Une femme tue sa locataire parce qu’elle a piétiné son parterre de pétunias, un homme se suicide parce que la femme qu’il aime en marie un autre, un autre meurt dans un placard et, arrivé au ciel, Dieu s’étonne : mais que faisait-il dans ce placard ? Une grand-mère explique la genèse du monde à son petit-fils… Ainsi s’enchaînent les nouvelles d’Un si beau parterre de pétunias, le dernier recueil de nouvelles d’Annie Saumont, qui regroupe dix-neuf textes. L’enchaînement de ces derniers a ici la rigueur, la précision d’une mécanique suisse. Rien n’est laissé au hasard, la chute d’une nouvelle, après avoir marqué le dénouement avec une précision quasi chirurgicale, annonce la suivante, rythme l’ensemble du recueil, comme chaque rouage d’une montre joue efficacement son rôle, donne l’heure avec précision, pas toujours celle que l’on souhaite. Comme les chutes, les amorces des nouvelles témoignent de la parfaite maîtrise du genre dont fait preuve Annie Saumont. Elle se glisse dans la peau de ses personnages et en épouse les motivations, conscientes ou inconscientes, les aspirations, les désirs, les rêves, avec l’agilité, l’aisance du cambrioleur qui glisse la main dans un gant avant de déjouer la serrure qui ne saurait lui résister. L’hésitation ne fait pas partie du modus operandi de la nouvelliste qui progresse avec méthode, qui écrit au plus près de l’os. On l’imagine sans peine relisant ses textes en les expurgeant de tout détail inutile. La tension dramatique de chacun des textes est exemplaire. Tout comme la forme de chacun d’eux. Le style propre à Annie Saumont, sa syntaxe réussit à aplanir l’action qui se déroule dans ses nouvelles pour mieux dévoiler la conscience qui émane de ses personnages. Annie Saumont est une sprinteuse accomplie : le coup de départ donné, seule compte la ligne d’arrivée. Et c’est le lecteur qui se retrouve le plus souvent le souffle coupé après chacune des courses. Sans conteste un recueil des plus réussis.
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