Romancière prolifique, la Néerlandaise Hella S. Haasse nous a donné à lire toutes sortes de récits, sur tous les thèmes. Dans son dernier livre, où la figure du cygne, si riche de symboles, émaille le texte, l’esprit des aïeux plane sur la vie de l’auteure. En effet, de réminiscences en réminiscences, elle brosse à grands traits, dans la première partie, les portraits de ses deux grands-mères puis elle relate, dans la deuxième, les pérégrinations de Jason, jeune Australien en quête d’identité, premier descendant de la famille né en terre australienne d’un père allemand et d’une mère néerlandaise. Dans la troisième partie, le propos change de ton, devient plus intime, l’auteure se dévoile un peu plus. Puisant à même ses souvenirs, Hella S. Haasse explore, sur fond de fiction, sa « mythologie » familiale.
Vers les années 1890, sa grand-mère maternelle pose devant le photographe dans une robe somptueuse de dentelle et de tulle : voilà qui vient alimenter la rumeur autour du passé de cette dame qui, après avoir quitté son mari, aurait fait du théâtre. D’elle, la romancière dit avoir hérité son goût du changement, son humour et sa volonté d’atteindre les buts qu’elle se fixe. L’autre grand-mère, au tempérament plutôt flegmatique, lui a légué sa capacité d’isolement et sa lucidité. Quant au jeune homme, il entreprend, seul, une longue marche dans le bush, à la recherche du cercle borah dont lui a parlé Noonan, son ami aborigène, pour que tout ce qu’il ne comprend pas lui devienne limpide… le rêve-illusion que caressent tous les jeunes du monde !
Hella S. Hasse relate le passé pour éclairer le présent et elle écrit comme on respire pour vivre : « Seul le fait de traduire par des mots ce qu’on observe donne l’illusion fugace d’y avoir part ».