Ça grince, ça déboule, ça rigole et ça jubile! Parfois ça ridiculise, mais toujours ça vit ! Jean-Pierre Verheggen est un poète belge qui n’a pas froid aux mots. Toute son œuvre est une entreprise ludique de démystification des grandes figures poétiques (ici Antonin Artaud et Arthur Rimbaud), et du sérieux sacralisé de la théorie, comme on pouvait le lire dès 1978 dans Le degré zorro de l’écriture, qui faisait un rieur pied de nez au grand Roland Barthes, alors au seuil d’une imposante carrière de théoricien du langage.
Dans la préface que consacre Marcel Moreau à la réédition en poche de Ridiculum vitae et d’Artaud Rimbur, on lit au sujet du travail mouvementé que Jean-Pierre Verheggen s’obstine joyeusement à appliquer aux mots, à l’orthographe et aux sonorités, que « Du langage il traque les succulences secrètes, les épices ravageuses. Il les débusque dans les profondeurs du dire. Violentes et suaves, il se les remonte jusqu’aux papilles. C’est là qu’il se les ensalive, mot à mot. On le lit avec des yeux qui auraient du nez, et une bouche qui aurait un regard. » Bel hommage à cette écriture et à son auteur, homme d’une Renaissance polyphonique du verbe. Rabelais, le lettrisme, la modernité, « Ah ! toujours cet irrépressible besoin ! » : vivre, et tout de suite ! « Ah! Quel tableau ! »