« Toute ma vie, j’ai essayé de fusionner
la poésie, la philosophie et la science
dans une seule phrase universelle. »
La chair ne peut générer un authentique désir sans mouvement perpétuel.
Nous ne sommes pas faits pour l’équilibre dans l’échange, même en circuit fermé. Dans la vie ordinaire, nous lisons sans cesse le même programme redondant de la félicité sans perfection.
Entre les biologies surréalistes et les intelligences démentes, existe-t-il un espace non entaché de leur présence ?
Nous sommes tous porteurs de mensonges plus ou moins élégants, dans la raison comme dans le sentiment.
Comment prétendre à un seul rêve vrai quand la nature est partout tributaire du mensonge de la matière dans la vie.
La vie saute d’un corps à l’autre à la recherche d’un moment éternel dans un mouvement infini. Mais à force de bouger, elle finit par s’épuiser.
Ma vie, je la porte au lieu de la déporter dans l’Autre.
Qui vit pour l’étonnement meurt frappé par l’ennui.
Dieu est la somme des consciences qui rêvent sans jamais connaître le début et la fin de la réalité.
Un dieu étrange évalue nos défauts tandis que nous évoluons jusqu’à notre disparition.
Nous vivons la même vie dans des états quantiques différents mais avec le même décalage temporel. Cela explique la précognition et le déjà-vu.
Sans tenir compte de la réalité, le temps est un état quantique alimenté par l’énergie du vide, véritable matrice de l’univers et de sa matière.
De moi, il ne restera que quelques métaphores perdues dans l’empyrée.
L’univers se divise en fiefs dominés par d’étranges intelligences qui n’ont rien de divin. Ainsi nous habitons une réalité quantique à l’usage de leur vision surréelle qui soumet celle de l’humanité. La conscience humaine est alors orientée dans une seule direction, sans possibilité de s’en écarter. Bref, nos rêves sont tous programmés, même les plus fous, dans tous les états quantiques.
Au lieu de se baigner à la merveilleuse source de la vie, nous sommes écrasés sous un déferlement ininterrompu de matières essentielles à l’exercice de la nécessité.
Deux silences qui se rejoignent mais ne se complètent jamais : ceux des dieux odieux et du cosmos en cendre.
Le Mal existe. Il se trouve dans la sécrétion incessante de tous les egos errant dans la vie sans aucun espoir d’élévation spirituelle.
Je suis athée par forfait de Dieu. Un loustic dirait par paresse de Dieu à parfaire sa création inachevée quand il contemple le désordre universel.
C’est parce que nous avons une identité propre qu’il est permis de nier celle de l’Autre, car il ne doit pas exister d’autres images à la place de Soi.
L’animal ne perçoit pas son unité ni son individualité. Il est le seul à faire corps avec sa chair toujours promise à la perte.
Tel un virus, le pouvoir détourne le subtil mécanisme de vision artistique afin de se conserver avant de se reproduire en détournant la machinerie spirituelle.
La fonction suprême de la poésie n’est-elle pas de mener l’univers à sa perte, c’est-à-dire à l’effacement de sa matière ?
Un authentique futur ne doit pas nous pousser à imaginer le moindre lendemain.
Être tout et ne rien signifier, voilà la liberté, loin des jalousies.
La mort, c’est simplement oublier le temps passé à y penser, sans jamais se convaincre de la durée relative de l’éternité.
L’échange incessant entre le ciel et l’enfer se passe toujours sur la Terre, jamais dans l’empyrée. Existe-t-il un lieu où ces contraires peuvent se rencontrer sans nous embêter ?
Nous sommes condamnés à la virtualité de la vie en absence de sens dans la cendre empruntée aux étoiles mortes.
Nous ne pouvons pas vivre hors de nos visions. Seulement exister en simulant la vie et un avenir à exporter.
Voici un truisme d’affirmer que la nature n’est pas hostile mais seulement indifférente à nos cris. Alors, faisons de même avec elle jusqu’à nouvel ordre dans le rêve.
Il est impossible d’imaginer une parfaite hiérarchie biologique au paradis ou des termites dans un iceberg.
Le mouvement, l’échange et la déferlante de l’information quantique sont les sources folles et vives qui alimentent l’univers fuyant toujours sa représentation. Toute matière, vivante ou non, est ainsi corrompue par la présence.
Il ne faut pas réfléchir sur sa mort mais bien sur la Mort, ni donner à la raison une seule raison de désespérer.
La poésie doit toujours placer la réalité sur la défensive.
Toute expérience limite doit être vécue collectivement avant de pouvoir changer le cours de l’humanité. Tout « bruit » provoqué par l’ego perturbe à coup sûr la trajectoire du futur et mine la libre expression de tous les bonheurs possibles.
Un dieu indifférent à mon sort génère en moi une saine et sainte indifférence.
L’orgueil est dans la forme et la vanité dans la structure.
Je vois la satisfaction des désirs dans un gigantesque potlatch de matière en quête de vie pour la vive reproduction de corps à la recherche de la vraie biologie libérée de la constante de la mort.
Hypocrisie de la douleur par les larmes et par les pleurs. Qui adore la matière au lieu de garder la vie en lieu sûr au-delà de ses murs ?
*Tiré de Pendant le naufrage, à paraître.