mouawad affirme, dès les premières pages, qu'avec « Seuls, quelque chose s'est enrayé car ce spectacle ne s'est pas écrit de la même manière. Son apparition, son envie d'être, sa construction, sa fabrication, son évolution m'ont conduit dans des endroits qui, sans être nouveaux pour bien . . .

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En 1976, alors qu'il est incarcéré en France, Jacques Mesrine écrit un document autobiographique qui sera publié chez Lattès l'année suivante. Trois ans plus tard, il mourra au volant de sa BMW, Porte Clignancourt à Paris, tué à bout portant par des policiers au terme d'une opération qui soulève encore aujourd'hui certaines interrogations. À l'occasion du trentième anniversaire de sa mort, le document original est republié.

Ce livre surprend par sa construction : il est écrit d'une traite, sans chapitre, mis à part la coupure au milieu du livre, moment qui correspond à son arrivée au Canada. Cette étape montre un changement dans la façon d'agir du criminel. Désormais, il braque les banques à visage découvert, agissant en gentleman avec les caissières, évitant tout échange de coup de feu pour éviter de blesser des innocents. Il faut dire que c'est encore la belle époque pour les braqueurs de banques, faute de haute technologie.

Dans les premières pages . . .

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Le dérèglement dont parle Amin Maalouf dans son dernier ouvrage, c'est celui qui préside aux relations entre l'Occident et le monde arabe depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Libanais d'origine vivant en France, l'auteur joue ici les intercesseurs entre deux univers que tout semble opposer.

Pour lui, l'Occident vit actuellement une profonde crise identitaire provoquée par la faillite de son système économique, la débâcle environnementale, conséquence de ses modes de vie, et surtout par son incapacité à régler ses rapports avec le reste du monde sur les valeurs dont il se réclame. Dans ses entreprises colonisatrices, dans ses guerres dites de libération menées sous couvert d'exporter la civilisation et la démocratie, l'Occident n'a fait que piller les ressources locales et traiter en subalternes les peuples qu'il prétendait « sauver ». Si bien que, pour utiliser un euphémisme, son crédit moral est aujourd'hui au plus . . .

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Voilà un petit livre formidable qui risque, hélas, de ne pas faire beaucoup parler de lui, puisque l'éditeur romain Portaparole n'est guère distribué de ce côté-ci de l'Atlantique. Contrairement au couvre-chef de Franz Kafka qui a inspiré à Patrice Martin une savoureuse intrigue inventée de toutes pièces (Le chapeau de Kafka, L'instant même, 2009), Le manteau de Proust s'appuie sur une suite de rebondissements véridiques. Un jour qu'elle interviewait le costumier Piero Tosi, célèbre pour sa collaboration avec Luchino Visconti, Lorenza Foschini s'est mise à évoquer Marcel Proust, qu'elle connaît bien, pour avoir traduit en italien un recueil d'inédits intitulé Ritorno a Guermantes ("Retour à Guermantes") pour les éditions Studio Tesi. À l'époque où Visconti voulait adapter À la recherche du temps perdu, des repérages effectués dans Paris ont mis Tosi en contact avec . . .

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L'approche scientifique dite matérialiste présuppose que le cerveau est une structure qu'il est possible de reproduire dans un ordinateur, idée qui a donné naissance au concept d'intelligence artificielle. De cette prémisse découle la conception que l'esprit n'est qu'une fabrication issue de certaines zones du cerveau, et qu'il serait possible de l'influencer afin d'obtenir des résultats spécifiques, un peu comme un médecin peut faire réagir la jambe d'un patient en tapant sur le nerf situé en dessous du genou.

Seulement voilà, certains postulats de cette approche scientifique ont été mis en doute à la suite de recherches qui ont, entre autres choses, démontré que le cerveau était loin d'être aussi immuable que ce qui était cru jusqu'alors. L'une d'entre elles concernait les amputés : il s'agissait de comprendre pourquoi certains ressentaient des sensations provenant du membre manquant, tandis que d'autres ne ressentaient strictement rien . . .

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Voici enfin un essai qui, plutôt que de simplement décrier l'impopulaire réforme pédagogique implantée dans les écoles québécoises, se propose de l'examiner sous plusieurs aspects afin de dépasser l'anecdotique et de nourrir un sain débat sur sa logique interne. Quelques intervenants du domaine de l'éducation prennent la plume pour expliquer comment les concepteurs des programmes du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport ont pu procéder à une opération aussi boiteuse.

Basée sur le constructivisme, doctrine affirmant que le savoir n'existe pas en soi et qu'il est construit par l'apprenant au fur et à mesure qu'il appréhende le monde par son vécu, la réforme scolaire a instauré un relativisme cognitif absolu où l'élève est laissé aux effets déformateurs de ses opinions, de ses préjugés. Là où il aurait fallu un enseignement précis, sans aucune ambiguïté, les penseurs de l . . .

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Alissa York – née en 1970 à Athabaska (Alberta) de parents australiens – vit aujourd'hui à Toronto. Pourtant, son deuxième roman, Effigie, une épopée historico-fictive un rien glauque, se situe dans la communauté mormone de l'Utah au XIXe siècle. Un impressionnant décalage dans l'espace et le temps.

Quel talent possède Alissa York pour raconter le chassé-croisé de ces personnages pas toujours sympathiques, parfois odieux. Erastus Hammer, cinglé et polygame, habite son ranch avec ses épouses et un traqueur indien, avec qui il entretient une relation ambiguë. « Un chasseur habile doit être apprécié par le Peuple paiute. »

Quant aux quatre épouses La première, l'austère sœur Ursula, d'une piété implacable frôlant l'hystérie, assure l'éducation des enfants du clan. Sœur Ruth vit enfermée dans sa magnanerie où elle cultive ses vers à soie, en extase perpétuelle. La pécheresse sœur Thankful aime le sexe, les . . .

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Il est difficile d'imaginer un « pays » aux frontières géopolitiques plus floues que celles de l'Acadie ' apparemment désignée par les médias parisiens comme les « provinces canadiennes de la façade Atlantique ». Cela n'empêche pas les Acadiens d'avoir une histoire, une langue (aux registres très variés, notamment grâce à la proximité de la langue anglaise), une culture, une littérature, bref, une identité bien à eux. Les éditions d'Acadie, première maison d'édition acadienne, ont été fondées en 1972 par l'Université de Moncton. C'est dans cette ville du Nouveau-Brunswick que furent fondées, en 1980, les éditions Perce-Neige, pour faire entendre les voix acadiennes émergentes. Serge Patrice Thibodeau, l'actuel directeur et poète reconnu (deux prix du Gouverneur général), propose une anthologie de la poésie acadienne.

Voici, selon lui, quelques-unes des caractéristiques (non exclusives) de cette poésie : le phénomène identitaire et ses dérivés . . .

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Le dernier roman de Pascale Quiviger raconte le lent travail de deuil d'une femme écorchée, sans âge, qui erre dans divers lieux, réels et imaginaires. « Je voulais une maison pour qu'elle m'avale, je me souviens avoir pensé : j'aimerais tant être nulle part. Être nulle, annulée. » Dès les premières pages, elle déniche cette maison de lumière et de silence, mais elle rêve plus qu'elle n'habite ce refuge au bord de la mer, isolé dans son jardin, à l'abri du monde et des horreurs qui, parfois, le rendent inhabitable. La maison des temps rompus, c'est l'histoire d'une blessure, d'une perte immense.

Le récit oscille entre le passé, bien réel, et un présent englué dans ce passé, un présent intermittent, en filigrane, un peu flou, lourd de mystères – qui est la fantomatique Adrienne Chantre dont les cheveux restent secs sous la pluie et dont l'image . . .

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L'attrait de l'inconnu. L'initiation sexuelle. La perte de l'innocence. Des thèmes universels sont abordés ici dans deux courts récits, « La nudité des femmes » et « Le cirque », et forment une trilogie avec Une saison à Venise paru en 2006. Wlodzimierz Odojewski assure l'unité des trois nouvelles par la présence de Marek, son alter ego, et de son frère Wiktor.

Originaire de Poznan, Pologne de l'Ouest, l'écrivain transporte l'action à l'est, en Galicie, pendant la Deuxième Guerre. Là où au hasard des défaites et des victoires se sont déroulées des luttes sanglantes entre Polonais, Russes, Allemands et milices ukrainiennes. Là où a eu lieu la liquidation systématique de la population juive. « Ils étaient tous là : les Juifs et les Juives, quelques Tziganes des environs. » Plus d'un demi-million de Juifs de la région seront massacrés.

Dans sa quête existentielle, Odojewski revisite le temps passé, la . . .

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Dans cette pièce de théâtre, Roger est un jeune homme de 27 ans qui deviendra électricien pour « payer sa van » alors que son père, député libéral, qui avait payé ses études universitaires en sciences politiques, aurait espéré de lui un brillant avenir dans son parti. Roger écrit son journal sur des pages blanches qu'il cache dans un Playboy. Souffrant d'une douleur à la poitrine, il doit apprendre à « vivre doucement ». Notre protagoniste aura un coup de foudre dans une mer de fils électriques. Annie, sa nouvelle flamme, une jeune fille extrêmement timide, se confie, quant à elle, à son four à micro-ondes. Dans une scène surréaliste particulièrement réussie, Annie, assise au restaurant avec Roger, devra faire face à ses peurs et à ses angoisses qui prendront forme, au fur et à mesure qu'elle les appréhendera. Roger, obnubilé par l'écran de télé derrière elle, tombera des nues lorsqu'elle s'éclipsera en courant. Il confie à sa sœur . . .

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Le troisième recueil de Catherine Lalonde, Corps étranger, nous mène de l'autre côté de l'enfance et du rêve d'amour, dans les éclats de la passion, dans le vif de l'exultation des corps, dans la fascination de la part étrangère de soi qui émerge : « [M]on cœur tombé si loin si loin de l'enfance /et suspendu / un moment / bercé / par Toi / entre ma mort et ma mort ». Soi et l'autre, lui-même étranger, d'esprit et de langue, qui force aussi le corps à corps des langues entre eux : « [T]u massacres ma retenue mes dictionnaires / dans le peut-être de ta langue inconnue ».

Quand survient l'abandon par l'autre et que celui-ci se replie dans le secret de son ailleurs, la renaissance perçue et goûtée s'interrompt abruptement. La distance s'est creusée entre le soi d'avant et celui de l'après-coup . . .

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Si notre « temps est aux cagoules », la poésie a l'exigence, le devoir de se manifester à nous. Ainsi le poète répondra à cette nécessité de repousser les aliénations d'une époque, même si « sur un banc un livre parle seul ». On sait, de toutes façons, que la culture comme « horizon » – en l'occurrence, ici, la culture poétique – aura toujours sa raison d'être malgré tous les crépuscules qui nous ombragent.

Stéphane Jean montre, avec un recueil très stylisé, que l'« humaine condition » ne peut être constamment oppressée par le joug, le poids de la douleur : celle-ci mutera qualitativement en cet objet excessivement raffiné créé par l'acte poétique. Et cet acte pare le désert qu'est trop souvent l'existence de couleurs inédites. Le poète est sans doute ce « marcheur » qui « dénonce le réel ». L'humain pourra-t-il ainsi nous revenir – une vérité « authentique » ne s'est-elle . . .

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« Toi, mon frère, tu ne reviendras jamais. Tu m'as l'air du genre vagabond. ' J'ai murmuré : Revenir, vers quoi ? » Né à Beyrouth il y a une quarantaine d'années, exilé tout d'abord à New York en 1984 puis à Montréal depuis 1992, Rawi Hage n'est en effet jamais retourné vivre dans sa terre natale.

Parfum de poussière raconte les choix difficiles et ô combien différents que font dans le Liban à feu et à sang des années 1980 deux vieux copains d'enfance, Bassam et Georges : combattre ou partir. Récit de guerres, d'horreurs, d'injustices, de massacres, dont l'enfer de Sabra et Chatila : « Alors on a tué ! Tué ! On a tiré au hasard, exécuté des familles entières assises à table. [...] Plusieurs de nos hommes ont suivi les blessés dans l'hôpital d'Akka et les ont achevé. »

La mort et la violence sont omniprésentes et pourtant elles n'importent guère à qui connaît l . . .

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Bon conteur, chercheur aussi rigoureux qu'empathique, l'auteur excelle à redonner sens et vie à des tranches peu familières de l'histoire. Dans le passé, cela lui a permis, par exemple, de relier des mondes apparemment aussi étrangers l'un à l'autre que l'Égypte et le Bas-Canada (Amina et le mamelouk blanc, L'Interligne, 1998). Cette fois, sa sonde ramène à la surface et offre à la mémoire les tensions de la Première Guerre mondiale. Comme elle le fera en 1942 à propos de la conscription, l'opinion québécoise se démarque du courant canadien : elle perçoit comme une guerre impériale ce que le Canada anglophone juge de son ressort. Reflets des contradictions sociales et politiques, deux jumeaux entreprennent leur parcours avec des sentiments opposés à propos du conflit. D'accord pour chercher l'intérêt québécois, ils choisissent des chemins opposés pour y parvenir. Assez semblables pour aimer la même femme, Armand et Lionel . . .

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Après le 400anniversaire de la fondation de Québec, ce pourrait être le moment de découvrir plus largement le combat d'une autre minorité francophone du Canada dans la seconde moitié du XIXe siècle. Si l'histoire tragique de Louis Riel est bien connue au Canada, elle ne l'est pas en Europe. Alain Dubos, qui dans ses précédents romans a évoqué l'histoire des Acadiens, s'intéresse à ce personnage mythique et controversé dans Rouges rivières.

Au moment de l'expansion vers l'ouest de la Confédération canadienne, les Métis, descendants des trappeurs et des coureurs des bois, qui vivaient sans titre de propriété le long des rivières Rouge et Assiniboine, au Manitoba, sont menacés d'être dépossédés de leurs terres par l'arrivée d'arpenteurs et de colons et bientôt par l'installation d . . .

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Considérée comme l'un des plus grands talents de la littérature britannique actuelle, Rachel Cusk signe, avec Egypt Farm, un roman fort original. « Roman des illusions perdues » ou roman des libertés à retrouver ? Sans doute un peu des deux. Quoi qu'il en soit les protagonistes, tous plus fragiles, tous plus durs également les uns que les autres, ne manquent pas de nous lancer à la figure d'implacables questions : et si vivre était, après tout, non pas chercher, se chercher, mais perdre, sans cesse perdre, s'égarer, se compromettre ? Si les choses étaient toujours à ce point « systématiquement compliquées » qu'on ne pouvait que devenir la « victime de [s]a propre vie », s'acclimatant à n'importe quoi, s'accommodant de ces « arrangements » que la vie nous pousse parfois à faire ' jusqu'à en suffoquer ? Et si tous ces liens que nous entretenons et qui nous sont si précieux n'étaient en fait que des chaînes ?

L'histoire paraît d'abord . . .

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Avec ce recueil de grande et belle stylisation, nous sommes invités à des révélations humaines, à une « traversée » de l'âme dans un univers en proie à une perte de repères. La poésie se présente alors comme un refuge devant LA souffrance ' l'être peut reposer, souffler, écarter de lui brièvement l'inévitable venue de la mort ou la simple solitude, petite mort en elle-même... Serait-ce cela le véritable, sinon l'unique sens de l'acte poétique ? Ou la seule possibilité de se libérer de tous ses fardeaux ? À tous le moins, combler l'ABSENCE dans toute l'acception du terme.

Les somptueuses images poétiques surgissant de l'écriture de Hugues Corriveau virevoltent autour des êtres abandonnés, mais vivants, que nous sommes, que nous avons toujours été dans ce cirque qu'est le monde. « Stupeur de voir que s'écoule de soi le signe », écrit l'auteur. Cette « hémorragie du sens », comme l'a naguère . . .

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Herménégilde Chiasson recevait en avril dernier le prestigieux prix Champlain, autrefois remis par le Conseil de la vie française en Amérique et maintenant repris par le Salon international du livre de Québec. Le recueil Béatitudes fait montre, selon le jury, d'une grande liberté, « de celles qu'incarnent autant l'élan le plus flamboyant que le geste ancré dans l'ombre du quotidien ». En effet, la beauté de ce livre réside dans le réalisme poignant avec lequel le poète saisit la nuit derrière nos gestes, et dans le lyrisme de sa langue.

L'Acadien réécrit à sa façon « Les Béatitudes », cette partie du « Sermon sur la Montagne » où Jésus rassure les pauvres, les affamés, tous les spoliés de la Terre, « Heureux soient-ils parce qu'ils seront récompensés ». Ceux-là, comme le promettent les Évangiles de saint Matthieu et de saint Luc, auront-ils le ciel ? Rien n'est . . .

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Un Invité avec un grand I, quelques figurants triés sur le volet, banals spécimens de la haute bourgeoisie parisienne, de l'arriviste au déchu, en passant par tous les degrés de l'échelle dorée qui fait de celui qui les franchit un être digne de se produire sur rien de moins que l'Olympia des soirées dînatoires. À la mise en scène de ce dîner de caste, Sophie du Vivier, vibrante d'assurance et de suffisance. Aux accessoires, Sonia, domestique de son état, versée dans l'art de supporter sa patronne. Avec la caution du chef du protocole de l'Élysée, ancien flirt dont Madame du Vivier a requis les conseils, le dîner s'annonce réussi... jusqu'à ce qu'une invitée superstitieuse ne vienne déposer un grain de sable dans la mécanique parfaitement huilée : treize à table, ça porte malheur ! « Chacun vérifia aussitôt, compta et recompta les commensaux à mi . . .

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Fort d'un long parcours d'écrivain, Jean-François Somain signe La visite de l'atelier dans la collection « Écrire » des éditions Trois-Pistoles, consacrée aux propos des écrivains québécois sur leur vision de l'écriture et leur travail, et regroupant déjà plus d'une trentaine de titres. Une fort belle idée qui permet aux étudiants, aux écrivains en devenir et aux lecteurs qui s'intéressent à ceux qui font notre littérature de découvrir, accompagnés par l'auteur même, le processus de création et la genèse d'une œuvre.

Pour sa part, Jean-François Somain a décidé de convier les lecteurs à une visite de l'atelier. Et quelle visite ! Sous ce superbe titre, l'auteur de Le tueur des pompes funèbres, Envie de vivre, Retrouver Jade, Le ballon dans un cube,

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Entre 1933, année où il est proclamé chancelier de l'Allemagne, et 1945, année de son suicide, Adolf Hitler a fait l'objet de 42 projets ou tentatives d'assassinat. Dans son dernier ouvrage, l'universitaire et journaliste français Jean-Paul Picaper revient sur le plus célèbre de ces attentats, l'opération Walkyrie. Au passage, il en profite pour réfléchir sur la place qu'occupent, aujourd'hui, ces événements dans la conscience collective allemande.

D'abord, il retrace dans le détail le cheminement de la conspiration : les hésitations et les doutes de ses auteurs, leurs tentatives préalables ratées et leurs fins tragiques. Beaucoup découvriront comme nous que, plus qu'un attentat, c'est un coup d'État que préparaient les conspirateurs. L'opération Walkyrie ne fut donc pas le projet de quelques individus déçus, mais une véritable révolte impliquant des dizaines de hauts gradés militaires et de civils . . .

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Après Passeport pour l'Iran, publié en 2006, et Une Québécoise au pays des purs, Récit d'un voyage au Pakistan, publié en 2007, Marie-Eve Martel nous entraîne une nouvelle fois dans un coin méconnu de la planète. Pour cette jeune auteure qui voyage en solitaire, il s'agit, en cet été 2007, d'aller voir par elle-même si la Syrie correspond ou non aux idées reçues entretenues par l'Occident. À cette fin, elle choisit un itinéraire qui illustre bien les « différentes facettes de ce pays » : de la côte méditerranéenne reconnue pour son ambiance libérale jusqu'aux régions plus traditionnalistes de l'Est syrien, de la plus grande métropole du pays, Damas, jusqu'aux plaines désertiques avoisinant certains sites archéologiques, en passant par plusieurs cités antiques comme Alep, Bosra, Palmyre, etc. Mais surtout la voyageuse entend « obtenir une pluralit . . .

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Nombreux sont les penseurs qui se sont penchés sur le phénomène du postmodernisme : Gilles Lipovetsky, Alain Touraine et Jean-François Lyotard, pour ne nommer que ceux-là, ont proposé une lecture de la transformation des sociétés occidentales contemporaines, dites postmodernes, chacun selon un angle différent. Céline Lafontaine, sociologue, s'est lancée dans cet univers en prenant comme objet d'analyse la mort, ou plutôt, la disparition de la mort des horizons symbolique, culturel et social. Au fil des pages, l'auteure, professeure à l'Université de Montréal, dresse un portrait sociologique du monde contemporain à partir du double processus de déconstruction scientifique et de désymbolisation de la mort.

Dans un premier temps, la sociologue décortique la relation à la mort et au mourant qu'entretiennent les sociétés occidentales. Elle démontre que le mourant, en passant de la chambre à coucher à la chambre d'hôpital, s'est retrouvé isolé, et donc ignoré par ses pairs, cette s . . .

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René Angélil est un homme au parcours exceptionnel et à la réussite tout aussi extraordinaire. Son succès, il le doit sans doute en partie à la chance, mais aussi et surtout à la détermination dont il a fait preuve sans relâche. On le sait, son nom est indissociablement lié à celui de Céline Dion, son artiste, son amour, sur qui les projecteurs sont la plupart du temps braqués. Mais cette fois-ci, c'est sur René Angélil que Georges-Hébert Germain porte l'attention. Il trace un portrait des diverses facettes de l'homme et de sa vie : chanteur, homme d'affaires, producteur de disques et de spectacles, joueur, chef de clan, ami indéfectible. Au passage, l'auteur rapporte plusieurs anecdotes savoureuses. Il est par exemple intéressant d'apprendre que René Angélil fait partie de ces rares hommes d'affaires à croire encore au contrat scellé par une franche poignée de main. Une constante qui revient est la force de . . .

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Les œuvres regroupées sous le label « art actuel » choquent, surprennent ou amusent souvent le public. Faites quelquefois d'objets familiers, elles déroutent. En effet, nombreux sont les néophytes qui conçoivent mal le dépassement d'éléments tels que le médium et le support. Et même quand, par exemple, la photographie semble les conserver, on la découvre réalisée sans l'outil qui lui est traditionnellement associé : l'appareil photo.

Devant de telles nouveautés dans le langage, il est essentiel d'avoir des pistes, des repères, et c'est précisément ce qu'offre le catalogue illustré qui accompagne l'exposition. Line Ouellet, directrice du projet, signe l'introduction qui nous livre les motifs derrière la réalisation de cette exposition imposante par le nombre d'œuvres présentées et leur diversité. Suivent ensuite les textes de Nathalie de Blois, conservatrice de l'art actuel au MNBAQ et commissaire de l'exposition. Ces textes sont un excellent . . .

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De tous les personnages de bandes dessinées, Corto Maltese est certainement le plus étonnant. Créé par Hugo Pratt (1927-1995), c'est un aventurier qui parcourt le monde, de la Sibérie à la Patagonie, de l'Irlande à Djibouti, de Venise à Hong-Kong. Chemin faisant, il croise plusieurs personnages dont certains ont réellement existé, tels Jack London, Hermann Hesse et Manfred von Richthofen, alias le Baron rouge, pour ne nommer que ceux-là. Et c'est là une des grandes particularités de ce héros : il évolue dans un univers qui circule sur la frontière entre le vrai et le vraisemblable, entre le réel et l'imaginaire. D'où la grande difficulté qu'éprouve le lecteur à le saisir avec exactitude. Même sa naissance est le résultat de la rencontre entre une femme tzigane et un officier de la marine militaire française qui, vraisemblablement, ont eu une existence bien réelle mais qui ne se sont dans les faits jamais rencontrés. Bref, c . . .

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Je crois que Colette Boky aura été la plus grande chanteuse québécoise de l'histoire, et la lecture de cette (auto)biographie m'en convainc davantage. Cette délicieuse jeune femme (née Colette Giroux) est simple vendeuse chez Simpson lorsqu'elle rencontre Jack Boeki, qu'elle épousera et dont elle gardera le nom.

Alors que Colette n'a que 26 ans et qu'elle vient de quitter son mari, elle reçoit ce conseil décisif de son professeur au Conservatoire, le grand Raoul Jobin : « Ne reste pas ici car tu ne peux rien avoir au Canada tant que tu ne te seras pas fait une grande réputation ailleurs ». À partir de 1961, la soprano se produira dans les plus prestigieuses salles d'opéra d'Europe, mais également au Metropolitan Opera à New York. En outre, elle tournera en Autriche dans l'opéra filmé Les joyeuses commères de Windsor de Georg Tressler, en 1965. Mais hélas ! cet unique long métrage mettant . . .

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En novembre 2007, vingt ans après la mort de René Lévesque, un colloque dit scientifique a réuni une brochette d'universitaires appelés à étoffer les thèmes suivants : René Lévesque, les influences et l'héritage ; René Lévesque, un social-démocrate ? ; René Lévesque et la question nationale. Personne n'explique pourquoi la journaliste Lysiane Gagnon s'ajouta à la gent universitaire.

Premier constat, prévisible en travail d'équipe, les perceptions diffèrent de l'un à l'autre. Pour Lysiane Gagnon, ce que fut René Lévesque importe plus que ce qu'il a fait. À cette opinion, Serge Denis préfère celle selon laquelle le legs de Lévesque comprend, oui, des lois névralgiques, mais surtout le renouveau des références politiques et sociales et, plus encore, une confiance inédite du Québec en ses possibilités.

Certains observateurs, sans qu'on puisse s'en étonner, ont parlé de leur . . .

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Jean Ziegler est membre du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies et a été rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation auprès de l'ONU, de 2001 à 2008. Son expérience lui a donné maintes occasions de constater l'hostilité et même la haine manifestées envers l'Occident par les peuples du Sud. Cette haine est telle qu'elle peut mener à des gestes aussi monstrueux que les attentats du 11 septembre 2001. Elle peut également paralyser le fonctionnement des Nations unies et permettre la prolongation de situations destructrices. Ainsi, en octobre 2006, le Conseil de sécurité projetait l'envoi de Casques bleus au Darfour, qui auraient été chargés de mettre un terme au massacre des populations africaines. Des gouvernements du Sud s'y étant opposés, la mission n'a pas eu lieu. Le génocide pouvait continuer sans entraves Malgré toute l'horreur que leur inspire les crimes commis au Darfour, des dirigeants du Sud vont jusque . . .

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Nuit blanche (n° 113) avait récemment louangé la biographie de Marc Legras intitulée Gilles Vigneault de Natashquan (Fayard, 2008). Mais pour paraphraser une chanson célèbre, il nous reste des écrits à écrire, surtout sur un sujet si vaste. Dans Gilles Vigneault de l'œuvre à l'homme, le professeur Claude Sauvage laisse de côté les éléments anecdotiques sur l'enfance, les amours ou l'engagement du poète pour se concentrer sur les paroles et la musique, textes et partitions à l'appui. Son étude très précise fournit plusieurs matériaux judicieusement choisis : extraits d'entretiens et de chansons, donnant lieu à une analyse musicologique de la structure musicale des chansons de Vigneault - dont certaines présentent une construction héritée de mélodies médiévales. Un autre chapitre établit des correspondances avec certaines influences littéraires ayant pu marquer le jeune Vigneault. L'iconographie n'est pas uniquement décorative : on . . .

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De petit livre en petit livre, la collection « Entretiens »démontre son utilité et l'intelligence de ses pratiques : l'enjeu mis en exergue mérite l'attention, l'invité maîtrise sa spécialité, l'interviewer a potassé le thème. Tout au plus pourrait-on souhaiter qu'on évite de confier l'interview d'un titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand à un membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand. La femme de César...

Charles-Philippe David est réputé à juste titre pour son franc-parler. Les réponses offertes aux questions de Jean-Frédéric Légaré-Tremblay le montrent, sans surprise, aussi capable de critiques cinglantes à l'égard du régime Bush que d'opinions à rebrousse-poil du convenu. Son dernier verdict, formulé avant la victoire de Barack Obama à l'élection présidentielle étatsunienne, est, à cet égard, exemplaire : « On ne peut donc s'attendre à une rupture complète et entière entre Bush et son successeur. N'en déplaise à certains, on doit s'attendre . . .

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Cette double biographie évoque surtout les rapports entretenus par le poète Jacques Prévert - ainsi que son frère Pierre Prévert - avec le septième art. Durant les années 1920, Jacques (1900-1977) et Pierre (1906-1988) côtoient les surréalistes pour ensuite être exclus de leur groupe ; à partir des années 1930, ils scénariseront individuellement ou ensemble certains des longs métrages les plus mémorables de Marcel Carné, dont Drôle de drame, Le Quai des brumes et Les Enfants du paradis.

Simultanément, Jacques Prévert se consacre à la poésie, Pierre Prévert se forme à la réalisation de courts et de longs métrages. Partant des « frères amis », le biographe parle aussi du Tout Paris littéraire, des fréquentations des gens en vue, mais aussi de lectures et de librairies parisiennes. Par exemple, on peut revoir les recommandations d'André Breton sur quoi lire et quoi ne pas lire, et surtout la . . .

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Jean-Claude Kaufmann poursuit sa quête d'une sociologie intimiste, basée sur les détails les plus fins de la vie quotidienne. Kaufmann est réputé pour être un franc-tireur dans son milieu, lui qui rêve de révolutionner les sciences sociales. Cette fois-ci, le sociologue, directeur de recherche au CNRS, s'attaque à l'incontournable « unité de soi ».

Kaufmann remet en question cette idée largement répandue - donc fausse, selon lui - du « être soi-même ». Pour lui, le passé, aussi lourd soit-il, n'est qu'une ressource. L'erreur la plus importante étant de croire qu'il puisse dire qui l'on est. Car, « Je suis Légion ». L'individu un, stable et indivis n'existe pas mais est conglomérat de « je » différents qui, dans un mouvement de construction de soi perpétuel, met l'individu en tension. Un individu qui n'est rationnel et autonome qu'en surface !

La construction bibliographique est, ainsi, passée au crible. Plus nous . . .

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Depuis quelques décennies, les récits de voyage suscitent chez les chercheurs un intérêt qui ne se dément pas. Après les écrits de voyage des explorateurs du XVIe siècle, ceux des auteurs romantiques, des écrivains du XXe siècle puis des femmes voyageuses, la dernière étude sur le sujet porte sur un corpus de récits rédigés (séparément ou ensemble) par huit couples d'Européens francophones du XIXe siècle. L'approche que l'auteure Margot Irvine y privilégie est celle de la socio-sexuation. Comme elle le mentionne d'entrée de jeu, « un corpus de récits de voyage d'hommes et ceux des femmes qui les ont accompagnés offre une occasion privilégiée d'étudier les répercussions de la prescription du genre sexuel sur des textes qui racontent une expérience commune ».

Le voyage étant pratiquement interdit aux femmes à l'époque, celles . . .

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Peu avant son anniversaire de naissance, Monique Lépine reçoit un touchant présent de son fils. En lui remettant son cadeau de fête, un disque finement choisi, le grand gaillard de 25 ans lui réclame un baiser en ces mots : « Tu peux m'embrasser ». Jamais le jeune homme, un être secret et renfermé, n'avait permis à sa mère de le cajoler.

Ce fut la dernière fois que la femme vit son enfant : quatre jours plus tard, Marc Lépine faisait irruption à l'École Polytechnique de Montréal et assassinait quatorze jeunes femmes avant de retourner son arme contre lui-même.

Le 6 décembre 1989 a marqué l'histoire du Québec. Débats féministes sur la violence des hommes, répliques masculinistes et saga du registre des armes à feu ont quelque peu masqué le drame personnel que vivaient les proches des victimes. Même lorsque l'on songeait à ces familles laissées en ruine, on en oubliait systématiquement une : celle . . .

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Michel Freitag est professeur émérite au Département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal. Dans son essai, L'impasse de la globalisation, il présente une histoire sociologique et philosophique du capitalisme, sous forme d'entretiens avec Patrick Ernst, qui enseigne la sociologie à la Haute École de travail social de Genève.

L'auteur fait d'abord la distinction entre la globalisation et la mondialisation. La première est, affirme-t-il, caractérisée par « l'accélération formidable d'un seul modèle économique de progrès, propre à la seule civilisation occidentale », modèle que les adeptes du néolibéralisme veulent imposer à l'ensemble du globe. Quant à la mondialisation, elle consiste plutôt en un accroissement des échanges diversifiés entre les sociétés, tels qu'ils se produisent déjà depuis des siècles. L'humanité a maintenant le choix entre « la voie difficile de la 'mondialisation' [et] la voie facile mais humainement destructrice et . . .

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Lancée il y a une vingtaine d'années, cette biographie renaît sans la moindre ride. Ni alourdie par un fatras de notes infrapaginales, ni truffée d'éloges sirupeux, l'œuvre dessine d'une pionnière récemment réexaminée un portrait fin et crédible, éclairant et abordable. L'humour, si rare à propos des gloires nationales, ose même humaniser les personnages officiels. Ainsi, Madeleine de La Peltrie, trop pressée de consacrer tous ses biens à Montréal, « en oublie qu'elle avait déjà donné les siens aux ursulines ». Le résumé de la biographe est au moins souriant, peut-être moqueur : pendant que Marie de l'Incarnation remercie le bon Dieu de l'avoir traitée comme saint François « que son père abandonna et à qui il rendit jusqu'à ses propres habits », « les sœurs murmurent contre leur prieure et lui reprochent de s'être laissé dépouiller sans rien dire ». La vertu est de mise, mais Marie de l'Incarnation n . . .

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Professeur et recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie, l'auteur s'est sans contredit offert une fantaisie avec ces Chroniques savoureuses sur la langue française.

Du s inclus dans le mot inclus mais exclu du mot exclu jusqu'à l'assassin qui, à titre d'haschischin, présente le grand tort de fumer, mais pas comme un pompier, celui-ci dégageant des vapeurs brûlantes, tandis que l'autre consomme une substance illicite, beaucoup de curiosités de notre langue sont scrutées méticuleusement et expliquées. De même pour plusieurs pièges linguistiques, véritables filets avec lesquels on a maille à partir, la maille n'étant pas celle qui se découd mais plutôt la dernière pièce de monnaie que l'on ne peut mettre en parts.

L'universitaire n'oublie pas les délicieux emprunts aux langues étrangères, établis ou souhaités. Tel ce chapeau de dame dont . . .

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Célèbre neuropsychiatre français, psychologue-thérapeute à la retraite, et par ailleurs auteur prolifique d'une trentaine de livres (dont Les nourritures affectivesUn merveilleux malheurParler d'amour au bord du gouffreLe murmure des fantômes), Boris Cyrulnik présente dans ce dialogue quelques fondements de sa pensée. Son propos mélange le récit autobiographique et l'autoanalyse, avec un certain recul.

Parmi les éléments déclencheurs survenus durant sa jeunesse et qui auraient déterminé son intérêt pour l'étude du comportement des animaux, Cyrulnik mentionne le film biographique Monsieur Fabre (1951), réalisé par Henri Diamant-Berger, avec l'acteur Pierre Fresnay dans le rôle du célèbre entomologiste Jean-Henri Fabre.

Théoricien de l'amour et des sentiments, Cyrulnik explique au passage certains mots-clés de son parcours ; ainsi, l'éthologie, sujet de son premier livre . . .

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Figure marquante de la chanson francophone et de la littérature québécoise, Raymond Lévesque a souvent vu ses œuvres négligées par le monde du livre québécois. Il est l'auteur de centaines de chansons, et paradoxalement, plusieurs de ses meilleurs disques sont devenus introuvables. Certains de ses ouvrages (pensons à Électrochoc, 1981) n'ont même pas été inclus dans le très exhaustif Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec.

Céline Arsenault, qui fut pendant longtemps sa compagne de vie, a réussi une biographie d'une grande précision, grâce à plusieurs carnets intimes de l'écrivain : on y découvre beaucoup de détails sur la vie parisienne de Raymond Lévesque, avec les noms de lieux où il s'est produit, son répertoire, ses fréquentations, de Jacques Brel à Georges Brassens et Pauline Julien. Plus loin, on évoque même les nombreuses pièces satiriques que Raymond Lévesque . . .

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À première vue, le métier de taupe n'est pas de tout repos. L'agent s'insère en zone ennemie et attend. Aucun exploit n'est attendu de lui sinon celui d'un long silence. Ses employeurs souhaitent qu'il se fonde dans l'autre pays et qu'il attende le signal. Kiyeong n'a donc accompli que son devoir en fondant famille en Corée du Sud, en adoptant un mode de vie sans relief aucun, en cachant à tous, et même à son épouse sud-coréenne, sa véritable identité. Reste à savoir, après vingt ans de dormance, qui, du pays à espionner ou de l'espion, a assimilé l'autre. La taupe va-t-elle obéir au signal et revenir chez elle ?

À cette question, Kiyeong doit répondre dans les vingt-quatre heures. Il n'a accès à aucune explication. Le rappelle-t-on en Corée du Nord pour le punir d'une faute ou pour récompenser sa patience ? Il s . . .

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L'escalier et autres amours de secours, premier recueil de nouvelles de Martin Vézina, regroupe sept textes qui présentent tout à la fois d'indéniables qualités et des faiblesses qui résultent d'une intention littéraire par moments trop appuyée. Résultat : on est tour à tour charmé et agacé à la lecture de ces nouvelles.

Martin Vézina a le sens de la narration, cela est indéniable. Sa fréquentation des auteurs dont les noms parsèment le recueil n'y est sans doute pas étrangère et il ne cherche pas à masquer les influences qui ont jusqu'ici marqué son parcours de lecteur et d'écrivain. Les personnages qu'il met en scène sont pratiquement tous habités par le même doute existentiel et poursuivent, chacun à leur façon, la quête de soi. Cette quête se décline ici sur le mode de l'interrogation et fait écho à la formation philosophique de l'auteur : que signifie . . .

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Un peu paumé, raté par choix, artiste peintre de son métier, misanthrope, Jean Poldonski croise un jour un vieux savant fou qui lui inocule bientôt, à son insu, un bacille provoquant ni plus ni moins qu'un voyage dans la causalité. C'est moins la dimension scientifique qui compte que l'expérience humaine qui s'ensuivra et dont rend compte Poldonski lui-même dans ce roman en forme de journal, très certainement un des meilleurs « romans fantastiques » de Jacques Spitz. L'anecdote est bel et bien fantastique ou fantaisiste ou scientifique (comme on voudra), mais le propos, lui, est résolument existentiel : à quoi sert de vivre quand tout est d'avance déjà fini ? « Ils ne sentent donc pas [...] que tout revient au même ? » Poldonski voit « les choses à l'endroit où elles sont, mais dans l'état où elles seront plus tard ». La marche en avant ira s'accélérant, le pourrissement dont est témoin le peintre se faisant de plus . . .

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Cet océan qui nous sépare est un roman épistolaire où 15 correspondants s'échangent 255 lettres sur un espace temporel d'un peu moins de 7 ans (du 13 septembre 1664 au 25 juillet 1671). Le plus souvent séparés par l'Atlantique, les couples harmonieux et lettrés que forment Élisabeth et Christophe, d'une part, et Béatrice et Maurice, d'autre part, rédigent la majorité de ces missives qui prennent jusqu'à deux mois pour parvenir à destination et qui, sous la plume de Christophe surtout, recréent dans une large mesure la vie dans les Antilles au XVIIe siècle.

Sont ici mises en relief les énormes différences qui frappent des Bretons d'origine transplantés en terre martiniquaise : « Tu n'as pas idée de la dure réalité des Îles », dit par exemple Christophe à Maurice. Dans un langage un peu cérémonieux où les époux se vouvoient, les lettres font état de la . . .

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Le dernier roman de Francine Noël est un addenda inattendu à la trilogie lancée avec Maryse. œuvre imprévue mais reçue comme une agréable surprise, J'ai l'angoisse légère répond néanmoins à la hantise première de tout critique : parler pour la première fois d'une auteure vraiment aimée pour dire qu'il s'agit là du texte le moins réussi d'une carrière littéraire autrement exemplaire. Ce qui ne veut pas dire que le lecteur n'y trouvera pas son compte : les personnages de la Tribu sont toujours là, attachants, bien construits, l'intimité de quelques familles se conjugue toujours avec aisance dans le monde social médiatisé, l'ironie est encore fine. Tout, pris individuellement, est intéressant : le portrait du milieu des performances artistiques, l'examen du deuil de François, les amitiés sincères qui survivent aux douleurs et au passage du temps, l'oscillation . . .

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Le précédent roman de Stéfani Meunier, Ce n'est pas une façon de dire adieu, m'avait laissé sur ma faim, mais il a néanmoins été finaliste au Prix des libraires, comme quoi d'autres s'y retrouvaient. Le nouveau titre, Et je te demanderai la mer, me semble beaucoup mieux réussi, avec des voix narratives plus distinctes, un imaginaire marin bien exploité et une capacité réelle à brosser en quelques lignes une profondeur à ses personnages. Si des éléments sont récurrents dans l'œuvre de Meunier, tels que la place prépondérante de la musique et la soif de l'ailleurs conjuguée au désir paradoxal de s'établir, ils sont ici beaucoup mieux intégrés au récit.

Autour d'un homme, Dan, qui cherche à refaire sa vie à la suite d'un échec amoureux, en achetant un motel décati dans le Nord, se construisent des histoires de rédemption . . .

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Depuis quelques années, le milieu slam est parvenu à sortir du territoire marginal dans lequel il était confiné, pour gagner progressivement en popularité. De plus en plus, on organise des happenings où la poésie est mise à l'honneur dans le cadre singulier de joutes oratoires où le public est convié à participer en tant que jury. Certains slameurs, comme Grand Corps Malade, se font même connaître par l'entremise de l'industrie du disque. Préparée par André Marceau et Anne Peyrouse, cette anthologie, regroupant les textes de douze slameurs, arrive donc à point. Il s'agit, en fait, du premier ouvrage du genre à rendre compte de la vivacité de la scène slam au Québec, et sans hésitation, l'effort mérite d'être salué. Pourtant, certains pourraient remettre en question le bien-fondé d'un pareil recueil. On le sait, le slam se proclame comme un mode « vivant » de la poésie, et s'oppose, à cet égard, à la poésie imprimée. Toutefois, et . . .

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Le huitième roman d'Hélène Lenoir, La folie Silaz, débute avec la mort d'Odette. Cette dernière a élevé Do, son petit-fils qui, à vingt ans, se retrouve seul dans le « foutoir de leur maison ». Couvé toute sa vie par une grand-mère aliénante, le jeune homme montre un laisser-aller tout aussi indélébile que le désordre auparavant cultivé avec la défunte.

Ce n'est pas l'absence d'Odette, toutefois, qui trouble le plus les personnages du roman. Le père de Do, Georges Silaz, est parti depuis des années en mission humanitaire. Tous se demandent si la mort de sa mère sera le coup de force qui le fera réapparaître. Cela va jusqu'à réveiller des tensions entre Muriel, la sœur de Georges, et Carine, la mère de Do. S'ajoute au tumulte le comportement antisocial du fils, cet enfant abandonné que Carine a espoir d'aider . . .

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Comment ne pas aimer Monsieur Ho ? Autant le personnage que le livre, du reste. L'illustration de couverture proposée par Alto - Palais de jeunesse de Zhang Yuqing - annonce bien les propos philosophiques de l'antihéros chinois, humble fonctionnaire sans grande ambition, à l'étroit dans son pays surpeuplé.

« À l'école, nous étions tous un. Tous identiques », confesse Monsieur Ho dans une des rares pages de son journal intime qui nous soient parvenues. Car bien qu'il ait écrit ce premier roman à la troisième personne, l'auteur Max Férandon autorise parfois son digne et sage personnage à se livrer directement, à la première personne.

L'écrivain avoue n'avoir jamais mis les pieds en Chine, mais il nous transmet tout de même sa compréhension de ce que peut être l'atmosphère angoissante de ce grand pays, ce pluriel inquiétant, comme il l'écrit si joliment. « Pour goûter au bonheur indécent d'être seul, juste à soi . . .

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Courir raconte la vie d'Emil Zatopek, une légende de l'athlétisme qui a remporté, en 1952, trois titres olympiques dans le domaine de la course de fond (ceux du 5000 mètres, du 10 000 mètres et du marathon). Ce livre, malgré les apparences, n'est pas une biographie. Il s'agit bien d'une fiction, d'une construction qui, même si elle retient les événements marquants d'une vie réelle, relève de l'imaginaire.

On traverse très vite ce récit simple et linéaire qui a pour point de départ le moment où le héros tchécoslovaque découvre sa future passion. « Le doux Émile » est contraint, au début du roman, de participer à une course organisée par les occupants nazis. Il est dans un état d'esprit tout autre que celui de ses adversaires, des hommes parmi lesquels on compte un grand nombre d'Aryens bien entraînés et pr . . .

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Jean-Paul Daoust est actif sur la scène littéraire québécoise depuis le milieu des années 1970. On lui doit une trentaine de recueils de poésie ainsi que deux romans. Pour ce nouveau titre, il s'est associé au musicien Manu Trudel, présentant ainsi une œuvre hybride qui conjugue poésie et accompagnements sonores. À cet égard, la collection dans laquelle figure l'ouvrage, « Hôtel central », dirigée par Christine Germain, a pour mandat de permettre cette rencontre fort souhaitable entre la poésie et la musique.

Daoust écrit : « La douleur n'offre aucun choix ». Sans aucun doute, le mode élégiaque renvoie à l'expression de la souffrance.Le titre du livre, Élégie nocturne, suggère d'emblée une tonalité bien définie. Dans cette suite de courts poèmes en prose, comme s'il était le spectateur de sa propre saison en enfer, le poète est montré devant la fenêtre de sa chambre d'h . . .

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Œuvre de lucidité, Journal d'une année noire du Nobel J. M. Coetzee pourrait se rapprocher d'autres livres-testaments d'écrivains célèbres nés avant ou pendant la Seconde Guerre, comme Un homme de Philip Roth ou Pelures d'oignon de Günter Grass, dont on a déploré le narcissisme ou la paresse, s'il n'y avait dans le texte de Coetzee une profonde conscience des faiblesses qu'entraîne la vieillesse. Ces faiblesses donc, que l'on reconnaît dès le départ dans les réflexions parfois trop larges du narrateur, sont nommées par des personnages secondaires, comme autant de doubles de l'auteur dans les dialogues solipsistes de cette œuvre : « Je vous dirai que vos opinions tranchées sur les questions politiques ou les choses de ce genre ne sont pas ce que vous écrivez de meilleur [ ], peut-être parce que vous n'êtes plus trop dans . . .

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Sous le calme plat du non-dit, les feux du désespoir couvent. Assurée d'être incomprise, confortée dans le silence par une enfance où elle fut témoin de la déchéance des femmes de sa famille, la narratrice ouvre sa maison et son corps à son amant, mais verrouille son cœur et ses mots.

Les orages qui n'éclatent jamais n'en sont pas moins dangereux, et derrière ce stoïcisme, la femme observe l'homme de sa vie. Remarque. Critique. Juge. Diffame. Car celui qu'elle prétend aimer ne représente plus pour elle qu'un âne dont les manies, le ton et les gestes l'énervent. Au point de rêver d'un avenir meilleur avec un autre homme, un étranger croisé dans un bistrot. Mais peut-on renouveler l'amour lorsque le malaise est en soi ?

Le cynisme élégant manipulé avec une précision chirurgicale constitue la marque de commerce de Claire Castillon, mais cette aptitude au . . .

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Charles Bukowski (1920-1994) a été marginalisé très jeune par un père excessivement strict, violent et autoritaire ainsi que par son voisinage à cause de ses origines allemandes. Dès lors, il développera un regard critique - sinon négatif, désabusé - sur l'humain. La solitude créée par cette distance l'amène tôt à lire, à écrire, à acquérir une vision personnelle du monde, à dénoncer la bêtise humaine, tout ce qui semble relever du conformisme aliénant, d'idéologies dominantes, sclérosées : il représentera ainsi l'« autre Amérique » par des textes décapants au style dépouillé, qui atteignent, souvent, de curieuses et inquiétantes profondeurs

La présente édition d'une partie des œuvres de Charles Bukowski, Journal, souvenirs et poèmes, est une sorte de prolongement d'Avec les damnés (Grasset, 2000), qui nous offrait de larges extraits percutants - prose et poésie - de l'aventure bukowskienne. La . . .

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D'aube et de civilisation est une imposante anthologie de Nicole Brossard préparée par Louise Dupré, qui signe le choix de poèmes, tirés de vingt recueils publiés entre 1965 et 2007, et la préface. L'ouvrage se termine par des extraits de la réception critique des recueils et l'impressionnante chronologie de Brossard. Dans sa préface, Dupré synthétise magistralement le long parcours de Brossard, montre la cohérence et l'évolution de son œuvre (notamment vers la lisibilité), qui donne au mot « intime » une envergure insoupçonnée. Constamment « ouverte à tous les possibles », surtout à l'altérité, au autrement et à l'ailleurs, « cette poésie, nous dit Dupré, veut tout : une vision d'ensemble et un regard singulier, l'intellectuel et le sensible, le je et le nous, le passé et le futur, l'ici et l'ailleurs ».

Sensuelle, érotique, accueillante, positive, jubilatoire, désirante, la langue brossardienne est doublement curieuse : avide de . . .

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Le plaisir attendu est au rendez-vous. Dès les premières lignes, l'envoûtement agit : « Le phénomène des animaux parlants est relativement rare [...]. Quelques-uns de ces animaux vivent au Québec, notamment près d'Entrelacs, un petit village de la région de Lanaudière ». Que l'on soit encore jeune ou que le grisonnement ait respecté le goût du conte, la réaction sera la même : « Ne me dérangez pas, j'écoute l'histoire ! » Tant pis pour la raison raisonnante, le scepticisme et les vérifications oiseuses.

Lui-même doté de caractéristiques peu courantes, Renard Bleu profite de relations hors norme. Son père - taisez les questions cartésiennes - est camionneur. L'ours Gustave, le Canard Athlète, Bruno le squelette, la sympathique famille Fantôme, le docteur Culotte-Verte, autant de personnages qui se mettent à la disposition de Renard Bleu. Heureusement. En effet, rien n'étant parfait, même chez les animaux parlants, le récit accorde . . .

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Sur le ton de l'ironie et de la dérision, Aravind Adiga jette un regard caustique sur l'Inde du XXIe siècle dans son premier roman, Le tigre blanc (Man Booker Prize 2008). « En résumé, dit son héros Balram Halwai, il y avait autrefois mille castes et destins en Inde. De nos jours il ne reste que deux castes : les Gros Ventres et les Ventres Creux. Et deux destins : manger ou être mangé. »

Né dans l'humble caste des serviteurs et des confiseurs, Balram, surnommé « tigre blanc » en raison de ses qualités qui le font trancher sur ses congénères, décide un jour de retracer son ascension sociale dans une série de lettres. Leur destinataire : le premier ministre chinois Wen Jiabao, qui doit bientôt visiter l'Inde pour en apprendre davantage sur l'esprit d'entreprise des Indiens. Dans ces missives, notre héros se présente comme « le » modèle de la r . . .

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Nous avions déjà louangé un livre d'entretiens consacré à Gilles Vigneault (Comme un arbre en voyage, 2000) ainsi que son recueil de l'intégrale de ses paroles de chansons (Les gens de mon pays, 2006). Ici, le journaliste français Marc Legras consacre au grand poète de la chanson québécoise une biographie intelligente - sans être exhaustive - destinée d'abord à un lectorat européen qui ne connaîtrait pas la Côte-Nord, le sirop d'érable, les événements d'octobre 1970. Du début de l'âge adulte jusqu'à aujourd'hui, on découvre tous les métiers de Gilles Vigneault : d'abord enseignant, puis scénariste à la télévision de Radio-Canada, enfin compositeur et chanteur, mais aussi acteur au cinéma et éditeur.

On apprend beaucoup en lisant ce livre : sur ses études à Rimouski, ses années passées à Québec, les circonstances entourant la création de ses premières chansons . . .

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On connaît le verdict cruel assené par de Gaulle à un Pétain déboussolé : « La vieillesse, un naufrage... » En lisant le plus récent Elie Wiesel, une sentence comparable, elle aussi juste et meurtrière, vient à l'esprit. Julien Gracq en frappe les « livres manqués des grands écrivains qui, dans leur vieillesse, tentent de donner, sans y réussir, l'image d'une époque nouvelle qui n'est plus faite pour eux... » (En lisant en écrivant, 1980). On ne saurait manier le scalpel d'une main mieux dirigée. Wiesel laisse courir sur son erre une plume dont l'assèchement est manifeste.

Le sujet du Cas Sonderberg est si mince qu'on lit à travers lui l'ombre d'autre chose. Qu'un accusé, brandissant un cliché primaire, se dise « coupable et non coupable », cela, sans finesse, oriente l'attention vers la culpabilité qu'aucun tribunal ne peut apprécier avec pertinence, mais cela ne fait que perpétuer le . . .

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Par un bel après-midi à la mer, Pietro Palladini, producteur de télévision milanais, et son frère Carlo, célèbre designer, sauvent deux femmes de la noyade. Une description fort réussie nous montre un homme luttant contre les vagues et résistant à la femme paniquée qui l'entraîne constamment vers le fond.

Pendant ce temps, l'épouse de Pietro, Lara, est victime d'une rupture d'anévrisme. Le week-end de bonheur parfait se termine donc dans la douleur : un mari perd sa femme et une enfant de dix ans, sa mère.

Étonnamment, le père et la gamine poursuivent leur vie comme si de rien n'était... à un détail près : Pietro a décidé de travailler dans sa voiture, devant l'école de sa fille, où il passe désormais toutes ses journées. Voilà une réaction qui ne passe pas inaperçue ! D'abord, c'est la famille qui s'inquiète, puis les . . .

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Ce Groupe des huit n'est ni un regroupement déclaré de poètes, ni un courant, ni une école. Il représenterait plutôt un certain esprit issu de huit poètes choisis pour la création de cette anthologie. Ces univers poétiques différents nous mettent cependant en présence d'une langue commune, celle que l'on nommera la « langue de la poésie » qui, elle, n'a pas de frontières circonscrites ; c'est, véritablement, une « culture-horizon », pour reprendre la belle expression de Fernand Dumont. C'est dire que la culture poétique se présente à nous comme universelle, et cela, tout en conservant ses spécificités. Mentionnons que la plupart de ces poètes – provenant du Canada anglais, des États-Unis ou de l'Europe – vivent et œuvrent au Québec.

On nous dit, en présentation, que « le poème transcende la frontière de la langue [...] parce qu'il est une langue dans . . .

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« Le gouvernement du Canada lance une expédition pour retrouver les épaves historiques de l'expédition Franklin » : ce communiqué de presse, daté du 15 août 2008, témoigne de la volonté, toujours actuelle, de retrouver les épaves du HMS Erebus et du HMS Terror, les deux navires anglais dont il est question dans Terreur. Si le sort de l'expédition Franklin est peu connu à ce jour, Dan Simmons nous en propose une fascinante version combinant faits avérés et fiction.

Au milieu du XIXe siècle, sous le commandement de John Franklin et de Francis Crozier, 129 marins montent à bord du HMS Erebus et du HMS Terror, en quête du passage du Nord-Ouest. Dans Terreur, l'expédition se transforme rapidement en une incroyable et palpitante odyssée qui s'étend sur 67 courts chapitres. Habilement construite, la narration alterne les points de vue qui . . .

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Écologie, jeux de coulisses, hégémonie politique, sciences pures et appliquées, autant de mondes désormais imbriqués les uns dans les autres et dont les ambitions hésitent entre l'affrontement et les osmoses. En ce temps et plus encore pendant celui qui se profile, les vendeurs de pétrole fréquentent les fabricants d'armes, les laborantins se partagent entre la recherche à portée guerrière et les avenues socialement prometteuses, l'information oscille entre l'aération de la démocratie et les conditionnements inavouables... Autant de thèmes qui affleurent dans cet énorme roman de Frank Schätzing et vers lesquels l'auteur infléchit la réflexion. Le risque d'aboutir à une macédoine immangeable était grand ; il est bellement écarté.

Le titre unifie les différentes interrogations : les abysses océaniques cachent aujourd'hui encore plus de mystères que l'espace intersidéral et nul Hubble n'éclaire les grands fonds à plus de cent mètres de distance. D . . .

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Bien plus que l'art de manier la métaphore ou une quelconque maîtrise du rythme, la poésie, lorsqu'elle entrevoit et laisse entrevoir ses hauts sommets, n'est plus qu'une question de souffle. Celui, fort et fier, du vent, du vide, qui fait claquer entre elles les vertèbres du monde, fait vibrer l'ossature même du langage. En rééditant Le désert maintenant, certes l'un des plus beaux recueils d'Yves Préfontaine, les Écrits des Forges nous donnent l'occasion de nous rappeler que, depuis plus d'un demi-siècle à présent, l'œuvre du poète se tient et se maintient là-haut, à cette altitude quasi insoutenable où la beauté est à couper le souffle.

À la fois d'une tendresse et d'une violence inouïes, la parole, chez Préfontaine, n'est jamais complaisante. Elle s'abandonne au vertige de l'intelligence qui la tend, faisant d'elle cette corde raide où marcher, penser, exister . . .

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Le vent de la Lune poursuit le travail de mémoire de l'écrivain espagnol Antonio Muñoz Molina. Avec l'élégance et la chaleur qu'on lui connaît, il nous propose ici de revivre l'été de 1969, celui où l'homme marcha pour la première fois sur la Lune. Mais, pour l'adolescent qu'était alors le narrateur, cet été-là marque surtout la fin de « l'état de grâce de l'enfance », laissant entrevoir déjà les innombrables rudesses de l'âge adulte. Aussi le premier face-à-face avec la mort, les premières rêveries érotiques, les premières grandes lectures côtoient-ils une profonde remise en question des valeurs reçues (travail, famille, religion) et une non moins profonde difficulté de s'arracher à la douceur des flâneries d'écolier.

En fait, à travers la fascination de l'adolescent pour la mission d'Apollo XI, c'est tout son malaise, toute son hésitation entre désir . . .

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Publiés d'abord en 1987, 1990 et 1992, les trois romans donnent une éloquente idée du style et des perspectives de ce prolifique historien et conteur. La guerre occupe une place privilégiée dans son œuvre gigantesque, mais on aurait tort de réduire l'ensemble ou même ce trio à une chronique des tranchées, des collaborateurs ou du maquis. La stratification sociale dont Zola et Balzac, en leur temps, ont vertement dénoncé les méfaits, Miquel la constate dans la France du XXe siècle. Il la met en scène et l'analyse avec rythme, culture, lucidité. Elle sévit dans l'armée au point d'en tirer un décalque du pays usuel. Elle y maintient les privilèges de la naissance et répartit sans la moindre équité risques et tributs. Le noble, respectable ou baudruche, passe du salon à un poste de commandement, tandis que l'humble conscrit sert de chair à canon et de hochet . . .

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La poésie québécoise, Des origines à nos jours est devenu un passage obligé en poésie. Les lecteurs, nombreux, qui possèdent l'édition antérieure datant de 1986 (ou de 1990) devront à tout prix se procurer la nouvelle, revue et grandement augmentée. Sans se débarrasser de l'ancienne. Car, malheureusement, comme beaucoup de choses dans la vie, certains poèmes ont vu leur vie (publique) écourtée.

Dans leur premier regroupement, les anthologistes Pierre Nepveu et Laurent Mailhot, bien de leur temps, avaient fait une large place à une poésie plus hermétique et formaliste, une esthétique qui se révélera un peu moins importante vingt ans plus tard. On regrettera ou non les noms de Jean-Yves Collette, Michel Gay ou Jean-Michel Valiquette, mort à 19 ans, dont l'œuvre, « rageuse et visionnaire », disait-on, était « annonciatrice des nouveaux courants de la poésie québécoise qui se sont développés à partir de 1970 ». De Ren . . .

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Les grands espaces et les aventuriers qui les sillonnent exercent sans contredit une intense fascination sur Michel Le Bris ; en témoignent les titres de ses nombreux ouvrages : La fièvre de l'or, Les flibustiers de la Sonore, Pirates et flibustiers des Caraïbes, L'homme aux semelles de vent pour n'en nommer que quelques-uns. Dans La beauté du monde, il nous invite à marcher sur les pas d'un audacieux couple du siècle dernier, Osa et Martin Johnson, auquel il a d'ailleurs consacré un album au titre évocateur : Africa, images d'un monde perdu.

Voilà un livre ambitieux, mi-roman, mi-récit de voyage, qui met d'abord en scène Winnie, auteure d'un récit pour adolescents et d'un conte animalier. Impressionnée par ces deux publications, Osa Johnson souhaite qu'elle l'aide à r . . .

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Sur une île du Pacifique où la nature a été particulièrement généreuse, sévit une guerre civile sanglante. Un Blanc, le seul du village, fait la classe à un groupe d'enfants noirs. Garder l'école ouverte est une façon comme une autre de faire comme si la vie était normale. Mr Watts, jusque-là tenu pour un original un peu simple d'esprit, commence la lecture à voix haute des Grandes espérances, de « Monsieur » Dickens. Bientôt, Mister Pip (le personnage principal) deviendra pour Matilda (la narratrice) et ses compagnons un être à part entière, à qui ils s'identifient complètement malgré le décalage géographique et temporel. Avec leur instituteur, ils commentent ses actions sans craindre de les remettre en question et s'interrogent sur ses motivations en se demandant comment ils auraient agi à sa place. Le personnage devient dès lors plus important pour eux que les ancêtres dont ils sont censés honorer la mémoire. Plus . . .

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Nous voici devant une belle œuvre, issue de la tradition littéraire franco-ontarienne souvent représentée par Jean Marc Dalpé, Andrée Christensen, Robert Dickson et l'incontournable Patrice Desbiens. Ce texte se présente comme un long « récit-poème » - la suite de strophes forme l'armature d'une narration qui se lit comme une histoire - se ramifiant en diverses avenues, cependant centré sur l'effritement identitaire de l'héroïne-narratrice. Elle vient de perdre un frère alors qu'elle entame une relation amoureuse houleuse, plutôt étrange : un foisonnement de postures existentielles émergera de celle-ci.

Ce récit est concis, percutant et illustré de très belles photographies d'Angelo Barsetti, qui représentent bien l'esprit de grande lucidité, de désolation pesant sur l'œuvre. La narratrice se sentira totalement « étrangère » à elle-même. Une sorte de passivité de l'être, quand même parcourue d'éclats plus que vivaces, ne rassure guère... car elle conduit à la . . .

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L'écriture de Michel Folco est rocambolesque, truffée d'images fortes, farcie de mots inusités. Particulièrement déconcertante, elle ne peut laisser indifférent : on la déteste cordialement ou on en savoure la macabre insolence. Même le mal se fait bien est son quatrième roman, aussi irrévérencieux, cruel et immoral que les autres. L'essentiel de l'action se passe à la charnière des XIXe et XXe siècles et l'intrigue exploite de façon ironique l'engouement pour les sciences qui caractérise cette époque.

Marcello Tricotin, instituteur peinard, néglige sa classe et sa famille pour consacrer le meilleur de son temps à son élevage d'insectes. À cause des caprices du testament de son père, un médecin hypocondriaque rongé de remords, Marcello doit quitter son paisible village du nord de l'Italie pour se mettre sur la piste d'un demi-frère dont il ignorait . . .

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Jean-Paul Enthoven est un journaliste et un critique français qui vient de publier un quatrième livre chez Grasset : Ce que nous avons eu de meilleur. Tout en rendant hommage, avec le titre de ce roman autobiographique, à L'éducation sentimentale de Flaubert, il s'intéresse à la fin de la jeunesse, cette période où l'on « n'escompte plus de grands bouleversements intérieurs ou extérieurs ». Le narrateur, qui réussit à être émouvant malgré l'aspect futile de son univers, raconte les moments qu'il a passés dans un palais marocain appartenant à son meilleur ami (Lewis, un personnage en qui le lecteur reconnaît le flamboyant Bernard-Henri Lévy).

Il faut souligner, tout d'abord, l'importance du décor exotique de la Zahia (qui signifie « joie » en arabe), nom du palais en question ; Paul et Talitha Getty, ainsi que leur successeur Alain Delon, en ont fait autrefois une oasis de volupté et de plaisirs pour . . .

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Après la réédition de La chronique des Pasquier il y a dix ans, Omnibus a eu l'excellente idée de remettre sur le marché Vie et aventures de Salavin, titre générique qui regroupe cinq romans parus pour la première fois entre 1920 et 1932. En outre, l'éditeur a pris l'heureuse initiative d'ajouter une nouvelle du recueil Les hommes abandonnés (1921), dans laquelle nous trouvons un épisode important de la vie de Salavin, et un bref essai, Vie et mort d'un héros de roman, où Georges Duhamel explique la genèse de son personnage.

Cette réédition en un seul volume est un véritable événement, l'occasion inespérée de redécouvrir une œuvre essentielle, emblématique de la misère morale qui caractérise tout un pan de la production fictionnelle des années 1920 ; sans compter que le . . .

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Voilà une idée éculée que de dire que la lecture - ou l'écriture - fait voyager. Ici, pourtant, elle prend un aspect nouveau. La plus grande force de ce recueil est sans doute l'osmose créée entre le voyage, au sens premier du terme, le déplacement en avion, et le désir de se (re)trouver ailleurs par l'écriture, ou d'aller au bout de soi-même, comme le dit la poète. Mais nous nageons encore en plein cliché. La qualité d'un livre réside surtout dans sa façon, et cette façon, chez Hélène Dorion, approche du grand art. Difficile de cacher mon admiration pour cette poète qui s'est logée, de l'avis de plusieurs, aux côtés des Jacques Brault et autres Gaston Miron. Depuis 1983, Hélène Dorion a publié une quinzaine de recueils dont Ravir : les lieux, pour lequel elle obtenait en 2005 le prestigieux prix Mallarm . . .

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Fête de l'imagination, de la culture et du ludisme, Le projet Syracuse, premier roman de Georges Desmeules, est l'un des récits québécois les plus réussis à s'inspirer de Jorge Luis Borges. Un exégète tapi dans l'ombre entreprend de narrer les tribulations d'un mathématicien nazi, Wolf Habermann, alias Thomas Lewis, devenu espion et conspirateur aux États-Unis afin de ralentir les recherches scientifiques des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Le projet fou que cet espion met en place prend appui sur la passion nationale pour le baseball, et le roman ne cesse alors de lier ce sport à la mythologie américaine (qui n'exclut pas le Québec) par une figure constante, celle de la régénération et du passage. C'est dire comment une histoire fictive parvient à amalgamer l'ensemble de la vie intellectuelle étatsunienne du XXe siècle.

L'intérêt du roman tient aux . . .

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Françoise de Luca est d'origine italienne. En 2000, après avoir vécu de nombreuses années en France, elle s'est établie à Montréal. Vingt-quatre mille baisers est son deuxième livre, le premier à paraître aux éditions Marchand de feuilles. Dès les premières pages de ce recueil de neuf nouvelles, le lecteur est invité à entrer dans un monde d'introspection, de voyages et de réminiscences. Le premier texte, qui donne son titre au livre, témoigne ainsi de l'éveil de la sensibilité linguistique d'une petite fille dont la langue maternelle est l'italien, et qui doit faire son entrée dans un monde où l'on parle français. Avec un ton discret, « Premier amour » relate le souvenir d'une histoire sentimentale entre deux jeunes filles. « Les pommes de René Char », qui est peut-être le texte le plus réussi du recueil, met en scène deux étudiantes qui s'aventurent sur la propriét . . .

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« Tu es à la morgue. » Cet incipit donne le ton du dernier roman de Robert Coover, un polar qui, tout en étant une synthèse du genre, est tout à fait atypique. D'une part, le livre récupère les clichés des romans policiers et des films noirs des années quarante et cinquante. Comme les œuvres dont il s'inspire, il offre une vision assez sombre de l'Amérique. D'autre part, la manière de traiter tous ces éléments amène le lecteur sur un terrain différent de ceux qu'explorent un Raymond Chandler ou un Fred Vargas. Le style, qui inclut la narration à la deuxième personne (comme chez Michel Butor), n'est pas sans rappeler les écrivains du Nouveau Roman dont l'auteur de Noir s'est déjà réclamé.

On remarque très rapidement, d'ailleurs, que rien ne progresse de façon conventionnelle dans le récit. Le héros, un détective que Coover a . . .

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Un récit d'à peine 90 pages, de courts paragraphes et aucun chapitre. Un roman d'une étrange dualité. Dans La main de Dieu, il y a « je », comme dans « J'ai quinze ans » et « Je n'ai pas de photos de mon amant, ni de lettre, aucune trace ». Et puis il y a « elle », comme dans « Elle n'ira plus jamais seule au lycée » et « Elle n'arrive pas à se taire. Si elle se tait, elle va se mettre à l'aimer comme un animal fidèle ou un enfant perdu ».

Quand l'héroïne sans nom de Yasmine Char est-elle « je » et quand est-elle « elle » ? Quelles pensées schizophréniques habitent la narratrice, tiraillée entre plusieurs cultures ? Un côté romanesque un peu fleur bleue cède le pas à une étonnante maturité et parfois, à une brutalité guerrière. Une grande confiance en La main de Dieu, justement, qui sera déçue : « Elle avait été si naïve [ ] elle . . .

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Tout au long du dernier roman de Jean-François Beauchemin, Ceci est mon corps, un homme hors du commun, Jésus âgé de 84 ans, se fabrique une aube acceptable en formulant au fil de la nuit le récit de sa vie. Vie publique, vie de l'esprit, surtout vie intime. La mort imminente de Marthe, la femme aimée, a favorisé cette confession et son coma en facilite le dévoilement. De par son expérience, son érudition et la teneur de sa réflexion, le personnage force le lecteur à plus de concentration. Il livre une pensée nourrie de sensations, de savoirs, une pensée ramifiée et riche. Les références historiques y abondent et alourdissent parfois le récit. Heureusement, les images et la perspective poétique adoptée nous ramènent toujours, sans effort, à l'essentiel de son propos : la préséance accordée au corps, aux sédiments de souffrance ou de . . .

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Une nuit comme tant d'autres, au cœur de Bruges, deux brigadiers patrouillent. Petitjean, naïf et pas très futé, s'épanche auprès de son collègue Versavel. Son mélo insipide, qui n'intéresse nullement Versavel, a le mince mérite de l'aider à tuer le temps. Pendant ces vains palabres, à la bijouterie de Ghislain Degroof, un étrange délit est commis : tous les précieux bijoux ont disparu sans toutefois être volés ! Versavel et Petitjean, qu'un heureux hasard mène devant la vitrine du renommé commerce, constatent rapidement que la vitrine est vide, tout comme le reste du local. Quelques jours plus tard, on kidnappe Bertrand, jeune fils du même Degroof. De toute évidence, la puissante famille Degroof est victime d'une vengeance. Commence alors une enquête, tortueuse et peu orthodoxe, qui sera menée par le commissaire Pieter Van In, début quarantaine, carrière bien entamée aux méthodes rodées mais discutables, aidé par . . .

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Depuis une première monographie illustrée lui ayant été consacrée en France dans la très belle collection « Poètes d'aujourd'hui » chez Seghers en 1964 (sous la plume de Luc Bérimont), on trouve une dizaine d'ouvrages consacrés à Félix Leclerc (1914-1988).

L'essai de Ginette Pelland part d'une synthèse de diverses sources et de commentaires afin d'analyser successivement les écrits autobiographiques, puis les œuvres théâtrales, romanesques, poétiques de notre célèbre poète, en plus de présenter ses essais et plusieurs des chansons. Les passages les plus intéressants racontent la genèse de « Notre sentier », composée en 1934, et de plusieurs autres chansons - les « classiques », comme « Le Petit Bonheur », mais aussi les chansons moins connues.

Félix Leclerc, écrivain du pays n'est pas tout à fait une biographie, ni une étude systématique sur le nationalisme québécois ; les œuvres sont mises en perspective selon leur contenu, les . . .

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Fin connaisseur du monde culturel français et analyste vigilant de ses complaisances comme de ses fièvres, l'auteur distingue utilement crise et échec. Autant la crise peut s'avérer bénéfique, autant les interventions irréfléchies ou mal ciblées enlisent un pays dans l'inculture au lieu de l'en tirer. Exemples d'interventions amortissant les crises et conduisant à l'échec ? Elles portent, d'après Antoine de Baecque, les noms de deux fringants ministres associés à la culture : André Malraux et Jack Lang. Leurs règnes n'ont manqué ni de ressources ni d'inspiration, mais ni l'un ni l'autre n'ont su harmoniser l'ambition et le travail à la base. « 68 démontre in fine que culturellement, le 'grand projet' de Malraux n'était qu'un colosse d'argile, une politique de la grandeur sans véritable fondation. » De façon analogue, Lang dissocie discours et réalité. « Ce verbe lyrique nous paraît certes, avec le recul . . .

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S'adressant aux enseignants du secondaire et du collégial, mais surtout à ceux du secondaire, cet ouvrage est écrit par une professeure de didactique du français de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il s'agit du sixième titre à figurer dans la collection « Voix didactique » dirigée par François Lepage. Le contenu de ce « cahier d'accompagnement » se développe autour de deux œuvres du romancier pour la jeunesse Robert Soulières, soit Le visiteur du soir (1980) et Un cadavre dans la classe (1997). Noëlle Sorin, à la faveur d'une démarche qui puise à même des notions de poétique et de narratologie, y étudie les romans de Soulières d'une manière accessible et bienveillante, avec le constant souci de bien se faire comprendre. Sans jamais simplifier à outrance ou galvauder les concepts théoriques qu'elle utilise, évitant de tourner les coins ronds, elle montre un réel talent pour . . .

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On associe souvent la multinationale Monsanto aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Pourtant, s'il est vrai que cette entreprise d'origine américaine tire maintenant la plus grande part de ses revenus des OGM et de l'herbicide Roundup, elle s'est déjà fait connaître par la commercialisation de plusieurs autres produits tout autant controversés. En effet, Monsanto a été impliquée dans la fabrication du DDT, un insecticide puissant et dans celle de l'agent orange, un herbicide dévastateur ayant acquis une sinistre réputation au cours de la guerre du Vietnam. Elle a également produit des BPC (biphényles polychlorés), substances utilisées comme réfrigérants et lubrifiants et qui se sont révélées hautement toxiques. Plus récemment, elle a commercialisé une hormone de croissance bovine qui stimule la production de lait chez les vaches, dont l'utilisation est contestée à cause des mammites et des traitements répétés aux antibiotiques qu'elle provoque . . .

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En 1855, lorsque le commandant Paul-Henri Belvèze, commandant de division navale de Terre-Neuve, appareille la corvette La Capricieuse en direction de la ville de Québec, sa mission est d'ordre commercial, avec trois objectifs bien précis : établir un consulat à Montréal, alléger des droits de douane sur certaines exportations françaises et obtenir l'entrée en franchise au Canada des morues françaises. Deux ans auparavant, lorsqu'il avait soumis ce projet à ses supérieurs, la France, sous la gouverne de Napoléon III, effectuait un rapprochement avec la Grande-Bretagne, jusqu'à être son alliée durant la guerre de Crimée. Quant aux échanges commerciaux, hautement importants pour la France qui considérait les avantages inhérents à une alliance avec le puissant Royaume-Uni, bien que loin d'être idylliques, ils étaient promis à un bel avenir. Le ministre de la Marine, conscient du délicat travail qui doit être entrepris pour renforcer les liens avec Londres, donne le feu vert . . .

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On nous promettait une histoire de sentiments, mais c'est plutôt d'un hommage posthume qu'il est question ici, la médaille de bravoure qui ne fut jamais donnée. Je ne sais si l'acte de Stanislas Déry est aussi héroïque qu'on l'affirme, mais il est certainement exemplaire : le 27 décembre 1944, le capitaine en second de la corvette canadienne le St. Thomas ordonne de repêcher les survivants d'un sous-marin qu'il vient de grenader. N'écoutant que sa conscience, Déry donne vêtements et nourriture aux sous-mariniers, commande à son équipage de les traiter comme des égaux, et va même jusqu'à partager sa cabine avec son homologue, l'Oberleutnant zur See Peter Heisig. Déry sera gentiment réprimandé par ses supérieurs pour avoir fraternisé avec l'ennemi. Ces naufragés, soit dit en passant, ne recevront pas le même traitement par les Britanniques une fois arrivés en Angleterre, ceux . . .

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D'octobre 1994 à octobre 2007, David Lonergan a rédigé 804 chroniques littéraires, publiées pour la plupart dans L'Acadie Nouvelle, l'unique quotidien francophone du Nouveau-Brunswick. Dans une anthologie qui emprunte son titre à la rubrique du journal où ils sont principalement parus, il regroupe aujourd'hui quelque 120 de ces textes, choisis parmi « ceux qui [lui] apparaissaient comme ayant une pertinence tant par leur forme que par leur sujet ». S'ébauche ainsi un « portrait intuitif, parcellaire, fragmentaire » des œuvres d'une soixantaine d'auteurs, que l'éditeur présente avec raison comme une « vivante initiation à la littérature acadienne contemporaine ». Les Antonine Maillet, Herménégilde Chiasson, Serge Patrice Thibodeau, France Daigle et autres Dyane Léger y côtoient des écrivains moins connus comme Georges Bourgeois, Christian Brun, Brigitte Harrison, Simone Rainville et Cindy Morais.

De façon générale on trouve dans les commentaires de David Lonergan une présentation de l'auteur, un compte rendu et une mise . . .

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La maison d'édition Alphée - Jean-Paul Bertrand (auparavant Alphée), créée en 1972, tient son nom du dieu-fleuve qui, dans la mythologie gréco-romaine, a été détourné par Hercule pour nettoyer les écuries du roi Augias. L'éditeur se donne pour mission générale de publier des ouvrages favorisant l'élévation sur le plan spirituel. Ce faisant, il se propose d'apporter des réponses aux grandes interrogations de notre temps.

Casse-toi pauv' con, Le vrai-faux journal de Nicolas est sans doute quelque peu en marge de la philosophie dont se réclament les éditions Alphée - Jean-Paul Bertrand. L'auteur, Thierry Leguay, est professeur de lettres dans un lycée du Mans. En s'inspirant des nouvelles et des reportages parus dans les médias, il a conçu un journal fictif qu'aurait pu tenir Nicolas Sarkozy au cours des mois de janvier et de février 2008. Dans une forme se voulant . . .

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Si ce n'était de mettre à mal sa grande humilité, on aimerait voir Ryszard Kapuscinski figurer dans un éventuel panthéon du journalisme. Cette fausse gloire posthume - il est mort en 2007 à l'âge de 75 ans - lui siérait d'autant moins que, vivant, il avait pour règle de n'accepter « ni titres, ni postes, ni fonctions ». Rien cependant ne nous interdit de profiter de son héritage. Les extraits d'entretiens, de discours et d'allocutions qui composent Autoportrait d'un reporter forment une sorte de testament où Kapuscinski évoque son parcours, rappelle les grands principes qui ont réglé sa conduite professionnelle et jette un regard critique sur le journalisme actuel.

On s'en doute, ce n'est pas avec ses dépêches comme correspondant d'une obscure agence de presse polonaise que Kapuscinski s'est fait un nom dans le monde des lettres. C'est plutôt à des livres comme Le négus (sur la chute . . .

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Michel Henry, considéré comme l'un des penseurs français les plus importants de la seconde moitié du siècle dernier, nous présente Marx comme « l'un des plus grands penseurs de tous les temps ». Les trois textes de l'essai Le socialisme selon Marx constituent, en fait, une introduction à la lecture de Marx qui, malgré l'énorme influence qu'il a eue sur le cours du monde, serait grandement méconnu. On nous invite ainsi à distinguer la pensée vivace, vivante incluse dans la philosophie « marxienne » des idéologies et régimes « marxistes » sclérosés. Que l'on pense au marxisme-léninisme ou au marxisme soviétique qui ne plaçaient point l'« individu vivant » au centre de leurs préoccupations. De cette manière, Michel Henry a pu s'attirer les foudres des penseurs « marxistes » redevables au socialisme dit « scientifique ». Ce qui a, d'ailleurs, été le cas de bien des marxiens du vingtième siècle : on pensera à Henri . . .

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Ce livre attachant rassemble une centaine de lettres intimes et familiales de Jean Giono (1895-1970), connu ici pour sa nouvelle « L'homme qui plantait des arbres » (1954), qui fut adaptée au cinéma par Frédéric Back. Cette correspondance inédite est annotée par la seconde fille du romancier, Sylvie Durbet-Giono, et paraît dans la collection « Haute enfance », spécialisée dans les écrits de jeunesse ou les fictions à propos des jeunes.

Plusieurs des premières lettres reproduites ici sont rédigées par le jeune Giono, qui s'adressait tendrement à ses parents en les appelant « mes deux vieux chéris ». Une sélection a été opérée, puisqu'au départ, Giono avait rédigé plus de 500 lettres seulement à ses parents. Certaines années (1954-1956) ne sont pas du tout couvertes dans ce livre. De plus, les réponses reçues par Giono n'y figurent pas. Dans la première moitié du recueil, le futur écrivain raconte son quotidien . . .

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Lorsqu'un romancier québécois utilise le joual, ou qu'un écrivain martiniquais fait appel au créole, pour qui le fait-il ? À qui s'adresse-t-il ? De même, comment penser cette relation complexe existant entre les écrivains de la francophonie hors France et le modèle tout-puissant suggéré par l'Hexagone ? Par quels moyens ces femmes et ces hommes de lettres du monde entier peuvent-ils échapper, en utilisant les marques du français qui leur sont propres, à une forme de littérature péjorativement folklorique ? Professeure québécoise, Lise Gauvin s'intéresse depuis longtemps aux rapports entre l'écriture, la poétique et la langue comme moyen d'engagement social. Dans ce nouvel ouvrage, elle s'interroge à propos des stratégies mises en œuvre par les écrivains des diverses littératures de langue française pour entrer en contact avec un public à la fois complexe et protéiforme, un public composé de lecteurs issus du pays d'origine, mais aussi de . . .

