Le sous-titre de ce livre pourrait tout autant être Pour en finir avec le monothéisme et décrirait mieux son contenu. Le philosophe Michel Onfray, qui à la mi-quarantaine a déjà publié une trentaine d’ouvrages aux titres singuliers (Esthétique du pôle Nord, Splendeur de la catastrophe), se commet cette fois sur un sujet fort sensible, soit les trois religions dites révélées que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Le livre fait un tabac en France et a provoqué des remous dans les milieux religieux. Il y a de quoi. Sur un ton militant, et avec des arguments bien envoyés, l’auteur démontre à grands traits les principales contradictions de ces trois religions, et ce, à partir du contenu même de chacun de leurs livres saints (Torah, Bible, Coran). Pour un enseignement moral qui s’y retrouve, insiste Michel Onfray, on y trouve facilement son contraire : chacun peut donc lire ces textes avec une approche qui conduit à la mort, pour anéantir un ennemi, ou encore avec ouverture et tolérance. Bref, c’est l’auberge espagnole, ce qui confirme un argument essentiel de l’auteur : l’Histoire prouve clairement que ces religions n’ont nullement été « inspirées de Dieu », mais sont faites de mains d’hommes. L’illogisme et les biais fondamentaux de ces trois religions, notamment envers la féminité et le corps, l’intelligence et la raison, ne seraient pas graves s’ils « ne se payai[en]t pas du prix fort ». Car ces croyances sont fondatrices d’empires et d’États, qui cultivent le particulier et non l’universel, et qui ont amené leurs lots incalculables de perversions malignes : inquisitions, croisades, pillages, colonialisme, esclavage, génocides, compromissions avec les fascismes
C’est pour cette raison que Michel Onfray considère urgent d’entreprendre la promotion de l’athéologie, qui devra dépasser le laïcisme ambiant, qui a le défaut de mettre tous les mythes et les religions sur le même pied : « Déconstruire les monothéismes, démythifier le judéo-christianisme – mais aussi l’islam, bien sûr -, puis démonter la théocratie, voilà les trois chantiers inauguraux pour l’athéologie ». Et cela pour produire une nouvelle éthique, « une franche affirmation de l’inexistence des dieux », une morale qui ne s’appuie plus sur des sentiments de culpabilité, sur le refoulement des réalités humaines. Car, de conclure l’auteur : « L’athéisme n’est pas une thérapie mais une santé mentale recouvrée ».