Cinéaste international, Costa-Gavras s’est fait connaître par ses films engagés comme Z (1969), son film le plus percutant, suivi de L’aveu (1970) et d’État de siège (1973). Aux États-Unis, on l’identifie uniquement à ses productions hollywoodiennes comme Missing (1982). Dans cette autobiographie partielle, dont le titre dérive d’une phrase de l’écrivain Níkos Kazantzákīs (1883-1957), l’enfance grecque du jeune Konstantínos Gavrás est rapidement évacuée, comme si sa vie véritable commençait lors de ses études à l’Institut des hautes études cinématographiques, la fameuse école de cinéma de Paris, en 1955. Les souvenirs de jeunesse et de l’occupation allemande reviendront sous forme de retours en arrière ; cinéma oblige. S’ensuivent une série de rencontres déterminantes pour sa vocation : René Clair, Simone Signoret et Yves Montand. Plus tard, à Hollywood, Costa-Gavras croisera les plus grands cinéastes américains : George Cukor, John Ford et Frank Capra ! Un producteur lui propose même de tourner Le Parrain !
Doublement primé à Cannes puis oscarisé, le long métrage Z était adapté du roman de Vassílis Vassilikós et dénonçait au présent la dictature des colonels ayant cours en Grèce depuis 1967. Avec ce film d’une violence inouïe pour l’époque, Costa-Gavras est malgré lui étiqueté comme un auteur de films politisés, qui rejoindront par ailleurs un large public. En dépit des jalousies, cette popularité inespérée fait de lui un symbole, le modèle du dénonciateur : « La sortie et le succès de Z avaient déclenché l’envoi incessant de livres manuscrits, synopsis, ayant pour sujets des assassinats ou des injustices politiques, la corruption ou diverses perversions, oppressions, forfaitures, ou la duplicité, les traîtrises, les enrichissements ».
Ses amitiés avec Jean-Louis Trintignant et Yves Montand sont déterminantes ; les deux acteurs accepteront un cachet minime pour tourner Z. C’est à Alger que le tournage a eu lieu, car la Grèce était toujours sous la dictature. Par la suite, Claude Lanzmann attirera l’attention de Costa-Gavras sur le roman L’aveu d’Artur London, dont il tirera un long métrage. Ses observations sur le système de production à Hollywood sont révélatrices. « […] la bureaucratie dans les Majors est comme celle de l’Union soviétique », lui dit un jour Louis Malle. À propos de la place de la culture et des films dans les accords de libre-échange, Costa-Gavras soutient la résistance exercée par le gouvernement français : « Sans l’exception culturelle, les grands groupes, essentiellement américains, lamineraient les productions cinématographiques et audiovisuelles européennes, à commencer par les françaises qui sont les plus productives ».
L’aventure de chaque projet est évoquée avec son lot d’imprévus, mais Costa-Gavras parle aussi de ses lectures et de sa vision du monde; ce sont les passages les plus intéressants du livre.
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VA OÙ IL EST IMPOSSIBLE D’ALLER
MÉMOIRES
- Seuil,
- 2018,
- Paris
517 pages
39,95 $
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