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Umberto Eco est moins connu comme traducteur que comme romancier et théoricien de la sémiotique. Les spécialistes savent toutefois qu'il a traduit en italien Exercices de style, de Raymond Queneau, et Sylvie, de Gérard de Nerval, deux exercices redoutables, mais qui donnent, lorsqu'on examine le résultat, une assez bonne idée de l'idéoscopie articulant cet ouvrage-ci consacré à la traduction. Reprenant le néologisme de Charles Sanders Peirce, je veux dire par là que la thèse développée par Eco dans Dire presque la même chose s'appuie sur l'idée selon laquelle traduire consiste pour le traducteur à prendre en compte la manière dont on décrit et classe les idées appartenant à l'expérience ordinaire du monde ou qui surgissent en relation avec cette expérience.

Tout porte donc justement sur ce presque, ce qui met d'embl . . .

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Les historiens militaires décomposent la guerre des temps modernes en quatre générations. La première reposait sur les combats d'armées équipées de mousquets ou de fusils à pierre, illustrée par les guerres napoléoniennes. La deuxième génération vint avec la puissance de feu que permit la révolution industrielle, la ligne Maginot représentant l'apogée de ce moment. Vint ensuite la génération qui alliait innovation tactique et efficacité logistique, tel le Blitzkrieg. Quant à la quatrième génération (« G4G »), qui se développe au XXIe siècle, il n'est plus question de guerres entre États, mais entre une armée aux moyens démesurés, les « Forts », et une guérilla, les « Faibles ».

Toutefois, contrairement aux guerres des trois générations précédentes, la G4G est caractérisée par l'absence d'affrontement direct, qui serait inévitablement à l'avantage des Forts. La stratégie des Faibles . . .

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Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Pour toute une génération, la salle de spectacles Le Rising Sun de Montréal aura été le temple de la musique afro-américaine, et ce, à partir de 1975. L'auteur de ce livre, mieux connu sous le nom affectif de Doudou Boicel, en a été le propriétaire et le promoteur dévoué. Cette salle de spectacles était située au 286, rue Sainte-Catherine Ouest, au coin de la rue Jeanne-Mance.

L'histoire de ce lieu presque mythique se confond avec le récit autobiographique proposé ici par Rouè-Doudou Boicel : ses origines dans la Guyane française, son bref séjour à Paris, puis son arrivée à Montréal en 1970, à une époque où les boîtes de jazz, naguère florissantes, y disparaissaient progressivement. À lui seul, Rouè-Doudou Boicel contribuera à faire revivre la musique afro-américaine sur la scène montréalaise, en invitant les pr . . .

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Onze chercheurs du milieu universitaire regroupent leurs voix dans cet essai troublant et richement documenté pour mettre en garde contre la montée du masculinisme.

Loin d'être un mouvement d'évolution sociale portant un message de justice et d'égalité, le masculinisme est plutôt un contre-mouvement aux visées régressives : toute émancipation, telle celle conquise par les femmes en Occident, entraîne une réponse contre-révolutionnaire de la part des anciens maîtres qui se mobilisent pour récupérer leurs prérogatives perdues.

De l'instrumentalisation des enfants par des conjoints violents qui veulent conserver leur emprise sur l'épouse en cas de divorce jusqu'aux poursuites quérulentes contre des politiciennes et des chercheuses féministes, les masculinistes ne manquent pas de tactiques pour faire taire les propos qui ne cadrent pas avec leur vision des faits.

Pourtant, l'essence du discours masculiniste s'avère mince, ne consistant souvent qu'à opposer moqueries et agressions verbales (il suffit . . .

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Dans Chagrin d'école, Daniel Pennac dévoile son passé de cancre. Nous avons été surpris ou ravis de cette confidence, selon que nous étions jadis élève modèle ou rêveur inadapté. Mais un autre secret nous est révélé dans le bulletin de l'élève Pennac.

Une remarque en apparence anodine qu'un professeur a inscrite en appréciation de l'enfant dans la matière arts plastiques : « Dessine partout sauf dans la classe ». C'est cet autre talent que le beau livre Écrire permet de découvrir aujourd'hui. Un magnifique doublé.

Daniel Pennac, créateur de la mythique tribu Malaussène tant aimée, est en 2008 le dixième lauréat du Grand Prix Metropolis bleu. Le thème du festival, « L'invitation au voyage – On the road – Invitacion a viajar », sied à l'écrivain français d'origine corse, né à Casablanca en 1944, qui grandit en . . .

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Ce journal relate le voyage à travers l'Amérique latine de Che Guevara et de son ami Alberto. Au départ, il ressemble à tous ces voyages que les jeunes entreprennent avant la fin de leurs études pour voir le monde, mais on sent déjà leur désir de ne pas vivre dans la routine et la vie sans histoire de la bourgeoisie. On les sent exaspérés par toutes les tracasseries administratives qui se multiplient dans les pays qu'ils visitent, eux qui rêvent de liberté.

Comme on connaît déjà la vie du Che, l'histoire de ces deux jeunes en mal d'aventure nous semble bien banal, on les voudrait tout de suite plus émus du sort réservé aux Indiens, aux ouvriers qui travaillent très dur dans les mines, qui sont mal payés et exploités, et à tous ceux qui vivent dans les bidonvilles.

Très vite abandonnés par leur vieille motocyclette dénommée Ponderosa, qui veut dire La . . .

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Dans la première moitié du XXe siècle, à cause de la valeur symbolique des villes dans l'esprit des artistes et du public canadien, leur goût pour le paysage rendait inintéressantes les images que pouvaient suggérer les grandes métropoles comme Montréal. Pourtant, dans les années trente et quarante, à Montréal, les peintres juifs ont fait de la ville et de la vie urbaine les sujets dominants de leur production. Les raisons de ce fait sont diverses et peuvent être recherchées dans les domaines socioéconomique et politique mais aussi, et pourquoi pas, dans le domaine de l'esthétique pure. L'exposition Peintres juifs de Montréal, Témoins de leur époque 1930-1948 nous en apporte la preuve.

Pour accompagner cette exposition, les éditions de L'Homme ont réalisé un catalogue richement illustré avec un texte clair et méthodique d'Esther Trépanier sur les peintres juifs et la modernité, texte publié initialement en . . .

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Être le fils unique de l'icône Susan Sontag, écrivaine et essayiste, était déjà une mission difficile. Est-ce pour mieux combattre ses ultimes démons que David Rieff a voulu raconter l'inéluctable mort de sa mère ? L'ambiguïté du sous-titre anglais – A Son's Memoir – évoque autant le souvenir ému qu'a un fils des derniers moments de sa mère qu'une thèse universitaire de ce même fils sur le sentiment d'impuissance de qui accompagne un mourant. Les émotions à fleur de peau s'entremêlent à la froide analyse.

Regrets et remords. « Je ne suis que trop conscient de ce que la culpabilité a d'inévitable, chez qui examine ce qu'il a fait ou non pour un disparu qui lui est cher. » Le questionnement philosophique de Rieff nous atteint en plein cœur, car nous avons tous été et nous serons tous confrontés à ce dilemme. L'écrivain pose clairement le problème . . .

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Si son roman La bataille (Grasset), qui racontait l'engagement militaire d'Essling, lui a valu le prix Goncourt et le grand prix de l'Académie française en 1997, c'est surtout comme satiriste et comme auteur de pastiches que Patrick Rambaud s'est taillé une réputation dans le monde des lettres françaises. Son dernier opus à nous parvenir, Chronique du règne de Nicolas 1er, est de cette veine-là. Rambaud explique que c'est pour lutter contre la dépression qu'a causée en lui l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République qu'il a écrit cette pochade à la manière de Saint-Simon racontant le règne de Louis XIV.

« Raconter ce qui arrive tous les jours comme si ça s'était passé il y a trois siècles, donner de la fausse noblesse à ce qui n'en a aucune provoque souvent un effet comique, écrit Rambaud . . .

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De par sa persévérance dans l'étude de la radio québécoise, Pierre Pagé est mieux placé que quiconque pour porter un jugement sur cet univers. Il le fait avec clarté et mesure, sans complaisance, multipliant les pages éloquentes sur la fécondité des premières décennies du phénomène. La suite des choses ne suscite ni chez lui ni chez son lecteur le même enthousiasme. Le contraste est, en effet, marqué et même scandaleux entre ce qu'a présenté la radio pendant plus d'un demi-siècle et le fouillis bruyant et mercantile dont se satisfont aujourd'hui le Conseil de la radio diffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et les versants privé et public du domaine. Au départ, la radio assumait ses responsabilités culturelles ; depuis quelque temps, la cote d'écoute et le dividende financier s'imposent comme contraintes dominantes. « Primauté de l'économie, intensification de la consommation, recherche intensive du divertissement, la radio n . . .

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Dans leurs récits de voyage en Asie, les Occidentaux ont longtemps colporté une représentation ethnocentrique de leur culture. Il en est tout autrement depuis la seconde moitié du XXe siècle alors que les voyageurs écrivains partent pour mieux se décentrer et se dépayser, voire pour mieux apprendre à désapprendre. On se rappellera la fameuse remarque de Nicolas Bouvier : « Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi ». Dans le récit de son voyage de cent jours au Viêt Nam en compagnie de sa conjointe et de leur fils de onze ans, Alain Olivier ne fait pas exception à la règle. Son discours contre-ethnocentrique et antitouristique n'a d'égal que son désir de mieux (re)connaître l'Autre. On assiste en fait à une forme d'inversion des rôles, les préjugés anciennement projetés sur l'Asiatique étant maintenant attribués aux Occidentaux. À nous le . . .

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L'histoire de l'Inde tarde d'autant plus à dégager ses lignes de force qu'elle ne présenta longtemps aucun intérêt pour la population indienne. Marquée par la placidité hindouiste, l'Inde se jugeait hors du temps et valorisait la constance plus que les bornes kilométriques. Il faudra l'entrée en scène des commerçants musulmans pour que noms, dates, changements viennent ponctuer le temps et étoffer le récit historique. C'est seulement sous la domination britannique que l'Inde sera soumise aux recensements, relevés statistiques et autres codifications qu'affectionne la modernité et qui fondent le pouvoir des bureaucraties. L'histoire religieuse souffre de flottements plus amples encore. Les spécialistes distinguent une phase védique marquée par les rituels pratiqués par les brahmanes et requis par les détenteurs du pouvoir, une deuxième phase qui répand le culte de Vishnou et de Shiva et une troisième qui coïncide avec les . . .

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Les frontières de la Nouvelle-France ne s'arrêtaient pas aux limites actuelles du Québec ou du Canada, mais couvraient un territoire beaucoup plus vaste, comprenant plusieurs États des États-Unis, de la vallée du Mississipi jusqu'à la Louisiane. Une quinzaine de spécialistes de l'Amérique du Nord française évoquent successivement les différents types de présence francophone en Amérique : les descendants des premiers immigrants francophones du Midwest, ou encore ceux qui sont partis chercher « un ailleurs meilleur » en Nouvelle-Angleterre au XIXe siècle, mais aussi ces retraités québécois (parfois surnommés les snowbirds) vivant depuis les années 1930 dans le Floribec. Toutefois, les pages les plus passionnantes témoignent des pionniers français trop vite oubliés qui ont fondé des régions entières du Dakota, du Missouri, du Kansas, de l'Oregon.

En outre, certains des auteurs soulignent un fait trop souvent négligé : l'usage du fran . . .

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Au moment où il effectuait les recherches qui allaient mener à la rédaction des Bienveillantes (Gallimard, 2006), Jonathan Littell est tombé sur les écrits de Léon Degrelle, qui fut la figure la plus célèbre du fascisme belge dans les années 1930 et 1940. Sorti des rangs de la presse catholique, doté d'une brûlante ambition politique, Degrelle mit sur pied une légion fasciste wallonne qui fut intégrée pendant la guerre aux légions de la Waffen-SS allemande. Décoré par Himmler puis par Hitler, il fera la guerre sur le front de la Russie, s'enfuira en Espagne à la fin des hostilités et y mourra en homme d'affaires prospère en 1994.

À partir desonlivre La campagne de Russie, dans lequel Degrelle raconte sa guerre sur le front de l'Est, Littell tente de mettre au jour la structure mentale de son auteur en s'inspirant de l'approche du . . .

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Jack London est l'auteur américain le plus lu dans le monde. Pourtant, la biographie proposée par Jennifer Lesieur est la première d'une auteur francophone. Il n'y avait eu, auparavant, que quelques traductions plus ou moins réussies. Dans son ouvrage, la biographe retrace fidèlement et en détail la vie de cet écrivain très prolifique, malgré sa brève existence - il est mort à 40 ans. Né en 1876, et ayant grandi dans la misère, Jack London a connu très tôt le travail abrutissant et mal payé. Cela a fort probablement contribué à faire germer en lui les convictions socialistes qui l'ont accompagné tout au long de sa vie.

En plus d'être auteur, London a été, entre autres, ouvrier, pilleur d'huîtres, vagabond, marin, chasseur de phoques, chercheur d'or, blanchisseur, journaliste, rancher. Plusieurs de ces expériences lui ont été sources d'inspiration et lui ont permis de bâtir une œuvre dense et vari . . .

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Parmi les ouvrages parus autour du centenaire de la mort de J.-K. Huysmans (1848-1907), deux titres publiés chez Bartillat se démarquent : une monographie de Patrice Locmant, de même que la première édition intégrale des écrits sur l'art de Huysmans.

J.-K. Huysmans, Le forçat de la vie a remporté la Bourse Goncourt de la biographie 2007. Il ne s'agit pourtant pas d'une biographie conventionnelle, mais d'un portrait. Locmant retrace les étapes essentielles de la vie du romancier naturaliste et décadent en se concentrant sur son profil de chercheur d'absolu toujours déçu. L'apport capital de Huysmans à la modernité littéraire et artistique y fait l'objet d'une solide mise en lumière. Toutefois, le lecteur déjà familier avec les romans de Huysmans risque de profiter davantage que le néophyte de ce magnifique petit ouvrage. Du Paris canaille au calme de Ligugé (abbaye), Locmant nous entraîne dans les . . .

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À côté de ses grands mérites, ce livre comporte plusieurs aspects déroutants. Le survol des exactions commises par l'occupant français aux dépens des Algériens reprend, avec une fidélité équivoque, les informations déjà présentées par Assia Djebar (L'amour, la fantasia, Lattès, 1985). Non dans le mot à mot d'un plagiat, mais dans les similitudes avec une recherche établie ailleurs et interceptée au passage. Certes, l'objectif n'en est que mieux atteint, puisque les preuves soumises au lecteur bénéficient d'un double endossement, mais un doute persiste : ces informations font-elles aujourd'hui partie d'un survol largement diffusé du passé colonial de la France ou Hadjadj marche-t-il un peu trop aisément dans les traces d'Assia Djebar ? J'ai bien dit doute et non verdict de culpabilité.

Ce doute abandonné sur la touche, le récit offert par Hadjadj suscite l'admiration et la reconnaissance. La . . .

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Dans l'histoire de la bande dessinée au Québec, octobre 1979 est une date charnière : c'est à ce moment que paraît le premier numéro de Croc. Ce magazine humoristique, fondé par Hélène Fleury et Jacques Hurtubise, consacre la moitié de son contenu à la bédé. Son succès, contre toute attente, est immédiat : dès le huitième numéro, le tirage est de 50 000 exemplaires. Selon Mira Falardeau, ce magazine jouera « un rôle de catalyseur dans tout le milieu », car il permet pour la première fois à la « BDK » (pour bande dessinée du Québec) de s'exposer à grande échelle tout en rémunérant les auteurs, chose rarement vue auparavant.

Il faut dire qu'il s'agit d'un art longtemps négligé. Au début de la presse écrite, vers la fin du XVIIIe siècle, la caricature, l'ancêtre de la bande dessinée, ne figure pas parmi les priorités . . .

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Avis aux plus de 50 ans, particulièrement aux baby-boomers montréalais : attendrissement et nostalgie garantis avec la photo de la défunte quincaillerie, rue Saint-Denis, sur la couverture de Omer DeSerres. Époque pré-UQAM, bien entendu, puisque le magasin a été exproprié dans les années 1970, justement pour faire place à la jeune université. En 2008, la familière bannière évoque plutôt la chaîne des magasins de matériel d'artiste.

Petite-fille du fondateur et sœur aînée de l'actuel président, l'artiste Hélène DeSerres raconte la saga familiale dans le bel ouvrage Omer DeSerres. Cent ans d'histoire, depuis la fondation de la quincaillerie par l'aïeul, suivie de l'expansion de l'entreprise par Roger, de la deuxième génération, pour finir avec la transformation de la « plus grosse quincaillerie du monde » en DeSerres, matériel d'artiste. Ce virage a ét . . .

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Ne lésinons pas sur l'admiration, l'auteure la mérite tant et plus. L'ampleur des perspectives le dispute à la minutie des vérifications, le croisement des sources s'ajoute à l'ingéniosité de l'analyse. Non seulement Louise Dechêne cite à la barre les historiens québécois, mais elle compulse les archives, les fonds familiaux, les analyses d'autres origines. Au lieu de sourire d'une méthodologie qui doit beaucoup aux fiches et aux compilations manuelles, il convient d'apprécier la recherche qui préfère son cheminement épuisant au plongeon aventureux dans un monde techniquement différent.

Le résultat ? Une cascade de brutales remises en question. Tant pis pour la légende. Montcalm n'était pas le général perruqué ignorant tout de la guérilla autochtone. Le paysan canadien n'était pas le géant d'audace et d'aventure friand de combats et capable de tous les exploits, y compris les plus vains. Loin de se sentir menacée . . .

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Issu des réflexions inspirées par son travail de thérapeute, cet essai du psychanalyste Guy Corneau expose le mal de vivre affligeant bon nombre de personnes et les façons de reprendre contact avec la part intacte et lumineuse en soi.

Confronté aux violences de l'existence, à commencer par le choc de la naissance alors que le bébé passe d'une matrice chaude à un vide froid et chaotique, l'individu craint la répétition de cette séparation initiale et n'a de cesse de se cuirasser. Angoisses, compulsions, phobies, mécanismes de défense inadéquats redonnent un illusoire sentiment de contrôle, mais au prix d'une contraction de tout l'être et de blocages tant psychiques que physiques.

Mais une pulsion créatrice, ce « meilleur de soi », tend à s'affirmer, faisant craqueler les masques mis en place et créant une douloureuse mais salutaire dissonance entre l'image que l'on entretient et sa personnalité authentique.

Corneau propose des pistes pour . . .

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Le 400e anniversaire de la fondation de Québec a servi d'heureux prétexte à une aventure de publication conjointe de l'éditeur aquitain Le Castor Astral et de l'éditeur québécois L'instant même. Inauguré en 1962, le jumelage de Bordeaux et de Québec a favorisé des explorations et des échanges littéraires entre l'Aquitaine et le Québec. Cette fois, il en est résulté un livre dont la devise « Je me souviens » a fourni la ligne d'inspiration. Dix-neuf auteurs, de là-bas et d'ici, ont fouillé les replis de leur mémoire et revisité l'histoire d'une vie ou l'histoire du lieu de leur provenance. Que les souvenirs évoqués s'ancrent dans un territoire ou dans l'autre, ces textes permettent le voyage entre l'un et l'autre et amenuisent les possibles distances. L'effet principal que produit l'ensemble des écrits en est un de rapprochement, malgré les différences nombreuses . . .

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Religieux ou laïques, ils sont passés dans cette ville ; certains y ont même fait leur vie. Tous ont laissé les marques de ce temps où la ville et ses environs les ont inspirés, où ils ont été appelés à répondre à un besoin spécifique de la communauté. Ils ont été nombreux et le patrimoine qu'ils nous ont laissé est considérable. L'occasion du 400e anniversaire de Québec était donc toute désignée pour rendre un hommage mérité à ces artistes et pour célébrer leurs œuvres. C'est précisément qu'a fait le Musée national des beaux-arts du Québec avec son exposition Québec, une ville et ses artistes, dont le catalogue poursuit l'œuvre commémorative.

L'histoire de cet art remonte aux premières années de la Nouvelle-France et nous conduit jusqu'aux années 1970. Les artistes les plus importants retenus pour ce projet d . . .

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Toutes, nous avons expérimenté diverses formes de sympathie et survécu à des « peines d'amitié » aussi pénibles que des peines d'amour, voire plus éprouvantes, étant donné le gage de pérennité que revêt le lien amical, plus ludique et plus souple que la passion érotisée.

Que les amitiés soient de connivence situationnelle (célibat choisi, maternité ou pensionnat partagé), qu'elles naissent tardivement ou traversent les décennies par la force d'une chronologie commune (ah, les copinages de collège !), leur alchimie fascine.

Dans ce témoignage d'une grande valeur, Denise Bombardier réserve une place à ces amies tendres, hystériques, rustres, même sans « e », que, toutes, nous reconnaîtrons. En effet, à chaque page ou presque, je souriais en m'extasiant devant l'exquise justesse d'observation, d'expression et d'analyse de l'auteure, constatant que ses descriptions recoupaient mon histoire personnelle, comme probablement celle de ses autres lectrices.

J'aurais voulu qu'on me parle ainsi de l'amiti . . .

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On sait que le « jeune Marx » - après la soutenance de sa thèse de doctorat (1841) en philosophie à l'Université d'Iéna, qui portait sur la différence entre la philosophie de la nature de Démocrite et celle d'Épicure - devint, en 1842, collaborateur puis rédacteur en chef de la Gazette rhénane (Rheinische Zeitung). C'est à ce moment qu'il y publie une série d'articles concernant les débats à la Diète rhénane touchant le « vol de bois » par les « exclus » de l'époque (pauvres et indigents) sur les grandes propriétés terriennes. Ceux-ci seront « jetés hors de l'ordre civil »... et cela, à l'intérieur même de leur propre société par de lourdes peines d'emprisonnement ou des travaux forcés. Nous sommes dans le contexte d'une vive lutte entre le libéralisme rhénan - la Gazette rhénane est alors considérée comme . . .

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Fin des années 1990. La Chine bouillonne, remue en tous sens, louvoyant entre la nouvelle obsession de tous, celle de devenir riche, la corruption endémique, les mille et une tracasseries bureaucratiques et les « trous » politiques et légaux laissant place à toutes les interprétations. « Le Parti a des stratégies, le peuple a des contre-stratégies », explique un des personnages, qui ajoute : « Êtes-vous capable de me dire ce qui est légal de nos jours et ce qui ne l'est pas ? » Wang Mei, elle, ne le sait plus trop. Aussi décide-t-elle d'ouvrir une petite agence de détectives privés, pourtant supposée illégale, après avoir démissionné de son poste dans la Sécurité nationale. Mais alors qu'elle enquête sur la disparition de trésors du patrimoine national, sa mère est hospitalisée d'urgence et soudain tout s'emmêle : le passé et le présent, les anciens gardes rouges et les nouveaux potentats . . .

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En voulant raconter l'histoire de la Russie du dernier quart du XXe siècle - et du même coup celle d'une partie de l'Occident –, Le temps des cendres ne pèche pas par manque d'ambition. En effet, le roman de Jorge Volpi se lit comme un compte rendu romanesque des grands événements qui ont nourri les journaux de cette époque. Tout y est : de Tchernobyl à la réélection de Ieltsine, en 1996, en passant par le projet de bouclier antimissile de Reagan et la course au séquençage du génome humain. Ce passage de la Russie d'une société soumise aux diktats d'une poignée d'apparatchiks à une société livrée aux requins du capitalisme sauvage, Volpi le raconte à travers le destin de trois femmes.

Il y a d'abord la biologiste russe Irina, mariée au scientifique dissident Arkadi Granina. À mesure que la Russie s'enfonce dans une politique suicidaire de privatisation . . .

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Ce n'est ni la première ni la dernière fois sans doute qu'un livre paraît sans le nihil obstat de l'écrivain. L'auteur du Petit prince n'a pas terminé lui-même l'agencement de Citadelle, pas plus que Musil n'a achevé L'homme sans qualités. Cela ne choque pas, à condition que le lecteur sache, dès le départ, qu'il terminera son voyage littéraire sans l'accompagnement de l'auteur. Grande fugue de Juan José Saer, pour notre vif agacement, ne se conforme pas à cette politesse élémentaire : du septième et (peut-être) dernier chapitre, on ne nous livre que le titre (« Au fil du fleuve ») et une ligne (« Avec la pluie vint l'automne, et avec l'automne, le temps du vin »). L'agacement provient non de la brusque suspension du récit, mais du silence dont les h . . .

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Étonnant ouvrage que le dernier roman de Christoph Ransmayr. Sous forme de vers libres – dans un court préambule l'auteur préfère parler de « phrases flottantes » –, le grand romancier autrichien raconte l'histoire de deux frères, Pad et Liam, partis dans le Tibet oriental à la conquête du Phur-ri, la « montagne volante », comme l'appelle la population khampa qui vit à ses pieds.

Sur le mode du soliloque, Pad, le narrateur, refait le parcours qui l'a mené à suivre son frère aîné et à quitter leur île au large des côtes d'Irlande pour entreprendre la conquête d'une montagne mythique n'apparaissant sur aucune carte du monde. En chemin, il rencontrera l'amour en la personne de Nyema, une jeune femme khampa qui l'introduit dans l'univers tibétain. Liam, lui, trouvera la mort en voulant le sauver.

La description de cette expédition ne constitue qu'une des trames du roman de Ransmayr. Se trouvent également insérés dans le . . .

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Presque dix ans après la disparition de Pierre Perrault, les Écrits des Forges publient Irréconciliable désir de fleuve, qui regroupe les derniers moments de son œuvre poétique : Le visage humain d'un fleuve sans estuaire (1998) et Irréconciliabules (1995). Les grands thèmes de Perrault y sont toujours présents : l'amour du fleuve, le besoin de nommer le réel, la quête du pays, le désir d'origine. Son langage, fidèle compagnon, regorge des parlures des habitants du bord de l'eau, des assoiffés du large, oscillant entre la douceur des galets et la violence du torrent. Par ailleurs, l'intertextualité (Gérald Godin, Gaston Miron, Rina Lasnier, Jacques Brault et combien d'autres voix encore), qui est au cœur même de la composition d'Irréconciliabules, ne manque pas de rappeler la dimension dialogique de son approche du travail poétique tout comme . . .

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Le plus récent roman de Marie-Agnès Michel, intitulé L'allégresse des rats, met en scène Clovis, un ambulancier dont le boulot consiste principalement en ceci : débarrasser la ville de ses vieux, les achever, les jeter. Aussi comprend-on très rapidement que l'univers où l'on entre en est un glacial, mécanique, totalement déshumanisé. En effet, la vision du monde que propose le roman a de quoi faire peur. On y croise des rats en pleine rue, on y paie pour assister à des concours de mort par asphyxie sous-marine. On y consomme les êtres, leur chair comme leur mémoire, pour un oui ou pour un non. Le tout sur fond de mousse, de moisissure et de gentille musique électro-pop aseptisée. Bref, on y aperçoit des individus qui se côtoient sans jamais pour autant se coudoyer, qui semblent exister moins par leur sensibilité, leur sensualité, que par les « séquences de gestes . . .

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Au printemps de 1930, en Slovaquie, des soldats fascistes ont rassemblé une kumpania de Tziganes sur un lac gelé. Après avoir allumé des feux autour de leurs victimes, les soldats les ont obligées, à la pointe de leurs fusils, à rester sur place jusqu'à ce que la glace cède et que tous disparaissent dans l'eau glacée avec leurs roulottes, leurs chevaux et leurs biens.

Seuls la petite Zoli et son grand-père, Stanislaus, qui étaient absents, échappent au massacre. À leur retour, ils découvrent une scène horrible : des tas de cendres sur la rive et des objets, chapeaux, foulards, flottant sur le lac dont la glace est brisée. Comprenant ce qui s'est passé, le grand-père se hâte de quitter les lieux. Les fascistes pourraient être encore à proximité Ils reprennent donc la route et finissent par se joindre à une autre kumpania où Stanislaus compte des parents. Zoli, qui a six ans, vient de perdre sa . . .

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Qu'un premier roman révèle un nouveau venu brillant et prometteur n'est pas, en soi, un phénomène inhabituel. Mais qu'un premier roman fasse sentir que son auteur a trouvé le ton juste et qu'il maîtrise les ficelles de la narration comme s'il était un vieux routier, voilà qui est plus rare. C'est pourquoi L'enlèvement de Bill Clinton constitue un événement. Né en 1972, Cyrille Martinez signe avec ce livre un récit percutant, qui nous fait vite oublier le caractère fictif de ce témoignage sur Sarajevo en guerre.

Le titre à lui seul est une jolie trouvaille. Inutile de chercher dans les archives des journaux des renseignements sur un kidnapping de l'ex-président américain. L'enlèvement de Bill Clinton évoque l'état d'isolement désespéré dans lequel les Sarajéviens ont été catapultés quand ils ont vu leur ville à feu et . . .

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Dans son dernier roman, Henning Mankell raconte le voyage intérieur d'un homme en apparence calme et maître de lui-même qui se révélera au fil des pages secret et fragile. « La plus grande distance à laquelle je dois me mesurer, c'est celle qui me sépare de moi-même. Où que je sois, la boussole pointe de toutes parts vers l'intérieur de moi-même. »

À l'automne de 1914, tandis que la guerre gronde au loin, le capitaine Lars Tobiasson-Svartman, hydrographe, s'embarque sur un cuirassé ; on l'a chargé de mesurer les fonds marins de la Baltique pour tracer une nouvelle route maritime. Au cours de cette mission secrète, il fera la rencontre d'une femme, Sara Fredrika, qui vit seule sur l'île d'Halsskär. Est-ce l'amour qui le pousse à mentir à Kristina, sa femme, et à ses supérieurs pour entreprendre des missions imaginaires qui le ramèneront sur l'île d'Halsskär ? Est . . .

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Du jour au lendemain, Martin Benoît - un Français qui enseigne la littérature au Glendon College, en Pennsylvanie - devient une menace pour la sécurité des États-Unis. Ses analyses de différentes sociétés prouvent, sans qu'il l'ait voulu, que les États arabes sont plus stables que la société américaine. Après la visite d'un agent des services secrets, il décide de s'enfuir au Canada...

Dans le passé, il a eu une relation (peu mémorable) avec Laetitia, une activiste écologique, qui depuis est partie travailler en Afghanistan pour une ONG fondée par Pierre-Maurice, une « petite crapule » faisant affaire, entre autres, avec mollah Morghad... Les destins de ces quatre personnes se croisent et même si on croit certaines rencontres peu importantes, elles peuvent se révéler fatales pour l'avenir des protagonistes.

Décidément, Le dilemme du prisonnier aborde des thèmes actuels (on y trouve même . . .

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Dany Laferrière n'a pas écrit un roman. Son dernier livre est en réalité un détail de la genèse du roman qu'il n'écrira pas. Peut-on dire que, d'une certaine façon, c'est mieux qu'un roman ? Dans ces quelques pages, il nous est donné de vivre le quotidien d'un auteur qui a trouvé un titre : Je suis un écrivain japonais. L'histoire est d'autant plus captivante que l'écrivain en question n'est pas japonais. Il est tout à la fois un Haïtien et un Québécois, un Caribéen et un Nord-Américain. On peut alors se demander quel rôle joue ou doit jouer la nationalité dans l'œuvre d'un auteur.

Une chose est certaine, le choix de ce titre, sans en avoir préalablement envisagé les conséquences diverses, entraîne notre écrivain dans toute une série d'aventures alors qu'il cherche essentiellement à résoudre les probl . . .

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Ce premier volume de Romans, paru au moment où l'on se prépare, en France, à commémorer le centenaire de la mort de l'écrivain en 2007, présente de nombreux avantages. S'y trouvent réunis les principaux écrits narratifs du premier Joris-Karl Huysmans (de 1876 à 1888), alors qu'il fit sa marque comme séide de Zola, puis comme romancier de la décadence parisienne. Même si les rééditions sont courantes, certains des textes réunis ici restent difficiles à trouver en librairie. C'est le cas avec le magnifique « chant du nihilisme » En ménage, qui fut longtemps le livre favori de Huysmans. On retrouve bien sûr, dans Romans I, le « bréviaire de la décadence » qu'était À rebours, selon l'expression consacrée d'Arthur Symons, maître livre d'une génération d'épicuriens dégoûtés par la vie et les . . .

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C'est un peu à la traversée d'une adolescence que nous convie Wang Gang dans English. Toutes les étapes du passage de l'enfance à l'âge adulte s'y trouvent réunies, avec leurs malaises afférents : éveil de la sensualité, révolte contre le milieu familial, découverte de la traîtrise et de l'arbitraire du monde des adultes en même temps que désir intense d'échapper à l'étroitesse de son milieu. Roman d'apprentissage classique ? Sans doute, mais renouvelé par son cadre.

Nous sommes à Urumqui, chef-lieu de la province du Xinjiang, aux confins de la Chine occidentale, pendant les années de la Révolution culturelle (1966-1976). Liu Aï, le narrateur, se remémore sa jeunesse et, au premier chef, sa passion pour la belle Hajitaï. À son désir de la jolie professeure de ouïghour s'ajoutera bientôt la fascination qu'exercera sur lui Wang Yajun, le nouveau professeur d'anglais, un Shanghaïen sophistiqué et . . .

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Et si le temps reculait au lieu d'avancer ? Si, plutôt que de vieillir, nous rajeunissions ? Quelles seraient les conséquences (ou les avantages ?) d'une telle inversion ? Le futur n'existant plus, il nous faudrait retourner vers le passé en laissant de côté les illusions et les rêves que nourrit la soif de l'inconnu. Sinclair Dumontais, dans son troisième roman intitulé La deuxième vie de Clara Onyx, place le lecteur devant une situation pour le moins incongrue, mais dont les implications ne laisseront personne indifférent.

En 2010, un météorite passe près de la Terre, provoquant une distorsion temporelle. À partir de ce moment, non seulement le temps recule-t-il - de 2010, les protagonistes sont ramenés vers l'an 2000, puis au XXe siècle -, mais les morts ressuscitent. Ceux qui sont décédés avant l'Inversion retrouvent la vie à la date même où ils se sont éteints : on . . .

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Le roman noir ne s'appelle pas ainsi pour rien et Pete Dexter, dans God's Pocket, le démontre à merveille. Roman noir, très noir, véritable béance qui aspire quiconque ose s'y pencher, God's Pocket est l'histoire du quartier du même nom, un quartier de Philadelphie où « quoi qu'on fasse, on reste là, fidèles à ce qu'on est ». C'est l'histoire d'un meurtre, celui du jeune Leon Hubbard, et celle du cul-de-sac dans lequel il plonge ses proches, sa mère, son beau-père, ses compagnons de beuverie, son patron. Oui, God's Pocket - la poche de Dieu -, c'est l'histoire affolante et magnifique de « trop de choses, oui, et toutes vides ». Histoire d'alcools tièdes et de chemisiers sales qui collent à la peau. D'amours en fuite, de rêves mort-nés. De petites mafias locales et de grandes terreurs ventrales.

Dexter . . .

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Tout comme Socrate a été prévenu de sa mort, Cornélius sait la sienne prochaine. Les détails lui importent peu, il tient seulement à quantifier le sursis. De manière à sauter du train avant son entrée dans l'ultime gare. Ce temps étroitement rationné, il l'emploie à faire défiler le passé sur son écran mental et, aux fins de comparaison, à demander des comptes à Socrate. Puisqu'il déboulonnait les suffisances en même temps qu'il s'affrontait à tous les mystères, Socrate ne devrait-il pas tout savoir du sens de la vie et de la mort ? Comme Socrate ne quitte guère son mutisme, le va-et-vient entre Athènes et le présent contribue surtout à accentuer chez Cornélius le sentiment du vide et de la futilité. Il n'aura été, conclut-il, « qu'une conscience exilée, malheureuse et errante ». Il aura beau chercher et trouver des défauts à Socrate, cela ne le consolera pas de son inutilité.

Le pâle h . . .

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La mort, perçue non comme une fatalité qu'il faut s'astreindre à repousser mais bien comme une étape favorisant la compréhension de la vie, se trouve au cœur de Depuis toujours, j'entendais la mer, roman d'Andrée Christensen, lauréate de trois prix littéraires. L'auteure a ficelé un récit initiatique semé d'embûches où l'existence apparaît sous un jour paradoxal, déchirée qu'elle est entre des élans contraires. C'est en fait à un voyage aux tréfonds de l'être que les lecteurs sont conviés.

Andréa reçoit le jour de son anniversaire un colis contenant des documents qui changeront à jamais le cours de sa vie : elle découvre une lettre écrite par un cousin éloigné, Thorvald Sorensen, de même que des notes éparses portant sur la vie de ce dernier. Dans sa lettre, Sorensen soumet un défi de taille à sa cousine, l'invitant à l'écriture d'une vie . . .

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À peine offerte la sidérante réussite de La trace de l'escargot, Benoît Bouthillette triomphe du risque de la récidive. Rares sont, dans le sport comme dans le champ littéraire, les recrues géniales qui échappent à la malédiction de la deuxième saison. D'emblée, le sort est ici conjuré et Bouthillette peut se concentrer sur le futur. Sa novella policière diffère pourtant du premier roman en ceci qu'elle mise avec plus d'ardeur sur l'écriture et le rythme de la pensée et moins sur les péripéties. Dimensions moindres, raréfaction des dialogues, stroboscope des réflexions, débit torrentiel de l'écriture, avec un résultat magique : le texte parvient, comme peu d'œuvres savent le faire, à déferler au rythme pourtant insoutenable de la pensée. Le policier Benjamin Sioui, comme chacun d'entre nous, saute constamment d'une image à l'autre, du politique au goût de la pizza, du . . .

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D'un côté, les libérateurs, de l'autre, les lésionnaires. Aux premiers, la puissance de la parole et de la volonté mise au service d'une vision ; de l'autre, des êtres hybrides, complexes, en quête de liberté, mais en déficit de confiance en eux-mêmes. Les libérateurs, ils portent les noms et les destins de Daniel O'Connell, de Simón Bolívar, de Louis-Joseph Papineau, de Jules Michelet, de Charles Chiniquy, d'Abraham Lincoln, de Shang-Ti et de Walt Whitman. Groupe éclectique, bigarré, où telle présence, comme celle du tumultueux Chiniquy, s'explique malaisément. Les lésionnaires, quant à eux, composent une humanité esquintée et misérable, peut-être même une humanité trop incertaine de sa dignité pour rompre ses liens avec les instincts qu'elle partage avec les bêtes. Ils servent de « chair à expériences » à tous les exploiteurs imaginables et oscillent entre les velléités de révolte et de patriotisme et les . . .

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De la collection « Voix intérieures - Haïku », ensemble de petits poèmes minimalistes qui retournent à la simplicité, voici un recueil de regards instantanés, de réflexions sur des moments de vie.

Le tout est sobre. Le petit livre compte deux moments poétiques par page, chacun livré sous forme de tercet.

Certains font sourire, d'autres touchent des cordes heureuses, chantent, produisent des couleurs, des odeurs, des souvenirs agréables. D'autres sont évocateurs, font réfléchir, créent des images métaphoriques fort inspirantes, produisent l'effet de maximes, de fables, d'images de contes lus dans l'enfance.

Enfin, tout cela nous baigne dans l'agréable et fait un bien que je souhaite à tous . . .

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Depuis plusieurs années, l'École lacanienne slovène, radicalement distincte de l'orientation clinique prise par les lacaniens francophones, s'affaire à construire un projet politique social-démocrate à notre époque postmarxiste. La tâche n'est pas facile, mais il peut être tout à fait utile de la poursuivre dans un lieu comme le Québec où le désert croît, où quiconque cherche à déconstruire l'intégrisme du Capitalisme Mondial Intégré représenté par une classe politique suintant la sottise est considéré comme suspect d'archaïsme.

Poursuivant le travail amorcé minutieusement dans Le plus sublime des hystériques, Hegel passe et The Sublime Object of Ideology, Zizek, membre influent de ladite École slovène, se donne trois objectifs ambitieux : introduire à certains concepts lacaniens et localiser son intervention comme rationalisme hérité des Lumières rompant avec le poststructuralisme ; permettre un « retour à Hegel », c'est-à-dire sa relecture non comme apôtre d'un Savoir Absolu ent . . .

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Cette autobiographie de Simone Veil, qui s'est vite hissée parmi les meilleures ventes en France, emprunte le titre d'un roman de Maupassant. Elle aurait tout aussi bien pu reprendre celui du roman de Jean-Paul Dubois, Une vie française, ou adapter le sous-titre du Monde d'hier de Stefan Zweig : Souvenirs d'une Européenne. À plusieurs reprises en effet, la destinée personnelle de Simone Veil recoupe celle de la France et de l'Europe au siècle dernier. À 80 ans passés, cette grande dame de la magistrature et de la politique françaises signe un texte d'une grande profondeur de vue et de vécu.

Le parcours de Simone Veil n'a rien d'ordinaire. Survivante d'Auschwitz-Birkenau, elle a fait carrière dans la magistrature avant de devenir ministre de la Santé lors de l'élection à la présidence de Valéry Giscard d'Estaing en 1974. C . . .

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La verve de ce magnifique nonagénaire ne s'épuise jamais. L'œil et la mémoire en éveil, la curiosité et la minutie en bandoulière, Marcel Trudel traite faits et gens selon leurs mérites. Le premier bilinguisme, il le situe à l'époque où les Amérindiens, se sachant indispensables, imposaient leurs langues aux arrivants. Avec le visiteur Kalm, il décrit le menu qu'offrait en son temps la table québécoise. On salait à son gré, mais le beurre apparaissait rarement sur la table. Cartes à l'appui, Trudel contredit Maria Chapdelaine : les choses changent au pays du Québec, en particulier les frontières. Neuf changements en 230 ans ! Quant à certains droits ancestraux des Mohawks, Trudel les nie en raison du fait qu'ils n'habitaient pas les lieux revendiqués. Une douzaine de bibelots . . .

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L'effet que provoque le livre ressemble au vertige que l'on peut ressentir en regardant les étoiles. Ce grand vulgarisateur qu'est Trinh Xuan Thuan nous invite à percer avec lui les mystères de la lumière depuis le commencement des temps. Il faut être prêt à fournir quelques efforts, mais ceux-ci sont vite récompensés. L'auteur, astrophysicien de métier, sait comment plaire au néophyte exigeant : il nous renseigne sur le comment et le pourquoi - comment la lumière primordiale par exemple a été détectée par nos instruments, et ce qu'elle nous dit du big bang - sans nous ménager les notions les plus pointues, avec une simplicité de sage.

Le premier chapitre de l'ouvrage s'arrête sur la conception de la vision dans l'Antiquité. Vers 450 av. J.-C., Empédocle, par exemple, croyait que les yeux contenaient du feu, qu'ils envoyaient leurs rayons visuels vers le monde qui existait par eux. Il faudra attendre l . . .

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James Tabor dirige le Département d'études religieuses de l'Université de Caroline-du-Nord. C'est un spécialiste reconnu des religions archaïques et ses déclarations ne devraient donc, de prime abord, pas être considérées comme farfelues. D'ailleurs, le contenu de La véritable histoire de Jésus est le résultat de vingt-cinq années de recherche scientifique. Et pourtant, il faut l'avouer, ce que Tabor y affirme a de quoi soulever les passions ou, à tout le moins, laisser perplexe.

La naissance de Jésus n'aurait rien eu à voir avec une « immaculée conception » puisque son procréateur aurait été un soldat romain nommé Panthera. De plus, Marie aurait eu d'autres enfants, donnant à Jésus au moins quatre frères et deux sœurs. Ceux-ci auraient été les enfants de Joseph ou de son frère Clophas. Jésus, lui-même, aurait eu avec Marie-Madeleine un fils nommé Jude, déc . . .

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Immense personnage qui méritait une monumentale biographie. Non seulement Fulgence Charpentier a-t-il, selon son vœu, touché à trois siècles, mais il a rempli à ras bord chaque phase de sa trajectoire. Journaliste, diplomate, dramaturge, enseignant, haut fonctionnaire, pilier d'une société secrète, il maintint pendant plus longtemps que quiconque un tempo à décourager tout rival. On trouve d'ailleurs sa marque dans une gamme de domaines : bibliothèque municipale, cours de journalisme, choix du nom Alouette pour une escadrille canadienne, cercles de gastronomes, accueil des dignitaires à l'Expo 67, ouverture d'une ambassade au Cameroun, etc. Ne retenir de lui que sa carrière de journaliste serait injuste et réducteur. De cette omniprésence découlent certaines interrogations. Comment un journaliste, surtout porté au commentaire, peut-il siéger au conseil municipal de sa ville ? Comment un diplomate/journaliste peut-il prendre parti lorsque entre en jeu l'opinion du gouvernement qui l'emploie ? On comprendra, à la rigueur, qu'un journaliste dirige . . .

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Glissons sur les traits classiques des collectifs : fluctuations dans le ton, variations dans la pertinence, diversité des éclairages, etc. Celui-ci obéit à ces règles et à quelques autres encore. L'ouvrage, par exemple, paraît deux ans après le colloque dont il rend compte ; ce n'est pas un record, mais on s'attendrait à plus de célérité quand le projet mobilise moins d'une dizaine d'auteurs et dépasse à peine l'ampleur d'une livraison de revue. Plus étonnant, ce collectif ne présente aucune information sur les auteurs. Or, si certains peuvent être connus du public, d'autres ne le sont qu'à l'intérieur de cercles spécialisés.

On aboutit ainsi à un paradoxe frustrant : la mission de l'intellectuel est à peine plus précise après ces réflexions qu'avant leur diffusion. Comme si les préjugés entretenus au sujet des intellectuels étaient partagés et même intériorisés par plusieurs d'entre eux. Comme si l'intellectuel . . .

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Maintenant que l'humain, grâce à la technoscience, a réussi à modifier son environnement et à le soumettre presque entièrement à son contrôle, il ne lui reste plus qu'à appliquer cette même technoscience à un phénomène biologique naturel qui n'a physiquement pas évolué depuis des centaines d'années : lui-même. L'humain ayant, semble-t-il, plafonné dans son développement naturel, certains prétendent qu'il doit désormais déterminer lui-même la direction de son évolution. C'est la prémisse de base de la posthumanité, mouvement né de la rencontre de la science, de la technoscience et de la science-fiction. Antoine Robitaille, journaliste, livre dans Le nouvel homme nouveau les résultats de son enquête à propos de ce mouvement.

La recherche et développement en technosciences est arrivée à des résultats parfois au-dessus de l'entendement humain, permettant de pallier certains dysfonctionnements du corps humain. Il suffit de penser au stimulateur cardiaque . . .

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Plusieurs biographies ont été consacrées à Charles Aznavour, entre autres celle d'Annie et Bernard Réval, Aznavour, Le roi de cœur (France-Empire, 2000). Aznavour lui-même avait déjà publié son autobiographie, Le temps des avants (Flammarion Québec, 2003), et de surcroît un album de photos qu'il a lui-même prises : Aznavour, images de ma vie (Flammarion Québec, 2005).

La carrière d'Aznavour couvre 60 ans et des centaines d'enregistrements. La biographie de Caroline Réali puise à diverses sources, principalement des proches du chanteur. On passe rapidement sur l'enfance, les années sous l'Occupation et les débuts difficiles. Même le séjour prolongé de Pierre Roche et Aznavour au Québec à partir de 1948 est brièvement évoqué. Caroline Réali accorde une attention égale à la carrière musicale, à la vie privée, aux activités parallèles dont la soixantaine de tournages . . .

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À l'heure où l'ADQ monte et descend dans les sondages, où la commission Bouchard-Taylor est sur toutes les lèvres, un grand nombre d'intervenants expriment des opinions parfois originales, mais souvent peu articulées. Toutefois, c'est la discrétion d'une certaine élite québécoise qui étonne le plus. Où sont les intellectuels, les penseurs d'ici ?

Dans son essai Écrits à contre-courant 2, Question nationale et lutte sociale, la nouvelle fracture, Jacques Pelletier (re)place le Québec dans l'Histoire récente et décrit la « fracture qui place la question nationale au cœur du débat public sans toutefois la trancher ». Pelletier, professeur à l'Université du Québec à Montréal, auteur et polémiste, résume, de main de maître, la scène politique québécoise des quarante dernières années en insistant sur le « clivage entre souverainistes et fédéralistes ». Le travail de synthèse est tellement réussi qu'on se . . .

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« On peut devenir fou, en lisant Paulhan, amoureux ou bien lecteur », nous avertit d'emblée Bernard Baillaud, responsable de cette édition des Récits de Jean Paulhan (1884-1968). Les éditions Gallimard viennent d'entreprendre la réédition des Œuvres complètes de Paulhan, en consacrant le premier volume à ses « romans ». Les guillemets sont utilisés dans le bandeau publicitaire dont Gallimard a l'habitude de parer les titres vedettes de sa collection « Blanche », et avouons qu'ils sont de mise, car les récits paulhaniens ressemblent très peu à des romans. Textes courts et elliptiques, sans personnages ni situations ou intrigues étoffés au sens habituel, ce sont des narrations centrées sur de légers désordres, de petites négligences, de menues failles ouvertes dans la réalité. La douzaine de « romans » réunis ici nous entraînent dans l'univers incomparable des récits paulhaniens, depuis la mystérieuse féerie enfantine

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« Il n'est campagne que de Châtenay », écrivait Jean Paulhan à Valery Larbaud. En ce début des années 1930, la commune rurale de Châtenay-Malabry représentait une oasis de verdure et d'air pur à seulement dix kilomètres de Paris. Séduit par les jardins, les champs et les pépinières qui y jouxtent de cossues demeures, Jean Paulhan s'y est installé en 1932 et y a rempli, de 1935 à 1941, la fonction de conseiller municipal. Comment interpréter cette initiative de la part du directeur de La N.R.F., qui affirmait rien n'entendre à la politique ? Était-ce une parenthèse à ses activités accaparantes de directeur littéraire ou la manifestation d'un sincère engagement citoyen ? Voilà le mystère auquel s'attaque Marcel Parent dans Paulhan citoyen.

Ce livre est le treizième cahier de la « Série Jean Paulhan ». Marcel Parent, agrégé de lettres modernes et retraité de l . . .

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Le document n'a guère d'analogue. Ni par le style ni par les circonstances qui l'entourent. Jeune avocat, André Ouimet voit les revendications des vaincus francophones se briser sur l'intransigeance de marchands anglophones confondant conquête militaire et exploitation commerciale. Ouimet n'a pourtant pas la bagarre dans le sang et il se veut le pacifique porte-parole des francophones. Il sera quand même arrêté le 16 novembre 1837 et passera plus de quatre mois en détention. D'où son journal.

Ouimet siffle-t-il dans le noir pour se donner du courage ? Est-il si friand d'humour noir qu'il envisage sereinement la pendaison ? A-t-il plutôt la conviction que tout cela est une mauvaise blague de l'histoire ? On ne sait trop. Chose certaine, Ouimet rigole, pique, moque. Les observations abondent au sujet des compagnons de détention, des geôliers, des soldats anglais et tout cela, bien que déconcertant, sonne juste. Comme d'habitude, Georges Aubin . . .

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Frédéric Mitterrand assista régulièrement au Festival international du film de Cannes, à une époque où l'événement avait encore une certaine crédibilité, où l'on savait reconnaître le talent véritable de quelques créateurs souvent méconnus. À mon avis, cet âge d'or s'est terminé en 1990. Pour Frédéric Mitterrand, le Festival de Cannes demeure « ce Versailles de paillettes en toc éphémère qui fait rêver le monde entier ». Son livre - sans illustrations - propose une série de réflexions sur le cinéma d'autrefois, qui l'a imprégné plus fortement que toutes ses lectures, pourtant nombreuses.

Tout comme la dizaine d'ouvrages portant ce même titre, Le Festival de Cannes est d'abord un livre de cinéphile pour cinéphiles : les anecdotes et les références au monde du film abondent, sans toujours être explicitées. Ainsi, lorsque Frédéric Mitterrand évoque le nez de Rosy de . . .

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La folle d'Elvis, le recueil de nouvelles qu'André Major a fait paraître au début des années quatre-vingt, m'avait laissé le souvenir d'une écriture rapide, incisive, nerveuse, efficace, et je m'étais toujours promis de remonter le fil de l'œuvre. Mais c'est le temps qui s'est défilé, multipliant les promesses non tenues. Je me suis donc plongé dans la lecture de L'esprit vagabond avec le sentiment d'un rendez-vous sans cesse reporté.

L'esprit vagabond se présente au lecteur sous l'appellation « carnets », laissant entendre qu'ils regroupent de manière éparse les réflexions de l'auteur sur l'écriture, les faits divers qui trament le quotidien, les jalons d'une œuvre en construction - ici La vie provisoire à laquelle travaille André Major au moment de l'écriture de ces carnets. Mais rapidement les carnets empruntent la voie, la forme . . .

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En peu de pages et avec grande clarté, Marine Lefèvre démontre qu'il est possible et utile, même à propos d'un événement dont beaucoup prétendent tout savoir, d'élargir l'analyse et de dégager de plus amples conclusions. Ne retenir de la visite du général de Gaulle au Québec en 1967 que son « Vivre le Québec libre ! », ce serait, affirme l'auteure, méconnaître et dénaturer la politique québécoise du président français, « politique qui prend la forme d'une escalade longue de près de trois décennies, qui culmine dans l'adhésion du Québec à la première institution intergouvernementale de la francophonie (l'ACCT) en 1970 ». Une intelligente relecture des documents confirme le verdict.

Au moment où le Québec et la France ressentent un début d'empathie l'un pour l'autre, les illusions occupent beaucoup d'espace. Ni de Gaulle ni André Malraux ne se font une id . . .

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L'acte de marcher est un mécanisme très simple, presqu'un réflexe, tellement commun que nous en oublions totalement les délicats jeux d'équilibre et de déséquilibre qui permettent au corps de se déplacer. Il se décline pourtant de différentes façons : lent et sans but précis, c'est une ballade. S'il comporte une facette idéologique, c'est une manifestation. Si le but à atteindre est d'ordre transcendantal, c'est un pèlerinage, tandis que le sportif, dont l'objectif est marqué d'une croix sur une carte, entreprendra une expédition. Dans tous les cas, même si les rythmes et les objectifs diffèrent, il s'agit, à la base, de l'acte de marcher dans sa forme la plus épurée.

Il faut dire que depuis que l'être humain a entrepris de devenir un bipède, il a non seulement transformé la perception du monde dans lequel il vit, mais a aussi modifié de fa . . .

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Le éditons Varia proposent dans leur collection « Portraits d'artistes » celui de Jean Derome, que l'on appelle très justement l'« homme musique ». C'est Dyane Raymond qui nous en dresse le portrait. Artiste, on le suppose passionné, sensible. Le grand intérêt du livre est que les qualités de l'homme nous sont contées à travers toute une série d'anecdotes, de moments de sa vie. Et dès lors l'idée du « monstre sacré » est écartée et l'on ne perçoit qu'un homme et son histoire d'amour avec la musique.

Par ailleurs, pour mieux parler du sculpteur Michel Goulet, Stéphanie Jasmin nous décrit d'abord son lieu privilégié : son atelier. C'est un vaste espace rempli d'objets accumulés qui prêteront leurs formes à la création d'autres formes. Et c'est au milieu de tout cela qu'apparaît l'artiste, le créateur, comme surpris dans l'acte de la création . . .

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Paru à l'origine en 1979, Morgue était devenu un livre culte avant que les éditions Verticales décident de le rééditer. Hormis dans la littérature spécialisée, médicale ou autre, ainsi que dans le roman policier, il est rare qu'un ouvrage soit tout entier consacré au cadavre et à ses professionnels. Il faut dire que le cadavre n'est pas un objet d'étude ordinaire. Or, paradoxalement, Morgue n'est pas destiné (pas nommément, du moins) aux thanatologues en herbe ou aux inconditionnels de polars. Le livre se présente plutôt comme une vaste enquête journalistique où l'auteur cède presque toute la place aux interlocuteurs qu'il a rencontrés. Jean-Luc Hennig rend compte minutieusement de ses entretiens avec des gens qui sont parfois des professionnels du cadavre : chefs d'instituts médico-légaux, garçons morguistes, brancardiers, légistes, crématistes, ou sinon, des gens appelés à « côtoyer » de . . .

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C'est un livre qui met en colère. À cause de son contenu, bien évidemment. Au jour d'aujourd'hui, jamais les pays riches n'ont autant pollué la planète. Il est déraisonnable de croire que grâce à ce livre, la tendance s'inverse. On pourrait même faire le pari que le monde va encore battre des records de rejets de gaz à effet de serre.

On ne peut laisser se commettre ce propos lénifiant, insipide, qui en plus n'est même pas édité sur papier recyclé ! Il y a effectivement urgence de nettoyer le monde des bavardages qui obstruent nos atmosphères. Ces pages sont une insulte à l'intelligence et au pouvoir de réflexion personnelle.

Tout ce qu'Al Gore a trouvé pour se sortir - et accessoirement l'humanité - de la catastrophe écologique ambiante, c'est un plan Marshall. Une aberration qui carbure au « il faut ». Des « il faut changer notre façon de voir ». Des « il faut agir maintenant ». Et comment, Monsieur le . . .

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Jacques B. Gélinas est sociologue, essayiste et conférencier. Dans son Dictionnaire critique de la globalisation, il donne la définition et fait la critique d'une liste de mots et d'appellations en usage dans le système capitaliste globalisé. Ce système qui est la « réalité centrale de notre époque », selon ce qu'a déclaré l'ex-président Bill Clinton en 2000. Comme c'est souvent le cas lorsqu'il est question de convaincre, les partisans de la globalisation et de son idéologie - le néocapitalisme - ont tendance à créer un discours propre à légitimer leurs convictions et « à façonner notre façon de penser ». En effet, ainsi que l'a fait remarquer Jonathan Rowe, « la pensée emprunte naturellement le chemin tracé par les mots ». Mais Jacques B. Gélinas n'accepte d'emblée ni le caractère essentiel de la globalisation ni son vocabulaire. Son ouvrage comporte donc « non seulement des définitions descriptives, mais aussi . . .

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C'est à la visite guidée d'un espace mental que nous convie Robert Fossier dans son dernier ouvrage, Ces gens du Moyen Âge. En effet, ni l'histoire des grands ni le rappel des hauts faits qui ont marqué ce long millénaire ne trouvent écho dans cet ouvrage. On n'y trouvera pas non plus un traité sur la vie quotidienne au temps des cathédrales, pas plus qu'un inventaire de types humains de l'époque : seigneur, chevalier, clerc, troubadour, etc. L'auteur laisse toute la place à l'homme du commun « dans son corps, son âme, son cerveau et son environnement ». Ce lointain ancêtre, Robert Fossier le saisit ici dans sa pérennité et nous le présente comme notre semblable.

L'historiographie traditionnelle fait remonter au Ve siècle le début du Moyen Âge pour le faire se terminer au XVIe siècle, avec la Renaissance. Or, rien ne relie le manant des temps . . .

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L'éthique du vampire ressemble un peu à une longue lettre aux lecteurs, qui aurait été rédigée sous le coup de la colère par un utopiste déçu. Indignation contre la guerre, contre l'idée même d'armée, contre le sort réservé aux femmes afghanes, contre le néolibéralisme économique, etc. Indignation surtout devant la riposte militaire de l'Occident face au terrorisme dont il a été la cible car, pour l'auteur, ce terrorisme serait la conséquence des actes de violence commis depuis des siècles à l'endroit des sociétés qui sont les commanditaires de cette riposte. Par-dessus tout, ce livre est une relecture critique (le mot est faible) du discours justifiant l'engagement canadien en Afghanistan.

Francis Dupuis-Déri enseigne les sciences politiques à l'Université du Québec à Montréal. C'est aussi un militant pacifiste, altermondialiste, sympathisant de la gauche radicale, qui n'hésite pas à monter aux barricades pour d . . .

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De livre en livre, Jean-Paul de Lagrave défend ses vues avec une fougue constante et une documentation minutieuse. Il passe avec aisance de la vérification studieuse d'un registre oublié à la défense de figures entrées bon gré mal gré dans la légende. On le sent d'ailleurs prêt à engager la discussion à propos de tout ce qui peut éclairer l'histoire du Québec. Comment ne pas partager son enthousiasme et ses déceptions ?

De Lagrave revient ici sur l'importance et la fréquence des trahisons perpétrées aux moments les plus stratégiques de la défense de la Nouvelle-France. Ces moments sont nettement situés : 1759, 1760, 1775. La traîtrise, il la constate d'abord chez ceux qui guident les soldats anglais jusqu'aux plaines d'Abraham ou qui permettent aux navires ennemis de s'ancrer à loisir devant la ville de Québec pour la mieux bombarder, mais de Lagrave la détecte aussi chez les grands de . . .

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Trente ans, c'est à la fois peu et beaucoup. Après ce laps de temps, la Charte de la langue française de 1967 a-t-elle suffisamment pacifié le décor linguistique pour qu'on laisse tomber certains de ses irritants ou faut-il, au contraire, lui redonner du muscle ? Nul ne pouvait mieux répondre à ce type de questions que Jean-Claude Corbeil. Linguiste ingénieux, auquel on doit le Dictionnaire visuel, il est en mesure de dire pourquoi s'est imposée cette Charte, comment elle a modifié le rapport de force entre le français et l'anglais dans le système scolaire québécois, en quoi elle concerne l'immigration autant que le monde du travail, quelles cibles elle a ratées et quelles retouches il convient de lui apporter... Mission pleinement accomplie.

Ce livre répond d'abord aux exigences de la mémoire. Sans le rappel du tumulte de Saint-Léonard et du cafouillage à propos . . .

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Le parcours est impressionnant. Il n'y a rien de banal à passer du non-statut de refugiée à la gloire médiatique et politique. Il est rare, d'autre part, qu'une telle réussite doive tout au piston et rien aux qualités personnelles. Un préjugé favorable accueille donc les Mémoires d'Adrienne Clarkson. Il dure tant que les souvenirs portent sur l'enfance, l'insertion en milieu canadien, les études en France, l'amitié avec une femme qui a correspondu avec Rilke et dont l'appartement parisien s'orne de Borduas. L'intérêt s'étiole quand se déploie la carrière de l'adulte. Adrienne Clarkson rappelle ses rencontres prestigieuses, mais elle y greffe des commentaires anachroniques et maladroits. « Je me suis toujours estimée chanceuse d'avoir vu l'Iran avant la révolution islamique et avant toute la destruction qui accompagne inévitablement une révolution ». Le chah y régnait... « [...] l'une des visions les plus . . .

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Publié presque un siècle après sa rédaction, ce Journal en dit plus long sur l'époque que sur le mémorialiste. Alors que les sentiments de Thomas-Louis Tremblay n'émergent qu'en lueurs éphémères, les mœurs militaires et politiques de la société d'alors accaparent l'avant-scène. Tremblay écrit un français misérable, mais l'armée vivait son unilinguisme. Quand Tremblay note que les décorations ornent plutôt les poitrines anglo-canadiennes et glorifient les états-majors plus que « les petits, les crottés, les sans-grade », le constat reflète des convictions répandues. Cela fait la valeur du document : il en dit long même quand il pratique l'autocensure.

Observer l'intérieur de l'armée exige des ajustements. Dans certains cas, c'est soi-même qu'on rappelle à l'ordre. Avant de reprocher à un militaire en permission de fréquenter les Folies-Bergères, peut . . .

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Le 400e anniversaire de la capitale est, bien sûr, propice aux promenades à Québec et à leur mise en valeur. De surcroît, Pierre Caron connaît suffisamment la ville, son histoire, ses mutations pour en bien choisir les aspects les plus éloquents. Le plaisir est donc au poste et nombre de parcours attachants et trop peu fréquentés reçoivent leur dû, qu'il s'agisse de Maizerets ou du jardin des Gouverneurs. Malgré ces atouts, le résultat laisse le lecteur sur sa faim. Peut-être parce que Pierre Caron s'est montré dans le passé moins épidermique et plus apte au renouvellement des perspectives. Peut-être aussi, soit dit de façon aventureuse, parce que les textes ici regroupés en volume ont d'abord paru dans un quotidien dont les propensions vont à la consommation tranquille plutôt qu'au recul critique ou à l'élargissement des horizons. Chose certaine, l'auteur joue en deçà de son registre quand ses propos s'apparentent à ceux . . .

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Les Belges Annick Benoit-Dusausoy et Guy Fontaine ont été les maîtres d'œuvre d'une entreprise colossale qui vient de trouver son aboutissement dans la publication de Lettres européennes, Manuel d'histoire de la littérature européenne. Fruit de la collaboration d'une armée de 200 universitaires recrutés aux quatre coins de l'Europe et représentant plus de trente littératures nationales, ce manuel se présente un peu comme le célèbre Lagarde et Michard de nos collèges classiques dont il reprend la manière mais dont le propos s'étend à toutes les littératures européennes, du Moyen Âge jusqu'à nos jours.

Du chapitre d'ouverture intitulé « Genèse des lettres européennes » (Abélard, Saxo Grammaticus, Thomas d'Aquin) au dernier, « Tendances et figures contemporaines » (46 auteurs représentant presque autant de pays), les quinze chapitres du manuel sont conçus sur le même modèle. Pour chaque p . . .

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Raymond W. Baker a longtemps été impliqué dans le commerce international et il est reconnu comme un expert dans le domaine. Dans Le talon d'Achille du capitalisme, il trace un tableau de l'argent sale qui circule dans le monde sous toutes ses formes : l'argent des trafics criminels, de la corruption, des fraudes fiscales et du terrorisme.

Il déplore que les mêmes efforts ne soient pas déployés pour contrer le blanchiment et le transfert vers des banques occidentales de tous ces types d'argent criminel. Bien sûr, depuis les attentats du 11 septembre 2001, le combat contre l'argent du terrorisme s'est accentué. On s'intéresse aussi de plus en plus à l'argent des trafics, notamment celui de la drogue. Cependant, en ce qui concerne l'argent de la corruption et des fraudes fiscales, on choisit souvent de fermer les yeux, quand on ne cherche pas à se l'approprier. Mais l'auteur constate qu'il est extr . . .

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Alliage moderne entre romance et poésie, cette publication vient à point dans un univers littéraire débordant de calques et de croquis. Apportant fraîcheur et naturel, l'histoire, se déroulant dans une période de froideur rigoureuse, réconforte la curiosité du lecteur. Étant assez brève, celle-ci se doit donc d'être dépouillée de toute fioriture et de rester légère. Enquête, intrigue ou même péripéties catastrophes n'ont pas leur place à l'intérieur de ce roman. Une narration simple, discrète et souple émane d'une plume concise.

La présence de poèmes en prose au début des chapitres vient, non pas ajouter de la signification, mais plutôt marquer le processus de lecture : « Derrière, il n'y a plus d'avant. Devant, plus rien ». L'écriture nous situe au moment présent. Rien d'autre n'importe. La vie quotidienne prend son ampleur dans l'ici et maintenant. La détresse des . . .

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Avant la parution de son premier livre, le Montréalais Neil Smith avait déjà obtenu trois nominations au Journey Prize pour des récits publiés dans des revues littéraires. Prix important de la littérature canadienne, le Journey Prize, accompagné d'une bourse de 10 000 $, est attribué annuellement à un auteur de la relève, et rares sont ceux qui en ont été finalistes plus d'une fois. On peut alors comprendre que les éditeurs canadiens se soient arraché le manuscrit de Bang Crunch, le recueil de nouvelles de Smith que Les Allusifs livraient fin 2007 au lectorat québécois, sous le titre de Big Bang, dans une traduction réussie de Lori Saint-Martin et Paul Gagné.

On avait raison d'attendre le livre. Dans les huit nouvelles audacieuses de Big Bang, Smith donne libre cours à sa vivante imagination. Les personnages y affrontent l'humaine défaillance de leur corps : grossesse interrompue pr . . .

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La fadeur sans équivoque.

Écrit avec la précision et dans le même format que le manuel d'entretien de l'automobile Passat Volkswagen 2005 (cinq cents pages réparties en cinq parties), Deux vies étonne par sa fadeur qui finit par plaire entre la centième et la deux centième page.

Deux vies, celle d'une juive allemande, Henny Gerda Caro, et celle d'un Indien, Shanti Behari Seth.

Deux vies vues par leur petit-neveu et auteur Vikram Seth.

Deux vies, deux ombres nées en 1908 et traversant le XXe siècle, témoins-acteurs de la Seconde Guerre mondiale, sont observées, étudiées, décrites par cet auteur petit-neveu avec une précision presque facétieuse. Ainsi, non seulement son roman reproduit-il des dizaines de lettres entre ses divers personnages et plus encore, il étudie même l'écriture de ceux-ci : « Elle écrit en caractère gothique, d'une écriture fortement penchée . . .

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En cet été de 1943, la guerre fait des ravages en Europe, comme en Afrique, en Asie et en Océanie. Seule l'Amérique est encore épargnée, mais on n'est sûr de rien. Après tout, des sous-marins ennemis ont été signalés à plusieurs reprises en eaux canadiennes

Lucie Bélanger, la fille d'un notaire de Montréal, aura d'ici quelques mois atteint 21 ans, l'âge de la majorité. Son frère et son fiancé sont au nombre des Canadiens partis combattre sur le sol européen. Elle souhaite ardemment qu'ils reviennent tous deux sains et saufs. Pourtant, elle appréhende le retour de celui qu'elle doit épouser. C'est qu'elle ne l'aime pas et qu'elle a le sentiment que sa promesse de mariage lui a été arrachée sans qu'elle y consente vraiment.

Dans l'espoir de se soustraire à la vie qui lui est tracée d'avance, la jeune femme doit mener un rude . . .

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Ce premier roman d'Éric Rohmer fut rédigé en 1944 et publié dans la collection « Blanche » de la NRF, en 1946, sous le pseudonyme de Gilbert Cordier. Ce livre, alors intitulé Élisabeth, était passé inaperçu ; d'ailleurs, très peu de bibliographies consacrées à Rohmer le mentionnaient. La maison d'Élisabeth paraît ici dans son intégralité, sans aucune retouche, et est suivi d'un entretien récent et très instructif dans lequel le réalisateur âgé de 86 ans situe brièvement les influences littéraires de sa jeunesse, citant principalement William Faulkner et John Dos Passos. Cette « maison » d'Élisabeth désigne en fait l'entourage immédiat du personnage, composé de quelques amis réunis pour la baignade, au cours d'un été. Le récit est presque minimaliste et tout en retenue : on réfléchit à voix haute, on bavarde, on lit, on mange, on flirte ; on cultive ses amitiés. Les personnages f . . .

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Un grand garçon de onze ans nommé Olivier se fait raconter l'histoire de ses propres origines, quelque part dans un pays lointain, avant d'avoir été adopté par ses parents adorés : Isabelle et Stéphane. Olivier n'a aucun souvenir de cet épisode fondateur, puisqu'il n'était encore qu'un nourisson au moment où il vint au Québec pour s'établir chez ses « nouveaux » parents. Mais il sait que contrairement aux autres enfants, il est « arrivé tout né », comme il le dit. Parfois, il visite son grand-père qui habite Charlevoix, à Baie-Saint-Paul, là où la neige semble plus blanche qu'ailleurs. Il y retourne régulièrement. D'abord réticent, il se rend également dans un musée pour y contempler les toiles d'un grand peintre québécois nommé Clarence Gagnon. Un jour, Stéphane raconte à Olivier un séjour récent qu'il venait de faire en France, en évoquant brièvement les deux femmes qu'il a . . .

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Pour le plus grand plaisir de ses fans, Arto Paasilinna récidive ! Nous voilà plongés au cœur de la paroisse de Nummenpää, inconfortablement assis sur le banc rustique d'une église de rondins résineux. Du haut de sa chaire en pin du Nord patiné, le coloré pasteur Oskar Husskonen lance d'un ton bouillant : « Mais quand Dieu lui cingle l'échine de son fouet, il y a du poil qui vole et le Malin chie dans son froc ! »

Voilà qui donne le ton à ce dixième roman - à moins que j'en aie raté un ! - de l'original Finnois à la langue bien pendue. Ceux et celles qui fréquentent Paasilinna savent bien que ses romans sont impossibles à résumer d'ailleurs quel en serait l'intérêt ? Arto Paasilinna est un admirable conteur qui, lorsqu'il se déchaîne, n'emprunte jamais de raccourcis ! Ce passionné des détours nous entraîne avec ses héros dans des aventures plus rocambolesques les unes que les autres . . .

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Des femmes, des enfants, beaucoup de chats. Et des hommes : qui pénètrent, qui étranglent. Ou des hommes aimés qui disparaissent. Les amateurs de nouvelles québécoises contemporaines connaissent Suzanne Myre et son monde d'urbains solitaires. Depuis J'ai de mauvaises nouvelles pour vous paru en 2001, la prolifique auteure a remporté le prix Adrienne-Choquette en 2004 avec Nouvelles d'autres mères et a été encensée pour la vivacité de sa corrosive écriture. En 2007, elle nous offrait son cinquième recueil, Mises à mort.

Un recueil qui porte bien son titre : les personnages en habitant les pages se meurent, amers qu'ils sont tous de se laisser décevoir par un monde trop léché, trop calculé, illusoire. Puisque ce que la vie leur offre ne suffit pas pour panser le vide du désabusement, leur répartie est prompte. La dérision. Ils se moquent des choses et des autres . . .

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L'écriture se déploie en descriptions, en impressions, en remémorations et en commentaires. L'action s'amorce avec lenteur dans la tête de l'impressionnable Arièle, personnage principal dont le narrateur adopte le point de vue. La phrase serpentine épouse le mouvement sinueux de sa pensée, ce dimanche, au retour de sa thérapie de groupe par le chant. Dotée d'une magnifique voix d'opéra qu'elle travaille quotidiennement, Arièle se refuse pourtant à faire de la scène, se contentant de petits boulots en studio. Il faudra deux hasards à quelques jours d'intervalle pour que le rythme de l'action, ralenti par les réflexions de la jeune femme, prenne son élan : le sac oublié sur la banquette d'un wagon de métro par un garçon d'une dizaine d'années qu'elle imagine en fugue ou délaissé, qui s'avérera un habile rappeur et patineur du skate parc, et la collision avec un cycliste alors . . .

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Troisième roman de Éric McComber après Antarctique (2002) et La mort au corps (2005), Sans connaissance est le premier à paraître chez un éditeur d'outre-mer. Le livre raconte l'enfance et les premières années de vie adulte d'Émile Duncan, un rocker ivrogne, entre Montréal-Nord et le Plateau Mont-Royal. Son enfance est à la dure : McComber ne cesse de rapporter des affrontements d'une brutalité inouïe entre des enfants associés très tôt à des bandes rivales. Par endroits, on croirait lire une version « trash » de La guerre des boutons. Puis, la vie adulte de Duncan tient en quatre mots : sexe, alcool, rock'n'roll et baby-foot. Le sexe, plus particulièrement, prédomine longtemps, si bien qu'on finit par se demander ce qu'il resterait du récit si l . . .

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Toujours le même, mais jamais prévisible, le détective Nestor Burma raconte ses six dernières enquêtes. Sans surprise, il reçoit plus de coups de matraque que n'en peuvent encaisser deux douzaines d'occiputs, collectionne les cadavres comme le ferait une épidémie, ingurgite tout ce qui peut « faire du bien à sa gorge », ne dort qu'au moment de changer de chapitre, accumule les dettes comme d'autres les diplômes, adore les femmes qui préfèrent les jupes aux pantalons, mais il transperce de ses lumières (Fait lux est sa devise) toutes les énigmes qu'on lui propose ou qu'il s'adresse à lui-même sans provocation ou rémunération de qui que ce soit. Il n'est ni Maigret, ni Poirot, ni Colombo. Ses modèles, il faudrait les chercher, quitte à les retoucher ensuite, dans la littérature policière étatsunienne dont le cinéma a fait ses délices. Plus près de Philip Marlowe que . . .

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La désuétude du genre de la fable semble, de nos jours, irrévocable. Si les Fables de La Fontaine survivent miraculeusement dans la mémoire littéraire collective, bien qu'on les lise de moins en moins, les grands versificateurs français, de Boileau à Racine, n'ont plus tellement la cote auprès du grand public, et du côté des écrivains, les fabulistes soucieux de respecter les règles de la versification classique et d'énoncer des moralités ne sont pas légion. Aussi l'avant-propos que François Lavallée place en tête de ses vingt-quatre « fables d'ici pour maintenant » a-t-il son utilité pour dissiper les appréhensions auxquelles un tel projet peut se heurter. L'auteur n'en est pas dupe : les textes en vers mesurés sont, au moins depuis l'avènement des cégeps, en passe de sembler irrémédiablement rébarbatifs. Or, aux yeux de celui qui se d . . .

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Deux auteurs, deux villes, deux meurtres deux récits : « Boston au pays des géants » et « Santa Fe. Nature morte ». Deux auteurs et, pourtant, un même style empreint de sensibilité. Le premier met en scène les fort sympathiques inspecteurs Dorothy Breton et Michael McCain ; après un match de basket interuniversitaire, les jeunes sportifs se rendent faire la fête dans un bar. Parmi eux se trouve le fils de l'inspecteur Breton. Tard dans la soirée, le téléphone sonne chez Dorothy : son fils, paniqué, lui annonce qu'il y a eu des coups de feu au Génie du Phaaron et qu'il y a une victime, Julius, la star de l'équipe. Débute alors une enquête qui piétine mais qui n'est pas sans intérêt. En effet, la résolution du crime nous intrigue mais aussi - et surtout - les états d'âme des deux inspecteurs. Les voilà aux prises avec un meurtre à résoudre, mais aussi avec d . . .

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Par une fin de journée brumeuse du mois de mars 2002, dans la somptueuse demeure familiale abandonnée de Moscow House, Pal Maciver junior est retrouvé sans vie dans le bureau de feu Pal Maciver père. Le corps du fils gît dans la même position que celui du père dix ans plus tôt, une arme similaire entre les jambes, le pied gauche dénudé, le même disque sur la même table tournante n'en finissant plus de tourner tandis que des cendres dans la poubelle et un livre de poésie sur le bureau, ouvert à la même page qu'une décennie plus tôt, achèvent le tableau : voilà la fulgurante réplique du suicide de Pal Maciver !

Suicide ou meurtre ? Les célèbres inspecteurs de Reginald Hill réussiront-ils à éclaircir la mort de Maciver junior ? Arriveront-ils à voir clair dans le sac de nSuds qu'a été et qu'est toujours la vie de famille des Maciver . . .

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Cette anthologie qui nous offre un vaste panorama de notre histoire littéraire, de notre poésie en particulier, est, de fait, très « stylisée » comme « objet culturel » - pour reprendre l'expression de Fernand Dumont. Et, comme le mentionne Pierre Graveline dans sa brève présentation, cette poésie est partie prenante de l'« imaginaire de l'humanité », de son « patrimoine culturel ». On n'a qu'à penser au fait qu'elle est traduite dans de nombreuses langues : L'homme rapaillé de Gaston Miron, par exemple, serait édité tant en anglais, en italien, en espagnol, en portugais qu'en coréen...

II n'y a donc pas à douter que le Québec est une « terre de culture »... et que celle-ci se situe au fondement - avec le roman et le cinéma, entre autres formes culturelles - d'une identité qui a longtemps été exprimée bien avant nos avancées économiques et politiques ou, à tout le moins, avec un impact similaire si l'on se . . .

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Même si ce roman de Bi Feiyu vient tout juste de paraître en traduction française, bon nombre de cinéphiles en connaîtront déjà l'intrigue : Les triades de Shanghai a été porté au grand écran par Zhang Yimou en 1995, dans un film mettant en vedette Li Gong (Memoirs of a Geisha) dans le rôle de l'inoubliable Bijou. Car, ainsi que le suggère le gros plan de visage en couverture, c'est véritablement elle qui occupe le cœur de ce roman du Shanghai interlope des années 1930. Égérie du chef du gang de la Tête du Tigre, la chanteuse et danseuse Bijou s'impose d'emblée par sa personnalité impossible et complexe. Aussi capricieuse qu'imprévisible, elle peut passer sans transition des élans de tendresse aux manifestations de la plus cruelle froideur. Reine des nuits chaudes de Shanghai, elle finit par causer sa perte, ainsi qu'a tôt . . .

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Un matin, on sonne à la porte de Jacques Larivière. Une dame, « une bourgeoise sortie d'un téléroman américain genre Dynasty ou Dallas », lui propose de participer à une soirée privée. Jacques est un travailleur du sexe, il a besoin d'argent. Il accepte. Aussitôt, il est conduit, yeux bandés, sur les lieux où le soir même se déroulera une grande partouze. D'autres prostitués sont engagés pour l'événement, et Jacques passe l'après-midi en leur compagnie. En début de soirée, des gardiens les escortent, c'est l'ouverture de la fête. Dans une grande pièce, on leur demande de se placer en rang et de rester immobiles. Devant eux, des gens masqués s'abandonnent à diverses pratiques sexuelles ; au centre, une maîtresse et son esclave se plient à une mise en scène sadomasochiste. La femme flagelle et invective son partenaire, qui pendant un bon moment geint . . .

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Edward Glyver débute sa confession en nous relatant la mort rapide mais néanmoins cruelle de Lucas Trendle, un pauvre homme qui s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. En effet, pour Glyver, le meurtre de Trendle n'était, en somme, qu'un test, une expérience destinée à l'assurer de sa capacité à assassiner un autre homme, Phoebus Rainsford Daunt, son ennemi juré.

