À partir de 1964 et jusqu’en 2020, début d’un confinement dont tous se souviennent, un narrateur anonyme lèvera le voile sur les secrets qui unissent et parfois séparent trois personnages d’une même famille. On rencontrera tout d’abord Louisette, la matriarche, puis Hervé, de la génération suivante, et enfin sa fille, la jeune Lio.
Trois individus se battent avec les non-dits du clan et essaient de voir clair dans cette filiation où règnent abus, silences et douleurs. Andréa Bescond explore différents thèmes dans Une simple histoire de famille, principalement celui de la violence faite aux femmes. L’autrice et interprète des Chatouilles, texte adapté au théâtre et au cinéma, aura obtenu le prix Molière seul(e) en scène 2016 et le César du meilleur premier film 2019. Cette déchirante histoire de pédocriminalité est celle de l’écrivaine, celle d’une petite fille violée pendant des années par le meilleur ami de son père.
Dans son premier roman, Une simple histoire de famille, Andréa Bescond fait des allers-retours entre différentes époques, afin de décrire l’atmosphère sociale et politique qui régnait lors des faits et gestes significatifs posés ou perçus par les protagonistes, et qui pourrait peut-être les expliquer, sans vraiment les excuser.
En Bretagne, dans les années 1960, la morale est stricte. Louisette sera chassée de la demeure familiale parce qu’enceinte d’on ne sait qui, sans être mariée. « Elle avait tenté d’avorter clandestinement […] mais la faiseuse d’anges avait été arrêtée deux jours avant son rendez-vous. L’avortement était criminel, la femme engendre, c’est comme ça. »
Cinquante ans plus tard, en 2010, Hervé, déjà assommé par la mort prématurée de sa femme Magnolia, découvre une étonnante vérité de la bouche de celle qu’il a toujours appelée Maman. « J’apprends seulement aujourd’hui que ma mère n’est pas ma mère, que Jean n’est pas mon géniteur, que mes sœurs ne sont pas mes sœurs, que le chien… était quand même mon chien. » Quels autres secrets cachait-elle, celle qui, victime peu après d’un accident cardio-vasculaire, ne parlera plus jamais ? Plusieurs autres mensonges avaient en effet circulé et la vérité ne sera révélée à Hervé qu’aux funérailles de la vieille dame. « C’était un secret de Polichinelle, comme dans toutes les familles, ça se savait, quoi. »
En 2018, pour les vingt ans de sa fille Lio, Hervé lui offre un DVD que sa compagne Magnolia avait enregistré avant de mourir du cancer. « Elle m’a fait promettre de ne pas le visionner, j’ai respecté sa volonté », dira-t-il. Autres révélations, autres humiliations, autres drames dévastateurs. Lio doit-elle venger sa mère pour pouvoir aller elle-même au bout de sa colère et de son chagrin ?
La vérité concernant les morts n’est-elle donc connue des vivants que lorsqu’il est trop tard pour réagir ? La violence du silence n’en est alors que plus traumatique. Heureusement, Andrée Bescond termine son récit sur une note d’espérance qui allège autant l’âme des protagonistes que celle des lecteurs.