L’œuvre de France Daigle forme un ensemble complexe, pourtant linéaire. Des romans formalistes de ses débuts dans lesquels certaines pages n’étaient occupées que par une courte phrase qu’il fallait savoir déchiffrer aux aventures de Terry et Carmen qui parlent un chiac joyeux et pleinement assumé et qui sont au cœur de ses quatre derniers romans, Daigle explore le monde dans lequel elle s’incarne.
En parallèle à son œuvre romanesque et théâtrale (ses pièces ont été créées par le collectif Moncton Sable), elle a semé dans des revues et divers ouvrages des poèmes qui sont des repères de son cheminement. Si elle en a écrit peu, elle en a cependant écrit régulièrement. Poèmes pour vieux couples les rassemble pour la première fois en un tout divisé en sept parties (la numérologie est importante dans son œuvre) par affinité thématique ou formelle plutôt que chronologiquement. D’ailleurs, il aurait été intéressant que l’éditeur nous précise les sources de ces publications.
Le titre du premier poème du recueil et également un des premiers publiés (en 1981) donne le ton : « Poème impossible à finir ». L’œuvre est ouverte sur la vie de l’auteure et elle en présente les jalons. Contrairement aux premiers romans, les poèmes sont faciles d’accès, souvent habités d’un humour qui parfois peut être sarcastique ou caustique : « Tout le monde est ici de plein droit / Mais certains ont les droits plus pleins que d’autres / Cela s’entend ».
Ses poèmes voyagent entre chronique et journal intime dans une volonté de commenter, de réfléchir ce qu’elle vit, et ce qu’elle retient de ce qui l’entoure. Par exemple, la suite « C’est-ti normal ça » raconte une journée « ordinaire » en mettant l’accent sur de petits faits qui l’interrogent, dans un registre familier saupoudré d’humour.
Ailleurs, le poème devient tendre : « De laine / le ciel grisonne / mais mon cœur / de couleurs bourdonne / se fait toile / pour t’attirer ». Ou inquiétant quand l’auteure réfléchit sur l’Acadie alors qu’elle a l’impression de « vivre sur le bord de l’assimilation ».
Plusieurs poèmes nomment les personnes de son entourage, familial, social ou amoureux. Des textes où elle se dévoile en toute confiance, avec une simplicité touchante. On a l’impression de l’accompagner dans sa vie : « Mais c’est quoi le réel ? Ma tête est pleine de détails et ma vie se passe comme dans un film ». Le tout est empreint d’une délicatesse qui donne son unité au recueil.
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