Le récit de Michael Cox nous transporte dans l'Angleterre du XIXe siècle, au cœur d'une histoire d'amour, d'origines mystérieuses et, surtout, de grandes trahisons. Dès ses jeunes années, Edward Glyver est l'objet de la perfidie d'un compagnon, Phoebus Rainsford Daunt. Évincé du collège d'Eton, il nourrira pour celui qui est à l'origine de son renvoi une haine qui ne fera que s'accroître avec le temps car le destin, semble-t-il, s'acharne à mettre sur son chemin cet homme qui lui ravira non seulement . . .

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Natif de Montréal, le chanteur, poète et romancier Leonard Cohen est reconnu mondialement. Après une absence de quelques années, l'artiste nous revient avec le Livre du constant désir, qui marque en outre son retour à la poésie. Éminemment nostalgique, parfois drôle, ce recueil traite du vieillissement du corps et de la constante envie d'aimer, de l'inassouvissable désir de l'autre. À la fois lucides, ironiques, érotiques, grotesques, empreints de spiritualité cabotine et de tendresse chagrine, les textes témoignent d'une écriture mature et d'une habile faculté à dire. Avec une acuité d'analyse pince-sans-rire, Cohen s'observe et s'écrit, il aime surprendre, il le fait souvent avec des mots simples, mais toujours bien pesés. Il met en scène des épisodes du quotidien, qui soudainement se montrent riches et troublants.

Le livre est émaillé d'illustrations, presque chaque page en contient une : autoportraits aux tracés incertains ou dessins de femmes aux . . .

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Éric Charlebois est considéré comme l'un des chefs de file de la « nouvelle poésie » franco-ontarienne. Il perpétue, à sa manière, la tradition inaugurée par les poètes qui ont affirmé avec brio l'identité franco-ontarienne - on pensera aux poètes fondateurs des éditions Prise de parole, tels Jean Marc Dalpé, Patrice Desbiens, Robert Dickson.

Et notre « jeune poète », de quoi parle-t-il ? Quelle est sa « voix » ? Celle-ci crie une révolte langagière curieusement esthétisée, liée à une condition humaine jugée plus qu'absurde Elle dévoile un « mal de vivre » perpétuel parfois transfiguré par une écriture qui tente de tout s'approprier. L'être humain n'apparaît que comme un simple « survivant » abandonné de Dieu, du monde À cet égard, notre poète est presque méchant : « Nous faisons partie de la même / gangue. / Je crache cru / la vérité dure et / drue ». Et on a aussi l'impression que l'humanité détruit . . .

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Sovki désigne dans la Russie d'aujourd'hui les Soviétiques nostalgiques. Si la légende géorgienne de la néo-Montréalaise Elena Botchorichvili s'apparente au film Good Bye, Lenin !, son livre Sovki a une âme bien à lui. De la même auteure, nous avions déjà apprécié Opéra et Faïna ; son dernier roman, également écrit en russe, ne déçoit pas.

La saga rappelle parfois les mariées aériennes du grand Chagall. Il est vrai que les fiancées de cette fable joyeusement ébouriffée ont tendance à s'envoler le jour de leurs noces. « Puis le vent avait soulevé sa fiancée en l'air et l'avait emportée. »

Onirique et fantaisiste, l'histoire de plusieurs générations de Gomarteli se déroule en partie au bord de la mer, à Kobouleti et à Batoumi (Adjarie), et en partie dans la capitale g . . .

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Trois sœurs, dans les années quarante, affrontent les hommes et les préjugés sexistes avec une égale jubilation dans une Belle Province corsetée par la morale religieuse, l'anticommunisme et l'antisyndicalisme cléricaux, sous la férule de patrons anglophones.

Ce qui aurait pu n'être qu'un pamphlet outrageant ou une fresque trop pittoresque pour être originale se révèle, sous la plume de Denise Bombardier, un extraordinaire roman des origines. Avec sa maîtrise de la langue et son admirable talent de conteuse, l'auteure nous convie à suivre le destin de Gloria, la « vieille fille » aux multiples amants, d'Irma, la séductrice écervelée, et d'Edna, la benjamine à la langue bien pendue. Féministes avant l'heure et sans le vouloir, prisonnières d'une société conformiste et patriarcale, ces femmes plus grandes que nature étouffent et peinent à s'ériger une existence digne de leurs aspirations.

Ce roman n'a qu'un défaut : il constitue un trop bref . . .

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Le boulevard périphérique, c'est la voie qu'emprunte chaque jour le narrateur du beau roman d'Henry Bauchau pour se rendre au chevet de sa bru qui se meurt d'un cancer dans un hôpital de la banlieue parisienne. Pendant ses interminables trajets, lui revient le souvenir de Stéphane, le merveilleux ami qui, au début de la guerre, l'a initié aux bonheurs de l'alpinisme et qui sera exécuté pour ses activités de résistant.

La perte de cet amour de jeunesse - trop tard reconnu - s'ajoute à une série de demi-ratages qui se sont égrenés tout au long de sa vie d'écrivain et de psychanalyste. Le constat de ces échecs nous est livré au compte-gouttes, presque par inadvertance, par ce beau-père incertain qui ne sait trop comment se comporter devant sa belle-fille mourante. Ici, la plume de l'auteur se fait d'une sobriété telle que le récit confine parfois au . . .

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De tous les cinéastes québécois, Denys Arcand est celui qui a fait paraître le plus grand nombre de transcriptions des dialogues de ses longs métrages, avec des livres consacrés à La maudite galette, Gina, Le déclin de l'empire américain, Jésus de Montréal, Les invasions barbares, et son excellent scénario de la télésérie Duplessis. En fait, il ne s'agit pas du scénario originel qui fut distribué à l'équipe avant le tournage, mais bien d'une transcription exacte des dialogues et d'une description sommaire des séquences, sans pour autant s'apparenter à un roman ou à une « novellisation ».

L'âge des ténèbres raconte la crise intérieure que traverse un Montréalais dans la quarantaine avancée qui s'interroge sur le sens de sa vie banale. Nous sommes témoins de ses contrariétés quotidiennes, mais . . .

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La marche du général William T. Sherman sur la Géorgie et les Carolines, à l'hiver de 1864, a porté un coup fatal aux forces sudistes et précipité la fin de la guerre de Sécession américaine. Cette célèbre « grande marche vers la mer », à laquelle participèrent 60 000 soldats et 25 000 civils (principalement des Noirs nouvellement libérés), a inspiré à Edgar Lawrence Doctorow un récit d'une force rare.

Sur cette page d'histoire sanglante, l'auteur de Ragtime met en scène une dizaine de personnages principaux autour desquels tourne une nuée de figures secondaires. Quelques-uns ont réellement existé, à commencer par Sherman lui-même et son état-major. La plupart sont inventés. L'auteur fait progresser son récit au rythme des arrivées et des départs dans la cohue qui suit l'armée nordiste.

Dans ce va-et-vient, on fera, par exemple, la connaissance . . .

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Michaël La Chance nous a déjà habitués à ses réflexions sur les rapports qu'entretient notre société moderne avec les arts, rapports parfois tempétueux, rapports dénaturés en quelque sorte par une perception faussée de l'art, qui fait de celui-ci un élément subversif, voire explosif. De tels rapports conduisent alors à bien plus loin que la simple censure : vers la répression, la destruction quelquefois de l'œuvre.

La Chance considère quelques cas précis, récents, où se manifeste clairement la paranoïa de ce temps post-11 septembre, de ce temps où nous ne connaissons pas toujours ni les intentions ni les auteurs des actes terroristes. C'est aussi un temps de surabondance d'images et d'une peur de celles-ci. Alors pour en accepter la destruction, on se dit que ces œuvres ne sont que des symboles et pas des êtres humains. Que devient alors, à une telle époque, la liberté de l'artiste ?

On peut difficilement . . .

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Michaël La Chance nous a déjà habitués à ses réflexions sur les rapports qu'entretient notre société moderne avec les arts, rapports parfois tempétueux, rapports dénaturés en quelque sorte par une perception faussée de l'art, qui fait de celui-ci un élément subversif, voire explosif. De tels rapports conduisent alors à bien plus loin que la simple censure : vers la répression, la destruction quelquefois de l'œuvre.

La Chance considère quelques cas précis, récents, où se manifeste clairement la paranoïa de ce temps post-11 septembre, de ce temps où nous ne connaissons pas toujours ni les intentions ni les auteurs des actes terroristes. C'est aussi un temps de surabondance d'images et d'une peur de celles-ci. Alors pour en accepter la destruction, on se dit que ces œuvres ne sont que des symboles et pas des êtres humains. Que devient alors, à une telle époque, la liberté de l'artiste ?

On peut difficilement . . .

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Qui ne s'est pas émerveillé de la montée en puissance de la Chine, notamment par le biais de nombreux reportages télévisés traitant de ce sujet, vantant la transformation radicale de ce pays auparavant si pauvre en puissance du XXIe siècle ?

La Chine semble donc s'être « éveillée » ; à l'admiration se mêle l'inquiétude de voir ce pays s'accaparer nos emplois manufacturiers, voire prendre la place de la Russie comme contrepoids à l'hégémonie américaine.

La Chine est-elle aussi menaçante qu'elle en a l'air ? Non, répond Thierry Wolton. Même s'il y a un certain progrès économique, le miracle chinois n'a pas lieu. Derrière cet atelier planétaire crachant le « made in China », il y a surtout une machine de propagande bien huilée, qui veut nous faire croire à une économie en perpétuel mouvement ascendant. Dans un désir de bien paraître et de continuer . . .

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À une époque où le touriste laisse sa trace dans tous les recoins de la planète, où les guides de voyage abondent, Lonely Planet lance sa nouvelle collection « Écrivains voyageurs », vouée à la littérature de voyage. Permettra-t-elle à un lectorat habitué aux conseils pratiques de s'ouvrir à des récits personnels qui amènent une nouvelle perception des contrées lointaines ? Deux premiers récits y paraissaient en mai dernier, dont Vietnam, mémoires vives de François Tourane.

Préfacé par Jean Lacouture, le récit de voyage, sincère et sensible, est parsemé de références littéraires. Pensons entre autres aux nombreuses adresses à Henri Michaux, que l'auteur traîne dans son baluchon. Composée de fragments (lettres, dialogues, inventaires, récits ou poèmes en prose), la forme du récit colle à la réalité morcelée que perçoit l'œil du voyageur. Les fragments sont regroupés par chapitres, ceux-ci déterminés par un lieu . . .

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En ce début du troisième millénaire, le sentiment de responsabilité collective à l'égard des problèmes que connaissent les pays en développement est de plus en plus répandu. Pourtant, même si les pays industrialisés montrent, en principe, plus d'ouverture que jamais pour trouver des solutions au déséquilibre affectant le commerce entre pays pauvres et pays riches, dans la pratique les changements sont trop souvent lents et peu efficaces.

Ainsi, les récentes conférences de négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), tenues à Cancún en 2003 et à Hong Kong en 2006, se sont toutes deux soldées par un échec, les pays riches ne parvenant pas, globalement, à s'entendre avec les pays pauvres. Ces derniers sont réticents à signer de nouvelles ententes commerciales après avoir eu l'impression de s'être souvent « fait avoir » lors des accords antérieurs. Devant cette impasse, la dernière ronde de négociations de l'OMC (le Doha Round . . .

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Critique de films et poète, André Roy avait déjà fait paraître une première version de ce livre sous le titre Dictionnaire du film, aux éditions Logiques, en 1999. Cet ouvrage de référence fournissait des définitions de tous les termes de la technique, de l'industrie, de l'histoire et de la culture cinématographiques.

Afin de situer ce livre sans aucune photographie, il convient de préciser ce qu'il est et ce qu'il n'est pas. On trouve principalement dans ce Dictionnaire les définitions de 4500 termes techniques, classés de « A » à « Z ». Les nouvelles technologies sont aussi présentées, par exemple Internet et le système de YouTube. En revanche, on ne trouve pas ici de notices pour des noms propres, que ce soit des cinéastes, des acteurs, des caméramans ou des techniciens. Il n'y a pas non plus de notices spécifiques pour des titres de . . .

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Phénomène planétaire mobilisateur, le sport s'apparente à un vaste système éducatif qui propose son fonctionnement, ses règles et son image comme façon de concevoir la santé et l'exercice. C'est donc dire la place que les sportifs occupent comme modèles et son influence sur les jeunes. Le dopage y est alors perçu comme un mensonge qui éclabousse la foi des partisans. Dans son Petit exercice philosophique, Jocelyne Rioux prend prétexte de la publication d'un numéro d'Éthique publique consacré au dopage sportif pour cerner les enjeux du débat et déterminer quelques pistes de réflexion capables de nous sortir des lieux communs et des plaidoyers scandalisés qui meublent si souvent nos ondes médiatiques.

Prenant appui sur le caractère éthique de la participation sportive pour en montrer la cohérence et les limites, Jocelyne Rioux souligne avec raison les difficultés à encadrer . . .

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L'immigration, d'une façon ou d'une autre, a une incidence certaine sur la vie d'une communauté. Le Québec ne fait point exception à la règle. Parmi les immigrants y affluant en grand nombre, il y a les Haïtiens qui, entre autres choses, partagent avec les Québécois l'usage de la langue française. Les Haïtiens venus dans la province pour étudier s'y sont installés massivement dès le tournant des années 1950-1960. Fuyant pour la plupart la dictature, ces intellectuels et professionnels se sont impliqués dans la modernisation de la société québécoise qui les a adoptés.

Cet ouvrage rend hommage, et ceci de manière non exhaustive, à ces Haïtiens en signalant leur contribution à des secteurs divers allant de l'éducation à la santé et aux affaires politiques et économiques, en passant par la culture, la science et le sport. Présenté en introduction par le premier ministre Jean Charest, cet ouvrage est . . .

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Passage révélateur. Quand Brian Mulroney offre à Derek Burney le poste de chef de cabinet du premier ministre, celui-ci répond candidement : « Mais je ne suis pas un stratège politique, Monsieur le Premier Ministre. Je suis un fonctionnaire qui a travaillé avec des gouvernements de toutes les couleurs politiques ». La riposte de Mulroney est immédiate et limpide : « Je n'ai pas besoin d'un stratège. C'est moi le stratège ». On ne saurait parler plus juste : pour le meilleur et pour le pire, Brian Mulroney est constamment préoccupé de stratégie. Ce qui ne veut pas dire que soit négligeable son bilan politique, économique et social.

Puisqu'il s'agit ici non d'une biographie, mais de Mémoires, le signataire a toute latitude pour placer les accents à son gré et négliger les épisodes qu'il préfère oublier. De cette latitude, Brian Mulroney use et abuse. Habilement, il confesse des erreurs mineures et facilite ainsi . . .

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Ce quatrième volume des œuvres de Jean Meckert (1910-1995), en cours de réédition dans la collection « Arcanes » de Joëlle Losfeld, s'inspire d'un fait divers très connu en France : l'affaire Dominici. Celle-ci, outre une littérature abondante, a déjà donné lieu à un film de Claude Bernard-Aubert avec Jean Gabin en 1973 et à un téléfilm de Pierre Boutron avec Michel Blanc et Michel Serrault en 2003. Tout part d'un crime odieux : le 5 août 1952, les corps d'un couple anglais et de leur fillette de dix ans ont été retrouvés au petit matin en bordure de la Nationale 96 près de Lurs, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Sir Jack et Lady Ann Drummond ont été abattus de sept coups de feu d'une carabine américaine Rock-Ola, tandis que la petite Elizabeth a eu le crâne fracassé. Le motif exact du crime demeure nébuleux. Au terme d'une enquête . . .

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C'est peu dire que le livre de Charles C. Mann bouscule nos idées sur l'histoire des premiers habitants des Amériques. Que ce soit en regard de l'évaluation de leur nombre, du moment où les premiers hommes ont franchi le détroit de Béring pour peupler le continent et du niveau de civilisation atteint par certains de ces groupes, 1491, Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb met à mal à peu près tout ce qui s'est dit sur ces questions depuis des siècles.

Par exemple, les Amériques auraient été considérablement plus peuplées que l'Europe à la même époque, comptant peut-être jusqu'à 200 millions d'habitants (et même plus) avant le débarquement de Colomb sur l'île d'Hispaniola (Haïti) en 1492. En outre, les derniers travaux en matière de datation font remonter si loin dans le temps le peuplement des Amériques que l'éclosion des . . .

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Peut-être à cause de son imprécision, l'appellation récit situe bien le livre. Beaucoup de témoignages cueillis à chaud, quelques arrêts sur image, interventions ponctuelles de l'enquêteur, autant de genres littéraires mis à contribution avec tact et efficacité. Il est heureux qu'il en aille ainsi, car la réconciliation entre une ethnie qui a tué et celle qui a subi la machette fait partie des mystères rarement abordés et jamais expliqués vraiment. Le pari semble d'ailleurs démesuré. Comment, en effet, les pouvoirs publics peuvent-ils, d'un ukase, forcer bourreaux et victimes à tourner la page ? Jean Hatzfeld avait de bonnes raisons de douter de cette étrange pédagogie. Les tueurs, relâchés par milliers des camps où on les avait parqués, reviennent à la libre circulation sociale sans qu'on sache encore s'ils ont assimilé les conseils qu'on leur a dispensés pendant leur mise à l'écart. « On nous a appris, dit l'un . . .

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La Seconde Guerre mondiale s'est jouée tant au niveau opérationnel, avec les combats menés par les différents corps d'armée, qu'au niveau politique. Dans Ils étaient sept hommes en guerre, Marc Ferro fait découvrir la guerre et ses enjeux tels qu'ils apparaissaient pour les dirigeants des principaux pays impliqués, à savoir Staline, Hirohito, Churchill, de Gaulle, Mussolini, Roosevelt et Hitler.

Dès son plus jeune âge, l'auteur a bien connu la guerre alors qu'il était dans la résistance en France. Plus tard, à titre de professeur, il dirigera une réflexion sur le cinéma et l'Histoire. C'est ainsi qu'il sera amené à cosigner une série télévisée intitulée Histoire parallèle, qui présentera les archives cinématographiques des différents pays impliqués dans le conflit. Entre 1989 et 2001, il a animé 630 émissions.

Ce livre semble être un aboutissement de ses recherches. Plonger . . .

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Un traumatisme remet en cause le cours d'une vie. Il n'y a pas de grand ou de petit traumatisme. Lorsque tout l'équilibre intérieur d'une personne bascule à la suite d'une expérience horrifiante, s'installe un choc post-traumatique. Ce syndrome n'apparaît pas chez toutes les victimes. Certaines, qu'on dit résilientes, s'en sortent fort bien. Elles arrivent naturellement à dépasser l'étape douloureuse en bâtissant sur le trauma. Et puis, il y a les autres, nombreuses, qui sont ébranlées dans leur intimité. C'est tout le monde des émotions, de la cognition, du corps et de la spiritualité qui est fragilisé. La honte, la culpabilité, la peur, la colère, le désir de vengeance prennent le dessus. Chez ces personnes, l'image traumatisante est envahissante. Comme une histoire sans fin, le souvenir les hante, nuisant gravement au cours normal de la vie. La détresse, l'anxiété et la dépression les guettent.

Pourtant, avec l . . .

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En dépit de son titre en anglais, ce livre est rédigé en français (à part quelques passages) et constitue le troisième volume du cycle Le théâtre des opérations, amorcé en 2000 chez Gallimard. Présenté sous la forme d'un journal ou d'un blogue écrit au Québec, le texte de Maurice G. Dantec commente librement l'actualité française et mondiale, passant de la désillusion à l'exaltation. Les thèmes abordés sont pratiquement infinis : l'américanité, les conflits liés à l'islam en France, la musique populaire (la chanteuse Dannii Minogue), les errements du journalisme et de l'information-spectacle du style « Tout le monde en parle », le problème de la désinformation, les idéologies dominantes. Le romancier évoque ses relations avec les critiques littéraires et commente l'écriture dans son propre livre de science-fiction, Villa Vortex. Dantec attaque les politiciens français, traitant Nicolas Sarkozy de « farce . . .

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Ce livre de Marcel Conche, réédité pour la première fois depuis sa publication originale en 1973, s'applique à éclaircir le rapport de la mort à la pensée. Le philosophe part du constat initial que l'être humain pense sa vie en fonction du fait qu'elle prendra fin, donc, en fonction de la mort. Pourtant, puisque la pensée, à notre époque, tend à reconnaître dans la mort un objet pénible, une séparation se produit qui les écarte l'une de l'autre afin de préserver le sentiment (ou l'illusion ?) de bonheur. Une telle conception est au fond bien étrange, estime Conche, qui dégage certaines « idées admises » sur la mort pour faire apparaître le lien originaire entre celle-ci et la pensée, et dégager un principe - le principe tragique - permettant de dépasser la sécheresse des abstractions pour donner une forme concrète à la pensée.

La mort et la pensée s'adresse en . . .

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Merveilleux livre et ce chant sur Samuel Beckett, si intime, comme le fut au tout début de son œuvre celui consacré à James Joyce (il s'agissait en fait de sa thèse). Texte nano alors que celui consacré à l'Autre grand Irlandais était giga. « Métabeckett » duquel émerge tant de voix, dont celles de Proust, Kafka, Deleuze, Derrida, ça n'en finit pas, ça ne pourrait jamais en finir, never more ! Un véritable déchaînement de lettres que ce chant. J'en extrais même quelques-unes : « V » de vision, de vous, de voir, de voix, de vi(r)gile (et, au loin, de Thomas Pynchon) ; « B » de Beethoven, Bloom ; « D » de Dedalus, de Dante ; « H » d'Hélène, d'Humain (et, au loin, de Clarice Lispector) ; « M » de Milton ; « S » de Sam, Sham, Shen. Il y en aurait tant à pointer du bout de la langue en laissant résonner « la science de l'affliction » propre à Beckett, cette . . .

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Noam Chomsky est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) ; il est par ailleurs très connu pour ses travaux de linguiste et, surtout, comme « militant libertaire ». Originaire de Philadelphie - il y est né en 1928 -, il a marqué notre époque par sa critique des médias contemporains et de la politique extérieure américaine. Son approche de l'anarchisme est large : il mentionne qu'il s'y est intéressé dès qu'il a commencé à s'« ouvrir au monde » Dans De l'espoir en l'avenir, il passera au crible tout ce qui apparaît comme une « domination arbitraire », et cela vaut pour tous les aspects de l'existence, afin de valoriser la liberté qui nous appartient en propre. C'est dire que les formes d'autorité, peu importe à quel niveau elles se situent, ne sont en soi aucunement « légitimes ».

L'anarchie, contrairement aux idées reçues, n'est pas le chaos Elle implique une réorganisation de l'existence : de . . .

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D'une image à l'autre, d'un mot à l'autre, c'est un merveilleux voyage auquel nous sommes conviés dans ce pays dans le pays : la Côte-Nord. Francine Chicoine y habite depuis trente-cinq ans, c'est là qu'elle vit (au sens le plus profond du mot). Elle a fait équipe avec Serge Jauvin, connu pour la grande sensibilité qui transpire de ses photographies éblouissantes. À deux ils nous disent une portion de terre et ses habitants. Tout y est dans ce livre : ce qui échappe aux mots et que saisit la photo, et aussi ce qui, invisible, n'apparaît pas sur la photo et que seuls peuvent transmettre les mots.

C'est un pays d'une grande diversité, un pays fait de contrastes : au milieu d'une vie sauvage passe le courant électrique dans de multiples câbles que soutiennent tout haut des géants en métal profilé. C'est un pays beau par sa nature, riche de ses ressources. Il s'étale sur . . .

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Professeur de littérature à l'Université du Québec à Montréal, auteur de monographies, de récits (Ruelles, jours ouvrables, 2005), de romans (Gésu retard, 1999) et de recueils de nouvelles (Carnet sur la fin d'un monde possible, 1992), André Carpentier propose, dans son dernier ouvrage, une étude de la nouvelle et du fantastique, deux genres qu'il connaît bien. Rarement étudiés de pair par les critiques, ces deux pratiques d'écriture, loin de se disjoindre, ont souvent été interreliées jusqu'à engendrer la tradition de la nouvelle fantastique. Pensons par exemple aux productions de Guy de Maupassant, d'Edgar Allan Poe André Carpentier va plus loin. Selon lui, « la nouvelle et le fantastique partagent une esthétique de la rupture - rupture de continuité dans un cas, de raison dans l'autre ». La pratique nouvellière est considérée comme une reprise infinie du bref, car, dans le recueil, le processus est sans . . .

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Voilà un livre dont il faut louer la vigueur, les assises et le courage. Large documentation à l'appui, Mathieu Bock-Côté s'attaque, en effet, à la fois à une tendance dominante chez les historiens d'aujourd'hui et à quelques-uns des fringants ténors de leur école. Il le fait sans jouer le frondeur, mais sans se priver de contredire quiconque semble préférer une quelconque théorie universitaire - déconstructiviste ou néo-marxiste - à la mémoire telle que le peuple québécois la porte en lui.

Même si l'écriture privilégie trop souvent les phrases à pentures, on comprend vite à qui et à quoi s'oppose Bock-Côté.

Le propos tient en peu de mots : un révisionnisme historique sévit qui discrédite sciemment le nationalisme québécois et qui, propageant les mirages du multiculturalisme, culpabilise ceux qui tiennent à renforcer le lien du Québec avec ses enracinements traditionnels. Aux yeux de Bock-Côté, ceux-là se trompent quand ils coupent une . . .

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La préfacière Catherine Morency a raison : le devoir de mémoire est trahi lorsque disparaît une personnalité significative avant que quelqu'un en ait obtenu une forme ou l'autre de testament spirituel. Dans le cas de Thomas De Koninck, mission accomplie, longtemps d'avance espérons-le.

L'homme, en effet, est de ceux qui, déjà, ont marqué la vie collective, mais plus encore l'âme et l'esprit de ceux et celles qu'il a côtoyés, formés, équipés. Rares sont, en tout cas, les universitaires qui auront autant que Thomas De Koninck rempli et dépassé les exigences fondamentales de leur statut, d'abord celles de la pédagogie, mais aussi celles de la compétence, celles d'une pensée profonde, celles d'un intérêt pour tous les savoirs. Thierry Bissonnette, qui a profité des cours du philosophe et qui, longtemps après, a repris contact avec lui, en fait la démonstration adéquate et chaleureuse . . .

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Voici enfin traduit un important ouvrage du penseur indo-étatsunien Homi K. Bhabha, une des figures les plus importantes de la théorie du postcolonialisme avec Edward W. Saïd, Gayatri Chakravorty Spivak et Thierry Hentsch. À côté des trop nombreux ouvrages commis par des littéraires en mal d'exégèse n'intéressant qu'eux et leur lectorat universitaire captif, les livres polyphoniques de Bhabha sont réellement impliqués dans le champ social en faisant dialoguer la philosophie, la psychanalyse et la littérature. Les lieux de la culture est un ouvrage exigeant et dont l'argumentaire complexe dessine la topologie des nouages qui instruisent le procès de l'identité dans les processus de globalisation. La souplesse et l'érudition qui le soutiennent sont éblouissants, les analyses des œuvres (de Lord Jim à Peaux noires, masques blancs) s'avèrent aussi éblouissantes.

Des critiques comme Sylvere Lotringer ont montré qu'on ne peut se . . .

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Le journaliste américain et auteur du livre à succès Minuit dans le jardin du bien et du mal, John Berendt, décide, en 1996, de s'installer à Venise. Amoureux de longue date de la cité des doges, il y restera près d'une dizaine d'années. La cité des anges déchus est le compte rendu de ses recherches sur quelques « rumeurs et ragots » qui ont passionné les Vénitiens durant son séjour.

L'écrivain débarque dans la lagune trois jours après l'incendie de la Fenice, la célébrissime salle d'opéra qui a vu la création de Rigoletto et de La Traviata. Incendie criminel ? Catastrophe due à la négligence ? Cette conflagration et ses répercussions judiciaires constituent la toile de fond sur laquelle viendront se greffer les autres histoires qui composent cette chronique vénitienne.

Par exemple, il tente de démêler les magouilles . . .

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Ni présentation ni commentaire critique, cet essai, dans sa brièveté, va au cœur du sujet : son auteur a été bouleversé par la rencontre de l'œuvre d'Alberto Giacometti. Pourquoi le titre intrigant ? Ancrée dans la mémoire de Tahar Ben Jelloun, « la rue d'un seul » à Fès donne accès à un labyrinthe de passages étroits par lesquels pourraient se glisser des figures filiformes ; elle devient ainsi la métaphore par laquelle l'écrivain nous introduit à l'artiste. Les deux vivent, bien qu'elle s'exprime selon leurs voies propres, une même passion. Ben Jelloun croit en la proximité, plus, en la consanguinité des deux arts. « Quand je me mets à écrire une histoire, ce sont les mots - le bronze de l'écrivain - qui me guident comme si quelqu'un que je ne connais pas me l'avait racontée et m'avait demandé de la transmettre aux autres. » De leurs personnages, aucun des deux ne sait ce qu'il adviendra. Ils sortaient de Giacometti . . .

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Deux intellectuels allemands, Gretel Karplus (1902-1993) et Walter Benjamin (1892-1940), ont échangé plusieurs centaines de lettres au cours des années 1930. La plupart de celles-ci ont été conservées et sont traduites pour la première fois. Ici, pas d'amour naissant ni de passion intime : seulement une amitié soutenue. Ils se sont côtoyés durant quelques mois avant que Walter Benjamin ne s'établisse en Espagne, sur l'île d'Ibiza, en 1932. Ils ne se seront pratiquement jamais fréquentés de près ; d'où la richesse de leurs échanges épistoliers, que je recommande de découvrir à petites doses. Pour situer brièvement les personnages, Gretel Karplus est une chimiste prospère vivant à Berlin ; elle deviendra en 1937 l'épouse du philosophe Theodor W. Adorno. Philosophe proche de l'école de Francfort, Walter Benjamin allait connaître une certaine notoriété à partir de 1936, avec son célèbre essai L'œuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique . . .

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En vain chercherait-on dans ce livre hors d'un quelconque zodiaque un repère même modérément précis. Qu'il s'agisse des lieux, de l'époque, des personnages, rien n'est solide, fiable, digne de mémoire. Rien ne sépare le songe de la vie, ni la vie de la mort, ni l'espèce humaine des volatiles qui semblent se préparer en jacassant à bousculer les dominants humains. Antoine Volodine a tôt fait de détromper le lecteur qui croirait avoir trouvé des repères : « Quelques corps de vivants ou assimilés s'abritaient sous des toiles cirées », écrit-il pour le bien faire comprendre.

Mevlido ? Peut-être est-il sa propre réincarnation, mais peut-être son profil incertain a-t-il survécu à l'exfiltration qu'on lui avait promise. Ses souvenirs ? Ce qu'il en reste n'accède jamais à la clarté, tout au plus à un obscur sentiment de peut-être-déjà-vu. Ses amours ? Elles aussi . . .

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Ce roman « pan-canadien » a comme point de départ la véritable histoire de la mère de Michel Tremblay, qui émigra en 1913 de Sainte-Maria-de-Saskatchewan pour se rendre - à contre-cœur - à Montréal. La première scène idéalise un paradis perdu en décrivant le monde de l'enfance de trois sœurs : l'aînée Rhéauna (surnommée Nana), puis Béa, la cadette, et Alice, la benjamine. C'est précisément la petite Nana, qui n'a pas encore onze ans, qui devra rejoindre sa mère, établie depuis des années à l'autre bout du pays ou presque - d'où le titre du roman.

La traversée du continent raconte en quelque sorte la genèse de l'univers de Michel Tremblay ; ce long voyage en chemin de fer en est la gestation, qui précède (dans la progression temporelle) les œuvres à venir, pourtant déjà publiées. On reconnaît à chaque . . .

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9 juillet 2006, Berlin. La planète au complet (à quelques millions près ) a les yeux rivés sur le terrain de football pour la finale de la Coupe du monde où un joueur, à lui seul, supplante toute l'action : Zinedine Zidane. À ce moment précis, il foule, pour la dernière fois comme joueur, l'herbe d'un stade. Quelle que soit l'issue du match, elle sera tragique. Car Zidane est sorti de sa retraite, un an moins un jourexactement, pour se joindre à l'équipe de France. Avec le brassard de capitaine, il a mené l'équipe à la finale.

Zidane, c'est un des plus grands joueurs de tous les temps. Sur la scène du football international, il sera auréolé de deux titres prestigieux, soit le Ballon d'or et le joueur FIFA de l'année en 1998. Cette même année, avec l'équipe de France, il remportera la Coupe du monde et, deux ans plus tard, le championnat d'Europe des nations . . .

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« Il y eut un été au centre de nos vies, un poète qui n'écrivit aucun vers, une piscine où tombait du haut d'un plongeoir un nain aux yeux de velours et un homme qu'une nuit les nuages emportèrent. Les jours tombèrent sur nous comme des arbres morts. »

Antonio Soler parvient ainsi à résumer merveilleusement Le chemin des Anglais dès le premier paragraphe de son livre. Il est en effet question, dans ce roman, d'un groupe d'adolescents andalous sur le point d'entrer dans leur vie d'adulte et de partir chacun de son côté. Ils passent leur dernier été ensemble et, à mesure que l'automne approche, on sent qu'une menace pèse de plus en plus sur leur vie jusque-là plutôt insouciante.

Le chemin des Anglais est, en particulier, l'histoire de Miguelito Dávila, un poète qui n'a jamais écrit un vers, mais qui s'abreuve . . .

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Joyce Carol Oates, née en 1938, figure parmi les grands écrivains américains contemporains. Son œuvre, pour laquelle elle a obtenu de nombreux prix littéraires, compte une quarantaine de romans, une trentaine de recueils de nouvelles, une dizaine d'essais, plusieurs pièces de théâtre, des recueils de poèmes de même que des romans pour les enfants et la jeunesse. Elle a également signé une dizaine d'autres romans, généralement des suspenses, sous les pseudonymes de Lauren Kelly ou de Rosamond Smith – du nom de son mari, l'éditeur ontarien Raymond J. Smith. Double diabolique est le premier sur la couverture duquel son nom véritable apparaît sous le pseudonyme. Mais peu importe le nom qu'elle utilise, Smith/Oates ne cesse d'explorer, avec une parfaite maîtrise d'écriture, le côté sombre de l'âme humaine. On ne s'étonnera donc pas de sa prédilection pour les destins symboliques et opposés de jumeaux . . .

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Pour avoir approché de trop près la vérité, le journaliste anglais Jim Reeve a perdu la vie. Gordon, le frère de la victime, récuse la thèse du suicide et part en mission, pour traquer le gros gibier : « C'était un complot global impliquant les gouvernements, la communauté scientifique et tous les gens qui doivent manger ».

Gordon Reeve, ancien soldat des SAS, escouade spéciale que l'on peut qualifier « d'extrême », a fait les Malouines et en est revenu transformé. Doté d'un tempérament violent, il réussit toutefois à canaliser ses énergies en offrant des week-ends d'initiation à la survie sur une petite île d'Écosse, car en ce domaine, il n'a de leçon à recevoir de personne. Dans sa jeunesse, Gordon fut un lecteur passionné de Nietzsche, Kropotkine et d'autres anarchistes. Aujourd'hui, il n'apprécie toujours pas les gouvernements, la bureaucratie, les multinationales, bref les pouvoirs établis. La mort de son frère va l'entraîner . . .

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N'ayant plus que quelques mois à vivre, Maxwel Broadbent décide de lancer un défi à ses trois fils qui, soit dit en passant, l'ont toujours déçu. Or les trois protagonistes, futurs héros d'un roman d'aventures à la Indiana Jones, sont à couteaux tirés. Amateurs de sensations fortes et fanas de course au trésor, bienvenue !

Au moment du grand départ, Maxwel Broadbent, grand aventurier et pilleur de tombes, a soudain l'inspiration de sa vie ! Aussi convoque-t-il Philip, Vernon et Tom à sa somptueuse résidence pour leur faire part de ses intentions quant au fabuleux héritage qu'ils se partageront quand il aura passé l'arme à gauche. Première surprise, la maison est vide ! Non seulement le père n'est pas au rendez-vous, mais tous ses tableaux, œuvres d'art et précieux trésors ont disparu. Croyant d'abord à un vol, les fils appellent les policiers. Deuxième surprise – et non la moindre ! –, on découvre une vid . . .

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Même avec le recul du temps, Mandrin demeure objet de controverse. Adulé par un certain public, haï par ceux qu'il dépouillait, traqué par les soldats du roi, il mena à un rythme fulgurant une carrière à la Robin des bois, quelques meurtres répugnants en sus. Le portrait que brosse de lui Michel Peyramaure présenterait pourtant moins d'intérêt si Mandrin occupait constamment l'avant-scène. Pour notre plus grand bénéfice, ce n'est pas le cas. Mandrin intervient au milieu du XVIIIe siècle, dans une France mise en coupe réglée par une monarchie aussi gourmande qu'astucieuse. Versailles dépense, mais ne sait comment saigner la paysannerie. La solution, c'est le recours aux « fermiers généraux ». À eux de prélever l'argent que réclame la monarchie. Ils exercent un véritable pouvoir de taxation et gardent comme commission la différence entre ce qu'ils doivent remettre et ce qu'ils ont . . .

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Pénétrer dans le cinquième roman de l'écrivain canadien d'origine srilankaise Michael Ondaatje nécessite un certain degré d'abandon. D'abandon, à contre-courant de la très naturelle propension du lecteur à chercher un fil continu, une trame réconfortante pour le guider, tel un aveugle en pays étranger, à travers une histoire aussi dense et polyphonique que celle de Divisadero.

Lecteurs qui entrez dans ce livre à trois voix, quatre même, oubliez le fil. Déposez vos armes. Laissez-vous perdre ; abordez plutôt le texte sans trop rationaliser, pour l'embrasser dans toute sa force poétique, dans toute son évocation quasi cinématographique. Car Divisadero se présente en fragments d'humanité, se lit en larges échardes de vies, morceaux épars d'histoires, de lieux, d'amours, de violence.

Divisadero, apprenons-nous bien vite, est le nom d'une grande artère de San Francisco, une rue qui délimite deux sections distinctes de la ville . . .

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C'est un véritable bijou d'écriture que ce petit roman (il fait 133 pages) de Patrick Nicol, qui signe avec La notaire son cinquième livre de fiction. Nicol fait le récit d'un quadragénaire tout juste sorti d'une séparation, qui emménage dans une maison de son quartier natal où des photos de lui, enfant, le plongent dans un bain de souvenirs. Exception masculine dans un univers de femmes, ce fils sans père est aussi un homme qui s'est fait lui-même, mais qui ne s'est pas terminé, car bon nombre des gestes quotidiens propres aux hommes, tels planter un clou ou manier une scie, lui demeurent complètement étrangers. Le récit nous montre cet homme louvoyant entre Marie, son ex, et la notaire, cette trentenaire aux cheveux noirs, aux yeux vifs et aux grands appétits lubriques.

Récit à la fois sobre et intense, La notaire nous entraîne . . .

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Littérature pour enfants ou pour adultes ? Hubert Mingarelli se défend bien, dit-on, de faire la différence entre ses deux publics. D'une écriture simple et efficace, il donne une voix aux petits, aux paumés, à ceux qui vivent loin des milieux cossus. Marcher sur la rivière parle d'enfants, oui, et d'adultes, d'une relation père-fils ; d'un voyage qui tarde à se faire, d'un départ sans cesse remis. En autobus. Quelque part en Afrique du Sud.

Marcher sur la rivière est une fable dans laquelle la nature tient une place importante, le soleil, bien sûr, et puis la pluie, la chasse dans les collines, les collets pour attraper les lapins. « Je voyais des pierres et de la poussière jaune, beaucoup de pierres, et des arbustes morts et desséchés par le vent et le soleil », décrit le narrateur, Absalon.

Longue est la route et tarie la rivi . . .

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Poète hypocondriaque à l'esprit agité, Jesper Humlin est dans la déveine : ses recueils n'ont pas la cote, ses actions dégringolent, sa mère le stresse, sa petite amie le harcèle et son éditeur, comme les précédents, lui en impose. Pas étonnant qu'il angoisse, le pauvre Humlin ! Alors qu'Olof Lundin, son éditeur retors, lui réclame un polar pour mousser les ventes de la maison, Jesper, qui ne goûte pas le genre, a par ailleurs le sentiment d'avoir trouvé un bon filon : il écrira sur des jeunes femmes, immigrées clandestines, qui entrent en Europe, cet Eldorado des laissés-pour-compte. Mais son projet, aussi inspiré soit-il, peine à démarrer « Dans la neige boueuse, là, devant la gare de Göteborg, la réalité lui apparut avec une clarté limpide. Le projet était tordu. Il s'était laissé entraîner par l'idée folle qu'une aventure littéraire l'attendait dans une salle de boxe de . . .

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Lire Gatien Lapointe, c'est recevoir dans les veines une puissante décharge venue de la terre. Cette terre, avec ses arbres, ses cours d'eau, ses bêtes, semble parler pour la première fois, comme si la nature avait trouvé en ce poète un messager. « Un cri sourd du cœur de la terre / Monte par les racines de cet arbre, / Suit chaque branche, chaque feuille, / Et va s'écraser contre le ciel. / J'ai tout le visage noirci. » Parler de la terre, c'est aussi parler du pays d'où l'on vient. Et Lapointe le fait plus d'une fois. Avec des accents nationalistes, parfois. Dommage que l'histoire littéraire généralement enseignée dans les cégeps et les universités n'ait retenu que cette adhésion, alors que les chants « de mon pays » aujourd'hui ont saveur de redite. Cette lecture idéologique, en plus de réduire la poésie à son message, de lui enlever son épaisseur, a nui . . .

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Fin décembre, peu avant le début de la fête des enfants dans un grand hôtel de Reykjavík, on découvre le père Noël poignardé dans le sous-sol de l'établissement. Pourquoi a-t-on assassiné ce brave quinquagénaire, en apparence sans histoire, qui faisait office de portier et d'homme à tout faire ? C'est ce que tenteront de découvrir l'inspecteur Erlandur et son équipe.

La victime, Gudlaugur Egilsson, dit Gulli, avait connu dans sa prime jeunesse une gloire éphémère. Doté d'une voix « céleste », il était promis à une grande carrière. Après avoir enregistré deux disques et au moment où il s'apprêtait à entreprendre une tournée dans les pays scandinaves, sa voix s'était subitement cassée. Dès lors, rejeté par sa famille et par son public, Gulli s'était fait oublier jusqu'au jour où on le retrouve dans le cagibi qui lui servait de refuge depuis vingt ans, le c . . .

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Gilles Hénault (1920-1996), poète de la génération du Refus global, publiait son premier poème, « L'invention de la roue », en 1941. En 2006, les éditions Sémaphore publiaient l'ensemble de sa poésie, sous le titre Poèmes 1937-1993. Graffiti et proses diverses constitue le deuxième volume de l'œuvre complète d'un des initiateurs de la poésie moderne au Québec.

Poète, critique d'art, traducteur, journaliste (à La Presse, au Devoir, etc.), enseignant à l'Université du Québec à Montréal, Gilles Hénault, qui a aussi été directeur du Musée d'art contemporain de Montréal entre 1966 et 1971, a été, sa vie durant, d'une incorrigible curiosité artistique. C'est toutefois grâce à sa poésie qu'il s'est distingué. Il s'est mérité, en 1962, le prix du Grand jury des . . .

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Triste temps pour lire un roman sur la disparition d'un enfant. Une nuit rêvée pour aller en Chine de David Gilmour raconte la dérive de Roman, un homme ayant perdu son fils de six ans une nuit où il n'avait pas envie de jouer au père et où il laissa Simon, le jeune enfant, seul, endormi dans l'appartement, pendant quinze minutes qu'il passa au bar du coin. Rongé par ses propres reproches, il essaie de faire face à un monde désormais insignifiant et poursuit dans la ville les appels de son fils qu'il a la conviction d'entendre à répétition. Il s'efface peu à peu pour se réfugier dans un paradis rêvé sur une île des Caraïbes, où il rejoint sa défunte mère qui veille maintenant sur le garçon.

Dès les premières pages du roman, le lecteur ne peut s'empêcher d'imaginer un garçon en . . .

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Sans avoir la puissance et la profondeur du superbe roman Les failles de l'Amérique, la dernière fiction de Bertrand Gervais, L'île des Pas perdus, joue, avec une fantaisie nouvelle, dans des eaux similaires à celles du précédent récit. De prime abord construit comme un conte pour enfant, le roman finit par embrasser large en revenant sur les thèmes chers à l'auteur : la violence, la mort, la lecture comme interrogation du réel, la solitude, le caractère éphémère de la communauté.

Deux trames narratives constituent le récit, chacune d'elles s'appuyant sur le merveilleux, voire le fantastique. Le récit principal suit Caroline, une jeune fille vivant avec son père, qui à la suite d'un malheureux geste se retrouve du jour au lendemain sans pouces. Elle quitte alors son domicile et se rend au centre-ville de Montréal, à la recherche de ses précieux doigts disparus. Son équipée . . .

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Si William H. Gass mit pas moins de vingt-six ans à écrire Le tunnel, son traducteur, Claro, ne compta pas non plus les années. Depuis 1995, date de la publication originale de ce roman que certains critiques américains ont salué comme un chef-d'œuvre, le comparant à La recherche du temps perdu de Proust, à l'œuvre de Musil ou même de Joyce, personne avant Claro n'avait tenté le coup. Roman intraduisible donc, une sorte de décalque introspectif postmoderne ultranoir des Bienveillantes de Jonathan Littell, un long et douloureux procès de la conscience humaine. Il y est question d'un professeur d'histoire obsédé par sa souffrance, qui n'arrive pas à mettre un point final à une somme sur l'Allemagne nazie. À la place de rédiger l'introduction de son ouvrage, il écrit ce livre et, parallèlement, creuse dans son sous-sol un tunnel. C'est un peu pour . . .

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Deux intellectuels allemands, Gretel Karplus (1902-1993) et Walter Benjamin (1892-1940), ont échangé plusieurs centaines de lettres au cours des années 1930. La plupart de celles-ci ont été conservées et sont traduites pour la première fois. Ici, pas d'amour naissant ni de passion intime : seulement une amitié soutenue. Ils se sont côtoyés durant quelques mois avant que Walter Benjamin ne s'établisse en Espagne, sur l'île d'Ibiza, en 1932. Ils ne se seront pratiquement jamais fréquentés de près ; d'où la richesse de leurs échanges épistoliers, que je recommande de découvrir à petites doses. Pour situer brièvement les personnages, Gretel Karplus est une chimiste prospère vivant à Berlin ; elle deviendra en 1937 l'épouse du philosophe Theodor W. Adorno. Philosophe proche de l'école de Francfort, Walter Benjamin allait connaître une certaine notoriété à partir de 1936, avec son célèbre essai L'œuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique . . .

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Faiseur d'images, Salvador Portal a entre autres pour tâche d'embellir la réalité, de présenter le beau côté des choses et de redresser les réputations : le petit-fils de feu Rafael Portal et de Vera, sa grand-mère qu'il vénère, occupe ses journées à fabriquer des personnalités. Trotskiste aux belles heures de sa jeunesse, il a échangé ses hauts idéaux pour un loft près de la Bastille, un salaire confortable, de copieux repas dans les meilleurs restaurants de Paris, et j'en passe. Puis vient le jour où il a à redorer l'image de deux héritiers d'un des « derniers fleurons de l'industrie française » qu'un financement par des groupes étrangers met dans l'obligation de sacrifier des travailleurs pour pouvoir payer des dividendes. L'annonce simultanée des bénéfices enregistrés par leur groupe et d'un licenciement massif d'ouvriers n'était, somme toute, pas une bonne idée. Mais . . .

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Un jeune soldat américain trouve la mort lors d'un violent combat en Afghanistan. Au même moment, un brillant archéologue découvre au Groenland une météorite vieille de cinquante mille ans. Le destin de ces deux hommes, que tout sépare, se trouvera pourtant lié par un malheureux concours de circonstances. C'est ce que nous dévoilera au fil des pages la Corporation, corps d'élite composé d'anciens membres de l'armée américaine et des services secrets, auquel a souvent recours le gouvernement américain pour mener des missions secrètes et délicates.

Une commande de mission est passée à la Corporation pour aller cueillir le précieux caillou au Groenland. Comme les membres de la Corporation se trouvent à Reykjavík pour protéger l'émir du Qatar, et que la mission s'annonce plutôt aisée, Juan Cabrillo, président de la Corporation, décide de s'en charger personnellement. Or des événements imprévus et, surtout . . .

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Ouvrage hybride qui donne un double plaisir. La magie, comme il se doit en ces temps marqués par Harry Potter, occupe une place importante dans cet immense récit, mais la dimension sociale, ce regard sur la Grande-Bretagne de 1810, est tout aussi présente et fascinante. Les risques, déjà considérables puisque l'auteure court deux lièvres à la fois, se sont trouvés amplifiés quand s'est ajoutée à cette audace celle de mêler à la trame romanesque des personnages familiers, tels que Wellington, Pitt ou Napoléon. Heureusement, une recherche sans faille et un humour britannique très raffiné faisaient partie de l'arsenal de Susanna Clarke.

Au départ, il y a affrontement. D'un côté, ceux qui étudient la magie et en parlent ; de l'autre, ceux, très rares, qui pratiquent cette magie. Parmi ces rarissimes praticiens, Mr Norrell occupe la première place. Pour la conserver, Mr Norrell n'admet près de lui que des disciples tri . . .

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Dans le Chinatown de Vancouver, pendant que la Seconde Guerre mondiale met l'Europe, l'Afrique du Nord et l'Extrême-Orient à feu et à sang, une famille tente, tant bien que mal, de survivre à cette période trouble dont les répercussions prennent différents aspects. Le père écrit des articles pour le journal chinois local afin d'arrondir des fins de mois de plus en plus difficiles, commente l'actualité avec véhémence et refuse que son aîné s'engage dans l'armée de ce Canada qui ne reconnaît pas les habitants du quartier comme des citoyens à part entière. La grand-mère régente tout le monde et exige, sous prétexte de se moderniser par rapport aux traditions millénaires du milieu d'origine, que tous les enfants de la maison, même les siens propres, appellent « belle-mère » la deuxième femme de son fils devenu veuf après son premier mariage. Jung-Sum se réfugie dans . . .

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Pour la première fois, Horacio Castellanos Moya, dans Le bal des vipères, fait intervenir plusieurs voix pour décrire le chaos centre-américain. Lors de ses précédents récits délirants, une seule personne rendait compte de sa folie et par extension rejoignait celle de la population locale. Dans son nouveau roman, Moya construit autrement le visage hallucinatoire d'une société paralysée par la peur. Cette fois-ci, une invasion de vipères agressives bouleverse la capitale, déstabilisant les pouvoirs économique, politique et médiatique. D'abord un fait divers, l'attaque prend des proportions gigantesques et en vient à incarner une remise en cause du pouvoir.

Eduardo Sosa, un sociologue sans emploi, s'enquiert du locataire d'une vieille Chevrolet jaune stationnée devant son immeuble. Il le suit, discute avec lui, avant de le tuer sur un coup de tête afin de prendre possession de sa voiture. Débute alors une véritable métamorphose, o . . .

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Écrivain vagabond mais ô combien britannique ce William Boyd. Né au Ghana en 1952, l'auteur a étudié à Nice, à Glasgow et à Oxford avant de se fixer à Londres où il vit aujourd'hui. Gagnant de multiples prix de littérature, Boyd est aussi scénariste. Son livre Un homme sous les tropiques (A Good Man in Africa) a été porté à l'écran par Bruce Beresford avec Sean Connery.

La vie aux aguets est un heureux mélange d'Evelyn Waugh et de John Le Carré, autres grands auteurs anglais. Enquête historique et espionnage, élégance et bon goût décrivent cette fiction dont « une grande partie du contenu est fondée sur des faits réels - des faits peu connus néanmoins ».

Roman à deux voix, en canon. Les chapitres alternent entre la narratrice Ruth Gilmartin - qui, en plus de son travail, s'occupe de son jeune fils et de sa mère vieillissante - et la confession désar . . .

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Le Suisse Nicolas Bouvier (1929-1998) est surtout connu pour ses récits de voyage, notamment L'usage du monde (1963), la bible des écrivains voyageurs, dans laquelle il dit qu'on ne fait pas un voyage, mais que « c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait ». Comme Gaston Miron, Bouvier a retravaillé toute sa vie un livre unique de poèmes, Le dehors et le dedans. Les éditions Points viennent de publier la quatrième édition, précédée d'une excellente préface de Doris Jakubek, pour qui « la grande leçon du voyage est d'apprendre à [se] débarrasser [du moi] pour faire place nette et accueillir êtres et lieux ».

Le recueil contient deux sections de vingt-deux poèmes, datés de façon non chronologique de 1953 à 1997, écrits dans des lieux aussi divers que Genève, Kyoto, New York, Ceylan, Azerbaïdjan. La première, « Le dehors », condense surtout, avec la simplicit . . .

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Quatorzième roman de Gilles Archambault, Les rives prochaines met en scène Marcel, un retraité, qui retrouve une amie d'une autre époque de sa vie, Marie-Ange. L'ouvrage relate leurs retrouvailles, leurs souvenirs, mais également la relation parfois difficile entre Marcel et son fils de 37 ans, nommé Marin, dans un Montréal contemporain. Ces deux relations en parallèle ont en commun les conséquences d'une séparation assez longue entre des personnes proches, à laquelle succède un rapprochement dans des circonstances bien différentes. Les êtres impliqués ne sont plus tout à fait les mêmes, et pourtant...

Il est toujours agréable de se laisser porter par un écrivain d'expérience comme Gilles Archambault. Que de talent ! Quelle maîtrise dans le récit ! Ici, on remarque très peu de dialogues et de déclarations, mais en revanche un constant mélange d'intériorisation et d'introspection chez les trois personnages principaux. Les pensées et . . .

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Le Styx, dans le titre français, évoque la séparation du monde des morts du monde des vivants, en référence au fleuve de la mythologie grecque qui entoure les Enfers. Sylvia, personnage central du roman, dont le narrateur à la troisième personne privilégie le point de vue, est attirée par le monde disparu. Indifférente, voire absente à la réalité qui l'entoure, « elle était convaincue que la seule famille qu'elle avait eue avant lui [son amant, Andrew] était celle des morts. Les objets, les cartes et les enfants disparus ».

Roman de la mémoire et de l'oubli, qui fouille les ruines pour reconstituer le passé, entremêlant matériaux historiques et constructions imaginaires. Un récit enchâssé attribué au vieil Andrew Woodman, disparu un jour de tempête, remonte jusqu'à son arrière-arrière-grand-père, arrivé d'Europe au début du XIXe siècle pour s'installer dans l'île Timber, don du Parlement . . .

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Pierre Assouline est bien connu comme prolifique écrivain et journaliste français. Il est au premier chef auteur d'une dizaine d'ouvrages biographiques, dans lesquels il se penche avec une passion constante sur la nature profonde de l'homme. Avec Rosebud, Éclats de biographies, intrigant petit recueil de 200 pages, Pierre Assouline poursuit tout naturellement cette quête de l'homme et de son secret, mais à un niveau micro, pourrait-on écrire, en s'interrogeant sur les petits objets, les empreintes, les petits gestes qui nous sont propres ; que nous laissons derrière nous et qui trahissent notre être fondamental.

D'où le titre Rosebud, « bouton de rose » en anglais, une allusion au grand film Citizen Kane, où une luge d'enfant occupe une place centrale dans la mythologie personnelle d'un homme puissant et seul, qui s'enfonce dans les réminiscences de l'enfance, à la veille de la mort. Assouline écrit d'ailleurs que c . . .

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Lire Eric Wright, c'est savourer le roman policier d'époque et de style classiques. On n'y patauge pas dans les mares de sang, on y fréquente de modestes et inventifs meurtriers qui tiennent à régler un problème personnel et qui ont renoncé à perpétrer l'hécatombe record, on y accompagne un professionnel de l'enquête dont la carrière s'apaise en dépit des grenouillages bureaucratiques et des inquiétudes conjugales. Le policier Charlie Salter doit surveiller les susceptibilités policières avec presque autant d'attention que les suspects. Il doit consacrer son expérience et son énergie à son enquête, mais il lui faut aussi trouver le temps de s'assurer de la fidélité de son épouse. Il débusquera l'auteur du crime, mais c'est dans son propre examen de conscience (et auprès d'une précieuse amie de leur couple) qu'il dénichera de quoi exorciser la menace que représente un beau professeur d . . .

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Subtilement rattachées les unes aux autres ou se permettant un vol entièrement autonome, les vingt nouvelles que propose ici Michel St-Denis dépeignent ou évoquent un univers où rares sont les échanges cordiaux ou même épidermiques entre les humains, leurs semblables et la vie. Non seulement la solitude est partout, mais elle s'enferme dans diverses formes d'incommunicabilité. On ne rejoint pas les autres, on vit sans eux comme ils vivent sans nous, et cela est irréversible. On ne se demande pas si cela est injuste, on constate qu'ainsi vont les choses. Tel s'installe sur un banc en espérant attirer quelques regards, mais la mort s'intéresse à cette présence avant que le fassent les vivants. Il suffit que meure le chien bien-aimé pour que la jeune fille renonce à tirer sa misérable famille de sa somnolence. Le suicidaire rate tout, y compris son suicide ; douloureuse ironie, il meurt au moment où il allait se raccrocher à la vie. Un . . .

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Tout de sourires et de larmes, de soupirs et de réflexions, Odette Toulemonde et autres histoires se compose d'un savant mélange de légèreté et de gravité. Simple et touchant, le recueil de nouvelles d'Eric-Emmanuel Schmitt est un véritable cristal irisé : une lecture rayonnante où se déploie le bonheur sous toutes ses formes.

Par l'entremise de huit récits, Schmitt raconte l'histoire de huit femmes à la fois différentes et semblables. Issues de mondes bien distincts, ces femmes ont en commun de vivre un amour unique qui a le pouvoir de changer leur vie entière. Milliardaire croqueuse d'hommes qui remercie à sa façon son premier amant, mystérieuse inconnue à la recherche de l'aventure de sa vie, veuve joyeuse, maîtresse désabusée par la violence de sa vie ou prisonnières du régime soviétique marquées par l'absence d'amour filial, Schmitt part à la découverte de ces femmes . . .

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À cinquante ans, Ambroise Zéphyr mène une vie heureuse entre un travail de publicitaire où il démontre tout son talent et, surtout, une femme dont il est toujours très amoureux, Zappora Ashkenazi, surnommée Zip. Mais voilà que tout s'assombrit d'un seul coup lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'une maladie rare, mortelle et foudroyante. Que fera-t-il de ce seul mois qui lui reste à vivre ? S'effondrer ou tenter de trouver dans quelque coin du monde un traitement de la dernière chance ? Ambroise choisit plutôt de vivre pleinement le temps qui lui reste, à sa façon. Le voilà alors parti en compagnie de Zip sur les traces d'un alphabet tout personnel : « A » pour Amsterdam, « B » pour Berlin, « C » pour Chartres et sa cathédrale, « D » pour Deauville et les beaux souvenirs de son voyage de noces, « E » pour l'île d'Elbe, « F » pour Florence Au bout du voyage, à la fin de l'alphabet, qu'y aura-t . . .

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Les onze textes du dernier recueil d'Annie Proulx, regroupés sous le titre Nouvelles histoires du Wyoming, poursuivent l'exploration de l'imaginaire collectif américain, fortement marqué par la conquête de l'Ouest américain, entreprise dans ses œuvres précédentes. Conquête qui, est-il même nécessaire de le rappeler, a conféré à certains épisodes, qu'ils soient aujourd'hui considérés comme étant glorieux ou non, valeur de symbole, voire de mythe. Chacun des textes relate une histoire (vraie ?) de nature à magnifier tantôt les personnages, tantôt les éléments d'une nature parfois hostile avec lesquels ils doivent composer. Des histoires qui se répètent de bouche à oreille, qui se déploient au fur et à mesure qu'elles sont racontées autour d'un feu à l'heure où les coyotes rôdent, ou au comptoir de l'un de ces bars qui savent mieux que nul autre lieu accueillir ces récits auxquels les . . .

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En 1975, le Mozambique, qui s'étire le long de l'océan Indien tout au sud de la côte ouest africaine, jusqu'alors colonie portugaise, obtient l'indépendance. Au cours de la vingtaine d'années qui suivent, des groupuscules formés de mercenaires à la solde du gouvernement du pays voisin, l'Afrique du Sud, toujours sous le joug de l'apartheid, cherchent à déstabiliser le nouvel État par des actes terroristes. Voilà ce dont l'écrivaine, politicienne et haut fonctionnaire Lília Momplé, tour à tour secrétaire d'État à la culture, directrice de l'Association des écrivains et directrice du Fonds pour le développement artistique et culturel du Mozambique, veut témoigner dans ce premier roman traduit en français aux éditions Les Allusifs.

Inspiré de faits réels, Neighbours suit les parcours parallèles de trois femmes entre 19 et 8 heures le lendemain matin. Au cours de cette nuit de mai 1985, à Maputo, Narguiss attend en vain son mari . . .

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Durant vingt siècles synonyme de la plus abjecte trahison, le nom de Judas se nimbe depuis deux ans d'une aura toute différente. La découverte d'un évangile portant son nom causa, en 2005, une immense commotion dans les hautes sphères du christianisme. Lorsque l'on déchiffra le message du papyrus, le choc fut encore plus intense : Judas n'aurait pas été le traître décrit par la Bible mais plutôt le disciple préféré de Jésus, celui qu'il chargea de l'aider à se dépouiller de son enveloppe charnelle. Ainsi, Judas n'aurait pas vendu son maître aux grands prêtres de Jérusalem mais l'aurait aidé à accomplir la parole divine.

Nous retrouvons donc dans ce roman un Jésus uni à Marie de Magdala, opposé au clergé de l'époque par un schisme profond concernant la pluralité de Dieu telle qu'elle est effectivement décrite dans le Deutéronome, survivant physiquement à sa crucifixion, caché par quelques . . .

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Alors qu'Agathe O'Reilly commence à trouver son amant, le célèbre acteur et metteur en scène Laurent Bouvier, jaloux, accaparant et désagréable, la jeune comédienne reçoit des lettres de plus en plus menaçantes. À la suggestion de sa meilleure amie, elle fait appel à un voisin reconnu pour ses talents de déduction afin de l'aider à élucider le mystère. Mais la situation s'envenime : quelqu'un s'introduit dans l'appartement d'Agathe pour y perpétrer ce qui apparaît comme un avertissement. Entre-temps, une silhouette aux cheveux gris apparaît et disparaît à tout moment dans le quartier et un certain Tom Finnegan, ancien mineur qui se meurt d'un cancer du poumon, décide de quitter la Nouvelle-Écosse pour Montréal et, pourquoi pas, Ville-Marie en Abitibi

Récipiendaire à deux reprises du prix du Gouverneur général pour ses œuvres en littérature jeunesse Cassiopée, L'été polonais . . .

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En réponse à une correspondante qui lui demandait en quoi consistait le très intrigant « cassé-bleu » dont il parlait avec son ami Nicolas de Staël, René Char lui suggérait en substance ceci : « Madame, pour approcher le cassé-bleu, celui par exemple du ciel infini, prenez une toile de Nicolas de Staël, comme 'Les barques dans le port' ou 'Les mouettes', ou bien encore tout autre chose, 'L'Empire des Lumières' de Magritte. Mettez outrageusement l'œuvre à l'envers, tête en bas, posez-la, reculez-vous et asseyez-vous confortablement bien en face. Et regardez. [ ] Quand nous en parlions 'Nicolas et moi', cette dimension nous apparaissait comme une caresse au-delà des yeux. Le cassé-bleu était là, distinct, au milieu de la mer rouge, du ciel jaune ou encore vert et des tables violettes. Après cette considération, on était comme différent ».

Dans son dernier recueil, Cassé-bleu, Tristan Malavoy-Racine propose un jeu d'échos à l'œuvre . . .

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Dédié à Victor-Lévy Beaulieu, cet « [é]crivain sauvage qui habite le bleu du ciel », ce beau recueil parle, d'entrée de jeu, de l'exigence de la parole poétique, de l'espérance qu'elle projette dans l'horizon qu'elle porte en elle. De fait, l'auteure nous dit explicitement qu'il faut préserver, entretenir l'univers de cette poésie qui nous maintient en vie...

C'est une quête de l'harmonie possible - entre soi et le monde plus « vaste » - qui est ici mise au premier plan, même si la condition humaine est certainement menacée par la barbarie, la noirceur : nous sommes « l'or et la déchéance de l'or ». La poésie pourra ainsi représenter la lumière qui nous habite tous, et nous fait participer à un « héritage » ancré dans l'existence et la culture, bien que l'auteure avouera qu'elle « avance en profondeur dans un siècle de potences ». Elle poursuit : « [...] je me couche . . .

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Dans Les arpenteurs du monde, Daniel Kehlmann racontel'histoire de « deux créatures venues d'un autre monde » dans l'Allemagne romantique de la fin du XVIIIe et du début du XIXesiècle. D'abord, il nous fait pénétrer dans les coulisses de la vie du mathématicien et astronome Carl Friedrich Gauss (1777-1855). Issu d'un milieu modeste, cet homme sombre, atrabilaire, d'une grande dureté avec ses enfants, haïssait aussi bien sa femme que les déplacements. Chez lui la sécheresse du cœur n'était contrebalancée que par un attachement infantile à sa mère et par son amour des femmes. Surnommé le « prince des mathématiques », Gauss était à ce point obsédé par elles qu'il sauta de son lit en pleine nuit de noces pour noter une formule. On lui doit, entre autres découvertes, celle du polygone à 17 côtés et la fameuse courbe de probabilit . . .

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Dans son onzième roman, John Irving relate l'histoire de Jack, fils d'Alice, jeune tatoueuse n'ayant jamais pardonné à son amoureux de ne pas l'aimer suffisamment pour supporter de vivre avec elle. C'est ce père, musicien de renom, que Jack et sa mère tentent de retrouver au cours d'un voyage en Europe alors que le bambin n'a que quatre ans. De port en port, avec une longue escale dans un quartier chaud d'Amsterdam, le couple mère-enfant erre au gré des fantaisies d'Alice dont la vengeance ne connaîtra pas de limite.

Je te retrouverai est, au dire de John Irving, son roman le plus autobiographique. Né de ses propres interrogations d'enfant « né de père inconnu », ce roman revisite l'enfance perturbée d'un homme d'une quarantaine d'années qui peine à extraire la vérité de la fiction. Jack Burns, acteur accompli, et John Irving, écrivain non moins accompli, ne . . .

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« Les gens disent qu'on naît innocent, mais ce n'est pas vrai. On hérite de toutes sortes de choses auxquelles on ne peut rien. On hérite de son identité, de son histoire, comme d'une tache de vin indélébile. » Ainsi débute Le marin de Dublin deHugo Hamilton, récit de son lent affranchissement d'un lourd héritage familial.

Nous sommes à Dublin dans les années 1960. La vie des O'hUrmoltaigh (Hamilton en gaélique) n'a pas changé depuis que nous avons fait leur connaissance dans Sang impur(prix Femina, 2004), première partie des chroniques d'enfance d'Hugo Hamilton. Le père continue de poursuivre sa chimère d'une Irlande indépendante, débarrassée de ses envahisseurs britanniques. Surtout, il continue de tyranniser sa famille en imposant toutes sortes de règles dont l'une interdit de parler anglais sous son toit. En sous-main, la mère, d . . .

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Croquer les hommes craquants en espérant trouver bonbon à sa dent, Emma comme nous toutes en rêve. Celle qui a l'impression d'avoir du caramel en ébullition dans les veines compare les mâles de son existence à des friandises : l'adolescent maladroit de l'époque du secondaire est une mollassonne guimauve, le poète intello des cafés devient un sucre d'orge cassant et cela va ainsi jusqu'à ce que notre héroïne se pourlèche du chocolat de sa vie.

Croyez-moi, tous les modèles de « gâteries » y passent : l'artiste incompris qui vous demande de payer le loyer, l'homme marié qui tient à le rester, le demi-mondain qui se pavane ou l'amant de vacances dans le Sud avec lequel on ne partage que le langage de la « chose sucrée » la vie est une bien vaste confiserie !

L'auteure, Danielle Goyette, amuse avec ses si justes portraits, dépeints dans une langue déliée, délirante, qui vous sucrera . . .

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Paru initialement en 2002, Voyage au Portugal avec un Allemand constitue la troisième partie d'une suite romanesque, Voyage en Inde avec un grand détour, entamée en 1984. Cette troisième partie est maintenant offerte en format de poche à la Bibliothèque québécoise. À la manière d'un road trip de l'âme, de Toulouse à Lisbonne, ce récit d'un voyage un peu raté nous présente les errances d'un personnage écrivain qui progresse non pas vers une destination géographique, mais plutôt vers des réponses à ses questionnements existentiels, vers un lieu qui l'éloignera de ses angoisses. D'ailleurs, comme l'exprime celui-ci : « Moi, je ne suis pas en voyage à Lisbonne, je suis en voyage dans une région tourmentée de mon âme ». Sur sa route, deux personnages l'accompagnent. D'abord, monsieur Frantz, un peintre qui a cessé de peindre et qui recherche, sans y parvenir, du . . .

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Classique de la littérature allemande, Effi Briest pourrait être considéré - toutes proportions gardées - comme l'équivalent germanique de Madame Bovary de Gustave Flaubert. Publié en 1895, Effi Briest raconte le destin d'une femme délicieuse et ultrasensible qui refuse les conventions sociales de la haute société prussienne, à une époque où les bonnes manières constituent la base des rapports sociaux. En allemand, « Effi » sert de contraction affectueuse au prénom Eva-Marie.

Ce roman somptueux se situe entre le mélodrame flamboyant et la chronique sociale héritée du naturalisme, avec tous les ingrédients habituels : un baron, des militaires en permission, des bonnes, des manoirs, des trains, des lettres d'amour et des larmes. Dans sa présentation (que j'aurais plutôt placée en postface, car on annonce le dénouement), Jean Rovan reconstitue le contexte social de la Prusse du XIXe siècle ; il souligne . . .

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L'actualité littéraire absorbe quantité de bouquins sans toujours parvenir à faire ressortir les titres les plus significatifs. La publication en format de poche permet à l'occasion de revenir sur de grands romans. Dée de Michael Delisle est l'un d'eux. Publié d'abord en 2002, ce court roman poignant décrit l'existence pauvre et étouffante d'Audrey Provost, dite Dée, perdue entre des rêves qu'elle ne parvient pas à articuler et un ennui devant une vie pour laquelle elle n'est pas outillée. Tombée enceinte à l'âge de 15 ans, Dée, dans le Longueuil des années 1950, doit sauver les apparences ; elle se marie avec Sarto, qui n'a aucun intérêt, une fois la conquête passée, pour cette jeune femme. Emprisonnée dans une vie terne mais confortable, dans une banlieue en expansion, hypnotisée par un modèle de vie vendu en revue, Dée passe le temps, mais ne fait . . .

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Depuis qu'il a dû renoncer, faute de preuves, à élucider la disparition de Marie Gesto survenue en 1993, l'inspecteur Hyéronimus Bosch n'a de cesse de rouvrir périodiquement le dossier de l'enquête pour tenter d'y découvrir des indices qui lui auraient échappé jusque-là. Or voici que 13 ans plus tard, on lui amène le coupable sur un plateau d'argent. Un homme arrêté pour avoir tué et démembré deux femmes propose en effet de mener les policiers au cadavre de Marie Gesto en échange de quoi le ministère public s'engage à ne pas requérir la peine de mort contre lui. Mais Bosch se méfie de ce marché d'autant que, en plus de laisser la vie sauve à un meurtrier en série, il sert les desseins électoraux d'un procureur dont il apprécie modérément les méthodes.

Qui est ce Raynard Waits qui prétend être l'auteur du meurtre de Marie Gesto . . .

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Publié à La Peuplade, une toute nouvelle maison d'édition postée dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Des champs de mandragores est le premier ouvrage signé par Jean-François Caron. La jeune maison s'étant également donné le mandat de promouvoir l'art visuel, il est bon de mentionner que la page couverture de ce recueil de poésie a été illustrée par l'artiste Julien Boily.

La mandragore est une plante hallucinogène, à connotation ésotérique, dont les racines évoquent une forme vaguement humanoïde. Selon la légende, elle pousserait sous les gibets, là où des hommes ont été pendus. Ainsi, les textes du recueil s'offrent comme une « variation sur une même pendaison », cela nourri aux sources de cette image fondatrice que propose le titre. Dans sa ballade des pendus, Caron fait le portrait d'une hécatombe, d'une boucherie dont il décrit les corps disloqués et les chairs humaines dans toute l'obsc . . .

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Un pays tropical, près de l'océan. Joie et lumière, tolérance et plaisir. Des mariés, des couples heureux, lui et elle ou lui et lui ou alors elle et elle. Soudain, cette légèreté apparente bascule dans de douloureuses ténèbres. Marie-Claire Blais campe l'œuvre théâtrale Noces à midi au-dessus de l'abîme  et les textes qui suivent : Désir et Petites éternités perdues  dans un univers semblable au sien, ce Key West où elle a choisi de vivre.

Cette pièce a été créée en 2005 à l'Eskabel de Trois-Rivières dans une mise en scène de Jacques Crête.

La fête éclate en morceaux au fur et à mesure que surgissent sournoisement les démons de chacun, perte d'un frère, d'un enfant, jalousie, maladie, intransigeance et fanatisme, rupture familiale. « La maison paternelle dont la . . .

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Rose et Julie se disputent l'amour du même homme. Elles ont une « beauté féroce » et font partie de ces femmes qui, pour capter le désir masculin, utilisent la technologie, se tournant tantôt vers les salles de gym, tantôt vers la chirurgie. Le roman confronte, d'un côté, la vision d'un corps idéal et parfait et, de l'autre, le corps morcelé que l'on soumet au scalpel, dont les parties constituent une obsession tant chez celle qui transforme un par un les attributs particuliers de son physique que chez l'homme dans ses préférences sexuelles.

Pour camper son histoire, Nelly Arcan a choisi d'adopter une écriture plus narrative sans pour autant faire disparaître les traits qui caractérisent ses livres précédents. Délaissant le récit autofictionnel pour aborder un genre plus propice à la multiplication des points de vue, l'écrivaine, paradoxalement, met en scène des femmes qui portent le même masque, évoluant . . .

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Paru initialement en 2002, Voyage au Portugal avec un Allemand constitue la troisième partie d'une suite romanesque, Voyage en Inde avec un grand détour, entamée en 1984. Cette troisième partie est maintenant offerte en format de poche à la Bibliothèque québécoise. À la manière d'un road trip de l'âme, de Toulouse à Lisbonne, ce récit d'un voyage un peu raté nous présente les errances d'un personnage écrivain qui progresse non pas vers une destination géographique, mais plutôt vers des réponses à ses questionnements existentiels, vers un lieu qui l'éloignera de ses angoisses. D'ailleurs, comme l'exprime celui-ci : « Moi, je ne suis pas en voyage à Lisbonne, je suis en voyage dans une région tourmentée de mon âme ». Sur sa route, deux personnages l'accompagnent. D'abord, monsieur Frantz, un peintre qui a cessé de peindre et qui recherche, sans y parvenir, du . . .

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L'actualité littéraire absorbe quantité de bouquins sans toujours parvenir à faire ressortir les titres les plus significatifs. La publication en format de poche permet à l'occasion de revenir sur de grands romans. Dée de Michael Delisle est l'un d'eux. Publié d'abord en 2002, ce court roman poignant décrit l'existence pauvre et étouffante d'Audrey Provost, dite Dée, perdue entre des rêves qu'elle ne parvient pas à articuler et un ennui devant une vie pour laquelle elle n'est pas outillée. Tombée enceinte à l'âge de 15 ans, Dée, dans le Longueuil des années 1950, doit sauver les apparences ; elle se marie avec Sarto, qui n'a aucun intérêt, une fois la conquête passée, pour cette jeune femme. Emprisonnée dans une vie terne mais confortable, dans une banlieue en expansion, hypnotisée par un modèle de vie vendu en revue, Dée passe le temps, mais ne fait . . .

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Henri Troyat est mort en mars 2007 à l'âge de 95 ans, peu après la parution de Pasternak. Prix Goncourt et membre de l'Académie française, il est l'auteur français contemporain le plus lu, dit-on, avec une bibliographie riche d'une centaine de titres.

D'origine russe – sa famille s'exila de Moscou en 1917 –, Troyat ou Lev Tarassov a toujours écrit en français. Il a raconté avec passion nombre de ses compatriotes dont Tolstoï, Tchekhov, Gogol, Dostoïevski et Pouchkine. Écrire la biographie de Boris Pasternak, célèbre auteur du non moins légendaire Le docteur Jivago, allait de soi. Troyat semble par contre préférer l'homme aux capacités littéraires de l'écrivain : « Ne l'admire-t-on pas davantage pour son caractère que pour son talent ? »

Si l'infatigable Troyat tarde à écrire cette trente-deuxième biographie, il y conserve la qualité d'écriture que nous lui . . .

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Tel un sismographe sensible et vigilant, Norbert Spehner détecte et enregistre le moindre mouvement dans le monde de plus en plus diversifié du roman policier. Connaisseur irremplaçable de ce pan de la littérature, il excelle aussi bien à saluer le talent tout à coup révélé qu'à établir la tendance lourde. Comme il veille à le préciser lui-même en introduction à ce nouveau survol du genre policier, on trouvera ici non seulement bon nombre de ses recensions déjà offertes dans diverses publications, mais aussi - et surtout - une série de regroupements thématiques fort utiles à quiconque a fermement jeté son dévolu sur tel type de romans policiers.

Ce qui distingue un peu ces « enquêtes » des relevés précédents de Spehner, c'est peut-être que l'auteur laisse ici s'exprimer ses démons intimes, autrement dit ses penchants. Il aime ce qui rattache le roman policier aux guerres d'hier et d'aujourd'hui, il demeure prudent devant les signatures f . . .

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L'idée qui guide la réflexion de Michel Schneider, psychanalyste, est que « l'indifférence au sexe est la conséquence de l'indifférence entre les sexes ». Tout d'abord, rappelle-t-il, le sexe est un fait biologique : on naît femme ou homme. De cette réalité découle un certain nombre de représentations qui permettent à tout un chacun de se construire une identité sexuelle. Toutefois, selon l'auteur, à force de réclamer l'égalité entre les sexes à cor et à cri, ce ne sont pas les inégalités qui furent attaquées, mais bien les fondements mêmes de l'identité sexuelle.

Pourtant, tout est parti de bons sentiments. Les moyens contraceptifs et l'avortement, qui devaient apporter une libération sexuelle, sont venus en fait bouleverser l'équilibre entre les hommes et les femmes. Désormais, le lien obligé entre sexualité et reproduction était dénoué, laissant à la femme le plein pouvoir de la reproduction de l'espèce. Si une femme . . .

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Le proverbe devra évoluer : les moines bénédictins ne détiennent plus le championnat de la patience. Ils cèdent ce titre aux quelque 380 journalistes qui ont rédigé leurs chroniques depuis le Parlement. Cette minutie fournit une assise indiscutable à certaines conclusions qui, sans elle, provoqueraient peut-être l'incrédulité. À titre d'exemple, l'étonnante neutralité des chroniques pendant une époque de profonds clivages partisans au sein de la presse. Il est, en tout cas, paradoxal que des médias politiquement caractérisés aient systématiquement accouché de chroniques parlementaires fidèles aux déclarations.

Jocelyn Saint-Pierre rend un hommage chaleureux à ces générations de journalistes que les mœurs parlementaires condamnaient à des conditions de travail carrément inhumaines. Malgré les déménagements nombreux qui les ont déplacés de tel racoin à tel perchoir, les courriéristes parlementaires furent toujours à l'étroit, mal équipés, bousculés par les visiteurs et même oubliés par les architectes. Leurs horaires évoquent les . . .

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L'ouvrage d'André Rauch retrace l'odyssée de la condition masculine et sa spectaculaire déconvenue depuis la Révolution française. Méthodique et versatile, Rauch, également connu pour ses travaux sur les vacances des Français, ne semble négliger aucun lieu d'affirmation de la masculinité. Il considère aussi bien l'évolution des lois ou des mSurs que la vie militaire et ses rituels de célébration du mérite. En sociologue aguerri, il passe au crible la chose imprimée, du tract révolutionnaire obscène aux œuvres littéraires annonçant de nouvelles mentalités. On peut penser à La garçonne (1922), le controversé roman de Victor Margueritte, qui inspire à Rauch quelques-unes de ses meilleures pages.

Deux titres sont en réalité réunis ici : Le premier sexe (2000) et L'identité masculine à l'ombre des femmes (2004), auxquels s'adjoint une postface s'inspirant de la crise . . .

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Dans cet essai brillamment écrit, Andrée Quiviger prend prétexte du fait qu'elle doive délaisser définitivement sa demeure, qu'elle casse maison, pour réfléchir à la filiation, à la maternité, à la place de l'autre dans la vision de soi et du monde et surtout à sa démarche spirituelle. Dans cette œuvre personnelle, qui part de l'expérience intime pour aboutir aux grands textes bibliques, où l'auteure se confie pour mieux étayer ses généreuses convictions, les courts textes qui constituent la réflexion visent à faire du doute une politique d'ouverture à l'autre, véritable fondement, selon Quiviger, de toute entreprise spirituelle. Les souvenirs, les confessions, les paraboles narrées servent à présenter un individu aux prises avec sa foi, qui, refusant les réponses toutes faites des institutions, prend appui sur les textes bibliques pour renforcer ses liens avec le monde et ceux qui l'habitent. Dans un univers où Dieu n'est qu'un fragile souffle, où la liberté et . . .

