Room est un récit de captivité raconté du point de vue d’un enfant de cinq ans. Depuis sa naissance, Jack vit confiné avec sa mère dans une chambre qui a été aménagée à même une cabane de jardin de manière à rendre toute évasion impossible. Le garçonnet n’a jamais mis les pieds au « Dehors ». Son univers se limite à cette pièce de trois mètres sur trois mètres, aux divers meubles et accessoires qu’elle renferme – dont un téléviseur, seule voie d’accès au monde extérieur – et bien sûr, à sa mère, avec laquelle l’enfant vit en symbiose. Les journées des deux captifs se ressemblent toutes. Chaque semaine, Jack attend les « Cadeaux du Dimanche », qui se révèlent le plus souvent des biens de première nécessité plutôt que de véritables récompenses. Chaque nuit ou presque, Jack s’endort dans le « Petit Dressing » pendant que Grand Méchant Nick (« Old Nick » dans la version anglaise, c’est-à-dire le Diable) vient faire grincer le lit. Jack, on l’aura compris, est le fruit d’un viol ; sa mère a été kidnappée des années plus tôt.
Ce septième roman d’Emma Donoghue a déjà connu beaucoup de succès dans le monde anglophone. Il a d’ailleurs été en lice pour le Booker Prize et le prix Orange pour la fiction. Donoghue a trouvé un ton très juste pour transposer la voix de Jack. Il faut certes s’habituer à sa façon de décrire les choses, par exemple sa manie d’individualiser les objets (« Monsieur Lit », « Madame Table », « Monsieur Tapis », etc.). Passé cette surprise initiale, on entre dans un suspense très efficace sur le plan narratif, du moins pendant la première moitié du roman. Par la suite, le rythme de Room ralentit. N’en disons pas trop, pour ne pas gâcher la surprise du lecteur, mais la deuxième moitié de Room se déroule à l’extérieur de la chambre-prison.
Malgré un sujet sombre, Room n’a rien d’une lecture déprimante. Le lecteur sera séduit par la vivacité d’esprit de Jack et par la force de caractère de sa mère. Les internautes pourront consulter un plan de la chambre en 3D sur Internet (www.roomthebook.com). Un aspect nous semble toutefois plus agaçant : pourquoi avoir conservé le titre anglais, Room, alors que le titre francisé, La chambre, aurait tout à fait convenu ? Virginie Buhl (la traductrice) a sans doute estimé l’anglicisme plus « in »…