Dans cet ouvrage, David Dorais réfléchit aux limites de la critique littéraire telle qu’elle se pratique dans les médias. Évoquant ma propre publication sur un sujet semblable, Dorais note avec justesse que nos approches diffèrent : la mienne plus sociologique, la sienne plus esthétique. Pour ma part, je ne peux que me réjouir de voir se multiplier des ouvrages sur cette question.
David Dorais mène une charge contre ce qu’il baptise la « critique de proximité », dont les principales caractéristiques seraient de préférer le réalisme, de s’intéresser principalement à l’émotion suscitée par la lecture et à la thématique de l’ouvrage et, finalement, de chercher la morale optimiste, voire le caractère édifiant d’un livre. Au passage, notons que lorsque Dorais parle de « critique littéraire », il englobe tout le discours sur les livres dans les médias et pas uniquement celui qui se définit comme une critique au sens étroit : les entrevues, chroniques, clubs de lecture, etc. Le portrait qu’il dresse est sévère, mais semble assez juste à quelques détails près (pourquoi évoquer les sagas historiques pour illustrer l’attrait du réalisme, étant donné que ces grands succès ne sont à peu près pas couverts par les médias ?).
L’essayiste explore ensuite deux aspects qui mériteraient plus d’attention des médias : le style et l’imaginaire. Ce qui étonne, c’est le caractère très technique du type d’analyses qu’il propose : critique des pléonasmes et répétitions excessives, analyse des temps de verbe, observations sur la composition et le rythme des phrases, identification des mythes, etc. L’essai semble changer d’objet pour devenir parfois un assaut contre la langue bâclée de certains écrivains contemporains (cités, mais pas nommés), parfois un précis de grammaire parsemé d’analyses pointues qui s’apparentent davantage à un travail universitaire qu’à la réalité de la communication médiatique. On s’étonne aussi que l’essayiste, pour appuyer ses idées, cite à plusieurs reprises ses « amis écrivains » ou « certaines de ses fréquentations », sources anonymes dont les propos sont pourtant rapportés entre guillemets, octroyant autorité à des témoins inconnus.
Le diagnostic de Dorais me semble assez juste, mais le type de critique qu’il propose ne me convainc guère. Si le diagnostic de David Dorais me semble assez juste, le type de critique qu’il propose ne me convainc guère. D’ailleurs, l’essayiste estime incontournables pour pratiquer la critique (et l’écriture) des connaissances fines que je n’ai malheureusement pas : accepter sa proposition, ce serait me refuser d’écrire et, à plus forte raison, de critiquer.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...