Hugo Meunier est diplômé en littérature et journaliste à La Presse. En 2012, il décide de réaliser un reportage sur Walmart, vu de l’intérieur. Il n’en est pas à ses premières armes en journalisme d’« immersion ». Il s’était déjà infiltré dans un refuge pour jeunes sans-abris, parmi les invités assistant au mariage de Justin Trudeau et dans une fête très sélecte organisée par Guy Laliberté à l’occasion du Grand Prix de Formule 1 de Montréal.
Cette fois-ci, c’est Walmart qui l’intéresse. Il veut se faire embaucher par le controversé géant américain du commerce de détail. Pendant trois longs mois, il deviendra donc un « associé » dans une succursale de Saint-Léonard, à Montréal. Il pourra goûter lui-même aux stratégies de la richissime multinationale qui presse au maximum ceux qui se trouvent pris en sandwich entre les patrons et les clients – souvent aussi peu commodes les uns que les autres. Il sera témoin du modèle dicté par Walmart, « qui repose sur des salaires médiocres, peu d’avantages sociaux et un roulement rapide des employés ».
Pour bénéficier d’une vue plus large de son sujet, il se rendra à Bentonville, en Arkansas, capitale mondiale de la planète Walmart. Il ira également visiter une succursale au Mexique, pays où Walmart trône comme premier employeur public et où se trouvent 20 % de tous ses magasins dans le monde. Il interviewera, enfin, des témoins de premier plan de la dure bataille pour la syndicalisation du Walmart de Jonquière, en 2003-2004.
Comme il fallait s’y attendre, le tableau d’ensemble qu’il dépeint dans le présent livre est plutôt sombre. La vie des « associés » n’a rien d’une sinécure. Et leur situation économique est loin d’être enviable. Pendant qu’il recevait leurs confidences et partageait leur sort – à défaut de leur paye (il touchait toujours sa paye de journaliste) –, Hugo Meunier a ressenti un sentiment d’imposture, ce qu’il a trouvé difficile, avoue-t-il. Il s’est pourtant pris au jeu, devenant un employé modèle qui ne voulait pas nuire au fameux bonus annuel de ses collègues. Bonus dépendant de la performance par succursale, qualifié de « pierre angulaire de la culture d’entreprise […] qui fait s’agiter les employés ». Pas étonnant qu’il conclue son ouvrage en affirmant, haut et fort : « Jamais plus je ne remettrai les pieds chez Walmart ».
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