Danielle Laurin est auteure, journaliste et critique littéraire. Elle est la conjointe de Sylvain Desjardins, journaliste et correspondant à la radio de Radio-Canada. Mais, avant tout, celui-ci est reporter de guerre. C’est ce qui a amené Danielle Laurin à écrire Promets-moi que tu reviendras vivant, un cri du cœur adressé à l’homme de sa vie et, par extrapolation, aux autres journalistes qui exercent le même métier, qui courent les mêmes risques que lui. Tout au long de son ouvrage, l’auteure s’adresse directement à son compagnon. Elle lui reproche de prendre trop de risques, de ne pas assez tenir compte de ses proches quand il se place en situation de danger. Elle s’exclame, notamment: « Tu n’as pas le droit de me faire ça. Pourquoi vas-tu risquer ta vie ? » Et elle demande: « Les risques que tu cours là-bas valent-ils vraiment le coup ? »
Au fil du discours adressé à son conjoint, elle évoque les entrevues qu’elle a tenues avec d’autres reporters de guerre. Des reporters reconnus et admirés eux aussi, comme Florence Aubenas, Roger Auque, Patrice Roy, Sara Daniel, Michel Cormier, Céline Galipeau, Elizabeth Palmer, Patrick Chauvel, Anne Nivat. Certains d’entre eux ont été pris en otage. Parfois pendant plusieurs mois. Elle en évoque d’autres, quasi mythiques, comme Ryszard Kapuscinski ou Paul Marchand, le trompe-la-mort qui avait écrit sur le toit de sa voiture : « Ne tirez pas, ne gaspillez pas vos balles, je suis immortel ». Et qui ne l’était finalement pas tant que ça, puisqu’il s’est suicidé en 2009. Elle rapporte les motivations, les appréhensions, les fanfaronnades de ces êtres d’exception qui exercent un métier exceptionnel
Danielle Laurin pose sur eux un regard curieux et humain. On est touché, notamment, lorsqu’elle relate l’histoire de Kevin Carter, ce photographe sud-africain qui a pris la photo d’une petite Soudanaise en train de mourir, observée par un vautour. On l’a, par la suite, traité d’ordure et de vautour lui-même pour ne pas être intervenu. La photo lui a valu le prix Pulitzer, mais il s’est suicidé peu après.
En fin de compte, on peut se poser la question que Danielle Laurin lance à plusieurs reprises: « Le meilleur reportage vaut-il la mort d’un journaliste ? »