Ce livre est une série d’entretiens menés par Javier Esteban sur le parcours initiatique et spirituel d’Alexandro Jodorowsky, qui ne signe que le prologue et l’essai final, « Cours accéléré de créativité ».
Cinéaste des extrêmes, écrivain prolifique, Alexandro Jodorowsky est surtout connu pour ses films-cultes au style éclaté: le faux western El Topo (1970) et le film initiatique La montagne sacrée (1973). Au Québec, le professeur Michel Larouche était le premier universitaire à lui avoir consacré une monographie, Alexandro Jodorowsky. Cinéaste panique (Éditions Albatros/Presses de l’Université de Montréal).
Intéressé par les religions, le monde occulte, l’ésotérisme, l’astrologie, l’alchimie, l’onirisme et même l’expérimentation des drogues dures, Jodorowsky est un explorateur infatigable de l’insolite et des tréfonds de l’âme, comme en font foi sonprécédent recueil d’entretiens, Le théâtre de la guérison. Une thérapie panique, et Psychomagie. Deux thèmes principaux composent ce dernier livre, quelque peu hermétique: la conception de Jodorowsky quant à la spiritualité et sa quête de sagesse, et par ailleurs l’élaboration de son imaginaire. Il déclare : « En tant que mystique, je n’ai qu’un seul but : connaître Dieu. Pas le dieu dont il est partout question, mais cette entité incroyable qui meut l’univers ». Le cinéaste franco-chilien explique ainsi le titre de son livre, d’abord paru en espagnol en 2004 : « La psychomagie est une forme de thérapie extrêmement avancée », « une réponse à la psychanalyse » ; « la psychomagie soigne par des actes ».
Dans son « Cours accéléré de créativité », Jodorowsky propose des « exercices d’imagination » s’inspirant du shamanisme et du bouddhisme. Il écrit : « […] la créativité est si étrange que grâce à elle on peut être le Christ, Bouddha, la Vierge ou Athéna ». Le lecteur de ces dernières pages se trouve subitement plongé dans un univers s’apparentant parfois à un livre de croissance intérieure ou de psychologie populaire.
La vie de Jodorowsky peut quelquefois ressembler à ses premiers films: il raconte sans détour qu’un jour, pour punir son fils, il l’aurait littéralement fouetté mais, pris de remords, illui aurait ensuite demandé de lui imposer le même châtiment, ce que l’adolescent aurait fait sans se faire prier. On repense aussitôt à la finale de son film El Topo. Comme toujours avec Jodorowsky, la boucle est bouclée, et tout recommence.