La petite histoire, je dirais la grande histoire faite de petits gestes, de grands coups de foi, d’ardeur peu commune et de la nécessité de se raconter aujourd’hui. David Lonergan nous relate le parcours de cette coopérative en nous présentant une recension exhaustive de tous les spectacles de l’Escaouette de 1977 à 2012.
Un parcours dans la mouvance du théâtre communautaire qui cherche à dire son pays et à le rendre plus équitable. Un espace à créer pour de jeunes étudiants fraîchement sortis du Département d’art dramatique de l’Université de Moncton, refusant de s’expatrier pour exercer leur métier et désireux de contribuer à construire une parole spécifiquement acadienne. Dès le départ, on y retrouve les noms de Roger LeBlanc, Stéphane Beaulieu, Bernard LeBlanc, Marcia Babineau, Herménégilde Chiasson ; s’y ajoutera toute une équipe d’artistes animés par la même volonté de projeter la culture acadienne vers l’avenir. David Lonergan nous les fait découvrir à travers l’analyse des différents spectacles et les réflexions de la coopérative sur son rôle, son évolution, sa structure. Il nous fait suivre l’évolution de ce théâtre dans ses tournées dans les écoles, ses collaborations avec le Théâtre populaire d’Acadie (TPA) et autres artistes acadiens, avec des compagnies du Québec, entre autres avec Louis-Dominique Lavigne et Lise Gionet du Théâtre de Quartier, Philippe Soldevila et le Théâtre Sortie de secours, le Théâtre Blanc ; il relate le soutien constant du Centre national des Arts à Ottawa ; il trace l’histoire des liens qui l’uniront aux compagnies francophones du Canada, le Théâtre de la Vieille 17, le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), etc. On suit ce groupe de spectacle en spectacle s’adressant à la jeunesse, aux adolescents, à un public adulte et à un public estival au Théâtre de la Grand-Voile, à Shédiac. On les suit aussi dans leurs efforts pour développer la dramaturgie en encourageant le travail des auteurs acadiens, par la collaboration avec plusieurs auteurs de l’Acadie et d’ailleurs, par des ateliers d’écriture et la création du Festival à haute voix. On saisit le besoin impérieux d’enraciner une parole diversifiée au cœur de la société d’aujourd’hui. Parallèlement à tout ce travail artistique, David Lonergan nous amène au cœur de la structure administrative de la coopérative et nous fait vivre les questionnements de ce groupe qui grandit, grandit et s’affirme de plus en plus au cœur du monde de la création théâtrale francophone. Il nous fait aussi vivre, aux côtés de ses membres, toute l’aventure de l’installation dans un nouveau lieu sur la rue Botsford, mieux adapté aux productions de l’Escaouette et à son engagement de plus en plus soutenu dans l’accueil des productions de l’extérieur.
En se faisant raconter ces 35 années d’histoire, on a l’impression que David Lonergan nous donne une clé de compréhension de l’Acadie, dans sa relation tumultueuse à son passé et dans son affirmation toute contemporaine. Comme nous le dit d’ailleurs la quête de plusieurs personnages créés sous la plume d’Herménégilde Chiasson, qui deviennent acteurs d’une société plus orientée vers l’avenir que prisonnière de son passé.