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« On aurait tort d'assimiler Poe à un seul genre littéraire, dont il n'a d'ailleurs cessé de ridiculiser les clichés : la nouvelle horrifique. » Je ferai mien cet avertissement du traducteur Lionel Menasché, qui rappelle qu'Edgar Allan Poe (1809-1849) a trop souvent été réduit à un seul style, le macabre, qui cache en fait la profondeur de son œuvre.

Dans Marginalia et autres fragments, Poe parle du lecteur qu'il est, qui apprécie les larges marges dans les livres, afin de pouvoir les annoter. Par cette habitude, tout lecteur peut se confier ses propres impressions, ses pensées, et de ce fait pratiquer dans son salon et pour lui-même « l'art de la critique littéraire ». Cette réflexion initiale qui permet de relativiser le métier de critique donne son titre à ce livre. Plus loin, Poe donne des conseils aux futurs écrivains et souligne l'importance pour un ouvrage d'avoir un bon chapitre d'ouverture : « Que de . . .

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Même si, comme dans tout ouvrage collectif, les contributions sont d'inégale valeur, une certitude s'impose : autant que sa rivale, la droite a droit à son temps de parole. Ce n'est ni en l'ignorant ni en lui niant tout mérite qu'on nourrira le débat démocratique. Certains lecteurs profiteront de ce livre pour la mieux détester ; d'autres puiseront ici de quoi la vanter sur la place publique ; tous la connaîtront mieux.

La démarche choisie par le coordonnateur Nelson Michaud frappe par son bon sens. D'abord, pour savoir de quoi l'on parle, la définition des termes. Ensuite, un regard sur le regain de popularité de la droite. Enfin, la relation de la droite avec les divers types de formation politique, la démocratie et les contextes canadien et étatsunien.

La plupart des textes paient tribut aux usages universitaires, dans certains cas jusqu'au jargon inclusivement. Les choses sont dites dans le respect des nuances, à distance des proc . . .

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Encore bon nombre de parents ne le savent pas, mais l'automne 2008 marque un tournant dans les programmes scolaires au Québec. Pour la première fois en effet, les enfants québécois, quelle que soit leur origine, recevront un enseignement d'éthique et de culture religieuse rompant définitivement avec l'enseignement confessionnel donné depuis des décennies.

L'auteur d'Éthique, culture religieuse, dialogue, un philosophe, est bien placé pour en parler : il a fait partie de l'équipe qui a conçu ce programme commandé par le ministère de l'Éducation. De quoi s'agit-il au juste ? D'une école neutre, laïque, où toutes les conceptions de la vie doivent se rencontrer en toute transparence, en toute harmonie. Pour les parents religieux, cela veut dire que, si leurs enfants seront accueillis dans le respect de leurs croyances, ils n'en seront pas moins exposés au pluralisme des pensées, dont l'athéisme. À l'inverse, les parents . . .

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Apaisant. Tant pour l'auteur que pour les lecteurs. Telle est l'expression qui vient au cœur et aux lèvres à la lecture de La maison du retour de Jean-Paul Kauffmann, otage français au Liban de 1985 à 1988. Célèbre malgré lui, l'ancien journaliste de L'Événement du jeudi met seize ans à raconter son retour à la vie, tel « un plongeur qui remonte par paliers ».

Lentement - et il serait bien malvenu d'être plus pressé que lui -, Kauffmann parle de la découverte et de l'achat des Tilleuls, ancien bordel pour officiers allemands, situé au cœur des Landes de Gascogne, près de Bordeaux. « Ce qui me plaît dans les Landes, c'est l'absence de clôtures », admet cet ex-prisonnier politique.

Kauffmann suit de près, avec prudence, la rénovation de cette demeure ; il la fait sienne avec un rien de détachement. « Il est classique de comparer l'appropriation d . . .

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Ce livre posthume de Victor Hugo (1802-1885) avait connu au moins une édition en 1910 ; cette nouvelle version augmentée comprend aussi d'autres textes rédigés durant cette même période (soit entre 1839 et 1843). On y trouve réunis les carnets de voyage de l'écrivain, qui note quotidiennement ses observations en visitant le sud-ouest de la France, le Pays basque et l'Espagne. Le style est éblouissant, romancé et ample, jamais banal ; digne des meilleurs textes de cet écrivain incomparable. Je cite un passage parmi d'autres : « Je suis en Espagne. J'y ai un pied du moins. Ceci est un pays de poètes et de contrebandiers. La nature est magnifique ; sauvage comme il la faut aux rêveurs, âpre comme il la faut aux voleurs ». Déjà, nous sommes en plein roman. La moindre anecdote vécue devient ici en quelques traits la scénette d'un drame authentique, et jamais joué sur les planches.

L'excellent travail d'édition . . .

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Déjà à son époque (et plus encore aujourd'hui), le journaliste Charles Fort représentait à lui seul la plus rocambolesque des curiosités issues du paranormal. Cet infatigable collectionneur de faits divers insolites - il cite plus de quarante mille sources écrites - colligeait tout renseignement concernant l'existence des fées, pluies de batraciens et autres créations de lilliputiens.

Lorsque l'on apprend que Fort se livra à ce monumental travail de recherche au début du vingtième siècle, bien avant la venue d'Internet, un vertige nous saisit en imaginant ce qu'il aurait pu commettre avec l'accès planétaire offert par le Web.

La réédition de son œuvre publiée pour la première fois en 1919 était-elle nécessaire ? Car si s'avère louable l'intention de Fort de réhabiliter les « damnés », c'est-à-dire les phénomènes paranormaux écartés parfois un peu trop rapidement par le dogme scientifique en vigueur, ses méthodes le sont moins . . .

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Ce livre est essentiellement une recension, au jour le jour, des événements (majoritairement sanglants) des cinq dernières années au Proche-Orient. Ceci de la part d'un vétéran du terrain, correspondant d'une télévision française.

Ceux et celles qui suivent régulièrement les tragédies à répétition dans la région apprendront quelques petits faits intéressants, mais sans plus. Les autres jouiront d'un topo complet et détaillé des faits et gestes des principaux acteurs - les dirigeants palestiniens, israéliens et aussi américains - dans leur corps à corps incessant.

Ces « années perdues » auxquelles réfère le titre, années où, une nouvelle fois, aucun progrès vers la paix n'a été enregistré, l'auteur en attribue la faute surtout aux Israéliens. C'est que leurs dirigeants se sont laissés gagner par des conceptions fausses de la réalité palestinienne, et ont ainsi glissé dans un radicalisme militaire contribuant à la montée de l . . .

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Comment expliquer qu'une présence aussi marquante que celle des Sulpiciens à Montréal soit aussi mal connue ? Cet impressionnant collectif présente plusieurs réponses. D'une part, les « messieurs » de Saint-Sulpice ne sont pas gens de spectacles ni de confidences. D'autre part, venus de Paris, ils se sont souvent comportés comme des métropolitains étrangers aux aspirations de leurs ouailles. À cela s'ajoute le fait, imputable à un individu plus qu'au groupe, que la puissante congrégation fut durement frappée dans sa stabilité économique et contrainte de réviser ses ambitions à la baisse. Quand il faut lancer un SOS aux pouvoirs politiques, on adopte forcément un ton autre que celui du dominateur. L'histoire se montre d'ailleurs cruelle pour Saint-Sulpice : elle accélère la recherche identitaire des Québécois au moment même où les « messieurs de Paris » sont menacés de faillite. La conjoncture ajoutant son poids à celui de la culture sulpicienne, la discrétion s'est impos . . .

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À la fin du XIXe siècle, le comte Henry de Puyjalon, intellectuel français fasciné par les grands territoires isolés, s'installe en permanence au Canada. Tour à tour fonctionnaire, chasseur, trappeur, ornithologue, géologue, naturaliste et gardien de phare, il profite de ses temps libres pour écrire sur son coin de pays d'adoption, la Côte-Nord, autrefois appelée Labrador canadien.

Récits du Labrador, publié pour la première fois en 1894, est déjà salué par la critique littéraire de l'époque pour son écriture ironique et analytique. Le recueil, composé de quinze courts récits, livre un véritable cours d'histoire naturelle sur le Labrador avec passion et humour. Henry de Puyjalon nous emporte littéralement dans ses expériences de voyageur solitaire au creux d'un territoire immense et sauvage, encore perçu à l'époque comme un lieu de solitude, de désolation et d'effroi. Le lecteur a droit à une description hostile du . . .

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Avec vigueur et pertinence, l'auteure et son préfacier profitent de ce livre pour dénoncer la complaisante amnésie que pratique le Canada dès qu'on évoque l'esclavage. Comme si jamais cette honte ne nous avait atteints. Même si Marcel Trudel a secoué notre bonne conscience dès 1960 avec l'Esclavage au Canada français,en y ajoutant un Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires, rares sont les Québécois au courant de notre passé esclavagiste. Afua Cooper, biographe de l'incendiaire Marie-Joseph-Angélique et historienne intéressée au sort des esclaves au Canada, ne pouvait donc nous convaincre à moins de présenter une impeccable reconstitution de cette vie et de cette exécution. Mission accomplie.

Visiblement, l'esclave Marie-Joseph-Angélique a vécu la même chose que les centaines de milliers de Noirs et d'Amérindiens arrachés à leur . . .

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Le Collectif d'étude sur les pratiques solidaires (CEPS) est « un regroupement multidisciplinaire d'une douzaine de chercheurs et de chercheuses, d'étudiantEs, d'intervenantEs sociaux qui, depuis 2003, est engagé dans un programme de recherche sur les 'pratiques solidaires' ».

S'interrogeant sur la réelle portée de la « consommation responsable », le CEPS a organisé, le 29 septembre 2006, un séminaire public intitulé « La consommation responsable est-elle au service du néolibéralisme ? » Le livre publié aux éditions Écosociété est en quelque sorte un compte rendu de ce séminaire.

L'ouvrage débute par une référence au livre bien connu de Laure Waridel, Acheter, c'est voter, dont on se demande si le titre est en passe de devenir un slogan récupéré par la publicité. Plus loin, s'ajoutent trois allocutions prononcées en ouverture du séminaire. On propose également une « réflexion post-séminaire » et une « conclusion en forme de petit manifeste ».

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À l'été 1950, Anne Coleman a 14 ans. Sportive, indépendante, entêtée, elle jouit d'une grande liberté d'action au sein d'une famille anglophone fortunée de North Hatley dans les Cantons-de-l'Est. Esprit romanesque, elle passe ses journées à lire Tolstoï ou les sœurs Brontë et à discuter du destin de leurs héroïnes avec son amie Patsy. Le reste du temps, elle donne un coup de main à Emily qui tient une boutique dans le village, affronte tous les temps à bord du petit voilier qu'elle manœuvre seule et, bien sûr, tombe amoureuse. L'homme qui occupe ses pensées est beau, marié, sans enfant, et enseigne à l'Université McGill. À 43 ans, Hugh MacLennan est déjà une célébrité. Entre l'auteur de Deux solitudes et la jeune fille qui veut un jour devenir écrivaine naît une affection complexe et secrète qui prendra fin abruptement avec le mariage d'Anne, à 21 ans . . .

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Ce livre, publié à l'origine en 1959, rassemble des articles écrits entre 1947 et 1955. Auteur de très beaux romans, tels Le tout sur le tout et Monsieur Paul, Henri Calet (1904-1956) fait partie de ces écrivains qui, comme Raymond Guérin, André Beucler et Marc Bernard, ont laissé une œuvre remarquable bien qu'ayant jusqu'à ce jour insuffisamment attiré l'attention. Acteur et témoin révèle la personnalité tendre et ironique de l'écrivain, en qui l'on a vu l'inventeur d'un « humour gris ». Collaborateur de Combat et du Parisien libéré notamment, Calet se faisait une joie, dans ses reportages, de partir à la découverte de la petite face cachée du monde, cherchant autour de lui des sujets d'amusement. Les petits voyages lui plaisaient particulièrement : une promenade dans la banlieue nord de Paris ceinturée d'usines (« Tourisme suburbain . . .

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Que pourrait-on dire de plus sur Bob Dylan ? Une discographie critique étoffée, Bob Dylan, Au fil des albums, est parue chez Triptyque en 2006, tandis que les éditions Libre Expression publiaient cette même année une magistrale biographie illustrée, intitulée Dylan, portraits et témoignages.

Je dois avouer que je craignais, en lisant les premières pages de Bob Dylan, Une biographie, de découvrir un ouvrage dans le style exalté des Jacques Vassal, Philippe Manœuvre, Hervé Muller d'il y a 30 ans, du genre « moi et Bob Dylan », où l'auteur ne parlerait que de l'effet de Dylan sur sa propre vie (voir le premier collectif, Dylan, paru chez le même éditeur). Heureusement, il est aussi question de musique et de rencontres dans cette biographie qui s'apparente parfois aux articles impressionnistes du magazine Rock & Folk

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Malgré la pléthore de livres publiés depuis le 11 septembre 2001 sur l'islam et le monde arabe, les ouvrages rédigés par des experts québécois demeurent rares. Ceux de qualité, encore plus. L'ouvrage de Sami Aoun, professeur à l'Université de Sherbrooke et commentateur bien connu des médias électroniques, doit être salué.

Car l'universitaire nous fait entrer au cœur des (lourds) débats qui ont actuellement cours au sein du monde arabe et musulman. Certes, le propos ne sera pas toujours facile pour les néophytes. Cet avertissement posé, les enjeux soulevés sont de première importance pour comprendre le bouillonnement dans cette région. Sami Aoun y traite de la modernité, de la laïcité, de la démocratie, de la violence, de la condition de la femme, entre autres sujets qui alimentent les discussions et les réflexions sur le devenir de cet Orient encore si mal compris et son insertion, tant recherchée dans le cercle des . . .

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La Turquie contemporaine, celle qui fascine mais effraie, celle qui fait couler beaucoup d'encre, est ici racontée de l'intérieur par Orhan Pamuk, un de ses enfants les plus illustres. Après les succès de Mon nom est rougeet Neige, entre autres titres traduits en plus de quarante langues, le Prix Nobel 2006 raconte son enfance à Istanbul, ville mythique située entre Orient et Occident.

Fondée en 667 avant Jésus-Christ par les Argonautes, dit-on, Byzance est grecque. Mille ans plus tard, en 330, Constantin lui donne son nom – Constantinople – et en fait la capitale de l'Empire romain d'Orient. Un deuxième millénaire passe. En 1453, les nouveaux conquérants ottomans la nomment Istanbul.

Troisième en titre à régner sur la région, l'Empire ottoman – fondé par les Turcs – a duré plus de 600 ans. Après la défaite de la guerre de 1914 . . .

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Sur les divisions qui animent le monde musulman, peu de livres écrits par des intellectuels musulmans sont aussi sensibles que cette tentative de repenser l'islam à la lumière du monde moderne, de faire un pont entre l'enseignement du passé et les exigences posées par la vie contemporaine.

On connaît mieux le courant inverse, bien sûr, celui de l'islam intégriste, qui fait une interprétation littérale, hors du temps, du livre saint des musulmans, sans aucune mise en contexte historique. Pourtant, depuis une centaine d'années, des penseurs, empruntant à la méthode rationnelle d'inspiration occidentale, essaient d'apporter une interprétation autre du Coran, en misant sur les outils de la science moderne.

Encore plus rare, c'est ici une femme qui se lance dans cette courageuse entreprise. L'ouvrage de la Tunisienne Olfa Youssef est donc en soi un mini-événement dans le petit monde de l'islamologie. Linguiste, l'auteure se sert aussi de ses connaissances en psychanalyse . . .

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Grâce à des enquêtes comme celle-ci, les femmes de la Nouvelle-France, y compris les religieuses, reçoivent leur dû. On ne pourra plus considérer les immenses figures féminines de la colonie comme de dociles satellites gravitant autour des gouverneurs, des évêques et des cols romains. Construire, gérer, éduquer, soigner, éditer, résister aux hiérarchies, voilà qui leur vaudrait aujourd'hui l'admiration des chantres de l'entrepreneurship.

Cela dit, était-il nécessaire, pour ajuster la balance, de tant enlaidir les mâles de l'époque ? Mgr de Laval ou Frontenac n'étaient-ils pas assez antipathiques ? Puisque l'époque avalisait la vanité masculine, comment reprocher au narrateur immergé dans ce temps l'idée de nommer les mâles en premier ? D'ailleurs, que valent les griefs entretenus contre tel jésuite si les religieuses assènent des verdicts aussi radicaux ? « Les hospitalières, nous dit-on, seront très sévères à l'égard de celles (de . . .

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Dans ce livre sur Georges Bataille, le grand transgresseur, Bernard Sichère réunit une série d'articles déjà parus dans des revues et des ouvrages collectifs pour se livrer à ce que Philippe Sollers appelait une « ethnologie des ombres ». Au cœur de celle(s)-ci, c'est l'universalité de l'expérience érotique – « approbation de la vie jusque dans la mort », selon la formule désormais consacrée, mais plutôt vilipendée par les temps d'extrême qui courent – par-delà les différences culturelles, qui vient ici servir de soutien à une pensée puissante de ne jamais s'être érigée en système. L'écriture de Bataille (dans le nom duquel je ne peux jamais ne pas lire Bastille ) constitue en effet l'une des plus tenaces résistances à l'objectivisme anthropologique dont Claude Lévi-Strauss, élaborant une sorte de champ ou de discipline sans sujet, demeure malgré sa grandeur napoléonienne en partie responsable.

Nous abordons ainsi au . . .

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Dès le départ, question précise : ce sont les médias qui répercutent les décisions de la Cour suprême, mais leurs façons de le faire en favorisent-elles l'intelligence ? En termes mesurés, multipliant les vérifications et consultant les professionnels impliqués, les auteurs notent un fossé. D'une part, la presse, qui demande à ses généralistes de résumer une décision judiciaire aux connotations codées, résume souvent mal la pensée des magistrats. D'autre part, il serait futile d'espérer que les médias investissent temps et argent dans la « couverture » d'un tribunal qui parle à son rythme et dans sa langue. D'où – il fallait y penser ! – l'idée de loger entre la Cour et les médias un personnage rompu aux subtilités judiciaires et capable de les faire percevoir aux journalistes. L'enquête dont ce bouquin révèle la substance n'est modeste qu'en apparence . . .

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Deuxième titre de la collection « Droit au pôle », cet ouvrage est publié dans le cadre des travaux du Laboratoire international d'étude multidisciplinaire comparée des représentations du Nord, dirigé par Daniel Chartier. Adina Ruiu y retrace les lieux communs qui fondent le discours sur le Nord au XVIIe siècle, en se basant sur les références aux relations de voyage tirées d'ouvrages d'astronomie, d'optique et d'histoire de la nature. Refondu pour la publication, ce mémoire de maîtrise se situe au croisement de l'histoire culturelle et sociale des sciences et de l'analyse textuelle des relations de voyage.

D'une part, Adina Ruiu analyse les fondements épistémologiques et les cadres textuels qui ont permis la circulation des références entre la littérature de voyage au Nord et les œuvres philosophiques du XVIIe siècle. D'autre part, elle observe comment ces résonances finissent par définir le . . .

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Bien que remaniée, l'édition 2006 du classique d'André Patry remet en lumière un document capital sur la diplomatie québécoise. Patry sait de quoi il parle et parle sans détour. Il remonte à 1816 et rappelle que le Bas-Canada ouvrit alors une agence à Londres. Il rigole en racontant les premiers gestes d'Ottawa, en 1960, en faveur de la francophonie : « Herbert Moran, ancien haut-commissaire au Pakistan, est unilingue et peu réceptif à la sensibilité latine. Mais c'est un homme diligent et méthodique, et il finira avec le temps par accorder une attention sérieuse à ce programme francophone ». Même mordant au moment de jauger tel régime : « Cet intérêt se maintiendra sous le gouvernement suivant, malgré la politique incohérente et souvent incompréhensible du gouvernement canadien envers les pays de cette région ». « L'Afrique, précise Patry, demeure l'entrepôt du fédéralisme canadien. Partout des verrous. On croirait que le salut de la constitution . . .

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Dans une langue où rivalisent rigueur et élégance, Martin Pâquet raconte trois cent cinquante ans d'histoire. D'entrée de jeu, la visière est levée. Il entend « préciser les contours de l'objet étudié - la formation de la pensée d'État -, le terrain d'enquête privilégié - l'histoire de la culture politique au Québec entre 1627 et 1981 -, ainsi que la méthodologie de l'enquête - celle de l'anthropologie historique ». L'auteur tiendra parole.

Au début, monarchie oblige, l'allégeance définit l'individu. Dépend-il de tel roi qu'il en devient le sujet. Sont du coup rejetés ceux dont l'allégeance va à un autre. Heureusement (?), la guerre peut modifier le cours des choses : « [...] la capitulation transforme instantanément la nature des individus ». Tel est le sens des serments exigés : ils légitiment les changements d'allégeance et remodèlent la Cité. L'étape suivante changera le tamis . . .

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L'un des monstres sacrés du cinéma français (avec Gérard Depardieu, Alain Delon, Jean Rochefort, Jean-Louis Trintignant, Claude Rich), l'acteur Philippe Noiret (1930-2006) a joué durant un demi-siècle et il a côtoyé les plus grands : Gérard Philippe, mais aussi Alfred Hitchcock dans Topaz, Fred Astaire dans Un Taxi mauve ! Son autobiographie relate les tournages de ses meilleurs films, dont Alexandre le bienheureux d'Yves Robert, en 1967, et Le vieux fusil de Robert Enrico, en 1974. Mais une autobiographie d'acteur accorde parfois plus d'importance aux tournages mémorables, comme l'adaptation méconnue de Poil de carotte réalisée par Henri Graziani en 1973. L'acteur raconte par ailleurs comment le long métrage La Vieille Fille (1972), qui semblait très moyen, remporta contre toute attente un vif succès : le producteur, qui manquait de films à distribuer dans ses réseaux . . .

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Ne lésinons pas : voici une merveille. C'est beau, intelligent, socialement utile, pressant sans catastrophisme, culturellement prenant et dépaysant, porteur de mythes, décloisonné jusqu'à la cohabitation des genres littéraires... Ce que montrait la série télévisée Vu du large, cet album en permet la sereine dégustation. Bienvenue dans l'univers de Magtogoëk le chemin qui marche, ce fleuve géant que fragilisent les abus humains ! Telle page est poésie, une autre plonge dans la mythologie, telle autre fait craindre la disparition de centaines d'espèces et le déferlement de la pollution meurtrière... Et toujours file le Sedna IV. Véritable pélerinage en hommage au fleuve-océan qui engendre un pays. Superbe . . .

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L'être humain construit son individualité grâce aux liens qu'il entretient avec les autres, et ce, dès sa naissance, par la filiation. La mort peut changer la nature de ces liens, mais pas leur fonction. Tandis que la psychologie se penche plus volontiers sur les conséquences de la perte pour l'endeuillé, Magali Molinié, psychologue clinicienne et enseignante à Paris-8, a choisi d'étudier la relation dynamique qui s'installe entre une personne qui vit un deuil et une personne décédée. Car, après tout, argumente-t-elle, un mort n'est pas inexistant.

Pour les besoins de sa recherche, Magali Molinié a recueilli les témoignages de plusieurs individus qui ont eu, chacun à sa façon, à vivre un deuil et qui se retrouvent dans une relation singulière avec un ou plusieurs disparus. Afin d'élaborer sa réflexion et d'effectuer son analyse, elle va puiser à la fois dans la psychologie et dans l'anthropologie, science qui propose le terme « deuilleur . . .

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Dans leur étude intitulée La terre, la Bible et l'Histoire, « Vers le pays que je te ferai voir », les chercheursAlain Marchadour et David Neuhaus - le premier est un assomptionniste français et le second, un prêtre jésuite israélien - se sont donné comme objectif de montrer de quelle manière le thème de « la terre » traverse les textes de la Bible, de l'Ancien Testament comme du Nouveau Testament. Il s'agit d'un parcours aux enjeux certes imposants, qui parvient néanmoins à nous donner un nouvel éclairage sur la perception judéo-chrétienne de la Terre sainte. En plus de fouiller dans les textes bibliques pour établir l'évolution du thème choisi, les auteurs dépassent le seul contexte historico-religieux et arrivent à soulever un certain nombre de questionnements dont la richesse alimente la réflexion.

Le lecteur peu à l'affût de l'importance de la « terre » en tant qu'espace sacré dans sa perception des év . . .

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Rares sont les créateurs qui nous donnent accès à leurs pensées autrement que par leurs œuvres. Encore faut-il bien les interpréter et les comprendre. Pourtant, quand il leur arrive d'en parler, nous restons quelque peu incrédules, partant du principe que le processus de création est un élan fou, c'est-à-dire déraisonné. Les propos nous semblent alors choisis dans le but de nous faire voir l'auteur tel qu'il veut nous apparaître.

Un fait est certain : si l'artiste ment, il ne le fait pas avec les intentions d'un politicien, ni celles de l'enfant qui ne veut pas avouer sa faute. En vérité, un artiste qui parle de sa création nous dit des choses tellement intimes qu'il nous est difficile, impossible même, d'en déterminer la véracité. Il faut alors écouter, faire confiance et apprendre.

Marcella Maltais est peintre. Entre 1968 et 1991, elle a consigné des remarques, des opinions et des . . .

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Un même fil conducteur traverse le recueil d'essais de Monique LaRue : le désir d'interroger plus à fond ce qui l'interpelle, autant dans sa vie professionnelle qu'à titre de romancière ou de citoyenne. Désir de comprendre, de partager, d'aller au delà du consensus social, des idées arrêtées, ou de ce qu'il fait bon de penser. « Il est rare que je refuse de répondre à une question, à une invitation, à un débat, écrit la romancière en introduction. Répondre est, pour moi, un autre mot pour le métier d'écrire. » Et qui dit métier, dit l'absolue nécessité d'éviter toute posture intellectuelle. Ce à quoi nous convie Monique LaRue dans De fil en aiguille.

Les premiers textes abordent la question de la langue, premier et seul véritable matériau de l'écrivain. « Un écrivain n'est pas un auteur, rappelle Monique LaRue. Un écrivain est une écriture. » Et lorsque cette écriture se . . .

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Analyste politique sollicitée et appréciée, Chantal Hébert exploite à fond son aptitude à jauger les décideurs et leurs orientations de façon presque constamment sereine. Ses opinions sont tranchées et souvent caustiques, ainsi qu'en témoigne le verdict sans appel qu'elle prononce à l'égard d'Hélène Scherrer, brièvement rattachée au cabinet de Paul Martin, mais elle les étaie le plus souvent de convaincante manière. De plus, l'aisance avec laquelle elle évolue sur les deux versants du clivage linguistique canadien donne à ses évaluations une coloration particulière. Rares sont, par exemple, les analystes qui ont vu à quel point importait sous Mulroney et importe aujourd'hui sous Harper l'improbable parenté entre le Québec et l'Alberta. Tout aussi rares seront les observateurs capables de noter que le Bloc québécois a provoqué, à l'encontre de ses vœux, une légitimation du parlementarisme fédéral à force d'y intervenir avec pertinence et honnêteté.

Chantal H . . .

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Treize experts exposent ici leurs réflexions sur « la légitimité et le contenu d'une politique linguistique favorisant l'essor de la langue française dans [la] société plurielle » qu'est le Québec contemporain. Un article rédigé par le professeur Michel Pagé, rattaché au Département de psychologie et au Centre d'études ethniques des universités montréalaises, à l'Université de Montréal, « a été communiqué [aux auteurs] par le Conseil supérieur de la langue française » du Québec et « a servi [...] d'amorce à la discussion » : « [...] notre centre d'intérêt », disent les éditeurs de l'ouvrage en introduction, « est le français en tant que langue commune de la communication entre les francophones et les personnes de langue maternelle autre que le français », c'est-à-dire, insiste-t-on, « le français en tant que langue prépondérante de la communication publique ». C'est la « réalité » abordée par le texte initiateur de Michel Pagé, qui opte « pour . . .

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Qu'est-ce qu'être soi-même ? Voilà la délicate question à laquelle tente de répondre François Flahault, chercheur au CNRS. Rapidement, il s'inscrit en faux par rapport à la conception occidentale de l'individu selon laquelle l'humain se développe par lui-même comme s'il vivait en autarcie. Selon l'auteur, c'est grâce à la conversation qu'un humain développe son identité. François Flahault aborde ainsi la question selon une approche relationnelle : « La piste qui s'ouvre nous montre [ ] que la relation est le champ dans lequel se constitue l'individu et que la coexistence précède l'existence de soi ». Pour élaborer son idée, l'auteur procède à une analyse du dialogue dans sa forme la plus élémentaire, à savoir le conte.

Selon Flahault, le conte est la première forme de dialogue qui est portée à la conscience de l'être humain. Dès son plus jeune âge, un enfant est plongédans l'univers merveilleux . . .

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Pour aller au bout de ses rêves, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne faut pas mourir de faim ou vivre dans l'insécurité matérielle. Donc Va au bout de tes rêves !, comme tous les livres de ce genre, a le don de s'adresser à la classe moyenne, suffisamment à l'aise financièrement pour s'interroger sur le sens à donner à l'existence. Ce n'est pas que les autres ne souhaiteraient pas savoir pour quoi ils vivent, mais disons que la grande majorité ne peut se le permettre. Alors, il y a forcément quelque chose d'agaçant à lire ces lignes, car qui ne voudrait pas vivre ses rêves ? On se le demande. Comme la petite fille aux allumettes, on est une méchante gang à rêver sa vie et quand on voudrait se donner les moyens de changer les choses, la réalité nous rattrape. Et ils sont rares ceux et celles qui . . .

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Maurizio Gatti me surprendra toujours. Le préfacier François Paré, toujours sensible aux « littératures de l'exiguïté », vante sa contribution : « [...] c'est un Italien de naissance, venu étudier le Québec par le biais de ses marges, qui nous aura aussi fait découvrir de nombreux autres auteurs autochtones ». Or, Gatti persiste. Tantôt par de nouveaux chantiers, tantôt en creusant des intuitions déjà offertes à la discussion. Cette fois encore, il cherche à « typer » l'écrivain autochtone . « Est-ce par une exigence personnelle, un choix politique, une contrainte éditoriale, une demande des lecteurs ? » Gatti choisit ses parallèles. Comparer la littérature amérindienne anglophone et celle qui se crée en français au Québec ne le séduit pas. En revanche, Charles Taylor l'intéresse, car il interroge à la fois l'identité collective et celle de l'individu. Avec minutie, l'auteur décortique la Loi sur les Indiens. De même, il réfère souvent à Albert Memmi, à ses observations sur . . .

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Travail ambitieux et utile que celui de comparer les genèses des régimes d'assurance-santé du Québec et des États-Unis. Rares sont ceux qui refermeront le bouquin de Joseph Facal en n'y ayant rien appris. La recherche, en effet, est méticuleuse, sereine, attentive aux parentés comme aux dissemblances. Honnête, l'auteur torpille lui-même plusieurs des hypothèses du départ. Dans tel cas, le hasard fait mieux que les stratégies plus songées. Dans tel autre, la réforme survit au manque de charisme du « porteur de ballon ». Joseph Facal dégage quand même avec force deux constats peu enthousiasmants. D'une part, les deux réformes ont été interceptées par la profession médicale. D'autre part, le résultat final ressemble peu au projet initial. Si, malgré tout, le modèle québécois a mieux défendu l'idéal du départ, c'est que la profession médicale est un . . .

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Jean Daniel est éditorialiste au Nouvel Observateur, journal qu'il a contribué à fonder en 1964. C'est surtout l'éthique journalistique d'Albert Camus - en plus de toute la pertinence et de l'actualité de son œuvre -, qu'il tente ici de mettre en lumière. Cinquante ans après sa mort, Camus nous interpelle toujours tant dans nos pâles certitudes que dans notre affreuse bêtise...

Camus a toujours désiré comprendre les contradictions et les opacités de son temps afin de guider ses semblables dans les curieux dédales de notre monde. C'est pourquoi nous ne pouvons cesser de faire appel à lui : il est « là »... en ce qui touche les « aventures de la vérité ». Et celles-ci contre l'« air du temps » qui peut être asservissant, aliénant - l'intellectuel marche en « solitaire » mais « solidaire » des souffrances de l'autre. On se rappellera la fameuse phrase de L'homme révolté : « Je me révolte, donc . . .

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Peu d'écrivains entreront dans le XXe siècle comme Blaise Cendrars. Il vivra en Suisse, en Égypte et en Italie, perdra son bras droit à la guerre de 1914-1918 (ce qui l'obligera à apprendre à écrire de la main gauche), voyagera en Russie, à New York et au Brésil et, finalement, mènera une vie de misère à Paris dans l'ombre des Ravel, Debussy, Modigliani, Chagall, Apollinaire, Cocteau, Gide, Proust.

Dans une récente biographie intitulée Blaise Cendrars, La vie, le verbe, l'écriture, Miriam Cendrars - fille cadette du légendaire bourlingueur - nous présente l'évolution de celui qui allait devenir une figure mythique de la littérature du XXe siècle. Né en Suisse en 1887, Cendrars meurt à Paris en 1961. C'est une longue et permanente instabilité, presque une démangeaison existentielle, associée à une misère matérielle constante, qui décrit le mieux l'ensemble de la vie de l'auteur . . .

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La pollution de l'air fait autant de morts que les accidents de la route. Les poissons ne sont plus mangeables. Les pôles fondent et les saisons foutent le camp. Les ours blancs sont anorexiques ; quant aux bélugas, ils sont attaqués par les pesticides. L'eau est remplie de nitrates. Le déboisement fait la joie des bibittes en tout genre porteuses de maladies mortelles. Nos maisons baignent dans des émanations cancérogènes. Un gros nuage tout noir survole l'Asie mais ne s'y cantonne pas. Les embouteillages routiers réduisent l'espérance de vie de 8,6 mois. En somme, la situation écologique de la terre est inquiétante. Elle l'est d'autant plus que toutes ces substances chimiques voltigent comme des poussières au vent et retombent inexorablement sur les plus grands primates qui soient : nous. La santé de chacun en pâtit. Après les pesticides, les molluscides, les taupicides, les herbicides, voilà venu . . .

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Les valeurs que défend depuis toujours Roméo Bouchard sont de celles que bousculent les engouements présents. Si la fébrile évaluation moderne impose sa logique immédiate et quantitative, les régions ont, en effet, tout à craindre. Elles demandent pourtant bien peu. Avant tout, qu'on cesse de les piller. Puis, que les réformes, qui ont secoué l'administration municipale, rejoignent aussi les régions excentriques pour leur faciliter des regroupements sur mesure. Ce que les grands centres obtiennent en promettant des économies d'échelle, les régions devraient en bénéficier au nom de la nécessité pour une société d'occuper la totalité de son territoire et de laisser vivre différents modèles. Concrètement, cela veut dire permettre aux régions « d'avoir la parole et les pouvoirs nécessaires pour exercer une gestion intégrée de leur territoire respectif », favoriser « la mise en place d'un modèle d'économie régionale basé sur les ressources et les . . .

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L'Orient existe-t-il dans l'imaginaire québécois ? La réponse, chez la plupart d'entre nous, serait évasive. Pourtant, à la lecture de ce collectif, le Québec se révèle souvent touché par l'Orient. Les responsables de ce bilan ont eu l'intelligence de demander aux différents auteurs un éclairage circonscrit plutôt qu'une complémentarité artificielle. Missionnaires et diplomates ont fréquenté un Orient différent de celui qui a pu inspirer Borduas. Le de Robert Lepage a exigé la plongée dans le théâtre japonais, tandis que les auteurs Ying Chen, Guy Parent, Ook Chung et Aki Shimazaki situent leurs Chinatown à leur gré ou, tout simplement, loin de tout cadastre. Naïm Kattan, juif francophone élevé à Bagdad, construit, pour lui et pour nous, un espace culturel préoccupé du réel, du temps et de l'Autre. « On est toujours l'Oriental de quelqu'un », aime-t-il à dire. Victor Teboul, juif de culture arabe, proposera . . .

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Le titre, malgré sa précision et peut-être à cause d'elle, risque d'effrayer. Ce serait dommage, car Arnaud Balvay livre avec clarté et rigueur une masse d'informations rarement regroupées. Il rattache (mieux que notre nombrilisme québécois) la Louisiane et le Pays d'en Haut. Il évalue les stratégies d'occupation et surtout les forts. Il constate que la France ne cherche pas l'implantation. Quant aux troupes expédiées par la France, Balvay est net : « [...] les militaires envoyés par la France en Amérique du Nord entre 1683 et 1755 appartiennent tous aux troupes de la marine ». C'est à eux d'abord que l'auteur s'intéresse. Ces soldats vivront longuement dans des endroits secoués par tous les commerces. Ils sont si mal approvisionnés qu'ils doivent tout aux Autochtones. La traite, plus qu'une preuve de cupidité, est une condition de survie. Mariages, unions « à la mode du pays » et métissages s'ensuivront. Les missionnaires regardent ailleurs . . .

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Malgré un titre passablement banal, ce livre d'entretiens fait néanmoins le tour de la question relativement à la situation difficile du monde arabe et musulman depuis deux siècles : islam et politique, islam et violence, islam en Occident, etc. Avec un courage qui l'honore, Sami Aoun, originaire du Liban, favorise une évolution de la pensée arabe et musulmane vers des concepts propres à l'Occident : laïcité, respect de la liberté de culte et de pensée, égalité des hommes et des femmes. En somme, il faudrait moderniser l'islam plutôt que d'islamiser la modernité, comme tentent de le faire la majorité des musulmans, avec plus ou moins (et plutôt moins) de bonheur (comme si on pouvait emprunter des technologies sans se soucier du socle intellectuel qui les soutient).

Bref, au lieu du repli identitaire, comme l'est l'islamisme, repli qui à la fois exprime et contribue à l'affaiblissement des musulmans, il faut plonger dans le siècle qui se construit et, ce faisant, faire . . .

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Écrivain réfléchi et pénétrant, Marc-Alain Wolf passe pour la première fois de l'essai au roman. Il y investit son sens de la nuance, l'aptitude à juxtaposer des sensibilités diverses, l'art de moduler le rythme stylistique. Dès le départ, Wolf fournit ce qui est (peut-être) une clé : « Il a lu dernièrement, dans un magazine littéraire, un article mentionnant que Stendhal écrivait pour faire taire la parole des autres en lui. [...] Faire taire en soi la parole des autres. La voix des autres. Mais de qui au juste ? » Lorsque, quelques pages plus loin, le narrateur s'identifie, on mesure le défi : « C'est à dix-neuf heures quinze, le dimanche 15 septembre 2002, que Zaccharias Lemieux, accompagné de ses deux enfants, pénétra dans le sanctuaire principal de la synagogue hispano-portugaise. La Spanish and Portuguese ». Un Zaccharias juif, un Lemieux québécois, une synagogue perpétuant à Montréal une foi enracinée dans la p . . .

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Une dizaine d'années après Va où ton cœur te porte, Susanna Tamaro en présente la suite, Écoute ma voix. Avec un tirage de cinq millions d'exemplaires, le best-seller Va où ton cœur te porte a été le plus grand succès de l'édition italienne du siècle dernier, dit-on. La réalisatrice Cristina Comencini en a tiré un film en 1995, fraîchement accueilli par la critique.

Dans Écoute ma voix, on assiste à la lente découverte des racines identitaires de la rebelle Elena, petite-fille d'Olga, l'héroïne du premier roman. La narratrice de 22 ans est plus d'une fois confrontée à des retrouvailles familiales suivies de tristes adieux – ou de morts – et de quelques heureuses réconciliations. « Une porte s'ouvre et je me retrouve face à mon père. » Autobiographique, le livre se déroule à Trieste puis en . . .

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Patrick Senécal est un écrivain populaire. Il excelle, dit-on, dans l'exploration du « côté sombre de l'humain » Pourtant, dans Le vide, son dernier roman, il est question de pédophilie, de scatologie, de travers sexuels de toutes sortes, de la juxtaposition des mots « langue » et « anus », qui, somme toute, n'ont rien de bien ténébreux. Nos médias nous ont depuis longtemps habitués à bien pire, à bien plus sombre. À moins que ce ne soit de ce vide-là dont il est question

Patrick Senécal aime choquer, provoquer, confondre. Ses romans (Sur le seuil, Les sept jours du talion) débordent d'émotions fortes, ambiguës, nuancées, qui nous sortent de la routine quotidienne et nous propulsent dans les zones grises, rarement visitées, de l'âme humaine. Dans Le vide, trois hommes, aussi différents que les méandres qui uniront leur . . .

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Le titre de ce roman fait référence à l'insulte qu'ont criée à l'auteur, pendant toute son enfance, des camarades d'école : « Cochon d'Allemand ! » Né au Danemark en 1960 d'une immigrée allemande et d'un riche entrepreneur danois, le jeune Knud fut rapidement l'objet d'une haine irrationnelle, pas seulement de la part des autres enfants, mais de toute la communauté qui composait la petite ville industrielle de Nykøbing. La principale victime fut sans doute sa mère que l'on traitait tout haut de nazie, et ce, jusqu'à son décès survenu dans l'isolement le plus complet. Durant la guerre, elle avait pourtant fait partie de la résistance contre le régime hitlérien, ce qui l'avait obligée à fuir, peu après que l'on ait fait pendre son fiancé. C'était en 1942.

D'un autre côté, il y a le père, un homme droit et taciturne, et sa famille, qui n'a . . .

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Les vaillances, farces et aventures de Gaspard des montagnes, que l'on considère comme le chef-d'œuvred'Henri Pourrat et qui vient d'être réédité chez Albin Michel, est un cycle de quatre romans écrits dans les années 1920. Le point de départ est simple : Gaspard promet à Anne-Marie de la protéger contre l'homme dont elle a mutilé la main et qui a juré de se venger. Mais cela amorce un long récit constitué de nombreuses petites histoires qui se déroulent en Auvergne à l'époque napoléonienne, le héros prenant part à une suite d'aventures où se profilent les ombres d'individus mystérieux, de brigands et de créatures fantastiques.

La principale qualité du roman réside dans la manière colorée de reproduire l'univers paysan ; en effet, il ne s'agit pas pour lui de développer la psychologie des personnages (elle est très simplement placée au service de l . . .

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En 2005, Anne-Marie Olivier se méritait le Masque du public et le prix d'interprétation Paul Hébert pour son spectacle solo Gros et détail. Elle revient à la charge avec Le psychomaton qui, à l'instar de son spectacle précédent, nous plonge dans la vie ordinaire de gens ordinaires.

Le psychomaton est une machine entre la cabine photographique (le kiosque à photos qu'on trouvait jadis dans les centres d'achat) et le confessionnal. Josée et Polo, les deux principaux personnages, créent cet appareil à la suite d'échanges populo-philosophiques, au cours desquels ils cherchaient à « combler un manque d'amour » qui serait, selon eux, à la source de plusieurs des problèmes sociaux actuels. C'est sur cette prémisse que repose l'ensemble de cette pièce présentée pour la première fois le 19 avril 2007, au Théâtre Périscope, à Québec.

Les deux grands axes du texte . . .

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Le premier roman de Maya Merrick, Sextant, étonne d'emblée : « Je m'appelle Cassy Peerson et je suis une sirène ». Une jeune narratrice rassemble les fragments disparates de sa vie et reconstitue aléatoirement le fil de son existence. L'entreprise est ardue puisque cette strip-teaseuse aquatique (!) dans un bar glauque mène une vie sans repère stable. Cassy habite une voiture abandonnée et se consume dans le sexe, l'alcool et la drogue. De tels ingrédients mènent généralement à un récit teinté de voyeurisme et de scandales, dont raffolent les autofictions postmodernes, mais Merrick évite ces lieux communs et traque plutôt les lourds souvenirs qui assaillent la narratrice.

Fuyant un dur passé, Cassy raconte par de courtes scènes les images qui affleurent à la surface de sa mémoire. Avec justesse, un sens paradoxal de l'ellipse et de la précision, elle superpose divers temps et lieux (jamais précisés) de sa vie . . .

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Dans ce recueil qui s'offre comme le journal sans date d'un poète, le narrateur, de son studio rue Daubenton à Paris, se laisse porter par ses souvenirs et par ses observations du moment. « Un espace fermé que j'habite pendant quelques semaines. Chambre écho pour la mémoire. » Par bribes d'idées discontinues reproduisant le flot de la pensée, « [l]e monde est nommé par le poème ». Le monde est aussi interrogé, cela dans le rapport qui existe entre les mots et les choses. Le narrateur joue au jeu des connotations qu'offrent les sonorités de la langue et des divagations auxquelles elles peuvent mener : « Daubenton. Je m'exerce à la rêverie musicale du toponyme ». Pour le poète, l'écriture transforme le réel et transfigure les lieux, les expériences et les voyages.

Également, Rue Daubenton témoigne d'un exercice de mémoire. La poésie, le plaisir des mots, conduit alors sur un terrain où l . . .

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Parmi les voix nouvelles de la littérature francophone, celle d'Alain Mabanckou est à surveiller de près. Depuis quelques années, le romancier et poète originaire du Congo-Brazzaville construit une œuvre d'une grande qualité formelle, dans laquelle se déploient avec verve et tonus d'appréciables dons de conteur et un esprit inventif qui n'hésite pas à bousculer les usages narratifs. On a pu le voir avec African psycho, cette parodie du controversé roman de Bret Easton Ellis, retraçant, plutôt que la trajectoire meurtrière d'un désaxé golden boy de Wall Street, l'itinéraire d'un criminel raté, où la cocasserie prend vite le pas sur l'extrême violence de la situation. De même, Verre cassé, fable aux relents rabelaisiens annonçant Mémoires de porc-épic, raconte la geste « très horrifique » des clients éclopés d'un bar congolais crasseux. R . . .

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Ce beau recueil à l'étrange titre est le premier d'un jeune poète de vingt-trois ans. On peut, ici, parler d'une « suite poétique », de la « chronique » d'un monde marqué par la décadence, le vide existentiel. Il s'ouvre, pertinemment, sur une citation de Nelligan évoquant la perte - sinon la mort - de l'espoir.

Voilà une poésie urbaine très esthétique qui circonscrit sa thématique à la manière d'un Jean-Paul Daoust. La ville de Montréal nous est montrée à la fois dans ce qu'elle a de séduisant et de repoussant. Notre jeune poète n'est pas, d'emblée, très enthousiaste devant ce que lui offre l'existence, mais ne se plaint pas platement. Il constate, il VOIT : « Ma parole s'est déchirée / j'ai pleuré des lettres / il ne restait de moi qu'un mot / versé dans l'évier / voici la nuit broyée dans mes os ». Une rage enrobée de . . .

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Pour qui suit avec attention et intérêt l'œuvre de Robert Lalonde, Espèces en voie de disparition, le recueil de onze nouvelles paru le printemps dernier, s'inscrit dans la continuité des thèmes chers à l'auteur, mais avec le condensé propre à la nouvelle qui permet de circonscrire avec acuité la tension dramatique que l'on retrouve ailleurs dans l'œuvre romanesque de l'écrivain. D'emblée, le titre évoque ces êtres que la société a tôt fait de marginaliser en raison des différences qu'ils affichent et qui menacent l'ordre des choses, l'apparente tranquillité qui endort nos consciences dès lors qu'elles sont confrontées à ce qui leur est étranger. Le thème de la gémellité traverse le recueil, comme si l'auteur, par ce seul choix, voulait mettre en garde son lecteur contre le côté factice de ce qui nous est donné comme unique. Qu'il s'agisse d'un couple âg . . .

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Déjà en ouvrant le livre de Sonia Kaleva Anguelova, on devine que les marginaux y auront une place de choix : le recueil est entre autres dédié aux exilés, aux exploités, aux femmes monoparentales. Il n'est pas surprenant, alors, d'y trouver les portraits de ces personnes, croisées fréquemment, dont on se demande si rarement qui elles sont vraiment. Pensons aux cordonniers, aux concierges...

Pleine de compassion lorsqu'il s'agit de ces gagne-petit, la narratrice (c'est presque toujours une femme) change rapidement de ton quand elle tombe sur des représentants d'autres classes. Ironique en parlant d'un critique de théâtre (qui, s'il ne se permet pas d'applaudir à la fin d'un spectacle, ne se gêne pas de profiter de la bière offerte gratuitement après la représentation), elle devient furieuse en écoutant les propos d'un immigrant : «Vous serez bientôt comme nous en France - envahis ! [...] Ces maudits Arabes ! Sales, menteurs, voleurs, paresseux . . .

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Même si ce recueil est le premier livre de Young-Moon Jung offert en français, il ne s'agit pas de l'œuvre d'un débutant. Natif du comté sud-coréen de Hamyang en 1965, Jung a publié sept ouvrages de fiction depuis 1997 et remporté le prix Dong-Seo Mounhak avec la version originale de Pour ne pas rater ma dernière seconde en 1999. Malgré ce que le titre comporte de longuet, les nouvelles réunies dans ce recueil constituent autant de « micro-récits » ; la plus longue ne fait pas vingt pages et la plus courte s'étend sur seulement quelques lignes. Ce sont pour la plupart des « histoires ultranoires », des « contes de fées à l'envers », comme le relève judicieusement Jean Bellemin-Noël dans l'avant-propos. Allègrement macabres, ironiques et invraisemblables, ces narrations ont toutes quelque chose à voir avec le rêve, l'angoisse, le crime et le fantasme. On peut détecter, bien . . .

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Peu loquaces lorsqu'on les interroge au sujet de bonbonnière, les dictionnaires consentent néanmoins à distinguer signification obvie et sens figuré. Au premier coup d'œil, la bonbonnière, sans surprise, présente un assortiment de sucreries ; au sens figuré, elle prétend devenir un appartement décoré avec goût ou une petite maison élégante et commode. Le fascinant roman en portraits que signent Hans-Jürgen Greif et Guy Boivin satisfait, pour peu qu'on libère ses diverses harmoniques, à la double série d'exigences : on y trouve une succession tantôt émouvante, tantôt échevelée d'individus et d'ambitions, mais aussi le culte d'un nom, celui de Boiteau, auquel tout revient comme au pôle indiscutable. Car une inquiétude traverse le bouquin : la prophétie annonçant l'extinction du nom au bout de six générations va-t-elle ou non s'accomplir ?

Au départ, la mort du nom semble peu à craindre, tant . . .

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Au premier coup d'œil, Les autres d'Alice Ferney est la promesse d'un bon divertissement. Par le biais d'une approche originale en trois scènes, l'auteure propose une réflexion préoccupante : qui sommes-nous pour les autres ?

Lors de l'anniversaire de son jeune frère Théo, Neils lui offre le jeu de société « Personnages et caractères » dont le but est de faire tomber les masques qui interviennent dans les relations sociales. Les invités acceptent avec réticence de se livrer au jeu. Questions indiscrètes et provocantes chambardent rapidement l'harmonie du petit groupe. Le jeu prépare le terrain à des aveux, des crises et de nombreux questionnements existentiels. Le roman propose cette même scène selon trois points de vue différents.

Une première partie fait comprendre le déroulement de la scène au gré des pensées des personnages. Rapidement, les cartes sont mises sur table alors que les caractères . . .

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Le poids du silence et des non-dits peut-il être exorcisé par la lumière des mots ? Dans le deuxième tome de cette saga familiale, on retrouve les deux sœurs, Andréanne et Florence Coulombe. Le temps a passé. Si Andréanne et son fils Olivier ont pardonné à Florence et surtout à Désiré, le fils pédophile dont elle a tu les agissements, les blessures sont profondes et Florence est à son tour victime du silence, voire du rejet de ses propres filles.

Maintenant au seuil de la cinquantaine, Florence vit de nouvelles émotions. Comme elle ne connaît pas tous ses petits-enfants, elle entreprend de rédiger des recueils de contes afin de leur laisser un héritage. Les mots, ainsi que Philippe, le bel illustrateur rencontré à la maison d'édition, viennent éclairer son ciel. Puis, il y a Lili, sa petite-fille, qui deviendra sa confidente. Désiré lui cause toujours des inquiétudes, mais elle s'enhardit à publier un livre pour adultes qui devient . . .

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Myrianne, 40 ans, bibliothécaire timide menant une vie modeste et bien rangée. Muette, orpheline, mal-aimée, elle eut une enfance fracturée par une farandole de drames qui ont fait d'elle un être vulnérable et fragile. N'ayant eu aucun modèle masculin - tous les hommes rencontrés étant soit libidineux, soit viscéralement mesquins -, elle s'est emmurée dans la solitude et la laideur pour repousser quiconque tenterait de se lier avec elle. Apparaît alors Don, 50 ans, chanteur renommé et coqueluche de ces dames, qui mène une vie d'opulence et de facilité. Malgré tout ce qu'il possède, Don est désillusionné par le succès qui ne fait que l'emprisonner dans une superficialité avilissante. Il ne désire qu'une seule chose : trouver le véritable amour. Mais comment le dénicher quand on baigne dans un océan de mensonges ? Évidemment, ces deux êtres, que tout semble opposer, seront réunis par un coup du . . .

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Récit autobiographique sous forme de chroniques, Un roman russe révèle un personnage-auteur en proie à des obsessions récurrentes : découvrir la vérité sur son grand-père géorgien disparu tragiquement, apprendre le russe, vaincre la jalousie, échapper à la folie en l'exorcisant mais comment ?

Le déclencheur : on propose à Emmanuel Carrère de réaliser un reportage sur un Hongrois fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale puis interné pendant plus de 50 ans dans un hôpital psychiatrique à Kotelnitch, bled paumé de la Russie profonde. Il n'en fallait pas moins pour que Carrère, qui accepte de faire le reportage, se mette à remuer un passé obsédant que l'on tait depuis toujours, à savoir la faute du grand-père maternel enlevé après la Libération alors qu'on l'accusait d'avoir collaboré avec les Allemands.

Un roman russe va de Paris à Kotelnitch et comporte plusieurs courts récits qui auraient pu . . .

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À nouveau, l'auteur de la tétralogie Blisse se fait le chantre de son coin de pays. Il nous entraîne à Maniwaki, en compagnie de la géophysicienne Anna Estula, l'héroïne. D'abord peu disposée à quitter Ottawa pour participer à un congrès dans ce « bled perdu de la Haute-Gatineau», la jeune femme y sera attirée après avoir reçu une lettre anonyme et une améthyste. La jeune scientifique, peu encline au mystère, se laisse néanmoins captiver par une histoire susceptible de lui fournir la résolution de l'énigme que lui posait la lettre. Or l'histoire lui est présentée comme réelle : celle de personnages ayant vécu un siècle plus tôt sur les terres des Hautes-Rivières. Anna Estula, qui a la réputation d'être dure et froide, s'identifie à l'héroïne de cette histoire, Loule, qui découvre la passion et les tourments . . .

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Ce livre, dont l'intitulé français forme une version raccourcie du titre original (littéralement : « Voyages dans le scriptorium »), fera plaisir aux inconditionnels de Paul Auster. Il n'y est pourtant pas question de grands déplacements, sauf bien sûr par la pensée. Dans le scriptorium relate une journée dans la vie de Mr. Blank, un vieillard peut-être amnésique, peut-être atteint du syndrome d'Alzheimer, qui occupe une pièce blanche à la fenêtre barricadée. On ignore s'il s'y trouve de son plein gré. Dès les premières lignes, Auster place le lecteur dans l'univers de malaise et de vertige qui lui est si particulier depuis Cité de verre. Sous l'œil attentif d'une caméra, Mr. Blank doit subir un étrange traitement visant à mesurer ses réflexes mentaux et émotifs. Or, plutôt qu'une évaluation cohérente et ordonnée, ce qui s'ensuit relève plut . . .

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Cette œuvre posthume est à plus d'un titre représentative du panthéisme érotique et méditatif qui rend si particulier l'univers de François Augiéras. Intitulé dans sa première version L'histoire du petit porteur de pain, en référence à un jeune Algérien dont le souvenir hanta l'auteur, L'apprenti sorcier appartient aux « livres profonds, mais scabreux » dont Augiéras avait le secret. D'abord publié à l'initiative de Jacques Brenner dans Les Cahiers des Saisons (Julliard) en 1964, sous couvert d'anonymat, le livre portait la mention « par l'auteur du Vieillard et l'enfant ». L'inspiration se rapproche de celle du maître livre d'Augiéras, paru aux éditions de Minuit en 1954, racontant un apprentissage sensuel et mystique sur fond d'esclavage sexuel. Centré sur trois personnages, le narrateur adolescent, un prêtre de trente-cinq ans et un enfant, L . . .

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Par la fenêtre d'un café, un homme observe le frère perdu de vue depuis longtemps, qui a abusé de lui dans son enfance. Un autre devient le témoin terrorisé de la violence de jeunes voleurs dans un dépanneur. Une jeune femme dont le conjoint est parti sans donner de nouvelles se demande ce qu'elle pourra bien mettre dans l'assiette de son petit garçon pour le repas du soir. Une autre retrouve par hasard après de nombreuses années un homme qu'elle a aimé autrefois. Un vieil homme observe les enfants du voisinage dont les jeux tournent au drame.

À l'instar de son précédent recueil de nouvelles, Au café ou ailleurs, la dernière publication de Donald Alarie raconte les petites et grandes tragédies de gens ordinaires. Ceux que l'on croise tous les jours. Ceux avec qui l'on vit. Celui ou celle que l'on voit dans la glace tous . . .

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Si l'on a lu Une histoire populaire des États-Unis (Howard Zinn, 2005), un document incontournable, nécessaire à la compréhension ou, tout au moins, à l'approche d'une société composite, écartelée entre les tendances les plus diverses, une société qui a toléré tout le long de son histoire les pires cruautés tout en prônant l'égalité des chances pour tous, on accueillera l'autobiographie de son auteur avec le sentiment de côtoyer un intellectuel puissant, mais surtout l'homme de sens et de cœur qu'on appréciait déjà.

De son Histoire populaire, basée sur une recherche minutieuse, qui, à la différence de bien des travaux pourtant bien documentés dans le domaine, donne leur place aux humbles, au peuple qui vit au quotidien le poids des décisions prises, des projets menés par ses représentants, l'on passe dans L'impossible neutralité, à l . . .

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Lise Thouin a établi se réputation au Québec en tant que comédienne et chanteuse. Ce que l'on connaît moins d'elle, c'est son engagement humanitaire : elle défend depuis longtemps les droits de l'enfant, fait œuvre de femme-passeuse auprès de personnes de tous âges qui affrontent de graves maladies, et donne des conférences à travers le monde pour répandre un message personnalisé d'espoir par le biais de la Fondation Boule de Rêve, dont elle est fondatrice et présidente, organisme qui a pour mission l'accompagnement des malades.

Étant elle-même passée De l'autre côté des choses à la suite d'un épisode de mort clinique, Lise Thouin a développé une sensibilité particulière devant l'expérience de la mort, réalité imparable, devant laquelle notre désarroi n'a d'égal que notre dépossession.

L'ouvrage qu'elle nous propose est un missel personnel, une . . .

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De tous les livres qui se sont écrits sur et autour du 11 septembre 2001, celui de Ron Suskind compte parmi les meilleurs et les plus crédibles. Journaliste au Washington Post, cet ancien Prix Pulitzer y décrit comment, au fil des jours, s'est élaborée la riposte américaine au terrorisme et comment s'est imposée la « doctrine du 1 % » du vice-président Dick Cheney. Il nous apprend également comment, confronté à des ennemis sans armée, dispersés sur la planète et jusque sur le territoire des États-Unis, la décision s'est prise de mener une contre-offensive à l'abri du regard du public et quelquefois en contravention avec les lois américaines.

Son principal informateur, parmi une centaine, est Georges Tenet, alors le directeur de la CIA à qui l'Administration Bush-Cheney a confié le mandat de mener cette bataille « invisible ». Avec lui, on assiste aux briefings quotidiens d'un président soucieux du d . . .

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Une pleine brassée de photographies révélatrices, touchantes, convaincantes ! Le texte, délibérément sobre et laconique, laisse toute la place à ces éloquents clichés ; humilité louable, car les silhouettes des « bonnes sœurs » suffisent à véhiculer le message. Ce message, c'est que les vocations religieuses furent nombreuses au Québec jusqu'à la Révolution tranquille et que bien peu de secteurs d'activités échappèrent aux généreuses initiatives de ces femmes.

On s'inclinera sans réticence devant l'orientation privilégiée par cet album. Aux lecteurs d'imaginer ce que peut cacher de cheminements discrets, douloureux et même héroïques le rassemblement de dizaines de milliers de femmes autour de tâches essentielles et pourtant ignorées par les pouvoirs publics. On nous les montre à l'œuvre dans les hôpitaux, les cloîtres, les établissements d'enseignement, les presbytères, les crèches, les missions à l'étranger, et on se dispense de gloser sur les causes sociologiques . . .

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Enfin un auteur qui ose élargir le champ d'étude des incitatifs à la réussite de nos collégiens, voire le concept de « réussite » lui-même !

Alors que trop souvent les penseurs réduisent les causes de la réussite scolaire (c'est-à-dire le succès des cours) à des facteurs extérieurs à l'élève et inhérents à l'école elle-même, comme les méthodes pédagogiques des enseignants, la taille des groupes, la technologie disponible dans les salles de classe, les mesures de rattrapage et la salubrité des lieux, Jacques Roy, sociologue et professeur de cégep, préfère laisser la parole aux élèves et décortiquer la problématique avec une vision plus large.

Avenir social oblige, la réussite scolaire ne se limite plus à des notes sur un bulletin mais comprend aussi la rétention et la motivation (la première n'allant pas sans la seconde) des élèves. Quel impact sur cette motivation ont les valeurs des jeunes . . .

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Cet essai débute sur un constat somme toute anodin : les enfants assis dans leur poussette tournent le dos à leurs parents plutôt que de leur faire face. Ce détail, aussi insignifiant qu'il puisse paraître, est pourtant révélateur de la conception postmoderne du soi auto-construit. À partir de cet élément, Olivier Rey, chercheur au CNRS, va identifier et analyser les composantes de cette tendance lourde de la culture occidentale d'aujourd'hui.

Une des explications de ce retournement dans les poussettes est d'ordre démocratique. À un certain moment, des pays d'Occident épris de liberté se sont fait un devoir de libérer tous les groupes constitutifs de leur société (esclaves, femmes, etc.). Malheureusement, ce mouvement a laissé de côté le groupe des enfants à cause de leur dépendance à l'égard des adultes. Pour contrer cette situation, les parents se sont engagés dans une voie qui consiste à «laisser l'enfant s'exprimer pleinement, [à] lui imposer le moins de choses possible . . .

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Et le monde continue de tourner, sillonné par toutes sortes de personnages mus par leur bonne conscience et résolus à dénicher la solution écologique. Jean-Marie Pelt, président de l'Institut européen d'écologie, participe à cette tournée dans le monde. Ça doit quand même finir par polluer l'atmosphère, ces allers et retours entre l'Amazonie, le Mozambique, la Chine, etc. Combien de CO2 rejeté dans les airs par avion déjà ?

Le développement durable est le concept à la mode. Voilà que les meilleurs écologistes se commettent à énumérer, comme tant d'autres avant eux, des listes d'expériences vertes qui fonctionnent sur le globe. On ne parle pas ici d'exposer de nouvelles données sur la thématique, ce qui aurait au moins permis d'acquérir un minimum de connaissances - un moindre mal. Non, il s'agit ad nauseam de soulever ce qu'il convient d'appeler les coups médiatiquement corrects . . .

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Voici donc les pages censurées (octobre 1931 à octobre 1932) du célèbre journal de la petite et sauvage Anaïs-Carmen, battue par son père, qu'on peut aussi voir comme une petite Marcelle, femme de banquier hantée par l'inceste. Henry Miller et June Mansfield, personnages dostoïevskiens, joueurs invétérés à la roulette de la vie, s'arrachent la peau. June, « la plus belle femme de la terre », semi-prostituée, irresponsable, pauvre, amorale, terrorisée par l'existence, guidée par la seule logique de la folie, figure l'un des sommets de cet improbable triangle. Au fait, le polygone ne possède-t-il pas bien davantage que trois côtés ? Déjà Anaïs, en bonne hystérique, aime et trompe tous les hommes avec d'autant plus de panache qu'elle a le don de l'humiliation et de l'adoration. Son idéalisation du génie littéraire de Henry Miller se confond avec l . . .

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Sans être un sujet tabou, on peut dire que la violence des hommes est un sujet délicat. Si on veut en parler autrement que pour la condamner de façon primaire, s'entend. Aussi Jean Monbourquette sent-il qu'il ne peut faire l'économie du credo qu'on attend de lui et qu'il annonce dès son introduction : « D'entrée de jeu, je m'oppose radicalement à l'usage de la violence-agression à l'endroit des femmes, des enfants, des hommes et même des animaux ». Cela étant posé, espérons qu'on pourra entendre le reste de son propos avec ouverture. Les hommes ont un rapport particulier à la violence, et ce n'est pas en les culpabilisant qu'on les aidera, ni qu'on aidera leur entourage. Monbourquette fait aussi remarquer que le mot violence peut avoir un sens positif en français (par exemple « la violence des désirs ») que l'on a tendance à oublier parce qu'il est ignoré des médias . . .

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Après Passeport pour l'Iran, publié en 2006, Marie-Eve Martel récidive en 2007 avec un second récit de voyage, cette fois« au pays des purs » (signification du mot « Pakistan » en ourdou). Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette jeune auteure qui se dit « écrivaine de voyage » n'a pas peur de prendre des risques pour aller vérifier par elle-même si « l'image néfaste » que projettent les médias au sujet de certains pays ne gagnerait pas à être nuancée. Afin d'entrer en contact direct avec « l'Autre », elle n'hésite pas à s'aventurer en solitaire hors des sentiers battus (en terre tribale ou en région désertique ou peu fréquentée par les touristes, notamment à Umarkot), à voyager en autorickshaw, en camionnette-taxi ou dans des bus bondés de Pakistanais, à porter des vêtements (le shalwar kameez) qui lui permettent de se fondre plus facilement dans . . .

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D'abord thèse de doctorat (en 1980), l'essai d'Annette Hayward sur le conflit en titre atteint bellement ses objectifs : « offrir au public une étude en profondeur » de cette querelle « à partir d'un examen fouillé des sources primaires », de façon à « montre[r] toutes les ramifications et composantes » du débat et à « les situe[r] dans le contexte global du Québec d'alors ».

Tout commence en 1904, à Montréal d'abord, avec la publication de la « Préface » de Louis Dantin aux poésies d'Émile Nelligan, et à Québec ensuite, surtout, avec le célèbre discours sur « La Nationalisation de la littérature canadienne » de l'abbé (et futur monseigneur) Camille Roy. Bien que « l'esprit » de ces « deux textes fondateurs [...] diffère énormément », les « deux critiques se rejoignent sur la nécessité de l'emploi du sujet canadien et sur le danger d'une imitation servile des maîtres européens ». Ceux qui refusent l'utilisation exclusive de la matière canadienne, et . . .

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Pourquoi écrire ? La belle collection « Écrire » des éditions Trois-Pistoles cherche à répondre à cette question en donnant la parole aux auteurs québécois. Dans L'humain isolé, Louis Hamelin raconte, en quelques vignettes imagées, ses débuts en littérature, comme lecteur vorace, puis comme écrivain. Deux éléments reviennent de chapitre en chapitre. D'abord, Hamelin rappelle le lien indissociable qui s'établit entre la lecture et l'écriture, les livres lus, puis commentés pour les journaux, stimulant l'écriture et créant un imaginaire. Ce qui nous vaut d'intéressantes réflexions sur la littérature étatsunienne, où il distingue deux grandes traditions d'écriture, l'une liée à William Faulkner et au débordement, l'autre associée à Ernest Hemingway et à la concision (tradition qui s'applique aussi, à mon sens, au Québec où Victor-Lévy Beaulieu et Jacques Poulin en incarneraient les deux pôles), et sur la place de la nature (l'imaginaire débridé de . . .

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Le collectif publié par trois collègues de l'UQAM prolonge les réflexions d'un colloque tenu à Montréal, en « décembre » d'une année qu'on ne précise pas : il a pour objectif d'étudier les diverses incarnations ou configurations littéraires de parcours tracés par des écrivains qui se sont faits ou qui ont été nomades, voyageurs, explorateurs ou déambulateurs. Comme tentent de le démontrer les articles réunis ici, ces quatre figures, qui ne sont pas synonymes, « impliquent des modalités [...], des intentions, des rythmes, des rapports à l'espace distincts les uns des autres ».

La première des trois parties du livre est consacrée aux « nomades [et aux] voyageurs ». On y parle de « nomadisme intellectuel » (par Kenneth White), de « superposition des figures du nomade et de l'errant » (Rachel Bouvet), de « correspondance entre l'appel de l'espace et l'appel des mots » (Denise Brassard), des faces sacrée et profane d'un personnage de roman (Farid Zahi) et des . . .

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Les médias nous le rabâchent sur tous les tons : la Chine vit actuellement à l'heure des grands changements. Longtemps repliée sur elle-même, elle sera le pays hôte des prochains Jeux olympiques en 2008. Qui plus est, la Chine de Mao est en train de réécrire les pages de l'orthodoxie communiste à mesure qu'elle se gagne une place prééminente parmi les grands acteurs de l'économie mondiale. Mais faut-il voir dans l'émergence de cette Chine-là l'arrivée dans la modernité d'un milliard et demi de Chinois ? Pas vraiment, s'il faut en croire Frédéric Bobin.

Ce dernier est chef-adjoint du service étranger du journal Le Monde, après en avoir été son correspondant à Pékin de 1998 à 2004. Son Voyage au centre de la Chine se présente comme une série d'instantanés saisis aux quatre coins de l'Empire du Milieu . . .

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Au fond, que se passe-t-il quand deux personnes discutent de livres ? « Les discours sur les livres relèvent d'une relation intersubjective, c'est-à-dire d'un rapport de forces psychiques, où la relation à l'Autre, quelle que soit la nature de cette relation, prend le pas sur la relation au texte, lequel, par voie de conséquence, n'en demeure pas indemne. » Finalement, parler de livres a assez peu à voir avec la lecture. C'est le postulat iconoclaste que pose Pierre Bayard dans son essai Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?

Ce professeur de littérature à l'Université de Paris avance également qu'il « n'y a donc aucune raison pour [ ] ne pas reconnaître que nous n'avons pas lu tel élément de la bibliothèque collective, ce qui ne nous empêche pas d'avoir de celle-ci une vue générale et de rester l'un de ses lecteurs. C'est l'ensemble . . .

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Objet un peu baroque et surprenant, le dernier ouvrage de l'essayiste, poète et romancier Marc Vaillancourt, La cour des contes, est un recueil contenant quatre récits, dont trois plutôt brefs et un dernier plus élaboré. L'étrangeté, le fantomatique, voire la fantasmagorie sont au rendez-vous dans ces contes nouveau genre aux sujets inédits ; sont également présents des thèmes liés au religieux, à la rédemption, à la mort, à l'éternité. Ainsi, le premier récit propose l'histoire de Monelle qui, soudainement éprise de mysticisme, quitte sa vie montréalaise pour gagner la campagne dans une sorte de pèlerinage, et qui, en bout de parcours, exprime le désir de joindre l'ordre des Carmélites. Le second récit relate quant à lui le périple d'un homme renvoyé sur terre après sa mort, cela afin de racheter une existence jugée mauvaise par saint Pierre. « In extremis », suivant le titre, Xavier . . .

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Quel magnifique roman ! Voici le récit épistolaire de Marianne, une artiste encore jeune et pourtant confrontée à sa mort imminente. Novembre sera son dernier mois de vie, et ses nuits glaciales d'automne, désertées par le sommeil, constitueront le creuset des adieux.

De son percepteur d'impôts à sa rivale professionnelle, en passant par son frère, son époux, son mentor, sa belle-fille, l'itinérant du coin, son amie d'enfance et même son chien et ses œuvres d'art-marionnettes, tous seront les destinataires des missives de Marianne.

N'étant plus à l'heure des paraboles, la malade n'hésite pas à tremper sa plume dans le fiel ou à déployer la tendresse la plus authentique. Le processus de deuil de sa propre vie n'en est que plus fascinant à observer pour les lecteurs, chacun d'entre nous ayant rêvé de cette liberté de parole et d'émotion sans vouloir en payer un prix aussi élevé que celui de sa vie.

Vous l . . .

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Des textes très courts, ciselés, sans un mot de trop. Une langue juste, simple, souvent poétique pour raconter des histoires banales. Les vingt-deux nouvelles de Concertina ont mérité à Paola Pigani le prix Prométhée de la Nouvelle créé afin de promouvoir de nouveaux auteurs d'expression française et de développer le goût de la nouvelle auprès des lecteurs. D'ascendance italienne, Pigani, éducatrice de jeunes enfants, a déjà publié plusieurs recueils de poésie.Concertina est sa première incursion dans la fiction.

Le titre renvoie à l'une des nouvelles du recueil et représente fort bien le lien qui unit l'ensemble des textes. La concertina, en effet, n'a rien d'une musique de chambre mais fait référence, dans le langage carcéral, au fil de fer barbelé qui entoure les câbles de protection des pénitenciers. Mais si ces barbelés symboliques restreignent les mouvements . . .

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Plaçant en son centre les questions de l'identité et de la subjectivité féminines, l'œuvre de Madeleine Ouellette-Michalska se construit avec constance, et reconnaissance, depuis une trentaine d'années.

Le plus récent roman de l'auteure, L'apprentissage, présente le parcours d'une femme qui, de l'enfance à l'âge adulte, découvre que la féminité est un rôle prédéterminé. « Comme d'autres femmes avant elle [...] elle se laisse dévorer par les rituels domestiques [...]. Sans le savoir, elle se dévore elle-même. Ni son temps ni sa vie ne lui appartiennent. »

Le récit s'ouvre sur l'enfance. La fillette vit un quotidien fait d'une rassurante symétrie, où tout se trouve bien compartimenté entre deux pôles : le proche/le lointain, le coutumier/l'exceptionnel, le travail/le repos. Portée par les récits de sa mère, elle s'émerveille des beautés qui l'entourent. Les . . .

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Le roman L'Iroquois de Pascal Millet commence sur une image forte, qui impose l'horreur à venir : Julien, le jeune narrateur, et Pierrot découvrent le cadavre pendu de leur mère, qui s'est suicidée à la suite de son congédiement. Vision dure, certes, mais qui ne bouscule pas d'emblée les jeunes frères. Se présente alors pour eux l'occasion longuement fantasmée de partir pour l'Amérique, ce territoire de l'espoir où l'imaginaire (télévisuel) des Indiens et des grands espaces permet d'abandonner la vacuité et la pauvreté d'une vie dans les cités françaises. Le roman est une quête de l'exotisme, ce lieu qu'on garde en soi comme l'ultime rempart à l'affadissement de ses illusions. Or, le voyage qu'entreprennent les frères tourne rapidement non pas au cauchemar, mais à l'abjection.

Pascal Millet cherche à décrire un monde usé, laissé à lui-même, où les blessures . . .

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Non seulement les morts ne sont pas morts, mais ils parlent, ils plaident, ils exigent. On peut essayer d'endiguer leurs voix, mais ils pénétreront quand même à l'intérieur des pensées. Ce qu'ils disent, il faudra bien, tôt ou tard, l'entendre. Même s'ils demandent rien de moins que le don de la vie. En cela, ils sont cohérents : puisque les morts ne sont pas morts, les vivants n'ont pas à craindre l'heure de la mort.

En prêtant l'oreille aux morts qui ne sont pas morts, Melchior Mbonimpa assure la continuité entre l'Afrique dont proviennent ses héros et le pays d'accueil où certains d'entre eux sont venus chercher une certaine sécurité. Les morts rappellent aux vivants que la sécurité n'est pas le dernier mot de la vie, qu'il faut parfois consentir aux ultimes sacrifices pour que, là-bas, la corruption soit combattue et que l'espoir renaisse. Et les . . .

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« Ils tombaient comme les feuilles mortes. La lumière s'éteignait et ils n'étaient plus de ce monde. » Ces hommes et ces femmes de tous âges qui meurent par centaines dans les villages du Henan, ce sont les paysans pauvres qui, poussés par les autorités locales, ont vendu leur sang pour la fabrication du plasma. Dix ans après cette folie de collecte de sang faite sans la moindre précaution, des familles entières sont emportées par le sida. Mais si le gouvernement de Beijing a fini par admettre sa responsabilité dans ce scandale, le roman de Yan Lianke, lui, est interdit de publication dans son propre pays.

Mais Yan Lianke est habitué au scandale. Son précédent roman, Servir le peuple, publié chez Philippe Picquier, a aussi été interdit. L'ancien écrivain de l'armée, très populaire en Chine, a écrit Le rêve du village des Ding, roman inspiré de . . .

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Deuxième recueil de nouvelles pour l'auteur qui, d'entrée de jeu, nous entraîne dans une exploration peu banale de l'âme humaine. Qu'on ne s'y trompe pas cependant, il ne s'agit pas d'un ouvrage religieux, malgré le titre qui est d'ailleurs celui de la dernière nouvelle. Contentons-nous pour l'instant de dire que cette nouvelle nous réserve bien des surprises sur l'au-delà !

Un jour ou l'autre, même les plus nonchalants en sont victimes. De quoi donc ? Mais de cette recherche de la perfection, de ce souci de trouver des certitudes dans une certaine vision de la réalité. On devient de plus en plus exigeant envers soi et envers les autres et surtout on se sent coupable de ne pas atteindre cette perfection tant souhaitée. Or, cette réalité que nous percevons, quelle est-elle ? Une image passée au filtre de nos perceptions personnelles

Au fil des seize nouvelles, l'auteur nous . . .

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Alors que la peste de 1720 s'abat sur la Provence et que les villes sont cernées afin d'éviter la propagation de la maladie, un marchand d'œuvres d'art, Maladite, fait fi des interdictions et ratisse la région pour récupérer les trésors laissés par les habitants en fuite devant l'épidémie. Dans ce court roman marqué par la passion pour l'art, Roland Fuentès oppose la fragilité et le caractère éphémère de l'existence humaine à la pérennité de l'art, mémoire de l'humanité et creuset de sa beauté. Or, le romancier pose une double question : jusqu'où la transmission de la perfection esthétique peut-elle justifier les actions pour sauvegarder le patrimoine mondial ? Est-ce que l'acte de réciter peut remplacer ces trésors et reprendre le flambeau de la quête du beau ?

Pour répondre à ces deux interrogations, l'auteur du Passeur d'éternité pr . . .

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Il y a des auteurs comme Jean-Paul Dubois (Une vie française, L'Olivier, prix Femina, 2004) qui, en faisant appel aux mêmes trois ou quatre noms et prénoms, à deux ou trois lieux différents, sans effets spéciaux ni vulgarité ni provocation pornographique, réussissent à séduire, à intéresser et, surtout, à surprendre. À preuve, Hommes entre eux qui, non seulement considère le lecteur intelligent, mais - Ô sacrilège ! - le force à s'interroger à la fin du roman. Sacrilège, vous dis-je !

Il ne s'agit pas d'un roman dont l'écriture reposerait sur une recherche de nouveauté esthético-littéraire qui nous laisserait sur notre faim. Il s'agit plutôt d'une simple histoire d'hommes. De deux hommes. Paul, qui habite Toulouse et se meurt lentement, et Floyd, qui habite North Bay (Ontario) et vit en ermite dans une nature exsudant une saine virilité. Une femme disparue, Anna, qui les a . . .

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Voici un premier roman volumineux et difficile à classer : science-fiction façon Jules Verne ? pur roman d'aventures ? roman d'initiation ? Bien que l'on parle sur la quatrième de couverture d'un roman empreint d'un érotisme noir qui secoue les conventions, les scènes subversives se révèlent bien inoffensives et ne font nullement du roman de Gordon Dahlquist un roman érotique.

Dans un pays qui rappelle l'Angleterre du XIXe siècle se déroule une bien étrange chasse aux sorciers : Celestial Temple, une jeune femme délicate et éconduite par son fiancé, Abélard Swenson, le médecin d'un prince assez quelconque, et Chang, dit « le Cardinal », un tueur à gages vêtu d'un manteau rouge, font fortuitement connaissance alors qu'ils filent les mêmes dangereux perfides manipulateurs qui expérimentent un obscur procédé alchimique à base d'indigo naturel sur des innocents qui soit leur deviennent complètement soumis, soit sont tués.

Gordon Dahlquist entraîne ses . . .

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Après le roman De belles paroles paru en 2003 et trois recueils de nouvelles qui l'ont précédé, Esther Croft nous donne un ensemble de dix récits émouvants, d'une facture achevée. Un homme revient tous les ans sur la tombe de celle qu'il a connue au temps des études, morte à ses côtés dans un accident. Une adolescente qui se sait laide et peu intelligente tente de se suicider. Une femme « qui n'est jamais parvenue à pénétrer totalement dans la vie » et qui va mourir pense à l'homme aimé qui a tout fait, mais en vain, pour la rendre heureuse. Une musicienne âgée décide contre l'avis de ses enfants de revenir vivre chez elle au sortir de l'hôpital.

Les recueils antérieurs exploraient souvent les rapports parents-enfants conflictuels et douloureux. Cette fois-ci plusieurs récits reprennent ce thème en l'abordant du point de vue des parents : que . . .

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L'auteure, Caroline Cohen, vit en Inde, à Pondichéry. Elle a cumulé des connaissances en yoga, en naturopathie, en massage ayurvédique et se centre aujourd'hui sur la conscience corporelle par l'alimentation.

