Éli est un adolescent de douze ans solitaire et rejeté. Le fait qu’il vit dans un taudis, qu’il a grandi sans sa mère, avec pour seule figure paternelle un ivrogne irresponsable, ouvre grand la porte aux quolibets les plus blessants de la part de ses camarades.
Victime d’intimidation, le garçon est en quelque sorte sauvé quand Jojo, son oncle saltimbanque, le prend sous son aile durant tout un été. À bord de Rossinante, une festive Westfalia bariolée aux couleurs de l’arc-en-ciel, le duo s’abandonne aux hasards de la route, part découvrir l’Est québécois en faisant halte chez les amis du joyeux jongleur, tous marginaux à leur façon.
Le trajet est alors une occasion pour chacun d’eux d’en apprendre un peu plus sur l’autre. Rapidement, l’amuseur public se rend compte de l’ampleur du défi qui l’attend : décomplexer son neveu miné par les moqueries à répétition et l’indifférence crasse d’un père absent, et lui redonner la confiance en soi qui lui fait défaut. À mesure que s’écoulent les kilomètres, il l’initie à la jonglerie, philosophe sur le sens de la vie, lui prêche les vertus de la liberté et de la différence, tandis que le jeune s’ouvre peu à peu en montrant toute la fragilité dont il a hérité par la force des choses, depuis la mort de sa mère notamment.
Pendant ce temps, à Montréal, le père d’Éli prend du recul par rapport à ses années de galère et de négligence. Il tente d’arrêter de boire, cesse d’engouffrer ses paies dans les appareils de loterie vidéo. Et pour se sortir de l’impasse dans laquelle l’ont laissé ses abus, il tente le tout pour le tout : filouter son employeur, lui-même escroc en cravate, afin de recommencer à zéro une vie qui n’a jamais vraiment dépassé cette misère quotidienne où l’a maintenu son train-train d’alcoolique.
Un été indigo offre quelques rebondissements habiles coiffés d’une fin heureuse et prévisible. Le récit contient d’ailleurs sont lot de bonnes intentions, en particulier lorsque Jojo professe toutes ces leçons de courage et de résilience ou est amené à se prononcer sur des problématiques touchant les enfants et les adolescents. Pour cette raison, et parce qu’il affiche souvent un didactisme bienveillant en plus de multiplier les précisions superflues, ce premier roman de Roy Hubler s’adresse peut-être davantage à un public jeunesse qu’à un lectorat adulte, lequel risque quant à lui de se sentir délaissé en cours de chemin.
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