Admis à l’intimité de Robert Bourassa, Charles Denis avait tout pour livrer un portrait pénétrant de l’ancien premier ministre : conversations à huis clos, maniement des dossiers, participation aux stratégies, entrées privilégiées dans les cénacles libéraux, etc. Le résultat, hélas ! est désastreux. Il est l’hommage d’un acolyte complaisant. Bourassa méritait mieux.
Le problème, c’est que Denis veut rendre Bourassa incapable d’erreur. Il lui attribue la totalité des talents et des vertus. « La réalité est que Bourassa a toujours fait preuve d’une liberté totale. » La réalité est plus nuancée. Il y eut parfois amnésie sélective et parfois une mauvaise lecture de la conjoncture. Bourassa remporta le pari de l’hydroélectricité, beaucoup des 100 000 emplois promis manquent à l’appel. Quand, à l’ouverture des jeux olympiques, Bourassa déclare « mission accomplie », il passe sous silence le colossal déficit. « Les installations de Mirabel, souligne encore Bourassa, vont avoir une ampleur qui en fera l’un des plus grands aéroports de l’Amérique du Nord. » L’éloge se discrédite à force d’inflation.