Entre la sonnerie du téléphone de septembre 2007 et celle de novembre 2008, quatre saisons divisant en autant de parties le roman. Un samedi de septembre, les parents de la narratrice sont victimes d’un accident de la route. Alertée au téléphone, la fille accourt. Sa mère, Hélène, est morte sur le coup. Reste son père, Michel, grièvement blessé. La narratrice se démène entre les arrangements funéraires et les visites à l’hôpital, les rapports tendus avec les soignants et les médecins. L’octogénaire se remettra-t-il du choc de la mort de sa femme ? Pourra-t-il recouvrer son autonomie et le désir de vivre ? Moments d’angoisse pour la narratrice.
Elle raconte le lien de proximité qu’elle tisse avec son père. L’homme, volontaire et fier, revient à la vie mais non sans séquelles en plus des signes de vieillissement. Sa fille lui assure une aide aimante et discrète, jusqu’au téléphone fatidique de novembre 2008. Des gestes simples, des attentions délicates, de la patience et de la compassion devant les maladresses et les lenteurs du vieil homme. Silence respectueux aussi, pudeur transmise par la famille, lorsque, par exemple, la narratrice a des raisons de soupçonner son père d’avoir une maîtresse. « Chez nous, on ne pose pas de question. Par politesse, et pour ne pas déranger. Par peur des réponses. » Il faut dire que, d’origine juive et descendants des célèbres banquiers Lazard, ils ont tous appris à se faire discrets. Néanmoins, même si on se connaît peu, on s’aime. Cela s’exprime non pas tant dans les paroles que dans les prévenances réciproques.
L’écriture, par petites touches, est à l’image de cette retenue. Le style est coupé, emprunte à l’oralité, avec des phrases courtes, nominales et des ellipses. Fréquemment la narratrice met entre parenthèses les doutes, digressions et associations qui se fraient un chemin dans son esprit.
Le milieu social ressort à travers les métiers du père et de la fille. Les références littéraires et cinématographiques laissent voir des gens cultivés qui fréquentent les auteurs non seulement par la lecture de leurs œuvres, mais aussi dans la réalité. Parmi eux, un ami proche de la défunte mère, Michel Butor, dont la narratrice fait un portrait peu flatteur, le montrant dans une attitude égocentrique et infatuée.
Une année avec mon père célèbre avec une apparente simplicité un amour filial véritable.