Les éditions Le Souffle d'Or se spécialisent dans les écrits qui traitent de santé, de croissance personnelle, de spiritualité, etc.

C'est ainsi qu'on se retrouve dans un conte philosophique dont l'histoire débute en Inde, à Kalapet, au bord de la mer du Bengale, à travers les parfums exotiques. Nous sommes dans une cocoteraie où s'amusent, par un chaud dimanche, Shiva, petit garçon, et Shakti, petite fille, deux amis qui s'aiment de tout leur cœur.

La mort vient enlever Shiva. Son amie devra se résoudre à vivre sans lui : mais a-t-elle encore envie de vivre ?

Une petite flamme en elle s'allume, surgit de son être et se transforme en guide pour l'accompagner au royaume des morts d'où elle pourra sauver son ami.

Plusieurs personnages . . .

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Couronné par le Grand Prix du livre de Montréal à l'automne dernier, Parents et amis sont invités à y assister est le second opus de Hervé Bouchard, « citoyen de Jonquière ». Ce récit, orchestré par une prose polyphonique à la fois très imaginative et jamais loin de la langue orale, relate l'histoire des funérailles d'un père de famille et de ce qui s'ensuit, c'est-à-dire un deuil, un drame, celui de Laïnalinée, la « veuve manchée », et de ses « orphelinés », six garçons sans prénom, que l'on nomme par un numéro de un à six. « J'ai vu la mère manchée, elle pleure dans la pièce aux cent manteaux. Ses sœurs l'entourent. » Comme l'indique le sous-titre, le roman, ou l'histoire maîtresse, est scindé en deux demies, dont le centre forme six récits qui relatent des événements du passé, des souvenirs, des tranches . . .

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Le tristement célèbre Johnny Lim se lit comme une enquête sur l'identité du personnage principal. Trois témoins nous serviront de guides dans cette quête qui nous plonge dans la Malaisie de la Seconde Guerre mondiale. D'abord, le fils de Johnny, Jasper Lim, tente de nous convaincre de l'infamie de son père qu'il représente tour à tour comme un assassin, un brigand, un trafiquant de drogues et comme un traître. Mais curieusement, la lecture de son plaidoyer nous fait plutôt prendre en sympathie ce Chinois d'extraction modeste qui refuse l'esclavage des colonisateurs et qui se révèle un génie de la mécanique, un commerçant doué et un meneur d'hommes.

Dans la seconde partie du roman, la narration est laissée à l'épouse de Johnny, la belle Snow Soong. Par le biais d'un journal qu'elle tenait à l'époque, nous pénétrons dans les coulisses d'une . . .

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« On a vite fait de survoler une vie », conclut le narrateur de ce court roman au ton intimiste, à l'écriture lumineuse, précise, qui sait cerner l'essentiel en peu de mots, avec ce qu'il faut de substance pour que le livre prenne la juste mesure du parcours d'une vie sans s'appesantir de détails inutiles. Le titre renvoie au père, trop tôt disparu, homme taciturne aux yeux du fils qui tente ici de renouer avec le passé, le sien comme celui du père né en 1911 dans un village perché en pleine montagne, de reconstituer les moments tantôt de bonheur, tantôt d'incompréhension, avec le désir intense de les revivre et l'espoir vain de remédier aux manques du passé, de combler les silences d'hier. Le tout avec une grande pudeur - jamais les protagonistes ne sont nommés, comme s'il y avait entre le narrateur et les personnages un pacte -, mais aussi avec simplicit . . .

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À vouloir tout dire, il arrive, même si l'on possède la faconde d'Élie Wiesel, que la chatoyante diversité déboulonne la rigueur. Qu'un homme d'âge plus que mûr, riche et favorisé, s'interroge sur sa santé mentale au point de recourir à une psychanalyste, c'est déjà un ample sujet. Qu'il soit parvenu à ce stade de l'existence sans union stable ni descendance n'éclaire peut-être pas la situation. Quand, cependant, le personnage refuse de répondre aux questions pour lesquelles il paie, on entre dans le paradoxe, sinon dans l'incohérence. Cela, certes, nous vaut des pages d'une grande intelligence, car les protagonistes ne manquent pas de ressources, mais cela ne mène à rien. Tout au plus soupçonne-t-on que le patient aux secrets porte peut-être comme une hypothèque les souffrances dont les nazis ont frappé sa famille. Peut-être se doute-t-il lui-même que là se trouve la source de son . . .

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Voici certainement l'un des ouvrages les plus originaux publiés au Québec en 2006. Le cinéaste Martin Villeneuve et le photographe Yanick Macdonald ont créé une pièce de théâtre éclatée, sous forme de photo-roman, où presque chaque page contient une photo ou une illustration. Ce deuxième tome de Mars et Avril, À la poursuite du fantasme continue l'aventure futuriste amorcée par les auteurs en 2002, dans laquelle un vieux compositeur vivant en 2022 explore les confins de son inconscient, après avoir découvert sur le tard des sentiments jusqu'alors inconnus pour lui : l'amour, le désir, la sensualité. Une crise existentielle survient alors et l'action se transporte sur la Lune et vers la planète Mars, dans un débordement de joyeuse fantaisie. Mondes virtuels, images de synthèse, psychanalyse, satire de la télévision, autoparodie sont au rendez-vous. Les personnages principaux sont interprétés par deux g . . .

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Audacieux dans son sujet, le bouquin ne parvient pas à convaincre. Le grand mérite de cette réédition d'un roman publié il y a plus de vingt ans est de révéler le chemin parcouru depuis lors par l'auteure. Louise Tremblay-D'Essiambre ne se permettrait plus les virages imprévus et injustifiés qui foisonnent dans cette première œuvre.

Joseph, mâle autoritaire, mari, père et employeur dominateur, rend la vie difficile à sa femme, à sa fille, à tout son entourage. Il passe pourtant sans transition à d'étranges moments de remords et d'introspection. Puis, il revient tout aussi brusquement à ses vilains réflexes. De son côté, la petite Julie, cruellement privée du soutien de sa mère, se jure de parvenir à un sommet d'où elle pourra, en plus de jouir de l'indépendance, faire sentir son pouvoir à autrui. Quand survient un viol, que le récit enregistre sans jamais en sonder le mystère, Julie en conclut que son cheminement doit . . .

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Le flocon de neige tombant du nuage est unique, comme l'homme à travers les autres hommes. Il est blancheur et pureté. Mais sitôt qu'il a touché terre, sa couleur diffère. Le recueil de poésie de Carolyn Marie Souaid nous présente ainsi deux réalités : celle d'être blanc et celle d'être autochtone.

Ce qui frappe d'abord, c'est le bel îlot de glace, qui flotte seul sur l'eau bleutée de la page couverture. Les flèches de nuages qui planent au-dessus semblent indiquer le chemin de la sérénité.

Dans cet esprit paisible, on entre dans l'œuvre. Nous apparaît sitôt, en noir et blanc, la photo d'un crâne d'animal, chevreuil ou élan, le museau décharné pointé vers le ciel. Sur la page suivante, le titre du premier poème : « Le problème d'être mort ». C'est à la fois déstabilisant, intrigant, glacial et efficace.

On découvre, à la lecture des . . .

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Aux vents des vaillances est une adaptation libre des textes de Sylvain Rivière, auteur gaspésien, faite par Jocelyne Carmichael, comédienne et directrice du théâtre Atelier Théâtr'Elles, de Montpellier.

Cette production franco-gaspésienne, qui nous parle de la vie de pêcheur, a été répétée à Paspébiac et à Montpellier, pour ensuite être jouée en Gaspésie, principalement, et dans la région de l'Hérault, en France.

On se retrouve dans deux lieux se partageant le même espace scénique, soit l'intérieur d'un bistrot de port et son extérieur situé au ras des marées.

Sur scène, trois personnages : Alvina, la mère, femme de pêcheur, Firmin, le père, pêcheur, et Agathe, la fille revenue d'un exil en France et tenancière de bistrot.

Alvina s'inquiète de son fils Feusse, parti pour Montréal, qui ne donne jamais de nouvelles ; Firmin se demande . . .

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Une journée, une toute petite journée et tout peut basculer ! Dans sa banlieue parisienne des années 1960, le jeune Daniel, 15 ans, apprend que l'avenir se tisse au quotidien et que bien souvent on porte le poids de décisions d'un jour. En ce jour anniversaire de l'assassinat de Kennedy, Daniel est déchiré : doit-il obéissance complète à sa chère mère, loyauté à ses camarades de cabotinage ou dévouement à sa belle et tendre Marie-France, son premier amour ? Et qu'en est-il de cette interro en sciences naturelles, épreuve cruciale dans son cheminement académique ? Daniel se démènera pour tenter de répondre aux désirs de tout un chacun... et l'on déambulera ainsi avec lui dans ses nombreuses tribulations. Se faufilent alors dans les interstices de l'histoire, de vifs souvenirs, des anecdotes croquantes sur le voisinage déluré et des personnages colorés. Il y a St-Mexan, un jeune esseul . . .

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Avec la rigueur d'un métronome, Amélie Nothomb nous présente, comme chaque année, son roman de la rentrée littéraire. C'est donc avec une curiosité scrupuleuse que je me suis attaquée à cette quinzième œuvre de l'auteure prolifique au faciès énigmatique.

Voici donc l'histoire d'un homme anonyme qui décide, à la suite d'un chagrin d'amour, d'anesthésier ses sens dans l'espoir de geler sa peine. Cette privation de toute sensation s'accompagne toutefois d'une incapacité à discerner le bien du mal. Tentant de ressusciter ses émotions et les plaisirs charnels, le narrateur a tôt fait de se trouver une nouvelle identité et un nouveau boulot qui lui procureront une excitation inconnue jusqu'à ce jour Il se nomme désormais Urbain et est tueur à gages. Un jour, Urbain se voit attribuer la mission de liquider un ministre et sa famille. Il s'éprend alors d'une de ses victimes et le seul héritage qu . . .

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L'habitude de détester Néron est si profondément ancrée dans notre imaginaire qu'on accueillera avec surprise sinon avec scepticisme la réhabilitation de l'empereur-artiste que tente Jean-François Nahmias. À en croire cette version, Néron n'a jamais désiré le pouvoir impérial et s'en serait volontiers libéré s'il n'avait pas subi constamment les pressions de Sénèque. Celui-ci, précepteur du jeune roi, lui aurait fait valoir que nul ne choisit son destin : puisque le sien était de régner, il devait assumer la charge. Néron, quant à lui, ne rêvait que théâtre, musique, peinture. Vaniteux ? Oui, si l'on entend par là le désir des applaudissements et des marques d'affection. Cruel ? Ni par penchant naturel ni de son plein gré. On admettra que Nahmias peigne l'histoire à rebrousse-poils. Son récit fait disparaître l'image d'un Néron faisant brûler Rome pour s'offrir un . . .

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Quand, deux siècles après le Golgotha, la « secte chrétienne » commence à multiplier ses adeptes, les cultes traditionnels vacillent et s'inquiètent. Les clergés, par conviction ou par appétit, défendent leurs dieux par tous les moyens. L'empire romain, à la fois religion et puissance séculière, observe lui aussi avec méfiance et avec plus d'agacement que d'inquiétude la montée du christianisme. Son inquiétude est contenue, car il possède, plus que les autres cultes, les ressources pour abattre l'adversaire. À condition, toutefois, que ses légions demeurent fidèles à César et lui rendent l'hommage dû à un dieu. C'est dans ce décor que Jean Mohsen Fahmy situe et déploie son drame. Il raconte à la fois l'affrontement entre diverses fois religieuses et les déchirements de deux jeunes gens qui, au départ, adhèrent à des cultes opposés.

L'auteur peint avec finesse et compétence l'époque où l'empire romain n . . .

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Laura, semble-t-il, a tout pour être heureuse : Peter, un mari qu'elle adore, une petite fille de deux ans et une belle maison dans un quartier huppé de Francfort. Restée en Allemagne pendant que Peter s'est rendu à leur maison de la Côte d'Azur, comme tous les mois d'octobre, pour une semaine de voile avec leur ami Christopher, elle attend, de plus en plus anxieuse, un coup de fil qui ne vient pas. Découvrant alors que Peter lui mentait depuis des années sur sa véritable situation financière, elle confie sa petite fille à sa mère pour retrouver Peter. En quelques jours, elle apprendra ce qui se cachait derrière les apparences de sa vie idyllique et devra affronter une ultime illusion alors qu'elle se retrouve prisonnière de la toile du tueur en série qui terrorise les gens de la région depuis l'assassinat d'une jeune veuve et de sa fillette de quatre ans.

D'abord . . .

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La science-fiction a longtemps été considérée comme l'apanage des hommes. Encore aujourd'hui, l'opinion générale veut que les femmes détestent ce genre littéraire. Heureusement, des auteures comme l'Américaine Ursula Le Guin prouvent le contraire : non seulement certaines d'entre elles adorent ça, mais elles écrivent avec talent !

L'anniversaire du monde, publié en anglais en 2002, regroupe huit nouvelles, dont sept sont tirées de l'univers créé par l'auteure il y a plusieurs années : l'Ekumen. Ceux qui ont lu certaines de ses œuvres y retrouveront, par exemple, les planètes d'O et de Géthen.

La plupart des peuples présentés dans ce recueil possèdent des mSurs totalement différentes des nôtres (mariages à quatre, changement de sexe mensuel, société matriarcale, etc.). Ces différences sont si frappantes qu'elles poussent le lecteur à s'interroger sur les habitudes de vie de sa propre société, sur le . . .

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Deux vies parallèles et très semblables se font écho dans ce troisième roman de Marie-Sissi Labrèche. D'un côté, celle de « l'auteure », jeune écrivaine québécoise qui, pour survivre aux demandes affectives démesurées de sa mère phobique, a choisi de vivre en Suisse ; elle est en train d'écrire La lune dans un HLMpour « guérir 'ses' plaies psychiques et [ ] passer à autre chose ». D'autre part, celle de Léa, l'héroïne de ce troisième roman, que la folie de sa mère dévore elle aussi et empêche de devenir « la plus grande peintre que la terre ait jamais portée » afin de transformer « ses origines pathologiques ». Très construit, comme pour contrecarrer la désagrégation intérieure que subissent ces deux personnages, le roman est constitué d'une alternance de lettres et de chapitres. Les lettres sont rédigées au « je » par « l'auteure », à l'attention . . .

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La langue de Yasmina Khadra demeure toujours aussi capiteuse, ses images toujours prenantes ; ce récit propage une ambivalence, qui traversait les romans précédents, mais à laquelle ils tentaient d'échapper. Non que le jeune héros soit hésitant. Quand l'envahisseur a imposé à la vue du fils la révoltante et humiliante nudité du père mourant, une plaie s'est ouverte que seule la vengeance pourra cautériser. Un Occidental aura pourtant quelque peine à mesurer la profondeur de la blessure et à y voir de quoi faire basculer dans le terrorisme. Pourtant, le jeune Bédouin quitte son village et gagne la grande ville où il sera plus facile de s'attaquer à la Bête. Pendant longtemps, la vigueur de la résolution semble granitique. Semble seulement.

Khadra n'appartient pas à la race des épidermiques qui allongent les phrases sans les remplir pleinement. Il occupe si puissamment chaque mot qu'il faut, plutôt que de le croire distrait, entendre sa voix comme celle d'un homme . . .

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Messire Benvenuto (JCL, 2001) avait révélé le talent de François Guérin comme recréateur de l'histoire et de la sociologie. En racontant et en romançant la biographie du sculpteur Cellini, il était parvenu non seulement à le rendre vivant, mais à nous faire comprendre son époque et les défis dont elle était lourde. Cellini, inventif et fantasque, entrait de plain-pied dans notre imaginaire.

Prodige noir tente la même aventure avec un égal succès. Certes, l'époque et le décor diffèrent, les États-Unis plutôt que Florence, le balbutiant vingtième siècle et son racisme plutôt que les affrontements entre mécènes cosmopolites. Mais la performance de l'auteur suscite la même admiration. Voilà un jeune Noir dont le fabuleux talent de pianiste s'épanouit grâce à la reconnaissance d'une famille blanche. Adopté par une femme éprise de musique, l'enfant donne très t . . .

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Les perspectives qu'ouvre cet excellent roman nous sont peu familières. Tout, dans notre médiocre familiarisation avec le Régime français, nous fait considérer l'Anglais comme l'envahisseur et ses alliés autochtones comme de fourbes et sanguinaires prédateurs. On devrait pourtant supposer la réciproque et imaginer que des massacres furent également perpétrés par nos ancêtres francophones. Rares sont les affrontements où tous les excès sont commis par une seule partie. L'audace de Mylène Gilbert-Dumas, ce sera de nous faire vivre la peur telle que pouvaient la ressentir elles aussi les populations de la Nouvelle-Angleterre. Leur peur à elles, c'était que se produise un déferlement de soldats français et d'Indiens attachés à leur cause et que ces « méchants » scalpent à satiété et repartent en traînant à leur suite un troupeau de captifs. Peur d'ailleurs justifiée, car le pire survient et c'est un bien pitoyable rassemblement de femmes et . . .

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« Avec le temps, va, tout s'en va / On oublie le visage et l'on oublie la voix / Le cœur quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller / Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien. » C'est autour de cette magnifique chanson de Léo Ferré, intitulée « Avec le temps », que Marie Gagnier bâtit son quatrième roman : Tout s'en va.

L'œuvre regroupe une dizaine de personnages qui ont l'impression que tout les quitte. Que ce soit Mortimer et sa santé mentale en cavale, dangereusement perché en haut du pont Laviolette, ou le jeune Magoo qui fuit une famille vouée à l'échec, ou même la pauvre Claire, impuissante devant son mari qui la quitte un peu plus chaque jour pour de plus verts pâturages. Tout s'en va.

Ce n'est pourtant pas la seule chose qui les unit, et c'est ce qui fait la force du roman . . .

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Radical changement de registre, mais la virtuosité caractéristique d'Alain Fleischer remplit ces deux œuvres apparentées et pourtant dissemblables. Si je ne retrouve pas dans ces récents ouvrages la densité et l'élévation de pensée de La hache et le violon (Seuil, 2004), peut-être est-ce que je fus alors ébloui et que les illuminations détestent se répéter.

L'amant en culottes courtes séduit par son côté concret, quotidien, incarné. Il faut dire que ce Casanova de treize ans n'a que trente et un jours (31 !) en terre britannique pour mener ses rêves érotiques à leur consommation et même à leur inflation. Pas de temps à perdre. Dès qu'il ose, et cela survient vite et souvent, il obtient la collaboration espérée. Tant pis pour la surveillance exercée par une pension pourtant rodée à l'effervescence des pubertaires. Tant pis pour les sept années d'ant . . .

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« Quand j'ai rencontré la petite Ana de Jésus, j'ai reconnu une métaphore éloquente de mon destin. » L'auteur ne laisse pas le lecteur franchir les premières pages sans expliquer en préface son choix d'assimiler sa propre histoire à celle d'Ana. Une mise en garde importante aussi : ce n'est pas un roman historique, mais la « généalogie d'une fable ».

Né en Espagne en 1933, Michel del Castillo est déchiré entre un père français et une mère espagnole. Réfugié en France pour fuir le franquisme, il est ensuite ballotté entre l'Allemagne des camps et la maison de redressement en Espagne. Revenu en France, il se met à l'écriture, marqué par un drame profond : l'abandon par sa mère, qui jamais n'a cherché à le retrouver.

Ana de Jésus, c'est Anna d'Autriche qui vécut au XVIe siècle, en Espagne. Elle est fille illégitime de Don Juan d . . .

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Le directeur artistique du Théâtre de la Manufacture et de la Licorne, monsieur Jean-Denis Leduc, nous parle, en préface, de sa rencontre avec l'auteur de la pièce Août.

Il est intéressant de constater jusqu'à quel point le rythme, la musicalité, le ton particulier d'un auteur peuvent inspirer une personne à la recherche d'un esprit pour son théâtre, pour ensuite le communiquer à son équipe et enfin convaincre tout un public de l'intérêt d'un style, de la familiarité d'un langage, sorti du peuple pour y retourner de manière artistique.

La voix de Jean Marc Dalpé est bien de chez nous. Son texte déboule, remonte, s'interrompt, se relance, inquiète, rassure, s'écrie, se tait, à la manière de nos rencontres familiales, pleines à la fois de bons mots, de tournures colorées, de ressentiment, de respect, mais aussi de silences, de sous-entendus, de messes basses et de drames que l'on . . .

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Que serait le monde sans les enfants ? C'est la question à laquelle répond Philippe Claudel dans le premier conte de son recueil Le monde sans les enfants et autres histoires. Sa vision y est dramatique : un univers gris, sans rires, sans vie. Sans magie. Heureusement, dans les dix-neuf autres récits de son œuvre, non seulement les enfants sont de retour, mais ils y sont rois.

Poèmes, histoires drôles, un peu tristes ou même philosophiques, le recueil en a pour tous les goûts. En outre, l'auteur s'amuse autant avec les genres qu'avec le langage : ses histoires regorgent de métaphores, d'allitérations et de rimes. Le vocabulaire, bien que simple, contient quelques mots plus recherchés, mais si jolis, que les enfants voudront qu'on leur explique.

Mais attention, les contes de Philippe Claudel ne sont pas des contes classiques et stéréotypés. Au contraire ! Très modernes, ils mettent en scène une . . .

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Prenant et déroutant. Peut-être plus déroutant que prenant. L'idée d'un manuscrit qui passe d'une main à l'autre en laissant derrière lui un sillage de morts et de dévastations ne manquait pas de sel. L'explication offerte de cette étrange malédiction était elle aussi ingénieuse et pourtant plausible. Jusque-là, l'écriture aidant, le bouquin fascine. Les choses se gâtent quelque peu, cependant, quand se multiplient les ruses, les feintes, les esquives. Trop, c'est trop. Le comble est atteint lorsque tombe l'épilogue qui arrache encore quelques masques et qu'une coda vient coiffer et corriger l'épilogue lui-même. On a beau apprécier les poupées russes, on s'étonne si la plus petite prétend dissimuler une plus grande qu'elle.

Cette complexité, heureusement, ne manifeste que peu à peu sa tendance à fonctionner dans le vide. Les chapitres, courts et fluides, se succèdent assez longtemps sans que fléchisse l'intérêt. Le . . .

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« Quel cauchemar que d'être deux à habiter un corps dont on partage les yeux ! » C'est avec cette perception dédoublée que l'on s'immisce dans l'esprit tourmenté d'Émile, un jeune homme interné dans un hôpital psychiatrique après avoir été témoin d'un drame familial horrible. La confusion qu'a vécue cet enfant fragile l'a poussé à trouver refuge dans la fracture de son œil alors que Clovis, double contrôlant, occupe son corps. Captif d'une léthargie absolue, le jeune homme mène une lutte acharnée pour sa survie jusqu'au jour où un nouveau psychiatre lui offre enfin la chance de s'ouvrir et de se libérer de son terrible secret. Une contraction de tout l'être s'ensuit où s'opposent pulsions de vie et de mort. Clovis tente alors d'inhiber les souvenirs tragiques imprégnés dans l'œil d'Émile. Cependant, petit à petit, les délires d'Émile nous dévoilent à l'insu . . .

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Sur la couverture du recueil, une œuvre de Toyen datant de 1937, « La femme assoupie », s'offre comme une clé. Une clé bien particulière qui ouvre sur un monde où « [a]voir un visage tient peut-être du luxe ». La peinture montre de dos une femme sans tronc ni jambes qui tient un filet à papillons. Un poème du recueil, qui porte le même titre, la décrit à sa façon : « Nous sommes plusieurs à faire ce rêve / À l'entendre effacer ses pas / Dans l'eau rampante des marécages / Aidez-moi le ciel ne descend pas jusqu'ici ». À l'image de cette femme, le poète, chasseur d'insolite, disparaît sous un langage qui ne sait plus parler de lui. Les émotions qui pourraient le trahir, elles aussi disparaissent. « [J]e parle de qui parle qui parle je suis seul », écrivait Tristan Tzara il y a une centaine d'années dans L'homme approximatif. Les poèmes de Mario . . .

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Les premières pages du dernier roman de Henning Mankell donnent froid dans le dos : au fin fond de la Guyana, à l'automne 1978, ce qui a toute l'apparence d'un suicide collectif se révèle en fait un carnage perpétré par le chef de la secte du Temple du Peuple, Jim Warren Jones. Aux prises avec un désarroi insoutenable, le seul survivant tentera, au fil des années, de redonner un sens à sa vie, afin de combler le grand vide laissé par le massacre de toute sa communauté.

Puis, à la fin de l'été 2001, voici qu'un nouvel épisode commence : le célèbre enquêteur Kurt Wallander, un peu las mais toujours actif, aura dans quelques semaines une nouvelle collègue bien particulière, sa fille Linda. De retour à Ystad après de longues années d'absence, un peu désœuvrée et impatiente de revêtir l'uniforme, Linda tente de renouer avec deux amies d'enfance : Zeba, que tout . . .

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Confesser l'histoire et la contraindre aux aveux, voilà qui nourrit l'ambition de bien des enquêteurs, qu'ils soient journalistes ou romanciers. Assez peu parviennent à leurs fins, car les prédécesseurs ne furent pas toujours des incompétents ou des faussaires. Si Baranger réussit là où tant ne parviennent pas à ébranler les certitudes historiques, c'est qu'il a le génie de s'attaquer à des récits inoxydables ou à des légendes auxquelles le bon peuple s'est attaché d'irrévocable façon. Plus le récit est bétonné, plus il le ridiculise. On le lit en souriant, avec, pourtant, un doute inavouable et croissant : « Et s'il avait raison... »

Si Hemingway avait eu besoin d'un doigt ami sur la gachette, son suicide ne serait que mythe. Si Billy the Kid avait survécu aux balles des justiciers et autres chasseurs de primes lancés à ses trousses, ne pourrait-il pas meubler tardivement les rêves de jeunes admiratrices ? Si Presley avait . . .

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« À qui rend-on son âme quand on en a fini, maman ? » La réponse se fera attendre quelque peu, car maman est fatiguée et se sent bien seule face aux exigences de la vie. Même l'écrivain de passage qui a rasséréné l'horizon familial ne parvient pas à devenir auprès de Florence une présence assurée. Thomas regorge de qualités, mais la partance fait partie de ses gènes. L'enfant détestera que Thomas, autre homme aux « semelles de vent », reparte en laissant derrière lui une femme au cœur en berne. Quand Thomas perdra pied et s'écrasera au fond d'un précipice, il faudra quand même que la vie reprenne. L'enfant aidera sa mère à vivre. « D'une manière, dit-elle, je voudrais l'aider aussi à mourir, mais il faudrait que je sache que c'est le temps de commencer. »

Fatigue, vieillissement, infirmités, mort prennent ici beaucoup de place. Hélène Harbec ne . . .

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Réglons d'abord la question du titre. Beaux seins, belles fesses n'est ni un roman érotique ni même un roman leste. Il est bien plus que cela. À la fois tragédie, épopée, roman naturaliste, farce et mélodrame, ce gros roman de plus de huit cents pages est un formidable récit, mené avec verve et soutenu par une prodigieuse capacité d'invention.

Nous sommes dans un petit village de la Chine des années 1930, aussi bien dire dans la Chine éternelle. Après avoir donné naissance à huit filles, une paysanne met au monde son neuvième enfant, un garçon, le narrateur du roman. Témoin des amours tumultueuses de ses innombrables sœurs, celui-ci nous raconte comment les rêves et les passions de ces dernières vont plonger la famille Shangguan dans une cascade d'événements le plus souvent tragiques.

À travers le destin exemplaire de cette famille, Mo Yan rappelle les soubresauts qui ont secoué la . . .

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Jean-Paul Sartre affirmait qu'un livre n'est qu'un petit tas de feuilles sèches ou une grande aventure : la lecture. L'amour des livres naît d'abord du plaisir d'évasion que procure la lecture. Vivre par procuration, se déplacer allègrement dans le temps et l'espace, c'est ce plaisir que nous fait vivre Ibn Khaldoun, L'honneur et la disgrâce de Jean Mohsen Fahmy. Ce roman historique, qui se déroule dans le monde arabe du XIVe siècle, est narré par Ibrahim, esclave affranchi devenu secrétaire du savant Ibn Khaldoun, qui a connu la faveur des princes et des monarques, mais aussi leur foudre. Empruntant la forme des mémoires et de la biographie, le roman est construit dans un constant va-et-vient entre le présent de la narration, durant le siège de Damas par Tamerlan, et le passé. Si Ibn Khaldoun est bien un personnage historique, si les . . .

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La Turquie contemporaine, celle qui fascine mais effraie, celle qui fait couler beaucoup d'encre, est ici racontée de l'intérieur par Orhan Pamuk, un de ses enfants les plus illustres. Après les succès de Mon nom est rougeet Neige, entre autres titres traduits en plus de quarante langues, le Prix Nobel 2006 raconte son enfance à Istanbul, ville mythique située entre Orient et Occident.

Fondée en 667 avant Jésus-Christ par les Argonautes, dit-on, Byzance est grecque. Mille ans plus tard, en 330, Constantin lui donne son nom – Constantinople – et en fait la capitale de l'Empire romain d'Orient. Un deuxième millénaire passe. En 1453, les nouveaux conquérants ottomans la nomment Istanbul.

Troisième en titre à régner sur la région, l'Empire ottoman – fondé par les Turcs – a duré plus de 600 ans. Après la défaite de la guerre de 1914 . . .

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Pas fréquent qu’un banquier parle de révolutions. Les gens de la profession ont l’habitude de les fuir comme la peste. Pas Matthieu Pigasse, une vedette du monde des affaires français, codirecteur général de la banque Lazard France et ex-administrateur civil, en particulier au ministère français de l’Économie et des Finances ainsi qu’à la Direction du Trésor. Propriétaire de l’hebdomadaire Les Inrockuptibles et actionnaire du journal Le Monde, ce membre influent du Parti socialiste défend l’idée d’une Europe forte qui refuse de se laisser marginaliser par les nouvelles dynamiques économiques et financières. L’intérêt de son ouvrage tient à la vigueur des analyses de la catastrophique situation économique européenne, même si une des premières phrases laisse songeur en ce qu’elle dénote une curieuse nostalgie : la révolution en cours depuis dix ans aurait vu « les dominés d . . .

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Prenez une jeune fille de très bonne famille, élevée au cours des années 1840 dans la proximité des arts, la religion, les bonnes manières et les débats d’idées. Je n’imaginerais pas qu’à force de souffrances morales, une telle jeune femme puisse s’automutiler.

Vous me direz, bien au contraire, qu’elle avait tout pour se sentir écrasée dans ce Québec d’autrefois. Et puis, vous penserez : la maladie mentale frappe où elle veut. Que voulez-vous, ma naïveté me rattrape. Les livres servent encore à ça, à nous dessiller les yeux.

Cette Azélie Papineau (1834-1869) a besoin de présentations. C’est une des enfants de notre célébrissime Louis-Joseph, elle a été mariée à Napoléon Bourassa, artiste et écrivain (1827-1916), et elle est la mère d’Henri Bourassa (1868-1952), son cinquième enfant, le futur fondateur du Devoir. Elle meurt jeune, Henri n’a que quelques mois. Notable . . .

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Le métier de chercheur de vérité est un métier difficile. Chaque semaine, scruter ce qui agite notre monde pour lui donner du sens et, à date fixe, en dire du sensé, est une tâche qui n'est pas à la portée du premier venu. On en conviendra, Laurent Laplante possède une feuille de route aussi bien que des talents de plume et d'intelligence qui l'autorisent à jouer les éclaireurs de conscience.

Romancier, chroniqueur, commentateur, animateur, homme de toutes les tribunes, depuis 1997, il diffuse deux fois par semaine sur Internet des critiques politiques sur l'actualité nationale et internationale. Proposition d'éditeur ? Vanité d'auteur ? Toujours est-il qu'il a décidé de faire passer de l'écran au livre ces chroniques regroupées, lâchement, autour de trois thèmes : l'actualité, l'éthique et l'utopie.

Simple retranscription ? Pas vraiment ! « Ce que je veux [...] c'est scruter ma pratique du journalisme pour l'améliorer », écrit-il en guise d'introduction à ce . . .

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La marche du général William T. Sherman sur la Géorgie et les Carolines, à l'hiver de 1864, a porté un coup fatal aux forces sudistes et précipité la fin de la guerre de Sécession américaine. Cette célèbre « grande marche vers la mer », à laquelle participèrent 60 000 soldats et 25 000 civils (principalement des Noirs nouvellement libérés), a inspiré à Edgar Lawrence Doctorow un récit d'une force rare.

Sur cette page d'histoire sanglante, l'auteur de Ragtime met en scène une dizaine de personnages principaux autour desquels tourne une nuée de figures secondaires. Quelques-uns ont réellement existé, à commencer par Sherman lui-même et son état-major. La plupart sont inventés. L'auteur fait progresser son récit au rythme des arrivées et des départs dans la cohue qui suit l'armée nordiste.

Dans ce va-et-vient, on fera, par exemple, la connaissance . . .

