Un promeneur en novembre est le huitième recueil de nouvelles publié par Gilles Archambault. L’écrivain a également à son actif seize romans, un récit et cinq compilations de chroniques. Auteur reconnu, il a remporté le prix Athanase-David en 1981 et le Prix du Gouverneur général en 1987. Bien sûr, dans ce nouvel ouvrage, on retrouve l’atmosphère plutôt mélancolique à laquelle il a habitué ses lecteurs. Les personnages, hommes et femmes, sont des êtres solitaires, émotifs, voire tourmentés, souvent axés sur le passé, qu’ils ressassent volontiers. Ce sont également des êtres attachants, peut-être à cause de leur vulnérabilité et du regard lucide et désenchanté qu’ils posent sur le monde. Ainsi, Viateur, un retraité de l’enseignement, affirme, dans la nouvelle « Un couple » : « Quand vous aurez mon âge, on ne vous insultera plus. C’est dans les regards qu’on vous lance que vous sentez qu’on vous a éliminé ». Dans « Une fragile immortalité », le protagoniste se dit : « On passe sa vie à froisser les autres ».
Ailleurs, dans le remarquable texte « Perdre », le narrateur déclare, à propos de la femme qu’il a aimée et qui vient de mourir : « Dans l’amour, Marie était sublime. Je ne parle pas de l’acte lui-même, nous avons été des amants aussi occasionnels que peu accordés, mais de l’habileté qu’elle avait pour me faire croire, à certains moments, que je pouvais détenir la clé de son bonheur ». La citation de Miguel Torga placée en exergue de cette nouvelle en donne le ton : « Exister, c’est perdre, petit à petit ». Ton qu’elle donne également à l’ensemble du recueil. La perte est, en effet, un élément qui revient au fil des différents textes : perte des proches, de travail, de la santé, des illusions
On devine des passages autobiographiques ici et là dans le recueil. En particulier dans la nouvelle « Dans le silencieux automne », où le narrateur, qui a publié une quinzaine de romans, se fait dire : « On ne s’aime pas beaucoup dans les histoires que tu inventes ». Plus loin, il avoue : « La solitude ne m’a jamais pesé. Sans doute parce que je l’ai toujours choisie ».
Les lecteurs de Gilles Archambault retrouveront avec plaisir, dans cet ouvrage, le ton de confidence amicale qu’il adopte au fil de son œuvre ainsi que des personnages pleins d’humanité.