Pierre Beaudet enseigne au Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université d’Ottawa et il est impliqué depuis 30 ans dans le domaine de la coopération internationale. Dans Qui aide qui ?, il présente une brève histoire de la solidarité internationale au Québec. À ses débuts, l’aide était la plupart du temps associée aux missions catholiques, notamment en Chine au début du XXe siècle. C’est après la Deuxième Guerre mondiale que l’État canadien s’est impliqué dans la coopération internationale. « Un temps, solidarité et coopération se sont croisées dans une sorte d”âge d’or’ où à peu près tout le monde, la gauche comme la droite, pensait que le tiers-monde allait s’en sortir par le ‘développement’. » Mais bientôt, l’aide canadienne (sous le contrôle de l’Agence canadienne de développement international [ACDI]) devient tributaire de programmes complexes tenant compte d’aspects commerciaux, politiques, éducationnels et technologiques. En parallèle, sous la menace de se faire couper les vivres, de nombreux pays du tiers-monde sont obligés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international de se soumettre aux Programmes d’ajustement structurel (les fameux PAS). Ces programmes exigent, en particulier, des coupures dans la santé et l’éducation, et une ouverture des marchés ‘ il s’agit d’appliquer la doctrine néolibérale. Résultat : les économies de plusieurs pays s’effondrent. Et tout cela, bien sûr, a des conséquences graves sur des populations déjà vulnérables. Nous en sommes aujourd’hui arrivés à un point où, selon Oxfam International, 2,7 milliards de personnes ‘ la moitié de l’humanité ! ‘ sont dans la pauvreté extrême. Parmi elles, plus de 400 millions souffrent quotidiennement de la faim et 24 000 en meurent chaque jour ! Et ce, en dépit des beaux engagements répétés des pays riches, par exemple les Objectifs du millénaire pour le développement adoptés lors de l’assemblée générale de l’ONU en septembre 2000.
Il ne faut pourtant pas perdre espoir. Et, comme Pierre Beaudet, il faut souhaiter que les temps difficiles que traverse l’économie mondiale conduisent à « une grande mutation pour notre humanité, une occasion de repenser le monde ».