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Mode lecture zen

NUIT BLANCHE

Par définition, un livre de vulgarisation scientifique doit donner à son lecteur l’impression d’être intelligent, tant par l’élégance de la présentation de son propos que par sa capacité à simplifier son sujet avec des analogies courantes et l’habileté de son auteur : ce qui se conçoit bien s’énonce clairement !

Or, Quand la science a dit , outre sa présentation physique (beau format, jaquette cartonnée, papier glacé et illustrations de grande qualité) ne fait malheureusement pas partie de cette sorte de livre « lumineux » qu’il faut avoir lu. À dire vrai, ce livre est un « non-livre », en tout cas un non-livre de vulgarisation scientifique. À le lire, on ne se sent pas intelligent mais incroyablement ignorant. On a presque honte de ne pas comprendre, et on finit par croire que l’on est en train de lire l’un des fameux monologues des Sorbonnagres du Pantagruel de Rabelais.

Ses auteurs sont farouchement plantés bien en haut de leur tour d’ivoire de savants jaloux et toute entreprise prométhéenne paraît leur inspirer un dégoût au moins aussi grand que celui de leurs cousins de l’Olympe mythique qui les a conduits à condamner le brave Prométhée à être enchaîné à un rocher ad vitam æternam, pour le punir d’avoir apporté la connaissance aux pauvres mortels que nous sommes.

Dans le monde des scientifiques, il y a beaucoup de gens pour qui la vulgarisation est un mal nécessaire quand ce n’est pas un mal tout court.

Ces dernières années, le concept de culture scientifique et la soif du public ont fait de la vulgarisation scientifique un domaine difficile à snober. Résultat : même les plus élitistes de ses détracteurs s’y mettent eux aussi, pression publique oblige.

Pourtant, l’idée générale du livre était bonne : choisir douze grandes énigmes scientifiques contemporaines et, dans une série de textes courts, tenter de les présenter avec une bonne idée générique : quand la science a dit : C’est impossible ! Mais hélas, trois fois hélas, les textes demeurent obscurs et sont à peu près aussi accessibles qu’un article extrait de la revue La Recherche. C’est dire combien ce livre a un public cible limité.

Si vous avez du courage et de l’argent, ce livre pourrait bien ne pas vous rebuter mais il affiche décidément trop de mépris pour le « populaire » pour être recommandé. C’est tout de même un bien bel objet, un beau bibelot de bibliothèque, aurait dit ma mère !

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