Il était un temps où il faisait bon de se laisser surprendre par toutes choses et par toutes personnes, de découvrir encore et encore. Cette candeur devant le monde est évoquée dans un roman de Bertrand B. Leblanc, paru en 1979 chez Leméac et réédité en 2002 par la maison d’éditions Trois-Pistoles.
Péripéties, rencontres, grandes douceurs et petites douleurs sont racontées dans un vocabulaire des plus familiers. Les anglicismes abondent et les mots inconnus du jeune héros sont comiquement remâchés, ce qui donne au roman un ton juste. « J’sus rendu que j’ai d’la misère à pitcher. » Ce franc-parlé coloré permet en quelque sorte au lecteur de voir la vie par le regard d’un gamin de dix ans et de saisir les émotions de chaque instant vécu.
Récipiendaire du Prix Arthur-Buies en 1979 pour l’ensemble de son œuvre, le romancier et dramaturge Bertrand B. Leblanc a toujours su se démarquer grâce à une écriture authentique et fidèle à sa culture. Certaines de ses œuvres, comme Moi Ovide Leblanc, j’ai pour mon dire (1976), ont marqué l’histoire de notre littérature.
Dans Y sont fous le grand monde !, on remarque ce même respect des différentes cultures francophones. « Toi j’t’avertis pour la première pis la dernière fois : ris pu jamais des Acadiens », lance furieusement le père du héros lorsque ce dernier se moque du français parlé d’une campagnarde. Dans une cascade de pourquoi et de comment, le jeune garçon entraîne le lecteur dans un monde où les petits se faufilent entre les grands pour tout voir et tout savoir.
L’histoire est légère sans être simpliste. L’enchaînement rapide des anecdotes et le déroulement fluide du temps permet une lecture agréable pour tous ceux et celles qui désirent goûter, encore une fois, aux plaisirs de l’émerveillement.