À l’automne 2015, Zhanie Roy nous proposait un deuxième roman, Trois fois la bête. Décrit comme une fable morbide, ce court livre nous ramène en 1935. Bien que très différent du nôtre, l’univers dans lequel évoluent les personnages nous rappelle que l’être humain, peu importe les époques, peut faire preuve de solidarité comme de cupidité.
On imagine toujours que dans les plus petits villages, les gens vivent dans le calme et la sécurité. C’est l’inverse qui arrive à Sainte-Clarisse, où la mort fait résonner les cloches de l’église. Cet été-là, la chaleur suffocante donne de la misère noire aux agriculteurs. Les journées sont longues et harassantes pour les villageois qui travaillent tant bien que mal dans ces conditions. Les bêtes sauvages souffrent de soif et sont affamées ; les cours d’eau de la forêt étant à sec, elles se rapprochent… jusqu’à l’inévitable. Trois enfants sont éviscérés avec une violence saisissante. La peur et le doute s’installent dans la petite communauté, pourtant si solidaire. En parallèle, le curé se meurt en silence et souhaite voir son projet de cimetière se concrétiser avant l’arrivée de la faucheuse.
Dès le début, l’intrigue s’installe avec un témoignage de l’assassin. Homme ? Bête ? On ne sait trop… Si ces monologues préliminaires à chaque chapitre sont particulièrement réussis parce qu’ils créent de l’ambiguïté, ceux des personnages sont plutôt maladroits : à plusieurs reprises, ils se parlent à haute voix, ce qui provoque une distance entre le lecteur et le récit. Jusqu’à la fin le suspense est léger puisque le même élément déclencheur revient trois fois et qu’on apprend à connaître les victimes en même temps qu’elles sont retrouvées sans vie. Le stress s’accentue néanmoins au fur et à mesure de la lecture. Une fin déconcertante vient tout chambouler, mais un filet de brume demeure au-delà de la dernière ligne. Ainsi, Zhanie Roy a su décrire l’horreur physique et psychologique vécue par les habitants de Sainte-Clarisse.
Ce récit inspiré du conte parle des craintes que cachent la nature humaine autant que dame Nature. Malgré une lecture mi-figue mi-raisin, on reste plongé dans un monde de questions engendrées par le dénouement.
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