Il s’agit ici d’un manuel destiné aux étudiants de philosophie au cégep. Les auteurs abordent en onze chapitres onze grands sujets de réflexion contemporains, comme l’individualisme, le néolibéralisme, la société de consommation, le multiculturalisme ou l’éthique des affaires.
Le choix des enjeux est des plus pertinents et intéressants, et la conception du manuel, tout à fait adéquate. Les sujets sont bien délimités, et dans chaque chapitre, on trouve une analyse concise, plutôt objective et bien structurée des concepts étudiés, alimentée par les points de vue des grands penseurs anciens et contemporains (depuis Aristote jusqu’au ministère de la Justice du Canada dans le cas, notamment, du chapitre sur l’expérimentation animale). Chaque chapitre se conclut par un « débat par les textes », section présentant des extraits plus ou moins longs d’ouvrages de toutes les époques traitant de la question à l’étude.
Il est évident que les auteurs ont conçu cet ouvrage spécialement pour l’enseignement, en ce sens que, malgré l’apparente richesse du traitement, il m’a semblé tenir entre les mains le squelette des sujets traités, point de départ d’un ensemble de questions qui ne trouveront leur aboutissement ou leur utilité concrète que dans une interaction entre professeur et condisciples. En effet, les faits et les chiffres sont plutôt rares, l’intérêt particulier des extraits choisis, souvent difficile à saisir hors contexte et les démonstrations, plutôt courtes et rarement convaincantes en soi, bien qu’on ne puisse généralement pas mettre en doute leur bien-fondé.
Cette démarche est certes conforme à l’esprit de la réflexion éthique, qui consiste à amener l’interlocuteur à trouver les réponses au lieu de les lui fournir, mais le simple citoyen qui, sorti du champ scolaire, cherche des électrochocs intellectuels et de l’information à se mettre sous la dent fera peut-être mieux de se diriger vers des ouvrages plus charnus.