Déjà le titre… accrocheur et annonciateur d’une réflexion sur base historico-politique, à laquelle le journaliste et essayiste Laurent Laplante a habitué ses lecteurs.
L’écrivain ne mâche pas ses mots. Dans Stephen Harper, le néo-Durham, Laplante affirme sans ambages ses convictions les plus fortes : « Les orientations dictées aujourd’hui par le pouvoir central du Canada vident le Québec des valeurs et des principes qui l’ont inspiré et nourri jusqu’à maintenant ». L’auteur observe les menaces et les dérives de la droite autoritaire à de multiples niveaux, tant chez les Québécois – toutes origines confondues – que dans les provinces anglophones. Il les égrène en autant de thèmes : militarisation, image internationale, justice, culture, démocratie, environnement, droits fondamentaux.
Laplante partage l’opinion de ceux pour qui la stratégie d’Ottawa d’isoler le Québec n’est nullement le fruit du hasard, ni d’un quelconque laisser-aller un tant soit peu brouillon : « Qu’on ne s’y trompe pas, Harper est de taille à traduire en actes le vœu de Durham ».
Selon l’essayiste, le chef du gouvernement suit une logique politique qu’il est tentant de nommer « idéologie conservatrice ». Pourtant, et Laplante le souligne, le manque de transparence vient mêler les cartes. « Ce n’est pas si simple. Ce qui est reproché à Harper, c’est la dissimulation de son idéologie. Ne l’avouant pas, il ne l’expose pas non plus. »
Laurent Laplante rappelle que, « présomptueux, le système canadien ignore les contrepoids dont d’autres pays savent l’absolue nécessité. Rien, strictement rien ne limite le pouvoir d’un premier ministre du Canada lorsqu’il jouit d’une majorité parlementaire ». Et Harper le sait bien. Il peut marcher sans crainte sur les traces de Durham, qui « préférait tabler – en la favorisant – sur l’expansion de la population anglophone : noyer l’élément francophone lui répugnait moins que le décimer ».
Au moment d’écrire ces lignes, le Québec est en période électorale, appelé à voter le 4 septembre 2012. Quel que soit le résultat de l’élection, le livre de Laplante demeure un outil essentiel de réflexion : « Harper me paraît constituer un danger mortel […] pour toutes les valeurs auxquelles souscrivent les indignés qui veulent la justice sociale ». La lecture de cet essai – bien que d’un argumentaire quelquefois fragile et avec des redites parfois superflues – est fondamentale à qui veut s’opposer, ou du moins réfléchir à l’obscurantisme conservateur.
Selon Laurent Laplante : « Il n’est pas trop tard, mais l’heure presse ». Nous partageons ce sentiment d’urgence.