« Henri Pourrat est mort le 16 juillet 1959. Et c'est comme si Virgile venait de mourir. » En une page magnifique, Alexandre Vialatte prenait ainsi congé de l'ami de toute une vie, le voisin rencontré presque chaque jour, l'écrivain qui avait fait une vertu cardinale de l'amitié, c'est-à-dire de l'alliance avec les êtres et avec tout ce qui existe.
Pendant plus d'un demi-siècle, sa haute, mince, noble silhouette, portant chapeau de feutre, guêtres, sac en bandoulière, a parcouru les champs, les collines, les villages, les fermes, les montagnes de son Auvergne. Il la connaissait comme on peut connaître un jardin, chacune de ses fleurs, mais un jardin au milieu de grands bois sombres, comme une clarté, un ordre ouverts dans la noirceur de l'ancienne forêt celtique. Il regardait, écoutait ces espaces, ces villageois, recueillait leurs propos, leurs chansons, leurs contes, leurs faits. Entre les larges souffles qui balayent les champs et les landes, dans . . .
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