Réunir Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard sur une même couverture, s’agirait-il d’un simple coup de pub ? Malgré tout le respect qu’on doit à ces auteurs aussi lumineux qu’intègres, qu’ont-ils encore à écrire à propos de la sagesse et du bonheur ?
Détrompons-nous : c’est un livre précieux, pertinent, sincère. Le moine, le philosophe et le psychiatre en rêvaient depuis des années. Réunis pendant une quinzaine au cœur d’une forêt, en Dordogne, ils partagent leurs expériences en souhaitant qu’il en ressorte quelque chose d’utile. Résultat : 480 pages où l’on apprend tantôt à cultiver « l’héroïsme discret du quotidien », tantôt à éviter le matérialisme spirituel – cette fâcheuse tendance à tout absolutiser –, tantôt à faire œuvre de désencombrement intérieur.
Les trois amis s’ouvrent pleinement et c’est encourageant : on apprend par exemple que Christophe souffre d’anxiété. Les vieilles habitudes sont passées au crible, avec une intransigeance bienveillante. Il y est aussi question de nos aspirations profondes, de l’ego, du corps, des origines de la souffrance, de cohérence, d’altruisme, de simplicité, de culpabilité, de liberté et de gestes concrets. On parle de la relation avec les maîtres, de la joie sur le chemin. Et il y a un très beau chapitre sur l’écoute.
C’est une vraie rencontre, avec une pluralité d’opinions, qui parfois (rarement) divergent. Alexandre Jollien est le « jeune frère » créatif, rieur et ayant besoin de réconfort ; il maîtrise l’art de la formule et ose des détours surprenants. Christophe André est le plus solitaire de la bande, toujours soucieux cependant de tendre la main et de bien expliquer les choses. Matthieu Ricard est immense. Il garde le cap, l’esprit vaste et souple ; quoi qu’il en dise, il a visiblement absorbé par osmose les qualités d’amour et de sagesse des grands maîtres auprès desquels il a passé l’essentiel de sa vie.
Plaisant en tout cas de voir Nāgārjuna, Khyentse Rinpoché, Maître Eckhart, Heidegger, Aaron Beck et Christian Bobin cités dans le même ouvrage, sans amalgame ou « magasinage spirituel ». Et le lecteur s’en trouve changé : au fil des jours, on se surprend à penser « ce matin, Christophe a dit ceci » ou « je me demande ce que ferait Alex »… Bref, on rencontre des « amis dans le bien », et l’on se souvient par exemple que nul n’est une île, que les chutes sont normales et qu’il y a toujours des raisons et des moyens de se relever.
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