Quel livre, quel auteur n'ai-je pas lu ? Envers lequel de mes illustres prédécesseurs ai-je commis ce crime de lèse-culture qui consiste à ignorer une œuvre vraisemblablement capitale, dont la lecture aurait peut-être eu pour effet de me faire renoncer à mes vaines prétentions ? La liste est longue. Longue ? C'est un peu court, jeune homme ! Faire le compte de mes lacunes relève de la somme ! Pour un tel inventaire, il faudrait un Prévert Flagelle-toi, Engel (prononcer à la française) ! Avoue ! Confesse ! Pitié murmure le coupable.
Songez que j'ai des étudiants ; mon ignorance est vaste, il est vrai, mais moindre que la leur. Voulez-vous, me discréditant, compromettre un enseignement dont vos critiques attestent par ailleurs l'impérieuse nécessité ? Mais la voix s'élève, péremptoire : à genoux, vile créature ! Rappelle-toi l'injonction de Rilke (tu l'as lu, celui-là) : « On ne peut ouvrir un livre sans s'engager à les lire tous » !
Soit, je . . .
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