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Titre de la publication Type de livre Éditeurs
LE SANG DES ARBRES Essai essai Boréal
LA COLOMBE Fiction fiction David
LA RUMEUR DU RESSAC Fiction fiction VLB
LA BLAGUE DU SIÈCLE Fiction fiction Del Busso
UNE NUIT DE TEMPÊTE Fiction fiction Québec Amérique
BUNGALOW 21 Fiction fiction Albin Michel
LOUISE HAREL Essai essai La Presse
TÊTES DE LINOTTE ? Essai essai Boréal
LE FLQ DANS LA CINÉMATOGRAPHIE QUÉBÉCOISE Essai essai Somme toute
LA VERTICALE DE LA PEUR Essai essai La Découverte
VIE, VIEILLESSE ET MORT D’UNE FEMME DU PEUPLE Essai essai Flammarion
LAUREL, LA NUIT Fiction fiction XYZ
HERBIER Fiction fiction L’Index
JEAN DIT Fiction fiction L’Oie de Cravan
POUSSIÈRES DANS L’ESPACE Fiction fiction Sémaphore
LE DIPLÔME Fiction fiction Albin Michel
LE XIXe SIÈCLE AMÉRICAIN Essai essai Septentrion
FRANÇOIS-ALBERT ANGERS Essai essai Boréal
PAR-DELÀ LES LIVRES Essai essai Poètes de brousse
LE SYSTÈME TIKTOK Essai essai Du Rocher
MA FRANCE Essai essai La Presse
LE POIDS DES CHOSES Essai essai Huit
LA FIN DE LA CULTURE RELIGIEUSE Essai essai Presses de l’Université de Montréal
MATHILDE BRABANT Fiction essai Pleine Lune
LE CAFÉ OÙ VIVENT LES SOUVENIRS Fiction fiction Albin Michel
LETTRES À BLANCHE MEYER Fiction fiction Huit
TRAVAILLER MOINS NE SUFFIT PAS Essai essai Écosociété
JE VOUS ÉCRIS DE KABOUL… Essai essai Albin Michel
NOIR DE SUIE Fiction fiction Le Noroît
AUTOPORTRAIT D’UNE AUTRE Fiction fiction Alto
CURIOSITÉS DE L’ÎLE D’ORLÉANS Essai essai GID
COURTS-CIRCUITS Essai essai Gallimard
POUR L’HISTOIRE NATIONALE Essai essai Boréal
DES LONGUEURS DANS LE CRÉPUSCULE Fiction fiction Le Noroît
NOUS SOMMES OISEAUX Fiction fiction Du passage
L’HORIZON PAR HASARD Fiction fiction La Peuplade
MAMAN EST UN MYTHE Fiction fiction Planète rebelle
MA VIE D’ESPION Fiction fiction L’Oie de Cravan
EN DEHORS DE LA GAMME Fiction fiction La Peuplade
RIVIÈRES-AUX-CARTOUCHES Fiction fiction Perce-Neige
AVERS Fiction fiction Gallimard
LE BONHEUR D’ÊTRE TRISTE Essai essai L’Homme
CONSTRUIRE L’ÉCONOMIE POSTCAPITALISTE Essai essai Lux
QUELQUES MOIS DANS MA VIE Essai essai Flammarion
LA FAMILLE FERMANIAN Essai essai Presses de l’Université d’Ottawa
GRANDEUR NATURE Fiction fiction Gallimard
CURIOSITÉS DE LA CÔTE-DE-BEAUPRÉ Essai essai GID
ÉLOGE DES VERTUS MINUSCULES Essai essai Flammarion
HUMANISMES Fiction fiction Des Plaines
REMONTER LE NORD Fiction fiction XYZ
L’USURE D’UN MONDE Essai essai Gallimard
PAYS DE SANG Essai essai Actes Sud
ECCE HOMO Fiction fiction Albin Michel
UN CHOIX D’AMOUR Essai essai Triptyque
PINK FLOYD : THE DARK SIDE OF THE MOON Essai essai Cardinal
FAUT-IL (ENCORE) PROTÉGER LA FICTION ? Essai essai XYZ
LE DROIT DU SOL Fiction fiction Futuropolis
LE PIÈGE DES LANGUES OFFICIELLES QUÉBEC ET MINORITÉS FRANCOPHONES DOS À DOS Essai essai Septentrion
BONJOUR ! KWE ! À LA RENCONTRE DES LANGUES AUTOCHTONES DU QUÉBEC Essai essai Boréal
LA CHANSON COMME BERCEAU DE L’IDENTITÉ QUÉBÉCOISE MÉLANGES EN L’HONNEUR DE BRUNO ROY Essai essai Du Québécois
DIX SECONDES EN FERMANT LES YEUX Fiction fiction De l’Écume
15 BREFS ESSAIS SUR L’AMOUR Essai essai Somme toute
PARIZEAU Essai essai Septentrion
DÉCALAGE VERS LE ROUGE Fiction fiction Perce-Neige
LES FEMMES DU BOUT DU MONDE Fiction fiction Albin Michel
UNE HISTOIRE DU QUÉBEC Essai essai Septentrion
BILINGUISME, PLURILINGUISME ET FRANCOPHONIE Essai essai Presses de l’Université de Montréal
UNE HISTOIRE D’AMOUR-HAINE Essai essai Mémoire d’encrier
FEMMES BOURREAUX Essai essai Grasset
LISE BISSONNETTE Essai essai Boréal
CLAUDE LAGACÉ, ORGANISTE : LA PORTÉE D’UNE VIE Essai essai GID
NINANIMISHKEN essai Flammarion Québec
LA LOI SUR LA LAÏCITÉ DE L’ÉTAT Essai essai Presses de l’Université Laval
DÉCODER LE LECTEUR Essai essai Presses de l’Université de Montréal
LE SACRE DES PANTOUFLES Essai essai Grasset
LA MAISON DE MON PÈRE Fiction fiction Boréal
ACADIE MULTIPISTE Essai essai Perce-Neige
LA CANDEUR DU PATRIARCHE Essai essai Boréal
JOURNAL D’UN CONFINÉ Essai essai Sylvain Harvey
FORTERESSES ET AUTRES REFUGES Essai essai Québec Amérique
LA CHINE ET LE NOUVEAU DÉSORDRE MONDIAL Essai essai VLB
COCORICO Essai essai Somme toute
MASHTEUIATSH Essai essai GID
MADE IN CHINA Essai essai Globe
UNE ÉTRANGE OBSTINATION Essai essai Gallimard
L’ÉTONNANT PANDA Essai essai MultiMondes
TOMBER Fiction fiction Mémoire d’encrier
ATLANTIQUE NORD fiction La Peuplade
LES CHAMPS PENCHÉS Fiction fiction Boréal
LES AIGUILLES À TRICOTER Fiction fiction Ronces
LA PENSÉE WOKE Essai essai Liber
POSER LES BONNES QUESTIONS Essai essai Del Busso
PARIS EN MIETTES Essai essai Boréal
ANNA THALBERG Fiction fiction La Peuplade
LA BÊTE ROUGE Fiction fiction Pleine Lune
LE CHEMIN DE L’ÉCOLE Essai essai « Nomades », Leméac
L’APPEL DE L’OUEST Essai essai Septentrion
DE SI LONGUES RACINES Essai essai Remue-ménage
AVEC OU SANS KIKI Essai essai Boréal
L’ATELIER NOIR Essai essai Gallimard
MORT À LA BALEINE Fiction fiction Boréal
LA JIG DU CARROUSEL Fiction fiction Perce-Neige
ET NOUS NOUS ENFUIRONS SUR DES CHEVAUX ARDENTS Fiction fiction Albin Michel
CECI N’EST PAS UN FAIT DIVERS Fiction fiction Julliard
LA SHÉHÉRAZADE DES PAUVRES Fiction fiction Leméac/Actes Sud
PERDRE LA TÊTE Fiction fiction Alto
MAKA KOTTO Essai essai L’Homme
JUSQU’À LA MOELLE Fiction fiction Boréal
CETTE PEUR PRÉCISE Fiction fiction Perce-Neige
LA PRINCESSE DU RYTHME Fiction fiction Boréal
MES DÉBUTS DANS L’ÉTERNITÉ Fiction fiction Boréal
L’ARTISTE ET SON ŒUVRE Essai essai XYZ
ON VOUS TROMPE Essai essai Trécarré
CRÉPUSCULES ADMIRABLES Essai essai Boréal
JUSQU’À PLUS SOIF Essai essai Fides
TOUTE UNE MOITIÉ DU MONDE Essai essai Flammarion
CINQ FILLES PERDUES À TOUT JAMAIS Fiction fiction Héliotrope
AUGUSTINO OU L’ILLUMINATION Fiction fiction Boréal
VIVRE VITE Fiction fiction Flammarion
PLESSIS Fiction fiction VLB
JUNG, UN VOYAGE VERS SOI Essai essai Albin Michel
QUI EST QUÉBÉCOIS ? Essai essai Hashtag
LE JEUNE HOMME Essai essai Gallimard
CE QUE CACHE LE NOM DES LIEUX Essai essai MultiMondes
POUR TOUT VOUS DIRE Essai essai Grasset
LE LABOUREUR ET LES MANGEURS DE VENT Essai essai Odile Jacob
NOUS LE LAC Fiction fiction Le Noroît
FILS D’UN TOUT PETIT HÉROS Fiction fiction Boréal
ARNAQUÉS.COM Fiction fiction David
MEURTRES SOUS UN CIEL DE GLACE Fiction fiction Alire
DEMEURES Fiction fiction Mains libres
LA SUEUR EST UN DÉSIR D’ÉVAPORATION Fiction fiction Libre Expression
CAMERA LUCIDA Fiction fiction Le Noroît
MA FIN DU MONDE Essai essai Boréal
MON TESTAMENT Essai essai Leméac
MONUMENTS Fiction fiction Le Noroît
SANAAQ Fiction fiction Dépaysage
BIZARRERIES DU BANAL Fiction fiction Sémaphore
LE TRAIN S’ARRÊTE TOUJOURS QUELQUE PART Fiction fiction Pleine Lune
CE LIVRE NE S’ADRESSE QU’À 0,00005 % DE LA POPULATION Fiction fiction Hamac
PETITES DÉVIATIONS Fiction fiction Du Blé
SUBMERSIBLE Fiction fiction Ta Mère
IL ÉTAIT UNE FOIS À HOLLYWOOD Fiction fiction Fayard
MEXICAN GOTHIC Fiction fiction Bragelonne
CELUI QUI VEILLE Fiction fiction Albin Michel
HENRY DANIEL THIELCKE Essai essai Presses de l’Université Laval
L’HABITUDE DES RUINES Essai essai Lux
D’UNE NÉGRITUDE L’AUTRE Essai essai Presses de l’Université de Montréal
L’USAGE DE MES JOURS Fiction fiction Leméac
DONNEZ DES AILES Essai essai L’Instant même
PAR INSTANTS, LE SOL PENCHE BIZARREMENT Essai essai Robert Laffont
LE MIRAGE #METOO Essai essai Cherche midi
LES RAISONS DE L’ART Essai essai Albin Michel
PETITS POÈMES SUR MON PÈRE QUI EST MORT Fiction fiction Perce-Neige
L’ENNEMI QUE JE CONNAIS Fiction fiction Perce-Neige
DERNIERS ENTRETIENS AVEC CHARLES GAGNON Essai essai Pleine Lune
LUMIÈRE D’ÉTÉ, PUIS VIENT LA NUIT Fiction fiction Grasset
POURQUOI LE QUÉBEC N’EST PAS ENCORE LIBRE Essai essai VLB
ÉMONDER ET SAUVER L’ARBRE Essai essai Leméac
LA VIE PROFONDE Essai essai Du Cerf
UN QUÉBÉCOIS À MEXICO Essai essai L’Harmattan
ALYS ROBI A ÉTÉ FORMIDABLE Essai essai Québec Amérique
MACHINE JIHAD Essai essai L’Homme
QUÉBEC INSOLITE Essai essai Broquet
CRIMINELLES Fiction fiction Alire
SERGE Fiction fiction Flammarion
L’EAU CHAUDE, L’EAU FRETTE Fiction fiction Somme toute
FRÈRES INSOUMIS Fiction fiction Druide
LE MYSTÈRE DE NÉMI Fiction fiction David
LES PONTS DE PRAGUE Fiction fiction Lévesque
BILLY WILDER ET MOI Fiction fiction Gallimard
L’USAGE DE MES JOURS Essai essai Leméac
LE SABLIER Essai essai L’Homme
L’APOCALYPSE DURABLE Essai essai Lux
TSUBAKI Fiction fiction « Babel », Actes Sud
Les meurtres du Red Power Fiction fiction Alire
NOUS VIVIONS DANS UN PAYS D’ÉTÉ Fiction fiction Les Escales
CRÉNOM, BAUDELAIRE ! Fiction fiction Mialet-Barrault
LE CHANT DU BISON Fiction fiction Hervé Chopin
LE PROCÈS DE SPINOZA Fiction fiction Albin Michel
UNE FILLE SANS FUSIL Fiction fiction Les Herbes rouges
BELLE POUR RIEN Fiction fiction L’Oie de Cravan
LA PROMESSE DE JULIETTE Fiction fiction La Peuplade
QUEENIE Fiction fiction Calmann-Lévy
LA SAGA SNC-LAVALIN Essai essai La Presse
CORRESPONDANCE 1930-1944 Essai essai Gallimard
LEÇONS D’UN SIÈCLE DE VIE Essai essai Denoël
LA SPLENDEUR ET L’INFAMIE Essai essai Le cherche midi
VINCENT ET GABRIELLE Fiction fiction David
LA PÊCHE AU PETIT BROCHET Fiction fiction La Peuplade
ICARE Fiction fiction Prise de parole
LA FEMME COMESTIBLE Fiction fiction Robert Laffont
MÉTAMORPHOSES Fiction fiction L’Interligne
DOUBLURE DU MONDE Fiction fiction Le Noroît
ON S’EST PROMIS DE CHERCHER AILLEURS Fiction fiction Hamac
SA VALISE NE CONTIENT QU’UN SEUL SOUVENIR Fiction fiction Pleine lune, Lachine, 2021, 149 p. ; 21,95 $
ENFANT DE SALAUD Fiction fiction Grasset
LES ORIGINES DU MONDE Essai essai Musée d’Orsay/Gallimard
CE QUE GALILÉE DIT À MILTON Essai essai Liber, Montréal / Les Belles Lettres
QU’EST-CE QU’UN MYSTIQUE ? Essai essai Novalis
LA VIE, MA MUSE Essai essai Édito
NULLE PART QU’EN HAUT DÉSIR Essai essai Lévesque
LA MYTHOLOGIE GRECQUE DE A À Z POUR LES NULS Essai essai First
L’ÂGE DES ACCIDENTS Fiction fiction XYZ
LE LIVRE OFFENSANT Essai essai Entourage
TERRITOIRES HABITÉS, TERRITOIRES IMAGINÉS Essai essai Fides
L’ÉTAT DE NOS ROUTES Fiction fiction Leméac
IDENTITÉ, « RACE », LIBERTÉ D’EXPRESSION Essai Presses de l’Université Laval
PAYS BARBARE Essai essai Varia
NOS VÉRITÉS Essai essai Robert Laffont
ELMA Fiction fiction La Martinière
LA QUESTION TRANS Essai essai Gallimard
ALLER AUX FRAISES Fiction fiction Le Quartanier
MADAME HAYAT Fiction fiction Actes Sud
CHASSEUR DE TERRORISTES Essai essai Racine
L’HOMME DE CÉSARÉE Fiction fiction Albin Michel
LA FORÊT DES SIGNES Essai essai Remue-ménage
FLOTS Fiction fiction Alire
CARNET DE LA NUIT TOMBÉE Fiction fiction Perce-neige
L’OMBRE DE ROSA Fiction fiction David
SA DISPARITION Fiction fiction XYZ
DEEP BLUES : DU DELTA DU MISSISSIPPI À CHICAGO, DES ÉTATS-UNIS AU RESTE DU MONDE. Essai essai Allia
ACADIE MULTIPISTE, TOME 2 Essai essai Perce-neige
LETTRES Essai essai Presses de l’Université de Montréal
AU TOURNANT DE MINUIT Fiction fiction Robert Laffont
PROMETS-MOI, PAPA Essai essai L’Archipel
LA GEÔLE DES INNOCENTS Fiction fiction L’Archipel
PREMIER SANG Fiction fiction Albin Michel
RÉAL BENOIT : 1916-1972, L’AVANT-GARDE Essai essai CRAM
UNE HISTOIRE DES INÉGALITÉS DE L’ÂGE DE PIERRE AU XXIe SIÈCLE Essai essai Actes Sud
La plus-que-vraie Fiction fiction Albin Michel
RÉCITS DE NAUFRAGES Essai essai VLB
L’OISEAU BLEU D’ERZEROUM Fiction fiction Albin Michel
JOURNAL DE CHARLES ROBIN Essai essai GID
LE KAMOURASKA ET LA GRANDE-ANSE Essai essai GID
LE GRAND CAHIER DE JÉRÔME Fiction fiction Fides
COCHONS. VOYAGE AUX PAYS DU VIVANT Essai essai Fayard et Stock
L’HOMME DE GRIFFINTOWN Fiction fiction La Plume D’or
À TRAIN PERDU Fiction fiction XYZ
LE SILENCE DES PÉLICANS Fiction fiction Fides
SHANGHAI 2040 Fiction fiction Libre Expression
LA PENSÉE BLANCHE Essai essai Mémoire d’encrier
QUAND IL FAIT TRISTE, BERTHA CHANTE Essai essai Québec Amérique
DANS QUEL CAMP ÊTES-VOUS ? Essai essai Renouveau québécois
FILLE DES ARBRES Essai essai Lévesque
MÉMOIRES VIVES Essai essai Seuil
LE LIVRE UBER Essai essai L’Interligne
AU NOM DE LA VÉRITÉ Fiction fiction Albin Michel
IL DOTTORE Fiction fiction Carte blanche
ŒUVRES I Fiction fiction Leméac/Actes Sud
FEMMES SANS MERCI Fiction fiction Actes Sud
APESANTEUR Fiction fiction Perce-neige
FAISEURS D’HISTOIRES Fiction fiction Presses de la Cité
HANTISES Essai essai Nota bene
LE MONDE DES ÉPAVES AU QUÉBEC Essai essai GID
BRÈVE HISTOIRE DE LA GAUCHE POLITIQUE AU QUÉBEC Essai essai Écosociété
NÈGRES NOIRS, NÈGRES BLANCS Essai essai Lux
LA CONDITION QUÉBÉCOISE Essai essai Septentrion
POURQUOI LA LOI 101 EST UN ÉCHEC Essai essai Boréal
L’IRRATIONALITÉ NÉCESSAIRE Fiction fiction XYZ
LA 121e  JOURNÉE Essai essai Albin Michel
LES TROIS VIES DE JOSEF KLEIN Fiction fiction Lattès
ZONE 51 Fiction fiction Lévesque
ACADISSIMA Fiction fiction Presses de l’Université d’Ottawa
MON ALMÉRIQUE À MOI Fiction fiction Alire
LES DERNIERS ROMANTIQUES Fiction fiction L’Homme
NICKEL BOYS Fiction fiction Albin Michel
MOINS 18° Fiction fiction Albin Michel
LE PALAIS DES ORTIES Fiction fiction Gallimard
UN PROMENEUR SOLITAIRE DANS LA FOULE Fiction fiction Seuil
L’ANOMALIE Fiction fiction Gallimard
DUNE Fiction fiction Robert Laffont
LA ROUTE DES LUCIOLES Fiction fiction Michel Lafon
LA BIENVEILLANCE DES OURS Essai essai Quartz
LE BANQUET ANNUEL DE LA CONFRÉRIE DES FOSSOYEURS Fiction fiction Actes Sud
TOUS LES DIABLES SONT ICI Fiction fiction Flammarion Québec
LE DÉVELOPPEMENT DE CÉZANNE Essai essai Le bout du mille
MONSIEUR LE PRÉSIDENT Fiction fiction Sémaphore
AU SOMMET DU NANZERWÉ, IL S’EST ASSIS ET IL A PLEURÉ Fiction fiction Prise de parole
RETOUR DE SERVICE Fiction fiction Seuil
LE DESSINATEUR Fiction fiction Lévesque
INTERVENTIONS 2020 Fiction fiction Flammarion
LE TRAIN DES ENFANTS Fiction fiction Albin Michel
DICTIONNAIRE AMOUREUX DE L’ESPRIT FRANÇAIS Essai essai Plon∕Grasset
DANS LES PLIS DU TABLIER Fiction fiction David
L’APPARITION DU CHEVREUIL Fiction fiction Alto
LA RUÉE VERS L’AUTRE Fiction fiction Planète rebelle
RIEN QUE LE BRUIT ASSOURDISSANT DU SILENCE Fiction fiction Pleine Lune
DES DICK PICS SOUS LES ÉTOILES Fiction fiction Prise de parole
TANGO Fiction fiction L’Interligne
11 BREFS ESSAIS CONTRE LE RACISME Essai essai Somme toute
HISTOIRE DU TAXI À MONTRÉAL Essai essai Boréal
LES INUITS DU NUNAVIK Essai essai GID
JEAN LELOUP Essai essai L’instant même
L’INCROYABLE ENCYCLOPÉDIE VISUELLE DE LA SCIENCE Essai essai Hurtubise
100 FILMS, 100 HISTOIRES Essai essai Michel Lafon
SI PRÈS, SI LOIN, LES OIES BLANCHES Essai essai XYZ
NIAGARA… LA VOIE QUI Y MÈNE Essai essai David
LE PETIT PRINCE EST TOUJOURS VIVANT Essai essai Édito
LETTRE À TAHAR BEN JELLOUN Essai essai L’Interligne
ENVOÛTANTE LHASA Essai essai Boréal
TRAHISONS Fiction fiction Québec Amérique
ASPHYXIES Fiction fiction Sémaphore
LES ÉVASIONS PARTICULIÈRES Fiction fiction Albin Michel
SOIT DIT EN PASSANT Essai essai Stock
INSURRECTION APPRÉHENDÉE Essai Carte blanche/La boîte à Lisée
L’AVERTI, T. 2, LA FORCE DU DESTIN Fiction fiction La Grande Marée
BUVEURS DE VENT Fiction fiction Albin Michel
MONIQUE LEYRAC Fiction fiction La Presse
MADONNA EN 30 SECONDES Essai essai Hurtubise
VILLE DE QUÉBEC : 365 QUESTIONS ET RÉPONSES Essai essai GID
C’EST PAS PARCE QU’ILS SONT NOMBREUX À AVOIR TORT QU’ILS ONT RAISON ! Essai essai Écosociété
LE SCULPTEUR DE VŒUX Fiction fiction Alire
LETTRES À UNE JEUNE COMÉDIENNE Essai essai VLB
L’ÎLE VERTE : PHARE DE BELLES TRADITIONS Essai essai GID
CURIOSITÉS DE QUÉBEC, T. 2 Essai essai GID
WUHAN, VILLE CLOSE Essai essai Stock
ERRANCE Fiction fiction Annika Parance
INFINI Fiction fiction Perce-Neige
#MARIA Fiction fiction Boréal
VIRAL Fiction fiction Boréal
LES FOUS DU VOLANT Essai essai GID
ZUMA 9 Fiction fiction Écrits des Forges
MAUDIRE LES ÉTOILES Fiction fiction Perce-Neige
ELLE S’APPELAIT MIGNONNE Fiction fiction La Grande Marée
LE LIÈVRE D’AMÉRIQUE Fiction fiction La Peuplade
GEORGES-HENRI LÉVESQUE Essai essai Boréal
ROADKILL Fiction fiction Perce-Neige
UNE VIE D’ADULTE Fiction fiction XYZ
L’ESPOIR DE LA BEAUTÉ Fiction fiction Pleine lune
LA VRAIE NATURE DE LA BÊTE HUMAINE Essai essai MultiMondes
MOURIR EN SCÈNE Fiction fiction Albin Michel
FAIS CONFIANCE À LA MER, ELLE TE PORTERA Essai essai Bibliothèque Québécoise
LE PLUS GRAND SECRET DU VATICAN Essai essai Fides
LE BONHEUR DANS CETTE VIE Essai essai Michel Lafon
GOURMAND BORÉAL Essai essai Marchand de feuilles
DEVENIR Essai essai Fayard
L’IMPOSTURE ANTISPÉCISTE Essai essai Desclée de Brouwer
LE CŒUR EN BANDOULIÈRE Fiction fiction Leméac
ÉLÉGIES POUR L’ÉPOUSE EN-ALLÉE Fiction fiction Bibliothèque québécoise
J’AI OUBLIÉ D’ÊTRE SAGAN Fiction fiction Hashtag
NOTRE LAÏCITÉ Essai Dialogue Nord-Sud
LE MAÎTRE DES CIRCONSTANCES Fiction fiction La Plume D’or
HOMO BIOLOGICUS Essai essai Albin Michel
LE PRINCE DES MARÉES Fiction fiction Albin Michel
POUR MÉMOIRE Essai essai Alto
CRÉATION, DISSONANCE, VIOLENCE. LA MUSIQUE ET LE POLITIQUE Essai essai Boréal
L’ATELIER OCCIDENTAL DU TERRORISME Essai essai Arkhê
FAIRE AIMER L’HISTOIRE EN COMPAGNIE DE JACQUES LACOURSIÈRE Essai essai Septentrion
LES PETITS DE DÉCEMBRE Fiction fiction Seuil
AYITI Fiction fiction Mémoire d’encrier
HISTOIRE POPULAIRE DE L’AMOUR AU QUÉBEC Essai essai Fides
LE LIBRE-ÉCHANGE AUJOURD’HUI Essai essai M Éditeur
HISTOIRES NATURELLES Essai essai Del Busso
TROIS RÉVEILS Fiction fiction XYZ
UN BEAU DÉSASTRE Fiction fiction Alto
HERLAND Fiction Robert Laffont
MONIQUE MILLER Essai essai Libre Expression
PARTIR Essai essai Sémaphore
ELLES ONT CONQUIS LE MONDE EN SOLO. Essai essai Éditions de L’Homme
LES DÉCALAGES CONTRAIRES Fiction Mémoire d'encrier
PREUVES D’EXISTENCE Fiction Triptyque
TON ABSENCE M’APPARTIENT Fiction Stanké
DU GÉNIE FRANÇAIS Essai Gallimard
LE JOUR SE LÈVERA Fiction fiction David
LA MAISON Fiction fiction Flammarion
VICTIME 2117 Fiction fiction Albin Michel
CE QUE JE VOUDRAIS DIRE À MES ENFANTS Essai essai Presses de l’Université d’Ottawa
MAGAZINE GASPÉSIE Essai essai
LES FALAISES Fiction fiction La Peuplade
DÉCADENCE FIN DE SIÈCLE Essai essai Gallimard
CAPITAL ET IDÉOLOGIE Essai essai Seuil
MOI, ELTON JOHN Essai essai Albin Michel
MÈRE À MÈRE Fiction fiction Mémoire d’encrier
POÈMES 1968-1994 Fiction fiction Typo
POUR QUI JE ME PRENDS Essai essai Boréal
LUTTER POUR UN TOIT Essai essai Écosociété
ANNE HÉBERT, VIVRE POUR ÉCRIRE Essai essai Boréal
L’ÉCONOMIE DE LA NATURE Essai essai Lux
L’ÉCONOMIE DE LA FOI Essai essai Lux
FÉLIX LECLERC Essai essai Septentrion
SE SOIGNER DU CANCER SANS SE FAIRE TUER Essai essai Leméac
DE GAULLE Essai essai Septentrion
BLANC RÉSINE Fiction fiction Leméac
POURQUOI TU DANSES QUAND TU MARCHES ? Fiction fiction Mémoire d’encrier
À PORTÉE DE SA BOUCHE Fiction fiction
MANAM Fiction fiction Boréal
MINA PARMI LES OMBRES Fiction fiction Boréal
LA PANTHÈRE DES NEIGES Fiction fiction Gallimard
CHOIX DE POÈMES (PAS TROP LONGS) Fiction fiction L’Oie de Cravan
PIÈCES DE THÉÂTRE : L’INTÉGRALE ILLUSTRÉE Fiction Fides
UNE SORTE DE LUMIÈRE SPÉCIALE Fiction fiction L’Écrou
LA VIE LENTE Fiction fiction Seuil
ASKJA Fiction fiction Albin Michel
ELLE DES CHAMBRES Fiction fiction Poètes de brousse
LE RELAIS Essai essai Septentrion
SALUT L’ÉCRIVAIN ! Essai essai Del Busso
ZÉRO DOUZE Fiction fiction Du Passage
MON STARMANIA Essai essai Flammarion
CONSERVATISME Essai essai Albin Michel
LE MONDE SELON EDWARD ELLICE Essai essai P. Reid
1000 ŒUVRES INCONTOURNABLES DE LA LITTÉRATURE Essai essai Hurtubise
LA RUMEUR DES LILAS Fiction Del Busso
DÉDÉ BLANC-BEC Fiction La Grenouillère
MYTHOLOGIE EN 30 SECONDES Essai essai Hurtubise
PROMENADE EN ENFER Essai essai Septentrion
DON GIULIANO Fiction fiction Libre Expression
POÈMES DE LA RÉSISTANCE Fiction fiction Prise de parole
TROIS FOIS LA FIN DU MONDE Fiction fiction Notabilia
THELMA, LOUISE ET MOI Fiction fiction Héliotrope
LES DERNIERS DIEUX Fiction fiction Saint-Boniface
REPENSER LA NATION Essai essai Remue-ménage
XAVIER DOLAN Essai essai CRAM
MA MÈRE M’A TUÉ Essai essai Hugo Doc
DICTIONNAIRE MÉLANCOLIQUE DE MON EXIL Essai essai Pleine Lune
PSYCHOMAGIE Essai essai Albin Michel
RELATIONS Essai essai Lux
LA MALCHIMIE Essai essai Actes Sud/Leméac
LE MONDE N’EST PAS DU MONDE Fiction fiction Écrits des Forges
LA CAGE DORÉE Fiction fiction Actes Sud/Leméac
TU ÉCOUTERAS TA MÉMOIRE Fiction fiction Boréal
MES AMIS FACEBOOK Fiction fiction La Plume D’or
OLGA Fiction fiction Gallimard
UNE VIE SANS PEUR ET SANS REGRET Essai essai Plon
LA BRASSERIE DOW Essai essai GID
CURIEUSES HISTOIRES D’APOTHICAIRES Essai essai Septentrion
L’ŒUVRE DU GRAND LIÈVRE FILOU Essai essai MultiMondes
CINÉMA EN 30 SECONDES Essai essai Hurtubise
ANIMALIS Essai essai Leméac
UN AUTOMNE À KYÔTO Essai essai Albin Michel
CE QU’ON RESPIRE SUR TATOUINE Fiction fiction Del Busso
EXPO HABITAT Fiction fiction La Peuplade
L’HOMME QUI VENAIT DE NULLE PART Fiction fiction L’Interligne
CE QU’ON RESPIRE SUR TATOUINE Fiction fiction Del Busso
EXPO HABITAT Fiction fiction La Peuplade
LE DYNAMITEUR Fiction fiction Seuil
LES FILS DE LA POUSSIÈRE Fiction fiction Métailié
UN MONDE À PORTÉE DE MAIN Fiction fiction Verticales
TURBO GOÉLAND Fiction fiction Perce-Neige
UN ONZE SEPTEMBRE Fiction fiction La Plume d’Or
LES DERNIERS COUREURS Fiction fiction L’Écrou
LE PROJET DU BILINGUISME CANADIEN Essai essai VLB
L’ORTHOGRAPHE, UN CARCAN ? Essai essai M
TRAVAUX FORCÉS Essai essai Écosociété
À PROPOS DU STYLE DE GENETTE Essai essai Le Quartanier
UN HOMME QUI SAVAIT Fiction fiction La Table Ronde
UN DIMANCHE À MA FENÊTRE Essai essai Somme toute
LA FATIGUE DES FRUITS Fiction fiction L’Oie de Cravan
QUÉBEC-OUEST/VANIER Essai essai GID
MARDI COMME MARDI Fiction fiction La Mèche
DES RÉGUINES ET DES HOMMES Fiction fiction Hurtubise
L’ÎLE DE LUNA Fiction fiction Actes Sud
L’INVITÉ SURPRISE DU G7 Fiction fiction La Plume d’Or
LA DISPARITION DE KAT VANDALE Fiction fiction Les éditions Héliotropes Noir
LES FANTÔMES DE MANHATTAN Fiction fiction Sonatine
L’ALLÉGORIE DES TRUITES ARC-EN-CIEL Fiction fiction Éditions Hurtubise
LES AMOUREUX DU JOUR 2 Fiction fiction Druide
VERS LA NOUVELLE-FRANCE Fiction fiction Hurtubise
HOLLYWOOD BOULEVARD Fiction fiction Albin Michel
LE (BEAU) RISQUE D’ÉCRIRE Essai essai Nota bene
LIRE ! Essai essai Flammarion Québec
LE NOUS ABSENT Essai essai Liber
UN SI BEAU DIPLÔME ! Essai essai Gallimard
L’EMPIRE ET LES CINQ ROIS Essai essai Grasset
INTRODUCTION À PERSONAS SEXUELLES Essai essai Presses de l’Université Laval
VA OÙ IL EST IMPOSSIBLE D’ALLER Essai essai Seuil
RÉGINE DEFORGES Essai essai Séguier
LE FILET Fiction fiction Métailié
LAIT ET MIEL Fiction fiction Guy Saint-Jean
L’HOMME FEU fiction Lattès
L’HOMME FEU Fiction fiction Lattès
DÉVORÉS Fiction fiction L’Interligne
VOUS N’ÊTES PAS VENUS AU MONDE POUR RESTER SEULS Fiction fiction Grasset
HIVERNAGES Fiction fiction XYZ
POLATOUCHES Fiction fiction Stanké
DOUZE ANS EN FRANCE Essai fiction VLB
DAESH, PAROLES DE DÉSERTEURS Essai essai Gallimard
RENAÎTRE PAR LES CONTES Essai essai Albin Michel
HISTOIRE DES SCIENCES Essai essai Presses universitaires de France
ET VOUS AVEZ EU BEAU TEMPS ? Essai essai Seuil
LE TEMPS PRÉSENT Essai essai Boréal
UN DIPLOMATE À LA DÉCOUVERTE DU JAPON Essai essai Septentrion
DES HISTOIRES VRAIES Fiction fiction Actes Sud
L’ORDRE DU JOUR Fiction fiction Actes Sud
MÖRK Fiction fiction La Martinière
AVANT L’APRÈS Essai essai La Peuplade
LE MANIFESTE DES PARVENUS Essai essai Lux
CIEL DE KYŌTO Essai essai Lévesque
UNE LOYAUTÉ À TOUTE ÉPREUVE Essai essai Flammarion Québec
PALESTINE, LE FARDEAU DE L’ESPOIR Essai essai Pleine lune
CHARLESBOURG Essai essai GID
MONTRÉAL, VILLE DÉPRESSIONNISTE        Essai essai Moult
À L’OMBRE DES ÉRABLES ET DES PALMIERS Essai essai L’Interligne
GRAND FANAL Fiction fiction Boréal
TRAJETS, TRAJECTOIRES, TRAVERSÉES Fiction fiction La Grenouillère
ACADIE ROAD Fiction fiction Perce-Neige
CHRONIQUES DE KITCHIKE Fiction fiction Hannenørak
UNE VIE NEUVE Fiction fiction La Peuplade
L’ENFER Fiction fiction Leméac
L’ALLÉE DU SOUVENIR Fiction fiction Perce-Neige
ME CHERCHERAIS-TU SI TU ÉTAIS SANS NOUVELLES DE MOI ? Fiction fiction Del Busso
LE REVERS Fiction fiction Les Herbes rouges
C’EST FOU COMME T’AS PAS L’AIR D’EN ÊTRE UN ! Fiction fiction Hannenørak
L’ENCHANTEMENT MUSICAL Essai essai Albin Michel
REFUS GLOBAL Essai essai Presses de l’Université de Montréal
UNE HISTOIRE DU QUÉBEC EN PHOTOS Essai essai Fides
UNE HISTOIRE DU QUÉBEC EN PHOTOS Essai essai Fides
ÉCRIRE L’HUMOUR, C’EST PAS DES FARCES Essai essai Druide
MILLÉNIUM 5 Fiction fiction Actes Sud
CETTE CHOSE ÉTRANGE EN MOI Fiction fiction Gallimard
COX OU LA COURSE DU TEMPS Fiction fiction Albin Michel
LA FEMME DE L’OMBRE Fiction fiction Métailié
COULEURS DE L’INCENDIE Fiction fiction Albin Michel
CELUI QUI AVANCE AVEC LA MORT DANS SA POCHE Fiction fiction L’interligne
MÉMOIRES D’UN HOMME INUTILE Fiction essai Perce-Neige
LA PLURALITÉ DES MONDES Essai essai Presses de l’Université Paris-Sorbonne
L’AVENTURE STARMANIA Essai essai Hors Collection
VERS COMPOSTELLE Essai essai Les heures bleues
POUR LES DROITS DES FEMMES Essai essai Boréal
REQUIEM POUR LE RÊVE AMÉRICAIN Essai essai Climats
L’IMPOSTURE NÉOLIBÉRALE Essai essai Écosociété
AVEC MONIQUE BOSCO Essai essai Médiapaul
LES DÉSORDRES AMOUREUX Fiction fiction Hurtubise
LÉA Fiction fiction David
ROZMARING Fiction fiction Hurtubise
PROFESSEUR DE PARAGRAPHE Fiction fiction Lévesque
LE SCANDALE DES EAUX FOLLES T. 1 Fiction fiction JCL
L’AMÉLANCHIER Fiction fiction Bibliothèque québécoise
CANTIQUE DE L’ACACIA Fiction fiction Seuil
ON N’ENTEND PLUS JOUER LES ENFANTS Fiction fiction Annika Parance
STAINLESS Fiction fiction L’Hexagone
NOUVELLES D’ICI, D’AILLEURS ET DE LÀ-BAS Fiction fiction Pleine lune
CHANSON DE LA VILLE SILENCIEUSE Fiction fiction Flammarion Québec
ZONE OCCUPÉE Essai essai Zone Occupée
MES COMBATS Essai essai Bayard
HISTOIRE INÉDITE DES PATRIOTES Essai essai Fides
LA TRIBUNE DE LA PRESSE À QUÉBEC DEPUIS 1960 Essai essai Septentrion
LES ADIEUX Fiction fiction Les Herbes rouges
MEKTOUB Fiction fiction Alto
ARBRES EN LUMIÈRE Essai essai MultiMondes
DALIDA Essai essai Alias
DALIDA Essai essai Alias
UN ÉTÉ INDIGO Fiction fiction JCL
MARIE RÉPARATRICE Fiction fiction La Grenouillère
TOUT DOIT PARTIR Fiction fiction Leméac, Montréal/Actes Sud
MIGRANTS Essai essai Armand Colin
SUISEN Fiction fiction Leméac, Montréal/Actes Sud
ZONES DE PROXIMITÉ Fiction fiction XYZ
SANS CAPOTE NI KALACHNIKOV Fiction fiction Mémoire d’encrier
TES LUNETTES SANS TON REGARD Fiction fiction David
JE NE SUIS PAS DE CEUX QUI ONT UN GRAND GÉNIE Fiction fiction Stanké
PEGGY DANS LES PHARES Fiction fiction Flammarion Québec
LES LALANCETTE Fiction fiction Les Éditions d’art Le Sabord
J’ESPÈRE QUE TOUT SERA BLEU Fiction fiction L’instant même
COMME LES NUAGES Fiction fiction Pleine Lune
UNE IRRÉSISTIBLE ENVIE DE FUIR Fiction fiction David
LES VIES DE PAPIER Fiction fiction Les escales
TROIS AMIS EN QUÊTE DE SAGESSE Essai essai L’Iconoclaste/Allary
LA FACE CACHÉE DU COURS ÉTHIQUE ET CULTURE RELIGIEUSE Essai essai Leméac
ON A MARCHÉ DANS LA VILLE Essai essai GID
ÉTAGÈRES ET BARREAUX DE FER Essai essai Septentrion
BRÈVE HISTOIRE DE LA NOUVELLE (SHORT STORY) AUX ÉTATS-UNIS Essai essai Lévesque
DE LA PÊCHE À LA TRUITE Essai essai XYZ
LES LITTÉRATURES FRANCO-CANADIENNES À L’ÉPREUVE DU TEMPS Essai essai Presses de l’Université d’Ottawa
LE PAVILLON PIERRE LASSONDE Essai essai Musée national des beaux-arts du Québec
EXERCICES D’AMITIÉ Essai essai Leméac
PRINCE LESTAT Fiction fiction Michel Lafon
MALDOROR Fiction fiction David
MOI QUI MARCHE À TÂTONS DANS MA JEUNESSE NOIRE Fiction fiction Les Herbes rouges
DIEU N’HABITE PAS LA HAVANE Fiction fiction Julliard
NAUFRAGE Fiction fiction Leméac
L’INFINIE COMÉDIE Fiction fiction L’Olivier
COMBIEN DE TEMPS ENCORE ? Fiction fiction Boréal
LES CHOSES IMMUABLES Fiction fiction XYZ
DE LA CURIOSITÉ Essai essai Actes Sud, Arles/Leméac
LA FIN DE LA TERRE Fiction fiction Bibliothèque québécoise
LE MARIAGE DE PLAISIR Fiction fiction Gallimard
LE GRAND FEU Fiction fiction Perce-Neige
FRANKENSTEIN Essai essai L’Archipel
JOURNAL D’UN PÈLERIN MODERNE Essai essai Presses de l’Université Laval
DICTIONNAIRE AMOUREUX DE PARIS Essai essai Plon
LE PIQUE-NIQUE DES ORPHELINS Fiction fiction Albin Michel
LE JOURNAL DU DIABLE Essai essai Michel Lafon
Z POUR ZOMBIES Essai essai Presses de l’Université de Montréal
DICTIONNAIRE DE LA SCIENCE-FICTION essai Hurtubise
HUMOUR ET LIBERTÉ D’EXPRESSION Essai essai Presses de l’Université Laval
ÉCRITS SUR LA PENSÉE AU MOYEN ÂGE Essai essai Grasset
UN RÊVE AMÉRICAIN AU GOÛT DE MIEL Fiction fiction JCL
LE POINT SUR LA LANGUE Essai essai VLB
EDEN MOTEL Fiction fiction L’instant même
AU FIL DU RAIL Essai essai Du sous-sol
LA GESTION DE PROJETS DE DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET D’ACTION HUMANITAIRE Essai essai Presses de l’Université Laval
LA LITTÉRATURE DU VACUUM Essai essai David
HISTOIRE DU MANITOBA FRANÇAIS Essai essai Des Plaines
MON COMBAT POUR SAUVER RAÏF BADAWI Essai essai L’Archipel
UKRAINE À FRAGMENTATION Essai essai La Peuplade
WINSTON Essai essai Stock
NEXUS Fiction fiction Presses de la Cité
LA GRANDE ILLUSION Fiction fiction L’Interligne
LA GRANDE ILLUSION Fiction fiction L’Interligne
LA CONFÉRENCE DE LA HONTE Essai essai Michalon
VOLGA, VOLGA Fiction fiction Actes Sud
PEINDRE À VOIX HAUTE Fiction fiction Éditions d’art Le Sabord
EVA Fiction fiction Stock
LE CORBUSIER Essai essai Albin Michel
LETTRE À UN INUIT DE 2022 Essai essai Fayard
TEXTES SUR L’ART Essai essai Hurtubise
LA MISÉRICORDE DES CŒURS Fiction fiction Christian Bourgois
LE SECRET DE TRISTAN SADLER Fiction fiction L’Archipel
JEAN MOULIN, L’ULTIME MYSTÈRE Essai essai Albin Michel
TROIS ÉTUDES SUR L’OCCUPATION AMÉRICAINE D’HAÏTI (1915-1934) Essai essai Mémoire d’encrier
LA NOURRITURE EN ART PERFORMATIF Essai essai Éditions d’art Le Sabord
LA NOURRITURE EN ART PERFORMATIF Essai essai Éditions d’art Le Sabord
LA FILLE D’ARGILE Fiction fiction Prise de parole
LES CERCUEILS DE ZINC Fiction fiction Christian Bourgois
COMÉDIE FRANÇAISE Essai essai Flammarion Québec
ÉTRANGERS DE A À Z Fiction fiction Lévesque
ON L’APPELAIT DOCTEUR LA MORT Essai essai Flammarion
MA VIE EST ENTRE TES MAINS Fiction fiction Libre Expression
MADAME VICTORIA Fiction fiction Alto
LA COUR DES SECRETS Fiction fiction Calmann-Lévy
FAIMS Fiction fiction Alire
ÊTRE ARTISTE Essai essai L’instant même
LA PISTE PASOLINI Essai essai Équateurs
LE CANADA ENTRE VICHY ET LA FRANCE LIBRE Essai essai Presses de l’Université Laval
TROIS HISTOIRES DE BRAVOURE Essai essai Presses de l’Université Laval
PALMYRE Essai essai Albin Michel
LA PEUR DE L’IMAGE Essai essai Varia
L’HISTOIRE DE ZDOV Fiction fiction Du Passage
L’UNIVERSITÉ DE REBIBBIA Fiction fiction Le Tripode
LE COLLIER ROUGE Fiction fiction Folio
L’AMÉRIQUE DES ÉCRIVAINS Essai essai Robert Laffont
CHECK-POINT Fiction fiction Gallimard
PENSER GLOBAL Essai essai Robert Laffont/FMSH
UNE ANTIGONE À KANDAHAR Fiction fiction Gallimard
TABAGIE Fiction fiction Québec Amérique
CHOISIR ÉLÉONORE Fiction fiction Pleine Lune
TAS-D’ROCHES Fiction fiction Druide
CHAOPHONIE Fiction fiction Mémoire d’encrier
LES VOIX DE COMPOSTELLE Essai essai Omnibus
LE PRINCIPE Fiction fiction Actes Sud, Arles/Leméac
MY WAY Essai essai Michel Laffon
MA TERRE PROMISE Essai essai Lattès
L’HEURE SANS OMBRE Fiction fiction Druide
L’INCONNU DU GRAND CANAL Fiction fiction Calmann-Lévy
ANABIOSE Fiction fiction XYZ
LA PETITE FILLE QUI AIMAIT STEPHEN KING Fiction fiction XYZ
CARTEL Fiction fiction Alire
LES INTELLECTUEL.LES AU QUÉBEC Essai essai Del Busso
LE COURAGE Essai essai Grasset
LES VIES MULTIPLES D’AMORY CLAY Fiction fiction Seuil
AU-DELÀ DU MUR DE L’ARGENT Essai essai Stock
LA TRAVERSÉE DU MALHEUR Fiction fiction Leméac, Montréal/Actes Sud
CAFÉS Essai essai Cardinal
VVV Fiction fiction Du Passage
QUAND J’ÉTAIS THÉODORE SEABORN Fiction fiction Goélette
GOLDA MEIR Essai essai L’Archipel
LA VIEILLE FILLE ET LA MORT Fiction fiction Alire
LE RÈGNE DE LA CANAILLE Fiction fiction Fides
DU SANG SUR SES LÈVRES Fiction fiction Héliotrope
NUMÉRO ZÉRO Fiction fiction Grasset
TITUS N’AIMAIT PAS BÉRÉNICE Fiction fiction P.O.L
VOIR SON STEAK COMME UN ANIMAL MORT Essai essai Lux
DIEU, LES AFFAIRES ET NOUS Essai essai Robert Laffont
LES ÉCHOS DE LA MÉMOIRE Essai essai Mémoire d’encrier
KUKAÏ, UNE AVENTURE POÉTIQUE Fiction fiction David
TROIS FOIS LA BÊTE Fiction fiction À l’étage
CE CÔTÉ-CI DES CHOSES Fiction fiction L’instant même
PLAIDOYER POUR LES ANIMAUX Essai essai Allary
LE CRIME DU COMTE NEVILLE Fiction fiction Albin Michel
PARTICULITÉS Fiction fiction Des Plaines
L’OUZBEK MUET Fiction fiction Métailié
L’ART POPULAIRE DANS LE PAYSAGE QUÉBÉCOIS Essai essai GID
LE SIÈCLE DU RÈGLEMENT 17 Essai essai Prise de parole
DANS LE NOIR Fiction fiction Alto
CRÉPUSCULE DES BIBLIOTHÈQUES Essai essai Les Belles Lettres
JOURNAL D’UN ÉTUDIANT EN HISTOIRE DE L’ART Fiction fiction Marchand de feuilles
HAÏTI PAR LUI-MÊME Essai essai Karthala
LES AMANTS DU PRESBYTÈRE Fiction fiction JCL
LA NUIT DU VIOLONCELLISTE Fiction fiction Triptyque
LA CARTE DES FEUX Fiction fiction Les Herbes rouges
RETOUR AUX PIERRES ÉLÉMENTAIRES Essai essai Triptyque
DU PAIN ET DU JASMIN Fiction fiction David
MILLÉNIUM 4 Fiction fiction Actes Sud, Arles/Leméac
AFGHAN ET MUSULMAN Essai essai Trois-Pistoles
MARIO LEMIEUX Essai essai Les Intouchables
LA DERNIÈRE NUIT DU RAÏS Fiction fiction Julliard
ESCLAVE ET BOURREAU Essai essai Septentrion
POUTINE POUR EMPORTER Fiction fiction Stanké
JOURS PARFAITS Fiction fiction Hurtubise
LE TEMPS DES BÂTISSEURS Fiction fiction Édipresse, Montréal/L’Archipel
MES CONTES DE PERRAULT Fiction fiction Seuil
CHAQUE FOIS, JE T’INVENTE Fiction fiction Leméac
SUR SES GARDES Fiction fiction À l’étage
DAISY SISTERS Fiction fiction Seuil
LES SORTILÈGES DU LAC Fiction fiction JCL
LES PATRIOTES DE 1837-38 EN MAURICIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC Essai essai Du Québécois
100 QUESTIONS SUR LES FEMMES ET LA POLITIQUE Essai essai Remue-ménage
LE POÈME DEBOUT Fiction fiction L’Hexagone
SOLOMON GURSKY Fiction fiction Boréal
L’HOMME DE LA SASKATCHEWAN Fiction fiction Leméac/Actes Sud
L’OCCUPATION DES JOURS Fiction fiction Druide
DUANE EST AMOUREUX Fiction fiction Sonatine
AVANT D’ÉTEINDRE Fiction fiction L’instant même
DICTIONNAIRE AMOUREUX DE LA LAÏCITÉ Essai essai Plon
COUPABLE D’ÊTRE POLICIER Essai essai Druide
WALMART Essai essai Lux
AIGLE ET TAUPE À LA FOIS Fiction fiction Le lézard amoureux
SÉRAPHIN T. 3 Fiction fiction Québec Amérique
FLEUVE COMPAGNON Fiction fiction GID
L’ARCHITECTURE DE LA LUMIÈRE Fiction fiction Le Noroît/Myriam Solal
LES LAMES DE PIERRE Fiction fiction Le Cheval d’août
L’ÎLE NOIRE DE MARCO POLO Fiction fiction Édito
L’EMPIRE DES ROBIN Essai essai Trois-Pistoles
CÉLINE DION Essai essai L’Archipel
LOUIS XIV Essai essai Perrin
LOUIS DE FUNÈS Essai essai Robert Laffont
LE ROMAN DE RENÉE MARTEL Essai essai Québec Amérique
DURAS, L’IMPOSSIBLE Essai essai Québec Amérique
QUÉBEC-PRESSE Essai essai Écosociété
LOCKOUT AU JOURNAL DE MONTRÉAL Essai essai M Éditeur
REMÈDES MORTELS ET CRIME ORGANISÉ Essai essai Presses de l’Université Laval
AVIS NON AUTORISÉS Essai essai Des Équateurs
LE PRINTEMPS QUÉBÉCOIS Essai essai Écosociété
JACQUES LANGUIRAND Essai essai L’Homme
LUDGER DUVERNAY Essai essai VLB
JEAN FERRAT Essai essai L’Archipel
LA GASPÉSIE PAR-DEVANT Essai essai Trois-Pistoles
DANY LAFFERRIÈRE À L’ACADÉMIE FRANÇAISE Essai essai Boréal
LE CIMETIÈRE DES FILLES ASSASSINÉES Essai essai Nota bene
EN VOYAGE CHEZ SOI Essai Presses de l’Université Laval
FLAUBERT Essai Gallimard
MOURIR DE PENSER Essai Grasset
L’HIVER DE FORCE À PAS PERDUS Essai Du Passage
ALAN TURING Essai Michel Lafon
LA CORRIVEAU Essai Septentrion
L’ALBUM MULTICOLORE Essai Héliotrope
LE CAPITAL AU XXIe SIÈCLE Essai Seuil
UNE GÉOGRAPHIE POPULAIRE DE LA CARAÏBE Essai essai Mémoire d’encrier
MONUMENTS INTELLECTUELS DE LA NOUVELLE-FRANCE ET DU QUÉBEC ANCIEN Essai essai Presses de l’Université de Montréal
DES TEXTES DANS L’ESPACE PUBLIC / WORDS IN PUBLIC SPACE Essai essai Du Passage
L’ÂME LITTÉRAIRE Essai essai Nota bene
EXCURSIONS DANS LA ZONE INTÉRIEURE Essai essai Actes Sud, Arles/Leméac
LE COLLÈGE CLASSIQUE POUR GARÇONS Essai essai Fides
NOUS NE SOMMES PAS SEULES… Essai essai Éditions d’art Le Sabord
LA MAÎTRISE DES PETITS CHANTEURS DE QUÉBEC Essai essai GID
LES PLUS BELLES PAGES DES LUMIÈRES Essai essai Bibliomnibus
AIMÉ CÉSAIRE Essai Mémoire d’encrier
UNE CLARTÉ MINUSCULE Fiction fiction Le Noroît
L’ANNÉE OÙ MARILYN FIT SCANDALE Fiction fiction Sémaphore
LES BLONDES Fiction fiction Alto
TAILLER LES MAMMIFÈRES Fiction fiction Éditions d’art Le Sabord
TANGO TATOUAGE Fiction fiction David
MON BEL ÂGE Essai L’Archipel
LES CRIS DE LAURE Fiction fiction Les Cahiers
HIKIKOMORI Fiction fiction L’instant même
LES ÉTRANGERS Fiction fiction Albin Michel
LE PAYS DU LIEUTENANT SCHREIBER Fiction fiction Grasset
PAROLES DE FEU Fiction fiction Mémoire d’encrier
BLEU TOUT-PUISSANT Fiction fiction Lévesque
JOYLAND Fiction fiction Albin Michel
MARIANA ET MILCZA Fiction fiction David
RENCONTRES ET VISITES Fiction fiction Robert Laffont
L’HORLOGER Fiction fiction XYZ
LETTRE À VINCENT Fiction fiction Hurtubise
SŒURS VOLÉES Essai Lux
LES ÉCRITS NUMÉROS 142 ET 143 Fiction fiction Les Écrits
DIEUX DE LA PLUIE Fiction fiction Rivages
UN MEMBRE PERMANENT DE LA FAMILLE Fiction fiction Actes Sud
ART LE SABORD NUMÉRO 100 Fiction fiction Art le Sabord
CET ESPACE ENTRE NOUS Fiction fiction Le Noroît/Myriam Solal
LE PASSAGE DU CŒUR NAVRÉ Fiction fiction Hugues de Chivré
HOUELLEBECQ ÉCONOMISTE Essai essai Flammarion
MOLLY BLOOM Fiction fiction Prise de parole
VOYAGEUR Essai Fides
LES GRANDS ROMANS DE LA GUERRE DE 14-18 Essai essai Omnibus
CANONS Fiction fiction La courte échelle
FASCINATION Fiction fiction Stanké
L’AÏEULE Fiction fiction David
LE TEMPS D’APRÈS Fiction fiction Guy Saint-Jean
LES FANTASSINS DU CIEL Fiction fiction Belem
NIKOLSKI Fiction fiction Alto
LA COUR Fiction fiction Maelström
ÈVE OU L’ART D’AIMER Fiction fiction Hurtubise HMH
LES LARMES D’ADAM Fiction fiction Québec Amérique
L’ÉTRANGÈRE Fiction fiction Boréal
MADE IN AUROVILLE, INDIA Fiction fiction Triptyque
LA CORDE À DANSER Fiction fiction La courte échelle
DE L’AUTRE CÔTÉ DU NOMBRIL Fiction fiction Lanctôt
L’OISEAU-TEMPÊTE Fiction fiction JCL
LA TRACE DE L’ESCARGOT Fiction fiction JCL
NOUS AUTRES, LES AUTRES Essai essai Boréal
CHOISIR LE PROGRÈS NATIONAL Essai essai Druide
NOTRE INDÉPENDANCE Essai Stanké
HISTOIRE INTELLECTUELLE DE L’INDÉPENDANTISME QUÉBÉCOIS T. II, 1968-2012 Essai essai VLB
ONZE FEMMES FACE À LA GUERRE Essai essai Du Passage, Outremont, 2011, 192 p. ; 59,95 $
LA GUERRE SANS L’AIMER Essai essai Grasset
GÉNOCIDE ET PROPAGANDE Essai essai Lux
J’AI VÉCU EN CES TEMPS Essai essai Grasset
L’ART FRANÇAIS DE LA GUERRE Fiction fiction Gallimard
LA NUIT D’OSTENDE Fiction fiction Leméac
VÉRITÉS Fiction fiction Perce-Neige
LA BULLE D’ENCRE Essai essai Presses de l’Université de Montréal / Boréal
L’OISELIÈRE Fiction fiction L’Hexagone/Paroles d’Aube
CAHIERS ÉTHIER-BLAIS – NUMÉRO 3 Essai essai Le Nordir
LE POUVOIR DU SANG Fiction fiction Alire
FAIS PAS CETTE TÊTE Fiction Druide
MR GWYN Fiction fiction Gallimard
COMPOST-PARTUM Fiction fiction David
ŒUVRES COMPLÈTES Essai essai Gallimard
TU LEUR DIRAS essai Fixot
UN PIED DANS L’HÉCATOMBE Fiction fiction Tryptique
MERLIN, ROMAN DU XIIIe SIÈCLE Fiction fiction Flammarion
LA MORT Desclée de Brouwer/Presses littéraires et artistiques de Shanghai
J.-K. HUYSMANS Essai essai Bartillat
SOUVENIRS DE POLOGNE Fiction fiction Christian Bourgois
MES SECRETS D’ÉCRIVAIN Essai essai Presse de la Cité
CHRONIQUES D’UN AUTRE MONDE Essai essai seuil
CINÉMACTION N° 104 Essai essai Corlet/Télérama
LE CONTE Fiction fiction Trois-Pistoles
LE CONTE Fiction fiction Trois-Pistoles
GENÈSE DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE Essai essai Boréal
LE LIEU DE L’HOMME Essai essai Fides
NOUS SOMMES EN ALARME Fiction fiction Le Noroît
LE GRAND LIVRE DES NEGRO SPIRITUALS Essai essai Bayard
HANNS EISLER : MUSIQUE ET SOCIÉTÉ Essai essai Maison des sciences de l’homme
25 HISTOIRES D’AMOUR fiction Grasset
LE MALHEUR DES UNS Fiction fiction De Fallois
CONDUITE À GAUCHE Essai Denoël
CHE GUEVARA Essai essai Mille et une nuits
CHE GUEVARA Essai essai Québec Amérique
TOUT OU RIEN Essai essai Verdier
AU PRÉSENT DES VEINES Fiction Le Noroît
J. L. BORGES : LA VIE COMMENCE Essai essai Le cherche midi
L’HOMME AU STYLO GEL Fiction fiction Les petits villages
LA PHOTOGRAPHIE MALGRÉ L’IMAGE Essai Presses de l’Université d’Ottawa
LE SAINT-LAURENT : UN FLEUVE À DÉCOUVRIR Essai essai Éditions de L'Homme
MONTRÉAL, PAR PONTS ET TRAVERSES Essai essai Nota bene/Musée d'Archéologie et d'histoire de Montréal
CORRESPONDANCE 1931-1936 Essai essai Flammarion
LE JOURNAL DU DOCTEUR FAUSTUS Essai essai Christian Bourgois
DICTIONNAIRE QUÉBÉCOIS FRANÇAIS Essai essai Guérin
LANGAGEMENT Essai essai Boréal
PAVILLON HAUT fiction Pocket
RETOUR À BON PORT fiction Pocket
DICTIONNAIRE BIOGRAPHIQUE GUÉRIN/QUÉBEC-CANADA/2000 essai Guérin
LA DÉTRESSE ET L’ENCHANTEMENT Essai essai Boréal
DÉFENSE TERRITORIALE POUR LA NATION ET L’ÉTAT DU QUÉBEC Essai Du Québécois
HISTOIRES LITTÉRAIRES DES CANADIENS AU XVIIIe SIÈCLE essai Presses de l'Université Laval
SIX MOIS SANS PAMPLEMOUSSE Fiction La courte échelle
UN GARÇON FLOU Fiction Gallimard
LA DÉESSE DES MOUCHES À FEU Fiction Le Quartanier
CARNET D’UN IMPROBABLE ÉTÉ Fiction Le Noroît
UN VÉLO DANS LA TÊTE Fiction Marchand de feuilles
CHEZ LA REINE Fiction La Peuplade
LES MOUETTES Fiction Albin Michel
LA FIN DES TEMPS PAR UN TÉMOIN OCULAIRE Fiction l'Hexagone
CHRONIQUE DE LA DÉRIVE DOUCE Fiction Boréal
MARIA CHAPDELAINE Fiction fiction Presses de l’Université Laval
SÉRAPHIN T. I et II Fiction Québec Amérique
BERETTA, C’EST UN JOLI NOM Fiction Édito
SAM Fiction L'instant même
CORPS D’ATELIER Fiction Le Noroît
ADOLESCENTES VOILÉES Essai Presses de l’Université Laval
ESCLAVE PENDANT 12 ANS Essai Michel Lafon
SURVIVRE POUR VOIR CE JOUR Essai Michalon
MES PHILOSOPHES Essai Hachette
1763 Essai Septentrion
UN QUÉBEC POLÉMIQUE Essai Hurtubise
CONSTITUER LE QUÉBEC Essai Atelier 10
CHANSON FRANÇAISE Fiction Le Quartanier
JEANNE CHEZ LES AUTRES Fiction Tête première
L’HOMME QUI PLEURAIT LES MORTS Fiction Seuil
DEUX VEUVES POUR UN TESTAMENT Fiction Calmann-Lévy
LA FÊTE DE L’INSIGNIFIANCE Fiction Gallimard
SIX ANS DÉJÀ Fiction Belfond
ÉRIC ROHMER Essai Stock
MÉTIER : RÉALISATEUR Essai Dunod
« NE ME DIS PAS QUE TU AS PEUR » Essai Seuil
AMANT SANS ADRESSE Essai Albin Michel
QUAND TOUT EST DÉJÀ ARRIVÉ Fiction Mercure de France
MALI, Ô MALI Fiction Stock
LE CIEL DE LA BASSE-VILLE Fiction David
LE SILENCE DES FEMMES Fiction Triptyque
ŒUVRES COMPLÈTES D’ANNE HÉBERT 1. POÉSIE Fiction Presses de l'Université de Montréal
CAPRICE DE LA REINE Fiction Minuit
ELLE MARCHAIT SUR UN FIL Fiction Seuil
PIÉGÉ Fiction Boréal
MÉTIS BEACH Fiction Boréal
L’EMPIRE DU LIBRE-ÉCHANGE Essai M éditeur
LA MAISON, LA VILLE ET LES GENS Essai Du Passage
LANGUE DE PUCK Essai Del Busso
DENYS ARCAND Essai Presses de l'Université Laval
DENYS ARCAND Essai essai Presses de l'Université Laval
L’AFGHANICIDE Essai VLB
LES ÉTATS-UNIS DU VENT Essai La Peuplade
LA VIE DANS LES CAMPS DE BÛCHERONS AU TEMPS DE LA PITOUNE Essai Septentrion
MUTATIONS DE L’UNIVERS MÉDIATIQUE Essai M éditeur
LES REBELLES D’ALLAH Essai essai L'Archipel
LE MOUVEMENT NATUREL DES CHOSES (par Simon Roy) Essai essai Septentrion
DANS LA CAMÉRA DE L’ABBÉ PROULX Essai essai Septentrion
PANNE GLOBALE Essai essai Écosociété
C’EST ENCORE FAUX ! Essai essai Septentrion
LE MARCHEUR DE FÈS Essai essai Calmann-Lévy
MÉTASPORA Essai essai Triptyque
L’ULTIME FROUSSE AUTOUR DU MONDE Essai essai Éditions La Presse
SORTIR DE CHEZ SOI Essai essai Le Noroît
LA MAUVAISE MÈRE Essai essai Prise de parole
LES NOUVEAUX ROBINSONS Fiction fiction Christian Bourgois
LES ANGES GARDIENS Fiction fiction Michel Lafon
DIXIE Fiction fiction Marchand de feuilles
LE SOLEIL DU LAC QUI SE COUCHE Fiction fiction La Peuplade
PRAGUE SANS TOI Fiction fiction Québec Amérique
CARNAVAL Fiction fiction Alto
PERSONA Fiction fiction Actes Sud
DES VOIX STRIDENTES OU ROMPUES Fiction fiction Le Noroît
LUCILLE TEASDALE & PIERO CORTI Essai essai Libre Expression
COMPOSTELLE, LE CHEMIN DE LA SÉRÉNITÉ Essai essai Bertrand Dumont
DÉRAILLEMENTS Essai essai Boréal
LE SEUL INSTANT Essai essai Boréal
LES NARRATEURS D’AUSCHWITZ Essai essai Presses de l’Université de Montréal
LUCILLE TEASDALE & PIERO CORTI Essai essai XYZ
CAÏN Fiction fiction Seuil
LES BÛCHERONS Fiction fiction Gallimard
LA DÉVORANTE Fiction fiction Septentrion
FUGUE ET RENDEZ-VOUS Fiction fiction Christian Bourgois
PRENDRE ACTE Essai essai Boréal
LE JOUR OÙ J’AI RENCONTRÉ MA FILLE Essai essai Grasset
FRANCOEUR Essai essai VLB
LES MILLIARDAIRES Essai essai Lux
PASSION ARABE Essai essai Gallimard
ENTRE QUÉBEC ET CANADA Essai essai VLB
AU CŒUR DU SUJET Essai essai Le Quartanier
LE SEL DE LA TERRE Essai essai Atelier 10
NŒUD COULANT Fiction fiction Le Quartanier
LE CARTEL DES VOLCANS Fiction fiction David
LA SAISON DE L’OMBRE Fiction fiction Grasset
DANS L’OMBRE DES TUDORS Fiction fiction Sonatine
LES FAITS DIVERS N’EXISTENT PAS Fiction fiction Druide
POÉSIES Fiction fiction Presses de l’Université Laval
SANS JAMAIS PARLER DU VENT Fiction fiction Institut d’études acadiennes
LE LIVRE CLAIRIÈRE Fiction fiction Les Herbes rouges
L’ALIMENTATION Essai essai Presses de l’Université Laval
LE PRIX DE L’INÉGALITÉ Essai essai Les liens qui libèrent
IMMORTELLE RANDONNÉE Essai essai Guérin
ARGO Essai essai L’Archipel
1493 Essai essai Albin Michel
LE DIABLE DE SAINT-HYACINTHE Essai essai Hurtubise
JADIS, SI JE ME SOUVIENS BIEN… Essai essai Libre Expression
TOI L’AMI Essai essai L'instant même/Productions Basse-ville
LA VIE SANS FARDS Essai essai Lattès
LÉO FERRÉ Essai essai L’Archipel
DICTIONNAIRE AMOUREUX DU CRIME Essai essai Plon
LA MANIÈRE BARROW Fiction fiction Alto
ANALPHABÈTES Fiction fiction Gallimard
LE TROISIÈME ORCHESTRE Fiction fiction L’instant même
POUR LES DÉSESPÉRÉS SEULEMENT Fiction fiction Les Herbes rouges
ANITA, UNE FILLE NUMÉROTÉE Fiction fiction XYZ
AMPHIBIEN Fiction fiction Prise de Parole
TOUT CE QUE JE SAIS EN CINQ MINUTES Fiction fiction Le Quartanier
LA CATHÉDRALE DE TOUT Fiction fiction Les Herbes rouges
GREAT JONES STREET Fiction fiction Actes Sud/Leméac
SI TU PASSES LA RIVIÈRE Fiction fiction Septentrion
OUVRIR LE XXIe SIÈCLE Fiction fiction Les Cahiers du Sens/Mœbius
L’ENSORCELEUSE DE POINTE-LÉVY Fiction fiction Alire
LA PROMESSE DE MANGALORE Fiction fiction Fides
L’ARCHE DE NOÉ Fiction fiction Actes Sud
UN PRINCE INCOGNITO Essai essai Fides
TOUS FOUS ? Essai essai Écosociété
MUSIQUE AUTISTE Essai essai Triptyque
POUR TOUT VOUS DIRE Essai essai VLB
THÉ VERT Essai essai L’Homme
ALLERS SIMPLES Essai essai La Peuplade
LA SURVIVANCE EN HÉRITAGE Essai essai Presses de l’Université Laval
LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE ET NOUS Essai essai Fides
BOULES D’AMBIANCE ET KALACHNIKOVS Essai essai David
L’INDÉPENDANCE, MAINTENANT ! Essai essai Michel Brûlé
ANNÉE ROUGE Essai essai Atelier 10
LE VOYAGE D’ULYSSE Fiction fiction XYZ
L’ÉCLAIRCIE Fiction fiction Gallimard
LUMIÈRES DE POINTE-NOIRE Fiction fiction Seuil
MENSONGES ET AUTRES TROMPERIES Fiction fiction La courte échelle
PAS QUESTION D’ART Fiction fiction Gallimard
PLAYER ONE Fiction fiction Michel Lafon
TOUT S’EST BIEN PASSÉ Fiction fiction Gallimard
EUCHARISTE MOISAN Fiction fiction Leméac
DES NOUVELLES DE GATINEAU ! Fiction fiction Vents d'Ouest
CONTES, LÉGENDES ET RÉCITS DE L’ÎLE DE MONTRÉAL Fiction fiction Trois-Pistoles
BIRD CLOUD Fiction fiction Grasset
LE CHRIST OBÈSE Fiction fiction Alto
LA FIANCÉE AMÉRICAINE Fiction fiction Marchand de feuilles
LA TRAVERSÉE DES CATASTROPHES Essai essai Seuil
HOLLYWOOD ET LA POLITIQUE Essai essai Écosociété
SIMONE VEIL Essai essai L’Archipel
ON NE REVIENT JAMAIS DE COMPOSTELLE ! Essai essai De la Francophonie
COMPRENDRE ISRAËL Essai essai Ulysse
REFLETS DANS UN ŒIL D’HOMME Essai essai Actes Sud/Leméac
UNE FAMILLE EXTRAORDINAIRE Essai essai Leméac
POINTS DE VUE Essai essai L’instant même
DES FEMMES AU PRINTEMPS Essai essai VLB
LES BÊTES Fiction fiction Pleine lune
LES VAUTOURS DE BARCELONE Fiction fiction Boréal
BLUE TANGO Fiction fiction Triptyque
LE JEU DE L’OGRE Fiction fiction La courte échelle
NOS SI BRÈVES ANNÉES DE GLOIRE Fiction fiction Seuil
COULÉES Fiction fiction Mémoire d'encrier
LA MURAILLE DE LAVE Fiction fiction Métailié
LES LABOUREURS DU CIEL Fiction fiction Alto
QU’IMPORTE MAINTENANT Fiction fiction Poètes de Brousse
JE TE TROUVE BELLE MON HOMME Fiction fiction Écrits des Forges
FIRST CLASS Fiction fiction Sémaphore
LE BONHEUR CONJUGAL Fiction fiction Gallimard
QUELQUE PART EN AMÉRIQUE Fiction fiction Druide
LORSQUE LE CŒUR EST SOMBRE Fiction fiction Boréal
COMA Fiction fiction Leméac
LES PREMIERS JUIFS D’AMÉRIQUE 1760-1860 Essai essai Septentrion
« LA FRANCE APPELLE VOTRE SECOURS » Essai essai VLB
SA SAINTETÉ Essai essai Privé
CARNETS DE HOMS Essai essai Gallimard
LE ROI PRÉDATEUR Essai essai Seuil
LA TOUR Fiction fiction Trait d'union
HONGRIE-HOLLYWOOD EXPRESS Fiction fiction Le Quartanier
UTOPIES Fiction fiction Écrits des Forges/Henry
RÉSOLUTIONS Fiction fiction L’Oie de Cravan
AMOUR ET AUTRES VIOLENCES Fiction fiction Boréal
VIDURES Fiction fiction Actes Sud
LES TRUITES À MAINS NUES Fiction fiction Leméac
DU BON USAGE DES CATASTROPHES Essai essai Gallimard
AVANT DE DISPARAÎTRE Fiction fiction Seuil
JOURNAL D’UN GARDIEN DU GOULAG Essai essai Denoël
DESMARAIS Essai essai Michel Brûlé
STEPHEN HARPER, LE NÉO-DURHAM Essai essai MultiMondes
AFRIQUE : LE MIRAGE DÉMOCRATIQUE Essai essai CNRS
LE HOCKEY VU DU DIVAN Essai essai Presses de l’Université Laval
QUE VOUS AI-JE RACONTÉ ? Essai essai Le Noroît
ATAVISMES Fiction fiction Le Quartanier
UN DÎNER TRÈS ORIGINAL Fiction fiction Cambourakis
L’HOMME À LA CARRURE D’OURS Fiction fiction Albin Michel
LES DÉSORIENTÉS Fiction fiction Grasset
HÉLIER FILS DES BOIS Fiction fiction Presses de l’Université du Québec
LE NOVICE Fiction fiction Le Jour
BRUT Fiction fiction Seuil
UTOP Fiction fiction Triptyque
GABRIELLE ROY EN REVUE Essai essai Presses de l’Université du Québec/Voix et images
TROTSKI Essai essai Perrin
L’HOMME FROISSÉ Essai essai Del Busso
RICHARD-MAX TREMBLAY Essai essai Du Passage
GÉNOCIDE ET PROPAGANDE Essai essai Lux
NOUS ÉTIONS LE NOUVEAU MONDE T. 2 Essai essai Hurtubise
FELIX-ANTOINE SAVARD ET LA FORÊT OU LE ROYAUME DES ENCHANTEMENTS Essai essai Presses de l'Université Laval
FAIRE L’ÉCONOMIE DE LA HAINE Essai essai Écosociété
DANS LA NUIT DU POÈME Essai essai Le Noroît
CIELS D’ORAGE Essai essai Flammarion
OSS Fiction fiction Leméac
J’AI VÉCU EN CES TEMPS Essai essai Grasset
INTIMITÉ ET AUTRES OBJETS FRAGILES Fiction fiction Triptyque
LE RABAISSEMENT Fiction fiction Gallimard
L’ESPRIT DE LA MEUTE Fiction fiction Alire
MARIA CHAPDELAINE Fiction Presses de l’Université Laval
LA PORTE DU CIEL Fiction fiction Alto
L’OUVERT DE L’ULTIME Fiction fiction Écrits des Forges/Henry
COCORICO Fiction fiction XYZ
SEULEMENT ATTENDRE ET REGARDER Fiction fiction Boréal
POÈMES (1975-1984) Fiction fiction Le Noroît
ROSE DÉLUGE Fiction fiction Boréal
LA FÊTE DU SIÈCLE Fiction fiction Robert Laffont
L’ART VIVANT Essai essai Boréal
L’ÂGE SÉCULIER Essai essai Boréal
LES PRINTEMPS ARABES Essai essai Mémoire d'encrier
LA VOIE Essai essai Fayard
CINÉMA QUÉBÉCOIS Essai essai Triptyque
STEVE JOBS Essai essai Lattès
RAPJAZZ Essai essai Mémoire d’encrier
LE REMÈDE IMAGINAIRE Essai essai Boréal
L’ART DU BONHEUR DANS UN MONDE INCERTAIN Essai essai Robert Laffont
UNE SAISON À GAZA Essai essai JC Lattès
UN THÉÂTRE DE LA NATURE Essai essai GID
LE RENDEZ-VOUS DE SAIGON Essai essai Gallimard
LE RETOUR TURBULENT DE DIEU Essai essai Médiaspaul
LES LARMES DE MON PÈRE Fiction fiction Seuil
PIERRE TREMBLAY Fiction fiction GID
LA TENDRESSE ATTENDRA Fiction fiction Stanké
AMOUR Fiction fiction Les Allusifs
LES DERNIERS JOURS DE SMOKEY NELSON Fiction fiction Héliotrope
LA SŒUR Fiction fiction Albin Michel
VERCHIEL Fiction fiction Les Herbes rouges
FREEDOM Fiction fiction Boréal
LE SABLIER DES SOLITUDES Fiction fiction Les Herbes rouges
DOUBLE DISPARITION Fiction fiction La courte échelle
LA MAIN D’IMAN Fiction fiction L’Hexagone
LES CAHIERS VICTOR-LÉVY BEAULIEU Essai essai Nota bene
LES GRANDS DISCOURS DE L’HISTOIRE DU QUÉBEC Essai essai Presses de l'Université Laval
VA, DÉMON Essai essai Amalthée
LES AVENTURES DE MISTER JACK EN ASIE Essai essai Ulysse
VOYAGE AU MAGHREB EN L’AN MIL QUATRE CENT DE L’HÉGIRE Essai essai Fides
LES SOLDATS D’ALLAH À L’ASSAUT DE L’OCCIDENT Essai essai VLB
LA DEUXIÈME FÂTIHA Essai essai Presses Universitaires de France
PLANTATION MASSA-LANMAUX Fiction fiction Maurice Nadeau
MONSIEUR OLIVIER Fiction fiction Septentrion
L’OGRESSE Fiction fiction Coups de tête
LA MARGELLE DU SOLEIL Fiction fiction Écrits des Forges
LES AMANTS DE 1837 Fiction fiction Libre Expression
POUR NE PAS MOURIR CE SOIR Fiction fiction Lévesque
LES FOUDROYÉS Fiction fiction Le cherche midi
LE SOURIRE DE LA PETITE JUIVE Fiction fiction VLB
DINO EGGER Fiction fiction Minuit
RETOUR PARMI LES HOMMES Fiction fiction Julliard
L’ÎLE SOUS LA MER Fiction fiction Grasset
L’ILLUSION SÉCURITAIRE Essai essai Écosociété
LES ACADIENNES Essai essai David
LA BUTTE À MATHIEU Essai essai VLB
CHEMINS SPIRITUELS Essai essai Nil
DEEP CAFÉ Essai essai Presses de l'Université Laval
LES FEMMES EN POLITIQUE CHANGENT-ELLES LE MONDE ? Essai essai Boréal
À LA HACHE ET AU SCALPEL Essai essai Septentrion
PROMETS-MOI QUE TU REVIENDRAS VIVANT Essai essai Libre Expression
D’UNE ALLEMAGNE À L’AUTRE Essai essai Seuil
LEURS CRISES, NOS SOLUTIONS Essai essai Albin Michel
LE POÈME EN RECUEIL Essai essai Nota bene
DICTIONNAIRE AMOUREUX D’ALEXANDRE DUMAS Essai essai Plon
APOLOGIE DU LIVRE Essai essai Gallimard
PETIT ÉLOGE DU SOMMEIL Essai essai Dunod
LA LANGUE AU QUOTIDIEN Essai essai Nota bene
HISTOIRE DU MANITOBA FRANÇAIS Essai essai Des Plaines
L’INDÉSIRABLE Fiction fiction Alto
L’INCONNUE Fiction fiction Québec Amérique
L’HEURE DES LOUPS Fiction fiction Sonatine
TON MONDE EST LE MIEN Fiction fiction Le castor astral/L'atelier imaginaire
VICE CACHÉ Fiction fiction Seuil
MA PAIX Fiction fiction Bibliothèque québécoise
L’HOMME QUI AIMAIT LES CHIENS Fiction fiction Métailié
LÉA Fiction fiction David
KARNAK CAFÉ Fiction fiction Actes Sud
L’OBSCUR OBSTINÉMENT Fiction fiction Le Noroît
L’OLYMPE DES INFORTUNES Fiction fiction Pocket
UN ROMAN ESTONIEN Fiction fiction Gallimard
LE DROIT CHEMIN Fiction fiction Leméac
ONZE PETITES TRAHISONS Fiction fiction Boréal Compact
LA MONTAGNE ROUGE [SANG] Fiction fiction L'instant même
L’OMBRE DES CHOSES À VENIR Fiction fiction Seuil
PLUS HAUT QUE LES FLAMMES Fiction fiction Le Noroît
POINT OMÉGA Fiction fiction Actes Sud
EFFONDREMENT Fiction fiction Les Allusifs
LA TÊTE DE MON PÈRE Fiction fiction Boréal
POÉSIE EN GAGE / POESÍA EN PRENDA Fiction fiction Écrits des Forges
LES SEPT FOUS Fiction fiction Belfond
MAGOUILLE AU MANOIR Fiction fiction VLB
SUKKWAN ISLAND Fiction fiction Gallmeister
LE PASSAGE OBLIGÉ Fiction fiction Leméac
LE PIÈGE DE L’ARCHITECTE Fiction fiction L'Archipel
DEUX CARAVANES Fiction fiction Alto
ÉTEIGNEZ, IL N’Y A PLUS PERSONNE Fiction fiction VLB
TIT-COQ Fiction fiction Typo
LES ANONYMES Fiction fiction Sonatine
GALADIO Fiction fiction Gallimard
LES PRIX ARTHUR-ELLIS Fiction fiction Alire
LETENDRE ET LES ÂMES MORTES Fiction fiction Fides
RÉPIT Fiction fiction Le Noroît
L’ARGENT ET LES MOTS Essai essai La fabrique
LE POUVOIR ? CONNAIS PAS ! Essai essai Athéna
VOYAGE AU MALI SANS CHAMEAU Essai essai XYZ
GÉOPOLITIQUE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL 2010 Essai essai Septentrion
L’ÉTERNITÉ EN ACCÉLÉRÉ Essai essai Héliotrope
LE FÉMININ AU CINÉMA Essai essai Sisyphe
L’APPRENTISSAGE DE LA MARCHE Essai essai Grasset
UNE BIBLIOTHÈQUE IDÉALE Essai essai Rivages
QUESTIONS À MON PÈRE Essai essai Gallimard
KÉBÈK Essai essai Du Québécois
LA GAZETTE LITTÉRAIRE DE MONTRÉAL Essai essai Presses de l'Université Laval
TINTIN ET LE QUÉBEC Essai essai Hurtubise
VERS UNE DÉMOCRATIE ÉCOLOGIQUE Essai essai Seuil
RENAÎTRE Essai essai Christian Bourgois
IMAGES BRISÉES Essai essai VLB
LE CAUCHEMAR HUMANITAIRE Essai essai Music Entertainment Books
LE PETIT WAZOO Essai essai Triptyque
TROIS EXPLICATIONS DU MONDE Essai essai Albin Michel
DE TERRE-NEUVE À LA TERRE DE FEU Essai essai Bertrand Dumont
1940 Essai essai XO
DE BONS PETITS SOLDATS Essai essai Robert Laffont
FEMMES TONDUES Essai essai Presses de l'Université Laval
LE MONDE SANS FIN DES JEUX VIDÉO Essai essai PUF
MA VIE AVEC CES ANIMAUX QUI GUÉRISSENT Essai essai Trois-Pistoles
LA NUIT DE LA MUETTE Fiction fiction Écrits des Forges
LA VOIE DE BRO Fiction fiction L'Olivier
EUCALYPTUS Fiction fiction Boréal
LE CONVOI DES NUAGES Fiction fiction L'Interligne
UNE FORME DE VIE Fiction fiction Albin Michel
MOTEL ÉTERNITÉ Fiction fiction Écrits des Forges
LA MAUDITE QUÉBÉCOISE Fiction fiction Triptyque
SUR LA ROUTE Fiction fiction Gallimard
LA CONSTELLATION DU LYNX Fiction fiction Boréal
M. Fiction fiction L'instant même
L’ÉCOLE DES FILMS Fiction fiction Leméac
LA VILLE INSOUMISE Fiction fiction Seuil
TIROIR N° 24 Fiction fiction Boréal
LES RENDEZ-VOUS MANQUÉS Fiction fiction Lévesque
L’ÉPOUVANTAIL Fiction fiction Seuil
LE BOURREAU Fiction fiction Le cherche midi
LES CAPRICES DU SPORT Fiction fiction Lévesque
VIVRE À LA VILLE EN NOUVELLE-FRANCE Essai essai 10/10
LA MENTALITÉ AMÉRICAINE Essai essai Lux
CAMUS Essai essai Folio
L’ORDRE DE JACQUES CARTIER Essai essai Fides
ANDRÉ MATHIEU Essai essai Québec Amérique
GANGS DE RUE INC. Essai essai L'Homme
BANGKOK Essai essai Del Busso
TUEUSES EN SÉRIE Essai essai Music Entertainment Books
LE MYSTÈRE INSONDABLE DU PÂTÉ CHINOIS Essai essai Amérik Média
VIVRE À LA VILLE EN NOUVELLE-FRANCE Essai essai 10/10
SOUVENIRS D’UN CINÉASTE LIBRE Essai essai Art global
MÉMOIRES : EDWARD KENNEDY Essai essai Albin Michel
PRISES D’OTAGES Essai essai L'Archipel
AUTOS BIOGRAPHIE Essai essai Les 400 coups
MOTS DE TÊTE Essai essai Michel Lafon
L’ÉTREINTE DES VENTS Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LETTRES À JOSEPH GARCIN (1929-1938) Essai essai Écriture
POURQUOI J’AI FONDÉ LE DEVOIR Essai essai Libre Expression
FICTIONS Fiction fiction Folio
LES RÉFORMISTES Essai essai Boréal
LE SENS DES CHOSES Essai essai Robert Laffont
SAUVER LE MONDE Fiction fiction Triptyque
PEAUX DE CHAGRINS Fiction fiction Triptyque
LES TROUTMAN VOLANTS Fiction fiction Boréal
MORTEL SECRET Fiction fiction Libre Expression
DES MOTS DANS LA NEIGE Fiction fiction Anagrammes
L’OMBRE Fiction fiction Presses de l'Université Laval
MERCREDI SOIR AU BOUT DU MONDE Fiction fiction XYZ
L’APPEL DES MORTS Fiction fiction Du Masque
LA VIE EN GROSSE Fiction fiction De Mortagne
NIPI Fiction fiction Transit
ENTENDS-TU CE QUE JE TAIS ? Fiction fiction Guy Saint-Jean
SANG POUR SANG Fiction fiction Transit
HISTOIRE DE L’OUBLI Fiction fiction Albin Michel
ET QUE LE VASTE MONDE POURSUIVE SA COURSE FOLLE Fiction fiction Belfond
LE MONDE À SES PIEDS Fiction fiction Grasset
ROMAN 41 Fiction fiction Triptyque
LE CHAGRIN ET LA GRÂCE Fiction fiction Belfond
L’INCONNU DU NORD Fiction fiction Du Toucan
LE JOUR QUI TOMBE Fiction fiction L'Interligne
J’PARTIRAI Fiction fiction Du Passage
LA SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS Fiction fiction Seuil
À FORCE DE VIVRE Fiction fiction Libre Expression
R.I.P. Fiction fiction David
NE LES CROIS PAS Fiction fiction L'Archipel
UN VENT DE RÉVOLTE Fiction fiction JCL
LA MÉMOIRE DES VAGUES Fiction fiction JCL
L’EMPREINTE DES AMANTS Fiction fiction Presses de la Cité
7 PÉCHÉS Fiction fiction Planète rebelle
LA CHUTE DU MUR Fiction fiction Triptyque
L’AMMONITE Fiction fiction L'instant même
MUSÉE DES POÈMES LOINTAINS Fiction fiction Éditions d'art Le Sabord
ET LA FUREUR NE S’EST PAS ENCORE TUE Fiction fiction L'Olivier
LE TEMPS DES MÉTAMORPHOSES Fiction fiction Belfond
OMÉGA MINEUR Fiction fiction Le cherche midi
FRACTURES DU DIMANCHE Fiction fiction Prise de parole
LONG WEEK-END Fiction fiction Philippe Rey
FRAGMENTS DE CIEL Fiction fiction David
LA PETITE ET LE VIEUX Fiction fiction XYZ
SÉJOURS Fiction fiction Christian Feuillette
MANUEL DE POÉTIQUE À L’INTENTION DES JEUNES FILLES Fiction fiction Les Herbes rouges
COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT Fiction fiction Transit
PAYSAGES IMAGINAIRES DE L’ACADIE Essai essai Institut d'études acadiennes et Chaire de recherche en études acadiennes
L’ÉCRIVAIN ET L’AUTRE Essai essai Belfond
TOUT BOUGE AUTOUR DE MOI Essai essai Mémoire d'encrier
PRÉSENCE AUTOCHTONE À QUÉBEC ET WENDAKE Essai essai GID
INVISIBLE Fiction fiction Actes Sud
CELLE QUI MANQUE Fiction fiction Triptyque
LE GOÛT DE VIVRE Essai essai Albin Michel
CHUTES LIBRES Fiction fiction XYZ
LE CONFLIT Essai essai Flammarion
MON ENFANT DE BERLIN Fiction fiction Gallimard
LE CERCLE LITTÉRAIRE DES AMATEURS D’ÉPLUCHURES DE PATATES Fiction fiction Nil
LE SUMO QUI NE POUVAIT PAS GROSSIR Fiction fiction Albin Michel
LES CENT PLUS BELLES CHANSONS DU QUÉBEC Fiction fiction Fides
L’OMBRE EN FUITE Fiction fiction Le cherche midi
UNE NUIT DE TROP Fiction fiction L'Archipel
TROIS FEMMES PUISSANTES Fiction fiction Gallimard
LA PROMESSE Fiction fiction Seuil
PARTIR DE LÀ Fiction fiction L'instant même
ADALINA Fiction fiction La dernière goutte
MUM Fiction fiction Marchand de feuilles
LOUISBOURG Fiction fiction La Grande Marée
LETTRE À SAINT-EXUPÉRY Fiction fiction Fides
PLAISIRS GOURMANDS, 1885-1979 Essai essai Publications du Québec
BIBI Fiction fiction Trois-Pistoles
L’ESPRIT DU TAÏ-CHI Essai essai Le jour
LES GRANDS IMBÉCILES Essai essai Lux
BEAU DOMMAGE Essai essai VLB
JOURNAL DÉRIVÉ Essai essai XYZ
PIERRE ELLIOTT TRUDEAU Essai essai Boréal
RENÉ LÉVESQUE Essai essai Boréal
LE CINQUIÈME MONDE Essai essai Fides
NOUS ÉTIONS LE NOUVEAU MONDE T. 1 Essai essai Hurtubise
MÉMOIRES : EDGAR FRUITIER Essai essai Québec Amérique
TRUDEAU Essai essai L'Homme
NORMAN BETHUNE Essai essai Boréal
CETTE ANNÉE S’ENVOLE MA JEUNESSE Essai essai Québec Amérique
COMPTES ET LÉGENDES Essai essai Boréal
UNE MORT COLLÉGIALE Fiction fiction Alire
SARAH, À L’OMBRE DES HOMMES Fiction fiction Libre Expression
SUR LES RIVES Fiction fiction Coups de tête
LE BONHEUR EST ASSIS SUR UN BANC ET IL ATTEND Fiction fiction Stanké
MON SOFA BRISE-GLACE Fiction fiction L'Oie de Cravan
LE BOXEUR Fiction fiction Lansman
LE TOTEM DU LOUP Fiction fiction Bourin
LE DZI Fiction fiction Fides
CALME AURORE Fiction fiction L'Hexagone
CELLULE ESPERANZA Fiction fiction L'Hexagone
LE FOND DES FORÊTS Fiction fiction L'Olivier
VOYAGES ET AUTRES DÉPLACEMENTS Fiction fiction L'instant même
L’HIRONDELLE AVANT L’ORAGE Fiction fiction Baker Street
LA TRILOGIE BERLINOISE Fiction fiction Du Masque
QUITTER LE MONDE Fiction fiction Belfond
AU FIL DES JOURS Fiction fiction JCL
L’ENFANT MYSTÉRIEUX Fiction fiction Huit
LA BRÈVE ET MERVEILLEUSE VIE D’OSCAR WAO Fiction fiction Plon
LA DIFFICULTÉ D’APPARAÎTRE Fiction fiction Le lézard amoureux
UASHAT Fiction fiction Boréal
LA BLESSURE DU SILENCE Fiction fiction Écrits des Forges/Caractères
93 POÊMES D’AMOUR (UNE SÉLECTION) Fiction fiction Pleine lune
MA FEMME Fiction fiction Les Allusifs
SOURCE DE BONHEURS ET DE BIENFAITS Essai essai Un Monde différent
LUMIÈRE DANS LE TEMPS Essai essai Bayard
JOURNAL 1973-1982 Essai essai Philippe Rey
L’ORIGINE DU CAPITALISME Essai essai Lux
LA RANÇON DE L’ESPIONNAGE Essai essai La nouvelle plume
LE MYSTÈRE FRED VARGAS Essai essai Gutenberg
LE PATRIMOINE SONORE DU QUÉBEC Essai essai Triptyque
COURLANDE Essai essai Fayard
UN JOLI MONDE Essai essai Robert Laffont
RENCONTRER TROIS-RIVIÈRES Essai essai Éditions d'art Le Sabord
L’ÉNIGMATIQUE CÉLINE DION Essai essai XO/Albin Michel
LE GOÛT DE L’ENCRE Essai essai Presses de l'Université Laval
PARADOXES DE LA FRAGILITÉ Essai essai Québec Amérique
CINÉMA URBAIN Fiction fiction Écrits des Forges
LETTRES À L’INDIGÈNE Fiction fiction Triptyque
LE PONT Fiction fiction Gallimard
D’AILLEURS Fiction fiction Héliotrope
LA JUNGLE Essai essai Gutenberg
BRÛLÉS PAR LA NUIT Fiction fiction Écrits des Forges
LA DRAGONNE DE L’AURORE Fiction fiction Alire
OMBRE Fiction fiction JKA
NOUS SOMMES TOUS DES ASSASSINS Fiction fiction Joëlle Losfeld
ROI DU MATIN, REINE DU JOUR Fiction fiction Denoël
LE CERVEAU DE KENNEDY Fiction fiction Seuil
DANS LA TOURMENTE AFGHANE Fiction fiction David
PERSONNE N’A TROUVÉ D’ANGLE À LA BEAUTÉ Fiction fiction L'Hexagone
L’IMMENSE ABANDON DES PLAGES Fiction fiction La Pleine lune
TARMAC Fiction fiction Alto
CE QUI S’ENDIGUE Fiction fiction Triptyque
ELLE ARRIVE AVEC L’ÉTÉ Fiction fiction Du Passage
LE ROSIER INCENDIAIRE Fiction fiction Éditions d'art Le Sabord
JE VOUDRAIS PAS CREVER Fiction fiction Les Allusifs
ZACHARIE L’ESCARCELLE Fiction fiction Robert Laffont
LES TROTTOIRS DE BOIS Fiction fiction Bibliothèque québécoise
LE CHAT PROVERBIAL Fiction fiction L'instant même
MON CRI POUR TOI Fiction fiction Québec Amérique
LAVILLE Fiction fiction Perce-Neige
TOUR DU MONDE EN 80 JOURS Essai essai Gallimard
MON PAYS MÉTIS Essai essai Boréal
JE NE SUIS PAS JACK KÉROUAC Essai essai Fédérop/Mémoire d'encrier
COMMENT LA PSYCHIATRIE ET L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE ONT MÉDICALISÉ NOS ÉMOTIONS Essai essai Flammarion
DIEU N’EST PAS GRAND Essai essai Belfond
QUI AIDE QUI ? Essai essai Boréal
LE COMMENCEMENT D’UN MONDE Essai essai Seuil
McMAFIA Essai essai Denoël
THÉORIES CARAÏBES Essai essai Triptyque
ADIEU MON FRÈRE Essai essai Grasset
RABASKA Essai essai Fides
UNE HISTOIRE DES HOMMES QUÉBÉCOIS EN PHOTOS Essai essai Fides
LA GRANDE TRAVERSÉE DE LA GASPÉSIE Essai essai Trois-Pistoles
NOTRE PARTI EST PRIS Essai essai Presses de l'Université Laval
UN CERTAIN ESPOIR Essai essai Logiques
LE SOUCI DES PLAISIRS Essai essai Flammarion
LÉVEILLÉE T. II Essai essai Art global
MONTRÉAL, À L’ENCRE DE TES LIEUX Essai essai Québec Amérique
LA SAGESSE DES MYTHES Essai essai Plon
MOTS DE NEIGE, DE SABLE ET D’OCÉAN Fiction fiction Éditions du CDEM
PORNOGRAPHIE ET HYPERSEXUALISATION T. II Essai essai L'Interligne
LA BATAILLE DE L’IMPRIMÉ Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LE TRAIN POUR SAMARCANDE Fiction fiction VLB
L’ENCHANTERESSE DE FLORENCE Fiction fiction Plon
L’ANGLAIS N’EST PAS UNE LANGUE MAGIQUE Essai essai Leméac
CHEZ MIMI T. I Fiction fiction Béliveau
LAZY BIRD Fiction fiction Québec Amérique
TOUT L’HONNEUR DES HOMMES Fiction fiction Plon
LE MASQUE ÉTRUSQUE Fiction fiction L'instant même
