Géographe québécois d’origine américaine, francophile, Dean Louder est fasciné par les régions où vivent les derniers descendants des pionniers français. Un peu à la manière d’un Jack Kerouac qui repartirait sur la route, il nous fait connaître à travers son journal de voyage des coins obscurs d’une Amérique où l’on parle encore français, quelquefois avec difficulté, souvent dans l’adversité, et parfois dans l’indifférence.
En plusieurs étapes, Dean Louder recommence un pèlerinage qu’il a fait maintes fois avec ses étudiants lorsqu’il était professeur à l’Université Laval ; outre les passages obligés dans l’Ontario francophone et la Nouvelle Acadie (dans deux voyages séparés), il parcourt plusieurs endroits des États-Unis où l’on parle encore le français parce que c’est la langue transmise par les ancêtres : par exemple, en Louisiane, à la Vieille Mine au Missouri et à Frenchville en Pennsylvanie, dont le territoire faisait partie de l’évêché de Québec jusqu’en 1758. Il se rend aussi à Blanc-Sablon, à la limite du Labrador, prend le traversier pour aller à Terre-Neuve ou encore sur l’archipel français de Saint-Pierre-et-Miquelon, véritable parcelle de France enclavée dans le territoire canadien.
À part peut-être l’épilogue, le propos n’est ni introspectif ni nombriliste ; c’est en géographe préoccupé par la disparition du fait français que l’auteur constate l’anglicisation d’une ville comme Grand-Sault au Nouveau-Brunswick où pourtant 80 % de la population parle français. Dean Louder n’hésite pas à rappeler combien de fois des règlements ont interdit la langue française, par exemple à Frenchville, en Pennsylvanie. Une autre forme d’occultation a lieu à Port au Choix, à Terre-Neuve, où l’on souligne le patrimoine français un jour par an – pour célébrer durant le reste de l’année « la présence et le passage des peuples autochtones ».
L’édition de ces Voyages et rencontres en Franco-Amérique constitue un autre cas de blogue repris sous forme de livre, inversant la tendance de reproduire les publications papier en versions électroniques. Qui disait qu’Internet allait tuer le livre ?
Voir aussi : https:/commentaire-lecture/franco-amerique/