Pour tout écrivain, la première œuvre publiée est primordiale, puisqu’elle dévoile une personnalité à travers un style particulier qui marquera – ou non – la mémoire des lecteurs. Heureusement pour Stéphane Dompierre, le tout premier pas dans l’univers de la littérature s’accomplit avec brio. Il envoie son roman, Un petit pas pour l’homme, frapper à la porte des lecteurs québécois, et inutile de préciser que l’accueil chaleureux est légitime !
L’avenir professionnel de Stéphane Dompierre se déploie avec optimisme, mais ce n’est certainement pas le cas de celui de son personnage, Daniel, qui ouvre les yeux à trente ans, prenant conscience du cauchemar de platitude qu’est sa vie : gérant d’un magasin de musique depuis trop longtemps, en couple avec une femme qu’il n’aime plus, fauché et sans projet intéressant, le pauvre homme désire du changement. Son existence bifurque vers une toute autre voie lorsqu’il prend la décision de laisser sa copine. Après six ans de fréquentation, il se retrouve perdu, pour la première fois sans appartement, sans meubles et sans douce moitié. Déstabilisé, il traverse un « cycle du célibat » tiré d’un livre fictif de psychologie cité au début du roman. Ces stades, véritables parodies de la psychologie de couple, organisent l’œuvre en autant de chapitres, et contribuent au plaisir d’un lecteur impatient de connaître la réaction du personnage à chacune des phases.
Ce roman au rythme entraînant passe d’un événement à un autre sans regard à la chronologie, suivant plutôt le fil des pensées de Daniel, le narrateur du récit. Une œuvre jeune et rafraîchissante, bourrée d’humour noir, cynique et sarcastique, qui tient à merveille son rôle de divertissement. Stéphane Dompierre ouvre une fenêtre sur la pensée des hommes célibataires du XXIe siècle sans tenter de dresser un portrait fidèle, ce qui lui permet de ne pas se prendre au sérieux. Malgré un (trop) long passage digne d’un livre pornographique, Un petit pas pour l’homme constitue un grand pas pour son auteur qui pourrait lui valoir un succès bien mérité !