Le jour de ses 55 ans, Katie McLeod se livre à un bilan de vie. Elle repense à ses jeunes années, du temps où elle vivait en Abitibi. Entre un père colérique qui levait le coude et faisait la cour aux femmes et une mère flouée, frustrée, Katie a grandi dans un milieu familial où l’amour avait du mal à s’exprimer. Son premier mariage lui aura donné l’occasion de rompre les ponts et de venir s’établir à Montréal. Cette union, dont est née une fille, se terminera par un divorce, à la suite duquel Katie se remariera et aura une seconde fille. Ce mariage s’étant lui aussi terminé par un échec, Katie mène depuis lors une existence de célibataire déçue.
En ce jour d’anniversaire, les filles de Katie, Sandra et Claire, lui préparent une surprise-party. Elles ont invité les frères de leur mère, sa belle-sœur, ses deux anciens maris ainsi que le demi-frère et la demi-sœur de Claire. Toute sa vie Katie a désiré qu’on fête son anniversaire, mais cette réunion de revenants l’affole : fuyant la confrontation avec son passé mal assumé, elle abandonne la réception pour aller prendre l’air. Dans la rue, elle tombe face à face avec son second ex-mari qui se rendait chez elle. Ils vont prendre un café, mais le courant ne passe plus entre eux. Katie le plante là et rentre à la maison où l’attendent ses filles désormais seules, les invités ayant fini par partir.
Toute la journée Katie a eu l’esprit ailleurs : ses pensées ont été accaparées par François Rajotte, l’amoureux virtuel qui lui écrit des courriels enflammés du Manitoba et qu’elle a promis d’aller chercher à Dorval le soir même. François parle déjà de l’épouser alors qu’ils ne se sont jamais rencontrés. Le récit, qui se termine un peu rapidement, se conclut alors que les deux amants viennent de passer la nuit ensemble. L’auteure nous laisse sur cette nouvelle relation qui commence : Katie va-t-elle faire fausse route une fois de plus ou, au contraire, se trouve-t-elle sur le point de prendre un nouveau départ ?
Louise Desjardins nous offre un beau petit roman qui se lit d’une seule traite. Son écriture fluide, sensible et introspective s’accorde très bien avec son propos : les rapports amoureux, la famille, la filiation. En présentant une femme dans la cinquantaine en pleine crise existentielle, So long renvoie à des préoccupations qui touchent la société dans son ensemble.