On pourrait, devant les œuvres de Richard-Max Tremblay reproduites dans cet ouvrage, dire qu’on aime ou qu’on n’aime pas sans avoir tout à fait tort ou tout à fait raison. Ce serait là l’expression de préférences personnelles, des opinions arbitraires, subjectives. Mais quand collaborent André Lamarre, un critique d’art, et un artiste dont la participation à ce projet a toute son importance, les conditions maximales sont donc réunies pour nous aider à acquérir un jugement critique, cette conclusion qui va au-delà de la subjectivité pour desceller dans une œuvre cette qualité que l’on appelle « art ». Il faut donc en profiter.
Comme dans tout écrit sur l’œuvre d’un artiste, on trouve dans ce livre des données sur son milieu, sa technique, les matériaux qu’il utilise, ses expériences concluantes ou pas… ; autant de données utiles mais qui, hélas, ne sont pas suffisantes. Aussi plus que celles-ci, on apprécie les propos de l’artiste, les réponses au « quoi » et au « comment », questions qui interviennent dans le processus de création.
Le mot « portrait » convient particulièrement bien à ce livre qui fait bien entendu un portrait de Richard-Max Tremblay, mais il dit aussi l’importance de cet élément dans la démarche de l’artiste.
Au moment de son invention, la photo a été vue comme une concurrente de la peinture, surtout quand il s’agissait de réaliser des portraits. Mais, avec le temps, on a vu les artistes mettre intelligemment la photographie au service de la peinture. C’est le passage astucieux par l’art photographique qui, résolvant la question du « quoi peindre », a permis à Richard-Max Tremblay de se consacrer sur le « comment » et de découvrir un ensemble de potentialités.
Devant des œuvres ainsi créées, le spectateur doit les lire, faire passer l’image à travers son imaginaire, ses expériences personnelles, sa mémoire. Sans cette lecture, l’œuvre n’aurait en vérité pas de sens. Et c’est pour faciliter cette lecture, pour participer au développement de notre sensibilité artistique qu’intervient le critique. C’est ce rôle qu’a voulu jouer André Lamarre, qui le fait admirablement bien, dans ce livre qui, bien que consacré à l’œuvre d’un artiste, nous amène à repenser notre rapport à l’œuvre, mais plus encore notre rapport à l’écrit sur l’art et à sa capacité de traduire en mots ce qu’exprime une image.