À la fois biographie et recueil de textes de chansons, cet album de photos rares réalisé par deux admirateurs fervents de Félix Leclerc (1914-1988) comprend aussi les reproductions de 24 toiles inspirées de l’univers du chansonnier.
Le récit débute en 1950, lorsque Félix reçoit une invitation à rencontrer le producteur parisien Jacques Canetti, qui lui propose immédiatement un contrat, des enregistrements sur 78 tours et un engagement pour se produire sur scène à l’ABC, à Paris. On assiste à cette aventure à laquelle Félix lui-même ne croyait pas; on suit ses rencontres parisiennes: Édith Piaf, Maurice Chevalier, Charles Trenet, Jacques Brel, et tant d’autres. Puis on revient sur l’enfance, les déménagements, les débuts à la radio et à la télévision, les premiers livres, les chansons. On connaît mieux la première épouse de Félix, Andrée Vien, surnommée Doudouche, et d’autres moments méconnus de la vie privée du poète. Ses succès en France, son retour au Québec, et à nouveau son émigration dans la banlieue parisienne puis en Suisse en 1968, la période engagée de L’Alouette en colère, le grand spectacle à trois pour la Superfrancofête de 1974: à peu près rien n’est laissé de côté par le biographe.
Le texte de Marcel Brouillard fournit beaucoup de précisions sur les lieux où le poète a habité : au 186 chemin de l’Anse, à Vaudreuil, entre 1945 et 1966, mais aussi à l’Île-d’Orléans. Le biographe résume et commente également plusieurs entretiens, des émissions de télévision, les reportages consacrés au chanteur, surtout durant les années 1960, ce qui permet de mesurer l’extraordinaire popularité du poète, aussi adulé que Maurice Richard.
Je n’ai jamais vu autant de photos inédites de Félix Leclerc réunies en un seul ouvrage; on pourrait certainement en faire une exposition ou un album de grand format. Par ailleurs, en ce qui concerne les toiles d’Huguette Brun, chacune illustre une chanson de Félix, dont les textes sont reproduits0intégralement: on y reconnaît bien sûr les plus connues, mais aussi certaines autres à redécouvrir comme « Blues pour Pinky » (1955), « Le traversier » (1944), « Présence » (1948), « Sur le bouleau » (1937), « Sur la corde à linge » (1963). Le personnage de Félix apparaît dans toutes les toiles d’Huguette Brun, un peu comme le faisait l’illustrateur américain Robert Crumb dans Héros du blues, du jazz et de la country (La Martinière, 2008).
Par son initiation exhaustive à l’univers de l’artiste, Félix Leclerc, Poète national pourra même convenir aux jeunes lecteurs.