Les éditions Omnibus ont eu l’excellente idée de réunir les plus célèbres romans d’Alphonse Daudet (1840-1897) dans un ouvrage souple offert à prix modique : Romans, contes, récits. De plus, ils publient simultanément Cent chemins de Daudet en Provence, un magnifique album illustré, sous la forme d’un pèlerinage culturel et littéraire préparé par Michel Carli, qui montre les lieux habités et visités par Daudet.
Le présent recueil comprend une suite impressionnante de classiques : Les lettres de mon moulin (1866), Le petit chose (1868) et la trilogie satirique de Tartarin, personnage proche de Don Quichotte : Tartarin de Tarascon (1871), Tartarin sur les Alpes (1885) et Port Tarascon (1890). Parmi ses œuvres moins célèbres mais du même calibre, on trouve les romans sur les mSurs au XIXe siècle comme Numa Roumestan (1881), Sapho (1884), mais aussi Le trésor d’Arlatan (1897). À la fin de l’ouvrage, un carnet posthume à caractère autobiographique, rédigé sous forme de notes non datées, La Doulou, évoque de manière réaliste et parfois amère les années de maladie du romancier.
Les huit romans réunis ici comprennent peu de notes infrapaginales de l’éditeur, mais une présentation générale et stylistique suivie d’une chronologie précèdent l’ensemble. Dans son excellente introduction, Anne-Simone Dufief précise que des romans tels que Numa Roumestan et Sapho étaient considérés du vivant de Daudet comme ses plus importants. Par ailleurs, la préfacière rappelle que Daudet n’avait pas écrit Les lettres de mon moulin, Le petit chose et sa trilogie de Tartarin pour un jeune public, mais qu’il autorisa un jour son éditeur à en publier des versions abrégées et illustrées destinées à la jeunesse, ce qui lui a longtemps valu l’étiquette réductrice de « conteur pour enfants », en dépit de la publication d’œuvres plus sensuelles comme Sapho. Enfin, l’éditeur a aussi inclus en guise de postface à certains romans quelques pages parues dans Histoire de mes livres, où Daudet situe dans chaque cas son inspiration, et parfois les conséquences imprévues de certains de ses romans. Ainsi, à propos de Tartarin de Tarascon, Daudet déclara : « Tarascon ne me les a pas encore pardonnées ». En relisant la prose sensible d’Alphonse Daudet, on comprend que le public adulte a peut-être trop longtemps négligé les livres de cet écrivain au style coloré et combien attachant.