On entend beaucoup (trop ?) parler du conflit israélo-palestinien, et presque exclusivement sous un seul angle : son aspect historique et politique. Derrière ce conflit se cache toutefois la vie d’une communauté qui, quotidiennement, par et devant ce conflit, essaie de se bricoler une vie composée de menus bonheurs.
Dans cet ouvrage, la journaliste française Katia Clarens expose en détail la vie quotidienne des Palestiniens de Gaza. Une vie confinée dans un minuscule territoire, enclavé par Israël depuis son retrait en 2005, et dont l’infrastructure a été en partie détruite par l’armée israélienne à la suite de l’opération Plomb durci (2008) visant à punir le Hamas de ses attaques sporadiques.
Pendant cinq mois, la reporter a vécu avec une famille de Gaza et on y découvre – c’est là le principal intérêt de cet ouvrage – la réalité complexe d’une société en résistance active face à des forces politiques sur lesquelles elle n’a souvent aucun pouvoir.
On y apprend, par exemple, l’écart qui existe entre la relative modernité de la ville de Gaza et le traditionalisme quasi antique d’autres villes du territoire ; l’ennui d’une jeunesse qui compose la forte majorité de la population, disposant de fort peu de loisirs organisés et rêvant souvent de se faire une autre vie ailleurs ; la concurrence entre les Nations Unies et le Hamas sur le contrôle des esprits et la relation avec Israël ; la croissance de l’extrémisme côtoyant une bourgeoisie aux mœurs teintées d’occidentalisme.
« Chaque douceur qui sera faite à cette population si malmenée sera la bienvenue. Mais c’est de pouvoir réparer leur centrale électrique, leurs usines et leurs maisons dont les Gaziotes ont le plus besoin. D’avoir le droit d’exporter leur production et de circuler librement. Et de sécurité. »
En fait, comme le conclut aussi l’auteure, autant que de pain et de paix, ce dont ont bien besoin les Gaziotes, c’est d’une vie avec un minimum de dignité, que la poursuite du conflit avec le voisin israélien ne permet pas encore d’envisager.