« Le seul moyen de savoir ce qui s’est passé [ ] c’est de l’inventer. » C’est le projet de Frédéric Beigbeder dans Windows on the World : nous faire revivre « de l’intérieur » les événements du 11 septembre 2001. Comment ? En racontant, minute par minute, de 8h30 à 10h29 (heure de l’effondrement de la tour nord du World Trade Center), et en autant de chapitres, les derniers instants d’un père et de ses deux fils, venus ce matin-là prendre le petit-déjeuner au Windows on the World, le restaurant situé au 107e étage du World Trade Center.
À travers la reconstitution de ce qui a pu se passer dans la tour avant son effondrement, Frédéric Beigbeder tisse une sorte d’autobiographie où il nous entretient de ses racines franco-américaines, de ses déboires amoureux, de son inaptitude chronique à la fidélité conjugale, et où il confesse un goût immodéré pour sa personne.
Au final, surnage chez le lecteur une impression de dispersion. De par l’éclatement de sa trame narrative et ses phrases-chocs, Windows on the World tient beaucoup du vidéoclip dont il a la manière et parfois le clinquant. La plume de l’auteur ne manque pas d’éclat, mais ses effets sont gâchés par un recours abusif aux anglicismes, certaines incohérences dans l’histoire et l’impersonnalité de ses personnages.
Loin d’être plongé au cœur d’une tragédie, le lecteur réalise vite qu’il est piégé dans un exercice littéraire habile, mais purement narcissique. S’il n’est pas l’inventeur du stratagème, Frédéric Beigbeder, ancien publicitaire, fait ici la démonstration de son talent dans le détournement de lecteurs !