Issu d’un colloque qui s’est tenu au Centre d’études canadiennes de l’Université de Groningen aux Pays-Bas en mai 2001, l’ouvrage Sexuation, espace, écriture, La littérature québécoise en transformation vise, dans le cadre des recherches sur la sexuation – les gender studies -, à faire le lien entre la notion d’espace et le genre sexuel. Dans cette optique, une vingtaine de chercheurs de plusieurs universités québécoises, canadiennes, américaines et européennes (Pays-Bas, Belgique, France) ont collaboré au projet selon différentes approches théoriques. Cette diversité est intensifiée par le choix des écrivains québécois et franco-ontariens étudiés – issus de plusieurs générations, de plusieurs cultures, dont l’œuvre est reconnue par l’institution littéraire ou encore marginale, etc. – et par la multiplicité des genres abordés – du roman au théâtre en passant par la poésie, la nouvelle, la science-fiction, le journal intime, l’autofiction, etc. Le résultat : tout près de 500 pages d’articles fouillés où s’entrecroisent les œuvres de Suzanne Jacob, Anne-Marie Alonzo, Élise Turcotte, Jean Pierre Girard, Marie-Célie Agnant, Larry Tremblay, Nicole Brossard, Paul Chanel Malenfant, Daniel Poliquin, Gaétan Soucy, Monique Proulx et plusieurs autres.
L’ouvrage, sous la direction de Louise Dupré de l’Université du Québec à Montréal, de Jaap Lintvelt de l’Université de Groningen et Janet M. Paterson de l’Université de Toronto, est divisé en cinq parties d’inégale longueur qui regroupent des textes autour d’une même thématique : « Écriture, identité et sexuation », « Gender et genres », « Espaces sauvages, espaces civilisés », « Altérité, espace et sexuation » et « Remise en question de la sexuation ». Les titres de ces parties traduisent d’ailleurs parfaitement l’ampleur du projet qui aborde tout autant la vision de Montréal d’une écrivaine d’origine française que celle du Nord chez les écrivains de l’Abitibi et de l’Ontario francophone en passant par les espaces du deuil, des femmes patriotes lors de la Rébellion de 1837-1838, du Paris romanesque d’Anne Hébert, etc. Quelques textes peuvent s’avérer plus ardus pour des lecteurs moins habitués à ce type d’essai, en raison d’un certain hermétisme ou de la nécessité d’avoir lu récemment les œuvres étudiées pour bien saisir les hypothèses de l’auteur de l’article – « L’espace équivoque de la machine : Louis-Philippe Hébert, Élisabeth Vonarburg » de Jean-François Chassay, « Hubert Aquin ou l’altérité impossible » d’Anthony Wall, par exemple. Néanmoins, cet ouvrage collectif, sans doute destiné à un lectorat plus restreint, est une référence pour tous ceux qui se passionnent pour la littérature québécoise.