Il faudra choisir : consulter les dictionnaires à chaque ligne et renoncer à la superbe effervescence d’un auteur moqueur ou s’abandonner aux débordements généreux du rythme en préférant, deux fois par ligne, la stroboscopie à la précision. J’avoue avoir préféré le délire à la vérification cartésienne et ne pas le regretter. Un jour ou l’autre, mais je n’en ferai pas le serment, j’enrichirai mon vocabulaire en cherchant dans les dictionnaires français, latins, grecs ou sanskrits les centaines de mots que m’a servis Marc Vaillancourt et qui (peut-être) existent. Jusqu’à ce moment incertain, me comble un délire que ne saurait imaginer la jeune génération, mais que les maîtres qui nous enseignaient (?) le latin, le grec et les secrets de l’érosion linguistique (y compris la rotatisation du sigma médiant de groupe triconsonnantique) nous ont au moins fait soupçonner. Je souhaite aux plus jeunes, mais aussi aux cancres de mon âge de perdre pied sous l’œil narquois de Marc Vaillancourt.
L’auteur serait déçu, du moins je l’espère, que son lecteur se conduise en pion. Il écrirait aussitôt un autre bouquin plus truffé encore de sentences latines et grecques. Je ne sais s’il irait plus loin encore dans ses assauts presque grossiers contre les prix remis par la femme du mari du Gouverneur général ou s’il déshabillerait avec plus de désinvolture encore les personnages équivoques que faisaient naître autrefois tantôt l’hypocrisie tantôt une certaine tolérance.
Immense culture que celle-là, déferlement qui révèle une santé à toute épreuve, façon terriblement efficace de montrer à quel rythme l’ignorance peut progresser à la manière d’une coupe à blanc. Un regret en forme de question : pourquoi ne conserver du grec que ses majuscules ?