LES CARNETS DE DOUGLAS Fiction fiction Alto
VUE MER Fiction fiction Gallimard
MÉGOT MÉGOT PETITE MITAINE Fiction fiction Triptyque
ENFANCE ET AUTRES FISSURES Fiction fiction L'Interligne
LE FIGUIER SUR LE TOIT Fiction fiction L'Interligne
BEAUCOUP DE JOURS Essai essai Actes Sud
SUZUKI : LE GUIDE VERT Essai essai Boréal
LOUIS HAMELIN ET SES DOUBLES Essai essai Nota bene
LES FOLLES VIES DE LA JOUTE DE RIOPELLE Essai essai Lux
RAMON Essai essai Grasset
CORRESPONDANCE AVEC LES CAHIERS DU SUD Essai essai Au Signe de la Licorne
LE LIVRE DES FONDATIONS Essai essai XYZ
MA VIE À CONTRE-CORAN Essai essai VLB
LE COLOSSE DE NEW YORK Essai essai Gallimard
BARACK OBAMA : OU LE NOUVEAU RÊVE AMÉRICAIN Essai essai L'Archipel
J. A. DESÈVE Essai essai Michel Brûlé
LA DÉMOCRATIE Essai essai MultiMondes
LA FATIGUE POLITIQUE DU QUÉBEC FRANÇAIS Essai essai Boréal
UN QUÉBEC FOLKLORIQUE Essai essai Du Québécois
LE CENTRE DE RECHERCHE EN CIVILISATION CANADIENNE-FRANÇAISE 1958-2008 Essai essai Le CRCCF/Le Nordir
LA VÍA CAMPESINA Essai essai Écosociété
SAGAMIE Essai essai Éditions d'art Le Sabord
ROBERT LEPAGE Essai essai Amérik Média
GÉNÉRATION CHAOS Essai essai Denoël
DIEU, L’AMÉRIQUE ET LE MONDE Essai essai Salvator
MORT À L’ITALIENNE Fiction fiction Alire
LA TRAVERSÉE DE LA VILLE Fiction fiction Leméac
RELIC Fiction fiction L'Archipel
LA VALSE LENTE DES TORTUES Fiction fiction Albin Michel
MONTFERRAND, LE PRIX DE L’HONNEUR Fiction fiction Libre Expression
FUGITIVES Fiction fiction Boréal
LEVER DU JOUR SUR KINSHASA Fiction fiction Planète rebelle
LA CHAMBRE DE L’OUBLI Fiction fiction Les 400 coups
UN HOMME TRÈS RECHERCHÉ Fiction fiction Seuil
UNS Fiction fiction Leméac
MATAMORE N° 29 Fiction fiction Le Quartanier
DÉCALAGE Fiction fiction Prise de parole
L’ÉTONNANT DESTIN DE RENÉ PLOURDE Fiction fiction David
LÀ OÙ VOUS NE SEREZ PAS Fiction fiction Les Allusifs
ŒDIPE SUR LE DIVAN DE SIGMUND Fiction fiction Béliveau
LÀ OÙ LES TIGRES SONT CHEZ EUX Fiction fiction Zulma
AU MATIN Fiction fiction Leméac
MEURTRE AU SOLEIL Fiction fiction VLB
LOGOGRYPHE Fiction fiction Alto
LES SEPT DERNIÈRES PAROLES DE JUDAS Fiction fiction L'Hexagone
PÉTROLE ! Fiction fiction Gutenberg
ZAKURO Fiction fiction Actes sud
LES CHRONIQUES INFERNALES T. 1 Fiction fiction Alire
LE LIVRE DES TRÉPASSÉS Fiction fiction L'Archipel
LA CHAMBRE AUX ÉCHOS Fiction fiction Le cherche midi
AMOURASKA Fiction fiction Boréal
UNE QUESTION D’ATTITUDE Fiction fiction Fides
LE CHANTEUR LIBRE Fiction fiction Typo
CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT Fiction fiction Julliard
LES GRANDES ESPÉRANCES DU JEUNE BEDLAM Fiction fiction Belfond
POÈMES DU TRADUCTEUR Fiction fiction L'Hexagone
BÉNÉDICTE SOUS ENQUÊTE Fiction fiction VLB
LA CHUTE FUT LENTE INTERMINABLE PUIS TERMINÉE Fiction fiction La Peuplade
LES ACCOMMODEMENTS RAISONNABLES Fiction fiction L'Olivier
LE RETOUR DES OUBLIÉS Fiction fiction JCL
FOULE INTIME Fiction fiction Michel Brûlé
LA VIE BASSE Fiction fiction Éditions d'art Le Sabord
SILENCE DE MORT Fiction fiction La courte échelle
PERDU DANS UN SUPERMARCHÉ Fiction fiction Les Allusifs
COMME DIEU LE VEUT Fiction fiction Grasset
L’INÉDIT DE NEW YORK Essai essai Arléa
FOUCAULT Essai essai Albin Michel
LES LIVRES QUE JE N’AI PAS ÉCRITS Essai essai Gallimard
DE LA DIFFICULTÉ D’ÉVOQUER DIEU DANS UN MONDE QUI PENSE NE PAS EN VOIR BESOIN Essai essai Robert Laffont
LE REGARD DE L’AUTRE Essai essai L'instant même
PRENDS-MOI DANS TES BRAS Essai essai VLB
101 MOTS À SAUVER DU FRANÇAIS D’AMÉRIQUE Essai essai Michel Brûlé
ANASTASIE OU LA CENSURE DU CINÉMA AU QUÉBEC Essai essai Septentrion
DIEU ET SES FILS UNIQUES Essai essai MultiMondes
DE L’INÉGALITÉ EN AMÉRIQUE Essai essai Gallimard
POUR UN NOUVEL HUMANISME Essai essai Fides
LES ORIGINES CATHOLIQUES DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE Essai essai Fides
LA CONDITION INHUMAINE Essai essai Flammarion
DÉJOUER L’ENNEMI Essai essai alTERRE
LA FABULEUSE HISTOIRE DES LÉGUMES Essai essai Grasset
LA CHANSON FRANCOPHONE ENGAGÉE Essai essai Triptyque
COMBATTRE Essai essai Seuil
ÉCRIRE Fiction fiction Hoëbeke
L’OSSTIDCHO Essai essai XYZ
ENTENDU À MONTRÉAL Essai essai Amérik Média
PASSE DE LA CHIMÈRE Essai essai Publications de Saint-André
LA LUEUR DES ORAGES DÉSIRÉS Essai essai Grasset
RENDEZ-VOUS MANQUÉ AVEC LA RÉVOLUTION AMÉRICAINE Essai essai Québec Amérique
LE SECRET DE L’AUBERGE ROUGE Essai essai L'Archipel
TON KAKI QUI T’ADORE Essai essai Septentrion
ART SACRÉ Essai essai Sylvain Harvey/Commission de la capitale nationale du Québec
L’ESPÈCE FABULATRICE Essai essai Actes Sud
UN AUTRE ISLAM Essai essai Albin Michel
LA COMMISSION BOUCAR POUR UN RACCOMMODEMENT RAISONNABLE Essai essai Les Intouchables
INTOUCHABLES Essai essai Albin Michel
HONORÉ MERCIER Essai essai Michel Brûlé
CYNISMES ? Essai essai Manifestation internationale d'art de Québec
LES CHRÉTIENS DE L’INDE Essai essai Albin Michel
JUSTICE GLOBALE Essai essai Mille et une nuits
LA CONQUÊTE DES LETTRES AU QUÉBEC (1759-1799) Essai essai Presses de l'Université Laval
L’OMBRE DU CAMÉLÉON Fiction fiction Robert Laffont
TERRE D’ACCUEIL Fiction fiction L'Interligne
CONTES DE HAUTES MERS ET D’AU-DELÀ Fiction fiction Humanitas
CHAMPAGNE Fiction fiction Boréal
LE FAIT DU PRINCE Fiction fiction Albin Michel
LA ROUTE Fiction fiction L'Olivier
OMAHA BEACH Fiction fiction Héliotrope
L’ANGE DE PIERRE Fiction fiction Alto
L’HOMME DU LAC Fiction fiction Métailié
LE NID DU SERPENT Fiction fiction Albin Michel
L’ÉTÉ FUNAMBULE Fiction fiction XYZ
NOTES POUR UN ROMAN SUR LA SEXUALITÉ Fiction fiction Gallimard
L’HOMME QUI TOMBE Fiction fiction Actes Sud
L’ANNÉE POÉTIQUE 2008 Fiction fiction Seghers
LE SEIGNEUR DE BOMBAY Fiction fiction Robert Laffont
SUR MA MÈRE Fiction fiction Gallimard
MÉMOIRES D’UN AVENIR Essai essai Nota bene
UNE TRADITION D’EMPORTEMENT Essai essai Presses de l'Université Laval
VOLONTAIRES Essai essai Athéna
LA LITTÉRATURE EN PÉRIL Essai essai Flammarion
CHRONIQUES D’HISTOIRE T. I et II Essai essai L'Homme
ANTICANCER Essai essai Robert Laffont
JEAN DEROME Essai essai Varia
LA GUÉRISON INTÉRIEURE Essai essai CRAM
JACQUES FERRON Essai essai XYZ
UN MOYEN ÂGE GREC Essai essai Albin Michel
L’AFFAIRE TISSOT Essai essai Écrits des Hautes-Terres
25 ANS DE SOUVERAINETÉ Essai essai Du Québécois
DSM-V+ Essai essai Folie/Culture
LETTRE À JIMMY Essai essai Fayard
PARTITA POUR GLENN GOULD Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LE PERSONNAGE SECONDAIRE Essai essai Boréal
TRADUCTION ET ENJEUX IDENTITAIRES DANS LE CONTEXTE DES AMÉRIQUES Essai essai Presses de l'Université Laval
L’ART DE L’OISIVETÉ Essai essai Le Livre de poche
LE TEMPS DES TURBULENCES Essai essai Lattès
CE QUI CIRCULE ENTRE NOUS Essai essai Seuil
FIGURES, LECTURES T. 1 Essai essai Le Quartanier
QUAND LE QUÉBEC MANQUAIT DE PRÊTRES Essai essai Presses de l'Université Laval
TRUDEAU, CITOYEN DU MONDE Essai essai L'Homme
ROBERT BOURASSA T. I Essai essai Fides
VOYAGES Essai essai L'école des loisirs
LES CROIX DE CHEMIN AU TEMPS DU BON DIEU Essai essai Du Passage
CLAPTON PAR ERIC CLAPTON Essai essai Buchet-Chastel
LE CANADA, UN ÉTAT COLONIAL ! Essai essai Du Québécois
MICHAEL IGNATIEFF Essai essai Du Québécois
PAROLE D’HISTORIENS Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LE QUÉBEC EXPLIQUÉ AUX IMMIGRANTS Essai essai VLB
COCO DIAS ou LA PORTE DORÉE Fiction fiction Gallimard
LE DERNIER DES CAPOTS-GRIS Fiction fiction Trois-Pistoles
LA TECTONIQUE DES SENTIMENTS Fiction fiction Albin Michel
UN HOMME Fiction fiction Gallimard
L’ÉMONDÉ Fiction fiction Le Noroît
MENSONGES DE FEMMES Fiction fiction Gallimard
DANS LE TABOU DES ARBRES Fiction fiction Triptyque
MAURICIO OU LES ÉLECTIONS SENTIMENTALES Fiction fiction Seuil
LES AVENTURES DE MINETTE ACCENTIÉVITCH Fiction fiction Les Allusifs
UNE BRÈVE HISTOIRE DU TRACTEUR EN UKRAINE Fiction fiction Alto
OBJETS DE GUÉRISON Fiction fiction VLB
LE RETOUR DE LORENZO SÁNCHEZ Fiction fiction XYZ
L’ANNÉE DE LA MULE Fiction fiction Les Herbes rouges
DANS LE NOIR DU POÈME Fiction fiction Fides
PELURES D’OIGNON Fiction fiction Seuil
EAUX-VANNES Fiction fiction Christian Feuillette
DIVINE IVRESSE Fiction fiction Normant
LES DERNIERS INSURGÉS Fiction fiction Hurtubise HMH
MARIE MAJOR Fiction fiction Guy Saint-Jean
QUÉBEC : LÉGENDES… ET CONTEURS Fiction fiction Henri Rivard
L’OREILLE COUPÉE Fiction fiction L'instant même
LE RAPPORT DE BRODECK Fiction fiction Stock
CORPS PERDU Fiction fiction Triptyque
PRISON DE POUPÉES Fiction fiction Coups de tête
NOUS AUTRES ÇA NE COMPTE PAS Fiction fiction L'instant même
SÈVE ET SANG Fiction fiction Mémoire d'encrier
L’ENFANT DANS LE MIROIR Fiction fiction Marchand de feuilles
ŒUVRES-BOMBES ET BIOTERREUR Essai essai Intervention
QUAND NOTRE MONDE EST DEVENU CHRÉTIEN (312-394) Essai essai Albin Michel
COMBATTRE LE TERRORISME ISLAMISTE Essai essai Grasset
UN CERTAIN SENS DU RIDICULE Essai essai Boréal
LA DEUXIÈME GÉNÉRATION ISSUE DE L’IMMIGRATION Essai essai Athéna
UN QUÉBEC MODERNE 1760-1840 Essai essai Hurtubise HMH
PERDRE LE NORD ? Essai essai Boréal/Névé
CARNET D’U.R.S.S. 1934 Essai essai Gallimard
LE CORAN Essai essai Le Cavalier Bleu
LES CAHIERS ANNE HÉBERT, Nº 7, FILIATIONS Essai essai Fides
POURQUOI LES PETITS GARÇONS NE SONT PAS DES PETITES FILLES… Essai essai Triptyque
PASSION POLITIQUE Essai essai Boréal
DEADLINE AMERICA Essai essai Hurtubise HMH
LE MYTHE DU QUÉBEC VERT Essai essai Voix Parallèles
LA BATAILLE DE LA MÉMOIRE Essai essai Du Québécois
DE MARCEL OUIMET À RENÉ LÉVESQUE Essai essai VLB
CE LIEN QUI NE MEURT JAMAIS Essai essai Albin Michel
ROSE LA PIE Fiction fiction Vents d'Ouest
UN DÉLICIEUX CARNAGE Fiction fiction Gutenberg
BAYOU MYSTÈRE Fiction fiction Triptyque
LES MÉMOIRES D’ELIZABETH FRANKENSTEIN Fiction fiction Le cherche midi
L’INDIFFÉRENT / L’INDIFFERENTE Fiction fiction Portaparole
LA MAIN GAUCHE DES TÉNÈBRES Fiction fiction JCL
LA LENTEUR DU MONDE Fiction fiction David
SPIRALE D’ARTILLERIE Fiction fiction Gallimard
CHRONIQUES DU LÉZARD Fiction fiction Marchand de feuilles
IL AVAIT ÉTÉ MON ÉLÈVE… Fiction fiction Media 1000
CARTOGRAPHIE DES NUAGES Fiction fiction L'Olivier
CORONADO Fiction fiction Rivages
RÊVES DE TRAIN Fiction fiction Christian Bourgois
LE SILENCE DE LA NEIGE Fiction fiction Humanitas
HANNIBAL LECTER Fiction fiction Albin Michel
LE DEUXIÈME VISAGE Fiction fiction Albin Michel
QUELQUES JOURS CET ÉTÉ-LÀ Fiction fiction Punctum
LA NEUVAINE Fiction fiction Les 400 coups
LA POUNE RESSUSCITÉE Fiction fiction XYZ
C’EST QUAND LE BONHEUR ? Fiction fiction Héliotrope
MADAME IRIS ET AUTRES DÉRIVES DE LA RAISON Fiction fiction David
ON N’EMPÊCHE PAS UN PETIT CŒUR D’AIMER Fiction fiction Fayard
FORTERESSE DIGITALE Fiction fiction Lattès
LÈVRES URBAINES, nº 39 Fiction fiction Écrits des Forges
LE PORTRAIT Fiction fiction Gallimard
L’ERREUR EST HUMAINE Fiction fiction Flammarion
LES AMANTS DE PIERRE Fiction fiction Fides
CONTAMINATION Fiction fiction Du Rocher
USER’S GUIDE TO A BLANK WALL / MODE D’EMPLOI POUR UN MUR VIDE Fiction fiction Du Gref
CATASTROPHES Fiction fiction Les Herbes rouges
ENTRE DEUX OS Fiction fiction Robert Laffont
ASSOIFFÉS Fiction fiction Actes Sud
LA 7e FEMME Fiction fiction Fayard
LE BONHEUR NE DORT QUE D’UN ŒIL Fiction fiction Le Castor Astral
LE RETOUR DU HOOLIGAN Fiction fiction Seuil
LE ROMAN DE L’ÉTÉ Fiction fiction Leméac
SENTIMENT – SEXE – SOLITUDE Fiction fiction Anne Carrière
CHINOISERIES Fiction fiction VLB
MORTELLE MÉLODIE Fiction fiction Archipoche
NIPISH Fiction fiction Guérin
PORT-ALFRED PLAZA Fiction fiction Québec Amérique
LA MÈRE MORTE Fiction fiction Boréal
26A Fiction fiction Robert Laffont
ELLE S’APPELAIT SARAH Fiction fiction Héloïse d'Ormesson
FAUT-IL BRÛLER LA GALIGAÏ ? Fiction fiction Grasset
VILLE DE CHIEN Fiction fiction Triptyque
CONTES DU TEMPS QUI PASSE Fiction fiction Triptyque
VINGT ANS DE LUMIÈRES À L’ÎLE AUX GRUES Essai essai Presses de l'Université Laval
CARNETS D’UN HÉROS ORDINAIRE Essai essai Belin
DERNIERS FRAGMENTS D’UN LONG VOYAGE Essai essai Albin Michel
LE RATIONALISME QUI VIENT Essai essai Gallimard
LA MER NOURRICIÈRE 1890-1972 Essai essai Publications du Québec
UN POINT DE CHUTE Essai essai Bayard
KARL MARX Essai essai Le Cavalier Bleu
QUAND LES CONS SONT BRAVES Essai essai VLB
LA PUISSANCE D’EXISTER Essai essai Grasset
RAYMOND CHRÉTIEN Essai essai Varia
COMMENT LES RICHES DÉTRUISENT LA PLANÈTE Essai essai Seuil
PINK BLOOD Essai essai Triptyque
ACCOMODEMENTS RAISONNABLES Essai essai VLB
APPRENDRE À VIVRE Essai essai Plon
EMPREINTES & MÉMOIRE Essai essai Publications du Québec
L’ALLEMAGNE DE LIBERTÉ Essai essai Presses de l'Université d'Ottawa,Ottawa/Königshausen Neumann
DICTIONNAIRE BIOGRAPHIQUE DES FEMMES CÉLÈBRES ET REMARQUABLES DE NOTRE HISTOIRE Essai essai Guérin
JOURNAL EN SOUFFRANCE Essai essai Fides
CHRONIQUES DU CRIME Essai essai Seuil
HYPERRÊVE Essai essai Galilée
LA TYRANNIE DE LA PÉNITENCE Essai essai Grasset
LA BIOGRAPHE Essai essai Grasset
QUE SAIT-ON VRAIMENT DE LA RÉALITÉ ? Essai essai Ariane
UNE FEMME À BERLIN Essai essai Gallimard
KARL MARX Essai essai Le Cavalier Bleu
PIERRES DE TOUCHE Essai essai l'instant même
LEKHAIM ! Essai essai Du passage
L’ENVERS DE LA PILULE, LES DÉRIVES DE L’INDUSTRIE DE LA SANTÉ Essai essai Écosociété
UN CHEZ-SOI CHEZ LES AUTRES Essai essai Bayard Canada
FRANÇOIS AUGIÉRAS Essai essai Grasset
LA NATION À L’ÉPREUVE DE L’IMMIGRATION Essai essai Du Québécois
LES NEUF CLÉS DE LA MODERNITÉ Essai essai Québec Amérique
HISTOIRE DES RELATIONS INTERNATIONALES DU QUÉBEC Essai essai VLB
LE LIVRE NOIR DE L’ÉCONOMIE MONDIALE Essai essai Grasset
PAROLES ET IMAGES AMÉRINDIENNES DU QUÉBEC Essai essai Pendragon
SÉGOLÈNE ROYAL Essai essai L'Archipel
LE MOUVEMENT RÉGIONALISTE DANS LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE Essai essai Nota bene
LE PARTI DE RENÉ LÉVESQUE Essai essai Fides
LA CAPRICIEUSE (1855) : POUPE ET PROUE Essai essai Presses de l'Université Laval
UNE HISTOIRE DE L’ÉDUCATION AU QUÉBEC Essai essai Bibliothèque québécoise
CHARLEVOIX OU LA CRÉATION D’UNE RÉGION FOLKLORIQUE Essai essai Presses de l'Université Laval
LE FÉDÉRALISME CANADIEN CONTEMPORAIN Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LA SOCIÉTÉ SUR LE DIVAN Essai essai VLB
CHRONIQUES LITTÉRAIRES Essai essai Lanctôt
L’ÉNIGME HAÏTIENNE Essai essai Mémoire d'encrier/Presses de l'Université de Montréal
ÉCHOGRAPHIES Essai essai Vents d'Ouest
POLITIQUES PUBLIQUES : LE QUÉBEC COMPARÉ Essai essai Presses de l'Université Laval
LA PAIX DES BRAVES Essai essai XYZ
PETIT DICTIONNAIRE D’IMPERTINENCES SPIRITUELLES Essai essai Entrelacs
LE POIDS DE LA COOPÉRATION : LE RAPPORT FRANCE-QUÉBEC Essai essai Québec Amérique
IL ÉTAIT UNE FOIS EN ARMÉNIE Essai essai Robert Laffont
C’EST PAS SORCIER, HARRY ! Fiction fiction Le Léopard Masqué
MILENIO CARVALHO Fiction fiction Christian Bourgois
SEUL ON EST Fiction fiction Perce-Neige
UN LIVRE BLEU Fiction fiction L'Herne
MITSUBA Fiction fiction Actes Sud
L’ŒIL DE CLAIRE Fiction fiction Alto
LE NOMADE Fiction fiction La courte échelle
MIRROR LAKE Fiction fiction Québec Amérique
GLISSEMENT DE TERRAIN Fiction fiction L'instant même
CHIEN D’HIVER Fiction fiction L'Olivier
LE PROMENEUR D’AFRIQUE Fiction fiction Hurtubise HMH
LE RÉSEAU CARLOTTA Fiction fiction JCL
LA DERNIÈRE MÉTAMORPHOSE Fiction fiction Philippe Picquier
LE RÊVE DE CALIGULA Fiction fiction Lattès
L’AUTRE VISAGE DE ROCK HUDSON Fiction fiction Christian Bourgois
UNE BALLE (À PEINE) PERDUE Fiction fiction Vents d'Ouest
LE VOLEUR DES STEPPES Fiction fiction Alire
L’ENLÈVEMENT DE L’OBÉLISQUE Fiction fiction Le cherche midi
LE MATOU Fiction fiction Fides
UN VOYAGE AU MONT ATHOS Fiction fiction Grasset
LE VOYAGE DES MORTS Fiction fiction Grasset
DOMME OU L’ESSAI D’OCCUPATION Fiction fiction Grasset
DOUCEMENT LE BONHEUR Fiction fiction Prise de parole
HIJAB ET KIRPAN Essai essai Presses de l'Université Laval
MA VIE Essai essai Boréal
L’UNIVERS BAROQUE DE FERNANDO BOTTERO Essai essai Art Services International
LES SECRETS DE NORAH Essai essai JCL
LUXUEUSE AUSTÉRITÉ Essai essai Albin Michel
LA RUSSIE SELON POUTINE Essai essai Gallimard
LE HEZBOLLAH Essai essai Stanké
MULRONEY Essai essai Fides
CONTRE-PRÊCHES Essai essai Seuil
JEAN PRÉVOST AUX AVANT-POSTES Essai essai Les Impressions nouvelles
NORMAN BETHUNE Essai essai Lux
LE DESTIN JOHNSON Essai essai Stanké
LES CARNETS D’UN FRANCOPHONE Essai essai Boréal
ALBUM MIRON Essai essai L'Hexagone
LA TOLÉRANCE EST-ELLE UNE VERTU POLITIQUE ? Essai essai Presses de l'Université Laval
LES FUSILS Fiction fiction Le cherche midi
LA LUCIDITÉ Fiction fiction Seuil
LA FEMME-HOMME Fiction fiction David
PÉTROLE Fiction fiction Gallimard
CORPUS CHRISTINE Fiction fiction Albin Michel
CE N’EST PAS UNE FAÇON DE DIRE ADIEU Fiction fiction Boréal
L’HOMME QUI INVENTA MANHATTAN Fiction fiction Les Allusifs
RÉCITS DE MÉDILHAULT Fiction fiction L'instant même
L’ALCOOL DES JOURS ET DES FEUILLES Fiction fiction Le Noroît
HIGHWATER Fiction fiction Héliotrope
AU NORD DE NOS VIES Fiction fiction XYZ
LE PAYS DES MERVEILLES Fiction fiction Albin Michel
INTERRUPTIONS DÉFINITIVES Fiction fiction Héliotrope
SONDE TON CŒUR, LAURIE RIVERS Fiction fiction Québec Amérique
GUIDE DE MONGOLIE Fiction fiction Les Allusifs
LES MURS BLANCS Fiction fiction Leméac
MOI, CHARLOTTE SIMMONS Fiction fiction Albin Michel
BONBONS ASSORTIS AU THÉÂTRE Fiction fiction Leméac
PLUIE ET PAPIER Fiction fiction Les Allusifs
SEUL CE QUI BRÛLE Fiction fiction Albin Michel
INTRA-MUROS Fiction fiction L'instant même
VOYAGE EN MÈRES Fiction fiction Lanctôt
LA MORT, L’AMOUR ET LES TROIS CHEVALIERS Fiction fiction Stanké
MAGNITUDE 9,0 Fiction fiction Leméac
L’OMBRE DU DOUTE Fiction fiction Les 400 coups
LE TEMPS D’UN RÈGNE Fiction fiction Trois-Pistoles
FUGUES EN SOL D’AMÉRIQUE Fiction fiction Leméac
LE DERNIER TEMPLIER Fiction fiction Presses de la Cité
LE QUART Fiction fiction Denoël
LA TOUCHE ÉTOILE Fiction fiction Grasset
CHEMINS DU RETOUR Fiction fiction Écrits des Hautes-Terres
AINSI PARLE LE SAIGNEUR Fiction fiction David
IMMERSION Fiction fiction Gallimard
LES TONDEUSES À GAZON Fiction fiction Rivages
GRANDE JONCTION Fiction fiction Albin Michel
LA CRÉATION DU MONDE Fiction fiction Robert Laffont
INSECTE Fiction fiction Fayard
LES AILES DE LA MER Fiction fiction Écrits des Forges
CATÉCHÈSE Fiction fiction Alto
L’ARTISAN Fiction fiction Le Noroît
LES ENSAUVAGÉS Fiction fiction XYZ
DEMAIN LA FRANCOPHONIE Essai essai Flammarion
DICTIONNAIRE AMOUREUX DE L’AMÉRIQUE LATINE Essai essai Plon
LES IROQUOIENS DU SAINT-LAURENT Essai essai Pointe-à-Callière/L'Homme
DERRIDA, UN ÉGYPTIEN Essai essai Maren Sell
ENFIN CHEZ SOI ? Essai essai Bayard Canada
LES TROIS MAINS Essai essai Bibliothèque québécoise
DIANE ARBUS Essai essai Perrin
PERSONNE N’EST UNE ÎLE Essai essai Boréal
MOTS ÉTRANGERS, MOTS FRANÇAIS Essai essai Varia
BÊTES ET JUGES Essai essai Buchet/Chastel
LE VRAI VISAGE DE LA CHIRURGIE ESTHÉTIQUE Essai essai Logiques
40 SIÈCLES D’ÉSOTÉRISME Essai essai Presses du Châtelet
MANDALAS Essai essai Fides
NOUS, LES VIEUX Essai essai Fides
LES CANADIENS FRANÇAIS ET LA GUERRE DE SÉCESSION Essai essai VLB
IRAN Essai essai Les 400 coups
GÉOPOLITIQUE Essai essai Larousse
MES VOYAGES AVEC HÉRODOTE Essai essai Plon
ÉLOGE DE LA FRONTIÈRE Essai essai Fides
AU PAYS DE L’ENFANCE Essai essai Publications du Québec
LES GOULAGS DE LA DÉMOCRATIE Essai essai Écosociété
LA RUSSIE DES ILLUSIONS Essai essai Leméac
L’ESPRIT DE L’ATHÉISME Essai essai Albin Michel
LE CINÉMA EXPRESSIONNISTE ALLEMAND Essai essai La Martinière/Cinémathèque française
L’AFRIQUE PEUT-ELLE S’EN SORTIR ? Essai essai Fides
CONTRE LA MONTRE Essai essai Leméac
CAMILLE ET PAUL Essai essai Grasset
MARTHA FREUD Essai essai Albin Michel
DAVID SEYMOUR Essai essai Phaidon
NAÎTRE EN FRANÇAIS Essai essai Gallimard
AMÉRICAINS ARABES Essai essai Seuil
MAILLOUX Fiction fiction Le Quartanier
L’ONTARIO FRANÇAIS AU JOUR LE JOUR Essai essai Du Gref
L’HOMME AU MARTEAU Fiction fiction Joëlle Losfeld
JE SUIS UN MONSTRE Fiction fiction Joëlle Losfeld
LA MARCHE AU CANON Fiction fiction Joëlle Losfeld
JUSQU’À PLUS SOIF Fiction fiction Folio
LES BIENVEILLANTES Fiction fiction Gallimard
LA CADILLAC BLANCHE DE BERNARD PIVOT Fiction fiction Québec Amérique
LES YEUX JAUNES DES CROCODILES Fiction fiction Albin Michel
ROMANZO CRIMINALE Fiction fiction Métailié
LA TRAHISON DE L’ANGE Fiction fiction Robert Laffont
POUR UNE ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE Essai essai Lux
SALUT L’INDÉPENDANCE ! Essai essai Du Québécois
LES FREUD Essai essai Plon
L’ANNÉE DU COQ Essai essai Fayard
DICTIONNAIRE DES UTOPIES Essai essai Larousse
AVONS-NOUS ASSEZ DIVAGUÉ… Essai essai Albin Michel
FORÊTS Fiction fiction Leméac
UN PETIT GROS AU BAL DES TACITURNES Fiction fiction Fides
LIGNES DE FAILLE Fiction fiction Leméac
UNE ADORATION Fiction fiction Leméac
TOUT COMME ELLE Fiction fiction Québec Amérique
FAÏNA Fiction fiction Boréal
VERS LE SUD Fiction fiction Boréal
LA CONCIERGE DU PANTHÉON Fiction fiction Seuil
LE SPORT Fiction fiction XYZ
GENÈSE DE L’OUBLI Fiction fiction XYZ
DÉRAISON Fiction fiction Les Allusifs
L’ENCYCLOPÉDIE DU PETIT CERCLE Fiction fiction L'instant même
VIVEMENT MON BURNOUT ! Fiction fiction Libre Expression
LE GRÉEMENT DES OS Fiction fiction Le Temps des Cerises
LES CIGALES EN HIVER Fiction fiction L'instant même
LES TROIS MODES DE CONSERVATION DES VIANDES Fiction fiction Marchand de feuilles
VENGEANCES CROISÉES Fiction fiction JCL
DÉSORDRE PUBLIC Fiction fiction Fides
LE MANGEUR Fiction fiction Boréal
UN JARDIN EN ESPAGNE Fiction fiction David
SANS PARDON Fiction fiction La courte échelle
LE COMPLOT CONTRE L’AMÉRIQUE Fiction fiction Gallimard
DES FOULES, DES BOUCHES, DES ARMES Fiction fiction Melville/Léo Scheer
CAFÉ VIENNOIS Fiction fiction Albin Michel
ULLE Fiction fiction Phébus
AU DIABLE VAUVERT Fiction fiction Verdier
CHAQUE JOUR EST UN ARBRE QUI TOMBE Fiction fiction Verticales
UNE DIVINE PLAISANTERIE Fiction fiction Joëlle Losfeld
FRANZ ET CLARA Fiction fiction Albin Michel
LA BATAILLE DES ANGES Fiction fiction Albin Michel
UNE VIE DIVINE Fiction fiction Gallimard
AMÉRIQUE, PREMIER AMOUR Fiction fiction Gallimard
LA DIPLOMATIE NON GOUVERNEMENTALE Essai essai Écosociété
DIADORIM Fiction fiction Albin Michel
UN AS DANS LA MANCHE Fiction fiction Grasset
LE VIOLON DU DIABLE Fiction fiction L'Archipel
LE CODE ALTMAN Fiction fiction Grasset
LE PAYS DES MARÉES Fiction fiction Robert Laffont
ROMANS, CONTES, RÉCITS Fiction fiction Omnibus
LE LIVRE DES JOURS Fiction fiction Belfond
LA DÉFENSE LINCOLN Fiction fiction Seuil
INNOCENT Fiction fiction Belfond
LE CHANT DES REGRETS ÉTERNELS Fiction fiction Philippe Picquier
LE RÔDEUR DES CONFINS Essai essai Albin Michel
LES SENTIERS DU DÉSASTRE Fiction fiction Rivages
PROFESSIONS DE FOI Fiction fiction Le Castor Astral
LA NUIT INTERDITE Fiction fiction Albin Michel
LA SIMPLICITÉ INVOLONTAIRE Essai essai Transcontinental
UN CŒUR TROP LOURD Fiction fiction Michel Lafon
LE RETOUR DU PROFESSEUR DE DANSE Fiction fiction Seuil
LE CERCLE FERMÉ Fiction fiction Gallimard
JAMES JOYCE Essai essai Trois-Pistoles
PICCOLETTA Essai essai Triptyque
LES MONDES DES AMÉRIQUES ET LES AMÉRIQUES DU MONDE Essai essai Université d'Ottawa
BOB DYLAN AU FIL DES ALBUMS Essai essai Triptyque
L’ÉCOLOGIE EN VILLE Essai essai Fides
DICTIONNAIRE DU CINÉMA QUÉBÉCOIS Essai essai Boréal
LE VOYAGE ET SES RÉCITS AU XXe SIÈCLE Essai essai Nota bene
LETTRES À DIVERS CORRESPONDANTS T. I et T. II Essai essai Varia
RÉCITS BARIOLÉS Essai essai Boréal
PASSAGE DE LA MODERNITÉ Essai essai Presses de l'Université Laval
ÉLOGE DE LA RICHESSE Essai essai Voix parallèles
MÉTIER RÉALISATION Essai essai Les 400 coups
À SATIÉTÉ Essai essai Désordres-Laurence Viallet
VOYAGE AUX PAYS DU COTON Essai essai Fayard
QUI A PEUR D’ELFRIEDE JELINEK ? Essai essai Danger Public
L’ANIMAL QUE DONC JE SUIS Essai essai Galilée
LA GRANDE NUMÉRISATION Essai essai Denoël
DU SOMMEIL ET AUTRES JOIES DÉRAISONNABLES Essai essai Albin Michel
LETTRES À SONIA Essai essai Gallimard
LA SCHIZOPHRÉNIE DE L’ISLAM Essai essai Desclée de Brouwer
LA DOCTRINE DES BONNES INTENTIONS Essai essai Fayard
CINQ MÉDITATIONS SUR LA BEAUTÉ Essai essai Albin Michel
ENTRE NIL ET SEINE Essai essai Belfond
ANDRÉ GIDE & MARC ALLÉGRET Essai essai Plon
L’IMMEUBLE YACOUBIAN Fiction fiction Actes Sud
PERSONNE NE SAIT QUE JE T’AIME Fiction fiction Planète rebelle
CLARENCE GAGNON, 1881-1942 Essai essai Musée national des beaux-arts du Québec
PIERCING Fiction fiction Gallimard
L’ATELIER DU TEMPS Fiction fiction Plon
LA BÊTE DU LAC Fiction fiction Trois-Pistoles
UN ÉMOI SANS FRONTIÈRES Fiction fiction Le lézard amoureux
BELLE COMME UN NAUFRAGE Fiction fiction VLB
9 FOIS 9 CHOSES QUE L’ON DIT DE MOGADOR Fiction fiction Les Allusifs
PEDRO PÁRAMO Fiction fiction Gallimard
TRAITÉ DU PAYSAGE Fiction fiction Les petits villages
L’ACCIDENT DU RANG SAINT-ROCH Fiction fiction Bibliothèque québécoise
LA TRADUCTION EST UNE HISTOIRE D’AMOUR Fiction fiction Leméac
LA KERMESSE Fiction fiction Boréal
UNE SAISON À VENISE Fiction fiction Les Allusifs
DISPARUES SOUS LE SIGNE DE L’INFINI Fiction fiction Québec Amérique
ŒUVRES COMPLÈTES T. II Fiction fiction Bibliothèque québécoise
TOMBER DU CIEL Fiction fiction Boréal
FLEURS DE CRACHAT Fiction fiction Leméac
NESTOR BURMA Fiction fiction Robert Laffont
NOIR EST L’ARBRE DES SOUVENIRS, BLEU L’AIR Fiction fiction Albin Michel
GOMME DE XANTHANE Fiction fiction Triptyque
LA NÉBULEUSE iNSIEME Fiction fiction Alire
ET L’EAU RÉPONDIT Fiction fiction Écrits des Hautes-Terres
AUPRÈS DE MOI TOUJOURS Fiction fiction Fides
LA POSSIBILITÉ D’UNE ÎLE Fiction fiction Fayard
POÈMES 1937-1993 Fiction fiction Sémaphore
MAGNUS Fiction fiction Albin Michel
COUPS DE THÉÂTRE Fiction fiction JCL
JOURNAL DE BORD Fiction fiction Les Allusifs
TERRE SALÉE Fiction fiction Boréal
LA LOGEUSE Fiction fiction Marchand de feuilles
JARDINS INTERDITS Fiction fiction JCL
LE BOUT DU MONDE Fiction fiction Fides
L’ANGOISSE DES POULETS SANS PLUMES Fiction fiction Trois-Pistoles
L’ENTERREMENT DE LÉNINE Fiction fiction XYZ
DECEPTION POINT Fiction fiction JC Lattès
L’AMOUR ET L’OUBLI Fiction fiction Actes Sud
LA CLAMEUR DES TÉNÈBRES Fiction fiction Boréal
L’HOMME DE NEIGE Fiction fiction JCL
TROMPEUSES, COMME TOUJOURS Fiction fiction L'instant même
HOMÈRE, ILIADE Fiction fiction Albin Michel
AMERICAN DARLING Fiction fiction Leméac
L’OMBRE LÉGÈRE Fiction fiction Boréal
NOIR DESTIN QUE LE MIEN Fiction fiction Leméac
« MAJESTÉ, JE DOIS BEAUCOUP À VOTRE PÈRE… » Essai essai Albin Michel
TYRANS DE LA COUR D’ÉCOLE Essai essai Bayard
ALEXANDRE DUMAS Essai essai Grasset
DERRIÈRE LES PORTES CLOSES Essai essai Québec Amérique
LECTURES FRANCO-ONTARIENNES Essai essai Du Gref
ACTION COMMUNAUTAIRE : DÉRIVES ET POSSIBLES Essai essai Écosociété
PHILOSOPHE Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LE PLUS VIEUX PROPOS DU MONDE Essai essai Stanké
POSTE RESTANTE : ALGER Essai essai Gallimard
POURQUOI ON EN VEUT AUX GENS QUI NOUS FONT DU BIEN Essai essai Payot
LES SCANDALES DE LA BIBLE Essai essai Novalis
AUX PAYS DES MERVEILLES Essai essai VLB
COMMENT GUÉRIR UN FANATIQUE Essai essai Gallimard
UNE BRÈVE HISTOIRE DU CANADA Essai essai Fides
DICTIONNAIRE DE L’AFRIQUE Essai essai Larousse
LA LANGUE FRANÇAISE FACE À LA MONDIALISATION Essai essai Les Belles Lettre
NON, JE N’ACCEPTE PAS Essai essai Écosociété
L’OMBRE D’UNE PHOTOGRAPHE, GERDA TARO Essai essai Seuil
À TOUT PROPOS Essai essai L'instant même
PASSEPORT POUR L’IRAN Essai essai Lanctôt
TROTSKY Essai essai Payot
CARNET DU FRONT POPULAIRE Essai essai Gallimard
LE JOURNALISTE ET LE CARDINAL Essai essai Novalis
L’ESSAI QUÉBÉCOIS DEPUIS 1845 Essai essai Hurtubise HMH
AMERICAN VERTIGO Essai essai Grasset
DÉTAILS OBSCURES Essai essai Les 400 coups
LA FACE CACHÉE DU PÉTROLE Essai essai Plon
L’ANALYSE DES RÊVES Essai essai Albin Michel
DROIT DE CITÉ Essai essai Remue-ménage
DICTIONNAIRE DE LA CENSURE AU QUÉBEC Essai essai Fides
FUSION MÈRE-FILLE Essai essai Presses Universitaires de France
LA TRAGÉDIE DU PRÉSIDENT Essai essai Flammarion
LE POUVOIR CITOYEN Essai essai Fides
HISTOIRE DU CINÉMA D’ANIMATION AU QUÉBEC Essai essai Typo
LE DIABLE À LA DANSE Essai essai Presses de l'Université Laval
UNE VIE DE CORRESPONDANCES Essai essai Gallimard
LE PARLEMENT DE QUÉBEC Essai essai MultiMondes
L’AFFAIRE SILICOSE Essai essai Presses de l'Université Laval
LES DESSOUS D’ASBESTOS Essai essai Presses de l'Université Laval
L’ISLAM Essai essai Odile Jacob
L’ISLAM Essai essai Odile Jacob
ALTERNATIVES À LA GLOBALISATION ÉCONOMIQUE Essai essai Écosociété
MÉMOIRES D’UN RÉVOLUTIONNAIRE TRANQUILLE Essai essai Boréal
PARLEZ-VOUS BORO ? Essai essai Boréal
PAGES DE SABLE Essai essai XYZ
LA SEXUALISATION PRÉCOCE DES FILLES Essai essai Sisyphe
LES GRANDES IMAGES Essai essai Presses de l'Université Laval
HUBERT AQUIN : LA COURSE CONTRE LA VIE Essai essai Hurtubise HMH
ÉCRITS DANS LA MARGE Essai essai Trois-Pistoles
L’EMPIRE GRÉCO-ROMAIN Essai essai Seuil
UNE PETITE FIN DU MONDE Essai essai Liber
ENTRE L’OMBRE ET LA LUMIÈRE Essai essai Novalis
LE ROI DES JUIFS Essai essai Albin Michel
SUR L’AMOUR ET LA MORT Essai essai Fayard
LE VOILE DE LA PEUR Essai essai JCL
FANTASMAGORIES Essai essai Minuit
FEMMES ET CONFLITS ARMÉS Essai essai Presses de l'Université Laval
CHRONIQUES D’UN TEMPS LOUFOQUE Essai essai Boréal
NULLE PART Essai essai Albin Michel
LA QUÊTE DU HÉROS Essai essai Dervy
FENÊTRES DE MANHATTAN Essai essai Seuil
CULTURE ET BARBARIE EUROPÉENNES Essai essai Bayard
L’AFFAIRE MORIN Essai essai Boréal
ROMANS DE LA ROUTE ET VOYAGES IDENTITAIRES Essai essai Nota bene
ZHAOLE Essai essai CRAM
LA MAUVAISE VIE Essai essai Robert Laffont
LE CRÉPUSCULE DES PETITS DIEUX Essai essai Grasset
ROBINSON À PÉKIN Essai essai Robert Laffont
CHRONOLOGIE DU CINÉMA AU QUÉBEC Essai essai Les 400 coups
OVERDOSE D’INFO Essai essai Seuil
DICTIONNAIRE ACTUEL DE L’ÉDUCATION Essai essai Guérin
LES CONFLITS DANS LE MONDE 2005 Essai essai Presses de l'Université Laval
L’ANALPHABÈTE : RÉCIT AUTOBIOGRAPHIQUE Essai essai Zoé
DU JIHAD À LA FITNA Essai essai Bayard
SIMENON Essai essai Pardès
PROFESSEURS DE DÉSESPOIR Essai essai Actes Sud
QUEL RÔLE POUR L’ÉTAT ? Essai essai Écosociété
RÉVOLTE CONSOMMÉE Essai essai Trécarré
REGARD, PEINTURE ET FANTASTIQUE AU QUÉBEC Essai essai L'instant même
LE CRI DE LA TAÏGA Essai essai Du Rocher
COMPRENDRE LA COMPLEXITÉ Essai essai Presses de l'Université Laval
LA GRANDE GUERRE POUR LA CIVILISATION Essai essai La Découverte
RÉMY GIRARD : ENTRETIENS Essai essai Québec Amérique
FERLAND Essai essai Libre Expression
CORCOVADO Essai essai Métailié
SARTRE Essai essai Bayard
D’UNE LETTRE À L’AUTRE Essai essai Presse Papier/Écrits des Forges
FRANÇOIS PERALDI Essai essai Liber
LA VIE CULTURELLE À MONTRÉAL VERS 1900 Essai essai Fides
CES GENS-LÀ Essai essai Hurtubise HMH
L’ÉCRIVAIN AU CINÉMA Essai essai L'Harmattan
C’ÉTAIT FRANÇOIS MITTERRAND Essai essai Fayard
DOLTO EN HÉRITAGE Essai essai Robert Laffont
CLOUDSTREET Fiction fiction Rivages
LE QUATUOR DE JÉRUSALEM T. 2 Fiction fiction Robert Laffont
SIMENON Essai essai Pardès
SARTRE Essai essai Bayard
DES FOIS QUE JE TOMBE Fiction fiction Le Quartanier
CELLE QUI Fiction fiction Les Herbes rouges
LE DOIGT DU DIABLE Fiction fiction Seuil
LE CAHIER BLEU Fiction fiction Leméac
OBSCÈNES TENDRESSES Fiction fiction Le dernier havre
L’ÎLE AU TRÉSOR Fiction fiction Belem
COMMENT ÉCHAPPER À SA FEMME ET SES QUADRUPLÉES EN ÉPOUSANT UNE THÉORIE MARXISTE Fiction fiction Belfond
UNE PAIX D’USAGE Fiction fiction Triptyque
DIEGO Fiction fiction Minuit
EN LONGUES RIVIÈRES CACHÉES Fiction fiction David
NEIGE Fiction fiction Gallimard
LA FORMULE PRÉFÉRÉE DU PROFESSEUR Fiction fiction Leméac
LA REINE ET LE SOLDAT Fiction fiction XYZ
LE MUSÉE DES INTROUVABLES Fiction fiction Québec Amérique
LE NAUFRAGÉ DU ZÓCALO Fiction fiction Les Allusifs
LE MANUSCRIT PHANEUF Fiction fiction Boréal
LA PETITE Fiction fiction L'Oie de Cravan
UN AMANT TRÈS VÉTILLEUX Fiction fiction Leméac
OURANIA Fiction fiction Gallimard
SOUS UN POIRIER SAUVAGE Fiction fiction Circé
ROMAN POLICIER Fiction fiction Actes-Sud
ASILES DE FOUS Fiction fiction Gallimard
LE ROMAN DES JARDIN Fiction fiction Grasset
L’IMPÉRATRICE DE L’UNGAVA Fiction fiction Imaginaire/Nord
L’HYSTÉRIE DE L’ANGE Fiction fiction Pleine lune
SAUVAGES Fiction fiction Boréal
ÉVANOUISSEMENT À SHINJUKU Fiction fiction Marchand de feuilles
LA MYSTÉRIEUSE FLAMME DE LA REINE LOANA Fiction fiction Grasset
VOUS PLAISANTEZ, MONSIEUR TANNER Fiction fiction L'Olivier
COUP-DE-FOUET Fiction fiction Gallimard
RAVIR : LES LIEUX Fiction fiction La Différence
LE SORT DE FILLE Fiction fiction Leméac
CINÉMA GRIS Fiction fiction Triptyque
BOUDDHA Fiction fiction Grasset
ÉTAT D’URGENCE Fiction fiction Robert Laffont
L’HOMME SANS PASSÉ Fiction fiction Belfond
SIGNE SUSPECT Fiction fiction Flammarion Québec
LA NOUVELLE POÉSIE RUSSE Fiction fiction Écrits des Forges
JUSTE UN REGARD Fiction fiction Belfond
FÉNIX INTEGRAL Fiction fiction Universidad Nacional Autónoma de México
FAUT-IL RENTRER DE MONTEVIDEO ? Fiction fiction Le Cherche midi
TRANSFUGES Fiction fiction L'Interligne
SAVITRI Fiction fiction Christian Feuillette
SUPPÔTS ET SUPPLICIATIONS Fiction fiction Gallimard
LE TABLEAU DE POUSSIN Fiction fiction Albin Michel
LA NUIT Fiction fiction Lanctôt
UNE PROSE PASSIONNÉE ET AUTRES ESSAIS Essai essai Boréal
CARNETS DE VOYAGE Essai essai Université de Sherbrooke
REBELLE SANS FRONTIÈRES Essai essai Boréal
CHEZ LES HYPERBORÉENS Essai essai L'Âge d'homme
UN SI FRAGILE VERNIS D’HUMANITÉ Essai essai La Découverte
PETIT MANUEL D’ÉMERVEILLEMENT Essai essai Dervy
LE VOL DES COLOMBES Essai essai Robert Laffont
LE RÊVE EUROPÉEN Essai essai Fayard
LES SECRETS D’UN DIPLOMATE Essai essai Du Rocher
UN MONDE SANS GOUVERNAIL Essai essai Athéna
REPENSER L’ACTION POLITIQUE DE GAUCHE Essai essai Écosociété
ÉTHIQUE Essai essai Seuil
LA FLUORATION Essai essai Berger
LE LIVRE NOIR DE LA PSYCHANALYSE Essai essai Les Arènes
ILS PASSENT LA MAIN Essai essai Le Noroît
DIPLOMATIES EN GUERRE Essai essai Athéna
ATTAQUES SUR LE CHEMIN, LE SOIR, DANS LA NEIGE Essai essai Le Quartanier
LE GUIDE DU PARFAIT SURVIVANT Essai essai Septentrion
RIOPELLE Essai essai Musée national des beaux-arts du Québec
FRONTALITÉ Essai essai VLB
LE DEVOIR DE MÉMOIRE ET LES POLITIQUES DU PARDON Essai essai Presses de l'Université du Québec
EDMOND-JOSEPH MASSICOTTE, ILLUSTRATEUR Essai essai Presses de l'Université Laval/Musée national des beaux-arts du Québec
LA FORCE DE CONVICTION Essai essai Seuil
RENÉ LÉVESQUE T. 4 Essai essai Boréal
LAURE GAUDREAULT Essai essai XYZ
HISTOIRES SAINTES Essai essai Trois-Pistoles
ANGES & DÉMONS Essai essai City
PROJETS INACHEVÉS Essai essai MultiMondes
GUILLAUME COUTURE Essai essai XYZ
LE NOUVEAU RÉCIT DES FRONTIÈRES DANS LES AMÉRIQUES Essai essai Presses de l'Université Laval
ANTON TCHÉKHOV Essai essai Fides
LE QUARTANIER N° 3/4 Essai essai Le Quartanier
CONTRE-JOUR, N° 7 Essai essai Contre-Jour
LE SIÈCLE DES FÉMINISMES Essai essai L'Atelier/Ouvrières
DES TRIBUNAUX ISLAMIQUES AU CANADA ? Essai essai Sisyphe
ERNESTINE ÉCRIT PARTOUT, Vol. 3 Essai essai Ginkgo
DES CORPS ET DU PAPIER Essai essai Leméac
CORRESPONDANCE Essai essai Le Dilettante
LES SECRETS DE ANGES & DÉMONS Essai essai Les Intouchables
LA VIE VAUT MILLE MAUX Essai essai Mortagne
DIONYSOS ET LA TRAGÉDIE Essai essai Bayard
LES MANGE-PAS-CHER Fiction fiction Gallimard
LE RAPPORT DE LA CIA Essai essai Robert Laffont
LA CITÉ DES VENTS Fiction fiction L'instant même
LA NUIT DE TOUTES LES CHANCES Fiction fiction Alire
LIVRE D’AMOUR suivi de PREMIERS VERS Fiction fiction Seghers
LES GENS DE MON PAYS Fiction fiction L'Archipel
FUIR Fiction fiction Minuit
LA PEUR ET LA CHAIR Fiction fiction Albin Michel
J’AI REGARDÉ LE DIABLE EN FACE Fiction fiction Albin Michel
LA VIE, SENS UNIQUE Fiction fiction Vermillon
LES PIRES CONTES DES FRÈRES GRIM Fiction fiction Métailié
L’ART DE LA JOIE Fiction fiction Viviane Hamy
QUATRE SAISONS À MOHAWK Fiction fiction Quai Voltaire
LES JARDINS D’AURALIE Fiction fiction Québec Amérique
SEPT NUITS Fiction fiction Robert Laffont
MÉCHAMMENT DIMANCHE Fiction fiction Héloïse d'Ormesson
LE RIRE DE L’OGRE Fiction fiction Gallimard
UN HOMME HEUREUX Fiction fiction Denoël
DÉLOGER L’ANIMAL Fiction fiction Actes Sud
MIRA ET LES MIROIRS DU TEMPS Fiction fiction Âme et lumière
CHEMINS Fiction fiction Gallimard
LE PROTECTEUR Fiction fiction Grasset
L’INTENDANT BIGOT Fiction fiction Trois-Pistoles
LES REVOLVERS SONT DES CHOSES QUI ARRIVENT Fiction fiction XYZ
CE N’EST RIEN Fiction fiction L'instant même
POIDS PLUME Fiction fiction Fides
LÉGENDES Fiction fiction Flammarion Québec
LA GARE Fiction fiction XYZ
LA VESTALE ASSASSINÉE Fiction fiction Du Flamine
LE MONDE CONNU Fiction fiction Albin Michel
POÈMES Fiction fiction Gallimard
JE VOUDRAIS ME DÉPOSER LA TÊTE Fiction fiction Sémaphore
SPARADRAP Fiction fiction Marchand de feuilles
LES MENSONGES SONT MORTELS Fiction fiction JCL
ALERTE PLONGÉE IMMÉDIATE Fiction fiction L'Archipel
DE L’ABSINTHE AU THÉ VERT Fiction fiction L'Hexagone
À CEUX QUI SONT DANS LA TRIBULATION Fiction fiction L'Hexagone
FEMME-BOA Fiction fiction L'instant même
LA POUSSIÈRE DU TEMPS Fiction fiction Hurtubise HMH
UNE FÊTE EN LARMES Fiction fiction Robert Laffont
À BOUT D’ENFANCE Fiction fiction Gallimard
MA VIE D’IMPOSTEUR Fiction fiction Plon
ROUGE SECRET Fiction fiction Boréal
LA FEMME AUX TROIS DÉSERTS Fiction fiction VLB
MILLENIUM PEOPLE Fiction fiction Denoël
BROOKLYN FOLLIES Fiction fiction Actes Sud
PROMÉTHÉE Fiction fiction Leméac
POÈMES Fiction fiction Gallimard
LA BULLE DE TIEPOLO Fiction fiction Gallimard
RÉVERSIBILITÉ Fiction fiction Triptyque
LES ENFANTS PERDUS Fiction fiction Plon
22 CARTES D’ASIE Fiction fiction Almora
LA FRAGA Fiction fiction Gallimard
RYOKAN, LE CHEMIN DU VIDE Fiction fiction Derby
OBSESSIONS Fiction fiction L'Interligne
AMBIGUÏTÉS Fiction fiction Robert Laffont
ACIDE SULFURIQUE Fiction fiction Albin Michel
LES BIENS DE CE MONDE Fiction fiction Albin Michel
POUR UNE CROÛTE Fiction fiction Triptyque
L’ATTENTAT Fiction fiction Julliard
JE REGARDE LES FEMMES Fiction fiction Hurtubise HMH
C’ÉTAIT NOUS Fiction fiction Robert Laffont
L’ÂME FRÈRE Fiction fiction VLB
LE SILENCE DE MOZART Fiction fiction Québec Amérique
FUGUEUSES Fiction fiction Boréal
LE DERNIER JURÉ Fiction fiction Robert Laffont
MOTEL RIVIERA Fiction fiction JCL
ANTHOLOGIE SECRÈTE Fiction fiction Mémoires d'encrier
LES AMANTS IMPARFAITS Fiction fiction Actes Sud
DÉLIVREZ-MOI ! Fiction fiction Fleuve noir
AMOUR ET POPOTIN Fiction fiction La Musardine
LUNAR PARK Fiction fiction Robert Laffont
LA MALÉDICTION D’EDGAR Fiction fiction Gallimard
SO LONG Fiction fiction Boréal
DICKENS, BARBE À PAPA Fiction fiction L'Arpenteur
LE BRISEUR DE ROSÉE Fiction fiction Boréal
COSMOS INCORPORATED Fiction fiction Albin Michel
UNE BELLE MORT Fiction fiction Boréal
L’HOMME EN ARME Fiction fiction Les Allusifs
LA CHASSE SPIRITUELLE Fiction fiction Le Noroît
LA FEMME SUR LA PLAGE AVEC UN CHIEN Fiction fiction Seuil
PAYSAGES DE L’INSOMNIE Fiction fiction Climats
UN INSTANT D’ABANDON Fiction fiction Julliard
L’AMOUR AU PLURIEL Fiction fiction La Musardine
24 IMAGES/SECONDE Essai essai Fayard
JE VEUX RENTRER CHEZ MOI Essai essai Fides
LE LANGAGE DE LA PASSION Essai essai Gallimard
VIVRE DANS LE FEU Essai essai Robert Laffont
À L’EXEMPLE DE MON FRÈRE Essai essai Albin Michel
LE VRAI VISAGE DES TERRORISTES Essai essai Denoël
ÉLOGE DES PETITS RIENS Essai essai Leméac
GURDJIEFF, MAÎTRE SPIRITUEL Essai essai L'Originel
LE SAVOIR DES LIVRES Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LA RUÉE VERS L’OR NOIR Essai essai Stanké
BARLAAM ET JOSAPHAT OU LE BOUDDHA CHRISTIANISÉ Essai essai Lanctôt
RENÉ DAUMAL Essai essai L'Harmattan
ISLAM Essai essai Gallimard
QUOI DE NEUF ? VIALATTE ! Essai essai Département Patrimoine de la Bibliothèque municipale et interuniversitaire de Clermont-Ferrand
HISTOIRE DE L’INQUISITION AU MOYEN ÂGE Essai essai Robert Laffont
HÉROS ET MERVEILLES DU MOYEN ÂGE Essai essai Seuil
POLICIERS ET POMPIERS EN DEVOIR Essai essai Publications du Québec
LE ROMAN POUR ADOS Essai essai Du Sorbier
LE SEXE EN SOLITAIRE Essai essai Gallimard
DES NOMS-DU-PÈRE Essai essai Seuil
LE RIDEAU Essai essai Gallimard
LE CHANT DU TAROT Essai essai Le Relié
MYSTIQUES MESSIANIQUES Essai essai Calmann-Lévy
LE TEMPS ABOLI Essai essai Boréal/Presses de l'Université de Montréal
LES PASSAGES OBLIGÉS DE L’ÉCRITURE MIGRANTE Essai essai XYZ
LE CINÉMA Essai essai L'instant même
« NOTRE CŒUR TEND VERS LE SUD » Essai essai Fayard
LES 100 JOURS DE ROBESPIERRE Essai essai Grancher
CORRESPONDANCE(S) Essai essai Au Signe de la Licorne
CORRESPONDANCE T. III Essai essai Presses Universitaires Blaise Pascal
SAINS ET SAUFS Essai essai VLB
DU STATUT SOCIAL Essai essai Mercure de France
MÉMOIRES D’OTAGES Essai essai Calmann-Lévy
RUELLES, JOURS OUVRABLES Essai essai Boréal
LOUIS RIEL C. CANADA Essai essai Des Plaines
L’ABC DE LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE Essai essai Écosociété
CORRESPONDANCES Essai essai Trois-Pistoles
OTAGES DE BEYROUTH À BAGDAD Essai essai Anne Carrière
LA PAROLE ET L’ÉCRIT Essai essai Albin Michel
AFFINITÉS Fiction fiction Denoël
REINE DE MÉMOIRE T. I Fiction fiction Alire
L’HOMME À L’AUTOGRAPHE Fiction fiction Gallimard
DOUCE MOITIÉ Fiction fiction Stanké
LA SALAMANDRE Fiction fiction Gallimard
LA PETITE SCRAP Fiction fiction Lansman
AMOURS EN MARGE Fiction fiction Actes Sud
MIGRANCES suivi de UNA DONNA Fiction fiction VLB
LA MORT AU CORPS Fiction fiction Triptyque
L’AUTEUR ! L’AUTEUR ! Fiction fiction Rivages
LE TROISIÈME ANGE À GAUCHE Fiction fiction Boréal
SUR LES ÉPAULES D’UN GNOME Fiction fiction La Plume d'Oie
CHANTS POUR UNE LUNE QUI DORT Fiction fiction Trois
INSULAIRES Fiction fiction L'instant même
LES CERFS-VOLANTS DE KABOUL Fiction fiction Belfond
LE JEU DE L’ÉPAVE Fiction fiction Leméac
APNÉE Fiction fiction Julliard
MÉMOIRE DE MES PUTAINS TRISTES Fiction fiction Grasset
LE VIEUX FANTÔME QUI DANSAIT SOUS LA LUNE Fiction fiction XYZ
APRÈS LA NUIT ROUGE Fiction fiction Boréal
LE MANUSCRIT Fiction fiction Trois-Pistoles
SUR LA PISTE DES TOUAREG Fiction fiction Arion
DÉSÂMÉ Fiction fiction Prise de parole
LE DÉSORDRE NATUREL DES CHOSES Fiction fiction Gallimard
PIKAUBA Fiction fiction Boréal
LE DERNIER HOMME Fiction fiction Robert Laffont
LUTETIA Fiction fiction Gallimard
FRÈRES ET RIVAUX Fiction fiction L'Archipel
NERETVA Fiction fiction Québec Amérique
RIEN N’ARRIVE PAR HASARD Essai essai Robert Laffont
UN MANOIR CANADIEN ET SES SEIGNEURS, 1761-1861 Essai essai Presses de l'Université Laval
IL FAUT SAUVER LA COMMUNICATION Essai essai Flammarion
LE RIRE DE ZORRO Essai essai Bayard
ENTRE BONHEUR ET LIBERTÉ Essai essai Point de Fuite
LE CONTRÔLE DE LA PAROLE Essai essai La Fabrique
SÉPARATIONS NÉCESSAIRES Essai essai Payot
UNE ENFANCE EN ENFER Essai essai Robert Laffont
UN SINGULIER REGARD Essai essai Christian Bourgois
TRAITÉ D’ATHÉOLOGIE Essai essai Grasset
MANGER LOCAL Essai essai Écosociété
LA FEMME DE MA VIE Essai essai Leméac
LE ROMAN DE MARIE BASHKIRTSEFF Essai essai Albin Michel
DÉSIRS D’AILLEURS Essai essai Presses de l'Université Laval
L’ACTIVITÉ SECRÈTE DE RENÉ LÉVESQUE LE 18 JUIN 1965 Essai essai Lanctôt
EMPIRE COLONIAL ET CAPITALISME FRANÇAIS Essai essai Albin Michel
LA FASCINATION SIMENON Essai essai Cerf-Corlet
REDONNER SENS À L’INDÉPENDANCE Essai essai VLB
UNE BOUSSOLE POUR LA VIE Essai essai Albin Michel
LE PRINTEMPS DE L’AMÉRIQUE FRANÇAISE Essai essai
LE JOUR OÙ LACAN M’A ADOPTÉ Essai essai Le Livre de poche
UN VOYAGE PARMI LES TOURISTES Essai essai VLB
LE LYS ET LE LOTUS Essai essai VLB
LES ENFANTS DE L’EXIL Essai essai Bayard
L’EMPIRE DU TEMPS Essai essai Robert Laffont
5-FU Essai essai L'instant même
NAISSANCE DE LA BIOPOLITIQUE Essai essai Gallimard/Seuil
SÉCURITÉ, TERRITOIRE, POPULATION Essai essai Gallimard/Seuil
LA TERREUR À L’OCCIDENTALE Essai essai Triptyque
UNE SAISON CHEZ CAMILLE LAURIN Essai essai Isabelle Quentin
L’USAGE DE LA PHOTO Essai essai Gallimard
LA VIE SAUVE Essai essai Seuil
MOSCOU ALLER-RETOUR Essai essai L'aube
LA SOCIÉTÉ MALADE DE LA GESTION Essai essai Seuil
LE DÉPIT AMOUREUX Essai essai Fides
LE GRAND ROMAN DES BACTÉRIES Essai essai Albin Michel
L’ENFANCE ET L’ERRANCE POUR UN APPEL À L’AUTRE Essai essai Nota bene
CONVERSATION POÉTIQUE Essai essai David
PETIT COURS D’AUTODÉFENSE INTELLECTUELLE Essai essai Lux
LETTRES À MADELEINE Essai essai Gallimard
WONDERLAND Essai essai Bayard
PROFANATIONS Essai essai Rivages
LES PULSIONS Essai essai Presses universitaires de France
LETTRE D’UN PSYCHANALYSTE À STEVEN SPIELBERG Essai essai Bayard
CONSTRUCTIONS DE LA MODERNITÉ AU QUÉBEC Essai essai Lanctôt
CHRONIQUES CINÉMATOGRAPHIQUES Essai essai Au Signe de la Licorne
DE L’IDÉOLOGIE, AUJOURD’HUI Essai essai Parangon
MA VIE EN TROIS ACTES Essai essai Libre Expression
LE PASSEUR D’ÂMES Essai essai Leméac
LES PÉKINOIS DE MONSIEUR CHANG Fiction fiction Leméac
OLINKA, DES CHEMINS DE TERRE ET DE CIEL Fiction fiction Le Souffle d'Or
MES ÉVANGILES Fiction fiction Albin Michel
L’ÉVANGILE DE JUDAS Fiction fiction Robert Laffont
AUGUSTINO ET LE CHŒUR DE LA DESTRUCTION Fiction fiction Boréal
MOUVEMENTS DE L’AIR Essai essai Réunion des musées nationaux/Gallimard
MOUVEMENTS DE L’AIR Essai essai Réunion des musées nationaux/Gallimard
LE TÉMOIGNAGE DE LA LITTÉRATURE Essai essai Seuil
SORTIR DU MONDE ÉTATS-UNIEN Essai essai Liana Levi
CERVEAU, SEXE POUVOIR Essai essai Belin
MADE IN USA Essai essai Fayard
FIDEL CASTRO « EL COMANDANTE » Essai essai Alvik
QUARTIERS OUVRIERS D’AUTREFOIS 1850-1950 Essai essai Publications du Québec
FIGURES DU PALESTINIEN Essai essai Gallimard
QUELLE FORMATION POUR L’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ ? Essai essai Presses de l'Université Laval
QU’EST-CE QU’UN CLASSIQUE QUÉBÉCOIS ? Essai essai Fides/Presses de l'Université de Montréal
PAXIL® BLUES Essai essai Boréal
OUSSAMA Essai essai Albin Michel
LA VIOLENCE À L’ÉCOLE N’EST PAS UN JEU D’ENFANT Essai essai Remue-ménage
SAFIA Essai essai Robert Laffont
LENDEMAINS DE GUERRE EN AFGHANISTAN ET EN IRAK Essai essai Fayard
LA REINE DU SILENCE Essai essai Gallimard
L’AUTRE MARIE MORIN Essai essai Septentrion
GILLES KÈGLE Essai essai Boréal
L’IDENTITÉ FUYANTE Essai essai Les Herbes rouges
CLAUDE LÉVEILLÉE T. I Essai essai Art Global
ART-ACTION Essai essai L'écart absolu/Les presses du réel
PABLO NERUDA Essai essai Seghers
QUÉBEC LIBRE ! Essai essai Éditions du Québécois
IL ÉTAIT UNE FOIS… ET POUR TOUJOURS Essai essai Rivages
LE ROMAN QUÉBÉCOIS CONTEMPORAIN Essai essai Fides
RÉFLEXIONS ÉTHIQUES CONTEMPORAINES Essai essai Point de fuite
ÂMES ET CORPS Essai essai Leméac
L’AFFAIRE DU DAHLIA NOIR Essai essai Seuil
LE CŒUR AU BEURRE NOIR Essai essai Les Intouchables
CENSURE ET LITTÉRATURE AU QUÉBEC T. 2 Essai essai Fides
LE CHRIST PAÏEN Essai essai Boréal
VOYAGE À ROME Essai essai Robert Laffont
LE DISCOURS DE LA HAINE Essai essai Plon
AUTOPORTRAITS DANS LA PHOTOGRAPHIE CANADIENNE CONTEMPORAINE Essai essai J'ai VU
LITTÉRATURE AMÉRINDIENNE DU QUÉBEC Essai essai Hurtubise HMH
LES CASOARS Essai essai Varia
LE DÉCLIN DE L’EMPIRE HOLLYWOODIEN Essai essai VLB
LES PLANTAGENÊTS Essai essai Fayard
SE SOUVENIR DE LA GRANDE GUERRE Essai essai VLB
LE HARCÈLEMENT PSYCHOLOGIQUE AU TRAVAIL Essai essai JCL
LA RÉINGÉNIERIE DE L’ÉTAT Essai essai Presses de l'Université Laval
LES ÉCRITS Essai essai Les écrits
JE REGRETTE D’ÊTRE NÉ LÀ-BAS Essai essai Robert Laffont
LE LIVRE NOIR DES SERIAL KILLERS Essai essai Grasset
RÉCITS DE MATHIEU MESTOKOSHO, CHASSEUR INNU Essai essai Boréal
LA GUERRE D’ESPAGNE ET SES LENDEMAINS Essai essai Perrin
GLENN GOULD Essai essai Boréal
ÉREC ET ÉNIDE Fiction fiction Seuil
L’ÉVANGILE DE JIMMY Fiction fiction Albin Michel
TAMBOUR DE PEAU Fiction fiction Trois-Pistoles
LES AMOURS PERDUES Fiction fiction L'instant même
UN TRAVELO NOMMÉ DAISY Fiction fiction Triptyque
SINGULIERS VOYAGEURS Fiction fiction Québec Amérique
EN ATTENDANT LE SOLEIL Fiction fiction Belfond
LE CAHIER ROUGE Fiction fiction Leméac
FLASHFIRE Fiction fiction Rivages
ROMA AETERNA Fiction fiction Robert Laffont
MENAUD MAÎTRE-DRAVEUR Fiction fiction Presses de l'Université de Montréal
L’AUTRE COMME MOI Fiction fiction Seuil
DANS LA MARCHE DU TEMPS Fiction fiction Grasset
LES OS TROUBLES Fiction fiction Robert Laffont
PRIS AU PIÈGE Fiction fiction Minuit
BAISÉE Fiction fiction Lanctôt
LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE OBSCURE Fiction fiction Nil
7 BICYCLETTES Fiction fiction Humanitas
LA MORT DE DON JUAN Fiction fiction Albin Michel
LE CERCLE DE DANTE Fiction fiction Robert Laffont
UN HOMME EST UN HOMME Fiction fiction Libre Expression
LE VIN DE SOLITUDE Fiction fiction Albin Michel
LE VOL DU CORBEAU Fiction fiction Flammarion Québec
FIDEL DOIT MOURIR Fiction fiction Les Intouchables
LES MORTS SOLITAIRES Fiction fiction Michel Lafon
UN CHIEN DE CARACTÈRE Fiction fiction Albin Michel
ŒUVRES Essai essai Gallimard
MÉMOIRES DE HONGRIE Fiction fiction Albin Michel
L’HOMME QUI SOURIAIT Fiction fiction Seuil
CHEZ L’OTO-RHINO Fiction fiction P.O.L
CLARA LA NUIT Fiction fiction Gallimard
JE N’ENTENDS PLUS QUE TON SILENCE Fiction fiction JCL
LES ROMANTIQUES Fiction fiction Actes Sud
DERNIER AMOUR Fiction fiction Minuit
LA CREVASSE Fiction fiction Lanctôt
COURT SERPENT Fiction fiction Gallimard
L’HOMME-CAFÉ Fiction fiction Québec Amérique
2011 Fiction fiction L'Archipel
BANDITI Fiction fiction Albin Michel
LES BRUITS Fiction fiction VLB
SCHMO Fiction fiction L'Oie de Cravan
MR NON PIGEON Fiction fiction L'Oie de Cravan
LOIN DE NOS BÊTES Fiction fiction Trois-Pistoles
VOUS DEVEZ ÊTRE HEUREUSE Fiction fiction Boréal
LE PAYS DES GENOUX Fiction fiction Leméac
LES CORPS CARILLONNENT Fiction fiction Le Noroît
LE PAYS DE MON PÈRE Fiction fiction Trois-Pistoles
UNE SECONDE D’INATTENTION Fiction fiction Belfond
LES SECRETS DE L’ALLÉE COURBET Fiction fiction Autrement
VRAIES HISTOIRES FAUSSES Fiction fiction Vents d'Ouest
QUI A TUÉ MAGELLAN ? ET AUTRES NOUVELLES Fiction fiction Leméac
LE D2UX Fiction fiction David
FEMMES LIBRES DE CARTHAGE Fiction fiction 42e Parallèle
25 POÈTES ISLANDAIS D’AUJOURD’HUI Fiction fiction Écrits des Forges
ÉCHECS AMOUREUX ET AUTRES NIAISERIES Fiction fiction Stanké
MIRACLES EN SÉRIE Fiction fiction Triptyque
LA FOLLE DE WARSHAW Fiction fiction Marchand de feuilles
LE PEINTRE DES MADONES Fiction fiction Leméac
LE PENDU DE TREMPES Fiction fiction Québec Amérique
L’ÉTEIGNEUR DE LUCIOLES Fiction fiction Varia
ÉTONNEZ-MOI, MAIS PAS TROP Fiction fiction Triptyque
LE CANON SUR LA TEMPE Fiction fiction La Plume d'Oie
LE CHANT DU GALÉRIEN Fiction fiction Écrits des Forges
LE CHÊNE Fiction fiction Vermillon
LA MORT NE TUE PERSONNE Fiction fiction L'instant même
GROSSE GUITARE ROUGE Fiction fiction Prise de parole
MA MÈRE EST UNE MARMOTTE Fiction fiction Point de fuite
LA MORT D’OLGA MARÍA Fiction fiction Les Allusifs
SCRAPBOOK Fiction fiction Boréal
CONTES, LÉGENDES ET RÉCITS DU SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN Fiction fiction Trois-Pistoles
LE JOUEUR DE QUILLES Fiction fiction Québec Amérique
RIRE NOIR Fiction fiction XYZ
PARALLÈLES Fiction fiction Prise de parole
NOUS, LES DIEUX Fiction fiction Albin Michel
TROIS FERMIERS S’EN VONT AU BAL Fiction fiction Le cherche midi
MERCI Fiction fiction Gallimard
KORSAKOV Fiction fiction Gallimard
SARINAGARA Fiction fiction Gallimard
LE DERNIER DÉTECTIVE Fiction fiction Belfond
LA DERNIÈRE FEMME DE MA VIE Fiction fiction Rivages
ROMANS Fiction fiction Le Livre de poche
LE LIVRE DU VIDE MÉDIAN Fiction fiction Albin Michel
LES NEIGES BLEUES Fiction fiction Autrement
SEPT MERS ET TREIZE RIVIÈRES Fiction fiction Belfond
ART, ARGENT, ARRANGEMENT Essai essai David
L’ÉCRIVAIN IMAGINAIRE Essai essai Hurtubise HMH
LES CAHIERS DE THÉÂTRE JEU Essai essai Jeu
DÉSIR D’HUMANITÉ Essai essai Écosociété
MŒURS, COUTUMES ET RELIGION DES SAUVAGES DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE Essai essai Presses de l'Université de Montréal
DANS UN PAYS COLONISÉ Essai essai Trois-Pistoles
YVETTE ROUSSEAU Essai essai Remue-ménage
CONTRE L’ESPOIR COMME TÂCHE POLITIQUE suivi de CRITIQUE RADICALE Essai essai Liber
UN LONG CHEMIN Essai essai L'Hexagone
LE GRAND BANQUET Essai essai Écosociété
LES PRATIQUES DE LECTURE Essai essai MultiMondes
LA SCIENCE POUR TOUS ! Essai essai MultiMondes
LA VIE D’ÉVA SENÉCAL Essai essai Triptyque
ESDRAS MINVILLE Essai essai Septentrion
MARSHALL MCLUHAN Essai essai XYZ
MOMO ET LOULOU Essai essai Remue-ménage
BIEN COMMUN RECHERCHÉ Essai essai Écosociété
UN PATRIMOINE COOPÉRATIF DÉFIGURÉ ET DÉNATURÉ Essai essai MultiMondes
LES SECRETS DU CODE DA VINCI Essai essai Les Intouchables
L’USAGE DES SENS Essai essai Les Heures bleues
LE SPORT ET LES HOMMES Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LES PATRIARCHES DU ZEN Essai essai Le Relié
L’ULTIME DÉSERT Essai essai Phébus
MERVEILLEUX CHAT Essai essai Le Courrier du Livre
ŒUVRES POLITIQUES (1895-1919) Essai essai Albin Michel
SMARA Essai essai Phébus
BONS BAISERS DE BEN LADEN Essai essai Le cherche midi/France Inter
LE XXe SIÈCLE À L’ÉCRAN Essai essai Seuil
TERRE-NEUVE Essai essai Presses Universitaires de Rennes
PORTRAIT DU DÉCOLONISÉ ARABO-MUSULMAN Essai essai Gallimard
MUSULMANE MAIS LIBRE Essai essai Grasset
L’ASYMÉTRIE ET LA VIE Essai essai Robert Laffont
LA MORT ET L’IMMORTALITÉ Essai essai Bayard
L’AFRICAIN Essai essai Mercure de France
DEUIL ET DÉPRESSION Essai essai Payot
FITNA Essai essai Gallimard
RAISONNABLE ET HUMAIN ? Essai essai Nil
MON LIVRE DE MÉDITATIONS Essai essai Du Rocher
AU NOM DE TOUS LES HOMMES Essai essai Du Rocher
LE CRIME OCCIDENTAL Essai essai Fayard
PHILOSOPHIE DE L’ÉDUCATION Essai essai PUF Paris
JORGE SEMPRUN, L’ÉCRITURE OU LA VIE Essai essai Folio
L’ART DU BONHEUR 2 Essai essai Robert Laffont
ANTOINE BLONDIN Essai essai Gallimard
LE MYTHE DE LA MÉTAMORPHOSE Essai essai José Corti
MADAME PROUST Essai essai Grasset
LE DOSSIER ROBERT MÉNARD Essai essai Lanctôt
ERNESTINE ÉCRIT PARTOUT, vol. 2 Fiction fiction Ginkgo
DIMENSIONS POÉTIQUES DE L’ŒUVRE D’ANNE HÉBERT Essai essai Fides
QUE PENSE ALLAH DE L’EUROPE ? Essai essai Gallimard
LA DÉSOBÉISSANCE CIVILE Essai essai Typo
PARLONS TRAVAIL Essai essai Gallimard
LA QUESTION DU QUÉBEC Essai essai Typo
L’HUMANITAIRE EN CRISE Essai essai Le Serpent à Plumes
MAL DE TERRE Essai essai Seuil
L’EXCEPTION ISLAMIQUE Essai essai Seuil
100 MOTS À SAUVER Essai essai Albin Michel
JOURNAL DÉNOUÉ Essai essai Typo
LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE DEPUIS SES ORIGINES Essai essai Typo
L’ESPACE D’UNE GÉNÉRATION Essai essai Liber
HISTOIRE SOCIALE DES IDÉES AU QUÉBEC 1896-1929 Essai essai Fides
LIRE AU QUÉBEC AU XIXe SIÈCLE Essai essai Fides
LE RAPPORT DURHAM Essai essai Typo
L’AMOUR DU LOINTAIN Essai essai XYZ
LE GOÛT DE L’AVENIR Essai essai Seuil
PENSER FREUD AVEC PATRICK MAHONY Essai essai Liber
LES PALESTINIENS, UN PEUPLE PRIVÉ DE SES DROITS Essai essai Lanctôt
LE MARCHÉ DES ÉTOILES Essai essai Boréal
TIRS CROISÉS Essai essai Calmann-Lévy
IL Y A 2 SEXES Essai essai Gallimard
LE SORT DE LA CULTURE Essai essai Typo
DICTIONNAIRE DES PROVERBES QUÉBÉCOIS Essai essai Typo
LE « CONCEPT » DU 11 SEPTEMBRE Essai essai Galilée
LA CHINE VUE PAR LES ÉCRIVAINS FRANÇAIS Essai essai Bartillat
LES JÉSUITES QUÉBÉCOIS ET LE COURS CLASSIQUE APRÈS 1945 Essai essai Septentrion
LES ÉCRIVAINS VOYAGEURS AU XXe SIÈCLE Essai essai Seuil
MAKTUB Essai essai Anne Carrière
QUATRE MILLE MARCHES Essai essai Boréal
UNE POLITIQUE DE LA DOULEUR Essai essai VLB
JACK KÉROUAC : ESSAI-POULET Essai essai TYPO
LE SOUFFLE DE L’HARMATTAN Fiction fiction Typo
TERRE DU ROI CHRISTIAN Fiction fiction Typo
PREMIÈRES NOUVELLES (1880-1882) Fiction fiction 10-18
ONIRIA Fiction fiction Alire
MA VIE ME PREND TOUT MON TEMPS Fiction fiction Vents d'Ouest
LA BÊTE QUI MEURT Fiction fiction Gallimard
ISPIGIAC, PEUPLE DE LA MER Fiction fiction Humanitas
HERR LEHMANN Fiction fiction Seuil
LIBRE TOUJOURS Fiction fiction Lattès
L’ÉTÉ DE L’ÎLE DE GRÂCE Fiction fiction Typo
BIOGRAPHIE DE LA FAIM Fiction fiction Albin Michel
PETITES VIOLENCES Fiction fiction Typo
L’INCONNU PARLE ENCORE Fiction fiction L'instant même
LETTRES D’UN CRACHEUR D’ÉTOILES Fiction fiction Les Herbes rouges
CHER ÉDITEUR Fiction fiction Albin Michel
VISIONS VOLÉES Fiction fiction Boréal
LE VIERGE INCENDIÉ Fiction fiction Typo
LES BALDWIN Fiction fiction L'instant même
LA BELLE ÉPOUVANTE Fiction fiction Typo
COMMENT FAIRE L’AMOUR AVEC UN NÈGRE SANS SE FATIGUER ? Fiction fiction Typo
LA FOLLE DE LA GARE Fiction fiction JCL
L’ABOMINATION Fiction fiction Plon
L’ÂGE DE LA PAROLE Fiction fiction Typo
DISCRÈTE PARADE D’ÉLÉPHANTS Fiction fiction Lanctôt
LE CHANT DE LA TERRE Fiction fiction Typo
THÉÂTRE I Fiction fiction Typo
L’AMÉLANCHIER Fiction fiction Typo
LE BONHEUR A LA QUEUE GLISSANTE Fiction fiction Typo
UNE VIE FRANÇAISE Fiction fiction L'Olivier
MARGUERITE ET LES ENRAGÉS Fiction fiction Seuil
LE RETOUR D’AFRIQUE Fiction fiction Boréal
LA LIGNE GOTHIQUE Fiction fiction Triptyque
LES JOURS FRAGILES Fiction fiction Julliard
LA VOIX DES MAUVAIS JOURS ET DES CHAGRINS RENTRÉS Fiction fiction Seuil
QUATRE ROMANS NOIRS Fiction fiction Folio
LE JOUR DES CORNEILLES Fiction fiction Les Allusifs
FOLLE Fiction fiction Seuil
HA LONG Fiction fiction Leméac
LE FILS DU VENT Fiction fiction Seuil
LE SEL DES RÊVES Essai essai Dervy
TROIS FÉES POUR UN PLAIDOYER Essai essai Amyris
OBJECTIF PARIS Fiction fiction Grasset
L’AMBIDEXTRE Fiction fiction Lanctôt
L’OMBRE DU VENT Fiction fiction Grasset
LE TEMPS D’UN ROMAN Fiction fiction De la Huit
HÔTEL DES ÂMES Fiction fiction XYZ
HUMOUR ET POÉSIE Fiction fiction Écrits des Forges
BRÈVES LITTÉRAIRES, Nº 66 Fiction fiction Brèves littéraires
HUMAINS AIGRES-DOUX Fiction fiction Marchand de feuilles
GASTON OU L’APPRENTISSAGE DE L’ASSASSINAT Fiction fiction Lanctôt
SILENCES Fiction fiction VLB
AU MOMENT DE SA DISPARITION Fiction fiction Lanctôt
L’OMBRE DU CHIEN Fiction fiction Les Herbes rouges
SALON Fiction fiction Lanctôt
C’EST TOUJOURS À VOUS QUE JE PARLE Fiction fiction Varia
DES ÉTOILES JUMELLES Fiction fiction VLB
LES NOCES DE LA BÊTE Fiction fiction Glèbe
LES INDES ACCIDENTELLES Fiction fiction La Pleine Lune
LES BONBONS DES HORREURS ET PETITE CHOSE À GENOUX Fiction fiction Vermillon
LE PARACHUTE DE SOCRATE Fiction fiction Hurtubise HMH
UN PETIT PAS POUR L’HOMME Fiction fiction Québec Amérique
TON SILENCE Fiction fiction L'Hexagone
LA FATIGUE DU MÉTAL Fiction fiction Écrits des Forges
FUEGO Fiction fiction Prise de parole
JÉZABEL Fiction fiction Les Herbes rouges
MONSIEUR PAIN Fiction fiction Les Allusifs
ALBUM DE FINISSANTS Fiction fiction Triptyque
ET SI HAÏTI DÉCLARAIT LA GUERRE AUX USA ? Fiction fiction Écosociété
MOI ET TOI Fiction fiction Fayard
VOYAGE AU CŒUR DES FEMMES LATINO-AMÉRICAINES Fiction fiction Michalon
LA LIONNE BLANCHE Fiction fiction Seuil
LA FEMME QUI ATTENDAIT Fiction fiction Seuil
LA CITÉ DE DIEU Fiction fiction Gallimard
LA PROCHAINE FOIS Fiction fiction Robert Laffont
UNE AMITIÉ ABSOLUE Fiction fiction Seuil
LA PART DU MORT Fiction fiction Julliard
LIQUIDATION Fiction fiction Actes Sud
HAÏKU Fiction fiction Véga
LE BIZARRE INCIDENT DU CHIEN PENDANT LA NUIT Fiction fiction Nil
ENSEMBLE, C’EST TOUT Fiction fiction Le Dilettante
UN TÉNÉBREUX Fiction fiction Seuil
ENREGISTREMENTS PIRATES Fiction fiction Du Rocher
À LA SOURCE, LA NUIT Fiction fiction Robert Laffont
POÈMES Fiction fiction José Corti
QUELQUES MOTS D’ARABE Fiction fiction Seuil
LA NUIT DE L’ORACLE Fiction fiction Leméac
FRÉQUENCES LIMITES Essai essai Nota bene
CEUX DE NIGGER ROCK Essai essai Libre Expression
EMPREINTES DE SÉJOUR Essai essai Trois-Pistoles
VOYAGE EN MIRONIE Essai essai Fides
MON ENFANCE ET AUTRES TRAGÉDIES POLITIQUES Essai essai Lanctôt
LA DÉRIVE SANGLANTE DU RWANDA Essai essai Écosociété
LECTURES DES LIEUX Essai essai Boréal
CONTES ET COMPTES DU PROF LAUZON II Essai essai Lanctôt
ANATOMIE D’UN JOUAL DE PARADE Essai essai Varia
IOTÉKHA Essai essai Boréal
MON PARCOURS D’ÉDITEUR AVEC GASTON MIRON Essai essai L'Hexagone
LE QUÉBEC OTAGE DE SES ALLIÉS Essai essai VLB
LES ÉTATS-UNIS ONT-ILS BESOIN D’ALLIÉS ? Essai essai Payot
LE SAVOIR ET LE SENS Essai essai Bellarmin
GÉNÉRATION IDÉALISTE Essai essai Les Intouchables
MOTS D’AILLEURS Essai essai Boréal
COMMENT AIDER LES VICTIMES SOUFFRANT DE STRESS POST-TRAUMATIQUE ? Essai essai Quebecor
LES ZOUAVES DE QUÉBEC AU XXe SIÈCLE Essai essai Presses de l'Université Laval
L’ESTHÉTIQUE DU SUICIDE Essai essai Minuit
DIEU.COM Essai essai Gallimard
ILS M’ONT DIT QUI J’ÉTAIS Essai essai Julliard
AIDEZ-NOUS À DIVORCER ! Essai essai Gallimard
QUAND LES HOMMES PARLENT AUX DIEUX Essai essai Bayard
JUNG EST L’AVENIR DE LA FRANC-MAÇONNERIE Essai essai Dervy
L’OBSCÈNE Essai essai Encre marine
ORIGINES Essai essai Grasset
ARAFAT Essai essai Fayard
L’OMBRE AU TABLEAU Essai essai Seuil
LES MORTS Essai essai Le Pommier
LA FABRIQUE DE LA LANGUE Essai essai Seuil
LE POUVOIR PSYCHIATRIQUE Essai essai Gallimard/Seuil
LETTRES DE JEUNESSE Essai essai Gallimard
LES PLUS BEAUX MANUSCRITS DE GEORGE SAND Essai essai Perrin
À L’OMBRE DE MOI-MÊME Essai essai Stock
FRENCH THEORY Essai essai La Découverte
JUDÉITÉS Essai essai Galilée
GAY NEW YORK Essai essai Fayard
DE RETOUR DE BABEL Essai essai Estem
ZEN QUESTIONS Essai essai Véga
LA NOUVELLE GUERRE DES DIEUX Essai essai Gallimard
LES DICTIONNAIRES LE ROBERT Essai essai Presses de l'Université de Montréal
ŒUVRES Fiction fiction Gallimard
CLARA ET LA PÉNOMBRE Fiction fiction Actes Sud
LA NOSTALGIE DE L’ANGE Fiction fiction Nil
EGO Fiction fiction Lanctôt
TOUT EST ILLUMINÉ Fiction fiction L'Olivier
LA MAIN ÉTRANGÈRE Fiction fiction JCL
GLOBALIA Fiction fiction Gallimard
CES YEUX MIS POUR DES CHAÎNES Fiction fiction Triptyque
SECRETS D’OUTRE-TOMBE Fiction fiction Robert Laffont
LE CERCLE PARFAIT Fiction fiction L'instant même
NAÎTRE ET VIVRE ET MOURIR Fiction fiction Écrits des Forges
HAUTE EST LA TOUR Fiction fiction Albin Michel
LES MALGRÉ-NOUS Fiction fiction Seuil
LA CHAMBRE D’AMIS Fiction fiction Les Allusifs
MA VIE PARMI LES OMBRES Fiction fiction Gallimard
PROJECTIONS Fiction fiction J'ai VU
TROIS MILLE LUNES Fiction fiction Robert Laffont
NOUVEAUX RÊVES Fiction fiction Le fil invisible
DANSEUR Fiction fiction Belfond
LE LIBRAIRE A DU FLAIR Fiction fiction Libre Expression
UN JOUR L’OCÉAN DEVINT NOIR Fiction fiction Atlantica
LE SALAIRE DE LA HONTE Fiction fiction Alire
ADIEU, BETTY CROCKER Fiction fiction Québec Amérique
LÉLIE OU LA VIE HORIZONTALE Fiction fiction Triptyque
LE VOL DU FRELON Fiction fiction Robert Laffont
DERNIER TRAIN POUR NOIRETERRE Fiction fiction La veuve noire
L’AMOUR ÉCORCHÉ Fiction fiction JCL
L’HOMME EN MORCEAUX Fiction fiction Leméac
LA DISPARITION DE LA LANGUE FRANÇAISE Fiction fiction Albin Michel
EUREKA Fiction fiction L'Archipel
LA TRISTE HISTOIRE DE LI-HUNG FONG ET AUTRES POÈMES Fiction fiction Les Herbes rouges
L’ÉTRANGE HISTOIRE DE MONSIEUR PAUL Fiction fiction JCL
LE 31 DU MOIS D’AOÛT Fiction fiction Gallimard
LUMIÈRE MORTE Fiction fiction Seuil
TANT D’HISTOIRES AUTOUR DES SEINS Fiction fiction Planète rebelle
LES SAINTS DE BIG HARBOUR Fiction fiction Leméac
L’HOMME À LA HACHE Fiction fiction La veuve noire
CHANT POUR ENFANTS MORTS Fiction fiction L'Effet pourpre
CHOIX D’APOCALYPSES Fiction fiction Les Herbes rouges
QUARANTE MOTS POUR LA NEIGE Fiction fiction Du Masque
ÉPÎTRES, SATIRES, CHANSONS, ÉPIGRAMMES ET AUTRES PIÈCES DE VERS Fiction fiction Les Herbes rouges
PEAU D’ÂNE Fiction fiction Stock
VIGNETTES ÉGYPTIENNES Essai essai G.G.C.
LE PAS DE L’AVENTURIER Essai essai Presses de l'Université de Montréal
D’UN ICI À L’AUTRE Essai essai Leméac
DE LA DESTRUCTION Essai essai Actes Sud
LA MAIN NUE Essai essai Québec Amérique
LE CARNAVAL DE QUÉBEC Essai essai MultiMondes
STELLA SANGUE SPIRITO Essai essai Actes Sud
LE VOYAGE EN ÉGYPTE Essai essai Robert Laffont
EXOTISME ET LETTRES FRANCOPHONES Essai essai Presses universitaires de France
LE TOURISME VA MAL ? ACHEVONS-LE ! Essai essai Max Milo
LA FRONTERA Essai essai Albin Michel
SISTER OUTSIDER Essai essai Trois
LE MALENTENDU Essai essai Nota bene
LA GRANDE PEUR DE LA TÉLÉVISION : LE LIVRE Essai essai Lanctôt
LES SECRETS DU LOBBYING Essai essai Varia
GRAND NORD Essai essai L'Homme
LE CULTE TECHNOMÉDICAL Essai essai Triptyque
DE MÉMOIRE VIVE Essai essai Lanctôt
LE MARCHÉ DE DROIT DIVIN Essai essai Lux
DE QUÉBEC À MEXICO Essai essai Trois-Pistoles
DIS-MOI QUI TU HANTES Essai essai Du Rocher
LE PHÉNOMÈNE STAR ACADÉMIE Essai essai Saint-Martin
GENÈSES, GÉNÉALOGIES, GENRES ET LE GÉNIE Essai essai Galilée
L’AGRESSION : LES ÉTATS-UNIS, L’IRAK ET LE MONDE Essai essai Athéna
L’INCONVÉNIENT, N° 16 Essai essai L'Inconvénient
PAROLES DE GRIOTS Essai essai Albin Michel
LITTÉRATURES MINEURES EN LANGUE MAJEURE Essai essai Presses de l'Université de Montréal
DU QUÉBEC À KABOUL Essai essai Écosociété
QUAND LA VIE CHANGE Essai essai Du Roseau
LE PARADOXE DE L’ÉCRIVAIN Essai essai Triptyque
LE MONOTHÉISME Essai essai Fides
LES MIRAGES DE L’AIDE INTERNATIONALE Essai essai Écosociété
VIVRE POUR LA RACONTER Essai essai Grasset
100 PIÈCES DU THÉÂTRE QUÉBÉCOIS QU’IL FAUT LIRE ET VOIR Essai essai Nota bene
LES AFFAMÉES Essai essai L'Homme
PRÈS DU CENTRE, LOIN DU BRUIT Essai essai Lux
LE LIVRE NOIR DU CANADA ANGLAIS Essai essai Les Intouchables
LE MYTHE DE L’AMÉRIQUE DANS L’IMAGINAIRE « CANADIEN » Essai essai Nota bene
CHUTE ET POUVOIR Essai essai JCL
ULYSSE COMTOIS Essai essai Du passage
LETTRE OUVERTE AUX ANTIAMÉRICAINS Essai essai VLB
UNE HISTOIRE DE L’ÉDUCATION Essai essai Typo
L’ANTILIBÉRALISME AU QUÉBEC AU XXe SIÈCLE Essai essai Nota bene
LETTRES DE FRANCE Essai essai Lux
L’INSTINC DE PUISSANCE À L’ÂGE DU NUMÉRIQUE Essai essai VLB
GABRIELLE ROY RÉÉCRITE Essai essai Nota bene
HUBERT AQUIN BLUES Essai essai Boréal
ALBERT FERLAND 1872-1943 Essai essai Écrits des Hautes-Terres
LE MYTHE DU DÉVELOPPEMENT Essai essai Écosociété
LA PRISON JUIVE Essai essai Odile Jacob
WILFRID DEROME Essai essai Boréal
VICTIME DES AUTRES, BOURREAU DE SOI-MÊME Essai essai L'Homme
ANTHOLOGIE DE L’ESSAI AU QUÉBEC DEPUIS LA RÉVOLUTION TRANQUILLE Essai essai Boréal
LE DISQUE NE TOURNE PAS ROND Essai essai Coronet liv
MOSCOU-QUÉBEC Essai essai Varia
LA COMPAGNIE DES OMBRES Fiction fiction Robert Laffont
LE CAHIER NOIR Fiction fiction Leméac
LE COMPLEXE DE DI Fiction fiction Gallimard
NULLE PART AILLEURS Fiction fiction L'instant même
UN SOIR, À LA MAISON Fiction fiction Julliard
CHANTAGE N° 5 Fiction fiction Flammarion Québec
LA LUTTE DES SEIGNEURS Fiction fiction Lattès
