Le professeur Alain Vinet a vécu durant une vingtaine d’années sur l’île aux Grues, située sur le fleuve Saint-Laurent, au large de Montmagny. En raison de sa superficie relativement modeste, l’île aux Grues a la particularité que l’on peut y apercevoir, à certains endroits surélevés, l’eau de l’estuaire tout autour de soi et ainsi ressentir pleinement le caractère insulaire de ce lieu magique. Le présent album regroupe une centaine de photographies inédites de l’auteur, toutes en couleur (sauf deux), prises sur l’île aux Grues et sur sa voisine l’île aux Oies, probablement au cours des vingt dernières années. Les sujets choisis au fil des saisons sont à la fois patrimoniaux (l’église, qui date de 1888, plusieurs vieilles maisons; une cabane à sucre, les célébrations costumées et colorées de la mi-carême) mais la majorité de ces images se veulent d’abord un hommage à la nature : les paysages, les oies blanches, les fleurs, les marais et le fleuve. Il n’y a aucune photographie montrant les intérieurs, et assez peu de portraits des insulaires. Le texte reste plutôt bref et descriptif, mais contient quelques éléments autobiographiques, par exemple à propos de l’acquisition de la maison familiale, longtemps convoitée par l’auteur.
Le point fort de ce livre réside dans les nombreuses images d’hiver que l’on peut voir de ces deux îles, qui ne sont pas accessibles par traversier durant la saison froide. On appréciera en outre d’autres images rares, par exemple de l’île aux Oies, normalement inaccessible puisque celle-ci appartient à un club de chasse privé. Complètement isolée, l’île aux Oies est uniquement accessible à marée basse, par une batture qui la relie à l’île aux Grues. Je reprocherais seulement à l’auteur le fait qu’aucune de ses photographies ne soit datée et que la plupart des commentaires qui les accompagnent soient imprécis et laconiques. Par exemple, une légende qui dit « le village après la tempête » peut être évocatrice ; mais on aimerait aussi savoir de quel côté se trouvent ces maisons, le moment de la pose. Du point de vue éditorial, la qualité des reproductions est irréprochable et l’ouvrage, qui porte bien son titre, vaut la peine d’être vu et lu ; les couleurs y sont souvent éblouissantes.