J’étais encore adolescent quand j’ai entendu pour la première fois parler du Marquis de Sade. C’était en 1990, au cœur de la grande époque des vidéoclips : un groupe que je ne connaissais pas, Enigma, avait fait une sorte de petit film musical intitulé Sadeness qui a fini par faire le tour du monde. En le visionnant trois décennies plus tard pour écrire ce texte, je suis surpris de sa sobriété alors qu’à l’époque, c’était un scandale. Le contraste me frappe entre les synthétiseurs, qui régnaient sur ces années plastiques, et le chant pseudo-grégorien qui sert à mettre en scène l’ennui saisissant un moine en pleine étude de la Bible. Le lieu commun de l’acédia médiévale qui pousse le moine au péché de la chair, à tout le moins à se l’imaginer, prend le visage sublime d’une adolescente au regard sans sourire et plein de . . .
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