LA CHAMBRE DES CURIOSITÉS Fiction fiction L'Archipel
LABYRINTHE 5 Fiction fiction Le Noroît
ROUGE D’ORIENT Fiction fiction Varia
VOL DE CENDRES Fiction fiction Le Noroît
PETITS SUICIDES ENTRE AMIS Fiction fiction Denoël
RÊVE D’ARTISTE ET AUTRES POÈMES Fiction fiction Les Herbes rouges
EXPIATION Fiction fiction Gallimard
LE CHARBONNEUR DE MURAILLES Fiction fiction L'Oie de Cravan
LES AMANTS DE L’ALFAMA Fiction fiction XYZ
COUSINE K Fiction fiction Julliard
CAFÉ GREC Fiction fiction Le cherche midi
LA ROUTE DES PETITS MATINS Fiction fiction VLB
AVIDITÉ Fiction fiction Seuil
L’HISTOIRE DE CHIRAC Fiction fiction Flammarion
L’ESPOIR EST UNE CHOSE RIDICULE Fiction fiction Robert Laffont
ORMEROD Fiction fiction Gallimard
DANS LA GUERRE Fiction fiction Actes Sud
LA COURSE À L’ABÎME Fiction fiction Grasset
CE QUE JE FAIS LÀ ASSIS PAR TERRE Fiction fiction Du Rocher
PASCALE Fiction fiction Varia
LA LOI DES GRANDS NOMBRES Fiction fiction Boréal
LE DÉGOÛT Fiction fiction Les Allusifs
CONTES BUTÔ Fiction fiction Boréal
QUE MA BLESSURE SOIT MORTELLE ! Fiction fiction La veuve noire
LE TIGRE ET LE LOUP Fiction fiction Boréal
LE VOYAGE Fiction fiction Les Allusifs
LE CŒUR DÉCOUVERT Fiction fiction Leméac
UN CHEVAL MÉTAPHYSIQUE Fiction fiction XYZ
BACON LE LIVRE Essai essai L'Effet pourpre
ICH BIN PRAGER Fiction fiction Les Allusifs
SOUVENIRS DE CARTHAGE Fiction fiction Trois-Pistoles
LÉGENDES IROQUOISES Fiction fiction Point de Fuite
NEWSTART 2.0TM Fiction fiction Les Allusifs
LE PETIT COPAIN Fiction fiction Plon
MORT AVEUGLE Fiction fiction Grasset
FEUX ROUGES Fiction fiction Presses de la Cité
LE LONG CHEMIN DU RETOUR Fiction fiction Robert Laffont
LE PASSAGER Fiction fiction Alire
TREIZE NOUVELLES POLICIÈRES, NOIRES ET MYSTÉRIEUSES Fiction fiction Alire
BOUCHE-À-BOUCHE Fiction fiction Boréal
MAX ET LES FÉLINS Fiction fiction Les Intouchables
DEMEURES DU SILENCE Fiction fiction Écrits des Forges
LA QUATRIÈME STATION Fiction fiction JCL
CONTES DE SABLE ET DE PIERRES Fiction fiction Triptyque
PARFUM D’ANGES Fiction fiction JCL
IL FAUT PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CONTES Fiction fiction Planète rebelle
NEUF HISTOIRES FRANÇAISES Fiction fiction Grasset
ANTÉCHRISTA Fiction fiction Albin Michel
NOUVELLES D’AUTRES MÈRES Fiction fiction Marchand de feuilles
L’HISTOIRE DE PI Fiction fiction XYZ
CASA ROSSA Fiction fiction Belfond
ON FINIT TOUJOURS PAR PAYER Fiction fiction La courte échelle
VIE ET MORT D’UN PÉDOPHILE Fiction fiction Trait d'union
WELLS Fiction fiction Boréal
PROMENADE DANS LE XVIIIe SIÈCLE Fiction fiction Nil
LA CAGE DE LONDRES Fiction fiction Alire
LE CAHIER DE TURIN Fiction fiction Julliard
L’ÎLE AU PIANO Fiction fiction Boréal
L’EXPÉRIENCE INTERDITE Fiction fiction Boréal
ÉCHEC ET MAT Fiction fiction Robert Laffont
WINDOWS ON THE WORLD Fiction fiction Grasset
LA SORCIÈRE D’AVRIL Fiction fiction Lattès
L’EXCISION Fiction fiction XYZ
DE SI DOUCES DÉRIVES Fiction fiction Boréal
LES MENSONGES DE LA GUERRE EN IRAK Essai essai Les Intouchables
ÉCRITS POLITIQUES Essai essai Écosociété
QUIÉTUDE Essai essai Ariane
AUTOUR DU MONDE AVEC ULYSSE Essai essai Stanké
L’HERMÈS QUÉBÉCOIS II Essai essai David
LE DERNIER APRÈS-MIDI D’AGNÈS Essai essai Gallimard
MANIÈRE ET MATIÈRES Essai essai Musée des beaux-arts de Sherbrooke
LE TEMPS DES GIROUETTES Essai essai VLB
J’ÉCRIS TOUT LE TEMPS Essai essai Leméac
JOURNAL D’UN ÉTUDIANT EN MÉDECINE À PARIS Essai essai Varia
Y’A TROP DE BLANC AU QUÉBEC Fiction fiction Les 400 coups
ÉDUQUER POUR L’ÈRE PLANÉTAIRE Essai essai Balland
À LA RECHERCHE DE MARCEL PROUST Essai essai Mémoire du Livre
FRANCOPHONIE ET DIALOGUE DES CULTURES Essai essai Humanitas
JOURNAL D’UN INQUISITEUR Essai essai Lux
LE GRAIN DES MOTS Essai essai P.O.L
L’AMOUR, ROMAN Fiction fiction P.O.L
CINÉMA ET LITTÉRATURE AU QUÉBEC Essai essai XYZ
PAROXYSMES Essai essai Trait d'union
LA CULTURE ATLANTIDE Essai essai Fides
1+1+1… Essai essai Grasset
CORRESPONDANCE 1894-1967 Essai essai Fides
ENTERREZ-MOI DEBOUT Essai essai Albin Michel
AU NOM DE L’AUTRE Essai essai Gallimard
DE LA LITTÉRATURE Essai essai Grasset
BAS LES VOILES ! Essai essai Gallimard
INFINIMENT BLEU Essai essai Fides
NOMADES EN PAYS MAORI Essai essai XYZ
CINÉMA ET PHILOSOPHIE Essai essai Nathan
MÉMOIRE DE MA MÉMOIRE Essai essai Julliard
DEUX FILLES LE MERCREDI SOIR Essai essai Transcontinental
LE TEMPS DES AVANTS Essai essai Flammarion Québec
HOMO FABULATOR Essai essai Leméac
DICTIONNAIRE DES PERSONNAGES DU ROMAN QUÉBÉCOIS Essai essai, fiction L'instant même
MATIÈRE ET PSYCHÉ Essai essai Albin Michel
VIRAGES, N° 11, 13 et 14 Fiction fiction Prise de parole
COMÉDIA INFANTIL Fiction fiction Seuil
HYPERTEXTES Essai essai Nota bene
LA FACE CACHÉE DU MONDE Essai essai Mille et une nuits
PROFESSION BIOGRAPHE Essai essai Hachette
SIMENON Essai essai Gallimard
JEUNESSES Essai essai Le Dilettante
POUSSIÈRES DE LA ROUTE Essai essai Le Dilettante
RAISON ET CONTRADICTION Essai essai Nota bene
LES DEUX CHANOINES Essai essai Boréal
TAXI DANCER Fiction fiction Les petits villages
LARMES DE FOND Fiction fiction La Pleine Lune
LÉO STRAUSS Essai essai Grasset
CONSIGNER MA NAISSANCE Essai essai Trois-Pistoles
WILLIAM FYFE, TUEUR EN SÉRIE Essai essai Lanctôt
FREUD EN QUESTION Essai essai Québec Amérique
FRANÇOISE GIROUD Essai essai Fayard
L’AFFAIRE 40/61 Essai essai Gallimard
L’OUBLI PROCHAIN, LA VIE QUI VA Essai essai Trait d'union
DANY LAFERRIÈRE Essai essai VLB
LE COMPLOT Essai essai Les Intouchables
LACAN SANS PEINE Essai essai Stanké
LE SIÈCLE SOVIÉTIQUE Essai essai Fayard
MADELEINE PARENT MILITANTE Essai essai Remue-ménage
LA CHANSON QUÉBÉCOISE EN QUESTION Essai essai Québec Amérique
GILLES PRÉGENT, OTAGE DES GUÉRILLEROS Essai essai L'Homme
L’AUTRE HISTOIRE DU QUÉBEC Essai essai Trois-Pistoles
CONFIDENCES D’UN MÉDECIN Essai essai Québec Amérique
EN THAÏLANDE, MARIE AU PAYS DES MERVEILLES Essai essai Guy Saint-Jean
LE VATICAN CONTRE LES JUIFS Essai essai Robert Laffont
LES PIERRES TRUQUÉES DE MARRAKECH Essai essai Seuil
L’HOMICIDE CONJUGAL AU FÉMININ Essai essai Remue-ménage
ITALIES IMAGINAIRES DU QUÉBEC Essai essai Fides
L’ÉCRITURE COMME UN COUTEAU Essai essai Stock
L’ÂME POÉTIQUE DU JAPON Essai essai Les Belles Lettres
SEXUATION, ESPACE, ÉCRITURE Essai essai Nota bene
LE VOYAGE EN GRÈCE Essai essai Robert Laffont
TRAVAILLEURS DU SEXE Essai essai VLB
LETTRES DE BERLIN ET D’AUTRES VILLES D’EUROPE Essai essai Nota bene
LA SECONDE RÉVOLUTION TRANQUILLE Essai essai Boréal
DICTIONNAIRE DES ÉCRIVAINS ÉMIGRÉS AU QUÉBEC 1800-1999 Essai essai Nota bene
LA MORT DE L’ARGENT Essai essai La Pleine Lune
ŒUVRES COMPLÈTES, T. 38 Essai essai Trois-Pistoles
CONSTAT D’ACCIDENT ET AUTRES TEXTES Essai essai Leméac
L’HOMME DE MA VIE Essai essai Québec Amérique
LE PARADIS – UN PEU PLUS LOIN Fiction fiction Gallimard
PETITES MORTS EN PROSE Fiction fiction Vents d'Ouest
LA PART DU GROS Fiction fiction JCL
LA MAIN DE DANTE Fiction fiction Albin Michel
L’AFFAIRE SAINT-FIACRE Fiction fiction Le livre de poche
BONTÉ Fiction fiction Calmann-Lévy
MEURTRE À LA VILLA Fiction fiction Sedes
LA CAVERNE Fiction fiction Seuil
LIEU Fiction fiction Seuil
AU NOM DE COMPOSTELLE Fiction fiction Québec Amérique
L’AMOUR EN FACE Fiction fiction Actes Sud
LES HOMMES DE PAILLE Fiction fiction Michel Lafon
LES CHIENS DE RIGA Fiction fiction Seuil
LE CHOIX DES MORRISON Fiction fiction Belfond
L’IGNORANCE Fiction fiction Gallimard
LE CONSEILLER DU ROI Fiction fiction Robert Laffont
TOUT CE QUE J’AIMAIS Fiction fiction Léméac
L’ANALYSTE Fiction fiction Leméac
LES HOMMES, ETC. Fiction fiction Fayard
LA BLASPHÈME Fiction fiction Trois-Pistoles
AU PIANO Fiction fiction Minuit
LE POIDS DES CHOSES ORDINAIRES Fiction fiction Sémaphore
ELLE ÉTAIT BELLE COMME UNE IDÉE Fiction fiction Québec Amérique
LES NOCES DE L’ABANDON Fiction fiction Écrits des Forges
VILLA VORTEX Fiction fiction Gallimard
CARNET AMÉRICAIN Fiction fiction L'instant même
HISTOIRE DE LA FEMME CANNIBALE Fiction fiction Mercure de France
RIEN DE GRAVE Fiction fiction Clovis
PING-PONG Fiction fiction Robert Laffont
AU SEUIL D’UNE AUTRE TERRE Fiction fiction Le Noroît
LES EXTRAORDINAIRES AVENTURES DE KAVALIER CLAY Fiction fiction Robert Laffont
LES MIGRANTS Fiction fiction Septentrion
NE DIS RIEN Fiction fiction Les Herbes rouges
LA ROUTE INNOMBRABLE Fiction fiction L'instant même
LES JOURS DE L’ÉCLIPSE Fiction fiction Québec Amérique
SANS SANG Fiction fiction Albin Michel
LES CHRONIQUES DES FURETS Fiction fiction Michel Lafon
AMOURS SORCIÈRES Fiction fiction Seuil
FREUD T. I et II Essai essai Payot/Rivages
AIMER À PEINE Fiction fiction Joëlle Losfeld
EFFROYABLES JARDINS Fiction fiction Joëlle Losfeld
HENRIETTE JACOBY Fiction fiction Albin Michel
MONDIALISATION FINANCIÈRE ET TERRORISME Essai essai Écosociété
CARCASSES AU CRÉPUSCULE Fiction fiction L'Effet pourpre
L’INVITATION À LA VIE SUIVI DE PAYSAGES ET AUTRES PROSES Fiction fiction Les Herbes rouges
CARCASSES AU CRÉPUSCULE Fiction fiction L'Effet pourpre
LE TABLEAU VIVANT Essai essai Flammarion
JULOS BEAUCARNE Essai essai Isabelle Quentin
LE BONHEUR EST SI DÉLICATEMENT FRAGILE Essai essai C.L.C.
GUERRES DU XXIe SIÈCLE Essai essai Galilée
LA LONGUE ROUTE DE SABLE Essai essai Arléa
ESTHÉTIQUE DU PÔLE NORD Essai essai Grasset
CHAMANES AU FIL DU TEMPS Essai essai Albin Michel
CONFESSIONS D’UN PAQUET D’OS Essai essai VLB
LETTRES DU SIAM Essai essai L'Hexagone
LA SURVIVANTE Essai essai Stanké
COMMENT POURQUOI Essai essai Trois-Pistoles
L’AMOUR DU CINÉMA Essai essai Gallimard
LA PASSION DE L’ENGAGEMENT Essai essai Lanctôt
JUSQUE-LÀ TOUT ALLAIT BIEN EN AMÉRIQUE Essai essai L'Olivier
FRONTIÈRE DU ROMAN Essai essai Presses de l'Université de Montréal
DIETRICH BONHOEFFER Essai essai Albin Michel
GUERRE ET MONDIALISATION Essai essai Écosociété
LE POUVOIR MIS À NU Essai essai Écosociété
LES BELLES INOUBLIABLES Essai essai L'Homme
DES RENCONTRES HUMAINES Essai essai Trois-Pistoles
AMÉRIQUE FRANÇAISE : L’AVENTURE Essai essai Fides
MÉMOIRES D’UN VILLAGE PALESTINIEN DISPARU Essai essai Albin Michel
L’ARCHITECTURE AU FÉMININ Essai essai Remue-ménage
L’ÉTOILE DES AMANTS Fiction fiction Gallimard
LORSQUE J’ÉTAIS UNE ŒUVRE D’ART Fiction fiction Albin Michel
ZOÉ Fiction fiction Humanitas
TOUTE PETITE EST LA TERRE Fiction fiction Trois
AU PAYS DES MERS Fiction fiction Leméac
MAESTRO ! Fiction fiction Robert Laffont
LE CHANGEMENT COMME PASSE-TEMPS Fiction fiction Les Herbes rouges
ESPÈCES FRAGILES Fiction fiction L'Hexagone
LE COFFRE AUX ÂMES Fiction fiction XO
LES CORRECTIONS Fiction fiction Boréal
LE CARNET DE LÉO Fiction fiction XYZ
LES CARNETS JAUNES DE VALÉRIEN FRANCŒUR, QUI A CREVÉ QUELQUES ENFLÉS Fiction fiction L'Effet pourpre
ASSAM Fiction fiction Albin Michel
LE PESEUR D’ÂMES Fiction fiction Albin Michel
LA JUIVE Fiction fiction Septentrion
TOUT ÊTRE Fiction fiction Triptyque
CROQUE-DEAD INC. Fiction fiction Trait d'union
POÉSITATIONS ET AUTRES PLEURS DE LYS Fiction fiction VLB
LE LIVRE DES ILLUSIONS Fiction fiction Leméac
LES SEPT SECRETS DE LA BIBLIOTHÈQUE D’ALEXANDRIE Essai essai Du Rocher
DÉBATS PHILOSOPHIQUES Essai essai Liber
POLITIQUE DE LA PAROLE Essai essai Trait d'union
MÉDIAS ET FOI CHRÉTIENNE Essai essai Fides
LES SCIENCES DE LA CULTURE Essai essai Nota bene
LES NOCES CHYMIQUES DE PHILIPPE AUBERT DE GASPÉ DANS L’INFLUENCE D’UN LIVRE Essai essai Presses de l'Université Laval
STRATÈGES, DIPLOMATES ET ESPIONS Essai essai Septentrion
CITOYEN SOUS SURVEILLANCE Essai essai Écosociété
DU FOND DE MA CABANE Essai essai XYZ
SOUS LE SIGNE DE MARS Essai essai La Différence
RÉSISTER, C’EST CRÉER Essai essai La Découverte
TERRITOIRES CULTURELS Essai essai Bellarmin
LA STRATÉGIE DE L’AUTRUCHE Essai essai Écosociété
MÉMOIRES DU CHIEN Fiction fiction Hurtubise HMH
LE JOURNAL DE LOUISE B. Fiction fiction Robert Laffont
FAIRE L’AMOUR Fiction fiction Minuit
DIALOGUES INTIMES Fiction fiction XYZ
LA TACHE Fiction fiction Gallimard
LIGNES AÉRIENNES Fiction fiction Le Noroît
VISAGE RETROUVÉ Fiction fiction Leméac
À L’HEURE DU LOUP Fiction fiction Boréal
ÇA VA ALLER Fiction fiction Leméac
ŒUVRES POÉTIQUES COMPLÈTES Fiction fiction Presses de l'Université de Montréal
ÊTRE SANS DESTIN Fiction fiction Actes Sud
UNE FOLIE SANS LENDEMAIN Fiction fiction La Pleine Lune
CELLE QUI MARCHE SUR DU VERRE Fiction fiction Boréal
LE LAC DE GLACE Fiction fiction Grasset
DE BELLES PAROLES Fiction fiction XYZ
LES QUATRE SAISONS DE VIOLETTA Fiction fiction Denoël
LA FEMME D’ENTRE LES LIGNES Fiction fiction Du Gref
UN BAUME POUR LE CŒUR Fiction fiction Boréal
L’AUTRE MONDIALISATION Essai essai Flammarion
CHARLES TAYLOR, PENSEUR DE LA PLURALITÉ Essai essai Presses de l'Université Laval
PASSER AU RANG DE PÈRE Essai essai Nota bene
DE L’ESTIME DE SOI À L’ESTIME DU SOI Essai essai Novalis
LES LIVRES ET LES JOURS (1983-2001) Essai essai Boréal
LE LIVRE NOIR DU CANADA ANGLAIS : T. I et T. II Essai essai Les Intouchables
L’HUMOUR DU SEXE Essai essai Triptyque
DIEU ? Essai essai Stock/Bayard
RACONTER ET MOURIR Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LA SOCIÉTÉ EFFICIENTE Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LETTRES DE PRISON Essai essai VLB
SOCIAL-DÉMOCRATIE ET MOUVEMENTS OUVRIERS Essai essai Boréal
LES NAUFRAGÉS Essai essai Pocket
LES GRANDS PHILOSOPHES DU MOYEN ÂGE Essai essai De Fallois
CONFESSION D’UNE RADINE Essai essai Gallimard
J’AI TANT DE SUJETS DE DÉSESPOIR Essai essai Varia
L’ART DE VIVRE SANS VIOLENCE Essai essai Stanké
CAMUS À COMBAT Essai essai Gallimard
LA VOIE DE LA SIMPLICITÉ Essai essai Écosociété
L’ARBRE DES POSSIBLES ET AUTRES HISTOIRES Fiction fiction Albin Michel
UNE AUTRE VIE Fiction fiction Gallimard
LA DÉFERLANTE D’AMSTERDAM Fiction fiction XYZ
QUELQUES HUMAINS Fiction fiction Lanctôt
BAL À L’ABATTOIR Fiction fiction Boréal
WASURENAGUSA Fiction fiction Leméac
CICATRICES Fiction fiction Seuil
POÈMES DE VEILLE Fiction fiction Le Noroît
LES YEUX BLEUS DE MISTASSINI Fiction fiction Leméac
PORNOGRAPHIES Fiction fiction L'instant même
ROBERT DES NOMS PROPRES Fiction fiction Albin Michel
SANAAQ Fiction fiction Stanké
SIEGFRIED, UNE IDYLLE NOIRE Fiction fiction Gallimard
LES SOUPIRS DU CLOPORTE Fiction fiction Varia
DANSE Fiction fiction Trois-Pistoles
LE CRIME INACHEVÉ Fiction fiction L'Hexagone
HÔTEL DES BRUMES Fiction fiction L'instant même
CETTE GRENADE DANS LA MAIN DU JEUNE NÈGRE EST-ELLE UNE ARME OU UN FRUIT ? Fiction fiction VLB
LES AMANTS DE MARIE Fiction fiction P.O.L
ILS IRONT AU FIRMAMENT Fiction fiction L'Effet pourpre
L’EMPIRE DES LOUPS Fiction fiction Albin Michel
DÉFENSES LÉGITIMES Fiction fiction Le Nordir
ARRÊTS SUR IMAGE Fiction fiction L'instant même
LA FEMME DU PEINTRE Fiction fiction Le Serpent à Plumes
LES TERRASSES D’ORSOL Fiction fiction La Différence
PETITES DIFFICULTÉS D’EXISTENCE Fiction fiction Boréal
LES APRÈS-MIDI D’UN FONCTIONNAIRE TRÈS DÉJANTÉ Fiction fiction Robert Laffont
RENVERSE DU SOUFFLE Fiction fiction Seuil
À LIVRE OUVERT Fiction fiction Seuil
AVANT Fiction fiction Les Allusifs
VERS ET CONTES ÉPARS Fiction fiction Nota bene
LE LENDEMAIN DU QUATRIÈME SOIR Fiction fiction Lanctôt
LA CITÉ DES DIEUX SAUVAGES Fiction fiction Grasset
LA MARCHE DU FOU Fiction fiction La courte échelle
UN GOÛTER D’ANNIVERSAIRE Fiction fiction Stanké
TOMBEAU DE LOU Fiction fiction Le Noroît
KALÉIDOSCOPE BRISÉ Fiction fiction XYZ
LA BELLE CRÉOLE Fiction fiction Mercure de France
CETTE AVEUGLANTE ABSENCE DE LUMIÈRE Fiction fiction Seuil
L’ÉMERGENCE DES CRÉATIFS CULTURELS Essai essai Yves Michel
DIOTIME ET LES LIONS Fiction fiction Albin Michel
LES VERSETS AMOUREUX Fiction fiction Écrits des Forges
MUSIC-HALL ! Fiction fiction Boréal
DÉSINFORMATIONS PAR L’IMAGE Essai essai Du Rocher
CINÉMA(S) FRANÇAIS 1900-1939, POUR UN MONDE DIFFÉRENT Essai essai Séguier
LE PROGRÈS ET SES ENNEMIS Essai essai Fayard
LIBERTÉ, N° 254 Essai essai Liberté
FRONTIÈRES DE LA FICTION Essai essai Nota bene
LE THÉÂTRE BRÈCHE Essai essai Triptyque
UNE ENFANCE AFRICAINE Fiction fiction Du Rocher
LOUISE DE SINIGOLLE Fiction fiction David
CONTES TRADITIONNELS DU SAGUENAY Fiction fiction Va bene
DISPARITIONS Fiction fiction Du Rocher
VISER LES CYGNES Fiction fiction Actes Sud
L’ATLANTIQUE ET LES AMANTS Fiction fiction Seuil
LE SCÉNARISTE Fiction fiction Fayard
TRIVIALITÉS Fiction fiction Le Noroît
LE FUTUR EST DERRIÈRE NOUS Essai essai Trait d'union
LE DOCUMENTAIRE PASSE AU DIRECT Essai essai VLB
LA RÉVOLUTION TECHNIQUE Essai essai Boréal
QUELLE LANGUE PARLAIENT NOS ANCÊTRES PRÉHISTORIQUES ? Essai essai Albin Michel
ADQ VOIE SANS ISSUE Essai essai Écosociété
ÉTHIQUE DE L’INFORMATION : FONDEMENTS ET PRATIQUES AU QUÉBEC DEPUIS 1960 Essai essai Presses de l'Université de Montréal
UTOPIE.NET : LA RÉALITÉ INTERNET APRÈS LE RÊVE Essai essai MultiMondes
LE MONDE DU BLUES Essai essai 10/18
POUR EN FINIR AVEC VOS MENSONGES Essai essai Du Rocher
SUZOR-COTÉ LUMIÈRE ET MATIÈRE Essai essai L'Homme
LE SENS DES PERDANTS Essai essai José Corti
JOURNAL 1907-1927 Essai essai Varia
POP WOOH, POPOL VUH, LE LIVRE DU TEMPS Essai essai Triptyque
LE NOUVEL HOLLYWOOD Essai essai Le cherche midi
UNE AFFAIRE D’ÂME Essai essai L'étoile/Les cahiers du cinéma
LE MANGEUR DE BICYCLETTE Fiction fiction Leméac
LE CHANT DES LIMULES Fiction fiction Actes Sud
POISON VERT Fiction fiction Robert Laffont
CONTES EN COUP DE POING Fiction fiction Lanctôt
UN JARDIN ENTOURÉ DE MURAILLES Fiction fiction Boréal
LA BRÈCHE Fiction fiction Boréal
LE MAGICIEN Fiction fiction XYZ
REQUIEM POUR ALICIA Fiction fiction Libre Expression
ONE MAN SHOW Fiction fiction P.O.L
DES PREUVES DE PRÉMÉDITATION Fiction fiction Trois-Pistoles
L’AURORE Fiction fiction Les six brumes de la société secrète
OBÉISSANCE PAR LE CHAOS Fiction fiction Les Herbes rouges
UN PEU DE FATIGUE Fiction fiction Boréal
MAILLOUX Fiction fiction Le Quartanier
LA FIN DE LA LIBERTÉ Essai essai Rivages
LE SALON DES IMMORTELS Essai essai Denoël
L’ACTION FRANÇAISE ET LA VIE LITTÉRAIRE (1931-1944) Essai essai Presses Universitaires du Septentrion
LA PROBLÉMATIQUE IDENTITÉ COLLECTIVE ET LES LITTÉRATURES (IM)MIGRANTES AU QUÉBEC Essai essai Nota bene
RICTUS ROMANTIQUES Essai essai Presses de l'Université de Montréal
DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE ET HISTORIQUE DES PATRIOTES1837-1838 Essai essai Guérin
LA CAUSE DU QUÉBEC Essai essai VLB
LUCHINO VISCONTI Essai essai Durante/Bibliothèque du film
LES FICELLES DU POUVOIR Essai essai Varia
LA NOUVELLE PUISSANCE AMÉRICAINE Essai essai Fayard
CINÉMACTION N° 100 Essai essai Corlet/Télérama
CINÉMACTION N° 104 Essai essai Corlet/Télérama
CE QUE JE CROIS Essai essai Grasset
GALERIE D’ART À KÉKÉLAND Essai essai Flammarion
PREMIÈRES NATIONS ? Essai essai Septentrion
QU’EST-CE QU’UNE VIE RÉUSSIE ? Essai essai Grasset
OTTO DIX Essai essai Gallimard/Centre Pompidou
L’ÎLE DÉSERTE ET AUTRES TEXTES Essai essai Minuit
UNE AUTOBIOGRAPHIE Essai essai Du Masque
SIÈCLE Essai essai Phaidon
DE MÉMOIRE DE FEMMES Essai essai Nota bene
HÔTEL HONOLULU Fiction fiction Grasset
MEURTRES EXQUIS Fiction fiction Nil
LE JARDIN ET L’OUBLI Fiction fiction L'Harmattan
Y SONT FOUS LE GRAND MONDE ! Fiction fiction Trois-Pistoles
LES PASSAGERS ANGLAIS Fiction fiction Belfond
UN SECRET BIEN GARDÉ Fiction fiction Flammarion Québec
LA PASSAGÈRE Fiction fiction Prise de parole
EN CRABE Fiction fiction Seuil
HENNISSEMENTS Fiction fiction Prise de parole
BIENVENUE AU CLUB Fiction fiction Gallimard
LE BONHEUR SANS QUEUE NI TÊTE Fiction fiction Marchand de feuilles
LE COURTIER EN TABAC Fiction fiction Le Serpent à Plumes
LES BONHEURS D’UN HÉROS INCERTAIN Fiction fiction XYZ
LES PATRIOTES, TOME 2 Fiction fiction Fayard
RAPT Essai essai Beaumont
CETTE ÉTRANGETÉ COUTUMIÈRE Fiction fiction J'ai VU
LABYRINTHE DES SENTIMENTS Fiction fiction Stock
SÃO PAULO OU LA MORT QUI RIT Fiction fiction Hurtubise HMH
CROISÉES D’UNE ŒUVRE : HÉLÈNE CIXOUS Essai essai Galilée
ANTHOLOGIE DE TEXTES FRANÇAIS 1858-1908 Essai essai Robert Laffont
LES DEUX SŒURS Fiction fiction Lanctôt
LES AMOUREUX DE L’HÔTEL DE VILLE Fiction fiction Du Rocher
DE LA POUSSIÈRE PLEIN LES YEUX Fiction fiction Trois
L’AHURISSANT VERTIGE DE M. MAELSTRÖM Fiction fiction LanctÔt
LE JOUEUR DE FLÛTE Fiction fiction Boréal
CŒURS BRAISÉS Fiction fiction Boréal
COMME UNE PANTHÈRE NOIRE Fiction fiction Boréal
DANS LE VENTRE D’UNE HYÈNE Essai essai Leméac,Montréal/Actes Sud
QUÉBEC, VILLE DE LUMIÈRES Essai essai L'Homme
LETTRE AUX ÉVÊQUES DU QUÉBEC Essai essai Lescop
RIDICULUM VITÆ Fiction fiction Gallimard
LÀ OÙ LA MER COMMENCE Fiction fiction Robert Laffont
LE DÉGOÛT DU BONHEUR Fiction fiction Point de Fuite
LE ROMAN POLICIER EN AMÉRIQUE FRANÇAISE Essai essai Alire
L’AMÈRE PATRIE Essai essai Remue-Ménage
LE MAîTRE D’HÔTEL Fiction fiction Lanctôt
L’INFINI ET DES POUSSIÈRES Fiction fiction Julliard
ITINÉRAIRE D’UN ENFANT TRÈS GÂTÉ Essai essai Robert Laffont
ÉTHIQUE ET CONFLITS D’INTÉRÊTS Essai essai Liber
L’HARMONICA Fiction fiction Les Éditions David
J’ENTERRE MON LAPIN Fiction fiction VLB
J’AI FROID AUX YEUX Fiction fiction XYZ
L’ŒIL ET LE CŒUR Essai essai Hurtubise HMH
LE MONDE ENCHAÎNÉ Essai essai Nota bene
LE RÉCIT QUÉBÉCOIS COMME FIL D’ARIANE Essai essai Nota bene
UN TÉMOIN DE L’HOMME Essai essai L’Hexagone et Société Radio-Canada
L’URGENCE DE LA TENDRESSE Essai essai VLB
CAHIER D’ÉTÉ Fiction fiction Triptyque
LETTRE D’ÉTÉ Fiction fiction Albin Michel
LE SECRET D’HILDEGONDE Fiction fiction Vents d’Ouest
TROIS COUPLES EN QUÊTE D’ORAGES Fiction fiction Julliard
LE JOUR DE LA GOUTTE D’EAU Fiction fiction JCL
RÉCIT D’UN BRANLEUR Fiction fiction Julliard
L’ÉNIGME DE SALES LATERRIÈRE Fiction fiction Québec Amérique
DE L’ÉLOGE À L’EXCLUSION Essai essai Presses Universitaires de Vincennes
L’INTRUS Essai essai Galilée
L’ADIEU AU CORPS Essai essai Métailié
QUAND LA SCIENCE A DIT… C’EST IMPOSSIBLE Essai essai Le Pommier
L’ADIEU AU SIÈCLE Essai essai Seuil
ROGER LEMELIN, L’ENCHANTEUR Essai essai Stanké
EUCALYPTUS Fiction fiction Boréal
NORMAN BETHUNE Essai essai Boréal
ŒUVRES Essai essai Gallimard
BECH AUX ABOIS Fiction fiction Seuil
JULIE DE SAINT-LAURENT Fiction fiction Trait d'Union
JOUR SANS RETOUR Fiction fiction Autrement
LES ÉCORCHÉS Fiction fiction Grasset
MÉDÉE Fiction fiction Arléa
LE RÊVE DE CONFUCIUS Fiction fiction Albin Michel
SOUVENT LA NUIT TU TE RÉVEILLES Fiction fiction L'Hexagone
ZONES DE DOS DE BALEINES Fiction fiction Prise de parole
LE VENTRILOQUE Fiction fiction Lansman
FAUSSAIRES Fiction fiction XYZ
LA QUATRIÈME MAIN Fiction fiction Seuil
LE PORTRAIT CRACHÉ DE MON PÈRE Fiction fiction L'Hexagone
POÉSIES COMPLÈTES Fiction fiction Les Herbes rouges
C’EST LA FAUTE AU BONHEUR Fiction fiction VLB
MÉFIEZ-VOUS DES ÉCRIVAINS Fiction fiction Julliard
PENDANT LA MORT Fiction fiction Québec Amérique
FRED ET EDIE Fiction fiction Joëlle Losfeld
BIBLIQUE DES DERNIERS GESTES Fiction fiction Gallimard
L’HARMONICA DE CRISTAL Fiction fiction Seuil
IL N’Y A PLUS D’AMÉRIQUE Fiction fiction Boréal
MISTOUK Fiction fiction Boréal
RAVELSTEIN Fiction fiction Gallimard
LE JEU ULTIME Fiction fiction David
QUELQU’UN Fiction fiction XYZ
LA PROTÉINE DU DIABLE Fiction fiction Jean-Claude Lattès
UN JOUR LA SANTÉ Essai essai Boréal
L’ALPHABÉTISATION AU QUÉBEC Essai essai Septentrion
L’HERMÈS QUÉBÉCOIS Essai essai David
PRENDRE LANGUE Essai essai Trois-Pistoles
UN JEUNE HOMME EST PASSÉ Essai essai Seuil
MAURICE DUPLESSIS – LE NOBLET, LE PETIT ROI Essai essai XYZ
L’ÎLE SAINTE-HÉLÈNE Essai essai Hurtubise HMH
UNE POÉTIQUE DU DÉBRIS : RÉJEAN DUCHARME Essai essai Fides
UNE LUEUR D’ESPOIR Essai essai Du Rocher
QUAND L’UTOPIE NE DÉSARME PAS Essai essai Écosociété
ROBBE-GRILLET ROMANCIER ALCHIMISTE Essai essai L'Harmattan
SOIS RICHE ET TAIS-TOI ! Essai essai Robert Laffont
LA CONNAISSANCE DES TEXTES – LECTURE D’UN MANUSCRIT ILLISIBLE (CORRESPONDANCES) Essai essai Galilée
LA PAROLE BAROQUE Essai essai Desclée de Brouwer
CELUI PAR QUI LE SCANDALE ARRIVE Essai essai Desclée de Brouwer
100 ROMANS FRANÇAIS QU’IL FAUT LIRE Essai essai Nota bene
DES AMÉRIQUES SOLIDAIRES POUR LE DROIT À L’ÉDUCATION Essai essai Lanctôt
RALENTIR, TRAVAILLER MOINS, VIVRE MIEUX Essai essai Écosociété
LE MÉTRO DE MONTRÉAL Essai essai Hurtubise HMH
REGARDS CRITIQUES : LAROSE N’EST PAS LAROUSSE Essai essai Trois-Pistoles/Renouveau québécois
DICTIONNAIRE AMOUREUX DE L’INDE Essai essai Plon
L’ART DE LA MÉDITATION Essai essai Le Loup de Gouttière
MAHOMET, VIE DU PROPHÈTE Essai essai L'Archipel
MISÈRE DE LA PROSPÉRITÉ Essai essai Grasset
HALTE À LA PRIVATISATION : TU ME POMPES L’EAU ! Essai essai Triptyque
L’ÉTONNEMENT Essai essai Liber
AUX QUATRE COINS DU MONDE Fiction fiction Gallimard
PETITES GÉOGRAPHIES ORIENTALES Fiction fiction Marchand de feuilles
CHERCHER LE VENT Fiction fiction Boréal
LES SAINTS GÉOGRAPHES Fiction fiction Actes Sud
LE PHARMACIEN Fiction fiction L'instant même
LE RIRE DE LA MER Fiction fiction Lanctôt
L’IGUANE Fiction fiction XYZ
DES JOURS ET DES NUITS Fiction fiction Gallimard
LA PART DE L’AUTRE Fiction fiction Albin Michel
LA JOUEUSE DE GO Fiction fiction Grasset
NOS AMIS LES JOURNALISTES (ROMAN COMIQUE) Fiction fiction Nil
LA BEAUTÉ DES LOUTRES Fiction fiction Seuil
PERASMA Fiction fiction Seuil
LA BRIGANDE Fiction fiction L'instant même
J’AURAIS VOULU ÊTRE BEAU ET AUTRES CONFESSIONS Fiction fiction Triptyque Montréal
LES SOMBRES FEUX DU PASSÉ Fiction fiction L'Olivier
CÉLESTE Fiction fiction Du Rocher
L’AGUAYO Fiction fiction La courte échelle
LE SIÈGE DU MAURE Fiction fiction L'instant même
HOCHELAGA Fiction fiction Lanctôt
DOCTEUR MABUSE LE JOUEUR Fiction fiction Du Rocher
PASSION NOIRE Fiction fiction Lattés
LA SAISON DU NOYÉ Fiction fiction Flammarion Québec
TERRAE INCOGNITAE Fiction fiction Seuil/Chronicle
LA MUE DE L’HERMAPHRODITE Fiction fiction Léméac
LE FIL DE SOIE Fiction fiction Seuil
LA FILLE ADOPTIVE Fiction fiction Lanctôt
MORTES NEIGES Fiction fiction Du Bastberg
BAUDOLINO Fiction fiction Grasset
LA PETITE CANTATE Fiction fiction Hurtubise HMH
LE FILS DE JIMI Fiction fiction Boréal
LES LÈVRES OUVERTES Fiction fiction Écrits des Forges
ATLANTIDE Fiction fiction Grasset
LE MÉDECIN DE TOLÈDE Fiction fiction Phébus
L’ÉTERNITÉ N’EST PAS DE TROP Fiction fiction Albin Michel
FEUILLE D’OR SUR UN TORRENT Fiction fiction Robert Laffont
HIER Fiction fiction Québec Amérique
L’INTERPÉTATION DES SINGES Fiction fiction Stock
RESSUSCITER Fiction fiction Gallimard
LES DERNIERS ET LES PREMIERS Fiction fiction Actes Sud
VINGT-SEPT PETITS POÈMES POUR JOUER DANS L’EAU DES MOTS Fiction fiction Trois-Pistoles
SUPER-CANNES Fiction fiction Fayard
DALLAIRE Essai essai Leméac
ET DIEU EST ENTRÉ DANS LA HAVANE Essai essai Seuil
LE NOUVEL ITINÉRAIRE ESPAGNOL Essai essai Mémoire du Livre
AMÉRICANITÉ ET FRANCITÉ Essai essai Le Nordir
CRITIQUE DE LA RAISON SOCIALE Essai essai Presses de l'Université Laval
DU CÔTÉ DES HOMMES Essai essai Albin Michel
L’ÉTOFFE DE L’ART Essai essai Desclée de Brouwer
BERLIN CHANTIERS Essai essai Stock
AZNAVOUR Essai essai France-Empire
LES VOIX DU PLAIN-CHANT Essai essai Desclée de Brouwer
LA MÈCHE COURTE Essai essai L'instant même
LETTRES LUTHÉRIENNES Essai essai Seuil
LA GRAMMAIRE EST UNE CHANSON DOUCE Essai essai Stock
LA MÉMOIRE DU PAYSAGE Essai essai Presses de l'Université Laval
LA LECTURE ET SES PUBLICS À L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE Essai essai Presses universitaires de France
FREUD AU PAYS DES SOVIETS Essai essai Les empêcheurs de penser en rond
PRÉSENCE DE GEORGES HYVERNAUD Essai essai Presses universitaires de Reims
BENJAMIN SULTE Essai essai Lidec
L’EXPÉRIENCE DE LA LECTURE T. II Essai essai Galilée
ÉCRIRE UNE CHANSON Essai essai Québec Amérique
LE QUÉBEC VU DU CIEL AU RYTHME DES SAISONS Essai essai L'Homme
LA VRAIE VIE Essai essai Lanctôt
L’ÉCHELLE DES ANGES, UN ART DE PENSER Essai essai Le Relié
L’AVENIR N’EST PAS ÉCRIT Essai essai Bayard
FOLLES DE LA POLITIQUE ! Essai essai Septembre
LA GAUCHE À L’AUBE DU XXIe SIÈCLE Essai essai Lanctôt
LA VIE QUOTIDIENNE DANS LA VALLÉE DU SAINT-LAURENT 1790-1835 Essai essai Septentrion
DIS-MOI CE QUE TU TROUVES BEAU Essai essai Trois-Pistoles
L’ÉCRITURE : DU PREMIER JET AU CHEF-D’ŒUVRE Essai essai Le Souffle d'Or
À DISTANCE – NEUF ESSAIS SUR LE POINT DE VUE EN HISTOIRE Essai essai Gallimard
MÉMOIRES D’ENFANCE Essai essai Trois-Pistoles
LE CHOC DU NUMÉRIQUE Essai essai VLB
LE SYMBOLE – UN MESSAGER Essai essai Médiaspaul
JÉRÔME LINDON Essai essai Minuit
LE SECRET DE RADISSON Essai essai Lanctôt
DE QUOI DEMAIN… Essai essai Galilée
LABORATOIRE DE CATASTROPHE GÉNÉRALE Essai essai Gallimard
JACQUES ROUSSEAU Essai essai XYZ
LE JÉSUITE DE CRISTAL Essai essai Varia
RECTANGLE MULTIPLE Essai essai Mémoire du Livre
SAINT-DENYS GARNEAU, FERRON, DUCHARME Essai essai Presses de l'Université de Montréal
FRONT DE LIBÉRATION DE L’OREILLE ET AUTRES CONSIDÉRATIONS Essai essai Le grand miroir
MONDIALISATION ET IDENTITÉ Essai essai Du Gref
MONDES REBELLES Essai essai Michalon
LA DÉSERTION Fiction fiction L'instant même
L’HOMME QUI ENTENDAIT SIFFLER UNE BOUILLOIRE Fiction fiction Leméac
CATOBLÉPAS Fiction fiction Boréal
SOURIRES DE LOUP Fiction fiction Gallimard
ALI LE MAGNIFIQUE Fiction fiction Denoël
TSUBAME Fiction fiction Leméac
NOTRE SANG QUOTIDIEN Fiction fiction Flammarion
MONSIEUR IBRAHIM ET LES FLEURS DU CORAN Fiction fiction Albin Michel
POÈMES ET PROSES (1925-1940) Fiction fiction De l'Outarde
RETOUR À CORÉZY Fiction fiction Hurtubise HMH
CHOIX DE NOUVELLES ET DE CONTES Fiction fiction David
LA CAVERNE DE MONTÉSINOS Fiction fiction Nota bene
J’AI ÉPOUSÉ UN COMMUNISTE Fiction fiction Gallimard
LES AMANTS DE LA PLEINE LUNE Fiction fiction Belfond
LA REPRISE Fiction fiction Minuit
L’ARGENT DU MONDE T. I et T.II Fiction fiction Alire
LES MÊMES PAS Fiction fiction Le Noroît
LA PETITE BIJOU Fiction fiction Gallimard
LES MORTS DE LA SAINT-JEAN Fiction fiction Seuil
LA FILLE DU BRIGAND Fiction fiction Nota bene
LA CONSTANCE DU JARDINIER Fiction fiction Seuil
TORONTO, JE T’AIME Fiction fiction Vermillon
BELLA MAFIA Fiction fiction Du Masque
LE VIOLON DU FOU Fiction fiction Actes Sud
L’ÉCRIVAIN Fiction fiction Julliard
CHANTS DE CORAIL ET D’ARGENT Fiction fiction Robert Laffont
TRANSIT Fiction fiction Vents d'Ouest
UN DIEU FANTÔME Fiction fiction Trois
LES AVENTURES DE SIVIS PACEM ET DE PARA BELLUM Fiction fiction BQ
JE NE SAIS PAS VIVRE Fiction fiction Vents d'Ouest
VOYEZ COMME ON DANSE Fiction fiction Robert Laffont
AFIN QUE PERSONNE NE PUISSE NOUS FAIRE DE MAL Fiction fiction Stanké
GABRIELLE AU BOIS DORMANT Fiction fiction Trois
UN FIN PASSAGE Fiction fiction Boréal
UN AMOUR COULEUR MYRTILLES Fiction fiction Robert Laffont
CONTES SUDBUROIS Fiction fiction Prise de parole
LE DÉMON ET MADEMOISELLE PRYM Fiction fiction CarriÈre
LE DÉMON FAMILIER Fiction fiction L'Oie de Cravan
LE PIRATE DE L’IMAGINAIRE Fiction fiction JCL
DÉCALÉ Fiction fiction Julliard
UN VISAGE POUR COMMENCER Fiction fiction écrits des Forges
UNE NUIT À L’HOTEL Fiction fiction Québec Amérique
LA CONJURATION Fiction fiction Grasset
LE TUEUR AVEUGLE Fiction fiction Robert Laffont
PUTAIN Fiction fiction Seuil
LA VILLA DES MYSTÈRES Fiction fiction Métailié,Paris
PORTRAIT SÉPIA Fiction fiction Grasset & Fasquelle
LES HASARDS NÉCESSAIRES Essai essai L'Homme
L’IMMIGRATION DES BELGES AU QUÉBEC Essai essai Septentrion
MAURICE BARRÈS Essai essai Flammarion
ANDRÉ MALRAUX, UNE VIE Essai essai Gallimard
DE VRAIS GARS Essai essai Ada
OLIVAR ASSELIN ET SON TEMPS Essai essai Fides
QUÉBEC, LES IMAGES TÉMOIGNENT Essai essai Sylvain Harvey/Commission de la Capitale nationale
L’IMPATIENT Essai essai Flammarion Québec
BRASSENS AVANT BRASSENS Essai essai L'Archipel
LA VIE SEXUELLE DE CATHERINE M. Essai essai Seuil
L’HUMOUR ADO Essai essai Triptyque
JAMAIS DE LA VIE Essai essai Du Passage
LES PENSEURS DE FER Essai essai Trait d'Union
UTOPIA Essai essai Presses de l'Université Laval
CANTIQUE DES PLAINES DE NANCY HUSTON Essai essai Leméac
HISTOIRE DU QUÉBEC Essai essai Henri Rivard
ÉCRITURE Essai essai Albin Michel
LÉGENDES DE CATHERINE M. Essai essai Denoël
LES COQUILLAGES DE LÉONARD Essai essai Seuil
RENÉ LÉVESQUE T. 3 Essai essai Boréal
L’INSTINCT DU RÉCIT Essai essai Bellarmin
MARY TRAVERS BOLDUC Essai essai XYZ
JACQUES PARIZEAU Essai essai Québec Amérique
LE RUSSIONNAIRE Essai essai MultiMondes
DU MERCURE SOUS LA LANGUE Fiction fiction Les Allusifs
LA FILLE DE L’ÉCRIVAIN Fiction fiction Grasset
MA VIE ASSASSINÉE Fiction fiction JCL
ROUGE BRÉSIL Fiction fiction Gallimard
MEURTRE SUR LE CAMPUS Fiction fiction JCL
UNE LETTRE AU BOUT DU MONDE Fiction fiction Perce-Neige
EXISTER Fiction fiction Le Nordir
ÊTRE, AIMER, TUER Fiction fiction L'Hexagone
BABEL RAGE Fiction fiction Trois
COSMÉTIQUE DE L’ENNEMI Fiction fiction Albin Michel
LE GRAND ROMAN DE FLEMMAR Fiction fiction Québec Amérique
NOIR DEVANT Fiction fiction Seghers
MANIFESTIF Fiction fiction Coronet liv
LE BONHOMME Fiction fiction JCL
LES YEUX DU PÈRE Fiction fiction VLB
SALTIMBANQUES Fiction fiction XYZ
DIGNE DE CE NOM Fiction fiction Entrelacs 11
PLATEFORME Fiction fiction Flammarion
LA MAISON HARKONNEN Fiction fiction Robert Laffont
LE FANTÔME DE MANHATTAN Fiction fiction L'Archipel
MORCEAUX DE CIEL, PRESQUE RIEN Fiction fiction Gallimard
BLEU COMME UN FEU Fiction fiction Prise de parole
L’ENVERS DU DÉCOR Fiction fiction Septentrion
CÉLANIRE COU-COUPÉ Fiction fiction Robert Laffont
EXIT, N° 22 Fiction fiction Gaz Moutarde
CONTRE CHANTS Fiction fiction Gallimard
L’ENFANT QUI VOULAIT VOIR L’AFRIQUE Fiction fiction L'Archipel
LES VIEUX NE COURENT PAS LES RUES Fiction fiction Boréal
CHIEN BLÊME Fiction fiction Seuil
LA LETTRE D’ÉGYPTE Fiction fiction Pierre Tisseyre
OÙ VA LE QUÉBEC ? Essai essai Éditions du CIDIHCA
DE LA LIBRE CONTRACTUALISATION À LA NÉGOCIATION FACTICE Essai essai Nota bene
WAGNER Essai essai Bellarmin
LE MONTRÉAL JUIF ENTRE LES DEUX GUERRES Essai essai Septentrion
LE SOURIRE D’ANTON OU L’ADIEU AU ROMAN Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LA VALEUR DE LA VIE HUMAINE EN RUSSIE Essai essai Presses de l'Université Laval
ALLÉGEANCES ET DÉPENDANCES Essai essai Nota bene
LE VOYAGE EN SCANDINAVIE Essai essai Robert Laffont
L’HERMÉNEUTIQUE DU SUJET Essai essai Gallimard/Seuil
CÉLINE SECRET Essai essai Grasset
L’EFFET MOZART SUR LES ENFANTS Essai essai Le Jour
L’ÉTHIQUE DANS LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION Essai essai Presses de l'Université Laval
À CE SOIR Essai essai Gallimard
LES SILENCES IMMOBILES Fiction fiction Des Plaines
DES PETITS FRUITS ROUGES Fiction fiction XYZ
UN VISAGE À LA BOTTICELLI Fiction fiction Les Herbes rouges
MADEMOISELLE J.-J. Fiction fiction Stanké
MAISON DE JOUR, MAISON DE NUIT Fiction fiction Robert Laffont
LE MANGEUR DE PIERRES Fiction fiction Québec Amérique
LE RU D’IKOUÉ Fiction fiction BQ
AMOURS EN FUITE Fiction fiction Gallimard
LES HOMMES SONT DES PETITS POUCETS Fiction fiction Du Rocher
MES JOURS SONT VOS HEURES Fiction fiction Triptyque
LA MAISON DU COTEAU Fiction fiction De la Huit
AUTRES ARPENTS Fiction fiction La Table Ronde
ROMAN DE RENART Fiction fiction Libre Expression
LE RAVISSEMENT Fiction fiction L'instant même
UNE VOIX DANS LA NUIT Fiction fiction L'Olivier
COLÈRE Fiction fiction Albin Michel
LA FORTUNE DES ARMES T. III Fiction fiction Nil
CONTES PAR-CI PAR-LÀ Fiction fiction Fides
RUELLE OCÉAN Fiction fiction Boréal
LE NOMBRIL DES AVEUGLES Fiction fiction Triptyque
À TOUT HASARD Fiction fiction Éditions d'art Le Sabord
L’ÂGE DE SABLE Fiction fiction Robert Lafond
L’AFFAIRE DU LIEUTENANT SCOTT Fiction fiction Presses de la Cité
SITUATIONS DÉLICATES Fiction fiction Flammarion
ROUGE, MÈRE ET FILS Fiction fiction Seuil
LES OISEAUX DE SAINT-JOHN PERSE Fiction fiction Bibliothèque Québécoise
LA CORRESPONDANTE Fiction fiction Flammarion
DE L’ESPRIT CHEZ LES ABRUTIS Fiction fiction Robert Laffont
CLINS D’ŒIL À ROMAIN GARY Fiction fiction Trois-Pistoles
BYE-BYE, BÉBÉ Fiction fiction L'instant même
LES PATRIOTES, TOME 3 Fiction fiction Fayard
DES ANNÉES DES MOIS DES JOURS Fiction fiction Stock
LE VERGER DE PIERRES Fiction fiction Point de fuite
AMERICAN RHAPSODY Fiction fiction Albin Michel
SE PERDRE Fiction fiction Gallimard
RETOUR À MONTECHIARRO Fiction fiction Fayard
PIRANHA Fiction fiction L'Archipel
BODY ART Fiction fiction Actes Sud
LA SIESTE ASSASINÉE Fiction fiction Gallimard
NOUS SOMMES EN ALARME Fiction fiction Le Noroît
BRUTUS Fiction fiction Albin Michel
LA MÉMOIRE DU LAC Fiction fiction Alire
L’APPARITION Fiction fiction Albin Michel
DES AILES AU CŒUR Fiction fiction Libre Expression
LE SOURIRE DE LAELIA Fiction fiction JCL
LE DOCTEUR EST MALADE Fiction fiction Le cherche midi
TRÉPANÉS Fiction fiction L'Effet pourpre
À CAUSE DU TRAIN Fiction fiction JCL
CONTES D’ASPHALTE Fiction fiction JCL
LE NAVIGATEUR SOLITAIRE SUR LA MER DES MOTS Fiction fiction Isabelle Quentin
POUR EN FINIR AVEC OCTOBRE Essai essai Comeau & Nadeau/Agone
LE MORT QU’IL FAUT Essai essai Gallimard
LE LIVRE UNIQUE DE L’ASTROLOGIE Essai essai Nil
LA PRISON DE GLACE Essai essai Albin Michel
PASSER À L’AVENIR Essai essai Boréal
CONTES ET COMPTES DU PROF LAUZON Essai essai Lanctôt
L’ENTRETIEN DU DÉSESPOIR Essai essai Les Herbes rouges
LES RITUELS DE L’ABSOLU Essai essai David
JE SUIS FATIGUÉ Essai essai LanctÔt
ROMANS DE LA LECTURE, LECTURE DU ROMAN Essai essai Nota bene
JOUER AVEC LE FEU Essai essai LanctÔt
LES VOYAGES DE MARCO POLO Essai essai Presses de l'Université de Montréal
VICTOR BARBEAU Essai essai L'Hexagone
LE DÉCLIN DU FÉDÉRALISME CANADIEN Essai essai VLB
QUEL CANADA POUR LES AUTOCHTONES ? Essai essai Boréal
LOUIS-PHILIPPE HÉBERT Essai essai Musée du Québec/Musée des Beaux-Arts de Montréal
L’UTOPIE OU LA MÉMOIRE DU FUTUR Essai essai Robert Laffont
NI PRÉCIEUX NI RIDICULES Essai essai Alexandre Stanké
CORRESPONDANCE 1917-1944 Essai essai Paris-Méditerranée/écritsdes Hautes-Terres
DU PIPI, DU GASPILLAGE ET SEPT AUTRES LIEUX COMMUNS Essai essai Boréal
REVUE DIALOGUE, VOL. 39 : HEGEL Essai essai Wilfrid Laurier University Press
LA MAISON AU BORD DE LA MER Fiction fiction Alire
L’AMI DE MON PÈRE Fiction fiction Seuil
LE PIED DE MON PÈRE Fiction fiction Gallimard
SOLITUDES Fiction fiction Seuil
QUATUOR Fiction fiction Grasset et Fasquelle
HÔTEL WESTMINSTER Fiction fiction Lanctôt
INGRID CAVEN Fiction fiction Gallimard
LA JOUISSANCE DU LOUP À L’INSTANT DE MORDRE Fiction fiction Varia
L’ENVIE Fiction fiction Boréal
IL NEIGEAIT Fiction fiction Grasset
HÔTEL IRIS Fiction fiction Actes Sud
LE PORTRAIT DE JENNIE Fiction fiction Joëlle Losfeld
UN JARDIN DANS LA NUIT Fiction fiction Boréal
VALIUM Fiction fiction XYZ
LA FORTUNE DES ARMES T. I Fiction fiction Nil
RÉSURGENCE Fiction fiction Éditions Anne Carrière
LA MUSIQUE D’UNE VIE Fiction fiction Seuil
LE PETIT LALONDE Fiction fiction Lanctôt
LA LUNE ROUGE Fiction fiction La courte échelle
LE TOUT EST DE NE PAS LE DIRE Fiction fiction Triptyque
DACNOMANIE Fiction fiction Lanctôt
RENCONTRE AVEC UN JEUNE TURC Fiction fiction Stanké
UN TOUR SUR LE BOLID Fiction fiction Le Livre de Poche
CHRONIQUES ABYSSINIENNES Fiction fiction Albin Michel
LIMBES/LIMBO Fiction fiction Leméac/Actes Sud
VISAGES DE L’AUBE Fiction fiction Acte Sud/Leméac
DOLCE AGONIA Fiction fiction Leméac/Actes Sud
LES JARDINS DE BOMARZO Fiction fiction Seuil
CONFIDENCES D’UNE ENTREMETTEUSE Fiction fiction VLB
VENT DE FLIBUSTE Fiction fiction Libre Expression
LE CHROMOSOME Y Fiction fiction Alire
CHEMIN DE TRAVERSE Fiction fiction VLB
LES PATRIOTES, TOME 1 Fiction fiction Fayard
MARIE MIRAGE Fiction fiction Remue-Ménage
LE ROI Fiction fiction Mémoire du Livre
QUATRE VOYAGEURS Fiction fiction Seuil
PILGRIM Fiction fiction Le Serpent À Plumes
L’EMBRASSEUSE Fiction fiction Carte blanche
LE COUREUR DE FROID Fiction fiction XYZ
SERPENT Fiction fiction Grasset
PROMENEUR DE VILLES, PROMENEUR DE VIES Fiction fiction Terres fauves
MAUVAIS SANGS Fiction fiction Flammarion
L’ENFANT DE LA MONTAGNE NOIRE Fiction fiction L'Archipel
QUAND EST-CE QU’ON ARRIVE ? Fiction fiction L'Olivier
MESSE GRISE OU LA FESSE CACHÉE DU BON DIEU Fiction fiction David
LE CERF-VOLANT Fiction fiction Trait d'Union
LES IMMORTELS DE MATHIJSEN Fiction fiction Humanitas
LE MASQUE DE LA BÊTE Fiction fiction Du Masque
DES TOQUADES D’HOMME Fiction fiction Des Plaines
BOUSCOTTE Fiction fiction Trois-Pistoles
L’ANGE SUR LE TOIT Fiction fiction Actes Sud
DIABOLUS IN MUSICA Fiction fiction Grasset
UN FLEUVE DE TÉNÈBRES Fiction fiction De Fallois
LA RÉPUDIÉE Fiction fiction Albin Michel
AU NOM DE DIEU ET DU PROFIT Essai essai Nota bene
PROPAGANDES SILENCIEUSES Essai essai Galilée
JEAN-LOUIS MILLETTE Essai essai éditions Trois-Pistoles et Radio-Canada
LA VÉRITABLE HISTOIRE DE MOBY DICK Essai essai Lattès
TRAVERSÉES-LETTRES Essai essai Le Nordir
LA PETITE VIE Essai essai XYZ
VÉRA NABOKOV Essai essai Grasset
LENNON Essai essai L'Archipel
LE NOMADE IMMOBILE Essai essai Arléa
LA MISE AU SILENCE Essai essai Champ Vallon
JUGER ET PUNIR EN NOUVELLE-FRANCE Essai essai Libre Expression
LE BONIMENTEUR DE VUES ANIMÉES Essai essai Nota bene/Méridiens Klincksieck
LES CELTES Essai essai Robert Laffont
LE SAINT-LAURENT : BEAUTÉS SAUVAGES DU GRAND FLEUVE Essai essai De L'Homme
ROMAN ET RÉCIT DE VOYAGE Essai essai Presses de l'Université de Paris-Sorbonne
LE DON, LA DETTE ET L’IDENTITÉ Essai essai Boréal
LIRE POUR VIVRE Essai essai Robert Laffont
VOYAGE À TRAVERS JULES VERNE Essai essai Stanké
LE TOUCHER Essai essai Galilée
LES DÉFIS DE L’UNIVERSITÉ AU QUÉBEC Essai essai VLB
PAUL GADENNE Essai essai L'Harmattan
GIRAFES ET FOURMIS VERTES Essai essai La maison des roches
LE NOUVEL HUMANISME MILITAIRE Essai essai écosociété,Montréal
LA BROUETTE ET LES DEUX ORPHELINES Essai essai Ivan Davy/Deleatur
LE CULTE DE L’INTERNET, UNE MENACE POUR LE LIEN SOCIAL ? Essai essai La Découverte
L’ÉNIGMATIQUE MACKENZIE KING Essai essai L'interligne
CINÉMACTION, N° 96 Essai essai Corlet et Télérama
LETTRE À MES FILS QUI NE VERRONT JAMAIS LA YOUGOSLAVIE Essai essai Leméac
GUERRE DES GERMES Essai essai Libre Expression
CHER PREMIER AMOUR Fiction fiction Leméac/Actes Sud
OÙ QUE VOUS SOYEZ Fiction fiction L'Hexagone
ANGLE D’ÉQUILIBRE Fiction fiction Phébus
LA GUERRE DES RATS Fiction fiction Libre Expression
L’ORIGINE DU MONDE Fiction fiction Actes Sud
RÉCITS D’AMOUR ET DE CHEVALERIE XIIe-XVe SIÈCLE Fiction fiction Robert Laffont
ZEYN OU LA RECONQUÊTE Fiction fiction Julliard
AU-DELÀ DES MURS Fiction fiction Le Loup de Gouttière
L’ODEUR DES PIVOINES Fiction fiction La courte échelle
VISITEUR DU SOIR Fiction fiction Flammarion
BLACK Fiction fiction Libre Expression
AMÉRIQUES Fiction fiction L'Hexagone
CŒUR BRÛLÉ ET AUTRES ROMANCES Fiction fiction Gallimard
LES INTÉGRALES DE MAURICE LEBLANC Fiction fiction Hachette
MUSC Fiction fiction Albin Michel
LANZAROTE Fiction fiction Flammarion
BIRDMAN Fiction fiction Presses de la Cité
MAYA Fiction fiction Seuil
LA CONVERSATION AMOUREUSE Fiction fiction Actes Sud
MILLE FEMMES BLANCHES Fiction fiction Le Cherche midi
GLAMORAMA Fiction fiction Robert Laffont Paris
ANTHOLOGIE DE LA POÉSIE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE, VOL. 1 Fiction fiction Gallimard
UN DIMANCHE À LA PISCINE À KIGALI Fiction fiction Boréal
NÉBULOSITÉ CROISSANTE EN FIN DE JOURNÉE Fiction fiction Alire
DÉCOUVREUR DE MOTS Fiction fiction L’instant même/Musée de la civilisation
CHAMBRES DE FEMMES Fiction fiction L’Hexagone
LE RETOUR DE LITTLE BIG MAN Fiction fiction Du Rocher
NICOLAS DE CUES Fiction fiction L’Hexagone
TOXIQUES Fiction fiction Hurtubise HMH
COURIR À SA PERTE Fiction fiction Boréal
QUITTER LA VILLE Fiction fiction Stock
PETIT MANUEL DE SURVIE Essai essai Flammarion
LA NATION BÂILLONNÉE Essai essai VLB
L’IMPOSTURE NÉOLIBÉRALE Essai essai Écosociété
L’ÂGE DE L’ACCÈS Essai essai Boréal
LA DÉRAISON NATIONALISTE Essai essai L'Interligne
PHYSICIEN ET NATURALISTE Essai essai Guérin
AU TOMBEAU DES SECRETS Essai essai Albin Michel
HISTOIRE SOCIALE DES IDÉES AU QUÉBEC 1760-1896 Essai essai Fides
LECTURES D’UN PERSONNAGE Essai essai Triptyque
JEUNESSE ET GENÈSE SUIVI DE LECTURE DU TOMBEAU DES ROIS Essai essai L’instant même
ET DIEU DIT : QUE DARWIN SOIT ! Essai essai Seuil
LA GLOBALISATION DU MONDE Essai essai Écosociété
ONASSIS ET LA CALLAS Essai essai Robert Laffont
À L’OMBRE DE LA LITTÉRATURE Essai essai XYZ
LETTRES POUR UN AUTRE SIÈCLE Essai essai Stanké
ENTRE FEMMES ET JEUNES FILLES Essai essai Remue-ménage
LE TEMPS DE LA PAROLE Essai essai La Lettre volée
DES TOITS SUR NOS RIVIÈRES Essai essai Hurtubise HMH
MONTRÉAL Essai essai HMH Hurtubise
POUR VIVRE DEBOUT Essai essai Médiaspaul
À LA DÉFENSE DE MONTFORT Essai essai Le Nordir
ŒUVRES COMPLÈTES, T. 30 Essai essai Éditions Trois-Pistoles
L’ANNÉE FRANCOPHONE INTERNATIONALE 2001 Essai essai AFI/Université Laval
CHEVAUCHÉE AVEC LE DIABLE Fiction fiction Rivages
NI CHAUD NI FROID Fiction fiction Stock
À LA CROISÉE DES CHEMINS Fiction fiction JCL
LE PLACARD Fiction fiction Varia
UN PROSATEUR À NEW YORK Fiction fiction Leméac/Actes Sud
CIRCUS Fiction fiction Éditions du Rocher
NOIR COMME LE SOUVENIR Fiction fiction Libre Expression
OTTAWA, P.Q. Fiction fiction Vermillon
ÉCRITS DE LA BASTILLE Fiction fiction Trait d'union
TERRE ET CENDRES Fiction fiction P.O.L
TERRASSE À ROME Fiction fiction Gallimard
L’HOMME TRAFIQUÉ Fiction fiction Alire
LE PARAVENT CHINOIS Fiction fiction De la Paix
STILL TIRS GROUPÉS Fiction fiction L’instant même
CAFÉ PRAGUE ET AUTRES RÉCITS DE VOYAGE Fiction fiction Humanitas
QUAND TU SERAS À PROUST, LA GUERRE SERA FINIE Fiction fiction Leméac/Actes Sud
LE DONNEUR UNIVERSEL Fiction fiction Albin Michel
MÉTAPHYSIQUE DES TUBES Fiction fiction Albin Michel
LA FAMILLE GRENOUILLE Fiction fiction Québec Amérique
ARTHUR BUIES, CHEVALIER ERRANT Fiction fiction Nota bene/Société Radio-Canada
ŒUVRES POÉTIQUES COMPLÈTES Fiction fiction Presses de l'Université de Montréal
LE MUSICOS Fiction fiction Flammarion
LA CONQUÊTE GAULOISE Fiction fiction L’Archipel
DEUILS CANNIBALES ET MÉLANCOLIQUES Fiction fiction Trois
LE CRI DES COQUILLAGES Fiction fiction L’instant même
DANS CES BRAS-LÀ Fiction fiction P.O.L
LA TIERCE PERSONNE Fiction fiction L’instant même
LES OISEAUX DE VERRE Fiction fiction La courte échelle
LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON Fiction fiction Albin Michel
LE SILENCE DES SURVIVANTS Fiction fiction Du Masque
PAR UNE NUIT OBSCURE JE SORTIS DE MA MAISON TRANQUILLE Fiction fiction Gallimard
À L’EST DES MONTAGNES Fiction fiction Seuil
SALUT GALARNEAU ! Fiction fiction Fides
LAURIER BLANC Fiction fiction Albin Michel
OUBLIEZ ADAM WEINBERGER Fiction fiction L'instant même
PORTRAITS DE MERS Fiction fiction Clepsydre/La Différence
LE VIEIL HOMME RANGÉ Fiction fiction Lansman
LE DÉSERT ROSE Fiction fiction Stanké
INLANDSIS Fiction fiction Triptyque
JÉSUS AU BÛCHER Fiction fiction Seuil
LE CAVALIER DU BAÏKAL Fiction fiction Albin Michel
PAULO Fiction fiction Trait d’union
NOUVELLES FRANÇAISES DU XVIIe SIÈCLE Fiction fiction L’instant même
AVEC LES DAMNÉS Fiction fiction Grasset
VISIONS FUGITIVES Fiction fiction Seuil
LE TRAVERSIER Fiction fiction L'instant même
DES LARMES MÊLÉES DE CENDRES Fiction fiction Stanké
LE ROI DES ORTIES Fiction fiction Robert Laffont
SANTA FÉ Fiction fiction Grasset
PATRIE INTIME ET AUTRES POÈMES Fiction fiction Les herbes rouges
EAU LOURDE ET AUTRES NOUVELLES Fiction fiction Gallimard
FILLE DU DESTIN Fiction fiction Grasset
LE FOU ET LE PROFESSEUR Essai essai Lattès
L’HUMANITÉ IMPROVISÉE Essai essai Bellarmin
MARIAN DALE SCOTT, PIONNIÈRE DE L’ART MODERNE Essai essai Musée du Québec
LA TOUR DES ANGES Essai essai Robert Laffont
DE LA MONSTRUOSITÉ EXPRESSION DES PASSIONS Essai essai L’instant même
THÉORIE DU CORPS AMOUREUX POUR UNE ÉROTIQUE SOLAIRE Essai essai Grasset
DERRIDA ET LA THÉOLOGIE Essai essai Médiaspaul/Cerf
LE SECRET DE JOE GOULD Essai essai Calmann-Lévy
LA SANTÉ DES TRAVAILLEUSES Essai essai Remue-ménage/Octarès
LA FOLLE VIE DE WOODY ALLEN Essai essai Lattès
LA REINE VICTORIA Essai essai Fayard
HUMMOCKS T. I ET T. II Essai essai Plon
L’UTOPIE DES DROITS UNIVERSELS Essai essai Écosociété
ET L’HOMME DANS TOUT ÇA ? Essai essai Nil
TRAJECTOIRES AU FÉMININ DANS LA LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE (1960-1990) Essai essai Nota bene
KIERKEGAARD Essai essai Desclée de Brouwer
ÉCRIRE LE VOYAGE AU XVIe SIÈCLE EN FRANCE Essai essai Presses universitaires de France
CONTES, CHRONIQUES, CRITIQUES Essai essai Guérin
PRODUIRE LA CULTURE, PRODUIRE L’IDENTITÉ ? Essai essai Les Presses de l’Université Laval
CINQ QUESTIONS DE MORALE Essai essai Grasset
LA PSYCHOSOMATIQUE QUAND LE CORPS PARLE À L’ESPRIT Essai essai Médiaspaul
LE THÉÂTRE DES OPÉRATIONS Essai essai Gallimard
LA BEAUTÉ Essai essai Desclée de Brouwer/Presses littéraires et artistiques de Shanghai
UN POÈTE EN POLITIQUE Essai essai L’Hexagone
LA CULTURE EXPLIQUÉE À MA FILLE Essai essai Seuil
CORRESPONDANCE DE BEIJING 1991-1997 Essai essai XYZ
LES SALONS DE MARGUERITE DE NAVARRE (1492-1549) À SUZANNE NECKER (1740-1794) Essai essai La Plume d’Oie
CORNELIUS KRIEGHOFF Essai essai Musée du Québec
LE MAL RUSSE Essai essai L’Archipel
LA MOSAIQUE HUMAINE Essai essai Calmann-Lévy
SAVOUREUSES EXPRESSIONS QUÉBÉCOISES Essai essai Du Rocher
LE PAYS RÉEL SACRIFIÉ Essai essai Nota bene
FEMME ! Essai essai Robert Laffont
LA BARAKA Essai essai Varia
LA DERNIÈRE ANNÉE Fiction fiction Gallimard
L’ÉDUCATION D’UNE FÉE Fiction fiction Albin Michel
LES ONZE FILS Fiction fiction Triptyque
AUTOPORTRAIT (À L’ÉTRANGER) Fiction fiction Minuit
Balzac et la Petite Tailleuse chinoise Fiction fiction Gallimard
À TUE-TÊTE Fiction fiction L'Interligne
SÉPARATIONS Fiction fiction Albin Michel
LE SOURIRE AUX LÈVRES Fiction fiction Albin Michel
LA TERRE SOUS SES PIEDS Fiction fiction Plon
LES BOURGEOIS DE MINERVE Fiction fiction Québec Amérique
LE ZOO DE BERLIN Fiction fiction Boréal
LA NUIT FAIT SEMBLANT DE MOURIR Fiction fiction Le Loup de Gouttière
L’AMOUR IMPUNI Fiction fiction L’instant même
LE PÉRIPLE DE BALDASSARE Fiction fiction Grasset
AUX QUATRE VENTS Fiction fiction Leméac
MEURTRES À LA SAUCE TOMATE Fiction fiction Vents d’Ouest
L’AFFAIRE SOUGRAINE Fiction fiction De la Huit
CONTES ET LÉGENDES DU QUÉBEC Fiction fiction Nathan
XX (HECHO EN MEXICO) Fiction fiction Éditions Déesse/La Charrue par les cornes éditeur
DES NOUVELLES D’AMIS TRÈS CHERS Fiction fiction Boréal
LE CRI DES OISEAUX FOUS Fiction fiction Lanctôt éditeur
BORDELINE Fiction fiction Boréal
AU PARADIS DES FOUS Fiction fiction Gallimard
VIVRE AU NOIR EN PAYS BLANC Fiction fiction Vents d’Ouest
CONTES DE JOS VIOLON Fiction fiction Guérin
DANS L’OMBRE Fiction fiction Rivages
UN SANG INNOCENT Fiction fiction Lattès
LA GRIFFE DU SUD Fiction fiction Calmann-Lévy
LE FLIRT DE L’ANARCHISTE Fiction fiction Perce-Neige
SOINS INTENSIFS Fiction fiction La courte échelle
L’ANNÉE DE LA BALEINE Fiction fiction Québec Amérique
TOUT LE MONDE EST OCCUPÉ Fiction fiction Mercure de France
ÉCLATS DE FEMMES Fiction fiction La Pleine Lune
ÊTRE FEMMES Fiction fiction Le Temps des Cerises/Les Écrits des Forges
MURMURES D’AVANT-PLUIE Fiction fiction Le Loup de Gouttière
FUROR POR MÉXICO Fiction fiction Écrits des Forges/Editorial Aldus
LE GOÛT DU VOYAGE Fiction fiction Noir sur Blanc
JONAS ET LE CAS JONAS Fiction fiction Flammarion
L’ENFANT, LA PSYCHÉ ET LE CORPS Essai essai Payot
L’UNICITÉ DU SAVOIR Essai essai Robert Laffont
À VÉLO JUSQU’AU CIEL Essai essai JCL
L’ŒIL DE PROUST Essai essai Stock
VARIATIONS SUR L’INFLUENCE CULTURELLE AMÉRICAINE Essai essai Presses de l’Université Laval,Sainte-Foy
LA MAISON DE RÊVE Essai essai VLB/l'Hexagone
VOYAGE AU PAYS DU CINÉMA Essai essai Les herbes rouges
POURQUOI LA PSYCHANALYSE ? Essai essai Fayard
DE L’UNE À L’AUTRE, LE FIL DE L’HISTOIRE Essai essai L'Intersyndicale des femmes/Remue-ménage/Le parloir
VOYAGES DE DÉCOUVERTES EN AFRIQUE ANTHOLOGIE 1790-1890 Essai essai Robert Laffont
LES OISEAUX DE MALHEUR Essai essai VLB
LA GAUCHE A-T-ELLE UN AVENIR ? Essai essai Nota bene
À DÉFAUT DE GÉNIE Essai essai Gallimard
LES AMANTS DE LA LIBERTÉ Essai essai Éditions 1
POÉTIQUE DU TRADUIRE Essai essai Verdier
LA « PAX AMERICANA » EN AFRIQUE DES GRANDS LACS Essai essai Vents d’Ouest
LE LECTEUR DE POÈMES Essai essai Boréal
DANS LA FORÊT DU MIROIR Essai essai Actes Sud/Leméac
CONVOYAGES ESSAIS CRITIQUES Essai essai David
HEUREUX COMME UN ROI Essai essai De l’Homme
CONVERSATIONS AUX CHAMPS ÉLYSÉES Essai essai Phébus
MANIFESTE POUR L’HUMANITÉ Essai essai Lanctôt éditeur
LES ALIMENTS TRAFIQUÉS Essai essai Écosociété
LA MORT DU ROI. ESSAI D’ETHNOGRAPHIE POLITIQUE COMPARÉE Essai essai Gallimard
L’ADULTÈRE AU FÉMININ ET SON ROMAN Essai essai Armand Colin
LES CAHIERS D’ANNE HÉBERT Nº 1 Essai essai Fides/Université de Sherbrooke
LE VOYAGE EN POT Essai essai Boréal
UNE ÉTRANGE DICTATURE Essai essai Fayard
BIBLE ET PSYCHANALYSE, SŒURS ENNEMIES ? Essai essai Triptyque
CHAIR ET MÉTAL Essai essai VLB
LA NOUVELLE IGNORANCE ET LE PROBLÈME DE LA CULTURE Essai essai Presses universitaires de France
JACQUES PRÉVERT Essai essai Gallimard
SUR LES PETITES ROUTES DE LA DÉMOCRATIE Essai essai Écosociété
SOMMES-NOUS SEULS DANS L’UNIVERS ? Essai essai Fayard
RÉCURENCES Essai essai Musée du Québec
PROPAGANDE, MÉDIAS ET DÉMOCRATIE Essai essai Écosociété
DEUX VOYAGES SUR LE SAINT-MAURICE Essai essai Septentrion
ANNE HÉBERT, LE SECRET DE VIE ET DE MORT Essai essai Les Presses de l’Université d’Ottawa
LES ORPHELINS DE BOUCHARD Essai essai Triptyque
MA GUERRE BUISSONNIÈRE Essai essai Boréal
LA LÉGITIMITÉ DES TEMPS MODERNES Essai essai Gallimard
LE CŒUR PENSANT Essai essai Le Loup de Gouttière
CHAQUE HEURE A SON VISAGE Fiction fiction Les herbes rouges
L’URINE DES FORÊTS Fiction fiction Les herbes rouges
RETOUR À SANTA FE Fiction fiction Proverbe
L’HOMME QUI TUA GETÚLIO VARGAS Fiction fiction Calmann-Lévy
LES ANNEAUX DE SATURNE Fiction fiction Actes Sud
LES FIANCÉES DE LA MAIN SUR FRONTON OCRE ET CIEL AZTÈQUE Fiction fiction Leméac
NOIR, COMME D’HABITUDE Fiction fiction Julliard
IL VOUS FAUDRA TRAVERSER LA VIE Fiction fiction Grasset
LA CONFÉRENCE DE CINTEGABELLE Fiction fiction Seuil
OR, LES CHRONIQUES INFERNALES Fiction fiction Alire
CHEZ MOI Fiction fiction Triptyque
L’ENFANCE Fiction fiction L'Archipel
ESPÈCES PROTÉGÉES Fiction fiction Calmann-Lévy
BÉANTES PORTES DU CIEL Fiction fiction Robert Laffont
LES CHAMPS DE BOUE Fiction fiction Le Nordir
PERSONNE N’EXISTE suivi de LA MORT DES MOUCHES Fiction fiction Tryptique
LES RAISONS DE LA HONTE Fiction fiction Trois
J. A. MARTIN PHOTOGRAPHE Fiction fiction Éditions Art global
MOURIR EN ROND Fiction fiction Trois
LOUNA Fiction fiction Éditions de Beaumont
L’AMOUR MALLARMÉ Fiction fiction VLB
DES VILLES DANS LA PLAINE T. III Fiction fiction Éditions de L'Olivier
AD NAUSEAM Fiction fiction Alire
LA BARONNE ET LA TRUIE Fiction fiction Les herbes rouges
UN PARFUM DE CÈDRE Fiction fiction Flammarion Québec
LA DAME DE CENT ANS suivi de DIOGÈNE 1960 Fiction fiction Lanctôt éditeur
ET SI C’ÉTAIT VRAI… Fiction fiction Robert Laffont
NICOLAS LE FILS DU NIL Fiction fiction Trois
SAC D’OS Fiction fiction Albin Michel
LE PSYCHANALISTE Fiction fiction P.O.L
PAPA PAPINACHOIS Fiction fiction Lanctôt éditeur
TROIS FOIS SEPTEMBRE Fiction fiction Babel/Actes Sud
PRÉSENCE HUMAINE Fiction fiction Tricatel
L’ÉVANGILE SELON SABBITHA Fiction fiction Leméac/Actes Sud
RÉCITS SPORTIFS Fiction fiction Guérin
FILLION ET FRÈRES Fiction fiction Québec Amérique
JACYNTHE, DE LAVAL Fiction fiction Lansman
L’OISEAU ET LE DIAMANT Fiction fiction Vermillon
ÉMILIE NE SERA PLUS JAMAIS CUEILLIE PAR L’ANÉMONE Fiction fiction Lanctôt éditeur
ACCUEIL ET AUTRES POÈMES Fiction fiction Les herbes rouges
ISTVÁN ARRIVE PAR LE TRAIN DU SOIR Fiction fiction Seuil
LA NUIT ENTIÈRE Fiction fiction Boréal
L’HOMME QUI PESAIT PLUS LOURD NU QU’HABILLÉ Fiction fiction La Pleine Lune
LA MACHINE À DÉPLIER LE TEMPS Fiction fiction Flammarion
L’AUTRUCHE CÉLESTE Fiction fiction Flammarion Québec
LE PORTIQUE Fiction fiction Du Rocher
QUATUOR ASTRAL Fiction fiction Robert Laffont
JÉSUS LE DIEU QUI RIAIT Fiction fiction Stock
CARNET DE MÉMOIRE D’UN ESPION Fiction fiction Résidence
LES INSTRUMENTS DE LA NUIT Fiction fiction L'Archipel
VÉRONIKA DÉCIDE DE MOURIR Fiction fiction Anne Carrière
CODE SSN Fiction fiction L'Archipel
AMOUREUSES Fiction fiction Écrits des Forges
L’ÉCHAFAUDAGE Fiction fiction Le Masque
LA TAUPE ET LE DRAGON Fiction fiction Alire
LA TOUR Fiction fiction Grasset
LE FILS PERDU Fiction fiction Québec Amérique
LES BLANCS DE MÉMOIRE Fiction fiction Boréal
GUY PROVOST, RÊVER LES YEUX OUVERTS Essai essai Vents d'Ouest
COMME UN ARBRE EN VOYAGE Essai essai Édipresse
EMMA ALBANI Essai essai Lidec
PICASSO – GAUGIN Essai essai Éditions Résidence
UTOPIES PAR LE HUBLOT Essai essai Carte blanche
HYBRIDITÉ CULTURELLE Essai essai L'île de la tortue
L’abbé Pierre, le pèlerin d’Emmaüs Essai essai Presses du Châtelet
LA GRANDE SAGA DES GÈNES Essai essai Lanctôt
VOTRE ESPRIT EST VOTRE MEILLEUR MÉDECIN Essai essai Robert Laffont
DES JARDINS OUBLIÉS, 1860-1960 Essai essai Publications du Québec
SADE EN PROCÈS Essai essai Mille et une nuits/Arte
MICHEL DUMONT GRANDEUR NATURE Essai essai Novalis
RELECTURE DE L’ŒUVRE DE FÉLIX-ANTOINE SAVARD Essai essai Fides
JOURNAL DE VOYAGE EN EUROPE 1837-1838 Essai essai Septentrion
AU CŒUR DE NOTRE CORPS Essai essai L'Homme
LA NOUVELLE IGNORANCE ET LE PROBLÈME DE LA CULTURE Essai essai Presses universitaires de France
LIBÉREZ LES ENFANTS ! Essai essai Écosociété
LETTRES PARISIENNES, HISTOIRES D’EXIL Essai essai J'ai lu
LE MYTHE DU PROGRÈS ARTISTIQUE Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LE JUDAÏSME RACONTÉ À MES FILLEULS Essai essai Robert Laffont
LE VOYAGE OUTRE-MANCHE Essai essai Robert Laffont
LE FILM NOIR AMÉRICAIN Essai essai Denoël
PASSEURS DE L’IMPOSSIBLE Essai essai Stock
LE CINÉMA EN HISTOIRE Essai essai Nota bene/Méridiens Klincksieck
À QUOI SERT LA LITTÉRATURE ? Essai essai Robert Laffont
COLETTE, UNE CERTAINE FRANCE Essai essai Stock
LIRE ET ÉCRIRE Essai essai Leméac
UN VÉTÉRINAIRE EN COLÈRE Essai essai VLB
PLURALITÉ ET CONVERGENCES Essai essai Remue-ménage
RADIOGRAPHIE D’UNE MORT FINE Essai essai JCL
LA GUÉRISON DU CŒUR Essai essai L'Homme
DIX TEXTES CONTRE Essai essai Mille et une nuits
L’ÂGE DORT ? Essai essai Boréal
ÉCRITURES ET PSYCHOSE Essai essai Aubier
LES MAUVAIS COÛTS D’HYDRO-QUÉBEC Essai essai Nota bene
VARIATIONS SUR LA CRÉATION Essai essai Le Pommier
UN LOUP NOMMÉ YVES THÉRIAULT Essai essai Trois-Pistoles
PORTUGAL, ANGOLA, INTERNATIONALE GAULLISTE Essai essai Au Signe de la Licorne
LE CARRÉ DE PLUTON Essai essai Grasset
ANARCHISME Essai essai L'île de la tortue
CONVERSATIONS AVEC PAOLO COELHO Essai essai Anne Carrière
LE DERNIER COW-BOY Fiction fiction Calmann-Lévy
HÔTEL BRISTOL Fiction fiction Leméac/Actes Sud
TEMPLE Fiction fiction Autres Temps
LE CHEMIN Fiction fiction Mon Village
LES MALHEURS DE SOPHIE ET AUTRES ROMANS Fiction fiction L'Archipel
SOLDATS Fiction fiction Seuil
CHEMINS DE BORD/VISAGES MOUVANTS Fiction fiction Le Castor Astral
MORGANE Fiction fiction Seuil
LE MONDE DE BARNEY Fiction fiction Albin Michel
ON A RAISON DE FAIRE LE CAMÉLÉON Fiction fiction Leméac
ARBRES D’HIVER précédé de LA TRAVERSÉE Fiction fiction Gallimard
LE NOM DES MORTS Fiction fiction L'Olivier
MILLE EAUX Fiction fiction Gallimard
LA PETITE HINDOUE Fiction fiction Guy Saint-Jean
ACCIDENTS DE PARCOURS Fiction fiction La courte échelle
VESTIGES Fiction fiction L'instant même/Les heures bleues/Les 400 coups
LE NOROÎT, SAINT-HIPPOLYTE Fiction fiction Le livre des dunes
ANNE STILLMAN : LE PROCÈS Fiction fiction Libre Expression
PREMIÈRE LIGNE Fiction fiction Gallimard
LE MAÎTRE DU JEU Fiction fiction XYZ
À QUOI RÊVENT LES LOUPS Fiction fiction Julliard
LE CRIME DE BLANCHE-NEIGE Fiction fiction Trait d'union
AUTOBIOGRAPHIE D’UN AMOUR Fiction fiction Gallimard
LOCATAIRES ET SOUS-LOCATAIRES Fiction fiction Actes Sud/Leméac
LES INVENTÉS Fiction fiction L'instant même
EN MON DERNIER APRÈS-MIDI Fiction fiction Christian Bourgois
LE SOLEIL Fiction fiction Triptyque
VERSICULETS ET TEXTICULES Fiction fiction Robert Laffont
LA DÉRIVE DES MÉDUSES Fiction fiction Les Intouchables
ROULEAUX DE PRINTEMPS Fiction fiction Prise de parole
LES SAISONS DE L’ANGE II Fiction fiction Le Noroît
UN VENT SE LÈVE QUI ÉPARPILLE Fiction fiction Prise de parole
PLUS QUE LA VIE MÊME Fiction fiction Boréal
PHÉE BONHEUR Fiction fiction Triptyque
LE JARDIN DE ROUSSEAU Fiction fiction Flammarion Québec
INTIME FAIBLESSE DES MORTELS Fiction fiction Le Noroît
L’OUTARDE ET LA PALOMBE Fiction fiction Édipresse
MUSÉE DE L’OS ET DE L’EAU Fiction fiction Le Noroît/Cadex
RIVEN ROCK Fiction fiction Grasset
KILOMÈTRES Fiction fiction Les Intouchables
ISLA NENA Fiction fiction Lanctôt éditeur
L’AUBERGE DES PAUVRES Fiction fiction Seuil
LA VALSE DES IMMORTELS Fiction fiction L'Hexagone
LES ÉMOIS D’UN MARCHAND DE CAFÉ Fiction fiction Québec Amérique
MONDE NEUF Fiction fiction L'Archipel
L’ESCLAVE Fiction fiction Libre Expression
LA FEMME DU MENTEUR Fiction fiction Fayard
LA FORCE DE GUÉRIR Essai essai Odile Jacob
L’APRÈS LIBÉRALISME Essai essai De l'Aube
LA DISGRÂCE DE L’HUMANITÉ Essai essai VLB
LA NUIT Fiction fiction Lanctôt
L’EMPIRE DU PSEUDO Essai essai Nota bene
DE LA TRAGÉDIE À L’ESPOIR Essai essai Libre Expression
LE MANIFESTE DE L’EAU Essai essai Labor
LA CANNELLE ET LE PANDA Essai essai Fayard
DES FEMMES D’HONNEUR Essai essai Libre Expression
MONTRÉAL Essai essai Éditions de L'Homme
QELQUES-UNS Essai essai P.O.L.
LA MÉMOIRE À LA BARRE Essai essai Écosociété
LA FOI DE MA MÈRE Essai essai Bellarmin
HEGEL OU DE LA RAISON INTÉGRALE Essai essai Bellarmin
L’ANTI-VOYAGE EN INDE Essai essai La Lettre volée
CHARLEMAGNE Essai essai Fayard
MON PREMIER DICTIONNAIRE FRANÇAIS ILLUSTRÉ Essai essai Guérin
LA POÉSIE QUÉBÉCOISE Essai essai Boréal
ÉLOGE DE LA DIVERSITÉ SEXUELLE Essai essai VLB
L’art du bonheur Essai essai Robert Laffont
POUR UNE CULTURE DE L’INJURE Essai essai Le Nordir
LE DIABLE BLANC Essai essai Presses de la Cité
BIS Essai essai Hurtubise HMH
ÇA SE LIT COMME UN ROMAN POLICIER Essai essai Nota bene
COMME LA TRACE DE L’OISEAU DANS L’AIR Essai essai Grasset
L’IDENTITAIRE ET LE LITTÉRAIRE DANS LES AMÉRIQUES Essai essai Nota bene
LE PREMIER AMOUR Essai essai Plon
CHRONIQUE D’UNE SORCIÈRE DE VENT Fiction fiction Leméac
LES DIVINS SECRETS DES PETITES YA-YA Fiction fiction Belfond
MOI ÈVE SOPHIE MARIE Fiction fiction Le Nordir
L’ENFANT CIGARIER Fiction fiction VLB
TOUAREG Fiction fiction L'Archipel
LA DEMI-PENSIONNAIRE Fiction fiction Albin Michel
LE PETIT NAVIRE Fiction fiction Christian Bourgois
LA PASSANTE DE JÉRUSALEM Fiction fiction L'instant même/Les heures bleues/Les 400 coups
RUE DU JAPON Fiction fiction Seuil
L’AMÉRIQUE DE LA « DAME AUX YEUX PEINTS » Fiction fiction Libre Expression
YACARÉ/HOT LINE Fiction fiction Métailié
IL ÉTAIT UNE FOIS UNE VILLE Fiction fiction Les Herbes rouges
MON PÈRE, LA NUIT Fiction fiction L'instant même
Le grand respir Fiction fiction Boréal
ROUGE LAVANDE Fiction fiction Flammarion
LE FEU SUR LA LUNE (ET AUTRES HISTOIRES) Fiction fiction Le Nordir
LES SEPT NUITS DE LAURA Fiction fiction Pleine Lune
STUPEUR ET TRMBLEMENTS Fiction fiction Albin Michel
LE BLANC DES YEUX Fiction fiction Boréal
MÉLODIE DU TEMPS ORDINAIRE Fiction fiction Belfond
L’HOMME ET L’ENFANT MAURE Fiction fiction Le Loup de Gouttière
D’AMOUR ET D’EXIL Fiction fiction Grasset
ITALIENNE Fiction fiction Boréal
HASARD/ANGOLI MALA Fiction fiction Gallimard
LES ÉDITIONS DU BLÉ, 25 ANS D’ÉDITION Fiction fiction Du Blé
INDIAN CAFÉ Fiction fiction Belfond
LES FILLES DE SOPHIE BARAT Fiction fiction Leméac
L’AMANT DE NÉFERTITI Fiction fiction Presses de la Cité
L’AUTOMNE AZTÈQUE Fiction fiction Du Rocher
RENAISSANCE Fiction fiction Flammarion
LE PREMIER POISSON ROUGE Fiction fiction Les herbes rouges
QUARTIERS DE PAMPLEMOUSSES Fiction fiction Julliard
LE MATELOT Fiction fiction Écriture
OPÉRATION RIMBAUD Fiction fiction Seuil
L’ABÎMETIÈRE Fiction fiction XYZ
LA JEUNESSE DE LA CORDONNIÈRE Fiction fiction VLB
LES PLUS BELLES LETTRES D’AMOUR D’HÉLOÏSE À ÉLUARD Fiction fiction L'Archipel
LE CRI DU CHAT Fiction fiction Triptyque
L’EXPÉDITION Fiction fiction Gallimard
LA GUERRE EST QUOTIDIENNE Fiction fiction L'instant même/Quorum
JE M’EN VAIS Fiction fiction Minuit
ADIEU PHÉNOMÈNE Fiction fiction Albin Michel
LA COURTE PAILLE Fiction fiction Plon
SABINES Fiction fiction XYZ
MA MÈRE ET GAINSBOURG Fiction fiction L'instant même
MARTIN ET HANNAH Fiction fiction Calmann-Lévy
AZRAËL OU L’ANGE EXTERMINATEUR TOME 2 Fiction fiction Humanitas
L’ŒUVRE POSTHUME DE THOMAS PILASTER Fiction fiction Minuit
LE CAPITAINE EST PARTI DÉJEUNER ET LES MARINS SE SONT EMPARÉS DU BATEAU Fiction fiction Grasset
LE PRINCE D’ANGKOR Fiction fiction Le Pommier
TOUS CES MONDES EN ELLE Fiction fiction Boréal
LES GENS FIDÈLES NE FONT PAS LES NOUVELLES Fiction fiction Boréal
RÉVISIONS CRIMINELLES Fiction fiction Robert Laffont
LE PETIT HOMME À LA PEAU NOIRE Fiction fiction Mon Village
TOMBOUCTOU Fiction fiction Leméac/Actes Sud
INTERNET ET APRÈS ? Essai essai Flammarion
LA MÉMOIRE DES DÉCHETS Essai essai Nota bene
LE CRI DU PEUPLE Essai essai Grasset
FRANCOPHONIES MINORITAIRES AU CANADA Essai essai D'Acadie
OUBBLIER FREUD ? Essai essai Boréal
BALZAC OU LA FUREUR D’ÉCRIRE Essai essai Hachette
LES CAUSES PERDUES Essai essai NRF Gallimard
FRÉDÉRIC DARD OU LA VIE PRIVÉE DE SAN-ANTONIO Essai essai Fleuve Noir
LES GRANDS PENSEURS DU MONDE OCCIDENTAL Essai essai Fides
CONSIDÉRATIONS SUR LE LANGAGE Essai essai Fides
LA FORCE DU DÉSIR Essai essai Odile Jacob
LA MUSIQUE, LA RECHERCHE DE LA VIE Essai essai Leméac
MA MÉMOIRE JUSQU’À TES LÈVRES T. I ET II Essai essai Écrits des Hautes-Terres
ZOLA T. 1, SOUS LE REGARD D’OLYMPIA 1840-1871 Essai essai Fayard
L’ANIMAL AUTOBIOGRAPHIQUE AUTOUR DE JACQUES DERRIDA Essai essai Galilée
LE SECRET DE BLANCHE Essai essai L'Homme
LE PÈLERIN ET LE CONVERTI Essai essai Flammarion
LA PENSÉE MÉTISSE Essai essai Fayard
LES LANGUES DU ROMAN Essai essai Presses de l'Université de Montréal
LES ANORMAUX Essai essai Gallimard/Seuil
LES DOUZES MUSES D’ALEXANDRE DUMAS Essai essai Grasset
COMMENT PEUT-ON ÊTRE FRANÇAIS ? Essai essai Le Pré aux Clercs
LA VRAIE MORALE SE MOQUE DE LA MORALE Essai essai Seuil
DONNER LA MORT Essai essai Galilée
CÉLINE DION ET L’IDENTITÉ QUÉBÉCOISE Essai essai Montréal
LE SILENCE, LA FORCE DU VIDE Essai essai Autrement
AU CŒUR DE L’ANNÉE MONASTIQUE Essai essai L'Homme
LA CONFUSION DES LETTRES Essai essai Grasset
ESSAI SUR LA LITTÉRATURE AMÉRICAINE Essai essai Liber
L’ÊTRE EN GESTATION Essai essai Presses de la Renaissance
JEAN-JACQUES ROUSSEAU, LE DÉFI DE LA PERVERSION Essai essai Nota bene
L’INCESTE Essai essai Stock