Nous avions déjà louangé les deux premiers tomes de Séraphin (voir Nuit blanche, no 135, été 2014), récits inespérés expurgés du magazine Nos soirées de 1956 – et complètement distincts du roman de 1933, sauf les personnages principaux. On pourrait commencer la lecture de Séraphin par n’importe lequel des trois tomes réédités, car ces petites intrigues sont presque toutes interchangeables.
Ce troisième tome débute lorsque Séraphin – l’agent des terres, préfet de comté, maire et par ailleurs avaricieux incurable – se casse une jambe, ce qui l’empêche de se déplacer et surtout de travailler. Momentanément diminué, il devient dépendant des autres, de sa chère Donalda, du docteur Cyprien Marignon et du curé Raudin, à qui il devra se confesser pour Pâques, en admettant difficilement son manque de générosité envers les plus démunis. Durant sa convalescence, Séraphin reçoit un jour la visite de son voisin Alexis, qu’il exècre. « L’avare avait devant lui son ennemi mortel, Alexis Labranche. Le rival redoutable. Quoiqu’il eût fait ses Pâques, il le détestait toujours. Il ne lui pardonnait pas sa prodigalité, sa générosité de cœur. » L’action se situe autour de 1891, peu après la mort du curé Labelle.
Certains chapitres de cette trilogie correspondent plus ou moins à des épisodes du téléroman et ont à l’évidence servi d’inspiration, par exemple les amours de Florent Chevron, ici fils de tanneur, et de la jeune Iphigénie Lepotiron ; amours désapprouvées par le père d’Iphigénie, le notaire Lepotiron, et son épouse Fidélia (qui n’apparaissait pas dans le téléroman). D’autres épisodes sont entièrement inédits, comme ce mensonge inavoué de Donalda à propos de deux lettres compromettantes. Enfin, sans être mémorable, un pastiche signé Pierre Grignon offre un dénouement (provisoire ?) que Claude-Henri Grignon n’aurait certainement jamais voulu donner à ses récits.
C’est un réel bonheur de retrouver l’univers de Séraphin, Donalda, Alexis et du père Ovide dans de nouvelles situations. Sur le plan éditorial, ce troisième tome des Nouvelles histoires des pays d’en haut manque cruellement de présentation : pas de préface ni de table des matières ; même la quatrième de couverture n’indique pas les dates originelles de parution.
Voir aussi : https://nuitblanche.com/commentaire-lecture/seraphin/
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