Je souffre de cette tare pour certains inavouable : je n'ai pas lu Proust, et si je ressens parfois quelque mélancolie à n'avoir su me plonger dans l'univers feutré de La recherche, comme on nomme entre initiés le grand œuvre de cet écrivain, je n'en éprouve aucune honte, même lorsqu'on me dit, sur le ton de la confidence et m'intronisant par le fait même dans le saint des Saints : « Vous avez lu Proust, bien entendu ? ».
Il fut une époque où je m'esquivais devant cette question qui n'en était pas une – puisqu'on n'osait imaginer que la réponse fût négative –, évoquant de mauvaise grâce des passages que je connaissais par cœur pour les avoir tant et tant entendus, de peur d'être frappée d'un ostracisme sans recours dont les effets rejailliraient jusque sur l'œuvre bien humble, en comparaison de la cathédrale proustienne, que j'essayais et essaie . . .
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